Quand le Dieu Noyé envoie un signe ۞ ft Leveen
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L'Anguille et la Guérisseuse
L’apogée de l’attente touchait enfin son paroxysme. Les voiles ne s’étendaient plus mais suivaient bien au contraire les plis d’une halte sans précédent. Les hauteurs s’étendaient par delà l’horizon permettant ainsi de comprendre que les terres n’étaient plus qu’à quelques lieux de là. Bientôt les fer-nés fouleraient le sol de cette contrée verte. Bientôt, ils pourraient envisager ce que leur nature conquérante était à même de leur fournir, bientôt l’exploration tiendrait à s’extirper des bas-fonds de leur nature pour ainsi trouver refuge dans les diverses allées qu’ils traverseraient. Les gens s’affoleraient, chercheraient à se préserver de leurs regards brutaux et sombres, ils se cacheraient derrière des prétextes les uns les plus idiots que les autres tout cela rien que pour permettre à ce peuple de sel de comprendre que la terreur guidait toujours leurs aspirations. Terreur qui, ne cesserait jamais de vouloir s’extirper de leurs veines afin de transmettre des messages on ne pouvait plus équivoques quand à leur intention. La paix avait été évoqué, certes, mais cette dernière était aussi fine que le fil invisible qui craquait parfois lorsque le cordage tirait bien trop sur ses extrémités. Le cœur de la Bonfrère se gonflait de joie ou plutôt de cette dextérité qui l’envahissait dès lors qu’elle participait à une expédition. Le regard fier, elle ne cessait de scruter les navires, qui cherchaient à établir ennemis, qui, cherchaient à établir un ordre selon lequel leur bienvenue était aussi dérisoire que leur paix. Son sourire n’en devenait que plus intime, minime de cette maxime qui résonnait silencieusement dans son esprit et lui rappelait que le fer-prix saurait se trouver dans cette ville. Ce qui était mort ne saurait mourir mais renaître plus fort et vigoureux. Si cela ne tenait qu’à eux leurs possibles défenses seraient en train de couler par la cale, laissant entendre hurlements, cris et panique par delà les vents. Mais, il fallait garder cette paix intacte et répondre aux ordres qu’on leur avait donnés. Des recommandations suivant lesquelles, la grande Asha Greyjoy, devrait revêtir le rôle d’une noble en contemplation ou plutôt jouer la comédie d’un rôle pareil. Le rire avait échappé des poumons de la blonde au moment où des robes avaient eu le mérite d’apprivoiser la fille du Kraken, des bouts de tissus dans lesquels, n’importe qui était à même de vérifier qu’elle n’était pas une de ces filles là mais bel et bien une femme de la mer. Sirène un jour, sirène toujours avait songé la Bonfrère qui répudiait complètement l’image d’une telle fourberie. Son amie saurait toujours trouver le moyen de se faire entendre parmi les idéaux machistes de ce monde prompt à l’aveugle. Elle en était certaine, tout comme elle savait très bien que de cette mascarade finirait par découler une immense découverte renferment de somptueux trésors. Ses yeux se mirent probablement à briller devant de telles pensées et lorsque le moment fut venu ainsi que le signal donné, la jeune femme suivit les recommandations données plus amont de l’expédition et rejoignit ainsi ses amis pour le débarquement. Ce dernier s’exécuta dans un calme troublant pour des fer-nés. Aucune insulte n’avait été prodiguée et aucun comportement malséant n’avait eu l’occasion de se dégager de la scène. Non. Seule la cordialité résidait intacte dans cette hospice, de quoi mettre à mal le caractère tempétueux de la Bonfrère. Son silence ne laissait présager rien qui vaille alors que sa docilité commençait à la fatiguer. Des souffles d’agacement lui échappaient même de temps à autre, alors que ses yeux se mettaient à vagabonder par-ci par-là dans les diverses ruelles qu’ils franchissaient. Cette expédition était d’un ennui mortel pour elle. Tout comme les dires qu’elle