Rencontre entre deux chasseuses

Trois ans, déjà, que Dacey Mormont était devenu le porte-parole de sa mère. Faire oublier le déshonneur que Jorah avait jeté sur la famille, n'était pas chose aisée, mais l'ainée des filles de Maegefaisait son maximum pour prouver aux autres vassaux des Stark, que malgré leur sexe, l'île-aux-ours était bien gérée. Vêtu de son armure qui avait vu bien des combats face aux fers-nés ou sauvageons, Dacey était une nouvelle fois en voyage dans le nord, devant aller à la rencontre d'une autre famille de nobles. Beaucoup pourraient trouver cela dangereux de la voir voyager seule, mais elle n'était pas démunie, entre sa masse, son épée et les divers couteaux camoufler sur elle, il était facile de dire qu'elle était armée de la tête aux pieds. Après, c'était certain que les avoir ne servait à rien si elle ne savait pas s'en servir, mais pour la protection de l'île, la jeune ourse avait appris très tôt à savoir sedéfendre de toutes les manières possibles. Elle ne cherchait pas à être la plus grande guerrière, ni la gloire des champs de bataille, non, c'était seulement l'envie de protéger ceux qu'elle aimait qui animait ses pas, tout comme la plupart des femmes de l'ile aux ours obligées de défendre leur foyer face au raid ennemi.

Plongée dans ses pensées, elle guidait à peine son cheval dans les bois qu'ils traversaient. C'était une route devenue communepour la voyageuse et l'animal. Elle était arrivée très tôt sur le continent, un pécheur la déposant avant de partir explorer la baie des glaces à la recherche des poissons. La plus grande ressource de l'île, ce qui pouvait surement expliquer la pauvreté de la familleMormont. Dacey estimait que leur richesse était intérieure, la vie était difficile sur ses terres, mais c'est ce qui les rendait certainement plus fort que les continentaux. Alors qu'elle était en train de se demander si elle avait bien été embrassée Lyannaavant de partir, comme elle lui avait promis, son cheval se cabra en hennissant de douleur et Dacey, une fois qu'elle arriva à la calmer, descendit, pour pouvoir comprendre la situation.

Tenant toujours les rênes dans sa main, elle posa sa main sur son encolure, puis doucement, elle abaissa son autre main vers le sabot que son cheval ne posait plus à terre. Sous sa main, elle put sentir un fluide chaud, du sang. Ce fut un aboiement qui la fit réagir, sans attendre, elle laissa glisser un petit couteau camouflé dans sa manche, dans ses mains, déjà prête à se défendre s'il le fallait. Son expérience lui avait appris à être prudente. Faisant le tour pour avoir son cheval dans son dos, là, elle remarqua une femme, à son apparence, il était clair qu'elle avait affaire à une guerrière.

-Loki, calme. Assis.

Son regard passait de l'animal à son maître, cherchant à savoir si elle allait devoir utiliser les armes, mais finalement, la chasseuse ne semblait pas chercher à l'agresser. Le chien obéissant fit ce que la femme lui avait demandé. Comme souvent, Dacey ne portait rien que portait aucun blason qui pourrait donner une preuve de son identité, une façon de plus de pouvoir se protéger.

-Pardonnez ma chienne, elle n'est pas agressive. Puis-je vous venir en aide ?

Voulant faire preuve de bonne volonté, Dacey glissa discrètement son couteau à la place qui était sienne et remarqua au même moment, les proies attachées au cheval de la chasseuse. D'ailleurs, celle-ci s'approchait d'elle et la Mormont inquiète par sa monture répondit :

- Si vous savez soigner les chevaux, je suis preneuse.

Oui, car elle savait faire beaucoup de choses, mais pas cela. Ce n'était pas une soigneuse, loin de là, comme beaucoup disaient, il fallait avoir plusieurs cordes à son arc et bah, elle n'avait pas la corde médecine aux siens. Montrant à la jeune femme, la blessure sur la patte de son animal, elle ajouta :

- J'ignore comment il s'est fait cela.

