One last time {FB / Wylla}

ONE LAST TIME
Wylla & Wynafryd | 298, lune 8, semaine 1
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“Port-Real Sybelle, te-rends-tu compte ? Avec la princesse !” Wyanfryd venait de saisir les mains de sa cousine dans les siennes et la faisait tourner avec elle dans une ronde sans musique. Un sourire large éclairait son doux visage. L’aînée de Wylis et Leona Manderly continua de tourner encore quelques minutes avant de s’arrêter. “Enfin, je ne peux pas te forcer à m’accompagner évidemment, cela aurait des conséquences sur ton statut auprès de moi… Alors je respecterai ta décision quoi qu’il arrive, mais j’aimerais énormément vivre cette aventure avec toi ma cousine.” Elle serra un instant les mains de Sybelle contre sa poitrine avant de conclure. “Je vais te laisser le temps de la réflexion.” Elle voyait bien toutes les expressions qui se mélangeaient sur le visage de sa dame de compagnie, le choix ne serait pas simple à prendre pour elle, mais elle savait qu’elle ferait le bon, elle avait toute confiance en sa cousine. Elle la laissa ensuite s’éloigner, prendre un peu d’air. “Si tu croises Wylla, peux-tu lui dire de venir me voir s’il te plait ?” La jolie brune hocha la tête avant de quitter la pièce.

Puis le calme revint dans les appartements de Wynafryd. Elle se mit à explorer sa chambre, regarder sa bibliothèque ses quelques étagères et ce qu’elles contenaient. Elle ouvrit la grande armoire et examina ses tenues. Tout se mélangeait dans son esprit. Que devrait-elle prendre avec ? Qu’allait-elle devoir laisser de côté ? Elle s’approcha finalement de la fenêtre pour admirer la vue. Sa chambre donnait directement sur les falaises de Blancport, la mer s’étendait à l’infini. Si elle se penchait un peu, elle pouvait distinguer le port en contre bas et saisir l’animation qui s’en dégageait. Elle eut soudainement un petit pincement au coeur. Cette nouvelle expérience allait lui apporter tant de choses et elle en était ravie, d’autant plus qu’elle comptait rendre son grand-père fier. Mais elle serait obligée de laisser de nombreuses choses derrière elle. Certaines lui manqueraient plus que d’autres, elle le savait pertinemment. La jeune femme soupira, soudainement mélancolique. Quand les reverrait-elle ces fameuses choses ? Mais Wynafryd parvint à se ressaisir. Elle soupira une bonne fois pour toute et décida de se focaliser sur les bonnes choses. Elle n’était pas encore partie, il lui restait environ une semaine encore à passer à Blancport, elle ne voulait pas se rendre triste par avance. Elle ne voulait pas déjà se languir de son foyer et de ses membres parce qu’ils lui manqueraient dans quelques lunes, cela n’avait pas de sens.

C’est à cet instant que Wynafryd entendit le mécanisme de sa porte s’enclencher pour laisser passer une tête verte. Cette vision tira un sourire à la jeune femme. Même si les choses n’étaient pas toujours simples entre elles, même s’il y avait beaucoup de cris et d’incompréhension, Wynafryd aimait sa petite sœur et elle savait pertinemment que sa langue bien pendue finirait par lui manquer. Les cris de Leona à son encontre cependant, ne ferait pas partie des choses dont elle se languirait, elle en était persuadée. Cependant, elle craignait déjà la réaction de sa petite sœur quand elle lui apprendrait son départ, mais surtout les motifs de son départ. Elle imaginait déjà la sirène aux cheveux verts lui déclamer que la cour des dragons n’étaient que futilités, qu’ils détenaient le loup Stark alors qu’ils auraient dû le rendre depuis des années. Mais Wynafryd voulait pouvoir lui dire d’elle-même et essayer, même en vain, de lui expliquer. “Wylla, comment vas-tu ? As-tu croisé Sybelle ?”

