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Les crocs de la Malemort [Andar & Alys]

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Les crocs de la Malemort.

“Les mêmes souffrances unissent mille fois plus que les mêmes joies.” Lamartine



Andar & Alys


Tout avait été si soudain. La mort Yohn, leur départ, le voyage, la cérémonie. Alys avait perdu la notion des jours. Et ce n'était pas à cause de son rythme de vie qui avait été chamboulé, la tragédie que vivait la famille Royce la touchait aussi. Elle n'avait que peu connu son beau père, aussi ne s'était-elle pas vraiment rapprochée de lui au point de faire partie de son cercle des plus intimes. Mais cette mort, quoique plus brutale, lui rappelait celle de son propre père. Elle savait ce qu'Andar ressentait, la jeune femme n'avait pas à le prétendre par simple compassion, elle avait elle même éprouvé la même tristesse et ce même sentiment d'injustice quelques temps plus tôt. Alors oui, Alys comprenait parfaitement l'accablement de son époux et le partageait. Elle espérait, qu'en l'aidant à porter sa douleur, elle lui permettrait de soulager sa peine.

Le décès de Lord Royce avait assombri les esprits aux Roches aux Runes. Même le ciel était noir de nuages ; le soleil, disparu, semblait pleurer avec eux, cette perte. Il n'avait pas plu pourtant, les dieux contenaient-ils leurs larmes par pudeur ? Par respect pour un homme qui avait montré sa force jusqu'à la fin de son chemin sur la terre, sinueuse et parsemée d'embûches des mortels ? Ou bien par présage d'un événement plus sinistre qui eût pu arriver par la suite ? Alys ne savait pas, mais elle avait l'impression que les divins étaient bien là avec eux, en ce jour funeste. Le temps était à leur humeur, cela ne pouvait pas être un hasard. La jeune femme ne croyait pas vraiment au hasard.

La cérémonie avait été digne. Des funérailles à l'image de Yohn Royce. Tous les proches présents étaient venus présenter leurs condoléances à Andar, son frère et sa sœur. Alys était restée quelque peu en retrait, sur le côté, par respect. Elle n'avait pas à recevoir ses paroles, même pour l'étiquette elle n'osait participer à cet échange. C'était quelque chose qui concernait d'abord les liens du sang, la fratrie elle même. Les mots prononcés par les proches de la famille, même, d'ailleurs, les autres présents, avaient dû apporter au moins un peu de réconfort et de chaleur dans le cœur des trois enfants. Oui, car ils restaient des enfants ce jour là. Alys les avait regardés, chacun, en songeant que dans leurs esprits, étaient présents, leurs souvenirs précieux de Yohn Royce. Ils ne pleuraient pas le Seigneur, mais le parent qu'ils avaient si abruptement perdu. C'était pour cela qu'Alys pensait que l'étiquette n'avait rien à faire dans cette cérémonie.

Ils rentraient à présent, sans mot dire. L'instant de silence était au recueillement et à la réflexion. La nuit tombait. Ceci dit, le ciel, n'ayant pas fait apparaître une seule petite éclaircie de la journée, avait fait perdre la notion du temps à Alys. La nuit arrivait-elle vraiment ? Cela n'avait pas vraiment d'importance, ils dormiraient certainement mal de toute façon. Comment pouvait-on trouver le sommeil après une telle journée. Depuis leur retour, ils n'avaient pas réussi à atteindre un seul instant de sérénité et cela se comprenait.

Néanmoins, Alys espérait que cette cérémonie apaisât au moins un peu le cœur empli de tristesse des Royce. Ils venaient de traverser une épreuve difficile et cette journée leur permettrait de faire leur deuil. Deuil qui serait plus ou moins long, cela dépendait de chacun. La jeune femme se décida alors à parler, cherchant une parole douce et réconfortante.

« Cette cérémonie était très digne et respectueuse. Je suis certaine que votre père vous en serait reconnaissant et ne m'aurait pas contredite là dessus. Les hommages qui lui ont été rendus, ainsi que l'humilité avec laquelle les gens ont présenté leurs condoléances, étaient des plus émouvants. » Dit-elle à son époux.

Bien entendu, elle n'en savait rien vraiment, elle ne connaissait pas assez Lord Royce pour pouvoir être à même de faire ce genre de spéculation. Mais, la jeune femme savait que ses paroles apporterait au moins, un peu de baume au cœur d'Andar, tout du moins, elle souhaitait que ce fût le cas.

Alors qu'ils avançaient, Alys ressentit une vive douleur dans son corps. Ce n'était pas la première fois. Elles avaient commencé, à intervalles plutôt irréguliers il y avait quelques semaines de cela, mais ces dernières avaient été plus... gênantes que douloureuses. Les mestres avaient dit que c'était tout à fait normal. Mais cette fois, c'était différent. Cette douleur là... elle l'avait sentie quelques minutes auparavant alors que la cérémonie se terminait, voilà qu'elle revenait. Le temps entre les deux contractions était beaucoup trop court et la jeune femme commençait à sentir la peur s'emparer d'elle, c'était de mauvais augure. Elle s'arrêta quelques secondes, posant une main sur son ventre, sentant l'enfant bouger. Elle ferma les yeux, attendant que la douleur disparaisse. Ceci ne dura que quelques secondes, personne n'avait encore remarqué que la jeune femme s'était arrêtée. Elle reprit donc sa marche, soufflant de soulagement, le mal ayant quitté son corps une nouvelle fois. Mais cela l'inquiétait énormément. Alys sentait que ces douleurs n'avaient pas lieu d'être, elles duraient trop longtemps et étaient peu espacées dans le temps, elle espérait qu'il n'y aurait pas de prochaines. Deux d'affilées, cela ne pouvait pas être grave si ?

