La voie du guerrier est l'acceptation de la mort җ Dacey & Eylen

# Lun 30 Mar - 20:36

la voie du guerrier est l'acceptation de la mort.

En fin de soirée, alors que beaucoup de familles de pêcheurs étaient prêtes à aller se coucher, les sauvageons débarquèrent sur l'île. Cela arrivait de plus en plus souvent, plus encore que les attaques des fers-nés. Dacey était en train de préparer son futur départ pour Port-réal et il ne lui fallut pas longtemps pour réunir ses troupes et repousser l'attaque. L'héritière des Mormont faisait valser sa masse qui s'écrasait sur les visages des sauvageons. Elle pouvait sentir leur sang chaud gicler sur sa peau, mais cela ne l'arrêtait pas. Défendre son île, son peuple, était primordial et après tout, pourquoi se sentir responsable, c'était eux qui venaient les assiéger, pas l'inverse. Dacey pourrait tout en fait s'empêcher de tuer, mais entre eux et les siens, le choix était vite fait.

Alors qu'elle combattait, un homme à l'allure féroce s'approcha d'elle et d'un mouvement brusque arriva à la pousser au sol, éloignant par la même occasion la masse de sa main. Elle arriva à se traîner sur sa gauche pour éviter le coup mortel de son arme faite en os, puis d'un geste rapide, elle se releva, attrapa le couteau qui retenait sa chevelure, pour ensuite se placer derrière lui et lui trancher la gorge. L'homme s'écroula au sol et elle se stoppa quelques minutes, essoufflée. Autour d'elle, le combat continuait à faire rage et alors qu'elle se remettait de ce combat, une flèche frôla son visage. Elle se mit à chercher son arme favorite au sol et une fois qu'elle la retrouva, retourna dans l'action.

Combien de sauvageons avait-elle tués ? Elle ne pourrait le dire, mais par contre, elle connaissait chaque habitant de l'Île aux Ours qui étaient morts. Elle se retrouvait accroupie auprès d'un homme, elle ferma ses yeux de sa main ensanglantée et son cœur se pinça. Elle avait beau avoir vécu cette scène une centaine fois, jamais elle ne s'y habituerait et à chaque fois, elle sentait cette colère froide l'envahir. Cet homme n'était qu'un simple pêcheur qui luttait pour garder sa famille à l'abri. Se relevant, un de ses gardes vint à elle pour lui donner l'estimation de leurs pertes. Après l'avoir remercié, elle demanda à un de ses hommes de faire passer le message à Maege Mormont, n'ayant pas le cœur à rentrer de suite.

Elle déambula à travers les corps sans vie et on lui emmena un sauvageon encore en vie, celui-ci s'était rendu. Plongeant ses yeux dans les siens, elle ne laissa pas la colère agir, non, elle savait se maîtriser et ordonna au garde de le conduire à sa mère. C'était à elle de décider de son sort, et même si un jour cette place serait sienne, ce soir, elle était trop lasse pour assister à ce genre de scène.

Voulant être seule, elle était partie se réfugier près du Barral, priant les anciens dieux. Elle espérait avoir une réponse à sa question, savoir si son départ pour Port-réal était une bonne idée. Rien ne pourrait remettre en doute la foi de Dacey, qui contrairement à Jorelle, n'avait pas de doute sur l'existence des anciens dieux. Tout était si calme, Dacey s'installa sur la grosse racine de l'arbre sacré et laissa reposer sa tête sur le tronc. Il n'y avait rien de mieux pour retrouver la sérénité.

Quand elle regarda ses mains toujours recouvertes de sang séché, elle souffla un grand coup. C'était une guerrière, frôler la mort était son quotidien et ce n'était pas cela qui la tourmentait. Non, cela restait son futur voyage. Elle ne voulait pas partir, surtout dans un lieu si éloigné du Nord, mais sa mère lui avait demandé ce service, comment pourrait-elle lui refuser sans évoquer cette peur qui la retenait ? Puis, Jorelle était si heureuse de partir. Qu'est-ce qu'elle ne ferait pas pour ses sœurs ?!

Fermant ses yeux quelques secondes, comme pour se connecter au Barral, un bruit suspect lui fit sortir le couteau qui se trouvait dans la manche de son armure. Elle se leva d'un bond pour tomber nez à nez avec Eleyn. A peine eut-elle réalisé qu'elle abaissa son bras, éloignant le couteau de son amie.

- Tu es venue voir les anciens dieux ou moi ?

Dacey ne l'avait jamais vue ici, il était normal qu'elle se pose la question. Surtout que tout le monde savait que le Conflans priait les sept et non ses dieux. Eleyn était une jeune femme qu'elle avait toujours appréciée, la voyant même comme une autre de ses sœurs, en même temps, elles avaient grandi ensemble.

AVENGEDINCHAINS

# Ven 3 Avr - 21:13

La jeune garde était en poste lorsque le cor annonçant l'attaque avait crevé le ciel de cette fin de journée. Plus précisément, elle se trouvait au sein de l'imposante demeure en rondins des Mormont, des cartes étalées devant elle et le chef de la garde dont elle était le second. Quelques chandelles habilement placées dans la pièce leur permettaient de distinguer les points et les courbes qu'ils suivaient du doigt, organisant la défense de la Baie, revoyant la stratégie d'attaque et de possibles déplacements de leurs ennemis séculaires. Eleyn pointait la mer nourricière et traître à la fois, spéculant sur le potentiel futur chemin des pirates Fer-Nés et s'apprêtait à asséner sa théorie.