Wynafryd regarda Wylla avancer dans la pièce, cherchant à sonder son état d’esprit. Sa petite sœur ne cherchait jamais à cacher ses états d’âmes et son humeur, et c’était deux choses qui jouaient énormément sur sa perception des choses. Il était plus facile d’annoncer des mauvaises nouvelles à la jeune Manderly si elle se trouvait d’humeur joyeuse, alors que si elle était déjà agacée… Dans tous les cas, Wylla ne facilitait jamais la tâche du messager si le contenu du message ne lui plaisait pas, mais son aînée cherchait à se rassurer. A une semaine de son départ, se fâcher avec Wylla faisait partie des choses qu’elle ne voulait pas faire. Par certains aspects, la relation entre les deux sœurs était peut-être plus semblable à celle qu’avaient Arya avec son aînée Sansa, que celle qui existaient entre les Mormont. Et pourtant, la douce brune ne voulait pas partir pour une durée indéterminée à Port-Real avec sa petite sœur fâchée contre elle. Si quelques fois l’aînée cherchait à faire la leçon à sa cadette, surtout pour sa sécurité et son avenir, elle envisageait de lui lacher la grappe pour les jours à venir. Et pourtant, comment ne pas inonder de conseils alors qu’elle serait absente pendant des années peut-être ? Elle savait pertinemment que Leona n’arriverait à rien avec ses méthodes. Elle pouvait se targuer d’avoir réussi avec son aînée, mais elle était bien ignorante de la réalité des choses. Et Wylla n’était pas Wynafryd, malgré leurs points communs.

Comme la jolie brune aurait pu s’y attendre, la sirène aux cheveux verts venait d’être contrariée par leur mère. Wynfryd ne put retenir un petit rire amusé lorsqu’elle entendit sa soeur affirmé que pour une fois, elle n’avait rien dit. “Une Wylla silencieuse ? Je ne savais pas que c'était possible.” Elle savait qu’en parlant ainsi, elle s’exposer à ce qu’elle redoutait et avait voulu éviter, mais c’était si tentant qu’elle n’avait pu s’en empêcher. Les mots avaient tout juste quitté ses lèvres, qu’elle imaginait déjà sa sœur lui tirer la langue pour toute réponse. Ou bien encore s’offusquer et partir dans une longue déclamation de son innocence. Mais Wynafryd ne lui laissa pas l’opportunité de choisir cette deuxième option puisque déjà elle reprenait. “Oui, grand-père vient de m’annoncer certaines nouvelles, et il me semblait important de t’en parler moi-même, viens.” Elle désigna alors un large fauteuil près de la cheminée où elles pouvaient s’asseoir toutes deux côtes à côtes. Wynafryd pris quelques secondes, les mains posées sur son jupon, regardant sa sœur avec bienveillance. Elle la voyait qui s’impatientait déjà. “Je vais quitter Blancport Wylla.” Elle laissa la petite furie au cheveux verts digérer l’information. “Je pars pour Port-Real dans une semaine. Grand-père m’a fait accepter dans le cercle privé de la princesse Rhaenys Targaryen, je vais devenir sa demoiselle de compagnie.” Wynafryd tenta de lui offrir un sourire neutre, attendant sa réaction. Ça n’était pas la peine d’en dire plus à sa petite sœur pour l’instant et de l’inonder d’informations.

Un large sourire légèrement moqueur étira les lèvres de Wynafryd lorsque Wylla réagit instantanément à la pique qu’elle venait de lui lancer. La grande soeur se contenta de lâcher un petit éclat de rire amusé alors que la cadette se renfrognait. Wynafryd savait qu’elles étaient les faiblesses de sa sœur et il était parfois amusant de la taquiner. N’est-ce pas après tout ce que faisait tous les frères et sœurs entre eux ? Les chamailleries étaient assez courantes et n’enlever en rien l’amour fraternel, elle en était certaine. Mais elle ne lui laissa guère le temps de se défendre plus contre cette attaque puisque elle entraîne assez rapidement vers son large fauteuil qu’elle adorait utiliser pour sa lecture. La nouvelle que son grand-père lui avait dévoilé un peu plus tôt dans la journée n’allait pas tarder à se propager dans les couloirs du Châteauneuf, et plus loin encore probablement dans les prochains jours, mais tout le monde serait au courant à l’heure du dîner, alors Wynafryd voulait l’annoncer de vive voix à sa sœur, elle voulait avoir une chance de lui expliquer ses raisons et de répondre à ses questions si elle en avait. Et connaissant sa sœur, elle en aurait probablement.

