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Let me help you [pv Naera]

Rhaenys Targaryen
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Rhaenys Targaryen

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An 300, lune 6



Naera & Rhaenys

Gella parcourait les rues du Culpucier dans un seul et unique but. Trouver la jeune fille à l’accent étrange qu’elle avait croisé la dernière fois. Sa Dame lui avait dit de lui présenter l’étrangère et la servante de la Reine avait bondit immédiatement en direction de son quartier natale. La chance n’était pas à tous les coins de rues mais quand celle-ci se présentait on devait la saisir immédiatement car on ne savait ce que le destin ou les dieux réservaient par la suite. Alors elle fouillait chaque coin de rue, chaque bâtiment public pour retrouver la jeune fille. Finalement elle la trouva, la reconnaissant à ses longs cheveux. « Naera ! » la héla-t-elle. « La reine a accepté de te rencontrer, suis moi ! » lui souffla-t-elle à l’oreille. Glissant sa main dans celle de l’étrangère, Gella l’entraîna vers le Donjon Rouge à sa suite.

Elles entrèrent dans la forteresse sous le regard suspicieux des gardes. Voir Gella aller et venir ne les surprenaient plus depuis le nombre d’année qu’elle servait la Reine mais l’étrangère avec elle les rendait suspicieux. Mais la jeune servante continua d’avancer d’un pas assuré et s’engagea dans les couloirs du Donjon Rouge, se dirigeant vers la tour de Maegor. A cette heure si de la journée, le lieu grouillait d’activité entre ronde des gardes, aller et venus des serviteurs et les nobles qui séjournaient dans la place forte du pouvoir du royaume du Sud. Bien des choses qui pourraient impressionner la jeune étrangère dans ce monde nouveau, qu’elle ne connaissait surement pas. Arrivé devant la porte des appartements de la Jeune Reine, elle croisa le regard de Domeric qui était de garde à ce moment-là. Le chevalier laissa passer les deux femmes bien que suspicieux sur celle qu’il ne connaissait pas encore.
« Ma Dame, voici la jeune fille dont je vous ai parlé. »

Rhaenys qui était assise en train de lire, sursauta légèrement au son de la voix de sa servante. Elle ferma l’ouvrage et le posa sur une petite table de bois d’ébène finement ouvragé avant de se tourner vers les deux jeunes filles. Le regard clair du Dragon Ensoleillé détailla l’inconnue. Elle était plutôt jolie malgré les vêtements qu’elle portait qui ne la mettait pas vraiment en valeur. Elle était jeune mais pas trop, entre quinze et vingt ans pas plus selon la jeune Reine. Elle pourrait aisément servir pour la vie au Donjon Rouge, et elle ne serait pas mise aux tâches les plus ingrates avec son jolie visage. Non, elle serait parmi les servantes les plus chanceuses si la fille d’Elia Martell décidait de garder l’étrangère au château quelques temps.
« Gella trouve lui des vêtements plus approprié à la vie ici s’il te plait. »

Sa servante s’excécuta et disparu derrière une porte annexe pour aller chercher ce qu’avait demandé sa maîtresse.
« Comment t’appelles-tu ? » demanda doucement Rhaenys.

Elle invita sa jeune invité à s’assoir sur un fauteuil afin qu’elles puissent discuter plus facilement.



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Petite, j'ai appris que perdre n'était pas un choix que l'on pouvait prendre. Il faut toujours se battre. Se battre pour montrer ce que l'on vaut, se battre pour ne pas mourir, se battre pour ne pas sombrer. Petite, j'ai appris comment vivre. Depuis, j'essaie de survivre.
Rhaenys & Næra



