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I'm lost. I need you. ♠ Willem

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❝ I'm lost.
I need you. ❞
- Willem & Abigael -
J'ai laissé au fil du temps mourir mon innocence, s'enfuir les souvenirs de mon enfance. Je sais ce que la vie a fait de moi. Et le temps défile sans me laisser la moindre chance, dans l'indifférence. Je suis ce que la vie a fait de moi.
 Cette fin d'après midi est animée sur la grande place d'Accalmie. Le marché bat à son plein mais ce ne sont guère les étales divers et variées qui attirent l'attention. La foule est en effet regroupée devant la petite scène, accolée au mur de pierre d'une grande baraque. Trois acteurs s'y trouvent dont Abigael, alias la princesse Pandora, Edrick, jouant le rôle de Cletus, son oncle machiavélique et son fiancé, ainsi que Alaric, jouant le rôle de Pok, le nain chevalier déchu et amoureux d'elle. La jeune femme se trouve au milieu des deux hommes, vêtu d'une longue robe blanche et légère, tissée de dorures. La scène se passe juste après les fiançailles de Pandora et de Cletus. La princesse se trouve être tourmentée car elle est loin d'être amoureuse de son oncle, et l'est secrètement du chevalier. Accompagnés par les musiciens et l'un après l'autre, ils citent leurs répliques en chanson avec un réaliste étonnant et un professionnalisme sans égal, captivant l'attention du publique.

La nièce et l'oncle sont tout d'abord chacun de leur coté, semblant parler à leur conscience.
CLETUS - Je sais que c'est elle qui me fermera les yeux, quand je serai aux portes de la demeure des Dieux. Ce jour-là je ceindrai son front de milles couronnes, et nous irons sur les terres d'Egarone*.
*paradis dans le monde de Pandora.
PANDORA - Je sais qu'un jour nous échangerons nos vœux, unis par la force de l'air et du feu. Mais comment savoir si je le désire vraiment, si c'est lui que je veux ou si je me mens ?
Cletus se rapproche de la jeune femme et entame la conversation.
CLETUS - Si je te promets tous les jours de ma vie sans un regret, peux-tu me jurer un amour infini à jamais ?
PANDORA - Je ne veux pas mentir.
CLETUS - Promet!
PANDORA - Je ne veux pas trahir.
CLETUS - Promet!
PANDORA - Ni même le penser.
CLETUS - Jamais, jamais, jure le moi!
PANDORA - Je ne veux pas faillir.
CLETUS - Promet!
PANDORA - Je ne veux pas m’enfuir.
CLETUS - Promet!
PANDORA - Ni même l'imaginer.
Pok entre alors en scène, observant la conversation en parlant dans un premier temps à sa conscience.
POK - Je veux vivre et me consumer dans ses bras, pourtant je sais que je n'en ai pas le droit. Mais comment choisir entre l'amour et le devoir ? Entre la raison et la douleur d'y croire ?
Puis il attrape la main de Pandora qui se retourne vers lui.
POK - Si je te promets tous les jours de ma vie sans un regret, peux-tu me jurer un amour infini à jamais ?
Elle lâche sa main avec une extrême douceur, s'éloignant des deux hommes en reculant avant de se retourner et de s'avancer vers le publique. Alors apparaît sur le visage de l'actrice une tristesse qui prend au cœur. La musique devient douce et la voix de Pandora est basse.
PANDORA - Oh mon Dieu, garde-moi de la trahison. Mon Dieu, garde-moi de perdre la raison. Mon Dieu, garde-moi de la tentation. Mon Dieu, aide-moi à ne pas céder.
Puis elle s'enfuit en courant, disparaissant dans les coulisses qui se trouvent dans la baraque, derrière eux. Cletus et Pok la pourchassent alors.

