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les étranges rencontres offrent souvent des résultats inespérés. [Pv Maege, Patrek, Lyra, Gysella, Alysane]

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les étranges rencontres offrent souvent des résultats inespérés



   
AN 299 LUNE 10 JOUR 6


L'atmosphère changeante du temps m'indiquait que nous étions bien au bon endroit. Le temps portait à mon regard les prémices d'un climat implacable et rugueux. Au loin se dessinait de hautes falaises recouvertes par la cime des sapins surplombant cette terre que nos ancêtres avaient par le passé colonisé. Ma respiration et mon souffle s'élevait devant moi une fraction de seconde avant de disparaître instantanément. Le climat était beaucoup plus froid, plus rude dans ces contrées que nous abordions il y a encore très peu de temps rêvant de pillage et façonnant notre image monstrueuse par le saccage et le meurtre. Aujourd'hui un tout autre dessein m'amenait à chevaucher le « Rascasse » au beau milieu de la baie des Glaces. J'étais devenu le capitaine de la flotte de fer, aussi prestigieuse que glorieuse je n'avais jamais aspiré à une telle fonction. Et pourtant me voici à la tête de cette armada à la puissance destructrice et mortelle pour tout homme. Cette lourde tâche qui m'incombait désormais avait suscité le respect que j'avais déjà acquis de mes hommes et de ma nièce, ma fille Gysella. Elle avait décidée de son propre chef de me suivre et je ne pouvais en être plus fier. Aucun doute qu'elle serait capable de grandes choses un jour. Un sourire illumina fragilement et partiellement ce visage à l'air si sérieux et déterminé que j'arborais.

Ce voyage n'avait pas été de tout repos et les conversations que j'entretenais avec mon hôte portant le nom Mallister en était l'une des nombreuses raisons. Le long manteau noir que j'arborais sifflait et claquait le long de mes bottes face aux bourrasques de vent s’engouffrant à travers les voiles, les haubans et les gaillards arrières. Je m'étais accoudé contre la rambarde du navire à part et observant l'île aux Ours. Avais-je bien réfléchis à toutes les questions ? Ce plan à l'allure si désintéressé aux premiers abords, constitué par ma propre initiative ne l'était pas tant que ça finalement. Peser le pour et le contre en sachant que la paix que nous offrions au royaume du Nord n'allait sûrement pas être bien accueillit par tout le monde. Néanmoins Asha Greyjoy avait réussit là ou d'autres avaient échoués. Elle avait des hommes, des femmes qui lui devaient beaucoup bien plus qu'ils ne pourraient jamais l'imaginer même dans leurs rêves les plus fous. Je lui devais aussi d'être ici, accompagné et prêt à montrer notre bonne volonté. J'engageais personnellement mes hommes vers un destin incertains auquel j'étais prêt à payer un sacrifice conséquent et mettre en gage ma propre sécurité, ma propre vie. Oh cela faisait bien longtemps que je n'avais plus peur de la mort, j'avais peur de l'oubli que ce qu'il reste de moi ne soit rien d'autres qu'un tas de sable, de limailles de fer et de sel dispersé aux quatre vents.

Mon ossature rugueuse frissonna et me fit ressentir la pilosité de mes bras s'engaillardir au contact d'un léger courant d'air froid sur ma nuque. Je reniflais quotidiennement passant le revers de ma main droite sur le bout de mon nez humide et fringant. De toute évidence je n'avais pas l'habitude d'être habillé aussi chaudement que ces soldats du Nord que j'avais décidé de ramener ici, au sein de leurs foyers. Un geste de plus montrant notre volonté de faire table rase du passé même si celui-ci ne devait jamais nous quitter. Une main frêle et froide se posa et empoigna ma main gauche et calleuse. Instinctivement j'écartais ce geste déplacé sans comprendre de qui il s'agissait. Mes yeux à la pigmentation bleuâtre se posèrent sur les traits de son visage regardant le vaste océan qui s'offrait à nous sans dire mot.

« Au moment ou nous arriverons ou nous allons. Je serais obligée de te laisser ? » Me déclara-t-elle alors que mes yeux continuaient de la scruter accoutumé et pourtant incrédule de la sentir, elle, sa présence à mes côtés.

« Oui, je suppose que oui... » Répondais-je en scrutant l'île sur laquelle nous serions bientôt mes hommes et moi.

« Et si il me prenait l'envie de rester ? » Rétorqua-t-elle de plus belle alors qu'elle avait cette façon bien à elle de montrer cet étrange et singulière affection qu'elle me voua pendant tant d'années.

« Tu sais bien que c'est impossible. » Poursuivais-je alors que je feintais son regard me suivre du coin de l’œil sans sourciller.

« Je ne vois pas comment m'en sortir. Quoi que je face je sent que je vais droit au même dénouement. Et au bout du compte je me demande si je ne ferais pas mieux d'accepter l'idée que je n'ai plus le choix. » Déclarais-je trouvant cet instant si étrange et qui n'appartenait cas moi si reposant.

« Tu es étrange encore une fois. Je te sent prêt à me suivre vers une issue qui te parais être moins inquiétante maintenant que tu sais que je vais t'y attendre. » Me lança-t-elle alors que mes yeux se plissaient sur son visage qui n'exprimait plus qu'une douleur et une peine affligée en regardant le mien. « Tu me manques tu sais ? » S'efforça-t-elle de me lancer dans un sanglot alors qu'aucune larme ne glissait sur ses joues.

« Tu ne ma pas laissé le choix ! Tu as menacée la seule famille qui compte à mes yeux ! » M’offusquais-je laissant ma langue fourchue contenir cette haine viscérale que je n'avais pas ressentis depuis l'instant, ce moment ou j'avais mis un terme à cette folie et pris sa vie. Lentement son visage reprenait un air calme, apaisant et doux me faisant reprendre à mon tour mon calme et détournant mon regard vers les plages au loin.

« Je t'ai connu mieux que n'importe qui donc je t'aime mieux que n'importe qui. Je vais guider ta conduite mais à la fin tu devras te résoudre à me quitter. C'est à ce moment que tu trouveras la paix qui ta toujours manquée. C'est à cet instant que tu trouveras la réponse que tu refuses d'entendre. » Termina-t-elle laissant sa voix s'éteindre subitement.

« C'est là ton unique dessein ? Venir me hanter ? Me tourmenter ? C'est ta façon d'expier la noirceur de ton cœur ? » Déclarais-je crispant mes doigts contre le rebord du navire avant d'entendre de ses fines lèvres violacées me murmurer à l'oreille.

« Non c'est la tienne... Et cette île est ta rédemption. » Termina-elle avant de disparaître alors que je surgissais de mes pensées. Revenant peu à peu à moi, je me passais une main machinalement sur le visage empoignant ma mâchoire me demandant depuis combien de temps j'étais resté dans cet état d'absence avant de revenir à la réalité dans laquelle nous étions tous condamnés d'errer.
Le temps de ma réflexion fut bref l'un de mes hommes venait m'annoncer que les chaloupes étaient prêtes et la cargaison déjà embarquée. La soixantaine de navires que je laissais derrière moi offraient à mes yeux un panorama particulier. Un part un simultanément nous sortions des embarcations avant de les rapprocher vers l'intérieur des terres. Là une délégation armée nous attendait déjà, portant les armoiries de l’illustre maison Mormont. Je jetais un bref regard à mes hommes leur faisant signe que tout allait bien se passer. Patrek Mallister lui semblait revigoré par une telle traversée. Gysella marchait silencieuse à mes côtés mais je sentais ses yeux me fixer et par moment me questionner.

« Vous savez ce que vous avez à faire Patrek. » Déclarais-je en arpentant les dunes de sables vers un sol plus abrupt et pentu. Mon front se plissait au fur et à mesure que des quelques baraquements et cabanes de pêches les insulaires de l'île nous toisaient avec aigreur et animosité. Je soutenais leurs regards puis détournais le mien, me forçant à regarder droit devant alors que mes hommes fermaient la marche avec la cargaison et quelques prisonniers dont Domeric l’Écorce qui semblait toujours aussi peu courtois depuis notre dernière rencontre.

« Ne tirez pas cette tête voyons ! Vous serez bientôt rentré chez vous vous et vos hommes. »
Tentais-je vainement de lui arracher une once de soulagement imprégner son regard mais en vain. La forteresse était située en hauteur, bien sûr elle n'était pas si grande que je l'imaginais du haut de mon navire mais, cela avait son charme. Nous pénétrions et nous dirigions dans celle-ci à la lueur de la lumière du jour traversant les embrasures des murs qui bloc par bloc composait ce bastion ancestrale. L'encadrure d'une immense porte s'ouvra alors sur notre passage se refermant aussitôt mes hommes ayant déposé à nos côtés la cargaison que nous venions d'apporter. J'étais à bonne distance, Gysella et Patreck à mes côtés face à une longue table vétuste et simplement sculptée. Là se trouvait devant moi une femme imposante non par sa carrure guerrière qui n'était pas à négligée mais par l'aura et la prestance qui se dégageait de ce regard impassible qui me toisait depuis mon arrivée. Elle n'était pas d'une grand beauté mais, ses yeux exprimait une quiétude et une force rarement égalée. Derrière elle un âtre brûlant et crépitant animait la modeste salle ornée des armoiries de la maison Mormont d'un ours noir sur champ de bois vert.

« Lady Mormont. » Déclarais-je lui offrant une respectueuse révérence dont je n'étais pas accoutumé. D'autres silhouettes semblaient imprégnées cette pièce mystérieusement je n'arrivais pas à me défaire de la sienne comprenant que trop bien les enjeux qui étaient entrain de se jouer.


 
     

         
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AN 299 LUNE 10 JOUR 6



“Rien n'est si dangereux qu'un ignorant ami ; Mieux vaudrait un sage ennemi.”

Comme bien souvent lorsque l’Hiver approchait, la cime des hauts arbres était plantée comme autant de lances fichées dans un épais manteau de brume. Partout, l’odeur du givre avait écrasé l’âcre senteur des épineux et des sous-bois, piquant le nez et glaçant la gorge même lorsque le soleil paraissait entre deux filets de nuages. L’air glacial s’infiltrait en tout lieux, des plages de galets jusqu’aux sommets des montagnes, et reprenait possession de ces terres qu’il n’avait jamais vraiment quitté. Même au sein de la demeure ancestrale des Mormont, le froid s’était glissé, bien que celui qui prédominait ce jour n’était dû en rien à la température extérieure. Dans l’âtre brûlait un feu ardent et éparse dont la morsure faisait craquer le bois encore humide, et les pétarades régulières de la sève qui s’enflammait ne parvenait pas à faire sursauter les silhouettes aux mines renfrognées qui étaient assises là, derrière une table à l’allure spartiate et rustique. Le Mestre soupirait, impatient et inquiet, et son regard nerveux allait à n’importe quel objet dont le mouvement attirait son attention. L’ombre d’un oiseau qui passait au dehors des étroites fenêtres. Le grognement impatient d’un des hommes rassemblés en ce jour dans le Hall à l’allure modeste frappé de ci de là de l’écusson à l’ours noir sur fond vert. Les lourds maillons qui pendaient à son cou gras. Tout, n’importe quoi pour échapper à l’insupportable attente. A sa droite pourtant, se tenait la maîtresse des lieux, et elle semblait aussi immuable que la statue menaçante qui accueillait les visiteurs depuis des siècles. Son dos était raide, appuyé contre le dossier sculpté de son fauteuil, et ses doigts calleux enserraient les accoudoirs gravés en gueules d’ours. Ses jointures étaient pâles de la force qu’elle exerçait sur le bois, moins pour se donner de l’assurance que pour se retenir elle-même de se jeter sur ceux qui passeraient le pas de la porte. Sa porte. Son souffle profond soulevait doucement le plastron de cuir qu’elle avait revêtu. Quand à la fourrure d’ursidé qui reposait sur ses larges épaules, elle était si imposante que les poils bruns striés de gris et de noir allaient frôler les bras du Bouclier-lige qui était assis à sa droite et du mestre, qui se trouvait à sa gauche. Le disciple de la Citadelle pouvait le deviner simplement en la regardant: son calme était aussi sordide que trompeur. L’Ourse était acculée, et en cela seulement, elle était plus dangereuse que jamais. Cela faisait déjà plusieurs minutes interminables qu’ils avaient tous été réunis, et aucun n’avait osé troublé le silence grave et lourd de sens qui s’était imposé à eux. Les notables présents formaient une assemblée hétéroclite comme seule pouvait en offrir l’Ile et l’on y trouvait aussi bien des chevaliers que des villageois. Sur chacun de leur visage la même expression concentrée et farouche, sur leurs lèvres, ce même pincement d’appréhension mutique. L’impensable allait se produire. Et il n’y avait pas de mots pour prévenir ce qui, il y a quelques jours à peine, leur paraissait inimaginable. Mais la lettre au cachet orné d’un rapace était arrivée, portée par des ailes noires, surprenante et affligeante; et elle avait arraché aux nordiens le rire tonitruant que leur aurait arraché une telle idée il n’y a pas si longtemps de cela.
Lachant un long soupir, Maege déglutit et serra ses mâchoires. Aux aguets, elle entendait et reconnaissait le son des bottes frappant le sol de son entrée, le bruit des étrangers qui allaient bientôt pénétrer son foyer. Elle les attendait de pied ferme, mais pour elle, c’était déjà trop. C’était plus qu’elle ne l’avait jamais toléré. Ses filles étaient là, près de la table où elle siégeait avec ses conseillers. Des fourmis se mirent à parcourir sa main droite alors que l’envie de se saisir de son arme, qui reposait appuyée contre le fauteuil, la démangeait; si bien qu’elle crispa plus fort encore ses doigts sur le bois. Cinquante ans que cet instinct sauvage vivait dans son coeur, dans le moindre recoin de son corps. L’ennemi était juste derrière la porte. L’idée était affreuse, la réalité, plus encore.
Le malaise qu’elle ressentait était complexe et sans doute inexplicable. Fer-nés et insulaires de la baie des glaces étaient liés par le sang par bien des manières. Conquis, colonisés, libérés, combattus. Il semblait à la Mormont devoir se confronter pour la première fois à une sorte frère haï depuis toujours, d’une haine dont nul ne pouvait retracer l’origine et dont personnel n’avait jamais eu l’audace de deviner l’issue. Encore fallait-il que la fierté des nordiens consenti jamais à regarder à quel point leurs lignages pouvaient s'entremêler, et, dans ce domaine, la maison Mormont n’était pas en reste.

Enfin, les battants s’ouvrirent, attirant comme un aimant les regards sauvages des hommes qui, si peu en avaient le titre, étaient tous de féroces guerriers qui avaient appris depuis longtemps à calquer leur comportement sur celui de l’imposante Lady. Implacable, elle couvrit l’arrivée de l’étrange délégation d’un oeil plus glacial encore que l’air au-dehors qui avait marqué leurs joues et qui ornait encore leurs souffles chauds d’un nuage de buée. Entrèrent deux hommes, ainsi qu’une jeune femme à l’allure efflanquée. Cette présence féminine l’étonna, mais ne lui arracherait ni sourire, ni sympathie. Hommage à la lignée matriarcale qui s’était imposée pour cette génération ou simple hasard, l’Ourse n’entendait pas y prêter plus d'intérêt que nécessaire et son regard ne quittait pas des yeux celui que son instinct avait désigné comme étant l’homme mystérieux à l’origine de cette confrontation. Elle le jaugea sans gène, ainsi qu’elle avait toujours eu pour habitude de le faire, mais le rictus franc et rieur qui ornait habituellement ses lèvres était absent. Une barbe rousse et dessinée, des traits durs et sévères, exagérés par la lumière rasante et blanche qui perçait les épais carreaux des fenêtres. Un visage à l’expression fermée,  intraitable et déjà exigeant.  Au moins, il n’a pas l’air d’un plaisantin. Se rassura partiellement la Mormont. Finalement ses yeux de pierre rencontrèrent ceux, bleus et perçants, du fer-né, dans un premier contact silencieux. Dans l’air marqué de l’odeur des sapins,de la terre froide et du feu, il avait apporté avec lui les relents salés de l’océan qui l’avait craché sur ses plages.
« Lady Mormont. »
Fermée comme un tombeau, Maege ne répondit pas. Il n’y aurait aucune formule de bienvenue, ce qui ne manqua pas de crisper à ses côtés la silhouette penchée du mestre, qui inspectait timidement les fer-nés. Elle ne lui accorda pas même un regard en coin. Pour eux qui comprendraient sans doute mieux que personne son silence, elle refusait de mentir. Negociations ou non, ils n’avaient jamais été les bienvenus sur cette île.  Autour du trio, les hommes alignés le long des murs échangeaient des regards tours à tours interrogatifs et entendus, anxieux et provocateurs.
Brusquement, ses pupilles pâles se détournèrent du roux pour se ficher dans celles du Conflannais. Bien qu’il arbora une crinière de jais et malgré l’ombre mutine qui semblait flotter en permanence sur sa face, si différente du faciès austère de Jason, elle devinait la ressemblance qui le liait au feu-Lord de Salvemer. Elle releva le menton et la fourrure qui reposait sur ses épaules sembla se hérisser.
Autoritaire et intransigeante, sa voix grave trancha l’air glacé:
“J’estimais votre père, Mallister. Aussi, je m’attends à ce que vous m’expliquiez ce que signifie tout ceci, et vite!”