Port Réal
An 300, lune 6


Tout laissait à croire que la jeune fille emportait le malheur avec elle. Elle semblait le traîner à bout de bras avec une détermination étonnante. Ce fardeau la suivait docilement, en changeant tantôt de forme, tantôt de poids. Elle avait pourtant été bénite, des prêtres et prêtresses s’étaient agenouillés pour elle, mais rien n’y faisait. Son teint épuré et ses yeux doucereux n’y faisaient rien, elle était dans le rang des condamnés, aux côtés de ceux qui eux l’avaient cherché, ce malheur. À ce stade de son existence, elle passait pour ne plus être une battante, pour avoir abandonné sa vaine lutte et s’être conditionnée à sa piteuse existence. On plaisantait d’elle, on la prenait en mauvais exemple pour dissuader les enfants de tourner comme elle. Ici, à Westeros, elle était passée par plusieurs réputations. D’abord avait-elle été une clandestine. Des lunes durant, les rues étaient sa demeure, elle y avait fait foyer. Puis elle avait volé, mendié, pleuré et frappé. Finalement, son parcours ne s’était point amélioré ; elle fut embauchée comme prostitué dans un des bordels de la Rue de la Soie. Que pouvait-elle faire d’autre ? Lorsqu’un homme aux allures de bourgeois vint lui demander de le suivre, elle saisit là l’opportunité de voir quelque chose de différent, d’autre que cette triste routine dans laquelle elle s’était piégée. Lorsque ce même homme lui fit la proposition d’emploi, avait-elle réellement ne serait-ce qu’imaginer une réponse négative ? Elle ne le pouvait point, elle était condamnée à accepter. Cela, elle l’avait su, tout autant que cet homme qui lui avait fait cette demande. Sans doute était-ce comme cela qu’il se dégotait ses plus valeureuses employées, en allant les dépêcher de leur misère quotidienne. Peut-être que d’autres femmes dans cette situation eurent le cran de décliner l’offre, toutefois, ce ne fut pas le cas de Næra. C’est l’essence même de la tragédie : des milliers de personnes feraient tout différemment.  Elle, elle s’y était prise de cette façon. Ainsi se retrouva-t-elle dans un bordel, vêtue de soie, arborant de vertigineux décolletés. Elle ne fit pas long là-bas. Un incident causé par la jeune fille et aussi rapidement qu’elle y était entrée, elle se retrouva mise dehors de ce bordel. Son quotidien de mendiante pouvait reprendre, la jeune fille reprit sa place dans les rue du Culpucier, sous le regard moqueur de beaucoup. Rien ne venait ébranler ses journées. Rien ni personne : chaque jour était semblable au précédent, personne ne lui adressait la parole ni la regardait. Elle ne s’en plaignait pas, au contraire, elle appréciait ces instants de répit qu’on lui offrait. Outre le besoin de trouver sa nourriture, elle vivait une vie bien moins tumultueuse que dans le passé. Pendant plusieurs jours, elle crut que tout avait changé, mais très vite elle comprit que ce n’était pas le cas. Après une période d’armistice, les combats pour la nourriture reprirent, les vols également ainsi que les agressions. L’entraide était inexistante entre ces gens qui partageaient pourtant le même coup du sort.