pouvait entendre à quelques pas d’elle. Cependant, elle essaya de garder sa focalisation intacte. Le dessein qui en découlerait en valait la peine, du moins, ses espoirs le lui dictaient sous cet ordre. Voilà pourquoi, elle se contenta d’arquer un sourcil en guise de réponse au moment où l’un des soldats vêtu de tout cet attirail qu’elle jugeait inadapté au combat, la toisa du regard avec un sourire amusé. Si il la cherchait, il ne mettrait pas longtemps à la trouver celui là… Sauf qu’un regard de la part du Noirmarées l’obligea à se remettre dans les cadres donnés afin de ne pas le décevoir. Elle avait l’impression d’être un chien sur lequel on avait placé une bride pour le contraindre à retenir ses ardeurs. Soupirant une énième fois, on lui accorda enfin la liberté de pouvoir déambuler dans les ruelles de la ville, tout en prenant garde de ne pas semer la discorde et trouble dans cette dernière. Gysella ne put retenir un élan de cynisme devant ces nouvelles recommandations et finit par laisser ses hommes allaient à leur guise tout en leur ordonnant de ne tuer personne. La plupart d’entre eux se dirigèrent immédiatement vers les tavernes ou les maisons closes…
La guerrière, elle, entreprit une marche dans les divers décors. Désireuse d’apprendre des ennemis potentiels. A vrai dire, selon elle, tout peuple qui n’était pas fer-né était forcément contre eux. L’histoire leur avait prouvé à tous et il lui était quasiment évident que de cette supercherie finirait forcément par découler un instant où les lames des épées en viendraient à taillader l’air d’une manière ou d’une autre. Aussi, prendre connaissance des environs n’était peut être pas une si mauvaise idée que cela et ce même si ses chefs osaient lui dire le contraire. De toutes les manières, elle n’avait pas besoin de leur permission pour élucider des mystères seule et elle ne faisait rien de mal. Rien si ce n’était peut être effrayé certaines personnes sur son passage alors qu’elle n’agissait pas contre eux. Foutus lâches… Songea t-elle. Comme si une porte aurait pu l’arrêter si seulement elle était dans un état de hargne sans précédent… Ses yeux en vinrent même à rouler d’exaspération devant le comportement de ce jeune garçon qui venait tout juste de se cacher derrière un tonneau. Une barrique… Sincèrement… La Bonfère préféra ignorer la situation et continuer sa route jusqu’à ce que ses yeux n’en vinrent à découvrir les traits d’une jeune fille en quête de … d’herbes ? Son regard se fit plus sombre et ses sourcils se froncèrent presqu’aussitôt alors qu’elle se mettait en retrait afin d’essayer de comprendre un tel raisonnement. Etait-ce une guérisseuse ? Seules les personnes habilitées à effectuer de tels soins recherchaient bien souvent des herbages et autres bizarreries pour ainsi confectionner des potions. Instinctivement, les pensées de Gysella s’en allèrent jusqu’à Lordsport et vers son ami Harlon, alors que la jeune fille cherchait à présent d’autres éléments. « Hey toi ! » interpella la fer-née en direction de la jeune fille qui lui donna l’impression de prendre peur au moment de son appel. Forcément… Un long soupir d’agacement s’échappa d’entre ses lèvres avant que ne commence la danse durant laquelle l’une coursait l’autre. Le comportement curieux de la Bonfrère en faisait se retourner plus d’un et il lui arrivait même d’entendre quelques injures proférer en son nom alors que son cap lui, tenait bon. Ce n’était pas la peine de se détourner de son chemin et encore moins de cette belle prise qui saurait probablement satisfaire les maux de son ami. « Mais attends, j’te veux pas d’mal ! » laissa t-elle échapper tout en contournant ce qui paraissait être un fleuriste et en repoussant une dame qui était dans son chemin. Cela eut le don de la retarder, si bien qu’au moment où elle contourna la rue perpendiculaire à celle qu’elle venait de remonter, la fer-née se retrouva bredouille.