   
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AN 299 LUNE 10 JOUR 6

Les yeux d’acier de Lyra Mormont scrutaient la Baie des Glaces. Le vent du nord, glacial, faisait frissonner la mer grise qui s’écrasait en petites vaguelettes sur la plage de la même couleur que les cieux tristes, couverts de nuages couleur de perle. Couleur d’Hiver. Il y avait quelques semaines, le fatidique corbeau blanc avait gratté à la rookerie, son plumage immaculé jurant parmi les dizaines d’ailes noires qui s’agitaient autour de cet étrange comparse. La troisième ourse était allée le cherché et avait déroulé le parchemin froissé accroché à sa patte. La Citadelle de Villevieille avait fait sa triste besogne, annonçant la terrible saison à travers tout Westeros. Cependant, le Nord n’avait pas besoin d’un oiseau et d’une annonce du Sud pour savoir que la neige les enterrerait bientôt. On ne dit pas à un Nordien que l’hiver vient. Ils le sentent. Leurs veines se glacent. Leur peau devient froide. Leurs poils se hérissent. L’environnement change. Le sol se couvrent de crevasses disgracieuses. Les arbres grelottent et leur écorce éclate. Les animaux fuient et se terrent dans leur trou pour échapper à la bise mordante. Et d’instinct, les hommes se réfugient chez eux, derrière leurs imposants murs de pierre et auprès de leurs grandes cheminées où brûlent des flammes hautes comme des chevaux de bataille, en espérant que cela suffira. Que cela suffira à survivre.

Malgré les mauvais présages que le manteau de l’Hiver trainait derrière lui, la jeune femme était profondément sereine. Jamais elle n’aurait cru pouvoir assister à l’arriver de la saison des glaces chez elle. En sécurité, dans le giron de l’Île aux Ours. Dans cette forêt qu’elle connaissait. Sur ces berges tranquilles qui l’avaient vue grandir. Dans cette demeure de bois, à l’abri derrière la sculpture qu’elle avait tant admiré alors qu’elle n’avait été qu’une petite fille sotte, persuadée que la violence ne résoudrait jamais rien. Elle osait encore y croire. Mais ce qu’elle avait vécu sur les Îles de Fer, son retour dans le Nord, les hurlements des blessés à Winterfell et le regard vide, perdu d’Alysane après l’enterrement de Marthe l’avaient fait changer d’avis sur le monde. Peut-être n’y avait-il plus de place pour la douceur et la bonté. Peut-être n’y en avait-il d’ailleurs jamais eu.

Lyra n’avait pas changé. Elle était restée la même, mais se montrait plus farouche et plus laconique encore que d’ordinaire. Elle aurait pu être élevé dans les bois, avec les ours, que les étrangers n’auraient pas forcément vu de différence. D’ailleurs, les étrangers elle les évitait dorénavant. Si autrefois elle les avait accueillis de bon cœur, un sourire ornant ses lèvres, elle n’était maintenant plus que méfiance et prudence.

Un long frisson remonta le long de son dos et elle se surprit à trembloter. Peut-être avait-elle froid depuis de longues minutes déjà, mais perdue dans ses pensées elle ne s’en était pas rendue compte. Elle s’emmitoufla dans sa lourde cape de fourrure brune et y enfouit son nez rougi par le froid. Elle en appréciait l’odeur chaude et forte qui la réconfortait.

Voilà plus d’une heure qu’elle était postée à l’orée de la forêt, dissimulée entre les pins et les ifs, assise sur une grosse pierre plate, à guetter l’horizon. Les Mormont avaient reçu une lettre il y avait quelques jours. Une missive d’un Mallister annonçant sa visite sur le fief de sa famille. S’il n’y avait que cela, Lyra s’en serait contentée et aurait peut-être fait une apparition furtive lors du passage du Conflannais. Peut-être. Or, il n’y avait pas que cela. Le Sudier ne venait pas seul et comme l’hiver, il arrivait avec son lot de mauvaises surprises. Il serait accompagné de fer-nés. Si ceux-ci venaient libérer les combattants capturés lors de la bataille confrontant Mormont, Conflans et Île de Fer, elle ne comprenait cependant pas l’intervention des barbares. Pourquoi viendraient-ils ? Ne pouvaient-ils pas simplement relâcher les hommes ? Pourquoi les raccompagner jusqu’à bon port ? Avaient-ils besoin d’une nourrice ? Certainement pas les soldats de l’Île aux Ours. Cette étrangeté laissait la jeune ourse perplexe soupçonneuse. Que voulaient-ils ? N’en avaient-ils pas eu assez de l’enlever et de la garder prisonnière d’une chambre froide et humide en des lieux étrangers où elle avait frôlé la mort ? Devaient-ils maintenant la harceler dans sa propre demeure ?

Un long sifflement strident retentit, grondant au plus profond des bois. Lyra n’avait plus besoin de sursauter ou de se retourner pour reconnaître et surtout sentir la présence de la dragonne blanche hantant l’Île aux Ours comme un fantôme. La saurienne avait senti quelque chose. Aussi, la troisième fille de Maege garda son regard rivé vers l’horizon trouble. Plusieurs minutes après l’avertissement de Solitaire, elle vit se dessiner les silhouettes menaçantes des bateaux qu’elle attendait. Elle aurait dû rentrer dans la demeure de rondins auprès de sa mère, d’Alysane et des conseillers, mais elle resta encore quelques instants à les regarder s’approcher, appréciant ce sentiment propre aux prédateurs. Si elle pouvait les voir eux en étaient incapables. Elle finit par se redresser sans prendre le temps d’épousseter sa longue robe verte, après un regard entre les arbres. La dragonne ne se montra pas.

Dans le grand hall de la forteresse Mormont, Maege était déjà installée dans son imposant fauteuil de bois sculpté, les yeux fixés sur la grande porte. Son air revêche et brutal aurait dissuadé le plus courageux ou le plus fou des hommes. Les cicatrices de son visage lui donnaient l’air de constamment grimacer. Mais peut-être n’avait-elle pas besoin de cicatrices. Sur sa gauche, Alysane affichait la même moue contrite. Lyra se faisait un point d’honneur à ne plus remarquer la barre de chair rose qui défigurait désormais ses traits durs. Elle n’avait encore parlé à personne de ce qu’il lui était arrivé et si elle se taisait, elle avait une bonne raison. La troisième ourse n’était pas du genre à tirer les vers du nez de sa sœur aussi, elle ne lui demandait rien. Elle s’installa à côté d’elle, non loin du mestre qu’elle gratifia d’un regard perplexe. La jeune femme avait sa foi réservée aux Anciens Dieux et ne comprenait guère sa présence sur l’Île depuis de nombreuses années déjà. Il n’aurait jamais pu être moins à sa place qu’en ces lieux.

L’atmosphère était lourde. L’inquiétude et l’irritation étaient palpable. Lyra pouvait clairement les sentir émaner de sa mère et de sa sœur. Les autres conseillers se jetaient des regards en coin, cherchant probablement une signification à cette visite mystérieuse. Si la fille de Maege éprouvait les mêmes sentiments, un autre venait se mêler aux premiers. Une peur qui lui faisait serrer les dents. Les fer-nés étaient-ils venus pour la chercher ? Elle avait négocié avec Asha le retour de son frère Theon contre sa libération. La nouvelle reine du Trône de Grès avait scellé la paix entre les Îles et le Nord. Aussi, il n’y avait aucune raison pour que l’on réclame son retour dans le Sud. Mais ses terreurs étaient aussi irraisonnées que soudaines et elle ne pouvait s’empêcher d’y penser.

Finalement, les lourdes portes de bois sombres s’ouvrirent sur les visiteurs. Lyra les reconnut. Elle ne put cacher sa surprise en observant Gysella Bronfrère pénétrer dans la pièce, suivant de près Norne Bonfrère. Elle avait connu l’oncle et la nièce dans des circonstances bien différentes mais, à l’image de sa mère et de sa sœur, fit mourir bien vite son étonnement pour se forger un masque dur. Elle ne reconnut en revanche pas l’homme aux cheveux de jais et aux yeux bleus qui menait la petite troupe à se présenter devant eux. Enfin, fermant la marche, elle vit Domeric l’Écorce et enfin ses lèvres s’étirèrent en un petit sourire. Il y avait au moins une bonne nouvelle à cette visite imprévue. Les prisonniers rentraient chez eux. Et la jeune femme ne pouvait que se sentir coupable d’avoir mené ces hommes aux geôles sordides des Îles de Fer. Après tout, ils y étaient allés pour elle. Elle qui avait déjà pris ses jambes à son cou, sans savoir ce qu’il se passait au large de Dix Tours.

La voix du Bonfrère résonna, mais Lady Mormont resta silencieuse de longues minutes avant de préférer apostropher l’homme brun qu’elle identifia comme Lord Mallister. Fidèle à elle même, Lyra préféra rester muette pour observer la suite de la conversation, non sans avoir toisé les invités d'un oeil mauvais. On ne pénétrait pas dans l'antre aux Ourses impunément.






   
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AN 299 LUNE 10 JOUR 6

L'hiver est là. Ça ne fait aucun doute pour Alysane, il est bel et bien là. A partir du jour où la vie de sa fille lui a été ôtée, elle a su que l'hiver arrivait et qu'il serait surement le plus long et insupportable à ses yeux. Ce n'est pas le froid ni la neige qui la dérangent et qui lui font redouter cet hiver, mais la solitude. La solitude est devenue la meilleure amie d'Alysane à l'instant même où Grand-Griffe a transpercé le cœur de feu son mari. Depuis cet instant là, le décès de Marthe est devenu réel, mais l'accepter était impossible. Il n'y a pas eu un seul instant depuis sans que ces images refassent surface. Même endormie tout était fait pour qu'elle n'oublie pas un instant de ce jour d'horreur. Des cauchemars, des voix. Puis cette peur. Peur pour son fils, peur de le voir subir le même sort. Malgré cette peur, elle n'a pas réussi à être présente pour lui, pas un seul instant. Elle n'y arrive pas, elle ne peut pas voir son corps encore si frêle. Si Marthe avait des chances de s'en sortir, Jeor, lui, était beaucoup trop jeune pour même comprendre ce qu'il pourrait lui arriver. C'est donc une des femmes de la maison qui a pris en charge l'enfant pour ne pas le laisser mourir ni de faim ni de froid.

Les choses ont beaucoup depuis ce jour. Le retour de Lyra principalement. Cette idée aurait réjouit Alysane plus qu'il ne fallait mais elle avait été incapable même d'esquisser une once de sourire. Elle avait simplement pris sa soeur dans ses bras mais même cette étreinte était faible. Son entourage avait beau la forcer à se sustenter, elle n'avalait pas suffisamment de nourriture pour tenir debout correctement. C'est dans son lit qu'elle a passé la majeure partie de ses journées. Le regard vide rivé vers la fenêtre de sa chambre. Le temps était à son image bien souvent, terne, gris, ne donnant en aucun cas envie de vivre. La seule raison pour laquelle elle était encore là c'était Jeor bien qu'elle n'était pas un exemple de mère depuis plusieurs semaines. Elle n'avait dit mot depuis les funérailles. Surtout pas à propos de sa cicatrice. Elle avait alourdi sa souffrance mais ce n'était pas ce qui la tourmentait le plus. Si elle n'avait rien dit sur l'origine de cette souffrance, c'était pour ne pas mettre en danger ni Touffu ni Guerrier. Ce sont des bêtes sauvages qui ne peuvent être apprivoisées. Mais elle sait que des sentences pourraient tomber pour cet incident. Il était hors de question de faire du mal à ces animaux. Personne ne doit savoir, pas même Maege, pas même ses soeurs. Lyanna joue parfois avec Guerrier, qu'adviendrait-il de leur amitié si quelqu'un apprenait la vérité ?

Ce jour-là, Alysane n'eut d'autre choix que de sortir de son lit. Elle n'avait mangé que très peu mais suffisamment pour avoir des forces et tenir debout. Elle était sortie contre son gré mais elle ne pouvait pas se permettre de manquer cette rencontre. Elle avait encore en elle quelques notions des priorités, elle ne pouvait pas être une faille à cette maison. Ces personnes qui venaient droit sur l'Île aux Ours sont loin d'être les bienvenus. C'est pour cette unique raison qu'elle a pris la décision d'honorer de sa présence. On lui a dit qu'elle n'était pas obligée de venir. « Et faire savoir à l'ennemi que nous sommes affaiblis par ma faute ? Ils vont certainement demander où je suis. » Tout le monde connaissait cette réalité. Mais comment forcer une mère qui ne voit même plus son fils à faire acte de présence pour ce genre de rencontre ? Alysane a encore le sens de l'honneur. Elle culpabilise pour son fils, c'est juste qu'elle ne peut pas le voir, pas encore. Elle sait qu'il lui faut du temps. Elle n'oubliera pas. Jamais. Mais elle retrouvera ses forces et son fils.

Elle s'est levée à l'aube pour se préparer. A la fois physiquement que mentalement. Elle sait que la colère pourrait prendre le dessus à tout moment. Fer-nés, sauvageons. Rien que leur nom lui font perdre son sang froid. Dès le lever, après avoir avalé ce que le cuisinier lui a préparé spécialement pour son état, elle pris le temps d'enfiler à nouveau son armure. Elle qui souvent a eu l'habitude de dormir avec, elle ne l'a pas remise depuis ce jour-là. Elle tenait à la mettre par elle-même. Qu'est-ce qu'elle serait si on venait à faire pour elle ce qu'elle faisait le mieux auparavant. Il faudra du temps mais elle y parviendra. Assise sur le rebord de son lit, tout est préparé soigneusement, mais Alysane doute, tout se mélange. Ca paraît pourtant simple comme ça mais l'idée de remettre cette armure est dure. Il le faut pourtant. Elle ne peut pas s'arrêter de vivre maintenant. Elle verra sûrement d'autres personnes qui lui sont chères mourir mais il faudra continuer à vivre pour ces personnes. Mais Marthe était tout pour elle. « Je dois le faire. Pour Lyra. Et aussi pour Jeor. » Il faudra tout de même de longues minutes avant qu'elle trouve le courage de se lancer. Mais au toucher de son armure, elle ne se remémore pas simplement les derniers événements mais aussi ce jour où elle a sauvé Dacey aux côtés de Jon ou encore ces fer-nés qu'elle a repoussé fièrement. Cette armure a une histoire et elle comprend alors que cette histoire a encore beaucoup de pages qui se doivent d'être écrites.