* * *

Le commun des mortels se laisse généralement bercer d’illusions de sécurité. C’est ce que recherche l’homme ; la sécurité. Celle de savoir si notre porte est correctement fermée, celle de s’assurer que nos enfants ne courent pas de danger. Ces doutes qui nous envahissent quotidiennement nous terrifient, et le premier réflexe est de les anéantir pour nous rassurer. Comment ? La voie la plus facile est de se mentir, ou du moins de se soustraire à une pensée quelque peu biaisée qui nous procurera le réconfort souhaité. Celle du pouvoir en est une d’illusion, pour Næra. Elle n’a jamais cru au caractère rassurant des murs fortifiés. Les gardes ne l’ont jamais réconfortée, pas plus que les souverains bienveillants. Cette constante insécurité qu’elle nourrissait au fond d’elle provenait probablement de sa situation précaire et de son passé rempli de violence et de trahisons, mais cela remontait aussi très certainement à sa rencontre princière de Pentos. Ce Prince lui déroba bien plus que sa virginité ; il fut l’amorce de tout le reste. De sa fuite jusqu’au jour d’aujourd’hui, il l’avait amenée à prendre ce tournant qui l’emmena jusqu’aux terres de la Couronne, de l’autre côté du détroit.
« Næra ! » Tout s’était passé si vite. Sa rencontre avec Gella ne remontait pas à bien longtemps. Lorsque cette dernière lui parla de la Reine, elle décida de ne pas la croire. C’était une façon comme une autre de se protéger, au cas où rien ne se faisait, parce qu’il y a des choses bien pires que la misère ; ce sont les faux espoirs. Se savoir miséreux n’est pas si difficile, il s’agit d’une fatalité, souvent même d’une finalité. C’est un état d’esprit plat, sans tumulte ni changement, auquel nous pouvons aisément nous habituer. Les faux espoirs, eux, sont plus cruels. Missiles à tête chercheuse, ils pénètrent vos sens et visent précisément dans vos émotions pour vous emplir d’une joie, d’un sentiment biaisé de bonheur. Puis le missile implose et détruit tout cela. Vous retombez dans votre état de jadis et la chute est bien souvent violente. « La Reine a accepté de te rencontrer, suis-moi ! » Elle se retrouva soudainement propulsée dans ladite forteresse. Elle ne prit aucunement le temps de se poser des questions, de réfléchir sur ce qui se tramait autour d’elle. Elle marchait rapidement derrière sa nouvelle connaissance, traversa des paysages inconnus, subit le lourd regard des gardes posé sur elle. Suivre Gella sembla ne durer qu’une poignée de secondes. Les deux filles s’arrêtèrent soudainement, après qu’un homme les laisse passer. Toute cette activité qu’elle n’entrevit que très peu suffit à la perturber et à lui donner une sorte de nausée. Ce n’était point de l’admiration ni de l’étonnement ce qu’elle ressentait, mais un terrible sentiment de vertige. Toute cette population de gardes, de nobles et de gens importants l’insupportaient. « Ma Dame, voici la fille dont je vous ai parlé ! » Aussi étrange que cela puisse paraître, Naera prit du temps à comprendre qu’il s’agissait d’elle, cette fille dont ladite Reine avait entendu parler. Cela contribua à la rendre mal à l’aise, et pourtant ce n’était pas dans ses habitudes. Elle se sentit idiote de ressentir toutes ces choses, elle qui clamait haut et fort que les figures de pouvoir ne l’impressionnaient pas.
C’est elle, la Reine ? Cette question qui traversa subitement ses pensées était évidemment rhétorique. Tout sur Rhaenys Targaryen montrait qu’elle était Reine. Elle en avait l’air, c’était un fait. La native d’Essos n’était que perplexité : de quoi était-elle la Reine ? Quel pouvoir avait-elle, précisément ? Quelle était son histoire ? Et puis, quel était son nom ? Elle sentit le regard de la grande femme se poser sur elle, puis elle entendit enfin sa voix, la voix d’une Reine. « Næra de Brisevagues. » Elle lui avait répondu du tac au tac mais prit pourtant du temps à accepter son invitation sur le fauteuil. Elle demeura immobile plusieurs instants, puis finit par se résoudre à prendre place. « Et vous ? Comment vous appelez-vous ? Vous êtes une Reine m’a-t-on dit ? » Sa voix n’était que fierté. Ce sentiment de différence entre elles l’excédait au plus haut point. Elle se sentait si basse aux côtés d’une femme de visiblement si haut rang. Ses derniers jours passés dans les rues et dans un bordel ne faisaient que contribuer à augmenter son malaise. Pourtant, celui-ci ne se remarquait ni dans sa voix ni sur sa posture. Elle tenait à paraître impassible et fière. Ce n'était pas là de la méchanceté, pas du tout. Simplement un semblant de fierté que la jeune fille ne voulait pas lâcher. Aux côtés des personnes de haut rang, elle ne savait pas comment se comporter. Elle n'était pas particulièrement polie face à la Targaryen, et pourtant elle ne lui portait aucune haine, au contraire. Après avoir rencontré tant de mauvais individus, il lui était difficile, presque impossible, de croire en la bienveillance d'une parfaite inconnue.
 