Ils rentreraient d'ici quelques minutes et Alys irait s'allonger, c'était ça, elle devait être fatiguée, le bébé le ressentait et s'agitait. Elle spéculait, pour se voiler la face, pour ne pas paniquer, pour se dire que tout ceci était dans sa tête, qu'elle nourrissait sa propre peur, simplement.

Une nouvelle douleur, lancinante, aussi subite que la morsure d'une eau glacée qui submergeait les marins naufragés ! La jeune femme manqua de tomber, autant sous la force du mal que sous la surprise de son arrivée. Elle grimaça, retenant alors un gémissement de souffrance. Elle inspira profondément, tentant de calmer les battements rapides de son cœur. Alys se concentrait sur son souffle, tâchant de se détacher de ce supplice, de le placer dans un coin de son esprit qui ne pouvait pas atteindre son corps physique. Oublier, jeter cette douleur au loin. Mais elle n'y arrivait pas, parce qu'autre chose alarmait Alys, tenait en éveil tous ses sens et multipliait son mal. Une pensée des plus inquiétantes... non cela ne pouvait pas ! Il était beaucoup trop tôt ! L'enfant ne survivrait pas ! La panique s'empara alors pleinement d'elle et ce sentiment d'épouvante, ainsi que la souffrance qui grandissait en son sein, lui coupèrent le souffle. Sa respiration, qu'elle avait contrôlée jusqu'alors pour prévenir la peine et l'angoisse, s'était arrêtée. Ses mains posées sur son ventre, sentant alors l'enfant bouger cette fois-ci plus sensiblement, Alys leva les yeux vers son époux. Elle voyait flou, mais peu lui importait, il fallait qu'il sache, qu'elle l'appelle. Il était, à quoi, un mètre d'elle tout au plus, et heureusement, il n'aurait, sinon, pas entendu son appel au secours, qu'elle avait  presque murmuré, l'effroi ayant immobilisé tout son corps, jusqu'à éteindre sa voix.

« Andar... » elle ne sut comment ces mots purent franchir ses lèvres tremblantes.  « Je... quelque chose ne va pas...  »

Elle n'osait dire véritablement ce qu'il se passait, elle avait peur que cela rende la tragédie plus réelle et déchirante qu'elle ne l'était déjà. Ces paroles écrasantes de fatalité  ne voulaient pas sortir de sa bouche. Dans le ciel, il y eut un coup de tonnerre qui fit trembler la terre et les augures annonçaient la mort.

« Il arrive. » Finit-elle par murmurer, une nouvelle vague de souffrance électrisant son corps. Elle regarda alors au sol, elle venait de perdre les eaux.


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Andar & Alys


Les obscurs nuages sans pluie se retrouvaient à l'image du nouveau seigneur de Roche-aux-runes, tourmentés, mais incapables de pleurer. Depuis la fin tragique de son père, Andar ne s'était que très peu reposé. Il lui semblait que le poids du monde reposait sur ses épaules, que tous avaient le regard figé vers lui. Était-ce cela que son père ressentait chaque jour ? Certes, il avait été préparé à ce jour depuis sa naissance, mais le fils aurait préféré voir son père vivre encore des dizaines d'années. Il était le repaire de Val, un homme fort, un seigneur qui n'a jamais eu peur de se battre pour ses idéaux, Andar, ne lui arriverait jamais à la cheville, la culpabilité l'empêchait de le croire. Son air taciturne n'avait fait que s'intensifier, toutes ses parcelles de douceur disponibles étaient pour les siens et surtout Ysilla. Sa jeune soeur devait d'être protégée et surtout, il devait tenir la promesse faites à son père, tout comme l'autre, une qui lui demandait bien plus de courage et de ténacité. Yohn lui avait dit d'avancer, mais de ne pas oublier et Andar s'était évertué de la faire alors que le corps de son père n'était pas encore froid. Souvent, il avait l'impression que sa tête allait exploser, à chaque instant, on venait le voir pour des informations, à chaque instant, il devait réfléchir, non plus comme chevalier de la maison Royce, mais comme un seigneur.

Leur voyage fut plus qu'éprouvant, souvent, il jetait des regards vers son épouse, voir si tout allait bien. Ces derniers temps, il n'était pas le mari qu'elle méritait, trop absorbé par tout ce qui lui était tombé dessus, pourtant au fond de lui, il s'était fait la promesse de se rattraper une fois tous les convives partis de Roche-au-runes. En tout cas, toujours inquiet pour sa grossesse, Andar demandait souvent aux servantes de faire en sorte que sa femme se repose, que c'était un bien autant pour elle que pour l'enfant qu'elle portait. 

Durant tout le temps de la cérémonie, son visage était resté froid, son regard restant planté à l'endroit ou son père reposait. Là, il avait été honoré et pouvait donc trouver sa place auprès de leur mère. Yohn Royce laissant un grand vide derrière lui et tous les personnes venus lui parler à la suite, Andar vint leur répondre sans manquer de diplomatie. Les derniers recueillements avait été fait,  Yohn Royce reposait auprès de tous ses ancêtres datant d'une époque ou les Royce étaient des Roi. Un lieu empreint d'histoire pour ceux en recherche de cela.