Une fois prête il faut alors affronter la vue de Grand Griffe. Cette épée en acier Valyrien que son oncle Jeor, le Commandant de la Garde de Nuit, lui a confiée. Elle a toujours été honorée d'en être la propriétaire mais elle ne pensait pas qu'elle tuerait le père de ses enfants avec celle-ci. C'est pourtant ce qui est arrivé. En réalité, la mort de ce dernier ne l'a pas plus affectée qu'elle ne le laisse entendre. Ce sont les circonstances. Mais surtout l'idée que Jeor en héritera. Comment lui dire que l'épée qu'il portera est celle qui a tué son père ? Il ne le saura probablement jamais. Alysane prend délicatement le fourreau qui contient Grand Griffe. Ce pommeau à la tête d'ours argentée justifie le nom de cette épée quand Alysane repense à la prophétie. Tout est clair dans son esprit. Elle dégaine l'épée pour admirer la beauté de cet acier valyrien. Le toucher est si spécial. Mais elle se demande si elle sera capable de se battre aussi bien qu'avant maintenant qu'elle ne voit plus que d'un oeil. Elle devra s'entraîner dûr, encore plus qu'avant.

Lorsque l'heure vient, tout le monde se réunit dans le grand hall, autour de la table. Alysane est encore hésitante. Elle sait que tout le monde doute de sa venue. Mais elle se doit d'être là, elle doit surmonter ses craintes et réunir toutes ses forces. Elle descend les escaliers, lentement, de peur de faillir, puis arrive enfin dans le grand hall. Elle sent que certains regards se tournent vers elle. Certains car ils la pensaient morte, d'autres surpris par la cicatrice très probablement. Mais la tension se fait ressentir, tout le monde redoute cette rencontre car il est impossible de savoir ce que ça présage. Alysane va s'installer aux côtés de Lyra, elle ne dit mot mais au fond est heureuse de ressentir sa présence. Puis la grande porte s'ouvre, laissant entrer des visages inconnus. Un homme à la chevelure mi-longue, brune et des yeux clairs, une jeune femme blonde et un homme plutôt imposant plutôt âgé arborant une barbe aux reflets roux. A en juger leur démarche, on peut facilement deviner que ce dernier mène la marche. C'est d'ailleurs le premier à parler. Et puis celle de Maege. L'ambiance est pesante et Alysane se contente d'observer. Elle est là pour faire acte de présence, rien de plus.  
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An 299 lune 10

    Le goût de liberté prenait finalement des allures amères dans ce monde trop enclin à la désuétude et à l’insatisfaction. Que restait-il de cette volonté de fer au sujet de ce renouveau qui présageait bien des grâces pour son peuple ? Que restait-il encore de cette hargne vengeresse propre à la houle indomptable des environs brumeux ? Rien. Plus rien n’avait d’attrait et à vrai dire, il semblait à la blonde que toutes les histoires qu’on avait pu lui conter jadis n’étaient en réalité que des mensonges.  Leurs ancêtres avaient-ils du vivre cet état de servitude eux aussi ? Loin était la gloire, loin était encore la bonne fortune pour finalement se rendre compte que peut être ne s’en sortiraient-ils jamais. On leur avait promis une victoire. On leur avait annoncé une suprématie sur un peuple et finalement, un regard vers l’avant portait à croire que tout ceci n’était qu’un leurre. En réalité, il semblait à la Bonfrère qu’ils étaient voués à rester dans cet état, passifs, endormis, et que seules les bonnes appréhensions des gens au dessus d’eux pouvaient les sortir de ce trépas. Le lendemain de la bataille navale qui avait opposé aussi bien des troupes du Conflans que du Nord, portait une tâche assez sombre dans le cœur de la blonde : celle d’une frustration qu’elle ne pouvait combler. Sa soif de vengeance était en exergue, dans le même temps que cette fierté quant à ce navire qu’elle avait pu acquérir lui paraissait presque inespérée. Pourtant quelque chose veillait à attiser sa méfiance sur le reste. La Reine avait choisi son camp et tous devaient endosser des rôles propices à ce que cette paix puisse perdurer sur leurs îles. La soif d’aventure devait être tue, dissimulée derrière des airs graves et on ne pouvait plus empathique par rapport au reste du monde. Une âme ne s’intéresserait pas à elle de toutes les manières. Elle n’avait que peu d’intérêt, surtout depuis que son oncle avait réussi. Ainsi la fierté se lisait sur son visage grave, ses pupilles répondaient admirablement à ce message qu’ils se transmettaient aussi bien l’un que l’autre dès lors que leurs regards venaient à se croiser. Il avait réussi. Norne avait enfin pu assouvir sa vengeance sur Gorold et ce masque lui sied à merveille. Le Rascasse étendait ses manipulations par delà les rivages de Shatterstone pour ainsi les libérer sur des intentions louables sur les îles qui se dessinaient devant eux. Retourner en arrière serait une erreur, aussi bien pour lui, que pour elle. Néanmoins, l’invitation incongrue de ce seigneur des contrés vertes laissait toutefois une arrière rancune dans les pensées de la guerrière. Pourquoi une telle présence ? Pour qui serait-elle bénéfique ? Gysella avait beaucoup à apprendre en terme de politique et de négociations, mais pourtant, il lui semblait que ce choix n’était en rien le meilleur. Asha en était-elle avisée ? Son âme de fer-née ne savait que répondre à cette question, et préférait la garder à l’esprit pour plus tard. Ce qui est fait est fait. Il n’était pas nécessaire de s’encombrer de songes susceptibles d’altérer la méfiance qu’ils devaient tous garder. Les terres se présentaient devant eux. L’équipage de la Bonfrère criait quelques recommandations quant aux sécurités qu’ils devaient adopter pour bien amarrer. L’hiver était là. Il leur tendait les bras, et c’est en serrant un peu plus cette peau de bête contre elle que les yeux de la blonde se froncèrent. Où nous as-tu amené Norne ? Songeait-elle à nouveau alors qu’elle vérifiait bien que son attirail soit finement attaché contre ses effets. Les ancêtres devaient bien sourire de là où ils les admiraient et le Dieu Noyé n’attendait surement qu’une chose en retour à tout ceci : que sa voix puisse s’entendre. Le serait-elle ? Les Nordiens étaient généralement des gens trop têtus pour vouloir entendre raison, et leur dédain sur les autres était d’un ridicule presque agaçant. Bien sûr qu’ils ne les entendraient pas, bien sûr qu’ils chercheraient à les faire fuir. Et c’était tant mieux. Car ainsi, la vengeance de la Bronfrère pourrait être mise en route et gagnerait-elle la libération de cette frustration qu’elle tenait depuis trop longtemps. Si Denys était là, pour sûr qu’il émettrait une réflexion concernant les filles qu’il allait s’enfiler. Rien que cette pensée fit sourire la Bonfrère qui s’activa alors pour rejoindre sa place auprès de son oncle alors que les navires accostaient. Néanmoins, la jeune femme ne put que se retourner vers celui qui se présentait comme son quartier maître et elle lui ordonna de reculer le boutre, sa méfiance était bien trop importante pour qu’elle ne veuille risquer son fer-prix à cette proximité.

A l’affût du moindre geste mais aussi du moindre faux pas, la Bonfrère lançait des regards de-ci de-là les alentours alors que quelques hommes commençaient déjà à tourner telles des bêtes autour d’eux. Le regard suffisant, la jeune femme se mit à sourire de l’un de ceux bien connu des Bonfrères avant de lancer un regard en direction des prisonniers qu’ils ramenaient chez eux. Là encore, son esprit n’était pas encore assez aiguisé pour comprendre les manipulations de son oncle, cependant, elle lui faisait confiance et ce aveuglément. Leurs présences étaient probablement un moyen de pression ou du moins un moyen d’échange face à ce qu’il comptait quémander. Mais là encore, la blonde ne connaissait les Mormont que de nom ou encore grâce à Lyra qu’elle avait pu déjà croiser par le passé. Aussi, se doutait-elle que ce qu’il adviendrait serait difficile ou bien téméraire dans les deux cas. Car si la famille était pareille à la jeune femme brune, alors Gysella leur reconnaissait un courage sans égale, mais surtout une force de caractère qui avait tendance à la pousser vers l’admiration. Car féministe dans son âme, la blonde revendiquait haut et fort de la force d’une femme et elle avait bien l’idée de montrer à ce monde d’hommes qu’elles avaient une place, et que cette dernière était bien plus ambitieuse que la leur. Asha n’était-elle pas devenue reine ? Lyra n’était-elle pas de retour auprès des siens ? Le monde continental n’était-il pas régi par des femmes ? Tous ces exemples laissaient Gysella sur sa faim et lui prouvaient qu’un jour à force de volonté et de détermination, elle y parviendrait aussi. Mais un rapide coup d’œil en direction de Patrek Mallister aviva une colère sans nom dans ses veine tant cette idée pouvait s’avérer mise à mal par l’existence d’hommes tels que lui. Autant l’avouer, Gysella n’appréciait pour rien au monde le Mallister. Elle n’aimait pas sa suffisance, son ambition et encore moins ses esprit qu’elle considérait comme trop machiste. La seule chose qu’elle appréciait chez lui était sa rancune et son tempérament de fer. Des qualités qu’elle jugeait bien utiles pour le monde dans lequel ils cohabitaient.

Le chemin les menait tout droit jusque vers les intérieurs froids, humides, venteux et moroses d la bâtisse. Un dernier regard en direction de son oncle indiqua à Gysella qu’elle devait lui faire totalement confiance sur ce qu’il allait se passer derrière cette porte. Et comme pour répondre à ce message, la jeune femme inclina doucement sa tête de manière affirmative tout en resserrant un peu la poigne de sa main sur le pommeau de sa lame. Le silence battait comme le joug pouvait s’abattre sur ses victimes, mais qui étaient-elles cette fois ? Le regret ne faisait aucunement parti de la dextre de la jeune femme et elle préférait mourir ici, en se battant plutôt que d’attendre que la mort vienne la prendre dans son lit. Mais ils n’allaient pas mourir, pas ici et pas encore. Norne ne l’aurait jamais emmené s’il avait jugé le danger trop important pour eux. Gysella commençait à peine à comprendre les raisons de sa présence, il voulait lui apprendre une nouvelle leçon. Elle était sa fille, celle pour qui il serait prêt à se sacrifier, tout comme il était le père qu’elle admirait. Les portes s’ouvrirent enfin et tous trois avancèrent de quelques pas pour ainsi pénétrer dans la grand-salle. Austères, sérieux, les visages ne cessaient de se refermer à mesure que les regards se toisaient par-ci par-là. La jeune femme prenait connaissance de la salle à mesure que les pas gravissaient cette proximité de plus en plus rapprochées. Puis, le silence s’abattit. Déportant son regard jusque vers l’attablée qui leur faisait face, Gysella posa d’abord ses yeux sur la carrure charismatique de celle qu’elle reconnaissait comme Maege Mormont. Son regard témoignait bien de cette suffisance nordienne qui avait tendance à énerver plus que de coutume la fer-née. Cependant, elle préféra rester de marbre alors que son oncle prenait la parole et osait briser la glace. Pendant ce cours laps de temps, la blonde ancra ses iris bleutés dans les amandes de Lyra autrement Greyjoy. Si on y prêtait plus ample attention, on aurait pu trouver sur son visage un certain adoucissement alors qu’elle constatait de la bonne tenue de la jeune fille. Elle avait réussi et elle était sauve. Chose qu’elle aurait elle-même désirée remplir, si seulement elle avait pu avoir son propre boutre plus tôt. Mais l’agitation autour d’eux rompit cet intermède pour laisser à Gysella le soin de décliner sa tête sur sa droite. Les hommes paraissaient interrogatifs, dubitatifs, chose qui allait dans le sens des fer-nés. Tels de vaillants soldats, ces derniers n’attendaient qu’une chose : que l’ordre soit donné. Mais ce dernier ne semblait pas venir, bien au contraire, puisque tous attendaient la réponse du Mallister. Serrant un peu plus la poigne du pommeau, Gysella avait envie de l’accabler d’un bon coup dans le dos pour qu’il daigne répondre rapidement, malheureusement, elle devait contrôler son impatience et attendre comme tout le monde que quelque chose ne vienne à être dit. Ses yeux se reportèrent une nouvelle fois vers l’attablée devant eux, pour cette fois découvrir un nouveau visage. Gysella ne connaissait pas les Mormont, mais elle reconnaissait tout d même les airs de famille sur les traits de chacune. Ainsi était-elle face à ces guerrières qu’elle admirait d’une certaine manière. Mais les temps et les camps veillaient à les séparer plus que de raison pour ne jamais les mettre sur la même route mais plutôt les asservir à se jauger les unes face aux autres.

   

   
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Le Nord. Voilà des années que le jeune homme n'y avait pas mis les pieds. Le climat n'était pas pour lui, trop froid, trop sec, trop rugueux. Patrek était un homme qui avait vécu sur les routes ou sur la mer, il avait grandi près de la mer et dans des climats humides, tempérés. Le Nord n'avait jamais été une terre de prédilection pour le jeune lord. Il y avait fait des rencontres, nombreuses. Mais voilà des années qu'il n'était pas revenu.

Alors pourquoi revenir soudainement en ces lieux qui, il fallait le reconnaître, étaient hostiles ? Disons qu'il en devait une bonne au fer-né. Et Patrek détestait l'idée d'être redevable de quoi que ce soit, il valait mieux faire les choses par soi-même que devoir quelque chose à qui que ce soit. Et pour le coup, l'Aigle de Salvemer n'avait pas eu le choix qu'accepter le coup de main d'un... fer-né. Il en aurait craché au sol s'il n'avait pas de bonnes manières. La mer ne lui était pas désagréable, le voyage ne lui était pas plus désagréable que cela non plus, il en avait l'habitude. Mais on ne pouvait nier qu'il semblait avoir pris dix années à force de ne pratiquement pas dormir - pour cause, les premiers jours, qu'est-ce qui lui assurait que le fer-né ne l'abattrait pas comme un chien ? Et ensuite la rugosité de la mer, la nourriture dont on devait se satisfaire, on ne pouvait pas dire que les fer-nés possédaient beaucoup.

On lui aurait dit, il y a à peine deux lunes de cela, qu'il serait sur une flotte fer-né pour aider un fer-né qui lui avait sauvé la vie, qu'il vous aurait soit ris au nez, soit conseillé d'aller consulter le premier mestre qui passait, au risque d'avoir une poussée de fièvre. Et pourtant c'était désormais le cas. Il avait peu fier allure, l'aigle décharné. Surtout lorsqu'il savait ce qui l'attendait, là, devant.

Les Mormont étaient ses alliés et ça : jamais il ne le remettrait en cause. Les Mormont l'avaient suivi courageusement à la bataille, ils n'avaient pas fuis comme certains. Les Mormont avaient été fiers et forts, se battant pour les même principes que Patrek : on ne touche pas à la famille, auquel cas ne vous plaignez pas des conséquences. Il avait énormément de respect pour les habitants de l'Île-aux-Ours qui n'avaient pas leur pareil à Westeros, ça, il en était persuadé.


« Vous savez ce que vous avez à faire Patrek. »

Sans blagues. Croyait-il qu'il avait oublié ce pour quoi il était ici et non pas chez lui, à Salvemer, à s'occuper de son Fort et de ses hommes ? L'aigle levait les yeux au ciel en remontant l'allée. Il ignorait superbement la Gysella Bonfrère à ses côtés, tout du moins, non loin de lui. Que croyaient-ils ? Que Patrek avait mille et unes autres choses à faire à l'heure actuelle ?

Cependant, Patrek ne mettrait pas à bas sa fierté et celle de sa maison pour des fer-nés, et ce, peu importait qu'ils lui aient sauvé la vie et qu'il leur soit redevable. Mourir avec fierté valait mieux que vivre car on avait ployé le genou devant l'ennemi. Ca, Patrek en était convaincu. Il avait assez ployé le genou ces dernières années, par cet instinct de survie qui le tenait. Mais il n'était plus un crétin qui courait la gueuse et les plaines. Il devait honorer sa famille avant tout.