Elle se tourna une première fois sur le côté droit puis une secondes sur le côté gauche, ses yeux se froncèrent de plus belle alors que son ouïe essayait de distinguer un mouvement qui aurait pu la mettre sur la piste de cette jeune fille. Et il n’y avait rien. Rien si ce n’était ce chat qui venait à peine de fuir de la petite cabane plus éloignée. Il n’en fallut pas plus à la Bonfrère pour l’inciter à reprendre sa route et ainsi se diriger vers cette baraque de fortune. Sans plus attendre, elle donna un grand coup de pieds dans la porte et pénétra l’unique pièce avant de prendre connaissance de cette dernière et de conclure qu’elle était au bon endroit. « T’as l’mérite d’avoir d’bonnes jambes. » s’amusa t-elle à commenter alors qu’elle cherchait la silhouette de la jeune fille. Elle devait probablement s’être cachée quelque part, de peur que Gysella ne lui inflige quelques commotions ou diverses maltraitances. Préférant opter pour la méfiance, la Bonfrère avança tout de même à tâtons dans la pièce. « J’te l’ai dis j’vais pas t’faire de mal, tu peux sortir d’ta cachette. » Elle était sincère dans ses mots, pourtant elle se doutait bien que faire confiance à un fer-née devait probablement être dans les mœurs à éviter pour les gens d’ici. « Et j’ai qu’une parole, j’sais pas c’qu’on vous raconte sur nous mais quand on dit qu’qu’chose on l’fait, la fourberie c’est pas d’chez nous. » continua t-elle à avancer alors qu’elle s’arrêtait devant une table qui contenait pas mal d’éléments prévalant de sa conclusion de toute à l’heure. « T’es guérisseuse à c’que j’vois et justement j’ai un contrat à t’proposer. » Cette fois-ci, elle avança sa main vers ce qui donnait tout l’air d’être une potion et s’enquit de relever le flacon pour essayer d’admirer par transparence le contenu de cette dernière.
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La troupe de troubadours était reparti déjà depuis quelques semaines, il avait bien à proposer à Leven de continuer la route avec eux, mais la bâtarde souhaitait rester quelque temps à Villevieille, découvrir ce que refermait cette ville dite de savoir. Rentrer dans la citadelle lui était interdite et de cela, elle ne s'en formulait pas, mais les mestres sortaient de celle-ci pour prodiguerdes soins les plus primaires et tout en restant éloigner, la bâtarde aimait les observer, voir si elle pouvait en apprendre davantage. Il lui en fallait toujours plus, aimant comprendre tout ce qui l'entoure et surtout pour ce qu'il s'agissait de la médecine, d'être certaine de donner le meilleur traitement à ses patients. En vérité, depuis qu'elle avait découvert la médecine traditionnelle des Rhoynar, elle se retrouvait à avoir plusieurs variantes d'action pour un même mal, ce qui lui donnait plus de chance de réussite. Oui, voilà, ce qu'elle avait de plus que les mestres, mais a contrario, elle était certaine de ne pas connaître le corps humain autant qu'eux.
Vivant dans une petite cabane éloignée, un des habitants de la ville avait bien voulu lui passer en échange de soins. Oui, il était tombé de cheval et s'était fait une fracture ouverte, donc Leven allait plusieurs fois par jour, le voir et effectuer les soins. Elle ne se leurrait qu'il aimait bien sa compagnie, jamais il n'avait eu de famille et la solitude pouvait être bien pesante. Ce matin, il vint lui parler d'une drôle d'histoire, le biefois lui racontait qu'une rumeur courait dans la ville. Des Fer nés seraient présents à Villevieille, de suite la bâtarde s'était intéressé à ce sujet, trouvant ce peuple mystérieux par leur coutume différente de ceux du continent. Oui, là, elle ne loupait pas une miette de ce qu'il racontait et son visage blêmit quand il signifia que la plupart des jeunes femmes se méfiaient, car pour elles, ils étaient venus chercher des femmes pour leurs hommes. Tout le monde connaissait cette réputation venue des Îles-de-Fer, mais Leeven se disait qu'il avait bien une raison d'agir ainsi, peut-être qu'une maladie frappait leur femme, ou bien en vue de la précarité des lieux, voir des enfants survivront étaient rares. Il était vrai que tout ce qu'elle connaissait des Fer-nés venus des rumeurs et légendes entendus à leur sujet, elle ne pouvait donc pas trop se prononcer là-dessus, mais en tout cas, elle promit à son propriétaire d'être prudente quand elle irait au marché.