Rhaenys Targaryen
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Naera & Rhaenys

    La jeune fille se présenta comme s’appelant Naera de Brisevagues. Un prénom fort joli et qu’elle portait bien. Rhaenys ne cessait de détailler la jeune demoiselle, cherchant à en savoir plus de par sa posture, de par ses mouvements, ses mimiques, sa façon de parler. Mais elle ne semblait pas très loquace. Elle semblait prudente, méfiante. Comme un chat qui ne vous connaissait pas et que vous cherchiez à approcher. La Jeune Reine pensait à cela, en voyant Naera. Une jeune fille perdue, venant de contrée étrangère au vu de son accent. Mais elle ne put dire lequel, la jeune femme n’avait pas côtoyé suffisamment d’étranger pour savoir d’où venait tel ou tel accent. Varys en avait un très léger, mais de nombreux marchands en avaient, sans parler des métissages qui faisaient d’étranges sonorités à l’oreille.

Finalement Naera accepta de s’assoir en face d’elle. Elle demeura silencieuse quelques instants avant de poser avec une franchise déconcertante. Beaucoup aurait été offusqué par cette question déplacée, par ce ton qui n’était pas vraiment approprié lorsque l’on s’adressait à une Reine. Mais à vrai dire, cela n’offusqua absolument pas Rhaenys. Elle sourit et eu un léger rire amusé face à la jeune fille. Ce n’était point de la moquerie, mais elle appréciait déjà la jeune fille que lui avait amenée Gella. Elle était franche, spontanée et ne ferait pas en sorte de la tromper avec de mielleuses paroles que certains nobles lui servaient à longueur de journée. Cela la changerait, et dans son entourage proche, Rhaenys aimait la franchise et la spontanéité. Le reste l’agaçait, elle devait entendre et être diplomate, souriante, neutre, impartiale durant sa journée, dès qu’elle posait sa couronne sur le sommet de son crâne. A l’abri de ses appartements, elle aimait être elle-même. Être juste Rhaenys.
« Je manque à tous mes devoirs. Je m’appelle Rhaenys Targaryen. Oui je suis la Reine du Royaume du Sud de Westeros et tu entendras souvent parler de moi comme étant : la Jeune Reine. Mais à l’abri de cet appartement, je ne veux pas être une Reine, je veux juste être Rhaenys. »

Elle avait suffisamment de tâche durant la journée, être Reine, être mère. Quand elle était ici, elle aimait la simplicité. Redevenir l’adolescente qu’elle avait été. Elle ne perdait pas espoir qu’un jour, elle redeviendrait cette personne. Il fallait juste que le temps face son œuvre. Que les esprits des nobles qu’elle dirigeait s’apaise. Ce n’était pas une partie des plus faciles, mais il fallait qu’elle s’arme de patience. Cela faisait un an, qu’elle était Reine. Un an que son oncle, ce monstre, était mort. Si certaines nuits, les cauchemars continuaient de la hanter, elle retrouvait lentement la paix en elle. Faisant chaque jour un peu plus le deuil de son époux et de sa fille partie trop tôt. Elle arrivait petit à petit à avancer dans ce monde qui lui était inconnu en réalité. Soutenu par quelques proches. Mais elle se sentait quand même affreusement seule par moment. Comme si cette couronne au sommet de la tête faisait fuir les gens. Comme s’ils pensaient qu’elle était différente car son titre avait changé.
« D’où est-ce que tu viens Naera ? Ton accent m’intrigue et ta spontanéité également. Peu de personne ose me parler ainsi. Mais toi, cela ne semble guère te déranger. Je suis intriguée. »

Le regard clair de la Targaryen se fit malicieux. Oui elle appréciait cette demoiselle venue d’ailleurs. Et cela ne risquait pas de changer, si elle restait ainsi. Cela faisait oublier à Rhaenys qu’elle était Reine, cela lui rappelait le temps où elle était juste une princesse Targaryenne affichant fièrement le couleur de sa mère partie trop tôt.