Les lieux dans lesquels on les dirigeait semblaient austère et rugueux, tout comme l'était le Nord. Patrek les regardait tous un à un, des jeunes femmes qu'il avait connu de vu, de près comme de loin. Si décharné pouvait-il être, l'aigle était robuste et il en faudrait plus pour le terrasser. Devant Maege, il inclinait poliment la tête. S'il n'avait que peu de respect pour les femmes qui dirigeaient, on pouvait dire que Maege était l'exception qui confirmait la règle. Il n'y avait pas deux femmes comme celle-ci. S'il estimait que les femmes ne pouvaient diriger car elles n'avaient pas ce qu'il fallait pour ça, seule Maege était parvenu à le convaincre qu'il pouvait avoir tort sur ce sujet. Alors, comme il s'adresserait à un homme de haut rang, plutôt qu'à une jeune femme qui ne savait pas de quoi il parlait, Patrek répondait :

" Lady Mormont. Je me dois d'abord de remercier votre accueil, puisque nos têtes sont toujours sur nos épaules. "

Il souriait légèrement. Il tournait la tête vers les fer-nés, levait les yeux au ciel. C'était d'un ridicule qu'il avait envie d'éclater de rire, espérant que tout ceci était une plaisanterie. Il saluait d'autres signes de tête et de sourires légèrement forcés les filles ci-présentes.

" Lady Mormont, vous et moi partageons nombreuses choses. Si j'ose dire. Depuis des années, nos maisons se font harceler par ces pillards sans foi ni loi, leur courage ressemble plus à de l'idiotie que du courage. Nous sommes, votre maison et la mienne, partis en front contre ces même pillards qui ont osés souiller nos terres bien trop longtemps. Voilà trop d'années que nos Terres sont pillés, souillés par leur simple présence, leur simple existence. Je ne vous mentirai pas, Lady Mormont. J'exècre ces hommes tout autant que vous. Tous autant qu'ils sont. Je n'ai point mis mon peuple en danger pour attaquer ces lâches si j'estimais que cela n'en valait pas la peine. Je partage la même rancoeur que mon père à leur sujet. Je ne doute pas que leur présence vous incommode tous. Je ne suis point ici pour plaider la cause des fer-nés. Je ne prendrai point de risque pour des hommes qui n'en valent pas la peine. "

Un regard à gauche, un regard à droite.

" Lorsque ma discussion avec leur reine ou que sais-je encore s'est terminée, l'on m'a gentiment convié à repartir avant que nos flottes restantes ne se fassent abattre. Nous étions trop peu. Nous n'avons eu d'autres choix, encore aujourd'hui je le regrette. "

Oui, il regrettait de ne pas s'être battu jusqu'à la mort s'il avait fallu en arriver là, plutôt que repartir. Cela aurait pu être pour mieux revenir, c'est ce que certains avaient du se dire. Pourquoi avoir fuit ? Il avait une femme, un enfant, une amante, il avait beaucoup à Salvemer. Et il n'était guère le seul. Sur son lit du mort, aurait-il su accepter qu'il avait envoyé à l'abattoir tant de son peuple, quand l'occasion de les laisser vivre s'était présentée à lui ? Non, il n'aurait pas su porter ce poids. Si fort soit-il, il aurait mené des hommes à la mort quand s'offrait à eux l'occasion de survivre à tout cela.

" Certains ont du croire que nous reviendrons plus fort et plus nombreux, chose que nous aurions fait à la moindre menace de leur part à nouveau. Nous avons été attaqués sur le retour pour des maudits forbans. C'est cet homme là et sa flotte ..."

Dit-il en désignant le Bonfrère d'un signe de la main.

"... Qui est venu nous sauver moi et le reste de mon équipage. Ironique, non ? "

Il eut un rire, cynique. Il se frottait les yeux de la main. Il aurait pu tuer pour un vrai lit.

" Nous autres Mallister, on a notre fierté. Pactiser avec l'ennemi ? Plutôt mourir, ça n'a jamais été dans nos valeurs, cela ne le sera jamais. Pourtant, il me paraît étrange que cet homme là ait tué les siens pour me sauver la peau et celle de mon équipage. On aurait pu déclarer que c'était un couard, un ennemi des sien. Il aurait aussi pu me trancher la tête et la rendre à mon épouse. Force est de constater que ma tête est toujours sur mes épaules. Et je dois avouer la préférer ainsi et je dois avouer espérer que cela reste ainsi, au moins encore quelque années. "

Il regardait longuement Lady Mormont. A vrai dire, il n'avait pas défait son regard de celui de la Mormont sinon pour désigner ses compagnons et regarder qui était là et guetter leur réactions.

" Tuer les siens lui aurait valu la mort, chez lui. Pourtant me voilà ici, en un seul morceau. M'est avis que votre fille, lady Lyra Mormont, a été rendue saine et sauve. Il me semble que c'est toujours grâce à ce même homme qui m'a sauvé la vie. Avec tout mon respect, je doute que lady Lyra aurait été rendue saine et sauve avec un autre fer-né. Les valeurs, nous avons constatés que la plupart d'entre eux n'en avait pas, à se demander s'ils connaissent la signification de ce mot. "

Un autre rire cynique. Il retenait ses mots. Il n'existait pas suffisamment de mot au monde pour décrire la haine qu'il avait envers les fer-nés, il fallait être fou pour croire le contraire. Pourtant, lui-même devait reconnaître que Norne Bonfrère avait été d'une grande aide et qu'il ne semblait pas être comme tous les autres.

" Cet homme semble vouloir se démarquer des siens. Pourquoi ? Je l'ignore. Peut-être s'est-il rendu compte à son tour que les Îles-de-Fer et ses habitants ne méritaient pas qu'on s'y attache. Sans doute désire-t-il se refaire une vie, loin de ces couards, loin de ces pillards, loin de ces voleurs, violeurs, ces preneurs d'otages. Votre fille vous a été rendu, saine et sauve. Me voilà devant vous, sain et sauf. "

Encore que sain était discutable.

" Je n'ai guère d'autres choses à vous dire à l'heure actuelle, si ce n'est qu'il semblerait que cet homme, Norne Bonfrère, semble vouloir se détacher des fer-nés et faire sa propre route. Je n'aurais point pris le risque de me présenter en ces lieux et parler ainsi si je ne pensais pas, à terme, qu'il avait des choses intéressantes à dire. "

Il regardait toujours la Mère Ourse, se demandant ce qu'elle allait décider suite à ce long discours.

" Force est de constater que ces forbans ne sont pas tous les même, si incroyable cela puisse paraître. "

L'Aigle était éreinté, sa barbe avait bien poussée, ses cheveux étaient devenus bien longs et sales, il aurait bien bu un grand verre de vin et dormi durant trois journées, mais il se tenait encore là. Quand est-ce que ces idioties auraient une fin ? Patrek passait une main dans sa barbe fourni, brune mouchetée de blanc. Il était habile avec les mots à l'habituel, mais plaider la cause d'un fer-né était quelque chose de compliqué à l'heure actuel, pour un homme éreinté. C'était beaucoup lui demander. Et puis, prendre des pincettes pour parler aux Mormont ? A quoi bon ? Patrek savait qu'avec la maison Mormont, il fallait y aller franchement. Chose qu'il appréciait car prendre des détours tirés par les cheveux pour dire que blanc, c'est blanc, il n'en avait ni l'envie, ni la force, ni le courage.
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AN 299 LUNE 10 JOUR 6


Le regard mélèse semblait vide, fixant un espace remplit de bibelots et de silhouettes des personnes se détachant au travers d'ombres grandissantes face à la lumière du jour traversant la salle aussi vétuste soit-elle. La tension palpable rendait presque ce lieu suffoquant, implacable et éreintant. Contrasté avec le climat humide et froid de cette île mystérieusement rattachée à notre histoire il fut un temps. Un silence pesant régnait sans que mes yeux ne daignent réagir seulement fixer cette femme imposante et inspirant une certaine forme de prestance aux allures guerrières au milieu de cette table. Mon corps se dressait de tout son long observant le monde m'entourant. Je ne pouvais nier que tout ceci pouvait avoir des allures de négoces peu ragoûtante. Hors il ne s'agissait nullement de négocier quoique certaines personnes dans cette salle puisse penser. Mon esprit pouvait aisément ressasser des pensées qui obscurcissaient de bien des façons  comment cette entrevue allait bien pouvoir se terminer.

Se n'était pas sans risque de croire pouvoir mettre un point à la fin d'un chapitre et en commencer un autre avec autant d'impudence que d'audace avec laquelle je m'étais armé en arpentant le sol de cette île. En me dressant sans montrer aucune crainte face à ce qui pouvait se produire, se passer ici en ces lieux si loin de ce qui était à proprement parlé mon foyer. Mes yeux voguaient sur les visages me paraissant plus froid les uns que les autres. Je reconnais celui de Lyra Mormont et je cru un instant pouvoir y voir naître du soulagement. Sa condition de femme avait été désavouée au plus haut point et j'avais un attachement singulier à cette personne qui me semblait bien maussade, empreinte de cette ambiance froide dont sa mère devait inspiré toutes les femmes de cette table. L'une d'entre elle semblait particulièrement plus courageuse et plus téméraire à son regard, la cicatrice sur son visage malgré la distance pouvait se voir et ce que j'avais pour écho d'entendre s'affirma devant moi. Elles étaient farouches, d'une certaine beauté non pas par leurs atouts et leurs traits mais assurément par le comportement, l'aplomb et le courage de soutenir de leurs regards notre présence en leur domaine et face à elles.

J'entendais cette voix sévère et maîtrisée s'extirper d'entre ses lèvres. La suzeraine de cette terre en avait vu bien d'autres comme moi supposais-je relevant légèrement mon menton et ma nuque pour écouter l'ouïe attentive sans broncher. S'était un souffle glaciale qui me laissa de marbre car il n'y avait rien à commenter sur sa position marquée et quelque peu entêtée qu'elle avait envers nous, ce que nous représentions à ses yeux même si en bien des points quelques reflets similaires s'égaraient et nous rassemblaient de bien d'étranges manières.

Patrek commença son petit numéro. À vrai dire je m'y étais quelques peu préparé. Aussi prétentieux et présomptueux que ses aînés. Les conflanais avaient bien une chose d'irritable et cela les rendaient si médiocre dans leurs affaires de palabre qu'à leur façon de combattre sur un champ de bataille navale. Pour autant sa présence à mes yeux me garantissait d'avoir permit une approche plus calme même si il n'en paraissait rien. Je pouvais sentir le sang bouillir dans les veines de mes hommes, de ma nièce à l'écouter déglutir et fanfaronner peut être de fatigue à juste titre face aux conditions des plus rudes de notre vie sur les navires des Îles de Fer. Je ne réagissais pas, je ne devais pas. Au bout du compte il fallait qu'il règle sa part du contrat. Un léger pincement aux lèvres néanmoins me faisait sentir que cet homme là n'avait toujours pas et ne retiendrait jamais la leçon ou plutôt la correction que nous insulaires donnions encore et toujours aux continentaux sur notre propre terrain. Gysella aurait assurément eut envie d'en finir et le remettre à sa place mais il n'avait pas qu'un mauvais côté. Telle une pièce il était forcé de raconter ce qu'il avait vu et vécu malgré l'écrasante et accablante défaite et l’avisement d'Asha Greyjoy pour cet homme qu'elle détestait. Mallister si seulement vous pouviez prendre le dessus sur votre propre stupidité à vous convaincre d'autres choses que d’illusions et de rêves sur votre sois disante force et courage. Qu'encore une fois votre déclaration de guerre n'avait servit que d’autodafé à vos hommes et vos navires et qu'assurément une fois rentré chez vous se n'est pas en héros, ni en lord que vous seriez reçu mais en un couard et un lâche si il n'y avait pas eut la clémence d'Asha Greyjoy et le soutien d'une majorité des capitaines des navires vous ayant fait saigner telle les pourceaux effrayés face au gibet d'un exécutoire imminent. Votre honneur n'était pas sauf, votre vie pour quelques temps du moins ironisais-je pour moi même me demandant bien comment une telle personne pouvait être important au Conflans finalement. Mais alors que je pensais m'extirper enfin de ce mutisme je percevais encore sa présence et cette fois celle des autres autours de moi aussi. Elle se mouvait dans cette salle que personne à part moi pouvait voir passant entre les ombres et les silhouettes de cette pièce. Je ne montrais aucun signe d'alerte je faisais mine de ne pas la voir et pourtant je craignais qu'elle ne me déstabilise, qu'elle ne me parle et me montre faillible dans un instant aussi crucial.

« Où est-ce que vous êtes ? » Siffla t-elle apparaissant soudainement à côté de moi sans que je ne change de trajectoire mon visage et ma vision. Ou étions nous ? Une cage, dans le ventre de cette chose qui nous a tous avalés. Pensais-je alors que j'entendais son rire empreint de gaieté me hanter telle le fantôme sépulcrale qui allait sonner le tout dernier glas. Je crains de ne pas être vraiment à la hauteur de ce qui nous attend maintenant. J'ai toujours pensé que ce voyage finirait en bataille. Qu'ont se battraient pour préserver les choses auxquelles on tient. Je l'avais compris, je m'y étais préparé mais, vu la tournure que prennent les choses... Je sais déjà ce que je vais trouver au bout de cette route. Un jugement sur les Îles de Fers, sur ce que je représente moi. Sur l'homme que je suis devenu après tout ce que j'ai essayé d'entreprendre et c'est ce jugement que je redoute le plus. Continuais-je de me rappeler qu'il ne s'agissait pas ici d'un jeu mais belle et bien de la réalité.

« Tu peux le défendre cet homme non ? Tu as d’excellent arguments en sa faveur à mon avis. » Continuait-elle de me dire sans que je ne laisse mes lèvres bouger alors que je pouvais entrevoir celle du Mallister continuer de parler sans jamais s'arrêter. Pour certains de ces actes oui pour la plupart même mais nous savons toi et moi Mariannah que le capitaine Norne a fait parfois des choses qui sont totalement indéfendables. Je dois faire en sorte que mes arguments soient convainquant quand je serais seul face à elle. M'arranger pour qu'ils ne sachent que très peu de chose sur moi... Enfin je parle des choses les plus sombres. Et au moment ou ils me révéleront qu'ils sont au courant de ce que j'ai fais tout s'écroulera. Car c'est la qu'elle portera son jugement, et ce jugement dépendra de ce qu'elle aura devant les yeux, c'est à dire moi, ou mon nom.

J'observais sa silhouette fine et sa chevelure brune se déplacer derrière la grande tablée apposant ses doigts squelettiques et blancs sur le haut des dossiers des Mormonts assises face à nous autres sans que je ne puisse réellement réagir si se n'est pour ensuite passé pour un fou, un forcené.

« C'est la jeune femme que tu as sauvée ? Elle semble si froide et cette allure sévère ne lui sied guère ! » Déclara t-elle avant de se pencher un peu plus sur elle. « Elle est plutôt belle, plus jeune que moi aussi. Elle est à ton goût ? » Déclarait-elle feintant un rire telle la mesquinerie d'une femme jalouse envers la vie. « Bien sur qu'elle est à ton goût. Suis-je bête sinon tu ne serais pas ici. »

Les voix s’éclipsèrent et Patrek Mallister terminait sa tirade saugrenue qui ne manquait pas de faire valoir l'importance que j'avais eux auprès de la jeune lady Mormont et permettre sa présence derrière cette table auprès des siens. Enfin tout cela était terminée, plus de vision pour le moment et cela tombait bien car il me fallait répondre assurément pour rectifier quelque peu le tir du conflanais un peu trop éreinté et insolent à mon goût. Je tournais mes yeux de gauche à droite d'abord sur Gysella qui me scrutait du coin de l’œil elle aussi semblant m'étreindre du regard pour me dire qu'il n'y avait rien d'inévitable ici. Qu'elle m'apportait au contraire le moyen d'affronter cette épreuve et d'y survivre. Tu es encore jeune Gysella, tu découvres tous ceci et c'est encore nouveau pour toi. Le fait d'être responsable de la  vie de tes hommes. Mais moi je sais ce à quoi cette femme qui dirige cette île doit faire face aujourd'hui. Le bien être de son peuple repose sur ses épaules. Elle ne nous laissera pas repartir vivant de cette île. Elle ne le permettra jamais. Chacun d'entre nous affronte la mort avec ses mensonges personnels. Certains se disent qu'il doivent se battre pour s'enfuir. D'autres qu'il faut essayé de parler pour exorciser le destin. Mais en ce qui me concerne, j'ai la sensation qu'il n'y a plus de mensonge en moi désormais. Puis mes yeux se posaient sur Patrek aussi fatiguant qu'il était je savais que ce genre d'hommes satisfaits ont la mémoire courte. Ils ont aussi une excuse pour craindre l'obscurité. Pour Patrek Mallister j'en savais bien assez sur lui pour savoir qu'il ne valait rien. Qu'il ne méritait même pas la moitié de l'attention qu'on lui accordait en cette salle.