Ayant gagné quelques pièces, en vendant des fioles de médicaments, elle se décida à aller au stand d'un vendeur d'herbes venues d'Essos. Celle venue de lys lui était familier, tout comme ceux dont son mestre se servait, mais d'autres, elle eut besoin de demander au marchand leur utilisation. Achetant en même temps d'autres fioles pour sa réserve, elle vint à payer puis se retrouver interpellé par une femme avec une drôle d'allure. Très vite, elle fit le lien entre les rumeurs de la ville et l'explication de la tenue de la femme, une Fer-née. Sans réfléchir davantage, comme pour tenir sa promesse, elle se mit à courir. Il était hors de question qu'elle devienne une femme-sel. Jamais, Leeven n'avait couru aussi vite, sa liberté en dépendait, en tout cas, c'est ce qu'elle se soufflait pour se donner du courage. Une fois rentrée chez elle, la guérisseuse souffla un grand coup avant d'entendre des pas venir, sans attendre, elle alla se cacher sous une table.
« T’as l’mérite d’avoir d’bonnes jambes. »
La porte n'avait pas résisté à la Fer-né. Pour Leeven, il n'y avait aucun doute qu'elle voulait la kidnapper, pourquoi lui courir après et défoncer sa porte si ce n'était pas le cas ? Essayant de camoufler sa respiration, elle posa une main sur sa bouche.
« J’te l’ai dis j’vais pas t’faire de mal, tu peux sortir d’ta cachette. Et j’ai qu’une parole, j’sais pas c’qu’on vous raconte sur nous mais quand on dit qu’qu’chose on l’fait, la fourberie c’est pas d’chez nous. T’es guérisseuse à c’que j’vois et justement j’ai un contrat à t’proposer. »
Pouvait-elle lui faire confiance ? Comme souvent, Leevense disait que oui, toujours porté par son altruisme. Pourtant, elle ne bougeait pas encore de sa cachette. De là, où elle était, elle pouvait l'observer s'approcher de sa table de travail, là où dernièrement, elle avait confectionnédes poisons pour pouvoir les vendre à un apothicaire. Entendre le terme guérisseuse, commença à lui faire baisser sa garde, mais ce fut surtout au moment où la guerrière vint à prendre une fiole qu'elle ne put s'empêcher de sortir de sous la table et inquiète annonça d'un ton calme pour éviter tout accident :
- Ne brisez pas ce flacon, une seule goûte pourrait vous tuer.
Tout son visage prouvait qu'elle ne voulait aucun mal à la Fer-né, que sa réaction de vouloir l'empêcher de subir l'effet du poison était réelle. Là, elle réagissait en guérisseuse, son devoir était de soigner tous ceux dans le besoin que la personne soit la pire des crapules ou le plus droit. S'approchant de la guerrière, elle lui prit doucement la fiole de sa main pour aller la reposer à sa place. Puis, finalement, elle annonça :
- Je m'excuse d'avoir fui, mais on raconte que vous enlever des femmes pour vos hommes, mais c'est que je suis une guérisseuse qui vous intéresse n'est-ce pas ?