Comme la jolie brune pouvait si attendre, la sirène aux cheveux faire fut sous le choc d’apprendre le départ de sa grande sœur. Mais cette dernière ne se laissa pas déconcentrée par la réaction à vif de Wylla et continua de lui expliquer le plus simplement possible ce qu’il allait se passer pour elle. Elle regardait le visage de sa sœur évoluait alors qu’elle parlait, et voyait différentes expressions se succéder. Les sourcils froncés, synonymes de sa réflexion profonde, tirèrent un petit sourire à l’aînée du couple formé par Wylis et Leona Manderly, alors qu’elle continuait de parler. Mais lorsque elle eu enfin terminé et que Wylla put enfin prendre la parole, l’aînée dû reconnaître sa surprise quant à sa réaction. Elle s’était attendue à voir sa sœur se lever d’un bond, pour lui expliquer par un nombre incalculables de raisons que cela était un mauvais choix et qu’elle n’avait rien à faire chez les dragons loin de chez elle. Mais finalement, dans ses propos, Wynafryd discernait une mélange de joie, de doute, de tristesse et une pointe de peur. Alors elle attrapa la main de Wylla dans la sienne et la serra délicatement, un sourire toujours amusé sur les lèvres. “Tu poses trop de questions à la fois.” commença-t-elle par dire en rigolant. “Tu me manqueras aussi petite sœur, mais je reviendrais un jour, probablement plus tôt qu’on ne le pense. En tout cas je veux le croire.” Wynafryd fit de son mieux pour ne pas se laisser submerger par l’émotion, le Nord et Blancport allaient terriblement lui manquer. “Mais je vais découvrir Westeros et d’autres membres des régions, c’est une chance. Je pourrais t’écrire pour tout te raconter si tu le souhaites.” Elle connaissait la curiosité de sa sœur, après tout, elles possédaient la même, mais surtout son amour pour l’histoire. “Tu connais grand-père et ses ambitions ma Wylla. Même si le Nord se souvient, une entente avec les dragons pourraient nous être profitable, et c’est ce qu’il espère créer en me faisant servir Rhaenys. Mais ne croit pas que ce soit là les seuls plans du Lord de Blancport. Ça sera effectivement pour moi l’occasion de rencontrer le fils de Lord Eddard et Lady Catelyn, de lui tenir compagnie, de lui parler du Nord, de le préparer à son retour qui espérons-le, n’est plus très lointain.” Elle fit une pause le temps de reprendre sa respiration. “Et puis tu sais, je suis en âge de me marier, surtout après deux fiançailles rompues, la Capitale et ma position auprès de la Princesse m’apporteront peut-être un partie intéressant.” Elle ne savait pas si Wylla relierait tous les points entre eux et envisagerait Robb comme un potentiel partie pour elle. Mais alors qu’elle évoquait un projet de mariage, elle pensa alors à son héritage. Selon le partie qu’elle épouserait, elle pourrait conserver Blancport ou non et cela changerait la donne pour elle, mais également pour la sirène aux cheveux verts, elle allait devoir se préparer.

Finalement, Wynafryd fut soulagée de voir que sa sœur se montrait avant tout enthousiaste à l’idée de son départ. Non par parce qu’elle serait débarrassée d’elle, non bien au contraire, elle lui avait déjà dit à quel point elle trouvait la Capitale loin, mais elle comprenait l’opportunité que cela représentait pour elle, même si elle n’aurait pas été aussi excitée si elle avait été dans ses chaussures. La jolie brune fit de son mieux pour tenter de canaliser sa sœur, si vive, si emplie d’énergie. Les remarques et les questions fusaient, mêlées les unes aux autres sans distinction aucune. L’aînée des Manderly tenta tant bien que mal d’aborder tous les points que sa sœur avait soulevé, mais elle ne lui avait pas rendu la tâche aisée. Wynafryd avait alors proposé à Wylla d’entretenir une correspondance, lui raconter ce qui lui semblerait intéressant. Même si elle savait sa sœur passionnée d’histoire, elle la savait fermée à toutes les manigances et jeux de trône, alors elle n’était pas vraiment sûre que cela soit quelque chose qui plaise à sa cadette. D’ailleurs cette dernière ne semblait pas particulièrement emballée à l’idée de lire chaque semaine les ragots de la Couronne, elle voulait uniquement savoir que son aînée allait bien. Wynafryd caressa doucement la main de sa sœur dans la sienne. “Je t’écrirais petite sœur, évidemment ! Je ne voudrais pas que tu t’inquiètes, voilà que tu te trouverais à nouveau un point commun avec mère… et nous savons toutes deux à quel point cela te déplairait.” Son sourire se fit légèrement moqueur et ses yeux détaillèrent sa chevelure verte. Depuis les années, elle s’y était habituée et ne la voyait plus vraiment, et pourtant, ils rappelaient bien qui elle était à tous ceux qui posaient leur regard dessus. Elle se demanda aussi l’espace d’un moment comment elle aurait vécu la chose si la situation avait été inversée. Il lui semblait normal d’être celle qui parte, après tout, elle était la plus grande des sœurs et le Lord de Blancport l’avait préparé à bien des choses et l’inverse n’était pas vrai pour la sirène aux cheveux verts. Non, Wynafryd en était certaine, elle aurait eu le ventre noué quotidiennement si elle était restée à Blancport et que Wylla aurait été celle vadrouillant les terres de Westeros.