C'était à mon tour de parler, à moi de jouer et de rendre les choses plus présentables qu'elles ne devaient l'être. Appuyer ou rectifier le tir voilà que je m'avançais vers la table sortant lentement sans geste brusque une lettre cachetée du signe du cracken d'Asha Greyjoy que je présentais au devant de la table faisant glisser le morceau de papier plié vers la lady seigneur et maîtresse en son domaine. Je reculais d'un pas, puis d'un autre sans la quitter du regard plaçant mes mains derrière mon dos croisant mes mains et déclarer mes paroles solennellement.

« J'ai un très grand respect pour vous lady Mormont. Aussi je ne perdrais pas de temps en palabre et irait vers l'essentiel. Je dois ma présence ici à Asha Greyjoy reine des Îles de Fer qui a permit l'évasion de votre fille de l'emprise de son oncle. Sa clémence me permet aussi de vous rapporter vos hommes ici présent sain et sauf ainsi vous pouvez constater qu'il n'y a pas que des forbans sanguinaires vivant sur nos îles. Ce que Patrek Mallister raconte à mon encontre est vraie. J'ai fais mes choix j'en assume pleinement les conséquences. Le monde change avec lui les peuples, les mœurs, les conflits.  Ce que j'ai fais c'est avant tout pour mon peuple car il en va de sa survie. Je partage la même vision qu'Asha Greyjoy, le monde change et il vaut mieux changer avec lui plutôt que de disparaître à jamais dans l'ancien. J'en viens même à me demander si la civilisation aux îles de fer n'est pas précisément ce que j'ai toujours essayé d'accomplir. Et si tenté d'y résister n'a pas fais de moi un opposant systématique à  tout ce que j'avais ressentis comme étant juste et honnête. Le pardon ma fait préféré le chaos plutôt que l'ordre. J'ai l'impression aujourd'hui qu'un pardon vaut toutes les victoires. Et que la chose la plus intelligente que je puisse faire est de ne rien faire du tout et d'accepter ce qui paraît être inévitable et qui devrait marqué ma fin en tant que capitaine. »

Je marquais une courte pause ravalant ma salive la gorge nouée par ces quelques derniers mots attristant et affligeant mon esprit sur leurs véracité. Mariannah avait raison, à propos du prix à payer pour jouer cette partie. Le... les choses que sa perte ma conduite à faire par la suite. Je comprenais désormais qu'il m'était impossible de faire machine arrière.

« Le désir d'établir une paix durable et véritable par la reine des Îles de Fer est réel. Plus aucun boutre fer-né n'attaquera les côtes conflanaises et du royaume du Nord. Je m'en assurerais personnellement. En gage de notre bonne foi j’apporte un présent de ma propre initiative et enterrer l’age de guerre qui n'a que trop durée et causé du tord à nos deux peuples. »

Je faisais signe à mes hommes de dévoiler le contenu des caisses. Nous n'avions pas grand chose sur nos îles mais nous ne manquions aucunement d'alcool et c'est plusieurs bouteilles de rhum que j'offrais gracieusement à la maison Mormont.

« Je sais ce que certains peuvent penser. Que cela est insensé et que plutôt que de nous laisser repartir vous devriez utilisez nos navires pour chasser sur les mers pour votre propre compte. Asha Greyjoy est une chance d'établir la paix et la survie de nos peuples. Mais pour être honnête si c'est la tout ce que je peux vous offrir mes hommes et moi seront tous mort avant le premier rayon du soleil. Parce que vous savez qu'il y a toujours un choix à faire et que vous n'avez pas confiance en moi.  Alors essayons d'imaginer ce que je pourrais être en mesure de vous offrir. Cela fait longtemps que vous vivez à l'abri des sévères conditions d'existence qui se trouve juste derrière les murs que vous avez battis ici. Mais à partir du moment ou cette guerre à commencée. Tout vos murs se sont effondrés. Et tôt ou tard vous serez de nouveau confronté à cette triste réalité. Vous vous rendrez vite compte qu'Asha Greyjoy propose une chance unique à saisir. Les fers-nés ont toujours pris ce qu'ils veulent, quand ils veulent, comme ils veulent. Ils prennent votre vie, votre amour, votre travail, votre esprit, votre foyer. Tout cela ma déjà été pris chez moi. Et quand vos murs finiront par s'effondrer alors la guerre viendra en chercher d'avantage ici. Nous ne le permettrons pas tant que je vivrais, tant qu'Asha Greyjoy sera à la tête de notre nation que cela se produise. Je suggère que nous nous entraidions les uns les autres en récupérant ce qui nous appartiens. Cette paix est un pas, un bond en avant lady Mormont et cette lettre ne fait que confirmer mes dires. »


 
     

         
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AN 299 LUNE 10 JOUR 6



Bear Island


Le trait d'humour du Mallister roula sur la mine de Maege comme une pierre aurait pu le faire sur une montagne. Comme une pierre, il chut pour ne plus laisser derrière lui qu'un écho triste et sordide. Vaine tentative d'adoucir l'humeur des hôtes contraints. L'ambiance était lourde, malgré le feu chaleureux qui brûlait, malgré la douce lumière hivernale qui perçait les fenêtres en éclats blanc et froids. Seule la poussière qui voletait dans les rayons pâles pouvait sembler joyeuse au milieu de ces faces mornes. Derrière les expressions glaciales qui avaient accueillis les visiteurs, étaient tapie dans les yeux des hommes cette même colère teintée de mépris envers cette race qui avait pénétré la demeure de leur Lady.
Les yeux de cette dernière ne quittaient pas les traits malicieux du Lord et sa bouche tordue par une cicatrice ne semblait pourvoir se défaire de la moue contrite qu'elle arborait. Lorsque le jeune homme lui rappela la bataille, sa gorge se serra. Si elle avait eu connaissance de cette flotte prête à la guerre, jamais elle n'aurait envoyé Domeric et ses hommes en mer. C'était une pensée horrible pour une mère, et la sensation de l'abandon dont elle s'était senti coupable en ne pouvant empêcher l'enlèvement de sa douce Lyra lui déchirait encore le coeur. L'amertume était atroce, ancrée par les regrets, mais la Mormont n'avait jamais laissé son âme trahir son devoir: elle régnait sur l'île aux Ours et  le jour où sa férocité serait corrompue par les larmes n'était pas près d'arriver. De toutes les personnes présentes autour d'elle dans le Hall, ses filles étaient sans doute celles qui le savaient le mieux.
A mesure que l'aigle déblatérait un récit autant rocambolesque que ridicule, le visage de Maege s'assombrissait dessous ses mèches cendrées. Son rire nerveux, appuyé par la fatigue dont il était visiblement victime, n'arrangeait guère son humeur.  Pourtant la Lady était immuable, figé et raide dans son fauteuil de bois rustique, presque absente alors qu'elle demeurait muette à la suite de ce discours qu'elle n'appréciait pas le moins du monde. Détournant le regard, elle embrassa à nouveau de ses yeux ternes la silhouette du fer-né qu’elle avait surpris en train de lorgner ses enfants. Sang de loup, sang de rivière et même sang de mer, les filles de l'ourse étaient valeureuses et farouches, mais cela n’empêchait pas leur mère de montrer les crocs lorsque une lueur d'appréciation venait orner l'oeil de l'ennemi. Un éclair d'avertissement fit apparaître des rides aux recoins de ses yeux ternes alors qu'elle plissait les paupières sans cesser de jauger les pupilles du fer-né. Ce même regard bleu, trop bleu au goût de Maege, et dans lequel elle avait perçu ce voile étrange qui éclipsait son éclat turquoise par moment. Rustre, elle n'en avait pas moins le flair des bêtes sauvages pour deviner la duplicité, voire les accents sournois de la folie.
Aussi, quand le capitaine s'approcha en rompant la barrière naturelle qui s'était érigée entre eux, le grondement qu'émis le molosse au poil noir qui roupillait sous la table aurait facilement pu avoir glissé d'entre ses lèvres serrées. La lettre qu'il déposa sur le surface rugueuse du meuble  pesait aussi lourd qu'un cadavre, lui sembla-t-il alors que le papier reposait tranquillement devant elle. Elle ne tarda pas à s'en saisir, malgré le regard interloqué du mestre qui aurait visiblement préféré la lire en premier, et à en rompre le cachet, la sensation du kraken de cire se brisant sous ses doigts lui laissant une jubilation étrange dans le coeur. La lady en parcourut les lignes tout en écoutant la voix du marin. Lorsqu'il eut finit, la dame de la maison Mormont ne releva pas de suite son regard vers lui, préférant s'attarder encore un peu sur les mots, pourtant rares, de la missive qu'il lui avait apporté. Un long silence suivit la fin du discours du fer-né, et peu à peu des têtes tournaient leurs mines interrogatives vers la femme qui présidait la tablée.

Un frisson courut le long de son échine et la fourrure épaisse qui reposait sur ses épaules sembla se hérisser. Soudain, un éclat de rire grave et sonore éclata dans la pièce, finissant d'attirer les regards vers la lady. Les intonations de son hilarité étaient à l'image de ses yeux qui ne souriaient point: cyniques, glaciales, et féroces. D'un geste négligeant elle tendit le bout de papier à son bouclier lige pour qu'il en prenne connaissance et, se calmant enfin, la voix encore chaude de son rire, elle finit par prendre la parole.
"Dites à votre Reine de garder ses mots doux pour ses courtisans, ils ne lui seront d'aucune utilité ici." Maege ignorait de quel bois était faite la petite Greyjoy, mais la candeur de ses mots était ridicule à défaut d'être touchante. Il était inutile de préciser qu'elle n'avait de ce fait que faire du respect du fer-né. "Ma "collaboration" à la libération de son frère... "Ses mots finirent dans un petit rire grave."Est-ce aussi ainsi qu'elle qualifie ma résignation à vous voir souiller le sol de mes ancêtres?" Les mines des insulaires aux visages barbus se renfrognèrent en entendant cela, offrant aux étrangers une expression identique au masque implacable dont sa plus jeune fille, Lyanna, les gratifiait depuis le début."Vous m'avez rendue ma fille, vous ramenez mes hommes. Comme intermédiaire vous choisissez un homme qui ne mérite d'autre titre que celui d'otage pour qu'il encense vos actes. Vous débarquez en accostant mes rives avec plusieurs dizaines de navires de guerre et vous me parlez de paix? Que ne faut-il être qu'un fer-né pour voir de la bienfaisance dans la menace. Du chantage, oui! Voilà ce que c'est!" Sa voix était montée crescendo, résonnant plus fort et plus profondément contre les murs de rondins, conclue par son poing frappé durement contre la table dans un geste qui trahissait sa colère. Sans un regard pour les caisses d'alcool, elle poursuivit d'un ton dur:" Ne vous souciez pas tant de nos murs que de vos navires, Bonfrère. Lorsque la glace figera la mer et que nos toits crouleront sous la neige, vous comprendrez que l'Hiver frappe indifféremment nos deux peuples, que nous soyons amis ou ennemis. Le monde change? Et comment change-t-il selon les Greyjoy? Si j'en juge par votre arrivée théâtrale je devinerais presque les silhouettes tordues de la conquête et de la colonisation." Tant de navires, une armée sur leurs plages qui les attendaient et des cadeaux aussi affligeants qu'insultants. Etait-ce le deuxième alinéa du traité de paix qu'ils avaient signé avec les Stark, l'annexion de l'ile aux Ours? Elle gronda. "Vous semblez fort satisfait de votre idée, mais vous feriez bien de ravaler votre fierté au plus vite, fer-né. Plus que jamais elle avait conscience de l'arme qui reposait contre son fauteuil et qui la démangeait comme si elle eut fait partie de ses doigts. La suffisance qu'il dégageait en lui présentant ses dires comme seule solution pour la survie du clan aux Ours l’horripilait plus que de raison. L'homme avait l'apparence solide, mais il avait autant de chance de sortir vivant d'une confrontation directe avec elle que de voir un sourire sincère s'épanouir sur les lèvres de la Mormont. "Unique, vraiment? Pourtant elle me rappelle la soit disant opportunité d'une autre lettre qui m'avait été envoyée, et qui parlait elle aussi de paix et d'un monde nouveau. Une lettre qui était aussi signée du nom de Greyjoy." Sa colère siffla, appuyant sur le nom du clan au Kraken, alors qu'elle se rappelait encore parfaitement l'écriture déliée et délicate, aussi sournoise que l'homme qui avait écrit ces mots."Cessez de vous voiler la face. Vous et votre reine savez que je n'irais pas l'encontre de la décision des Stark de vous accorder la paix que vous désirez tant pour accomplir plus tranquillement je ne sais quels desseins". Une jeune reine. Maege était loin d'être une stratège mais si la seiche souhaitait la paix d'un côté cela ne pouvait signifier qu'une seule chose, qu'elle souhaitait tourner son regard de l'autre." Mais ne me prenez pas pour une idiote et retenez bien ce que je vais vous dire. J'ai grandi sur cette île. Mes filles ont grandi au coeur de la Baie des Glaces. Chacun de mes hommes, aussi agé et malade pourrait-il être survivrait mieux à l'Hiver que le plus ardent de vos guerriers. Aucun de vos soldats ni aucun de vos Navires ne peuvent contrer les vents de l'Hiver ni les caprices des montagnes. Vous aurez beau prétendre le contraire aussi longtemps que vous le voudriez, nous n'avons aucun intérêt à consentir plus que ce que nos Suzerains vous ont accordé, dussions-nous nous battre jusqu'au dernier pour vous le refuser. "
Elle se redressa encore dans son fauteuil, faisant frémir la fourrure sombre qui lui servait de cape, elle releva son menton. Puisque le rouquin pensait savoir de quoi les Mormont étaient capables, elle se ferait un plaisir de le lui démontrer à la moindre incartade de sa part. Après tout, comme il l'avait si bien dit, il ne devait sa survie qu'aux dizaines de navires qui avaient jeté l'ancre sur les rivages de l'île et qui l'avaient suivit jusqu'ici comme un bouclier qui se comptait en hommes et en haches prêtes à frapper les habitants des côtes. " Si vous tenez à cette paix, Bonfrère, vous quitterez au plus vite ma présence à moins que vous ne vouliez décevoir votre chère Reine."Brusquement et lentement elle se leva, repoussant son siège derrière elle en faisant crisser les pieds du fauteuil contre la pierre. Le Mestre à ses côtés sursauta en la voyant esquisser un mouvement de sa main, comme si elle menaçait de se saisir de la garde de son arme. Elle poursuivit, implacable, lançant son propre ultimatum en réponse à celui du fer-né. "Si vous souhaitez rajouter quelque chose à cette fameuse idée dont parle cette missive, vous parlerez maintenant, sans détour! Et surtout, ne refaites plus l'erreur de présumer de ce qu'est l'Hiver ou la vie sur mon île."

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AN 299 LUNE 10 JOUR 6

Lyra pouvait sentir la tension émaner des corps immobiles de sa mère et de ses sœurs. Maege, les lèvres fines barrées par sa cicatrice, semblait toujours avoir ce rictus si caractéristique qui, lorsqu’il ne lui donnait pas l’air de souffrir, la rendait plus féroce et plus impressionnante encore. Alysane arborait les mêmes stigmates, le visage déformé par les griffes d’un ours. La peau était encore recouverte de boursouflures rosâtres et disgracieuses ainsi que d’épaisses croutes noirâtres qui ne semblaient pas décidées à tomber. Lyanna quant à elle portait la même expression butée que leur génitrice et sa bouche était pincée en une expression de profond dédain pour les invités qui avaient osés franchir la porte de l’antre. De vraies Mormont. De vraies guerrière. La troisième ourse avait malgré elle cette commissure qui lui donnait l’air de toujours sourire et la délicatesse de ses traits jurait avec le tableau qui l’environnait. Malgré tout, elle se sentait à sa place. Elle s’était toujours sentie à sa place sur l’Île aux Ours. Et aujourd’hui plus que jamais après avoir été arrachée à son foyer, elle se sentait appartenir à cette demeure de rondins habitée de femmes qu’on appelait change-peaux.