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Les odeurs de la terre différenciaient en tout point de celles de la mer. L’air marin disparaissait pour laisser place à cette sorte de brume poussiéreuse qui avait le don de titiller les narines de chaque insulaires. Les emplir de cette morve qu’il recrachait à la moindre occasion et qui leur donnait l’impression d’entraver leurs sens. Voilà pourquoi, la terre n’était pas leur domaine de prédilection, pourquoi ils ne pouvaient pas y rester plus que de raison, parce qu’elle les empoisonnait à petit feu. Elle les rejetait à la moindre occasion et leur faisait prendre conscience que rien n’était fait pour les garder. Rien si ce n’était peut être l’or qu’ils s’empressaient d’amasser pour remplir leur cales, les bijoux qu’ils s’appropriaient pour ainsi effectuer des échanges douteux et toujours bien plus probants de leur côté plutôt que celui avec lequel ils marchandaient. Et dès lors que le transactions étaient terminées, tous s’empressaient de rejoindre le large pour trouver cette résurrection que seule la mer était à même de leur offrir. Le vent soufflant entre leurs membres, balayant et chassant les moindres souvenirs de ce qu’ils auraient pu préserver de la terre, voilà qu’ils se délectaient de leur propre liberté à mesure que les nœuds les séparaient de ce trépas. La houle estompait la poussière violemment jusqu’à ce qu’elle ne disparaisse pour toujours de leurs corps et leurs poumons se gonflaient sous l’impulsion de cet air marin cher à leur être. Voilà ce qu’était un fer-né. Un fier marin dont le but légitime était de gagner le droit de parcourir les océans en quête de liberté. Un forban qui pillait à tout va mais le faisait sous le joug de ce que le Dieu Noyé était à même d’offrir tout en leur rappelant à quel point le fer-prix était fier de ses victuailles. Le goût du danger révélait d’un attrait que tous embrassaient brutalement pour se prouver qu’ils en étaient capables, que le courage n’avait d’autre ressource que celle de cette force invincible qu’ils croyaient détenir en leur sein grâce à leur croyance. En étaient-ils des monstres pour autant ? La différence avait eu raison de leur réputation et de cette crainte naissante des autres contrées à leur égard. Certes, ils étaient des hommes et des femmes brutaux, meurtriers et pilleurs, violeurs de surcroît, mais ils restaient tout de même des humains qui ne faisaient que rendre justice à ce qu’on avait pu leur prendre par le passé. Peuple enragé, ils détenaient les clés pour se faire entendre à leur manière et ce même si la barbarie avait eu raison de leurs âmes depuis plusieurs siècles maintenant. Mais personne ne s’était posé quand au peuple qu’ils avaient du être avant de devenir aussi vils, personne, du reste, n’avait jamais daigné s’intéresser de prêt ou de loin à ce qu’ils avaient vécu. Non. Seules leurs petites régions bien au dessus de leurs ressources comptaient, rien de plus rien de moins. Alors la crainte les avait gagné, avait eu raison de leurs petites révérences pour laisser place à ce regard dédaigneux qu’ils s’empressaient de leur renvoyer dès lors que l’opportunité se présentait. Leur égo se gonflait, montrant du doigt, les caractères incontrôlables de ceux qui mettraient à feu et à sang leur fief. Et voilà qu’ils renvoyaient cette même image qu’ils craignaient. Qui étaient les véritables barbares dans cette histoire ? Qui étaient ceux qui ne pouvaient prétendre en une quelconque accalmie ? La tempête faisait rage à l’intérieur de la Bonfrère et pourtant elle la contrôlait. La taisait du mieux qu’elle le pouvait afin de permettre aux siens d’obtenir gain de cause. Fallait-il pour autant qu’elle reste campée sur ses positions ? Qu’elle attende patiemment sur son boutre que le temps vienne et qu’on lui ordonne de repartir en direction des îles ? Non. Son impatience avait eu raison de sa survie durant toutes ses années, aussi elle était en droit de prétendre à sa part du butin. Elle payait le fer-prix par cet apprentissage, elle avait droit à son trésor elle aussi. Et ce dernier ne se faisait pas d’or et d’argent mais plutôt de découvertes qui seraient peut être à même de l’aider pour plus tard.