C'est en observant la satisfaction de la foule qui siffle, hurle et applaudit que Alice, la musicienne et fiancée d'Edrick, voit une idée saugrenu apparaître dans son esprit. Une idée qui, d'après elle, apprendra à Abigael ce que ça fait de lui voler "son" rôle. Elle l'expose évidement à Edrick qui, après mure réflexion et maintes persuasions d'Alice, accepte. Faut il encore qu'il arrive à convaincre Abigael... mais il ne s'inquiète pas, il sait comment s'adresser à elle.
L'idée de sa fiancée se mettra donc en place dans la suite de la pièce du Monde de Pandora, le lendemain, au soir, dans l'une des tavernes les plus réputés de la ville. Edrick fait l'annonce en personne et promet une belle surprise.

***

Abigael n'a pas était stressé comme ça depuis longtemps. Son ventre papille et ses mains tremblent. Elle inspire et expire en fermant les yeux, tentant de contenir ce sentiment si violent : L'angoisse. Elle se concentre sur les répliques des acteurs qui résonnent de la grande scène jusqu'à traverser la totalité de la taverne, se trouvant être plutôt luxurieuse. Elle se trouve derrière ce grand rideau accroché au plafond, servant de coulisses.
Après les rires, la pièce de théâtre a prit une tournure sérieuse et quelque peu ennuyante - du moins pour le type de personne qui se trouve ici.

CLETUS - Vous avez trahi votre parole, chevalier. En vertu des pouvoirs qui me sont conférés, je vous condamne à la décapitation! Qu'on retire cette tête immonde de ce corps trop joufflus à mon gout!
POK - Qu'il en soit ainsi. Je ne regrette rien, puisqu'elle ne se trouve plus entre vos griffes.
Pok est placé sur le décor réaliste ressemblant au socle en bois ensanglanté, utiliser pour les exécutions.
C'est alors enfin le tour d'Abigael d'entrer sur scène. Elle ouvre les yeux et, vêtu d'une élégante robe sable et dorée - reproduction splendide de la tenu d'une véritable princesse -, elle court à toute vitesse pour entrer sur scène.
PANDORA - NON!
Alors, l'attention des spectateurs las est jusque là plutôt tournée sur leurs amis et leurs boissons, se reporte immédiatement sur la scène - effet recherché par le scénariste qui aime jouer sur l'ennuie pour attirer brusquement l'attention. Les hommes sont attirés par la voix sublime de la jeune femme, le silence s'impose alors qu'elle se jette sur le nain. A genoux et étendu sur ses épaules, elle enlace sa nuque pour le protéger du moindre coup d'épée. Ses cheveux blonds s'étendent en cascades sur ses bras et, ainsi, son visage est camouflé.
CLETUS - Écarte toi, Pandora!
PANDORA - Jamais!
Désormais dans son rôle, Abigael est assurée et déterminée. Elle se redresse, laissant la cascade de blé dévoiler son visage d'une beauté sans pareille. Les souffles se coupent alors dans la taverne tandis que les regards se perdent dans ses yeux bleutées et en colère, aussi tempétueux qu'un océan déchaîné et prêt à vous avaler.
PANDORA - Vous avez promis de lui laisser la vie sauve.
CLETUS - En échange de votre soumission, princesse. Jusque-là, vous ne semblez pas l'avoir été... à moins que vous ayez une conception de la soumission autre que la mienne.
PANDORA - Je vous suis pourtant belle et bien soumise, mon oncle.
POK - Pandora, ne fait pas ça!
Abigael se lève avec l'élégance d'une lady, la prestance d'une reine. Elle s'avance d'un pas vers la foule, l'allure fière, assurée, tandis que les deux hommes servant de gardes éloignent le nain du socle pour le mener dans les coulisses.
PANDORA - Aimer, c'est mourir en soi pour revivre en autrui. Aimer, c’est avoir pour but le bonheur d’un autre, se subordonner à lui, s’employer et se dévouer à son bien. Aimer, c'est préférer un autre à soi-même... Aimer, c'est se donner corps et âme. Je ne vous aimes pas, mais je l'aime lui. Alors, faute de lui avoir déjà offert mon âme, je vous offre...
La voix d'Abigael se coupe brusquement tandis que ses lèvres restent entrouvertes. Elle se tétanise face à ce qu'elle s’apprête à dire et à faire. Edrick voit le désarrois de l'actrice et tente de la relancer avec une réplique improvisée.
CLETUS - Alors... que m'offrez vous princesse?
PANDORA - ... Mon corps...
La voix de la jeune femme c'est perdu dans un souffle, tandis que ses mains frêles se lèvent vers ses épaules. Ses doigts tremblants agrippent la robe et, sans réfléchir d'avantage, la laisse glisser le long de son corps. Dalton et Nolan, positionnés de part et d'autre du devant de la scène, font soudainement jaillir du feu de leur bouche à l'aide d'un peu d'alcool et d'une torche. Le jet de flamme s'envole alors au dessus de la tête des spectateurs. Ayant pour but de les surprendre, peu nombreux sont ceux qui ne ferment pas les yeux pendant quelques secondes. Cet axe de temps permet à Abigael de se retrouver dans une tenue légère, noir et faites tout en dentelle. Ses jambes sont dévoilés jusqu'à mi-cuisses, à travers le fin tissu apparaît l'esquisse de son ventre et de sa poitrine. Tout ce qui est intime est toutefois camouflé par un tissu plus épais.