Une fois l'enthousiasme premier passé, Wylla avait finalement questionné sa sœur sur les raisons qui auraient bien pu pousser leur grand-père à vouloir l’envoyer de la sorte chez les dragons. Il fallait dire qu’il n’y avait pas eu tant de nordienne que ça auprès des Targaryen ces dernières années pour des raisons évidentes. Wynafryd essaya d’expliquer les motivations de son grand-père sans trop en dire, après tout rien n’était fait encore, elle n’était même pas partie, mais en utilisant le moins de sous-entendu possible. La jeune lady ne supportait pas ces conversations à deux temps, elle qui parlait toujours haut et fort ce qu’elle avait sur le coeur. Wynafryd prit sa voix la plus douce. “C’est que tu n’as pas envie de les comprendre Wylla. Il aimerait pouvoir t’enseigner comme il l’a fait avec moi. Il ne te forcera pas, jamais et surtout pas si tu n’es pas prête, mais penses-y.” Wylla avait encore sa patience d’enfant, et encore une vision des choses et de la vie assez naïve malgré tout, c’était noir ou blanc dans ses beaux yeux bleus, alors pourquoi prendre des virages et des détours pour parler ? Wynafryd comprenait le point de vue de sa sœur, mais elle l’attribuait aussi à son jeune âge et elle espérait qu’avec les années, elle s’assagît et finisse un jour par comprendre ce que le Lord de Blancport chercher à lui faire voir depuis tant d’années, ainsi qu’elle-même. Mais peut-être que ce jour n’arriverait jamais et elle savait que c’était un enseignement qu’on ne pourrait lui forcer à apprendre.

“Je suis ravie de pouvoir enfin rencontrer le fils de Lord Eddard et Lady Catelyn, après toutes ces années. Je lui rappellerait oui la promesse des Manderly, tu peux compter sur moi pour ça Wylla.” Cette promesse coulait dans les veines de tous les Manderly et il n’était pas encore né celui qui la trahirait. Elle appréhendait un peu cette rencontre, autant qu’elle l’attendait. Beaucoup de choses se disaient sur le jeune loup dans le Nord puisque finalement si peu de choses se savaient vraiment. Elle espérait retrouver un bout de Ned et de Cat en lui, et non pas un vulgaire enfant du sud. Si c’était le cas, alors elle pourrait lui parler du Nord, de ses hommes, de ses contes, de ses légendes, de ses paysages, mais aussi des Stark. Un petit rire s’échappa finalement des lèvres de la brunette alors que Wylla, fidèle à elle-même, affichant une moue boudeuse, lui répliquait qu’elle n’était pas pressée de la voir mariée. D’une certain façon, Wynafryd appréhendait aussi ce jour, tout dépendrait de l’homme qu’elle appellerait époux, mais elle se doutait que son grand-père ne la laisserait jamais entre de mauvaises mains, qu’elle ne sache contrôler en tout cas. Alors non, elle ne voyait pas son futur mariage comme une prison redoutable. “Tu n’es pas pressée parce que tu aimerais que grand-père cherche pour toi d’abord ? Ou au contraire, as-tu peur qu’une fois mariée, il ne te cherche un petit mari ?” Un nouvel éclat de rire résonna dans la pièce. La encore, Wyman s’était comporté différemment de l’aînée avec la cadette. Wynafryd avait déjà été fiancée deux fois et Wylla pas une seule à sa connaissance. Elle ne savait pas si son grand-père réfléchissait à quelque chose très discrètement ou si tout simplement, il savait que le sujet avec la sirène aux cheveux verts seraient plus délicat à traiter et que donc, il ne valait mieux pas le presser.