Patrek Mallister prit son temps pour répondre. Un rapide regard à Gysella lui indiqua que la jeune fer-née était prête à lui sauter à la gorge tant l’impatience bandait ses muscles à travers son pourpoint de voyage. La touche d’humour du Conflanais lassa l’assemblée de marbre. Peut-être Lyra aurait-elle ri dans d’autres circonstances. Mais ils n’étaient pas ici pour plaisanter. Elle ne put que dissimuler une grimace embarrassée. L’aigle du sud ne semblait pas comprendre la gravité de la situation. Jamais aucun barbare des Îles de Fer n’avait pénétré ici. Du moins, pas vivant. Les hommes et les femmes défendant les côtés avaient toujours été assez braves et assez vaillants pour repousser leurs attaques et renvoyer les meurtriers et les assassins avides là d’où ils venaient, loin au large et dans la brume. Et voilà qu’il en introduisant toute une flopée pour une raison obscure et qui sentait l’entourloupe à plein nez. La jeune femme lui rendit pourtant son salut, plus par décence que par réelle envie.

Puis, il se mit à parler. Lyra se demanda un instant si, durant son long silence, il s’était passé en mémoire ce qu’il allait dire. Car ses phrases ressemblaient fort à un discours tout appris et déjà tout digéré. Certes, il avait son éloquence et son charisme pour lui. Malheureusement, ces deux qualités étaient inutiles devant Maege Mormont. Durant un instant, la jeune ourse eut presque pitié de lui. Il était certain qu’il se ferait dévorer. Sa génitrice planterait ses crocs et n’en ferait qu’une bouchée. Il avait beau dénigrer les invités importuns qu’il avait trainé derrière lui et se placer dans le camp des nordiens, il n’en restait pas moins l’instigateur d’une telle rencontre et de fait était derechef placé du côté des ennemis.

Pire encore, il racontait son histoire. De cela, il ne faisait aucun doute que les Mormont n’y prêtaient guère d’importance. Cela ne ferait qu’enrager d’avantage la chef de famille. Où voulait-il donc en venir ? Quelle était la raison de sa visite ? Il était visiblement épuisé et ses mains décharnées vinrent frotter ses yeux bleus délavés de fatigue. Lyra en éprouva une compassion toute particulière. Elle avait l’impression de se voir dans un miroir. Ces mêmes chairs atrophiés, ces muscles éreintés, cette peau pâle et cette impression que tout tanguait autour de vous… Il était parti en guerre contre les fer-nés par colère, par hargne, mais également par honneur, pour délivrer une noble fille du Conflans, prisonnière comme elle des griffes d’un pillard. Il divaguait, visiblement, comme elle même avait divagué lors de son arrivé à Winterfell après deux semaines d’errance solitaire dans le Neck. Il disait ne pas pactiser avec l’ennemi or, n’était-ce pas lui qui se tenait à leurs côtés ? Il défendait Norne Bonfrère. Mais une nouvelle fois, la jeune femme ne pouvait pas lui en vouloir. C’était ce même homme qui l’avait aidé à s’échapper de Pyk, alors qu’elle attendait la mort, recluse dans la tour de grès. Ses yeux se posèrent un instant sur le pirate. Debout, inflexible, il semblait lui même attendre sa sentence qui sortirait tout droit de la bouche de Maege. Qu’avait-il donc à dire pour oser se présenter ici ? Qu’y avait-il de si important ? Elle avait espéré ne jamais le revoir car elle avait été persuadée que si une telle chose se produisait, cela serait dans des circonstances malheureuses. Elle espérait de tout cœur avoir tord. Car cet homme lui avait bel et bien sauvé la vie et elle ne serait pas en paix avec d’avoir pu payer sa dette.

Elle baissa le nez, presque honteuse, lorsque Patrek la mentionna. Elle qui avait toujours été la plus faible de ses sœurs voilà que l’évidence frappait encore de la bouche même d’un étranger. Elle avait eu besoin d’aide pour survivre. Cela n’aurait certainement pas été le cas avec Dacey, Alysane, Jorelle ou même Lyanna. Gênée, mais également en colère contre elle même, elle toisait le grand homme brun qui en savait plus qu’elle ne l’aurait cru. Elle n’appréciait pas que l’on parle pour elle. Après tout, elle était bien capable de raconter sa propre histoire.

Il avouait que le Bonfrère voulait s’émanciper de son peuple. Lyra lui lança une œillade surprise. Pourquoi venir à eux pour dire cela ? Un long frisson glacé remonta le long de son échine et vint dresser les cheveux sombres de sa nuque. Elle n’aimait pas la regard fixe de Norne. À quoi avait-il pensé en venant ici ? En venant ici suivi de boutres de guerre ? Il disait vouloir quitter les Îles de Fer mais en véhiculait tout de même les coutumes !

Un mouvement de la part de l’homme lui fit plisser les yeux. Sous la table, l’incroyable chien couleur de nuit qui ressemblait plus à un loup qu’autre chose grogna. La jeune femme sentit son souffle chaud sur ses pieds et il lui sembla un instant que le grondement sourd venait plus de la poitrine de Maege que de l’animal. D’un geste lent, il tira une lettre dont la jeune ourse reconnut instantanément le cachet. Asha Greyjoy. Elle l’avait assez côtoyé pour reconnaître ses armes. Le Bonfrère était-il un porte parole ? Il confirma ses pensées en affirmant qu’il était ici au nom de la Seiche. La jeune femme croyait les mots qu’il disait. La nouvelle Reine des Îles de Fer souhaitait la paix entre leurs deux peuples. De cela, elle en était persuadée. Sinon pourquoi l’avoir arrachée aux griffes de son oncle ? Pourquoi l’avoir cachée et protégée à Dix-Tours ? Pourquoi avoir laissée entrouverte la porte de la liberté ? Elle sourcilla cependant lorsqu’il clamait ne plus vouloir attaquer les côtes du Nord. Dans ce cas, pourquoi venir avec une flotte de navires fer-nés ? Elle fronça le nez lorsqu’il leur présenta des victuailles et de l’alcool. Ce n’était pas de cela qu’ils avaient besoin avec l’Hiver qui arrivait.

Les menaces teintées dans sa voix lui serrèrent la gorge. Il laissait planer l’ombre de la guerre et affirmait que l’Île n’y résisterait pas. Pourtant, elle avait vu des épées et elle avait vu des hivers sans jamais ployer l’échine. Sans jamais s’agenouiller. Que disait-il ? Avait-il seulement conscience du faux pas qu’il venait de commettre ? Soucieuse, Lyra détourna le regard vers sa mère pour étudier ses réactions. Elle avait fini la lecture de la lettre d’Asha.

Un rire gras et mauvais jaillit d’entre ses lèvres déformées. Que disait donc cette missive pour arracher ce sourire si sardonique à sa génitrice ? La troisième ourse fronça les sourcils lorsqu’elle mentionna la libération de Theon. Lyra avait négocié avec Robb Stark pour faire libérer le jeune homme dès son retour dans le Nord, la peur au ventre, craignant l’échec et donc qu’une horde de fer-nés ne viennent la chercher en représailles. Les choses avaient été complexes, les Stark étant des alliés des Arryn eux même en guerre contre les Greyjoy.

Maege était en colère. Sa voix teintée de rire s’était muée en sifflements rauques. La mention de la lettre d’Euron Greyjoy et le fantôme même de son nom manqua de faire s’étrangler Lyra qui portait encore en elle la terreur de son œil unique. Sa mère, telle un colosse, se mit droite et écrasa de sa stature ses invités. Cette fameuse idée… De quelle idée s’agissait-il ? Que proposait donc Asha qui méritait le déplacement d’une telle escouade sur l’Île aux Ours ? Pourquoi l’Île aux Ours, d’ailleurs ? N’aurait-elle pas dû être adressée aux Stark, cette missive ?

Lyra s’éclaircit la gorge. Elle se trouvait enrouée et elle se rendit compte qu’elle n’avait pas déglutit depuis l’arrivée des fer-nés. Sa voix calme et posée résonna presque comme un murmure lointain après les craquements orageux de celle de sa mère.

« Que dit donc cette lettre qui vous sert de bouclier, Norne Bonfrère ? En quoi sommes-nous plus concernés que les Stark par cette missive signée de la main d’Asha Greyjoy ? S’il est mention de paix, le nouveau suzerain du Nord sera plus à même d’en discuter les termes que nous. »

Car à ces questions, il n’était pas encore parvenu de réponses. La grande ombre du corps redressé de l’Ourse laissait planer l’ombre d’une bataille que les fer-nés, comme toutes les autres, perdraient. En particulier lorsque l’on savait qu’une dragonne dont les flammes rôtissaient déjà les troncs rôdait comme un fantôme dans les bois. Et Lyra ne voulait pas être celle qui planterait une flèche dans les yeux clairs des Bonfrère.






   
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An 299 lune 10

    Le mélange des inspirations qu’elles soient humaines ou bestiales imposait une cadence certaine quant aux soubresauts impatients des divers protagonistes. L’austérité des lieux paraissait même pâle en comparaison de l’animosité régnante dans les iris de chacun des présents. Cette scène était certainement à marquer au fer rouge, à la lueur d’un délabrement avide de cupidité mais accompagné d’une hargne certaine. Le temps se suspendait encore, apportant dans ces propres méandres quelques unes des arrogances que beaucoup appréciaient défier. Pour combien de temps encore tiendraient-ils tous ainsi ? Pour combien de temps parviendraient-ils à canaliser leurs caractères acerbes et violents ? Combien ? L’impétuosité de la tempête faisait rage à l’intérieur de l’être de la blonde. Son impatience un paroxysme dont elle n’était plus certaine de parvenir à contrôler. La pitrerie ne cessait de lui rappeler au combien ses jours étaient à compter. Tout cela à cause de choix qu’elle n’avait pas décidé elle-même, ou du moins pas sous cette forme. Son inexpérience transparaissait encore alors que sa confiance avait été aveugle quant à ce plan. Si seulement, elle pouvait faire machine arrière et ainsi retourner à cet instant… Son navire aurait pu glisser l’écume à l’heure actuelle alors que les poils le long de son échine se dresseraient non pas par crainte de ne plus jamais apercevoir la mer, mais en raison de l’adrénaline qui s’éveillerait face à une étendue indomptable. Qu’en serait-il de cette issue ? Nul n’avait de réponse et certainement pas elle-même qui jaugeait encore des diverses façades qui la toisaient de cette arrogance bien définie. Le vent tournait en faveur des ours, du moins pour l’heure, alors que leur position de force continuait à prouver à Gysella de cette erreur qu’elle avait faite. Suivre. Etait-ce donc toujours ainsi que de suivre une tierce personne ? Devrait-elle pour toujours rester en émoi afin de favoriser l’essor d’un autre ? Sa fidélité était sans faille, néanmoins cette dernière tendait à lui prouver que le temps ne jouerait jamais en sa faveur. Sa soif d’apprendre et de découverte n’en seraient jamais repues, surtout lorsqu’elle parvenait à comprendre que la confrontation avec les contrées vertes étaient vouées à l’échec. Il suffisait d’entendre le discours incohérent du Mallister pour en venir à cette conclusion. Plus ce dernier s’évertuait à vouloir ouvrir la bouche, plus l’envie de venir lui couper la langue titillait la main tremblante de la fer-née. La fatigue était réellement une excuse valable à ses mots ? De son propre chef, Gysella aurait bien admis que non, mais là encore, elle tentait de calmer ses ardeurs tout en repensant à ce qu’il en était réellement. Un gage de paix. Ce terme ne cessait de jaillir de la bouche du Seigneur à son côté alors que lui-même donnait l’impression de ne pas y croire. Pour ce sujet encore, la jeune femme ne comprenait pas les choix de son oncle. Lui, qui avait toujours anticipé les moindres actions des autres, lui qui avait toujours veillé à savoir de quel côté tanguerait le boutre et avec quelle force. Comment avait-il pu faire confiance à celui qui avait monté un semblant d’armada contre leurs propres flottes ? Les questions s’enchaînaient à mesure que ce discours continuait et faisait ainsi réagir la fer-née d’une manière mesurée. Son regard se planta dans celui de son oncle, désireux de lui prouver de sa vaillance quand à ce qui était en train de se passer. Cependant, sa réserve parvenait à percer ses attentes pour faire trembler derechef sa main. Qu’on le fasse taire. Elle pouvait elle-même user de sa dextre pour en venir à bout, il ne suffisait que d’un seul cillement de la part de son oncle pour qu’elle accède à cette requête. Mais là encore, Gysella se heurtait à une nouvelle falaise. Aussi grande qu’impétueuse, elle lui donnait l’impression que les songes prenaient le dessus sur tout le reste et que ces derniers s’avéraient néfastes pour tous. Un soupir las s’extirpa de ses poumons. Première réaction quant à cette retenue qu’elle ne pouvait plus contenir. Ils étaient en train de se confondre en excuses, du moins c’était l’impression qu’elle parvenait à croire. Des fer-nés réduits à un tel état face à des Nordiens ? Son sang ne faisait qu’un tour de plus à ce constat, ce qui l’incita à bouger un peu pour prendre appui sur son autre pied. Deuxième indice de son impatience. Pourtant, elle gardait encore son calme, Norne veillerait expressément à calmer les ardeurs du Mallister. Cet espoir la guettait, et si tel n’était pas le cas, elle se chargerait personnellement de lui assigner un bon coup dans le dos pour le déséquilibrer. D’ailleurs, il lui semblait que cette même idée venait de se partager avec son oncle au moment où ce dernier faisait quelques pas vers l’arrière. Mais là encore, il lui semblait que la réalité la trompait énormément.