   

   
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Rhaenys & Næra



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An 300, lune 6


Les deux femmes s’étaient lancées dans un véritable combat de regard. Chacune détaillait l’autre, toutes deux étonnées de découvrir à qui avaient-elle affaire. Si l’une appréciait le franc parler, l’autre remarquait l’aisance des mots. Il y avait chez Rhaenys quelque chose de bel et bien royal qui était inébranlable. C’est ce qui frappa Naera en premier lieu, avant même que celle-ci ne se mette à lui adresser la parole. Aussi fut-elle étonnée par son ton, qu’elle avait imaginé hautain avant de venir. Celui-ci ne l’était pas, au contraire. Il n’était emprunt d’aucune supériorité. C’est ce qui la fit rester. Car en effet, elle n’avait pas prévu de le faire. Dans son esprit, un plan s’était établi. Elle se rendrait au rendez-vous, mais elle partirait au plus vite. Elle n’avait aucune envie d’être mêlée à tout cela. Les appartements royaux ne lui inspiraient que de mauvaises choses et elle n’y voyait que son passé. L’odeur qui y régnait était la même que celle des appartements princiers de Pentos, ou alors y pensait-elle si fort que cela trompait ces sens. Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle était censée ressentir, ce que la Reine désirait d’elle. Elle était tiraillée entre plusieurs émotions. Certes respectait-elle la jeune femme qui s’était présentée à elle, d’une sincérité étonnante. Rhaenys Targaryen, avait-elle dit. Un prénom doux comme le miel, qui sonnait doucéreusement à l’oreille et qui était sans doute plaisant à prononcer.Elle n'avait pas l'air d'être mauvaise, bien au contraire. Son visage était angelique, celui d'une jeune fille qui n'était peut-être pas prêt à porter la couronne. Comme si tous les maux de la société, dont elle était en un sens responsable, ne trouvaient pas leur place sur ses jolies et minces épaules. Pendant un court instant, Næra se perdit à la regarder. Elle la détailla avec des sentiments mitigés ; tantôt de l'admiration, tantôt de l'inquiétude. Elle était dans des appartements royaux, sa justice était intangible. Si elle demandait à voir la couleur du sang de Næra répandue sur le sol, elle le pouvait, elle en avait le droit. C'était cela, être Reine, et inutile d'être natif de Westeros pour le savoir. C'était la même chose partout. Quand les rois exigeaient, on s'inclinait. C'était l'ordre des choses, le rigoureux protocole de ce monde que la jeune fille d'Essos ne remettait guère en question. Elle entrait dans le système, y était encrée. Elle ne remettait pas en question beaucoup de choses et ne prenait que rarement le loisir de s'opposer à un principe aussi fort que l'était celui de la royauté. Elle n'était pas une révolutionnaire dans l'âme, souhaitait simplement voir sa vie s'écouler selon ses envies. Elle voyait des opportunités dans ce monde-là, elle n'avait nul besoin de voir les choses être changées. Elle acceptait ce qui venait à elle, et ce n'était pas par soumission mais par bonne conscience. Sans doute regrettait-elle certaines fuites de son passé, mais ce n'était que bêtise ; Næra était une fille inconstante, qui désirait un jour quelque chose pour la réfuter le lendemain. Peut-être par bêtise, sans doute aussi par rêverie, mais elle était ainsi. Il était difficile de prédire ses états d'âme. Aussi, lorsque la Reine s'adressait à elle, la jeune fille oubliait ses vieilles rancunes. Elle mettait de côté certains de ses aprioris et la découvrait telle