Sa phrase mourut pour laisser la place aux échos de l'alerte et aussitôt, ils furent dehors, abandonnant les probabilités pour la réalité. Celle qui, elle, assassinait. Pour de vrai. Maintenant.

Lame au poing, elle participa au carnage comme la plupart des habitants de l'Île, dansant et voltigeant entre les silhouettes avides de sang qui s'abattaient sur elle. Durant une brève accalmie où elle chercha son souffle malgré l'entrainement intense quotidien qu'elle s'imposait, les bras rendus tremblants par l'effort, elle aperçut non loin un des habitants dont un Sauvageon tenait son poignard en l'air, prêt à lui trancher la gorge. En deux enjambées, elle fut sur le dos de l'assaillant et ils roulèrent sur le sol boueux en hurlant férocement. La lutte s'éternisa, Eleyn cherchant à échapper à la poigne de son ennemi autour de son cou, lui se contorsionnant pour esquiver ses coups de couteau. Finalement, le corps du Sauvageon s'affaissa lourdement contre le sien, la carotide sectionnée nette.

Quand elle parvint à se dégager, les terres buvaient le sang des vaincus et elle se passa une main sur le front, rejetant la tête en arrière, les yeux clos, afin de respirer l'odeur de la victoire et en même temps, d'oublier l'espace d'un instant la vision des cadavres amis. Les lamentations viendraient et distilleraient leur goût amer des bouches des survivants mais, avant cela et pour que ce deuil puisse s'accomplir, il s'agissait d'en terminer avec cette attaque mortifère.

Ce qu'il restait du groupe de soldats sous ses ordres s'occupa de rassembler les citoyens survivants et de guider les soigneurs tandis qu'elle se frayait un chemin jusqu'à la maison Mormont. Elle dut néanmoins s'arrêter à plusieurs reprises de manière à prêter main forte aux blessés, elle-même claudiquant légèrement à cause d'une vilaine entaille à la cuisse. Elle arriva à la grande salle juste à temps pour découvrir Maege prononçant une sentence de mort. Un Sauvageon s'était rendu et l'infâme aurait mieux fait de périr par l'épée sur le champ de bataille. La jeune fille, toujours l'air aussi impavide, les épaules et le dos bien droits, assista à l'exécution sans même sourciller.

Puis, elle rejoignit sa chambre où elle put se défaire de son armure et nettoyer le sang qui la maculait de la tête aux pieds. Et enfin, elle put laisser les émotions dédaignées affluer jusqu'à son esprit, abandonnant son statut de guerrière inébranlable. Elle chut sur son lit, le visage entre les mains, son buste tanguant sous une violente nausée. La guerre était une constante de l'Île-aux-Ours. Depuis qu'elle était en âge de tenir une épée, elle avait participé à toutes celles qui s'étaient déclarées lorsqu'elle était présente. Elle avait vu des centaines d'amis plus ou moins proches périr sous ses yeux ou à ses côtés, avait ramassé leurs corps sans vie, pleuré leur disparition, sans jamais faillir à aucune tâche. Et si elle acceptait ces conditions, si elle avait appris à faire avec et à continuer d'avancer, voire à viser l'espoir plutôt que son contraire, il fallait l'avouer, elle ne pourrait jamais, réellement, s'y habituer. La cruauté et la mort que cette dernière engendrait la dégoutaient. Dans ces moments post-bataille, elle se sentait assaillie par une indicible colère, heureusement réprimée par les déterminismes de cette existence difficile. Elle ne pouvait contrôler les événements mais au moins pouvait-elle participer à ce qu'ils tournent en leur faveur. Au moins pouvait-elle rester maîtresse d'elle-même.

Sa contenance retrouvée, elle partit à la recherche de Dacey. Elle n'avait pas aperçu sa soeur depuis la fin du combat et si son absence avait été remarquée, nul n'avait été assez fou pour la reprocher, ou pire, aller la chercher. Chacun avait droit à ses moments de "faiblesse", tant qu'ils restaient le plus discret et le moins nombreux possible. Chacun avait le droit à sa solitude, à son intimité. Personne donc, sauf Eleyn. La guerrière s'inquiétait pour la future régente. Ces derniers jours, elle la trouvait sombre, comme si elle était ailleurs. Cette accalmie après le cataclysme lui donnait une occasion de lever le mystère sur ses soupçons.

Elle la trouva au Barral, s'approchant discrètement sans pour autant chercher à se cacher. La jeune fille regrettait de troubler la quiétude de son amie, tout en ne pouvant se défaire de l'idée que pourtant, l'instant était plus que propice. Leurs lames s'entrechoquèrent alors que Dacey se retournait, en alerte. Eleyn lui adressa un sourire en coin. Les deux femmes avaient depuis longtemps apprivoisé les réflexes l'une de l'autre et le couteau de la garde s'était dégainé en position de défense à peine la Nordienne s'était-elle relevée.

" Un peu des deux, je suppose. " répondit-elle avec un haussement d'épaules. " Toi, surtout, comme tu dois t'en douter. " Elle tendit son bras à la brune. " Souhaites-tu faire quelques pas avec moi ? "

Ici, près de l'arbre-lien, elles étaient à l'abri des oreilles indiscrètes. Néanmoins, Eleyn pensait que marcher ne pourrait que leur faire du bien à toutes les deux après cette rude fin de journée. Une fois que Dacey se fut exécuté, elles débutèrent leur promenade sans but et l'orpheline laissa un silence serein s'installer avant d'oser aborder le sujet de sa venue :

" Tu peux me parler, tu le sais, n'est-ce pas ? "

Même si elle ne l'y obligeait en rien, elle s'imaginait que si quelque chose taraudait Dacey et qu'elle ne savait sur quelle épaule se reposer du fait de son statut dans la Baie, le lien qu'elles entretenaient l'aiderait à se confier.