« Cette cérémonie était très digne et respectueuse. Je suis certaine que votre père vous en serait reconnaissant et ne m'aurait pas contredite là dessus. Les hommages qui lui ont été rendus, ainsi que l'humilité avec laquelle les gens ont présenté leurs condoléances, étaient des plus émouvants. »

Tournant la tête vers sa femme, ses mots lui allèrent droit au coeur et pourtant, il ne sut le dire ouvertement, préférant saisir sa main et y déposer un baiser. Un geste doux en silence qui correspondait bien au seigneur de Roche-aux-runes. Serrant davantage sa main, il se retrouva obligé de la lâcher car son frère l'appelait plus en avant. Robar ignorait encore qu'une proposition d'union avait été faite pour lui et pas n'importe laquelle. Un grand mariage sans aucun doute, mais un mariage qui l'obligerait tout comme Andar de faire la paix avec les dragons. En tout cas, ce n'était pas encore le moment de lui en parler, mais le sujet viendrait très vite à être évoqué. Derrière, il ne remarqua pas les tracas de son épouse, ni même la pause effectué, ce fut son murmure qui le fit se retourner surpris :

« Andar...Je... quelque chose ne va pas...  »

Son coeur bondit dans sa poitrine, face à la scène qui s'offrait à lui, restant même quelques seconde légèrement abasourdi. L'éclat de tonnerre fut ce qui le ramena à la réalité.

« Il arrive. »

Là, il ne pouvait plus rester de marbre, tout son visage trahissait son inquiétude. Sans attendre, il se précipita vers elle et passa un de ses bras autour de son cou pour lui saisir la taille et les jambes avec ses bras. Refusant que quiconque prenne sa place, portant Alys jusqu'au château. Il pouvait sentir le corps de son épouse se crisper et surtout celui-ci se torde de douleur. Andar se sentait totalement inutile, que pouvait-il faire pour elle ? Sans attendre, il cria :

-Dites à Mestre Helliweg de nous rejoindre dans la chambre de Lady Royce !

Toute en continua à avancer, il priait les anciens et les nouveaux Dieux de ne pas lui prendre sa femme. Il avait déjà tellement perdu, il ne pouvait la perdre elle aussi, malheureusement, il n'avait que peu d'espoir pour l'enfant. Le terme était encore bien trop lointain, mais il essayait de ne pas penser à ça, mais bien d'emmener Alys à sa chambre le plus rapidement.

- Tenez bon, ma bien-aimée, nous arrivons presque.

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Les crocs de la Malemort.

“Les mêmes souffrances unissent mille fois plus que les mêmes joies.” Lamartine



Andar & Alys


Qui aurait pu prévoir que la tragédie frapperait une nouvelle fois la famille Royce ? Le destin semblait s'acharner sur eux, plantant ses crocs dans leurs chairs, tel un loup sur une proie, déjà affaiblie par sa course pour sa survie.
La douleur était insoutenable ; insoutenable aussi parce qu'elle arrivait beaucoup trop tôt. Le visage d'Alys exprimait son mal et sa panique. Cette détresse gagna le visage de son époux. Elle put la lire dans ses yeux alors qu'il se tournait vers elle, comprenant avec effroi ce qu'il se passait. Mais cette fois les mots restaient bloqués dans sa gorge, avalés par son angoisse. Ils savaient tous les deux que c'était grave, que la mort les entourait et ne semblait pas vouloir les lâcher. La jeune femme ne sentit pas son époux lui saisir la taille pour la porter, une nouvelle décharge électrique lui traversait le corps, elle eut l'impression que ce fût l'éclair même qui la frappa. Mais la douleur physique n'était rien comparée à la panique qui la saisissait.

Alys voyait le château se rapprocher alors que son époux la portait. Elle se crispa de nouveau, le mal revenant comme la houle revenait prendre les marins naufragés. Cette marée là était pleine d'un mauvais présage, d'une eau pourrie, croupie voire empoisonnée. Alors, la jeune femme plongea sa tête dans le cou de son époux, dans une tentative vaine d'y enfouir sa souffrance.

-Dites à Mestre Helliweg de nous rejoindre dans la chambre de Lady Royce ! Entendit-elle son époux crier.

Elle espérait que le Mestre arriverait à temps et qu'il aurait une solution. Mais, Alys n'était pas dupe, elle savait qu'il y avait de grandes chances pour que le bébé ne survive pas, il était beaucoup trop tôt, il serait petit et faible. Pourtant, pourtant elle voulait y croire ! Cet enfant qui grandissait, qui avait grandi en elle, était censé changer sa vie, il l'avait déjà modelée, elle qui n'avait pas désiré avoir un bébé, elle qui trouvait les enfants inutiles, s'était surprise à aimer cet être avec lequel elle ne faisait qu'un. Alys était devenue une femme comblée, une future mère, une louve peut-être, déjà prête à défendre son petit contre les autres prédateurs et les aléas de la vie. Et elle ne comptait pas abandonner sans se battre, s'il le fallait, elle donnerait toutes ses forces à cet enfant qui naîtrait fragile, déjà au bord de la mort. Si elle pouvait lui donner la vie en lui prodiguant le souffle de la sienne pour qu'il puisse survivre, elle le ferait ! La jeune femme avait pris sa décision, si l'un des deux devaient mourir, elle rejoindrait volontiers les Dieux pour sauver son enfant. Qui aurait pu croire un jour, qu'Alys Royce pensât à se sacrifier pour quelqu'un ?