Les hommes entrouvrent la bouche après avoir ré-ouvert les yeux. Quelques secondes, lui paraissant une éternité, passent avant qu'ils se lèvent tous en applaudissant et en sifflant. En bon charognard, il sont soudainement excités et conquis par la vision divine qui se dévoile devant eux.
Edrick s'avance à coté d'Abigael, le sourire aux lèvres, il est fière de sa surprise.

Pandora, messieurs, pour vous servir! Lance t-il en présentant Abigael, l'enfermant dans son rôle. Les applaudissements cessent peu à peu, il ajoute donc. Vous allez tous me demander, mais pourquoi cette foutu scène s'arrête là? Les hommes rient car c'est bien ce qu'ils se demandent. Et bien, je vous répondrais simplement que c'est parce que c'est votre jour de chance! Avec la bonté de notre brave tavernier qui nous offre charitablement une chambre, un seul d'entre vous aura la chance de clôturer cette scène!
Les cris résonnent à nouveau tandis qu'Abigael baisse la tête, regardant le sol avec un désarrois évident. Reliant ses mains devant elle, elle se dandine, prise de nausées et mal à l'aise. Abigael perd en effet peu à peu l'assurance de Pandora.
Oui messieurs! J'offrirai mon rôle au plus généreux d'entre vous, afin qu'il puisse passer un moment privilégier avec l'époustouflante Pandora!

Alors s'exclament hautes et fortes les voix roques et viriles des hommes qui enchérissent.

Je vous en prie mes amis, soyez plus généreux que ça! Vous avez ici la plus somptueuse et la plus vierge des créatures de mon mythe! Et elle ne sera rien qu'à vous!

Le visage d'Abigael est à présent rougit de honte et ses yeux remplient de terreur. Le personnage qu'elle jouait et sa propre personne se mêlent véritablement pour la toute première fois. Mais à présent tout les hommes se foutent de ce qu'elle éprouve - ils ne voient plus la princesse courageuse et aimante, il ne voit plus la jeune fille effrayée qui, il y a encore quelques minutes, a presque failli les mener jusqu'aux larmes. Ils ne voient à présent qu'un bout de chaire appétissant. Elle est désemparé. La gorge serrée par le dégoût, retenant ses larmes de couler sur ses joues.