# Lun 6 Avr - 19:08

la voie du guerrier est l'acceptation de la mort.

Dacey n'était pas une grande adepte de la solitude, être l'aînée de cinq filles devait sûrement en être la cause, mais par contre, elle aimait aller prier les anciens dieux et surtout pouvoir avoir un petit moment de paix auprès d'eux. La chronologie de sa vie était parsemée de combats divers, certes des luttes qui n'avaient rien à faire dans l'histoire de Westeros, mais sur l'Île aux Ours, elles étaient importantes, car beaucoup des leurs y avaient perdu la vie. Est-ce qu'un jour son peuple serait à l'abri ? Est-ce qu'un jour, elle pourrait ne pas craindre les bateaux qui venaient de la mer ? La menace pouvait venir de partout et elle connaissait cette menace, savait comment la repousser, les armes n'appelaient qu'à répondre avec les armes, qu'à verser le sang de ceux qui voulaient s'en prendre aux habitants de l'île et d'ailleurs, à ce moment précis, elle avait du sang sec sur ses mains et son visage, qu'elle avait gardé de la bataille de la soirée.

Au lieu de retourner à sa demeure pour se nettoyer et voir le sort réservé au prisonnier, Dacey avait préféré se rendre dans le bois sacré, s'installant auprès du Barral et ainsi retrouver la paix intérieure. Beaucoup d'évènements lui traversaient l'esprit et ce n'est pas réellement le raid qui s'était produit qui l'avait emmenée ici, non les sauvageons qui venaient sur son île étaient devenus une habitude. En fait, ce qui la tourmentait, c'était de se rendre à Port-Réal et de visiter les environs avec sa sœur, Jorelle. Elle n'avait jamais mis les pieds dans cette région et d'ailleurs n'avait jamais quitté le Nord, le Nord était sa maison, le lieu où résiderait toujours son âme. Il était facile de cataloguer Dacey dans le rang des guerriers, mais elle était tellement plus que cela, c'était aussi une femme, une femme loyale envers les siens et elle serait capable de sacrifier sa vie pour eux, ainsi que de faire verser le sang de leur ennemis. L'aînée des Mormont était une protectrice du Nord et un protecteur ne devrait pas voyager dans l'univers inconnu qu'était la capitale, car même ses armes n'auraient aucun impact dans les jeux de pouvoirs de la cour.

Pourquoi les anciens dieux ne lui envoyaient aucun signe ? Elle croyait en eux et rien ne pourrait la faire douter de leur existence, mais elle aurait seulement voulu une réponse. N'était-il pas dangereux pour elle et sa sœur de partir si loin ? Un bruit suspect l'éloigna de toutes pensées, elle se releva d'un geste rapide et tomba nez à nez avec Eleyn, son couteau s'entrechoquant avec celui de la garde et toutes les deux abaissèrent très vite leurs armes en voyant qu'il ne s'agissait que d'elles. Tout en se réinstallant sur la racine du Barrall, elle demanda à sa sœur de cœur si celle-ci était venue la voir elle ou les anciens dieux.

" Un peu des deux, je suppose. Toi, surtout, comme tu dois t'en douter. Souhaites-tu faire quelques pas avec moi ? "

Dacey accepta le bras que lui tendit Eleyn, après tout cela ne lui fera pas de mal de discuter avec la jeune femme, elles ne partageaient peut-être pas le même sang, mais elle restait une personne très chère à son cœur. Elle se souvenait de la peine qu'elle avait ressentie pour elle, quand celle-ci s'était retrouvée orpheline. Quand sa mère avait décidé de la prendre sous son aile, Dacey était souvent venue lui rendre visite en pleine nuit pour voir si elle allait bien, puis petit à petit, elles étaient devenues aussi proches que des sœurs et il lui était tellement plus simple de parler de ce qui la tourmentait à Eleyn. Près d'elle, elle n'était pas obligée de se jouer plus forte qu'elle n'était, oui, près d'elle, elle pouvait montrer ses nombreuses faiblesses. Tandis qu'elles commençaient à avancer, un silence reposant s'installa et ce fut la garde qui rompit celui-ci en première.

" Tu peux me parler, tu le sais, n'est-ce pas ? "

Dacey tourna son visage vers la jeune femme, l'observant quelques secondes. Bien sûr, elle savait qu'elle pouvait lui parler, mais aurait-elle le courage de le faire ? Là se tenait la différence, car pour le coup, elle devait avouer sa peur de la capitale, cela pouvait peut-être paraître futile, mais elle ne pouvait pas la contrôler. Et puis, il fallait dire que l'histoire du roi fou avec les Stark ne pouvait pas la rassurer, même si d'après les dire le Roi Rhaegar était bien plus sage que son père. Finalement, d'un simple murmure, elle répondit :

- Je le sais.

Le bois était si calme, qui aurait pu penser que quelques heures auparavant, les jeunes femmes combattaient pour leur vie, bien sûr hormis le fait que Dacey soit encore recouverte de sang, d'ailleurs, l'oursonne ne pensait plus à cela.