Andar tentait de la rassurer. Elle savait ce qu'il ressentait, parce qu'elle avait les mêmes peurs que lui. Derrière ces paroles, la jeune femme pouvait percevoir le même sentiment d'impuissance qui l'animait. En cet instant, ils auraient pu faire une seule et même personne, une seule et même statue de chairs à vif, repliée, les genoux contre sa poitrine, pleurant sa douleur et son angoisse. Ils n'avaient pas énoncé leur effroi à haute voix, mais Andar savait et elle savait que c'était trop tôt, que l'enfant avait peu de chances de passer la nuit, voire, d'arriver ici en vie.

On avait ouvert la porte de sa chambre, Andar n'avait plus qu'à la déposer sur le lit. Les servantes s'agitaient, mais elle ne les regardait pas, ne les remarquait pas. Une seule chose comptait : sauver l'enfant. Mais était-ce seulement possible ?

Alys agrippa le bras de son époux et croisa son regard, suppliante.

« Si le mestre vous demande, si vous devez choisir : choisissez l'enfant. »

Ce qu'elle sous-entendait là, c'était, que, si une seule personne devait être sauvée, Alys souhaitait que son époux donne toutes ses chances au bébé. Il avait toute sa vie à faire, tant de choses à découvrir et elle ne pourrait se le pardonner si elle survivait à la place d'un être qui méritait plus que tout d'entrer dans ce monde.

Le mestre entra dans la chambre, sans attendre il donna des ordres aux servantes alors qu'il auscultait Alys. Son visage était grave et il ne disait rien. C'était de mauvais augure. Mais la jeune femme n'eut pas le temps d'interpréter ses traits, la douleur l'assaillait de nouveau, elle retint un cri de souffrance. Elle entendit à peine le Mestre parler à son époux : il fallait faire vite, l'enfant ne tiendrait pas longtemps. Puis il s'adressa à elle. Alys ouvrit les yeux, tentant de rester attentive à ce qu'on lui disait.

«Je vais avoir besoin de toutes vos forces Ma Lady, cela sera douloureux. Le terme est encore loin, mais si nous faisons les choses vites et biens, l'enfant a peut-être une chance d'arriver en vie. Vous vous en sentez capable ? »

Alys hocha la tête, incapable pour le moment de prononcer un seul mot. De toute façon elle ne comptait pas abandonner, pas maintenant ! Pour le petit être qui souffrait sans doute autant qu'elle en cet instant et pour son époux, elle devait se battre ! La jeune femme croisa le regard d'Andar, celui-ci reflétait tout son tourment, la jeune femme eut alors un geste que jamais elle n'aurait pensé avoir envers quelqu'un, il y avait de cela quelques années, elle se saisit de ses doigts et les enserra dans les siens, sans mot dire, elle ne sut si ce fut pour le rassurer ou bien se donner à elle même du courage, mais le savoir à ses côtés apaisait un peu sa peur et lui permettait de calmer les battements de son cœur qui battait à tout rompre dans sa poitrine.

Les servantes avaient apporté des tissus et le mestre se tenait prêt, il la regarda longuement,  attendant un signe de sa part. Elle fit un signe de tête, signifiant qu'elle était prête, la douleur était à son apogée et Alys n'avait qu'une hâte, que celle-ci cesse et qu'elle puisse tenir son enfant, en vie, dans ses bras. Il y eut un coup de tonnerre, un éclair zébra le ciel : le travail commençait.



Les couvertures étaient couvertes de sang. La sueur perlait sur son front, on se pressait autour de l'enfant. Alys était épuisée, mais ses yeux parcouraient la pièce, elle tentait de percevoir ce qu'il se passait. Il n'avait pas crié, ce n'était pas normal, elle le sentait, quelque chose n'allait pas. La panique la saisit de nouveau et la fatigue ne put l'empêcher de se relever un peu contre les oreillers.

Un petit cri lui parvint aux oreilles et elle sentit le poids de l'angoisse quitter sa poitrine, elle entendit son époux, qui n'avait pas quitté son chevet, soupirer de soulagement. Le mestre s'approcha d'eux, il n'avait pas l'air aussi rassuré que les deux époux.

«C'est un garçon.» Fit-il.

Cette nouvelle remplit le cœur de la jeune femme d'une joie immense, elle regarda son époux et lui sourit, malgré sa fatigue, heureuse de lui avoir donné un héritier, un petit homme à qui il pourrait apprendre à se battre, à monter à cheval et dont elle admirerait et complimenterait les nouveaux exploits. Déjà elle se projetait et imaginait ce petit grandir. Mais les traits crispés et le regard inquiet du mestre lui fit perdre son sourire.

« Mais il est faible et chétif, nous ne savons s'il peut survivre. Les servantes sont en train d'essayer de lui donner du lait de chèvre, il est trop exténué par ce qu'il vient d'endurer pour être nourri au sein.»

Puis se tournant vers Andar, il ajouta.