Sa course terminée, la guerrière ne tarda pas à pénétrer dans l’espace clos où la jeune femme qu’elle poursuivait venait de trouver refuge. Sur le qui-vive, sa main restait sur le pommeau de son épée dans le cas où le courage insoupçonné de la fille en vienne à lui donner des idées farfelues. Son regard lui, balayait la pièce, désireux de reconnaître certaines choses susceptibles de prodiguer des soins particuliers à une personne. Mais son ignorance à ce sujet la frappa en plein visage, alors qu’elle se saisissait de cette fiole. Jugeant de la couleur du liquide, la fer-née fit tournoyer ce dernier dans la cavité et commença à afficher une moue dans laquelle on pouvait nettement présager de sa réflexion quand à ce sujet. Bleu ? Violet ? Rougêatre ? Verdâtre ? Elle était incapable de déterminer vers quelle direction devait se porter son jugement alors qu’une chose était certaine, jamais elle ne boirait un truc aussi suspect. Quoi qu’il en soit, ses doigts tenaient fermement le haut de l’élément au moment où la petite souris sortit enfin de sa cachette pour affronter le chat. Son faciès ne changea pas pour autant d’expression devant le mouvement instigué par la jeune fille, trop curieux de savoir pourquoi ce liquide était dangereux. « Y a quoi la d’dans ? » demanda t-elle tout en notant les conseil avisés qu’elle recevait. Mais aucune réponse ne lui fut donnée, aucune si ce n’était la proximité qui commençait à se rapprocher entre les deux jeunes femmes au moment où l’inconnue lui prit la fiole des mains. Gysella la laissa faire, lui accordant le rôle qu’elle était la seule à même de savoir de quoi elle parlait dans tous les cas. Elle se contenta de baisser doucement sa garde, vérifiant de l’allure de la jeune fille lorsque cette dernière lui tournait le dos. Chétive. Est-ce qu’elle supporterait le voyage en mer ? Si elle était capable de faire des poisons, elle devait certainement réussir à se concocter une potion contre le mal de mer. Sa réflexion resta en suspend alors qu’elle écoutait les dires qu’elle pouvait lui avancer. Un rire rauque de gras vint alors fendre le silence au moment où la description qu’elle était en train de mettre en avant avait le don d’amuser énormément Gysella. « C’est c’qu’on est ouais. » préféra t-elle énoncer avant de finalement se rapprocher à son tour de la jeune fille et de la toiser du regard. Devait-elle l’effrayer avec cet état de fait ? Non, la Bonfrère n’en ressortirait aucun intérêt et elle n’était pas de celles qui désiraient faire du mal aux femmes, c’était même tout le contraire. « Fin’ surtout les hommes hein, t’vas m’dire que les femmes ont la cuisse légère aussi mais ça m’touche pas. » La guerrière aussi ses épaules tout en se rapprochant de l’inconnue pour venir prendre une mèche de ses cheveux et la renifler. Pas de parfum. Non, pas de ceux que pouvaient empester les nobles de cette contrée. Elle donnait plus l’impression de sentir les infusions et les plantes, ce qui allait de paire avec sa spécialité. Elle ne lui mentait pas. « J’ai des questions. » Avança t-elle avant de se reculer pour tirer un tabouret et s’y installer confortablement sans pour autant quitter des yeux la jeune fille. « T’permets, j’me pose parce que j’sais pas si ça va être long. »
Elle lui lança un nouveau regard équivoque sur ses intentions, attendant que la guérisseuse daigne se mouvoir vers l’un ou l’autre côté, la guerrière en profita pour regarder une nouvelle fois dans la pièce avant de prendre une grande inspiration. « T’peux soigner les estropiés ? Pas ceux qui saignent, ceux qui c’sont pétés un os qui s’ressoude plus. » Son regard n’affrontait plus la jeune fille parce qu’une part de culpabilité rongeait la Bonfrère depuis cet épisode qui avait coûte la vie entière de son ami. Peut être même aurait-il mieux valut qu’il rejoigne les autres dans les abysses plutôt que survivre de cette manière. Si ils n’avaient pas pris ce boutre, s’ils n’avaient pas joué avec le feu peut être qu’il aurait même pu être présent dans cette mission. « J’sais qu’vous faites pas des miracles, mais j’veux seulement savoir si c’est possible d’passer de rien à s’tenir debout d’jà… » Elle haussa ses épaules et attendit que les réponses fusent. Elle n’y connaissait rien là dedans voilà pourquoi elle se référait entièrement à ce que la blonde aurait été à même de lui confesser.
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S'attacher aux rumeurs, ne se fier qu'à elle sans se faire son propre jugement. Leeven n'agissait pas ainsi, n'était-elle pas vu comme une sorcière par le simple fait de ses connaissances ainsi que de la cicatrice qui recouvrait sa joue gauche, beaucoup l'imaginaient faire bien plus que de son propre potentiel. Non, elle ne jetait aucun sort, ne voyait pas l'avenir dans les lignes d'une main et pourtant, beaucoup s'attachaient à cette image, comme celle des Fer-nés. L'arbre de vie ne connaissait que très peu ce peuple et elle avait honte de sa réaction première face à l'un d'entre eux. Mais, il était si facile d'avoir peur de ce qu'on ne connaissait pas et c'était ce qui s'était produit. À présent, elle avait repris contenance, sortant même de sa cachette pour éviter à la guerrière de s'empoisonner par m'égard. Sa bonté étincelait sur son visage, elle reposa la fiole sur la table et s'excusa auprès de la fer-nés en lui avouant s'être enfui par peur d'être enlevé. Son rire rauque se répercuta dans la cabane et cela permit à Leeven de se décontracter davantage. Une personne prête à rire ne devait pas vouloir du mal.