- Partir dans le sud m'inquiète, il n'y a rien pour nous là-bas. Si les nobles ressemblent tous à Lynce, tu imagines l'horreur.

Elle avait fini sa phrase en levant ses yeux au ciel pour montrer l'effroi de la situation, c'était une petite habitude bien à elle quand elle voulait prouver son agacement, encore mieux que les mots. S'arrêtant d'un coup, elle fit face à son amie, prête à se libérer de son fardeau.

- Puis, je ne veux pas abandonner notre peuple, les attaques des sauvageons sont de plus en plus fréquentes, je voulais que les dieux me montrent la voie, mais je n'ai reçu aucune réponse.

AVENGEDINCHAINS

# Mar 14 Avr - 16:34

Eleyn qui, jusqu'ici, observait droit devant elle, les prunelles perdues dans les courbes des arbres, rendit son regard à la jeune Mormont. Elle sentit l'hésitation de cette dernière, non pas dans la réponse qu'elle devait lui offrir - Dacey avait conscience que nul sujet n'était tabou entre elles - mais dans la teneur exacte de ladite réponse. Un combat bien différent de celui auquel elles avaient été confrontées un peu plus tôt semblait faire rage en elle. Mais lequel ? En aucun cas son amie n'aurait voulu presser la confidence. Peut-être était-ce si intime qu'elle-même n'était pas certaine de pouvoir s'en ouvrir à ce sujet ? Ou peut-être, tout simplement, cela ne concernait-il personne d'autre qu'elle-même.

Aussi, après l'affirmation de la jeune femme, la garde continua-t-elle d'attendre sans un mot. Néanmoins, cette fois-ci, le silence qui régnait entre elles fut bien plus bref. Et enfin, le ciel des pensées d'Eleyn s'éclaircit. Ainsi donc, c'était de cela dont il s'agissait. Le voyage. L'orpheline avait cru déceler des réserves chez Dacey lorsque Maege l'avait mandaté pour traverser Westeros et y rencontrer les seigneurs, pour autant, elle n'avait pu que supputer jusqu'à présent. Désormais, elle était certaine que son intuition était fondée. Elle hocha légèrement la tête face à cette révélation, l'accueillant sobrement avant que ses lèvres n'esquissent une grimace à l'évocation de Lynce.

A l'image de nombre de membres de sa famille de coeur, on pouvait dire que la brune ne l'avait jamais porté dans le sien. La seconde épouse de Jorah s'était avérée être une vraie petite fille gâtée et n'était absolument pas faite pour la vie dans la Baie, deux faits dont elle ne s'était pas cachée. A tel point que son mari avait déployé des efforts colossaux et fort couteux juste dans l'espoir d'un sourire, aveugle qu'il était. Ce jeu d'amour aux dès pipés dès les prémices avait non seulement poussé l'Île aux bords de la faillite - alors qu'elle n'était, à l'origine, déjà pas très fortunée - mais aussi à un pas du déshonneur à cause du commerce d'esclaves. Si Jorah avait été l'instigateur de tous ces malheurs, nul doute que c'était celui provoqué par ce mariage qui l'avait fait basculer vers tant d'obscurité. Et bien qu'elle en voulut à son ancien seigneur pour ses méfaits, elle avait gardé une bonne part de sa haine pour la petite noble pédante. Elle comprenait donc fort bien les craintes de son amie.

Portée par l'élan de ses révélations, la fille Mormont stoppa brusquement leur promenade et lui fit face pour continuer sur sa lancée, vannes ouvertes et prêtes à décharger ce fardeau qu'elle portait. Imperturbable, Eleyn l'écouta, une fois de plus, sans faire mine de l'interrompre. Le dilemme était de taille, elle en convenait sans peine. Que faire lorsqu'on vous confiait une mission d'importance, tout en sachant que vous abandonniez derrière vous votre peuple à de se grandes menaces ? Comment prendre du recul alors même que les Dieux restaient muets ? Sortant de son statisme, la jeune femme saisit la main de sa compagne pour serrer ses doigts entre les siens.

" Je ne prétendrai pas pouvoir me mettre à ta place, Dacey, mais crois-moi, j'entends parfaitement ce que tu me dis. Et je comprends ta peine. " Une mine contrite déforma un instant ses traits. Elle voulait l'aider, seulement, elle craignait de ne pas trouver les mots justes. Tant pis. Elle ferait au mieux. " Je ne pense pas que quiconque considère que tu abandonnes la Baie. Au contraire, ce voyage va te permettre d'assurer sa pérennité et, je l'espère, sa protection. Nous sommes tellement éloignés du reste de Westeros que la plupart des suzerains en ont presque oublié notre existence. Qui de mieux placée que notre héritière pour la leur rappeler, hm ? " Un sourire amusé creusa ses joues avant qu'Eleyn ne reprenne son sérieux. Ce discours-là, elle avait déjà dû l'entendre d'autres qu'elle et ce n'était certainement pas ce dont sa soeur avait besoin en ce moment. " Ce que je veux dire, c'est que tu seras peut-être éloignée de nous physiquement, cependant, ton corps et ton esprit oeuvrerons dans notre intérêt par-delà nos frontières. Tu pourras montrer à tous ces riches bien habillés et bien nourris que nous ne sommes ni des frustres ni des simples d'esprit. Tu vas rétablir la vérité à travers les Sept Royaumes par ce voyage. Considère ces points dans tes craintes. Tu n'as aucune culpabilité à avoir. Quant au reste, pour ce qui est plus, disons, personnel ... " Elle marqua un temps d'hésitation après ce discours enflammé, cessant de fixer Dacey pour laisser son regard se perdre au-dessus d'elles. " ... N'oublie pas que, quoi qu'il arrive, tu as toujours le choix. J'imagine comme il doit être effrayant de partir à la découverte de tout cet inconnu mais tu peux te laisser dominer par tes peurs. Ou les affronter. Je ne suis pas les Sept et mon point de vue vaut ce qu'il vaut, mais me concernant, en tant que soldat et en tant qu'amie, j'ai confiance en toi. "