« Il faut voir s'il passe la nuit. »

Alys sentit de nouveau l'inquiétude l'envahir et tout ce qu'elle venait d'imaginer s'évanouit subitement. Non ! Non ! Elle refusait de laisser filer ce bel avenir, de laisser cet enfant, son enfant, mourir, les Dieux ne le lui reprendraient pas. Ils venaient de passer le plus difficile, elle avait confiance en son garçon, son fils, il était fort et il le resterait, elle lui avait donné la vie et ferait tout pour qu'il la garde ! Le mestre sortit, certainement pour aller se reposer quelques instants. Il n'y avait rien à faire à part attendre.

« Il passera la nuit ! J'en suis certaine ! » Dit-elle avec aplomb à son époux, elle se rassurait également elle même. « Il est fort, c'est un Royce ! »

Les servantes apportèrent l'enfant et le déposèrent dans les bras d'Andar. Il était beaucoup trop petit, c'était le bébé le plus minuscule qu'Alys avait vu. Mais il était beau, rien n'avait jamais été aussi magnifique à ses yeux. Une larme coula le long de sa joue, lorsqu'elle regardait ce petit être fragile, elle ne pouvait s'empêcher de douter, mais en même temps, l'espoir restait présent. C'était un sentiment horrible, elle avait envie, elle espérait voir ce bébé survivre mais elle savait pertinemment qu'il y avait des chances que la mort vienne lui aussi le chercher, comme elle avait subitement pris son beau-père... l'espoir rendrait alors la tragédie beaucoup plus déchirante.

« Il est beau » dit-elle à Andar en étouffant un sanglot où transparaissaient alors ses sentiments contradictoires. « Nous devrions lui trouver un prénom. »

Cela lui porterait peut-être chance. Mais la chance n'avait pas été du côté des Royce depuis quelques temps, le destin semblait s'acharner contre eux. L'Orage n'avait pas cesser, il grondait encore, menaçant, et annonçait finalement le malheur qui frapperait bientôt à la porte de la chambre, réclamant son tribu.






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Andar & Alys


La peur le saisissait, il ne pouvait pas la perdre, pas elleaussi. Totalement impuissant, il fit appeler le Mestre et tenta de réconforter son épouse, mais comment pouvait-il parvenir à son but vu la douleur et la détresse qui la parcourait. S'il avait pu être à sa place, partager sa douleur, simplement pour la soulager, le seigneur n'aurait pas hésité, mais cela ne marchait pas ainsi. Toutes ses pensées et ses forces étaient pour elle, Alys devait survivre, malheureusement, il n'avait que très peu d'espoir pour l'enfant et là, il n'arrivait vraiment pas à envisager ce petit être en voyant la souffrance de son épouse. Une fois déposé sur le lit, il resta auprès d'elle tandis que les servantes s'agitaient autour d'eux. Pour dire vrai, il avait encore du mal à réaliser tout ce qui se passait, comme si la folie des évènements l'empêchait d'avoir vraiment le pied sur terre, mais quand Alys vint lui saisir le bras pour lui demander de choisir l'enfant, s'il devait faire un choix. Ses yeux s'écarquillèrent de surprise. L'espoir qu'il n'avait pas pour leur enfant, elle l'avait. Alys voulait se battre même si les chances étaient contre eux. Posant sa main sur son front, il était incapable de lui répondre avec des mots, mais déposa un baiser sur son front. Andar n'irait pas contre sa décision, même si cela lui brisait le coeur de le concevoir. Sa mère avait-elle dit cela au mestre lors de la naissance d'Ysilla ? Mais sa petite soeur était née à terme, il s'agissait de toute une autre histoire. Allait-il vraiment pouvoir dire cela au Mestre ? Choisir son enfant à son épouse, il commençait à douter. Sa place de seigneur lui soufflerait de préserver l'héritier, mais sa place d'époux lui soufflait l'inverse. Déchirer en deux, il vint finalement à se dire que ce choix ne lui appartenait pas, cette décision se retrouvait dans les mains des anciens et nouveaux dieux.

L'entrée du Mestre l'éloigna un peu de son épouse, l'inquiétude de son visage ne révélait rien de bon. Il avait toute confiance en Helliweg et savait qu'il ferait son maximum autant pour son épouse que pour son enfant. La place d'un homme ne se trouvait pas ici, mais Andar ne comptait pas la laisser subir cette épreuve seule. Personne ne viendrait à le faire changer d'avis et quand Alys vint saisir sa main, il se plaça près d'elle, son visage près du sien, prêt à la soutenir, à lui donner sa force. La souffrance, les cris qui s'enchaînent, il en fallait d'une force pour faire sortir un enfant, le Royce était impressionné, les femmes n'abandonnaient pas face à la douleur. L'odeur du sang ne lui rappelait que des mauvais souvenirs, mais elle était forte, elle allait survivre, il se le répétait sans cesse, tandis qu'il incitait son épouse à continuer à pousser jusqu'au moment où l'enfant se retrouva dans les bras du Mestre. Ne lâchant pas la main d'Alys, son coeur battait la chamade, l'enfant n'avait pas pleuré, c'était mauvais signe, puis d'un coup, un petit cri, un petit cri qui le fit souffler de soulagement, un petit cri qui lui fit réaliser qu'il était père, oui, il était père et l'enfant était en vie.

«C'est un garçon.» Fit-il.