« C’est c’qu’on est ouais. Fin’ surtout les hommes hein, t’vas m’dire que les femmes ont la cuisse légère aussi mais ça m’touche pas. »
Son dialecte lui rappelait beaucoup celle du peuple, les Fer-nés parlaient-ils tous ainsi ? Toutes les femmes de leurs peuples savaient-elles se battre ? Son cerveau analysait tout ce qui se passait et elle n'émit aucun mouvement de recul quand la femme s'approcha d'elle pour sentir ces cheveux, comme un instinct primitif se mit elle à penser, c'étaient les animaux qui se referaient aux odeurs et la meilleure chose à faire pour être accepté était de rester calme, de se laisser faire.
« J’ai des questions. T’permets, j’me pose parce que j’sais pas si ça va être long. »
Elle s'était finalement éloignée pour s'installer sur un des tabourets. Leeven senti son coeur ralentir dans sa poitrine, n'ayant pas remarqué que la proximité de la Fer-nés lui avait fait accélérer celui-ci. Des questions ?! Si elle était à la recherche simplement de réponse, la guérisseuse était prête à le faire, elle offrait son aide à tout le monde surtout quand on lui demandait directement. Se dirigeant vers une autre table, elle attrapa un bol où y était déposée de la viande sèche et le posa près de la guerrière, avant de s'installer elle-même sur un tabouret.
« T’peux soigner les estropiés ? Pas ceux qui saignent, ceux qui c’sont pétés un os qui s’ressoude plus. J’sais qu’vous faites pas des miracles, mais j’veux seulement savoir si c’est possible d’passer de rien à s’tenir debout d’jà… »
Cette personne devait beaucoup compter en vu de son regard qui l'évitait. La culpabilité, elle connaissait bien ce sentiment, cela prouvait bien que ce peuple était des hommes comme tout ceux du continent et que les mêmes sentiments les traversaient. Leeven avait encore plus envie de l'aider, voulant la voir trouver la paix, mais une personne qui avait perdu l'usage l'un de ses membres ne se remettrait que rarement de cet état. La guérisseuse se perdit dans ses pensées, cherchant une solution, puis d'un coup son regard brilla et elle annonça d'une traite :
- Je ne me suis jamais retrouvée face à ce genre de situation, mais les Rhoynar ont des techniques bien à eux, plus manuelles... Tout le corps est relié et ils m'ont enseigné où appuyer pour tels symptômes. J'ignore si cela pourrait l'aider, mais rien n'empêche d'essayer...puis, peut-être commencer à lui faire une rééducation dans l'eau, les Rhoynar ne tarissent pas d'éloges à ce sujet. Après, il y a bien sûr des potions possibles à utiliser ou des onguents...
Comme souvent, elle se perdait dans les détails, ayant besoin de faire évacuer toutes ses pensées à voix hautes pour faire le tri. Il n'y avait aucun doute pour Leeven que la meilleure médecine pour ce genre de mal restait celle du peuple de la sang-verte. Finalement, elle réalisa qu'elle avait sûrement trop parlé et tout en baissant les yeux vers le sol et passant ses boucles blondes derrière son oreille, laissant voir sa cicatrice ajouta :
- Je m'égare, il est difficile de voir le potentiel et la possibilité d'une guérison sans voir le patient.
Oui, elle ne pouvait pas lui donner de faux espoir, il était fort probable qu'elle ne puisse rien y faire, hormis soulager certaines douleurs. Relevant doucement les yeux, elle vint à demander pour en savoir plus :
- Cela fait combien de temps qu'il est dans cet état ? A-t-il été vu par un Mestre ? Quel membre n'a-t-il plus usage ?
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