Ce qu'elle possède de plus précieux - la seule chose qu'elle possède d'ailleurs. Ce qu'elle aurait voulu offrir à l'homme qu'elle aime pour lui prouver qu'elle n'était plus qu'à lui - homme qui l'a trahi, qui l'a abandonné. Tous les mêmes. Ce dit-elle. Son frère, cet homme de maison, Edrick... Willem. Alors à quoi bon? A quoi bon garder ça en elle? La vertu. La pureté. Pff, quelle idiote elle est! C'est une pauvre roturière de bas étage, la pureté n'est pas faites pour elle! Elle ne sera plus qu'une putin, comme toute les autres.
Tandis que les enchères ne cessent de monter et pour la première fois de son existence, Abigael perd espoir. Il lui arrive la pire chose qu'on aurait pu lui souhaiter - son visage de porcelaine se fissure dans la douleur, rendant son âme si fragile accessible à n'importe qui... Prête à se briser, et cela à tout jamais.
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Le temps devient éternité lorsque les sourires ont disparu, lorsque les rires se sont tues et lorsque tout à disparu dans les méandres de souvenirs. Il n'y a que quelque soupirs qui vivent encore, à travers des regards bleutés ressemblants tant à ceux qu'on a aimé. Mais tout n'est qu'illusion, tout n'est que fades reflets d'un passé qui n'a plus lieu d'être. Il y a trahison et mensonge, il y a bien trop de choses qui peuvent faire mourir ses rêves. La beauté d'une âme qui disparait sous les ailes aussi sombres que la nuit du corbeau. La noirceur qui s'enfoncent dans les chairs pour mieux empêcher le bien et le mal de s'allier. Ils sont ennemis depuis tant de siècles. Ils ne pourront jamais s'aimer car le destin les en empêche. Alors les âmes mortelles que nous sommes essayent de se débattre mais les dieux sont joueurs, s'amusant des rires et surtout des hurlements.
Ô combien les dieux ont souffert d'entendre les mêmes jérémiades d'être aussi faibles que nous. Les septs ne s'inclineront jamais mais nous, pauvres mortels, pourquoi ne pas jurer que nous ne feront pour qu'ils nous offre ce que nous attendront, cet amour que nous ne parvenons à comprendre. D'aucun veulent le pouvoir, la gloire et la reconnaissance. Mais les masques qui brillent devant ses yeux les aveuglent. Les hommes désirent tous la même chose. Cet amour qu'ils n'auront jamais. Car tous n'est jamais qu'un véritable mensonge. Tous n'est qu'un mythe pour faire frisonner ses femmes qui s'empoissent de contes.

Willem laissait son esprit s'évader, retourner à ses mots qu'il avait tracé sur un morceau de parchemin alors qu'assit à la table d'une taverne, il attendait que lui soit servie sa boisson. Seul, le bâtard se tapissait dans l'ombre, faisant resurgir des pensées qu'il aurait voulu faire disparaitre et qu'il couchait sur le papier pour mieux les détruire. Ses doigts glissèrent sur sa calligraphie et il fini par déchirer la feuille pour mieux la jeter dans les flammes.  Il ne devait s'attarder sur les sourires qu'il avait glissé, sur les mensonges qu'il avait sifflé. Non, il devait rester au présent et ne pas se perdre dans un passé qui était révolu. De toute manière, il ne pouvait faire demi tour. C'était bien trop tard. Il l'avait vu fuir dans cette robe aussi rouge que le sang qui aurait due couler de sa peau si blanche. Il l'avait vu disparaitre, captant pour l'éternité les reflets de sa chevelure blonde. C'était terminé. Abigael était une pensée, un souffle du passé. Elle n'avait aucune place dans ce présent où il se débattait contre des fantômes.

Il ne jette pas le moindre regard à la pièce de théâtre qui se joue. Les voix sont sourdes alors qu'il ne les écoute pas. Il n'a que faire des créatures jouant des vies qui ne sont pas les leurs quand lui n'arrive à vivre la sienne comme il l'entends. Il se perd dans des musiques qu'il invente et tente de retrouver la raison. Mais le visage d'Abigael le hante. Il la voit le pointer du doigt, il la voit le maudire, encore et encore. Il mériterait milles horreurs pour ce qu'il lui a fait subir. Il mériterait milles supplices pour l'avoir si bien trahit.

Willem entends, aux yeux de biche des femmes, qu'il se passe quelque chose. Que la scène est bien trop belle, bien trop mièvre. Il n'a pas envie de regarder, pas envie de voir cet amour étalé sous ses yeux qui n'ont envie de le voir. Il a aimé, ô combien. Mais il ne sait lequel, il ne sait comment. Il s'est perdu dans les yeux à la fois aussi noirs que la nuit et aussi clairs que le jour. Déchiré entre deux mondes, il est tombé pour se relever si difficilement. L'amour n'est qu'un mythe et son coeur refuse d'être offert. La douleur l'a déjà bien trop consumée dans ses flammes si attrayantes.