Eleyn relâcha la pression sur la main de la Mormont, un nouveau sourire, plein de tendresse et de conviction accroché aux lèvres. Elle pensait chacun des mots qu'elle avait prononcé et plus encore. Si la manière pouvait paraître un peu abrupte, elle n'en était pas moins sincère. Elle avait essayé de lui apporter en substance le soutien qu'elle-même aurait voulu dans pareille situation.

Elle avisa une feuille morte prête à se décrocher de sa branche et la récupéra avant de reprendre, une petite flamme malicieuse brillant dans ses prunelles :

" D'ailleurs, à propos de ce périple, je me suis entretenue avec Maege hier soir. Je l'ai convaincu que ma présence à vos côtés jusqu'à Winterfell serait d'une utilité non négligeable. " l'informa-t-elle, faussement détachée.

# Dim 19 Avr - 11:01

la voie du guerrier est l'acceptation de la mort.

L'image des femmes de l'île-aux ours semblait être gravée dans le marbre. La lâcheté ne faisait pas partie de la caractéristique, une peur se vainc où celle-ci vous terrasse. Dacey essayait de se persuader que ce n'était rien, mais elle craignait bien le sud. La façon de penser était si différente, dans ce lieu, il était plus facile de se battre par perfidie que pour protéger les siens, oui la jeune dame avait une très mauvaise image des terres qui s'éreintaient plus loin que le nord, surement parce qu'elle n'y avait jamais mis les pieds et ne connaissait à leurs sujets, que les rumeurs entendues ou encore Lynce Higthower. En y pensant, tout avait commencé par cette rencontre, avant l'oursonne aurait été curieuse de découvrir Port-Réal, mais Lynce l'avait fait évoluer, retrancher sur son île qui semblait pour elle n'être qu'un lieu de sauvages, alors que pour Dacey, il s'agissait du complément de son âme, c'était ici qu'elle se sentait le mieux, l'île aux ours était sa terre et elle ne pouvait s'imaginer la quitter un jour, non, la guerrière voulait mourir sur ses rives et pouvoir les voir une dernière fois avant de quitter ce monde.

Parler de ces craintes n'était pas si simple, surtout pour une personne ayant son caractère. Étant l'ainée, Dacey pensait devoir être la plus forte, celle qui doit veiller sur ses jeunes soeurs, jamais elle n'aurait pu leur avouer qu'elle s'interrogeait pour son départ à Port-réal. Mais, il était plus facile de se confier à Eleyn, leurs relations étaient différentes, surement parce qu'à la base, c'était à la garde de la protéger, quoiqu'elle estimait ne pas en avoir besoin, mais jamais elle ne remettrait en doute les capacités de sa soeur de coeur et surtout l'empêcherait de protéger la famille Mormont, c'était une fonction honorable qu'elle méritait amplement. Se déchargeant de son fardeau, elle s'était arrêtée pour faire face à Eleyn, venant même à lui confier que même les dieux restaient muets. La combattante lui saisissait la main et serra ses doigts entre les siens. Une proximité qui eut l'effet de rassurer la fille ainée de Maege.

" Je ne prétendrai pas pouvoir me mettre à ta place, Dacey, mais crois-moi, j'entends parfaitement ce que tu me dis. Et je comprends ta peine. Je ne pense pas que quiconque considère que tu abandonnes la Baie. Au contraire, ce voyage va te permettre d'assurer sa pérennité et, je l'espère, sa protection. Nous sommes tellement éloignés du reste de Westeros que la plupart des suzerains en ont presque oublié notre existence. Qui de mieux placée que notre héritière pour la leur rappeler, hm ? Ce que je veux dire, c'est que tu seras peut-être éloignée de nous physiquement, cependant, ton corps et ton esprit oeuvrerons dans notre intérêt par-delà nos frontières. Tu pourras montrer à tous ces riches bien habillés et bien nourris que nous ne sommes ni des frustres ni des simples d'esprit. Tu vas rétablir la vérité à travers les Sept Royaumes par ce voyage. Considère ces points dans tes craintes. Tu n'as aucune culpabilité à avoir. Quant au reste, pour ce qui est plus, disons, personnel... N'oublie pas que, quoi qu'il arrive, tu as toujours le choix. J'imagine comme il doit être effrayant de partir à la découverte de tout cet inconnu mais tu peux te laisser dominer par tes peurs. Ou les affronter. Je ne suis pas les Sept et mon point de vue vaut ce qu'il vaut, mais me concernant, en tant que soldat et en tant qu'amie, j'ai confiance en toi. "

Ses paroles furent comme une infusion pour son coeur. Eleyn avait raison, c'était à sa place d'héritière d'aller dans ses lieux reculés, de prouver la valeur de la famille Mormont et surtout leur montrer que la baie était aussi essentielle que n'importe autres régions deWesteros. Sa famille avait confiance en elle, son peuple avait confiance en elle et cela lui revint à l'esprit, car Eleyn venait de lui dire qu'elle avait confiance en elle. Savoir que ces décisions seront toujours accompagnées par les siens, une lourde charge, c'était certain, mais surtout, c'était rassurant. Dacey ne serait jamais seule, et elle s'évertuerait de penser à ce moment-là si elle avait des moments de doutes, durant son voyage.