Devant rejoindre le château d'une des maisons de Nord, Dacey ne s'attendait pas à avoir son cheval blessé, mais surtout tomber sur une femme guerrière. Quelles étaient les chances que cela arrive .Sa nature prudente la poussa d'abord à se méfier, se préparant à combattre s'il le fallait, mais au final, la rouquine semblait vouloir l'aider, ce qui ne serait pas de refus pour la Mormont. Lyra était la soigneuse de la famille, non elle. Dacey lui demanda simplement si elle s'y connaissait en soins de chevaux, n'ayant besoin que de voir sa monture aller mieux pour reprendre la route. La chasseuse fit un signe négatif de la tête avant d'annoncer :

« À part des bandages et vérifier la gravité de la blessure, je ne peux rien faire. »

C'était déjà plus que ce qui pouvait faire l'ourse. Se décalant pour lui laisser la place de venir auprès de son cheval, elle observa les mouvements de la propriétaire du chien qui s'était couché. La lenteur et le calme étaient les mots d'ordre, surtout qu'avec la douleur sa monture était stressée. Finalement, tandis que la chasseuse se redressa pour aller chercher des bandages, Daceyposa ses mains sur la tête de son cheval et le caressait pour qu'il garde son calme. Quand, la jeune femme eut accompli sa tête, elle reprit la parole :

« Je n'ai pas l'impression que la blessure soit grave, mais pour être sûr allez au prochain village. Par contre laisser votre cheval se reposer un peu avant. Cela ne peut lui être que bénéfique. »

Elle était rassurée d'entendre dire que son cheval irait mieux, lesMormont n'étaient pas une famille noble riche et acheter une nouvelle monture tomberait mal pour les siens. Dacey préférait voir l'ile mieux protéger que de demander des choses pour elle, même utiles. Les Mormont avaient appris à vivre simplement, ce qui expliquait la proximité avec leur peuple. Dacey alla attacher son cheval et en se retournant, elle remarqua que la rouquine tenait un lapin mort dans sa main.

« Que diriez vous de prendre un repas avec moi ? Je suis Boadicée, une mercenaire et également chasseuse à mes heures perdues.

Le chien de Baodicée fila parmi les bois, tandis qu'elle écouta sa présentation. Ce nom ne lui disait rien, pour sûr, elle n'avait pas forcément dû s'aventurer sur l'île, pour le peu d'habitants qui s'y trouvaient, les étrangers étaient vite repérés. Tout en lui répondant à son sourire, elle répondit :

- J'accepte volontiers, je dois aussi avoir quelques provisions pour accompagner votre lapin.

Se dirigeant vers la sacoche de son cheval, elle avait de la viande séchée, ainsi que quelques bouts de légumes à faire cuire, après tout dépendait de la cuisson que la chasseuse préservait à sa proie. Sortant tout de même ce qui pourrait être utile, Dacey s'installa dans un coin propice pour allumer un feu et se présenta à son tour :

- Je suis Dacey.

Son nom de famille, il était rare qu'elle le donne quand elle se retrouvait seule ainsi, mais après l'ours sur son armure pouvait trahir son ascendance noble, en tout cas si elle tombait sur une personne qui s'y connaissait aux emblèmes des familles de la région du Nord. Finalement, tout en allant ramasser du bois pour le feu, elle demanda à Boadicée :

- Vous êtes Nordienne ou bien en visite dans la région ?

Allant chercher des bouts de bois pour faire du feu, Dacey avait l'habitude de voyager seul, ne voulant pas priver d'homme utiles pour protéger l'ile-aux-ours. Puis comme elle le disait souvent à sa mère si une personne osait la provoquer, elle serait très bien se défendre, d'ailleurs grâce à son enseignement. En tout cas, Baodicée ne semblait pas s'étonner qu'elle soit seule, cela était pour le mieux, ainsi, elle ne poserait pas de questions auxquelles, Daceyn'aurait pas forcément envie de répondre. Venant s'installer en face de la chasseuse qui commençait à écorcher le lapin, Dacey s'attela à faire naitre les flammes avec de l'aide de deux pierres, puis lui demanda si elle était en visite ou bien originaire de la région.