Mais lorsque les hommes commencent à siffler et que des cris retentissent, lançant des sommes d'argent qu'il ne peut comprendre, Willem lève la tête et ne peut détourner les yeux de ce qu'il voit. Ce visage qui le hante, cette beauté de nymphe, cet ange descendue du ciel pour mieux l'ensorceler. Cette femme-enfant qu'il ne peut oublier, qu'importe toutes celles qui s'épanouissent dans ses bras. Abigael... Son prénom s'échappe de ses lèvres, murmurer avec la douceur de l'amant prit en faute. Et pourtant Willem se tait, ses mains tremblantes sur la table alors que dans son regard la rage remplace tout autre sentiment. Elle est à lui. Jamais aucun d'eux ne posera ses sales pattes sur son corps flamboyant d'innocence, de cette pureté qui doit rester intacte.

Il suffit ! qu'il rugit, ses murmures morts dans l'assurance qu'il affiche sur son visage alors qu'il se lève, gardant ses mains fermement closes, en poings qui ne doivent frapper. Son épée claque à sa ceinture alors que son regard évite celui d'Abigael. Si c'était simplement pour offrir les services de votre comédienne monsieur, vous auriez du immédiatement vous rendre dans une place où des nobles auraient pu admirer ses courbes. Et vous auriez gagné bien plus d'argents en plus d'une mauvaise réputation. Son regard s'éclaira alors que ses lèvres se tendaient sur un sourire mauvais, empli de toute la fureur des Morrigen. Il envoya sa bourse dans la direction du directeur de la troupe et les pièces d'argent teintèrent sur le sol lorsqu'elle s’écrasa à ses pieds.  Je doute qu'aucun gentleman dans cette pièce ne puissent payer aussi cher. Maintenant, laissez là en paix. Et quiconque sera en désaccord avec moi peut venir immédiatement s'exprimer. Mon épée sera heureuse de vous expliquer mon point de vue.
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- Willem & Abigael -
J'ai laissé au fil du temps mourir mon innocence, s'enfuir les souvenirs de mon enfance. Je sais ce que la vie a fait de moi. Et le temps défile sans me laisser la moindre chance, dans l'indifférence. Je suis ce que la vie a fait de moi.
Les enchères montent, tout comme la fureur des hommes s'éveillent pour gagner le corps de la princesse. Abigael, la tête basse et les joues rosies de honte, regarde le sol avec anxiété. Son cœur tambourine violemment dans sa poitrine et son sang pulse douloureusement dans ses veines. Les voix masculines ne deviennent plus que des échos lointains, elle se sent défaillir. Sa tête tourne dans le vide, son ventre papille de gargouillis désagréables et ses jambes semblent faiblir pour s'apprêter à la faire s'effondrer.
Toutefois, la jeune femme est sortit de son désespoir par la voix assurée d'un homme qui résonne en chassant toute les autres. Si violente et si forte qu'elle plonge en effet la totalité de la taverne dans un silence surpris, choqué. Abigael relève soudainement ses yeux bleutés et remplient de larmes dans la direction de l'intervenant, jusqu'à s'arrêter sur ce visage... son visage. Willem se tient là comme un fantôme venu de nul part, les points serrés, faisant face à tout les autres. Lui, qu'elle pensait ne plus jamais revoir. Lui, qu'elle a tant aimé et qu'elle aime tant encore. Ses lèvres s'entrouvrent sans laissé s'échapper le moindre soupire. Sa respiration s'est arrêtée, son cœur s'est arrêté. Vient-elle de sombrer dans son angoisse pour tomber dans un rêve comateux? Ou est ce véritablement la réalité?

Elle n'a aucune réaction, contrairement à Edrick qui est également surpris par une telle intervention. Après avoir regardé les nombreuses pièces étendues à ses pieds, il relève la tête et finit par sourire à l'inconnu - ne laissant pas paraître l'agacement d'être insulté de la sorte. Un masque respectable et provocateur camoufle en effet son visage plein de mépris. Edrick dans toute sa splendeur.