La guerrière relâcha sa main et Dacey répondit à son sourire. Cet instant était la preuve qu'il n'y avait pas besoin de liens de sang pour être une famille. L'esprit plus tranquille, une part d'elle pensait que c'était surement les anciens dieux qui lui avaient envoyé, Eleyn était sa réponse. L'héritière allait donc partir avec Jorelle et rendre fiers les siens, en tout cas essayer. Quand son regard retomba sur Eleyn, celle-ci tenait une feuille-morte de la main, une petite flamme malicieuse parcourait ses prunelles :

" D'ailleurs, à propos de ce périple, je me suis entretenue avec Maege hier soir. Je l'ai convaincu que ma présence à vos côtés jusqu'à Winterfell serait d'une utilité non négligeable. "

Convaincre sa mère ?! Dacey ne put garder son sérieux plus longtemps, car il faisait l'avouer, Maege était sans doute la femme la plus têtue au monde, possédant un esprit combattif et féministe, des valeurs qu'elle avait enseignées à ses filles. Elle pouvait encore l'entendre dire que s'il fallait attendre que les hommes bougent leurs culs, il n'y aurait plus personne de vivants à Westeros. Une bonne manière de dire qu'il était de leur devoir de savoir se défendre seule, au lieu d'attendre d'être secourue. Reprenant la marche dans le bois sacré, Dacey parla d'un ton plus enjoué.

- J'espère que tu n'as pas été obligée de la convaincre avec un duel ?!

Que de mieux pour prouver sa valeur que de vaincre Maege en combattant. Bien sûr, c'était une blague, aucun garde n'oserait proposer un duel à la suzeraine, mais l'oursonne pouvait très bien s'imaginer sa mère le faire. Du genre si tu gagnes, tu peux y aller. En réalité, Dacey ne défiait que très rarement sa mère, Eleyn était sans doute plus courageuse qu'elle a ce sujet.

- C'est une bonne chose, cela nous permettra de faire un bout de chemin ensemble.

Le voyage jusqu'à Winterfell durera plusieurs jours et il serait agréable d'avoir de la compagnie en plus, même si elle savait queJorelle et son caractère bien farfelu, serait un bon moyen de passer son temps. Finalement, son regard devint plus interrogateur.

- Je suis curieuse, quels arguments lui as-tu donnés ?

AVENGEDINCHAINS

# Mar 19 Mai - 0:10

La manoeuvre avait été habile à défaut d'être d'une grande finesse. Preuve qu'elle connaissait bien Dacey, la jeune garde avait espéré que cette nouvelle détendrait l'atmosphère, laquelle s'était faite légèrement oppressante et morne à cause de leur discussion. Non pas qu'elle en veuille à la Mormont outre mesure, ni à elle-même d'ailleurs. Ce genre d'échange, fait d'inquiétude et teinté de mélancolie, était plus que monnaie courante sur l'Île, si ce n'était dans tout Westeros. Et encore, s'ils n'étaient pas les mieux lotis - considérons que les sempiternelles attaques des Fer-Nés et des Sauvageons étaient loin d'être une sinécure -, Eleyn supposait qu'ils n'étaient pas les plus à plaindre non plus. Elle avait entendu tant de récits de massacre, de pauvres victimes de la famine et du sort jusque dans Port-Réal même, qu'elle se surprenait souvent à louer les Sept de leur épargner d'autres plaies.

Il n'empêchait, habitude ou non, un peu de légèreté ne pouvait décidément pas leur faire de mal. Son sourire s'élargit du coin de ses lèvres pour aller creuser ses joues. Ici, parmi les arbres et en compagnie de cette soeur chère à son coeur, Eleyn pouvait se laisser aller. Elle pouvait sourire sans craindre que cette expression ne passe pour une marque de faiblesse. Elle avait le droit de laisser retomber les épaules et d'oublier, ne serait-ce que quelques minutes, le poids de son statut de défenseuse de la Baie. Elle était une femme parmi d'autres, une pièce rapportée mais étrangement bien intégrée à ce gigantesque puzzle qu'était l'existence dans le Nord. En d'autres termes, elle comptait. Et tout ceci rendait leur entrevue plus précieuse encore. Elle échappa même un franc éclat de rire à l'évocation d'un possible croisement de lames avec Maege. Par les Sept, l'Ourse l'aurait mise à terre d'un seul coup de poing !