« Je suppose être du nord : Mon maître m'a trouvé dans la neige quand je n'étais qu'un bébé. Alors, je me plaît à m'imaginer être fille du vent et de la neige. C'est mieux que de penser que je suis une bâtarde. Mais étant mercenaire je vis le long des chemins, mais mon cœur est du nord. Et vous ? Pourquoi chevauchée vous seule ? Fuyez vous un mariage organisé ? »

Dacey ne voyait pas le mal d'être une bâtarde. Pourquoi tant de personnes dénigrées ce statut, car au final, c'était un statut parmi tant d'autres. Au final, que Boadicée en soi une ou non, ne changeait en rien l'histoire qu'elle avait été abandonnée dans la neige, ce qui veut dire que sans son maître, elle aurait été condamnée à une mort certaine.

- Je chevauche seule, tout comme vous, rien de bien intéressant à ce sujet.

Finalement, la chasseuse avait bien remarqué le fait qu'il était étrange qu'elle voyageât seule, alors qu'au final n'était-elle pas dans la même situation. Après, elle aurait pu très bien lui dire qu'elle voyageait seule pour éviter d'emmener une escorte inutile auprès d'elle, mais au final, Dacey préférait rester évasive. Par contre, la dernière question lui parut très étrange, la Mormontlevant un sourcil par l'incompréhension de la question.

« Comment voulez vous faire cuir vos légumes ? Sous la cendre ? Dans les braise ou dans le lapin ? »

Ayant embroché le lapin sous une broche, Dacey venait de réaliser que la chasseuse avait choisi sa façon de cuir l'animal, mais elle lui posa une question qui l'intrigua encore plus. Il fallait dire que l'Ours n'était pas une adepte de la cuisine, elle savait se débrouiller, mais sans plus. Entre la braise ou dans le lapin, le choix ne s'imposait pas à elle, finalement, elle annonça :

- Faites comme vous le souhaitez.

À peine eut-elle fini sa phrase que le feu jaillit enfin. Plaçant bien les bouts de bois et surtout n'en mettant pas trop pour ne pas étouffer le feu, elle était décidée à laisser Boadicée cuisiner comme elle le voulait. S'asseyant, les lueurs du feu venaient éclairer son visage. La question au sujet du mariage n'arrivait pas à quitter son esprit. Pourquoi une telle question ? Entre s'interroger sur le fait qu'elle voyage ça et lui demander si elle fuyait un mariage organisé, Dacey se disait que la chasseuse semblait avoir compris son identité, finalement, elle lui demanda pour en avoir le coeur net :

- Pourquoi croyez-vous que je pourrais fuir un mariage arrangé ?

Boadicée semblait maîtriser l'art de la cuisine beaucoup mieux qu'elle, l'oursonne observa ses gestes précis, sa façon d'insérer les légumes dans le lapin. Jamais, elle aurait pensé que ceci pouvait ce cuir ainsi et elle avait hâte d'y goûter. Ayant réussi à allumer un feu, les deux jeunes femmes se préparaient à passer un petit moment tranquille en tête à tête. Le lapin rempli de légume se retrouva très vite au-dessus du feu, tandis que Daceyvint l'interroger sur cette histoire de mariage arrangé, oui la Lady ne comprenait pas le sens de sa question. La première réaction de la chasseuse fut de lui indiquer du doigt l'ours sur son armure, un sourire discret s'empara du visage de la Mormont, l'observation était un atout important surtout pour survivre dans le nord. Elle avait donc compris son attachement à la famille des Mormont.

« J'ai beau être une mercenaire je connais les maisons du nord. Et vous faites partie de la maison Mormont. Vous devez en être l'héritière. Il est rare de voir une jeune fille de bonne famille seule dans une zone comme celle là. Alors, même si vous avez des armes, porter son blason peut être très risqué. »

Cela n'était pas faux, mais pour rien au monde Dacey quitterait son armure, elle faisait partie d'elle. Ensemble, elle avait traversébien des combats et surtout l'héritière de l'ile aux ours ne craignait pas de se faire attaquer, car cela avait été sa vie quotidienne depuis son enfance. Ayant connu raid de Fer-nés et attaque des sauvageons biens avant de comprendre le sens de la mort. Hochant simplement la tête, dans les faits, elle ne comprenait toujours pas la raison qui l'avait poussé à croire qu'elle fuyait un mariage arrangé. Naitre noble ne voulait pas dire subir cette sorte de mariage, sa mère en était le parfait exemple après il était certain, que les Mormont n'étaient surement pas la référence dans le nord, étant vu pour la plupart des grandes familles comme une petite maison de sauvage. L'odeur de lapin vint lui picoter les narines, tandis que la chasseuse vint à prendre de nouveau la parole :

« Vous l'aimez comment votre viande ? Et sinon ? Vous faîtes quoi loin de chez vous ? »

Dacey semblait être destinée à tomber sur des personnes qui adoraient lui poser des questions à la suite sans d'abord attendre la réponse à la première. Fort heureusement, grâce à sa jeune soeur Jory, elle avait appris à retenir les moindres questions pour préparer sa réponse. 