Cela venait probablement du fait qu’elle était la grande sœur, il lui semblait que c’était quelque chose d’assez courant dans les fratries, mais il était difficile pour Wynafryd de ne pas taquiner sa jeune sœur. Le fait que sa susceptibilité soit à fleur de peau n’en était que plus encourageant. Mais l’aînée ne se montrait jamais mauvaise ou méchante. Elle avait également conscience que certains traits de caractère de sa sœur étaient dus à son jeune âge et qu’ils s’estomperaient plus ou moins avec le temps. Il avait été facile là de tenter une comparaison avec Leona leur mère, et la réponse physique de Wylla ne s’était pas faite attendre. Bougonne, elle lui avait répliqué que cela n’avait rien à voir et que tout le monde s'inquiéterait, d’ailleurs, ne s’inquiéterait-elle pas si les situations étaient inversées ? Un doux rire amusé s’échappa des lèvres charnues de la sirène. Sa main vint trouver la chevelure verte de sa sœur et lui caressa doucement la tempe. Elle s’approcha ensuite pour déposer un baiser sur son front. “Je t’embête Wylla. Evidemment que je serais verte d’inquiétude si c’était toi qui partait. Nous savons toutes deux le talent que tu as pour créer des incidents diplomatiques...” La lueur malicieuse brillait toujours dans les yeux de Wynafryd, mais elle était accompagnée de tout l’affection qu’elle avait pour sa petite sœur.

La conversation avait ensuite déviée sur les enseignements de leur grand-père auquel la plus jeune des Manderly n’adhérait pas. Avant son départ, Wynafryd tentait une dernière fois de lui en démontrer l’utilité. Elle voulait l’inciter à passer du temps avec Wyman pour discuter de ces choses. La jolie brune ne s’était pas attendu à de miraculeux résultats, mais une fois de plus, elle avait parlé dans le vent et Wylla ne voulait rien entendre. “Je comprends Wylla, mais ça n’est pas parce que tu n’aimes pas quelque chose, qu’elle n’est pas réelle pour autant. Même si tu ne veux pas faire partie de nos magouilles comme tu le dis si bien… même si grand-père et moi arrêtions de participer, il y en aurait toujours d’autres pour le faire. On ne te demande pas de te plier à l’exercice, mais au moins de faire attention, être attentive, un peu plus réfléchir avant d’agir et de parler, Wylla.” Elle avait l’impression qu’elle venait de lui demander de décrocher la lune. Sa sœur était un coeur pur et franc. Pour elle, être précautionneuse n’était pas incompatible avec sa franchise, mais cela était plus compliqué avec le tempérament de feu qui l’habitait.

L’aînée des Manderly ne cacha pas à sa cadette que son voyage était aussi l’occasion pour elle de trouver un époux, une bonne fois pour toute cette fois ci, même si elle était restée évasive sur les partis qu’envisageait leur grand-père pour elle. Cette idée ne plaisait pas à la sirène aux cheveux verts, alors Wynafryd n’avait pu s’empêcher d’évoquer son futur mariage à elle. La réponse ne se fit pas attendre et pris Wynafryd au dépourvu. Un cri de surprise s’échappa de sa bouche alors qu’un coussin venait de l’atteindre au visage. Visiblement, la petite dernière des tritons n’était pas prête à se marier, mais il n’y avait là aucune surprise pour personne. Wynafryd se mit à rire alors que Wylla lui criait qu’elle ne pensait pas au mariage. Mais lorsque un deuxième coussin atteignit Wynafryd, cette dernière se leva d’un bon, allant chercher un autre coussin sur le lit derrière elles. “Tu vas le regretter Wylla !” ses yeux brillaient de la même espièglerie que ceux de sa sœur. Voilà un jeu auquel elle n’avait pas joué depuis bien longtemps, trop éloigné de l’image qu’elle voulait renvoyer au reste du monde. Mais l’envie était trop forte, elle voulait profiter des derniers instants qu’elle avait avec sa sœur avant son départ. Après tout, ils n’avaient pas d’invités en ce moment, alors il fallait simplement éviter que Leona ne débarque. Wynafryd se mit donc à courser sa sœur, relevant son jupon d’une main et brandissant le coussin de l’autre. “Tu as raison ! La première décision de ton futur mari sera de te la couper ! Vilaine fille !” Les éclats de rire se mêlaient aux cris du jeu, c’était un miracle si personne ne déboulait dans leurs appartements.