Une nouvelle qui aurait dû le rendre heureux et pourtant face aux comportements du Mestre, il ne put s'en réjouir. Un garçon qui n'allait sûrement ne pas survivre se mit-il à penser. La suite des paroles d'Helliweg allèrent dans ce sens. Son coeur commençait à davantage se fissurer, mais l'épreuve serait plus difficile pour Alys, il devait la soutenir, ne pas penser à ce qu'il ressentait, il n'y avait qu'elle qui comptait. L'enfant avait été emmené et le Mestre avait quitté la pièce. Ils étaient seuls.

« Il passera la nuit ! J'en suis certaine !  Il est fort, c'est un Royce ! »

Un sourire vint éclairer son visage, il ne voulait pas briser son espoir, Alys devait savourer ses instants auprès de leur fils, tout comme, il se devrait de le faire, pourtant la mine d'Helliweg ne quittait pas son esprit jusqu'au moment oùune des servantes vint lui donner l'enfant. Son souffle s'arrête face à sa vue. Il tenait son enfant et il n'y avait pas de plus douce sensation, un élan d'amour l'envahissait, un sentiment plus fort que ce qu'il avait pu ressentir de sa vie.

« Il est beau. Nous devrions lui trouver un prénom. »

Elle avait raison, ce petit être était beau, quoiqu'il paraisse faible et si petit. Il était son fils, un enfant qui avait un bel avenir devant lui, si du moins il pouvait survivre. Était-il fou de vouloir commencer à espérer ? Pourquoi les dieux voudraient-ils reprendre un enfant près d'eux ? Pourquoi empêcher son fils d'avoir une vie ?! Finalement, il se rapprocha d'Alys pour qu'elle puisse mieux voir leurs enfants et ajouta d'une voix emplie d'émotion : 

- Il est magnifique, tu as fait un merveilleux travail.

Elle avait évoqué le fait de lui donner un prénom, et même si Andar ne l'avait pas envisagé, c'était peut-être une bonne idée. Leur enfant était une personne à part entière, il reposerait à jamais dans leur coeur et avoir un prénom lui permettrait d'avoir une existence même si sa vie n'avait duré que quelques heures.

- Que dis-tu de Yorwyck ? Les rois Royce portaient souvent ce prénom et Yorwyck VI a été un grand guerrier qui s'est battu farouchement contre l'invasion andal. Un nom fort pour notre fils.

Notre fils ! C'était la première fois qu'il disait ce mot et il aimait le dire. Son regard ne pouvait lâcher le petit Royce, même quand il remarqua que l'enfant semblait lutter pour respirer. Une respiration qui lui rappelait bien trop celle de son père avant qu'il meure. Tous ses espoirs s'évaporèrent d'un coup. Il ne survivrait pas et il n'avait pas envie d'appeler le Mestre. Sa décision était prise, les derniers moments de son fils seraient auprès de ceux qui l'ont aimé bien avant sa naissance. La déposant doucement dans les bras d'Alys, il vint s'installer à ses côtés, plaçant un de ses bras autour du cou de sa femme pour que celle-ci puisse poser sa tête contre son torse et de sa main libre, il vint en prendre la main de son enfant et là, emporter par le moment, il vint à dire pour la première fois à Alys : 

- Je vous aime tous les deux.


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Andar & Alys


Leur fils. Ils avaient un fils. Alys avait encore du mal à le croire. Et pourtant, il était là devant ses yeux, si petit, si fragile, mais vivant. Elle croyait, elle espérait. Il survivrait, il passerait la nuit. Après tout, elle venait de lui donner toute sa force pour qu'il puisse venir au monde. La jeune femme ressentait la fatigue, l'épuisement de son corps qui luttait pour qu'elle reste éveillée. Non, elle ne voulait pas s'endormir, son petit avait encore besoin d'elle, d'eux, de ses parents. Elle voulait le veiller, rester là, à le regarder, à voir ce qu'ils avaient été capable de concevoir. Il était beau... Alys n'avait jamais vu une aussi belle merveille. Il était leur chef d'oeuvre.

Andar semblait approuver ses dires, et elle sourit. Les émotions se bousculaient en elle : un mélange de joie et de soulagement, sans doute. Le bonheur d'avoir enfanté l'empêchait de voir le danger et la mort qui rôdaient autour de ce trio, de cette famille qu'ils constituaient. Un moment qui ne serait bientôt qu'un souvenir insaisissable et douloureux, une plaie béante dans leur cœur, qui ne guérirait jamais vraiment.

Et Alys se voilait la face, ne voulait pas voir la vérité. Pourtant il y avait des signes qui ne trompaient pas. Néanmoins elle s'imaginait déjà avec ce petit dans les bras, le bercer, venir le border lorsqu'il faisait un cauchemar, le voir monter à cheval, chasser avec son père. Elle entrapercevait tout ceci comme une vision de l'avenir. La jeune femme en était certaine, il survivrait, elle le sentait au plus profond de son être. C'était aussi pour cela qu'elle avait envie de lui donner un nom, pour le rendre vivant, réel, invincible, pourfendeur de l'ombre menaçante qui le frôlait alors.

Yorwyck. Ce nom là lui plaisait. En effet, comme le lui disait Andar, leur fils avait besoin d'un nom fort, d'un nom de guerrier. Cela lui irait à merveille. Yorwyck serait un garçon courageux, fort et aimé. Aimé, il l'était déjà tellement, si profondément. Elle posa sa main, moite par l'effort, sur le front de son fils et lui caressa la tête, doucement, tendrement, le couvant d'un regard maternel, ému.