qu'elle se présentait à elle ; la Reine du Royaume du Sud de Westeros, dont elle entendra souvent parler comme étant la Jeune Reine. La volonté qu'elle émit suite à cette courte présentation la rassura. Ici donc, elle ne serait pas Reine. C'est à cet instant que l'étrangère prit une décision ; ici, à cet instant, elle ne serait pas Rose, Renarde ou Næra de Brisevagues. Elle serait Célèste, hantée de ses vieux demons qu'elle assumerait, qu'elle ne tenterait pas de camoufler sous des couches de fausses identité et d'histoires fictives la concernant. Elle s'abandonnait alors à n'être qu'elle, après tout ce temps où elle avait fui ce passé qu'elle ne reconnaissait pas comme sien.
Une certaine lassitude s'était lue sur Rhaenys lorsqu'elle avait réclamé ne pas recevoir le traitement que son titre imposait dans ses appartements. Comme si elle s'était confiée en l'espace d'un instant. La fille qui siégeait à ses côtés avait ainsi pu déchiffrer le travail que ce devait être d'être Reine. Elle eut une légère compassion, ce qui était relativement rare chez elle. « Vous avez dit ne pas vouloir être Reine ici ? Eh bien, je ne veux pas être Næra ici. Appelez-moi Célèste, cela sonne bien mieux, ne trouvez-vous pas ? Mais ne le faites pas en dehors, on se perdrait dans le dédale de mes identités. Dans la réalité, je suis née à Pentos, peu avant la période de peste, suite à quoi j'ai vécu à Braavos avec mon père. Ces souvenirs sont lointains, je me rappelle bien plus mon retour à Pentos et les choses qui s'y sont déroulées. » Elle marqua une pause, qui se trouvait être nécessaire. Où allait-elle avec son monologue ? Allait-elle dévoiler toutes les pièces de son passé ? Sans doute Rhaenys avait bien mieux à faire. Combien d'histoires avait-elle dû écouter, en feintant de l'intérêt ? Cette réflexion eut le don de la freiner quelque peu dans sa démarche, et suite à ce silence, elle reprit la parole. « Événements qui m'ont emmené jusqu'à Myr, puis jusqu'aux Îles d'Été pendant quatre années. Connaisez-vous ces îles ? Tout est si beau là-bas. » Ça l'était probablement, sous condition d'être bien accompagnée. Elle ne l'avait été. « Et me voilà, après ces quelques voyages. Ce qui explique mon accent qui sonne si bizarrement je présume. Le votre l'est aussi pour moi, étrangé. Je ne suis arrivée que depuis quelques lunes sur vos Terres. » Si Næra était une étrangère pour Rhaenys, celle-ci en était une pour Næra. Cet état de fait les plaçait sur un pied d'égalité que nul facteur royal pouvait défaire. Les prunelles de la jeune étrangère se posèrent sur la Reine et elle parut soudainement toute intriguée, comme si un éclair de curiosité venait de la frapper à l’instant même. « Vous devez avoir une histoire digne des plus grandes épopées. Quelles sont les lignes qui la composent ? » Si la jeune Targaryen s'était habituée à un registre de parole plus distingué, elle n'allait pas recevoir ce même traitement de la part de l'étrangère. Celle-ci était directe et il ne fallait pas le voir comme un manque de respect. Si telle était son but, de manquer de respect, alors elle l'aurait immédiatement compris, et de façon bien plus claire. Sous son étrange accent venu de l'autre côté du détroit se cachait une abilité des mots, dont elle usait fréquemment pour parvenir à ses fins, aussi diverses et variées, bonnes ou mauvaises qu'elles pouvaient être. Sa curiosité avait pris le dessus, elle voulait connaître comment on devenait Reine sur ces Terres. 
 

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