Silencieuse, elle plaçait son attention sur les différents visages attablés devant elle. Toutes ces femmes captivaient leurs regards sur les belles paroles de Norne, mais pourtant aucune d’entre elles ne semblaient se dégager de cette indifférence qui trahissait petit à petit leurs intentions. Il n’était pas nécessaire d’avoir des qualifications en politique pour comprendre d’un seul regard qu’elles se moquaient éperdument de ce qu’il pouvait leur raconter. Leur jugement était fait, tout comme le sien l’était également. Les hommes croiraient toujours dompter les femmes et finalement, voilà qu’il en était tout autre. Un second soupir vint à la trahir, alors que le discours continuait favorisant par ce biais quelques détails qui auraient du jouer un rôle. En vain. Il suffisait de prendre considération d l’expression sur le visage de Maege pour comprendre que la peine était perdue d’avance. Ce soupir s’accompagna d’un dégout croissant alors que le terme « pardon » venait d’être cité. Etait-il réellement sérieux en osant mettre en avant cette faiblesse ? Le pardon n’était pas dans les mœurs de son propre peuple et voilà que Norne donnait l’impression à Gysella de trahir tout ce qu’ils étaient. Sa stupeur se traduisait doucement sur son visage alors que le Dieu Noyé s’imposait doucement dans son esprit. Sa fidélité lui serait à jamais redoutable et ce même à l’encontre d’un membre de sa famille. Son éducation, son apprentissage, son dessein et toute son existence reposait sur cette divinité ô combien respectée et voilà que son oncle, son propre sang osait bafouer ses traditions. Cela en était trop pour elle, trop pour son honneur et pour tout ce qu’elle était à part entière. Mais pourtant, elle gardait encore le silence alors que son sang bouillait dans ses veines. Jusqu’ou était-il prêt à aller encore ? Gysella préférait lui laisser le bénéfice du doute pour l’instant, par respect à ce caractère manipulateur qu’elle lui connaissait et dont elle espérait en reconnaître les détails d’ici peu. Peut être même les avait-elle reconnu au fil de sa tirade, lorsqu’il prétendait offrir sa protection par sa flotte au sein d’un peuple pour toujours ennemi ? La jeune femme n’y comprenait plus rien, pourtant, elle savait au fond d’elle que quelque chose d’important était en train de se créer. Non pas une paix, mais une main de plus dont ils pourraient en saisir les aides les plus bénéfiques pour peut être en tirer quelque chose. Quoi ? Les objectifs de son oncle étaient bien trop élaborés pour qu’elle puisse en comprendre quelque chose à terme, cependant elle préférait garder cette optique plutôt que se renfermer dans cette hargne qu’elle contenait avec de plus en plus de difficultés. Et visiblement, elle n’était pas la seule à connaître ce mal, puisque son regard se détourna rapidement de la personne de son oncle pour en venir à juger de la colère de la suzeraine des lieux. Maege Mormont lui donnait l’impression de perdre patience ou du moins de prétendre s’amuser d’une situation qui ne lui plaisait guère. La main de la fer-née serra un peu plus le pommeau de son épée alors que ses yeux clairs fixaient intensément les lèvres frémissantes de cette femme imposante par sa prestance. Sa respiration commença à se saccader à mesure que ses mots fendaient l’air à la manière d’une lame qui s’abattait volontiers sur le cou de sa victime. Quelle mascarade était en train de se dérouler ici ? Voici donc comment le Nord traite avec ce semblant de respect qu’on leur avait promis… Un rictus vint à se dessiner sur l’embrasure des lèvres de la jeune femme alors qu’elle retenait à son tour un rire. Non, elle ne rirait pas. Pas pour l’heure, pas alors que ses hommes risquaient leur vie pour une cause aussi idiote qu’un pauvre rêve d’une petite fille. Ce n’était pas Asha Greyjoy qui les avait menés à cette perte, mais bien Norne Bonfrère, qui avait eu un appétit trop imposant pour sa pitance. D’autant plus, que ramener ce seigneur était une erreur. Le discours continuait encore et donnait bien plus l’impression d’être un pugilat plutôt qu’une tentative d’apaisement. Le temps leur était comptait, il n’était pas nécessaire d’être érudit pour le savoir. L’impatience de la jeune femme touchait à son terme à mesure que les menaces jaillissaient telles des roches lancées à tout va. Sa respiration se hâta encore, laissant nettement présager de sa colère à venir, Gysella ne pouvait plus retenir son impatience et les mots employaient par celle qu’elle considérait comme étant courageuse ne firent qu’envenimer plus encore sa hargne. « Depuis quand la paix est un prétexte pour courber l’échine face à l’ennemi ? » Elle savait qu’elle susciterait des réactions, surtout de la part de son oncle, mais ça en était trop pour elle. « Vous êtes aussi fiers l’un que l’autre et voilà qu’on doit assister à cette perte de temps en se faisant traiter de lâches ? Ou étiez-vous quand vot’fille s’est faite prendre par le Greyjoy ? C’est donc ça un ours ? Faire passer ses propres intérêts plutôt que c’lui de ses enfants ? Vous dîtes être différentes de nous et pourtant qu’est ce que vous faites ? Vous n’pensez qu’à vous, comme lui ne pense qu’à lui aussi… » Elle pointa du doigt Patrek Mallister et laissait ses pensées prendre le dessus sur le reste alors qu’elle se reculait petit à petit. « On s’en fout de vot’ hiver et de vos miches ! On en a rien à faire que vous creviez ici sur vot’ île ou ailleurs, on se contente juste de suiv’ les ordres de notre reine. Que ça vous enchante ou non, on est là pour ça. » Ses yeux se plantèrent sur Maege pour quelques secondes avant que ces derniers ne toisent ceux des diverses filles présentes à table et ne s’ancrent finalement dans ceux de Lyra. « Dis à ton lord Stark qu’on est venus, qu’on vous a présenté ce qu’on devait et que vous étiez tellement à jouer à qui à la plus grosse que vous avez gagné le droit de vous débrouiller seuls face à votre grand hiver ! » Elle recula encore et cette fois c’est en direction de son oncle qu’elle croisa son regard. « J’te laisse continuer à jouer, j’ai cru en toi et tu viens de m’montrer qu’elle est encore là… » Secouant sa tête, la jeune femme tourna le dos et commença à partir dans le fond de la salle avant de se rendre compte que les soldats Mormonts lui barraient la route. Enervée, elle ne put que se retourner et souffler un bon coup avant de sortir son épée de son fourreau et lancer d’une manière impatience. « Qu’ils sortent de mon ch’min sinon vous aurez de quoi vous chauffer avec leurs entrailles ! » Gysella désirait simplement partir, retrouver le chemin jusqu’à son équipage et lever l’ancre pour partir de son propre chef et rejoindre Asha. Ainsi elle saurait lui expliquer à quel point cette paix qu’elle croyait obtenir ne serait jamais atteinte à cause de caractères aussi fermés que les huîtres pouvaient l’être en marée basse.

   

   
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AN 299 LUNE 10 JOUR 6

Cette ambiance pesante commence à être insupportable. Alysane voudrait simplement retourner se reposer et ne voir personne. Si elle est là, c’est simplement par obligation et pour éviter de montrer la moindre faiblesse aux ennemis. Au fond d’elle, il n’y avait rien, ni la force de sourire, ni la force de s’énerver. Elle était juste là, à tenter de paraître la plus neutre possible et tentant de se concentrer sur ce qui était dit. Elle savait pertinemment qu’elle n’avait pas son mot à dire, pas dans son état. Concernant la politique de l’Île, elle a toujours été en accord avec sa mère, Maege et à en juger sa façon d’être… Alysane savait pertinemment que ça allait mal se passer si le Fer-Né osait dire un mot de travers. La jeune ourse n’a jamais porté les Fer-Nés dans son cœur. Bien qu’elle n’ait jamais croisé ceux-ci par le passé et qu’elle n’ait jamais été opposée à eux directement, pour elles ils sont tous au même niveau et ne se gardent pas de le revendiquer. Ils ont une philosophie de vie bien à eux, ce qu’elle aurait pu respecter s’ils ne s’étaient pas attaqués aux siens et ce plus d’une fois. Mais ce jour-là, malgré la haine qu’elle portait à ce peuple, elle ne put la montrer, encore sous le choc des événements récents.


Elle écoutait donc cet homme parler, le Mallister. Lui non plus elle ne l’avait jamais rencontré mais il semblait être une connaissance de Maege. Alysane avait du mal à dire de quel côté il était. Son discours semblait vouloir caresser les ourses dans le sens du poil mais il y avait un problème dans ce qu’il plaidait. Il était du mauvais côté de la table, du côté de l’ennemi. Et pour quelle raison ? Elle n’arrivait pas à dire s’il défendait son voisin ou s’il tentait de le rabaisser. Son discours était trop confus pour Alysane qu’elle se contenta de regarder les réactions de ses sœurs ainsi que de Maege.

Mais le Fer-Né prit alors la parole, tentant d’expliquer les raisons de sa présence ici. C’était assez étrange aux yeux de la Mormont, jamais un Fer-Né n’avait mis les pieds ici sans que le sang coule. Il commença donc son discours qui, dès les premiers mots, parut ennuyants pour Alysane. Il était aisé de parler de respect envers Maege. Tout le monde dans Westeros semblait toujours parler de respect avant de dire « mais ». Il y a toujours un « mais » qui suit ces belles paroles. Certes son peuple était à l’origine de l’évasion de Lyra mais ils étaient également ceux qui l’avaient retenue captive. Encore un geste incompréhensible, même si elle était heureuse d’avoir à nouveau sa sœur à ses côtés. Mais tout ce discours sur un quelconque changement des mœurs des Fer-Nés semblait tellement ridicule et utopique que la jeune ourse eut presque envie d’en rire. Visiblement son discours ne semblait pas être au goût de ses hommes et plus particulièrement au goût de la jeune femme blonde à ses côtés. Elle semblait être une Fer-Née elle aussi et pourtant ne semblait pas partager les idées de cet homme, il était facile de le lire sur son visage mais aussi sur façon de faire du sur place comme si elle tenait absolument à dire quelque chose. Mais l’homme continua sur sa lancée, parlant de pardon. Un pardon pour quoi ? Pour toutes les vies retirées sur l’Île aux Ours ? Pour tous ces massacres perpétrés envers ces pauvres chasseurs et pêcheurs innocents tentant de survivre à la vie comme à l’hiver. Il semblait bien prétentieux. Prétendre obtenir le pardon pour son peuple d’actes qui ont été perpétrés sans raison depuis des décennies voire des siècles. Alysane se demandait si tout n’avait pas été mis en scène pour tenter de lui faire esquisser un sourire après tout ce qu’il s’était passé. Elle chercha la blague mais elle vit que tout était sérieux. C’était assez difficile à croire.

Alysane n’était visiblement pas la seule à ne pas croire à cette volonté de faire la paix. Non pas qu’elle ne désirait pas cette paix mais pourquoi faire confiance à un homme inconnu ? Pourquoi venir voir la maison Mormont et non pas s’adresser directement aux suzerains du Nord ? L’Île a été la plus touchée par leurs actes mais malgré tout, s’il est question de faire la paix avec les Mormonts, ils ont plutôt intérêt de faire la paix avec le Nord entier car, si ça ne devait tenir qu’à Alysane, jamais elle ne permettra les Fer-Nés de continuer leurs pillages et massacres sur les terres voisines sous prétexte qu’une soi-disant paix a été instaurée ici. C’est tout ou rien. Les hommes se mirent à ouvrir des caisses pleines de bouteilles. Pour quelle raison ? Une fête était-elle prévue ce soir –là ? Cet homme, ce Bonfrère, utilisait beaucoup le nom de sa reine. Alysane avait rencontré cette femme autrefois et elle ignore si ses intentions sont exactement comme cet homme le prétend mais elle fut autrefois comme tous ces hommes, elle a déjà débarqué sur l’Île bien qu’elle n’ait pas attaqué par elle-même. Alors pourquoi ne pas se déplacer par elle-même cette fois-ci ? Etait-ce aussi peu important pour elle qu’il était préférable d’envoyer un émissaire. Pourtant la guerre entre le Nord et les Îles de Fers durent depuis si longtemps que c’est un problème qui ne devrait pas être réglé de façon aussi légère et aussi peu avenante. Ce n’est pas le genre de chose que l’on tente de régler à travers une lettre. Il est si facile de faire des faux et aussi si facile de déchirer un bout de papier. Beaucoup trop de personnes tentent de se protéger avec ces armes, mais le feu, l’eau, la force des mains sont suffisants pour détruire des écrits.

Comme elle l’avait pensé, Maege était également du même avis mais elle, au moins, avait la force et le courage de les dire. Dans d’autres circonstances, Alysane aurait ri au nez de ces hommes et ces femmes, ne cherchant pas à perdre son temps à écouter de telles bêtises. Mais Lyra prit la parole à son tour. Alysane tenta de ne pas trop montrer son étonnement mais au final, elle devait se sentir concernée à cause de tout ce qui lui était arrivé. Mais elle n’était en rien responsable, si c’est ce qu’elle pensait. Elle ne devait pas se sentir coupable de tout ça.

Mais l’ambiance au sein de la grande salle changea radicalement lorsque la jeune femme blonde prit à son tour la parole. Alysane ignore qui elle est et quel est son statut vis-à-vis de l’homme qui propose sa soi-disant paix. Cette femme qui semblait ne pas adhérer aux paroles de cet homme se mit à attaquer Maege. Elle ne sait visiblement pas à qui elle s’adresse ou bien cette femme a plus de cran qu’il n’y paraît. Mais attaquer la corde sensible du côté maternel de Maege était risqué. Cherchait-elle la guerre ? Etrangement aux yeux de la jeune ourse, la blonde paraissait une Fer-Née bien plus sensée que l’autre homme. Sensée car plus fidèles aux idées de son peuple. Mais ses paroles commencent à mettre la jeune ourse en rogne. Elle qui était encore à pleurer sa fille quelques heures avant se sentait touchée directement. Ces paroles ne peuvent sortir de la bouche que d’une personne qui n’a pas d’enfant elle-même. Si elle pense qu’une mère peut protéger ses enfants à chaque instant de leur vie, c’est faire une erreur. Même chez les Mormonts, c’est une chose qui semble presque impossible. La jeune femme blonde tenta de s’enfuir après avoir dit ces mots. « Devrions-nous vous applaudir pour avoir suivi les ordres de votre Reine ? Pourquoi ne vient-elle pas directement nous faire part de son envie de paix ? Et pourquoi devrions-nous faire confiance à un bout de papier ? Vous dîtes que tant que vous serez en vie ainsi que votre Reine, rien ne nous arrivera. Mais je doute que tout votre peuple soi de cet avis. Et vous le savez aussi bien que moi, vos hommes et vos femmes n’en font qu’à leur tête et ne se soucieront pas d’une soi-disant paix établie. S’ils veulent nous piller et tenter de nous massacrer, vous l’avez dit vous-même, ils le feront sans demander leur reste. » Alysane tentait de se calmer. Elle s’était jurée de ne pas intervenir, mais elle ne pouvait pas laisser les choses comme ça. « Et vous ? » dit-elle en s’adressant à la jeune femme blonde. « Je reconnais que vous avez plus de cran que ces hommes ici présent pour dire ce que vous pensez. Mais que savez-vous du rôle d’une mère ? Et puis pourquoi cherchez vous à fuir ? Il ne me semble pas que vous ayez été conviée à quitter cette salle. » Si elle ne voulait pas se trouver ici, elle n’avait pas à venir en premier lieu. A montrer en public des tensions avec l’autre homme, elle avait exposé une faiblesse.

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Patrek avait envie de dire ; mais quel crétin. Pas à lui. Mais bien à Norne Bonfrère. Quel crétin de parler ainsi aux Mormont. Être direct et franc était une chose, les insulter sous leur propre toit en était une autre. Patrek n'avait jamais craint aucune femme, mais les Mormont n'étaient pas n'importe quelle femme. Même Lyra Mormont sous ses doux airs, il était convaincue qu'elle était féroce. Même la petite Lyanna Mormont aurait été prête à en découdre avec eux s'il avait fallu. Patrek avait parlé pour le Bonfrère et se disait qu'il valait mieux cesser le massacre dans lequel il plongeait tête la première. Les fernés et les nordiens n'étaient sans doute pas fait pour s'entendre, allez savoir.

C'était un fait d'avoir du cran mais Patrek restait sur l'idée que confronter les Mormont avec virulence n'arrangerait rien, ne pas réveiller un ours endormi était une règle de survie. S'il ne tenait pas à la vie, que pouvait-il y faire ? Se jeter dans la tanière des ours et les provoquer, c'était son soucis désormais. Qui plus est, Patrek n'aurait pas pu parler pour le Bonfrère au vu des sujets évoqués, le traité de paix avec le Nord n'était pas de son ressort, les paroles d'Asha Greyjoy ne le concernait pas pour cette lettre. Alors il attendait, se tenant un peu plus droit, les mains dans le dos en regardant les visages de chacune. A elles de juger ce qu'il adviendrait des fernés.

La réaction de Gysella était assez prévisible. Elle aurait peut-être du elle-même mener cette conversation, tout comptes faits, gérer cela. Entre guerrières, sans doute. Cela aurait peut-être pu paraître moins insultant, qu'en savait-il. Il regardait simplement Maege faire, il regardait ses filles autour. Toutes avaient subis les visites des fernés et il allait de soi qu'elles pouvaient être sceptique de la raison pour laquelle Norne Bonfrère se présentait chez elles. Néanmoins, si celles-ci connaissaient bien les fernés à force de les combattre, elles devaient bien se douter que si les fernés avaient voulus attaquer, ce serait chose faite depuis longtemps. Ils n'auraient pas pris la peine d'entrer chez eux, ils n'étaient pas assez fin ou assez fourbe pour se réduire à cela, ils préféraient attaquer de front que s'immiscer dans les maisons avec un leurre pour attaquer tout le monde ; il devait bien leur reconnaître ça. Ils n'étaient ni subtiles ni fourbes. La conversation parlait pour elle-même, d'ailleurs. Il se sentait de trop, dans cette conversation qui ne regardait que les fernés et les Mormont.