Sans vouloir vous manquez de respect en reprenant vos mots, mon cher monsieur, je n'offre guère les services de ma comédienne... c'est par sa volonté qu'elle s'offre à vous. Lance t-il avant de faire un geste de la tête en direction de la bourse. Ralf, un homme gigantesque aussi bête que ses pieds, comprend le message et se met à genoux pour ramasser l'argent. Edrick ajoute alors. Je suis un homme honnête, sir. Son corps lui appartient, elle en fait et en fera ce que bon lui semble. Cet argent est à elle, donc. Dit-il en attrapant la bourse que lui tend Ralf avant de l'offrir à Abigael.

Cette dernière reste toutefois figé, le regard profondément dérouté posé sur Willem, silencieuse et tétanisé. Le comédien, intrigué, tourne la tête vers elle pour s’apercevoir du désarroi et de la terreur évidente de la jeune femme.

Abi? Murmure t-il dans sa direction, inquiet, avant qu'elle ne réponde d'un ton sec et distingué.
Je ne veux pas de cet argent.
Abi, qu'est ce que tu fais? Demande t-il après quelques secondes, sous le choque.
J'ai dis que je n'en voulais pas! Rétorque t-elle, encore plus sèchement, avant d'ajouter d'une voix faible. Pas lui.... Son regard posé sur lui c'est embrasé comme jamais.

Alors, Abigael se retourne et disparaît rapidement derrière le rideau, suivit de prêt par la vieille Olga qui s'inquiète pour sa protégée. Edrick est perplexe, ignorant le pourquoi du comment de ce qui se passe ici. Les hommes qui se trouvent dans la taverne commencent alors à murmurer leur mécontentement. Le comédien souffle avant de prendre les choses en main. Il demande a Alaric qui s'est approché de lui.

Calme le jeu avant que ça ne dégénère.
Comment? Demande le nain, ne comprenant rien à ce qui se passe - comme tout le monde d'ailleurs.
J'en sais rien. Débouille toi! Répond t-il avant de se retourner vers sa fiancée en lui tendant la bourse. Et toi rend lui sa foutu bourse.
Mais...
Pas de discussion!

Alice, une splendide rouquine, prend l'argent entre ses mains en le regardant comme un enfant regarderait sa sucrerie préférée. Elle n'a sans doute jamais vu autant d'or, elle, qui a toujours vécu sans le sou. Dans la dure pauvreté.

J'offre ma tournée!! Lance gaiement Alaric à travers la taverne après quelques secondes de réflexion, éveillant les esprits.

Les hommes oublient alors instantanément ce qui vient de se passer pour se remettre à piailler et à rire. Alice se résout ensuite à rendre l'argent à Willem - elle s'avance de sa manière aguicheuse et naturelle avant de plaquer la bourse contre son torse, un peu déçu.

Navré beau brun, notre lady n'a décidément aucun gout. Moi, je vous aurais dévoré sans une once d'hésitation. Lance t-elle en lâchant le paquet, ne voulant guère avoir affaire à un homme qui souhaite à tout prix qu'elle le garde. Elle s'éloigne alors en le laissant planté là.

Edrick disparaît à son tour dans les coulisses et emprunte le couloir menant aux chambres.

***

Pendant ce temps, Abigael s'est en effet enfuit jusqu'à la chambre offerte par le tavernier où l'attend ses affaires. Olga, qui est comme une mère attentionnée pour elle, l'a suivit de prêt.

Ça va allé ma belle? Demande t-elle d'une voix douce et inquiète.
Je... je ne sais pas... Répond Abigael, la voix tremblante de sanglot et le cœur douloureux.

Elle est désemparée, elle est choquée. Perdue, elle ne sait quoi penser. Pourquoi est-il ici? Pourquoi est-il intervenu? Veut-il l'acheter? Veut-il se racheter ou veut-il la ramener à Nid-De-Corbeau? Abigael a peur, très peur. Elle ne se sent pas en sécurité et ne pense qu'à une seule chose : fuir comme la proie qu'elle est et restera. Elle se dévêtit.