«Yorwyck » Murmura t-elle, testant la saveur de ce nom. Elle aimait le goût que les syllabes laissaient dans sa bouche, le son qui résonnait dans son être quand elle le prononçait. « Cela lui sied déjà à ravir. Il sera un grand guerrier lui aussi. »  

Alys parlait du futur, parce qu'elle n'entendait pas, ou plutôt ne voulait pas entendre, la respiration sifflante de l'enfant. Andar déposa le bébé dans ses bras et ce fut comme si le temps s'était arrêté. Il aurait pu y avoir une catastrophe, elle n'en avait cure ! C'était là, le plus bel instant que lui eût donné la vie.

Ils étaient là, tous les trois blottis les uns contre les autres. Alys avait reposé sa tête sur le torse de son époux. Elle le vit saisir délicatement la main de Yorwyck, elle sourit devant cette scène qui s'offrait à elle et dont elle faisait partie. C'était un beau portrait de famille, entaché par la présence pesante de la mort, qui attendait patiemment que l'enfant succombe.

-Je vous aime tous les deux


Elle leva les yeux vers Andar, non sans surprise, par cet élan soudain. Leur couple n'avait jamais été du genre à exprimer ainsi ses sentiments, ils étaient dans la retenue la plupart du temps. C'était la première fois que son époux lui disait ces mots là. Il faut dire que l'instant s'y prêtait. Alys sentit l'émotion lui serrer la gorge. Ce moment ne pouvait pas être plus parfait, elle ne voyait pas le nuage sombre qui cachait leur soleil, son soleil.

«Moi aussi » Répondit-elle, la voix enrouée par l'émoi.

Elle reporta son attention sur l'enfant, et l'embrassa sur le front avec douceur, pour lui apporter tout l'amour dont il aurait besoin dans les prochaines heures pour lutter contre un mal qui finirait par l'emporter loin d'ici. Mais Alys avait de l'espoir. Cet instant, rempli de tendresse lui en donnait, un être aussi aimé, aussi entouré ne pouvait pas leur être enlevé ! La jeune femme ne pouvait le concevoir. Elle comprenait à présent ce qu'était ce sentiment fort, indestructible, d'avoir une famille, d'avoir un enfant soudant leurs liens.

« Il sera aimé, fort et beau ! » Dit-elle à son époux.

Alors, emportée par la tendresse maternelle, elle se mit à bercer l'enfant. Chantant une comptine que son propre père lui fredonnait lorsqu'elle était petite. L'odeur du sang emplissait encore la pièce, celle perfide de l'ombre qui planait au-dessus d'eux était perceptible, guettant le moment opportun. Peut-être leur laissait-elle un dernier moment de paix avant de s'abattre de nouveau sur la famille Royce.



Combien de temps étaient-ils restés comme cela ? Alys ne savait pas. Elle était épuisée, mais refusait de s'endormir. L'instant était trop précieux pour le laisser filer. Déjà il commençait à s'estomper. La respiration laborieuse du bébé était à présent à peine audible, il était en train de partir. Mais Alys ne voulait rien voir, rien entendre. Elle savait pourtant, au fond d'elle ce qu'il se passait. La larme qui s'échappa de ses yeux montrait son tourment intérieur, sa lucidité qui se battait pour lui rendre la vue ! Non, elle ne pouvait pas le croire !

Le bébé fermait les yeux, et elle sentit de nouveau les pleurs l'envahir. Cette fois son souffle était beaucoup trop faible. Mais, non, il était seulement en train de s'endormir ! Oui c'était cela, il plongeait dans les méandres reposant du sommeil, il se réveillerait dans quelques heures pour réclamer à manger !
Mais... le son de la respiration de Yorwyck se faisait de moins en moins entendre. Alys continuait à le bercer, comme s'il s'endormait, car elle ne pouvait croire que ce fût autre chose. Elle jeta un regard à Andar.

« Regardez, il s'endort. » Si ses paroles étaient naïves, sa voix tremblante, ne trompait personne. Elle était bel et bien consciente de ce qu'il se passait.

Et puis, aussi soudainement que l'éblouissement d'un éclair, il ne bougea plus. La jeune femme sentit son propre souffle se glacer dans sa gorge. Il y eut quelques secondes de silence, le dernier coup de tonnerre venait de retentir, emportant l'esprit de l'enfant qu'elle écrasait contre sa poitrine, qu'elle refusait de laisser aux dieux. Puis brutalement, le hurlement de douleur de la mère meurtrie, qu'elle tentait d'étouffer en enfouissant son visage dans le torse de son époux, déchira la nuit.  






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Les crocs de la Malemort.