- Je l'aime bien cuite. Je suis la porte-parole de ma famille et je traite des affaires courantes de nos maisons avec d'autres maisons du Nord.

Elle n'avait pas lui dire où elle se rendait, de toute façon cela n'aurait peu d'intérêt pour Boadicée. Dacey avait déjà assez dit. D'un coup, un bruit suspect dans les bois, lui fit relever la tête, le couteau camouflé dans sa manche vint glisser jusqu'à sa main. Tout son corps était aux aguets prêt à se défendre, et là dans son champ de vision et homme apparut, vu son allure, il s'agissait d'un brigand, d'ailleurs celui-ci prononça :

- Hurrks, vient voir les donzelles que les anciens nous envoient.

Le regard de Dacey se braqua dans celui de Baodicée, la Mormont était prête à se défendre s'ils osaient la moindre attaque, et elle espérait réellement que ces hommes ne soient pas des partenaires de la chasseuse. De toute façon si cela était le cas, elle se défendrait contre le trois, sinon, cela ferait un brigand chacun pour les deux guerrières.

Tout son être était prêt à combattre, Dacey avait pris pour habitudes d'être armée de la tête aux pieds, ayant des couteaux camouflés un peu partout, ainsi qu'une épée, mais son arme de prédilection restait sa masse d'armes. Grâce à sa force, gagnée au fils de ses entraînements, elle maîtrisait cette arme à la perfection et la faisait souvent voltiger autour d'elle, comme si elle tenait une plume. Face aux sauvageons, Dacey avait appris à combattre à une force égale, c'était ainsi qu'elle survivait. Là, pour le coup, les hommes qui vinrent les importuner n'étaient que des simples brigands, des hommes qui se croyaient tout permis en présence de femmes. Par simple prudence, elle se montrait aussi méfiante envers Boadicée, ne pouvant pas être certaine qu'elle n'était pas une alliée des hommes.

-Soit vous partez, soit vos tripes tâchent la neige. »

En attendant cette phrase, Dacey se retrouva rassurée, au moins la chasseuse serait de son côté. Ils se retrouvèrent à trois contre deux. La Mormont affronta le premier homme qui vint à elle, se défendant d'abord avec le couteau qu'elle avait fait glisser dans sa main à leur arrivée, elle se mit à courir jusqu'à sa monture pour venir prendre sa masse. Là, le brigand la regarda, surpris de l'arme qui était sienne. Sans lui laisser le temps de reprendre ses esprits, Dacey vint à s'approcher rapidement et le frappa en plein torse ce qui eut l'effet de le voir se plier en deux, puis ensuite, elle abattit son arme sur son crâne. Du sang gicla sur son visage, mais ce n'était pas la première fois que cela lui arrivait. Une fois son adversaire terrassée, elle porta un regard à la chasseuse qui s'en sortait aussi sans égratignure. Ses hommes n'étaient pas des véritables guerriers, la Mormont vint même à douter qu'ils aient porté un jour une épée. L'animal de Boadicée était aussi de retour, et alors qu'elles n'avaient plus personnes à combattre, la chasseuse retourna s'asseoir près du feu et jura.

« À cause de ces idiots le lapin à brûler d'un côté ! »

Pour le coup, Dacey n'avait plus faim et la remercia pour le dîner, mais elle préféra aller nettoyer sa masse et surtout aller enterrer les corps de trois hommes. Ce n'était peut-être que des brigands, mais ils ne méritaient pas de voir leur corps pourrir sans une réelle sépulture. Après avoir fini sa longue tâche, elle alla s'installer près de son cheval pour fermer l'oeil, épuisée.