Alysane Mormont frappait fort elle aussi dans ses mots. Mais à nouveau, cela ne l'étonnait pas. Le discours était parti pour être une lutte acharnée pour que chacun ne saute pas sur les autres et tape dessus. Il se serait presque mis à compter combien de minutes cela prendrait pour qu'un d'entre eux lève le poing.
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AN 299 LUNE 10 JOUR 6


Maladivement muet, le mutisme me sciait dorénavant bien plus que je ne laissais y paraître. Cette tension palpable n'avait pour moi aucun intérêt, je comprenais parfaitement les positions, les ressentiments, la rage, la haine viscérale que tout à chacun semblait se plaire à jouer devant mes yeux et pour cause j'en étais l'auteur. Cette impression d'incompréhension volontaire je suppose de la part de mes interlocutrices aussi bien à mes côtés que face à ma personne me semblait d'ôter d'aucune sagesse, d'aucun esprit d'apaisement et pourtant le monde devrait faire avec dorénavant. Le méprit est plus aisée que le pardon en cela je le comprenais âprement à mes dépends. Je n'avais pourtant pas lésiné sur mes efforts mais cette fois cela ne semblait pas encore suffire. À quoi bon finalement ? Avais-je beaucoup à perdre ? Mon statut, mon rang ? Mon domaine ? Tout cela n'avait pas d'importance à mes yeux je n'avais cure de tout ce petit jeu et encore une fois j'avais fondé peut être trop d'espoir envers cette femme charismatique et froide. Pourtant je devais le faire, je le voulais sincèrement quitte à me prendre une vague d'injures et d'exultations de leurs part je voulais réellement et profondément changer les choses dès maintenant. Si cela ne devait pas heurter leurs cœurs ni mêmes les esprits des plus altruistes je pressentais une chance, une opportunité aussi maigre soit-elle de faire table rase du passé. Il s'agissait du mien, de ce que j'étais devenu de ce que je ne voulais plus être désormais aujourd'hui accablé par mon propre sang je n'avais jamais faillis une seule fois au Dieu-Noyé et je n'avais jamais osé m'en détourner et pourtant, pourtant aujourd'hui j'en avais bien l’intention. Je jetais volontiers dans les abysses mon titre, mon statut mon rôle auprès de la reine car je n'avais nullement cherché à le devenir. Le pouvoir, la guerre, les conflits tout cela n'avait plus aucun sens. Devenir le premier commandant de la flotte de fer me permettait seulement de prévenir des menaces que l'oncle souffreteux et belliqueux qu'incarnait Euron instiguait encore tapis dans l'ombre de je ne sais quel crique dans laquelle il semblait aimer se cacher.

Mes yeux se baissaient sur mes mains que je frottais machinalement l'une contre l'autre faisant craquer l'ossature rude et abrupte de mes doigts endurcis par la navigation et l'humidité. J'aspirais vraiment à autre chose pour poursuivre ma vie et l'île aux ours à mes yeux avait été un espoir que je fondais peut être encore illusoirement au sein de ce crâne un peu trop brusque dans ses manières mais pas dénué d'éloquence. Je n'avais pas pris de pincettes, pas avec elles pourquoi faire après tout elle me le faisait bien comprendre finalement. Gysella était folle de rage, elle le serait encore plus dorénavant.  Je déglutissais mes yeux se mouvant d'un visage à un autre puis  crissant ma barbe je cherchais la meilleure façon de justifier, de plaider et de dire tout simplement ce que je faisais véritablement ici sans oublier bien entendu le fameux contenue de cette lettre qui n'avait peut être pas si bien aborder les choses finalement. J’apparentais cette prise de parole à un suicide mais, pour ma part il n'en était pas question, la faux glisserait sa lame rouillée sous ma gorge dans quelques années mais pas maintenant. Les paroles de Gysella s’imprégnaient dans ma tête il était temps d'en finir, d'arrêter de lui causer cette peine dont elle ne comprenait guère les choix, les actes et les décisions. Elle seule savait ce qui continuait pourtant de me tourmenter mais cette fois se serait seul que je hisserais les couleurs d'une rédemption que je ne pouvais pas avouer à ma chair, mon sang, mon peuple.

« La terre de vos ancêtres a été la notre fut un temps en cela je pense que nous ne pouvons pas nous renvoyer inlassablement cette violence et cette haine que nos deux peuples se vouaient et juraient de préserver éternellement. Si Asha Greyjoy n'est pas ici présente aujourd'hui c'est parce que j'ai cherché à faire cette rencontre personnellement. J'en conviens que la flotte avec laquelle je suis ici venu prend des allures disproportionnés et rend votre colère plus justifiable à vous retrancher dans cette défiance que vous avez toujours arboré. »

Je me taisais un instant plissant mon regard sur la lettre puis dénigrait ma déception qui se lisait sur mes lèvres gercés avant de reprendre en m'avançant d'un cran.
« Cette lettre apporte une proposition, il ne s'agit là ni de chantage ni de pression, faites en ce que vous voudrez, brûlez là si vous le souhaitez. On ne peut établir véritablement la paix sans actes, sans preuves d'une volonté commune à celle-ci en cela peut être aurais-je du me faire moins pressant et envoyer celle-ci à Lord Stark tout simplement. »
Mes yeux se fixait dans ceux de la jeune Mormont puis finalement passait sur la silhouette de sa mère.
« Ce n'est qu'une proposition d'union rien de plus, je sais ce que les difficultés d'une telle union apporte et soulève mais mieux valait tenter quelque chose plutôt que de se repaître inlassablement du passé auquel beaucoup préfèrent se référer plutôt que d'avancer et voir ce que le futur peut proposer. »
Terminais-je ravalant ma salive j'avais encore des choses à dire, à expliquer même si cela devaient dès à présent tomber dans l'oreille d'un sourd je convenais que je ne pouvais pas reculer.

« Je préfère me tourner vers l'avenir, je le choisis et cela n'engage que moi le reste est sans importance car l'on me juge déjà pour mes crimes passés aussi bien par vos continentaux que par mes insulaires désormais.Tourner le dos à l'océan voilà ce que je veux véritablement. »
Lâchais-je alors que le silence peu à peu réapparaissait le silence dans lequel nous étions entrés. Cette annonce je la faisais, je voulais clarifier ma prise de position, je voulais tendre la main et qu'une force l'étreigne. Pouvais-je atteindre seulement la femme et non la lord en avouant ainsi ce que je désirais et le pourquoi et comment de ma venue s'expliquait peut être maladroitement au travers de moi même et de ce que j'avais espéré finalement. Maege Mormont pouvait elle m'aider ? Au fond de moi quelque chose l'implorait de le faire pendant que l'autre m’acculait du nom de traite à mon sang et à ce que j'avais aspiré à être pendant tout ce temps.  


 
     

         
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AN 299 LUNE 10 JOUR 6



Bear Island


Le vent pâle de l'hiver hurlait contre les fenêtres, fenêtres si fines qu'elles ressemblaient à des meurtrières creusées à même les épais rondins de bois. Meurtrières. Le mot n'était pas déplacé dans l'atmosphère teintée de guerre qui infestait l'austère hall. Que les anciens dieux fussent loués pour l'autorité qu'ils accordèrent jamais à l'aura d'Eddard Stark, car il n'y avait qu'elle, à cet instant précis, qui empêchait les protagonistes de se lancer dans une véritable curée. La question farouche, mais qui semblait comme une tentative d’apaisement au creux des échanges violents qui avaient entouré la voix douce de Lyra, retentit dans la pièce juste avant qu'une autre voix, plus acerbe, ne se propagea à son tour. L'Ourse n'avait pas besoin de relever les yeux vers celle qui l'haranguait pour savoir qui parlait ainsi. Toisant le regard perçant de l'oncle de cette dernière, Maege n'écoutait que d'une oreille. Jusqu'à ce que la blondinette n'en vint brusquement à accuser son incompétence à secourir sa propre fille. Sa carrure aurait fait frémir le plus courageux et le plus belliqueux des hommes, carrée et haute et sombre, seulement percée de la clarté d'une peau pâlie parcourue de cicatrices qui étaient autant d'avertissements et d'un regard aussi glacé que les sommets de l'île. Pourtant, un frisson fit trembler ses pupilles grises, menaçant l'implacable stature. Malgré le couteau qu'elle avait remué dans son coeur de mère, la Lady ne tenait pas rigueur à la jeune fer-née puisque ses propos si virulents et fougueux reflétaient ce que tous pouvaient penser de cette entrevue étrange, incongrue, que personne ne désirait, qu'aucun ne comprenait. Autant mettre des mâtins et des lions dans une cage, et espérer qu'ils finissent par s'entendre. Fauve contre fauve, montagne contre mer.
Soudain, le chant sinistre et familier des armes que l'on dénudait finit par emplir les hauts murs. La lumière blanche qui tombait des ouvertures fit éclater quelques reflets immaculés sur les lames que ses hommes présentaient à la guerrière des îles de fer. Aucun d'eux pourtant ne s'attaqua à elle. Tous attendaient la réaction de leur cheffe. Ses ordres se faisaient attendre alors qu'elle ne semblait guère prête à abandonner le regard bleu du fer-né dont elle était farouchement décidée à entendre la réponse. Une réponse d'autant plus désirée maintenant que le comportement de la virulente fer-née avait exposé d'étranges dissensions au sein de la délégation des îles de fer. Inattendu, pour un peuple aussi abrupt que celui des hommes du Dieu Noyé. "Pourquoi?" Exigeait l'expression brute du visage de la Mormont des traits aiguisés du Bonfrère."Pourquoi es-tu différent? Dis le moi ou je jure de te faire ravaler ton petit regard insolent!"grognait-t-elle silencieusement, le nez froncé et ses lèvres froissés par une grimace patibulaire.

Alysane prit à son tour la parole. Le petit discours bien senti de la blonde ne l'avait pas laissé indifférente, semblait-il. Elle était mère elle aussi. Maege ne fit rien pour la brider. Retenir le poison ne servait à rien chez des femmes telles que les Mormont, mieux valait les laisser s'exprimer avec les mots plutot que d'attendre qu'elles ne le firent avec leurs armes. Les instants s'écoulaient. Aussi longs et pénibles qu'une blessure fraîche que recousait un mestre passablement incompétent et aux mains agitées de tremblement. Cette réunion était une utopie, les intentions se perdaient dans un maelstrom de ressenti, de rancune, de méfiance et de colère. Si les anciens Dieux étaient apparus à cet instant pour réconcilier les deux partis, il était incertain que même eux, dans leur toute puissance, auraient su comment apaiser les âmes sauvages qui s'opposaient si brillamment. La tension qui régnait et le poids d'un passé commun millénaire, tout ça pesait si lourd sur les épaules de la brune qu'elle s'apprétait à remercier les fer nés de leur visite de la plus brutale des manières lorsqu'un détail fit éclater en échardes tout ses rêves de leur botter à chacun le derrière jusqu'à ce qu'ils eurent rejoint leurs maudits navires. Renonçant à confronter plus longtemps leurs regards, l'homme à la barbe cuivrée finit par baisser les yeux. Ceux de Maege se plissèrent, intrigués. Ce n'était pas une soumission, ça n'était pas non plus une moquerie de sa part. Qu'était-ce alors? Son chef des gardes s’apprêtait à faire résonner sa voix grave dans le hall pour réclamer son commandement lorsque la main levée de Maege et un grognement de sa part le réduisirent au silence. Elle voulait écouter le fer-né.

Aussitôt qu'il eut fini son plaidoyer, un lourd silence dubitatif retomba sur l'assemblée jusque là si véhémente. Un silence étouffant, comme si tout à coup, tous semblaient réaliser peu à peu quelque chose qu'ils n'avaient su voir lorsque l'homme était entré dans la pièce. Des regards s'échangeaient, des bouches s’entrouvraient, tentant de déchiffrer le comportement étrange du Bonfrère, mais aussi et surtout cette phrase qui avait conclu son discours et qui avait fait luire une lueur nouvelle dans le regard de pierre de l'Ourse. Pourtant, les grondements ne tardèrent pas à faire vibrer de nouveau l'air ambiant alors que des protestations indignées s'élevaient dans chacun des deux partis. Acculés devant cette situation qui semblait ne pas avoir d'issue, du côté des hommes de Mormont on gueulait sa colère à qui mieux mieux, exigeant le départ prochain de ces maudits calamars. Du côté des sujets d'Asha, en revanche, la rage avait changé, et l'incompréhension tordait les traits des marins  alors que leurs regards hébétés qu'ils posaient sur le capitaine de la flotte trahissaient leur profonde déception. Combien de temps avant que le Bonfrère ne fut réduit en charpie par ses fiers compatriotes, qui se sentaient visiblement trahis par cet homme qui les avait conduit jusqu'ici? Tout cela devait cesser, maintenant! Non seulement elle avait vu la main tendue par l'homme, mais elle avait décidé de s'en saisir avec une force capable de lui briser les os. "Silence!"Gronda soudain sa voix puissante et grave malgré les protestations de ses soldats. Brusquant la lourde table de bois d'une puissante secousse, elle s'en éloigna non sans avoir indiqué au rouquin de la suivre."Vous! Suivez moi."Il avait piqué sa curiosité et la pression exercée par les autres autour d'eux ne lui laissait guère l'occasion de s'exprimer librement devant elle. Contournant la tablée, elle passa derrière le mestre qui la gratifia d'un regard dégoulinant d'inquiétude. Ses bottes frappaient durement le plancher poussiéreux d'un pas assuré, accompagné du frottement de la fourrure qui reposait sur ses épaules et glissait son poil noir sur le sol. Passant devant un des gardes, et toisant la farouche guerrière à la chevelure de soleil elle cracha un ordre austère.
"Laissez la sortir. Laissez les tous sortir."La jeune femme était toujours tenue en joue par les gardes de Maege comme une tigresse que l'on empechait de sortir de sa cage. Un garde devant lequel elle passait tenta d'attirer son attention en balbutiant."Mais, Lady Mormont, que...?"

"Si Lord Stark a décidé que nous serions en paix, alors nous serons en paix, Orgris. Je refuse d'en entendre davantage."Le coupa-t-elle d'un ton abrupt qui montait crescendo et qui vibrait dans l'air comme un avertissement. Cette paix ne lui convenait guère, tous le savait bien désormais. Mais aussi inconfortable était-elle avec cette situation, elle ne lèverait jamais les armes contre une décision de ses suzerains. L'homme à la barbe drue finit par s'incliner, non sans jeter un regard inquiet à la jeune fer-née.
"M'Lady, je vais vous accompagner!" Insista un jeune fils de pécheur, bien que son torse gonflé par l'orgueil et la fierté ne tarda pas à retrouver le creux efflanqué dont l'avait doté sa croissance trop rapide. "Pour me tenir la main? Je lui parlerais. Seule." Grogna-t-elle sans accorder un regard au garde qui s'arreta soudain.
"Je suis armée" Comme pour rassurer ses hommes mais aussi et surtout ses filles, elle leva nonchalamment le bras pour montrer à tous sa célèbre masse dont le spointes hérissées et sombres comme des éclats d'ardoise reflétaient la lueur du dehors."Il est armé. Si du sang doit être versé aujourd'hui, je veux que ce soit le sien ou le mien, aucun autre."Pour tenter d’apaiser la situation, le moyen le plus simple eut été d'apporter un peu de pain et de sel, et ainsi faire la promesse qui liait les hôtes dans le Nord. Mais c'eut été une hypocrisie qui n'avait pas sa place sur l'île aux ours. Au moins pouvait-elle espérer qu'ils ne s’entre-tueraient pas aussitôt qu'elle aurait passé la porte avec la seule garantie qu'elle leur donnait que, si combat il y avait, ce serait à forces égales. Accompagnée par l'étrange fer-né, elle passa la porte que l'on venait d'ouvrir dans un grincement sourd et dans le cliquetis des cottes de maille qui se mouvait pour se faire. Elle quittait la pièce, bien décidée à entendre ce que celui qui l'intriguait avait à lui dire.

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