" Tu n'y penses pas ! Si c'était le cas, je ne serais pas ici pour parler avec toi ! " répliqua-t-elle avec bonne humeur, rivalisant avec celle de Dacey. " Non, nous nous sommes contentées de discuter. "

Eleyn pouvait se "vanter" d'avoir une relation des plus apaisées avec la régente de la maison Mormont. Lorsque cette dernière l'avait recueilli, elle était rapidement devenue une sorte de mère de substitution pour l'enfant qu'elle était alors. Les années passant, son respect pour Maege n'avait fait que croître et elle s'était rendue compte qu'elle avait un avantage de taille par rapport à sa fratrie : elle ne partageait pas son sang. Elle l'avait peut-être élevé, encouragé et même soutenu dans son désir de gravir les échelons de la garde mais finalement, elle n'attendait rien d'elle. Excepté qu'elle exécute ses ordres, bien sûr. Là où Alysane, Dacey ou Jorelle devaient prendre des gants ou s'effarouchaient, car il s'agissait de leur mère avant tout, Eleyn n'abordait pas les confrontations de la même manière. Il était rarement affaire de sentiments durant leurs entretiens et surtout, son rang créait une certaine distance permettant une objectivité et une écoute mutuelle, toujours dans le respect de la hiérarchie. Dans le fond, ce n'était ni une affaire de bravoure ni d'entêtement, juste de position. La brune savait choisir son moment, mais surtout, elle avait appris qu'il valait mieux se présenter devant plus influent avec un argumentaire solide.

Néanmoins, il ne fallait pas s'imaginer que tout ceci lui était venu naturellement ou s'était fait sans heurts, loin de là. Elle devait beaucoup à son capitaine, ainsi qu'à Maege elle-même. Son caractère tempêtant était un frein qu'ils lui avaient enseigné à dépasser sous peine de vertes représailles. A ce propos, elle avait quelques souvenirs d'être ressortie tête basse de la grande salle, les joues rougies par la honte ou la colère ... Elle s'attendait presque à ce que Dacey y fasse référence mais l'héritière enchaîna, lui faisant part de son plaisir de l'avoir à ses côtés pour quelques jours. Pour toute réponse, Eleyn lui renvoya un nouveau sourire, confortée dans son initiative. Aussi bonne que son entente fut avec la matriarche, elle l'avait longuement pensé avant de s'y risquer. Elle avait bien conscience qu'elle n'était pas plus à l'abri de son courroux que n'importe qui d'autre.

- Je suis curieuse, quels arguments lui as-tu donnés ?

Elles avaient repris leur marche et, à cette question, la garde cessa de faire tournoyer la feuille cueillie un peu plus tôt entre ses doigts. Etait-il pertinent de tout avouer ? Au risque que Dacey ne s'inquiète un peu plus de son départ dans le sud ? Finalement, elle décida que oui, considérant qu'elle n'avait rien à lui cacher. Si elle ne l'entendait pas maintenant, son amie finirait bien par le réaliser une fois à Winterfell, voire au moment du départ avec les charrettes. Alors, à quoi bon éluder ?

" En premier lieu, j'ai avancé des raisons pratiques, comme tu t'en doutes. Les stocks d'armes diminuent et il en va malheureusement de même pour bien d'autres fournitures du quotidien. Chaudrons, gamelles, tissus ... Nos artisans ne peuvent pas palier à toutes nos batailles, ni au sel et à sa sale manie de tout rouiller plus vite qu'ailleurs. Un aller-retour jusqu'à Winterfell nous permettra de combler le plus gros de ce manque pour un prix accessible, du moins je l'espère. " expliqua-t-elle, une note amère dans la voix. Non, ils n'étaient peut-être pas les plus à plaindre mais ils n'avaient pas la vie la plus douce pour autant, loin s'en fallait. " Ensuite, j'ai invoqué mon désir de vous accompagner en tant que garde. Vous savoir parties pour un si long voyage, Jorelle et toi, sans pouvoir vous protéger en cas de problème ... " La jeune femme s'interrompit, secouant la tête. Les peurs de Dacey avaient fait écho aux siennes, bien qu'elles lui parurent honteusement futiles et égoïstes ainsi formulées. Elle espérait que sa compagne ne lui en tiendrait pas rigueur. " ... Disons seulement que la perspective ne me seyait guère. Mais il n'aurait pas été raisonnable de ma part de réclamer à vous accompagner plus loin, aussi ai-je trouvé ce compromis. " Non pas qu'elle se pensa indispensable ou irremplaçable, seulement, il fallait être réaliste : Dacey et Jorelle parties, cela faisait deux lames de moins. Avec elle, trois et personne pour commander ses hommes. Mieux valait ne pas trop tirer sur la corde du sort. La réassurance que lui aurait valu l'assouvissement de ses caprices ne pourrait compenser sa culpabilité si une vie de plus était prise à cause de son absence. " Ah ! Et évidemment, je lui ai expliqué que nombre d'hommes pouvaient être rencontrés en chemin. Je crois bien que c'est cet argument-là qui a eu raison de ta mère. "

Sa mine sérieuse s'était évanouie à peine avait-elle entamé cette dernière partie. Comme si elle aurait pu utiliser un quelconque désir charnel pour expliquer son envie de les suivre ! Devant Maege, qui plus est ! Elle n'aurait jamais osé. De plus, Dacey connaissait suffisamment Eleyn pour savoir que ce genre de considérations n'entreraient pas en compte dans ses décisions. Encore aurait-il fallu qu'elle l'envisage de manière générale, ce qui n'était pas plus le cas. Cependant, sa plaisanterie avait le mérite de dédramatiser les informations précédentes. Vraiment, la dernière chose que la Blanetree voulait, c'était que son amie ne sorte de ce bois encore plus peinée que lorsqu'elle y était entrée.

# Ven 29 Mai - 9:51

la voie du guerrier est l'acceptation de la mort.