“Les mêmes souffrances unissent mille fois plus que les mêmes joies.” Lamartine



Andar & Alys


Yorwyck Royce, son fils avait un nom, une identité, une appartenance à sa famille, à son sang. Un nom fort à l'image de ses ancêtres. En vue de sa respiration, il savait que son temps sur terre serait court et pourtant, Andar voulait savourer cet instant en famille, être un père tout simplement. Son épouse le voyait devenir un grand guerrier et il se refusait de lui ôter cet espoir, voulant la voir heureuse le peu de temps que les dieux accordaient à leur enfant un souffle d'air. La tête d'Alys était reposée sur son torse, tandis qu'elle tenait l'enfant. Malgré l'odeur environnante, ils restaient dans leur bulle, son doigt glissa dans la main de son enfant. Ce contact lui fit ressentir davantage l'amour à son égard, tout comme envers sa mère. Pour la première fois, Andar confiait ses sentiments, d'habitude si bien camoufler, il avait des gestes doux envers son épouse depuis quelques mois, prouvant par ce biais de son attachement, mais jamais, il ne l'avait dit à haute voix et pourtant, c'était bien le cas. Il l'aimait, pas d'un amour qui voue clou sur place dès le premier regard, non, c'était différent, même bien plus fort pour lui, il avait appris à l'aimer en la connaissant, en passant du temps près d'elle, il ressentait un sentiment qui ne partirait jamais, car elle avait réussi à s'immiscer dans son coeur, petit à petit, pour y prendre une place démesurée. Alys était devenue son futur et à ce moment précis, avec Yorwyck, ce sentiment était encore plus fort. Cette épreuve n'allait pas les séparer, mais les renforcer, il en avait la certitude, car il lui était impossible de l'abandonner. Croisant le regard de son épouse, Andar se prêta à sourire, il la trouvait si belle, une force de la nature, puis elle vint à répondre d'une voix enrouée par l'émoi :

«Moi aussi »

Ne lâchant pas la main de son fils, son coeur s'attendrit en voyant Alys l'embrasser sur le front. La respiration de petit Royce restait la même, mais il lui semblait qu'au moment de baiser, le torse de l'enfant s'était surélevé, comme s'il avait réussi à prendre une plus grande bouffer d'air. L'amour de sa mère semblait avoir un impact sur lui, il le ressentait.

« Il sera aimé, fort et beau ! »

L'amour, il le recevait déjà, beau, il l'était déjà dans le coeur de son père, il ne lui manquait que la force, mais d'un certain sens vu son âge, Yorwick se retrouvait plus fort que d'autres enfants qui seraient sans doute déjà morts. Oui, au final, il était déjà tout ça. Un parfait petit Garçon, un véritable Royce. Alys commença à le bercer, tout en lui chantant une douce chanson. Observant en silence, cette scène, il ne les quittait pas du regard. Le temps s'écoula, mais rien ne bougeait dans la pièce, tout semblait être figé dans le temps, hormis la respiration de Yorwick. Andar remarqua bien la fatigue de son épouse, mais celle-ci luttait, comme leur enfant faisait. Petit à petit, le seigneur voyait que son enfant respirait de moins en moins, le temps était venu qu'il rejoigne ses ancêtres. Tout comme face à la mort de son père, Andar arriva à rester calme, ne voulant pas se laisser emporter par la tristesse, se devant de soutenir Alys à tout prix.

« Regardez, il s'endort. »

Il mourrait... Le Royce savait en vue de sa voix qu'elle l'avait compris aussi, mais comment accepter que leur enfant n'était plus, lui qui avait été tant attendu depuis des mois, qui avaient réussi à se faire aimer d'une femme qui de base ne voulait pas d'enfant. Oui, cette enfant leur avait apporté tellement et à présent, il venait de les quitter. Lâchant sa main, il la posa sur son torse, voulant simplement vérifier, mais, ses yeux clos et son corps figé, lui donnèrent cette réponse atroce. Yorwyck Royce aurait lutté durant des heures, contre la mort, mais celle-ci l'avait finalement emporté. Alys vint à le serrer contre sa poitrine, s'effondrant totalement. Resserrant son étreinte, il lui caressa les cheveux, tandis qu'elle pleurait le visage enfouidans son torse. Que pouvait-il dire ? Il n'y avait rien à dire face à ce décès, l'espoir était clos, libérant le chagrin. Les mots qui résonnaient dans son esprit étaient de tenir bon, d'être fort et c'était ce qu'il faisait. Après quelques minutes, il souffla à l'oreille d'Alys : 

- Yorwyck est auprès de nos pères, ils veilleront sur lui.

Ce ne fut qu'à ce moment-là qu'il remarqua la présence du Mestre auprès d'eux, celui-ci lui fit comprendre de lui donner Yorwyck. Avec douceur, il souleva le menton d'Alys pour croiser ses yeux : 

- Donne-le-moi !

Lui prendre son enfant eut le don de lui briser davantage le coeur, mais elle ne pouvait pas le garder plus longtemps, Alys devait à présent se reposer, reprendre des forces, survivre à cette épreuve. Finalement, quand il arriva à récupérer son fils, ce fut lui qui se stoppa quelques secondes, son regard perdu sur le visage de l'enfant qui semblait endormi, le dernier regard envers son fils, un souvenir qui se gravait dans son coeur. Helliweg posa une main sur son épaule, ce qui eut le don de ramener Andar à la réalité qui lui confia l'enfant :

- Il se nomme Yorwyck, je veux qu'il ne soit pas oublié, mentionner le dans le registre.


Voyant le mestre et son fils quitter la pièce fut une épreuve encore plus terrible, il n'imaginait même pas ce qui traversait la tête de sa femme. La serrant dans ses bras, il s'allongea près d'elle et lui murmura :

- Tu dois te reposer. Je suis là, je serai toujours là.

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