Je savais bien que cette histoire allait dégénérer... pourquoi n'a tu pas refusé cette idée idiote dès le début? Personne ne t'a forcé ma beauté, l'argent on l'aurait trouvé autre part. Lance t-elle. Et puis ce garçon n'était pas si mal... Ajoute t-elle, tentant de faire de l'humour. Ce qui ne marche évidement pas.
J'aurai accepté tout les hommes, grand mère. Mais lui, je ne veux pas qu'il m'approche, et encore moins qu'il me touche! Lance t-elle en enfilant une robe toute simple et blanche, lui donnant l'apparence d'un ange.
Je ne sais pas ce qui se passe, mais je te promet qu'il ne te touchera pas. Ou il aura affaire à moi! Tu sais bien comme je suis? Dit-elle d'une manière rassurante. Elle réussi presque à arracher un sourire à la belle blonde qui laisse couler quelques larmes sur ses joues. Oh non, ma beauté, ne pleure pas... ça va allé. Dit-elle attristée avant de l'enlacer.

Abigael se laisse alors allé dans ses bras, craquant face à son désarroi trop émotionnel pour elle.

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Le regard d'Abigael lui arrache le coeur, l'offrant avec délectation à cet ange qui se dresse devant lui. Ses prunelles s'attardent sur son corps, sur les formes qu'il voit grandir sous le tissu qui la cache pour n'en dévoiler que d'avantage. Dire que voilà ce qui lui semble des siècles, ses lèvres parcouraient la peau de son cou, s'attardant sur l'ablate qu'il a surement aimé, bien qu'il se l'interdisait avec fureur. Abigael ou Arwood. Le dilemme avait été terrible et il avait fini par n'en choisir aucun. Il avait fuit, incapable de faire face. Il avait fuit, s'était incliné devant tout ce qui tombait sur ses épaules. Mais il avait sauvé cette vie innocente qu'il voyait maintenant devant lui, qu'il admirait dans toute sa grâce. Elle était parfaite, de la perfection d'un ange, de la perfection qu'on offrait à la Jouvencelle. Elle était une déesse, rien d'autre qu'une envoyée de Sept. Et lui était tombé sous son charme pour mieux la détruire sans le moindre état d'âme. Abigael devait rester un souvenir. Il ne devait pas intervenir dans sa vie. La laisser en paix, ne plus la voir, ne plus croiser les prunelles qui avaient fait battre son coeur en quelques secondes. Non, il n'avait pas le droit. Il ne pouvait lui faire ça. Elle méritait de voler de ses propres ailes. Sans la noirceur de celles du corbeau.

La rousse qui s'approche de lui le dégoute dans ses mots et dans sa posture. Elle n'a rien de la pureté d'Abigael, elle n'a que les traits d'une catin et il ne lui offre pas un regard, se contentant de recuperer sa bourse tout en cherchant des yeux celui qui avait si bien offert la belle à la merci des hommes, à la merci de ceux qui n'en voulait qu'à son honneur. Elle ne lui appartiendrait plus jamais, c'était certain. Mais Willem refusait qu'un inconnu, qu'elle n'aimait pas lui prenne son honneur. Elle méritait plus. Bien plus.

Il ne se rassit pas, abandonnant son verre à la soif des soulards qui avaient pour la plupart déjà oublié la jolie blonde dont on offrait le corps sans offrir le coeur. Certain lui jetèrent des regards noirs mais l'épée à sa ceinture avait tout fait de faire taire le moindre murmure. Il était chevalier et bien des choses l'indiquait dans sa tenue jusqu'à l'acier de ses prunelles. La douceur l'avait abandonné voilà longtemps. Lui qui ne rêvait que de chanter, de compter fleurette aux beautés de la vie avait été confronté aux monstres de la guerre. Il n'avait pas changé. Mais il restait sur le qui vive. Les siens avaient soutenu les mauvaises personnes. Et les Morrigen n'étaient plus les bienvenus, encore moins à Acalmie où il avait trouvé un refuge pour une nuit. Une seule. Et il avait fallu que le destin mette sur son chemin à nouveau Abigael. Mais cette fois, il refusait de la mettre à nouveau en danger. Il voulait simplement la sauver de celui qui offrait son corps à un peuple qui ne rêvait que de cela, qui offrait sa pureté aux ténèbres des mortels.