L’aspect solennel de la rencontre entre les deux sœurs avait bien vite laissé sa place à quelque chose de chaleureux et taquin. Si Wynafryd avait redouté la réaction de sa sœur, elle avait on ne peut plus surprise de la retrouver enthousiaste pour elle. Mais cela était loin de signifier que Wylla changeait d’avis sur tous les sujets ou changeait tout court. La petite sirène aux cheveux verts était avant tout contente que Wynafryd puisse tenir compagnie au jeune loup et le préparer à son retour dans le Nord. On n’était pas un Manderly si on ne tenait pas à ce serment, à la promesse. Elle ne voyait pas ce départ comme une autre machination de son grand-père pour accéder à de nouvelles sphères politiques et Wynafryd comme un pion dont Wyman choisirait les mouvements. C’était déjà cela et l’aînée de Leona s’en félicitait. Elle avait bien entendu tenter de donner quelques directives de comportement à sa soeur, mais cela avait été en vain. Il y avait des choses qui étaient immuables et il fallait reconnaître ses limites lorsqu’on faisait face à une telle chose. Néanmoins, Wynafryd conservait l’espoir qu’un jour Wylla se rende compte de ses choses par elle-même. Elle savait bien qu’il n’y avait rien qu’elle ne puisse dire qui changerait sa vision des choses. Mais peut-être qu’elle serait un jour témoin d’une action qui lui ferait revoir son opinion. Peut-être était-ce simplement l’âge. Elle préférait que ça soit l’âge, au moins sa sœur n’aurait pas à vivre d’expériences traumatisantes pour commencer à faire attention à elle.

Il fallait croire que Wylla en avait assez de cette conversation qui ne menait nul part puisque la petite tempête aux cheveux verts de Blancport se saisit d’un coussin pour l’envoyer sur sa sœur aînée. Il ne fallut pas bien longtemps à Wynafryd pour réagir et s’armer à son tour de ces armes plumées pour courser sa sœur dans sa chambre. Le physique encore enfantin et léger de Wylla jouait en sa faveur, mais il ne fallait pas sous-estimer la volonté de Wynafryd de donner une correction à sa petite sœur. La jolie brune avait conscience que la scène serait perturbante si quiconque venait à pénétrer dans ses appartements, mais elle s’en moquait bien. Pour une fois, il lui était donné de partager un moment agréable avec sa sœur sans qu’une dispute ne s’en suive. Et elle savait que cette tornade aux cheveux verts finirait pas lui manquer à Port-Réal. Wynafryd ne dit rien lorsque sa sœur grimpa sur son lit, avec toujours ses chaussures aux pieds, et continua de la pourchasser de l’autre côté du matelas. Finalement, après plusieurs minutes agitées, Wylla dut commencer à s'essouffler puisqu’elle ralentit la cadence et Wynafryd pu la rattraper. Elle l’asséna d’un ultime coup de coussin, avant de le reposer dans son petit canapé.

Wylla s’avoua vaincu, mais qu’à moitié puisqu’elle s’empressa d’assurer que tout le monde s’ennuierait à Blancport si elle n’avait pas la langue aussi pendue. La réflexion tira un rire à Wynafryd. “Le calme est très appréciable aussi, tu sais… peut-être que si ta langue n’était pas aussi pendue, on pourrait entendre le bruit des vagues par les fenêtres !” Wynafryd tira sa propre langue à l’attention de sa sœur, puis s’arrêta face à elle et la regarda longuement, avant de la prendre dans ses bras pour la serrer dans une tendre étreinte. “Mais tu as raison, tu nous manquerais beaucoup trop… et tu vas énormément me manquer quand je serais là-bas.” Wynafryd caressa doucement la chevelure de sa petite soeur d’une main, le nez plongé dans les vagues vertes qu’elle formait. Puis elle libéra sa petite soeur, elle savait que les marques d’affection n’étaient pas forcément ce qu’elle préférait, pas si elle n’était pas celle qui les initiait. “Profitons de ces derniers jours ensemble, sans dispute.”