Maege Mormont était surement la femme la plus crainte de l'île aux ours, pour ne pas dire du Nord. D'une taille imposante et d'un caractère d'acier, il fallait mieux être de son côté que contre elle.Dacey avait souvent essayé de l'imaginer enfant, mais c'était bien difficile. Contrairement à ses soeurs et elle, sa mère avait eu un frère et pour certains points ça changeait toute une éducation, mais connaissant Maege, elle n'avait pas dû se laisser marcher sur les pieds, n'était-ce pas elle qui avait choisi un mariage par amour ?! Une part de Dacey était persuadée qu'elle avait épousé une personne de basse naissante pour ne pas quitter la baie, ici la vie est si différente que dans le reste du Nord, ici les femmes peuvent se battre à l'égale des hommes, pour ne pas dire les commander. Pour l'héritière des Mormont c'tait assez logique, après tout, ils étaient tous égaux face à la mort.

Telle une épée à deux tranchants, la vie sur l'île aux ours pouvait être autant dangereuse que savoureuse, Dacey n'avait jamais eu à se plier aux exigences d'un homme, elle avait été élevée dans le sens que toutes femmes devaient savoir s'occuper d'elle sans l'aide de personne et il n'y avait pas meilleur protecteur que le sexe féminin, pensant différemment des hommes. Dacey avait tué, mais pas par l'amour du sang ou de la tuerie, mais bien pour protéger les siens. La protection est-ce qui animait son âme, elle ne vivait quasiment que pour cela, c'est certainement ce qui la poussait à vouloir rester sur l'île au lieu de partir à la découverte de Westeros.

Grâce à Eleyn, la jeune dame avait réussi à oublier ses doutes quelques instants, il ne fallut que l'imaginer combattre sa mère pour la faire sourire. Reprenant leurs marches, Dacey l'interrogea sur les arguments qu'elle avait donnés à la suzeraine de l'île aux ours.

" En premier lieu, j'ai avancé des raisons pratiques, comme tu t'en doutes. Les stocks d'armes diminuent et il en va malheureusement de même pour bien d'autres fournitures du quotidien. Chaudrons, gamelles, tissus ... Nos artisans ne peuvent pas palier à toutes nos batailles, ni au sel et à sa sale manie de tout rouiller plus vite qu'ailleurs. Un aller-retour jusqu'à Winterfell nous permettra de combler le plus gros de ce manque pour un prix accessible, du moins je l'espère. Ensuite, j'ai invoqué mon désir de vous accompagner en tant que garde. Vous savoir parties pour un si long voyage, Jorelle et toi, sans pouvoir vous protéger en cas de problème ... Disons seulement que la perspective ne me seyait guère. Mais il n'aurait pas été raisonnable de ma part de réclamer à vous accompagner plus loin, aussi ai-je trouvé ce compromis. "

En l'entendant parler, l'ainée de Mormont eut une certitude, Eleynferait une très bonne commandante de la garde, elle savait voir ce qui était utile à la baie et surtout mettre sa vie en retrait pour le bien commun. Bien sûr, elle aurait souhaité que sa soeur de coeur l'accompagne durant tout son voyage, mais la défense de l'île passait bien avant la protection des filles Mormont, surtout que celles-ci savaient bien se défendre et que Dacey avait à présent l'habitude de parcourir les routes, du Nord certes, mais après tout, les conditions restaient les mêmes, le danger était partout.

" Ah ! Et évidemment, je lui ai expliqué que nombre d'hommes pouvaient être rencontrés en chemin. Je crois bien que c'est cet argument-là qui a eu raison de ta mère. "

Venant de quitter le bois sacré, Dacey eut de nouveau l'esquisse d'un sourire. Elle connaissait assez Eleyn pour savoir que ce dernier point ne rentrait pas en compte autant pour elle que pour Maege, mais c'était assez drôle de l'imaginer, puis s'il y avait bien une chose sur laquelle elles aimaient faire des blagues, c'était bien les hommes.

- C'est un argument de taille, te trouver un grand gaillard, avoir des enfants.

Il était de notoriété publique que ni Eleyn, ni Dacey, ne pensait au mariage. Petite, elle avait rêvé de cette vie, mais depuis l'amourette de Jorah, cette histoire était loin derrière elle. Dacey estimait que son rôle était bien plus important que femme mariée. Enfin, Alysane avait réussi à associer sa vie de guerrière et de mère, mais ce n'était pas donné à tout le monde. Restant sur le ton de la plaisanterie, elle ajouta :

- Pour ma part, tant que ce n'est pas un Sudiste, je suis preneuse. Quoique, Alysane peut très bien gérer pour la descendance, je lui piquerais un de ses enfants et le ferais passer pour un des miens. Je dirais que le père est un ours.

La légende prétendait déjà que son propre père était un ours, cela ne pouvait que coïncider avec celle-ci, telle mère telle fille. Même si tout le monde prêtait à dire que Dacey était loin d'avoir le tempérament de sa mère. Elles avancèrent quelques instants dans le silence et au loin, la demeure des Mormont apparaissait. Le visage de Dacey devint plus songeur.

- Tu prendras bien soin de notre famille et des habitants de l'île aux ours en mon absence.

Elle avait besoin de confier son rôle à une personne de confiance, de savoir que durant son départ tout irait bien sur l'île. À peine eut-elle posé son regard au loin qu'elle vit que Maege l'observait, attendant surement son retour depuis qu'elle avait remarqué son absence au jugement du fer-nés.

- Que les anciens dieux veillent sur tes rêves, Eleyn.

Sur ces mots, elle se dirigea vers sa mère, sa soeur de coeur avait réussi à lui changer les idées, mais surtout à ne pas avoir peur du lendemain.

AVENGEDINCHAINS

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