Il se frayait un chemin jusqu'aux chambres et fut plus rapide que celui à qui il avait si bien parlé quelques minutes plus tôt. Les ténèbres des Morrigen l'enveloppaient de leurs ailes si sombres aux reflets bleutés et il n'en sortie que pour agripper le col de sa tenue de scène. Ses prunelles étaient aussi dures que deux morceaux de saphir, sans la moindre once de la douceur qui s'y trouvait autrefois.

Qu'est ce que vous lui avez dit pour qu'elle face ça. Abigael est loin d'être une immonde catin et jamais elle ne se serait offerte sans une quelconque manipulation. Qu'est ce que vous lui avez dit !? Qu'est ce que vous avez demandé pour des gens auxquels elle tient ?!

La rage grondait dans sa gorge et l'homme qu'il avait plaqué avec violence contre une porte ne réagit pas, gardant un sang froid à toute épreuve, faisant encore se durcir un peu plus les prunelles du bâtard. Il se plongeait dans le regard du comédien, prêt à frapper, prêt à laisser la rage l'envahir. Il n'avait pas le droit, après tout, cela ne le concernait pas. Mais il ne parvenait à calmer son coeur.

Ce qui se passe dans notre troupe ne vous regarde pas. Nous sommes une famille et nous sommes tous obligé de faire des sacrifices pour notre famille.

Le bâtard recula de quelques pas aux paroles du comédie, le lâchant brusquement. Son souffle se faisait court alors que la rage dans ses yeux disparaissait. Tu ne sais rien des sacrifices fait pour une famille... Après tout, était-il mieux que l'homme en face de lui ? pour sa famille, ce n'était un corps, c'était une âme pure qu'il offrait. Brutalement, Willem se sentait vide, la rage l'abandonnant pour mieux le laisser aux bras de la culpabilité. Il avait trahit Abigael plus encore que le comédien ne l'avait fait. Après tout, il avait sans doute raison. Elle s'était offerte. Il n'avait plus rien à dire, plus rien à faire ici. Il devait partir.
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- Willem & Abigael -
J'ai laissé au fil du temps mourir mon innocence, s'enfuir les souvenirs de mon enfance. Je sais ce que la vie a fait de moi. Et le temps défile sans me laisser la moindre chance, dans l'indifférence. Je suis ce que la vie a fait de moi.
 Tandis qu'Abigael s'effondre dans les bras de sa pseudo grand mère, Edrick s'apprête à entrer dans la chambre où elles se trouvent. Cependant, une main ferme vient l'en empêcher. Willem l'attrape en effet au col avant de le plaquer violemment contre le mur. Le comédien, surpris, ne réagit qu'en posant ses mains sur celle de l'inconnu. Que peut-il bien faire de toute manière? Son allure svelte et son ignorance au combat ne l'aideront pas. Lui, il ne sait que parler et jouer de son impassibilité déroutante pour se sortir de ce genre de situation. C'est ce qu'il fait en lui disant poliment et à sa manière de s'occuper de ses affaires. Il est alors d'autant plus surpris en sentant l'homme le libérer aussi facilement, et en voyant le désarroi évident apparaître sur son visage. C'est quoi son problème à lui? Pense t-il en remettant son col en place.

Tu ne sais rien des sacrifices fait pour une famille... Dit Willem avant qu'Edrick ne rétorque aussitôt.
Vous vous trompez, sir. C'est vous qui ne savez rien de nous, ni de nos sacrifices.

Abigael et Olga, après avoir sursauté en entendant cogné contre le mur, se sont rapprochés de la porte et ont tout entendu. Le cœur de la jolie blonde c'est accéléré en entendant la voix de l'homme qu'elle aime. Si proche, si réel.
C'est d'une main douce que la vieille femme a essayé de la retenir, mais rien ne peut à cet instant éloigner Abigael de sa détermination. Alors que Willem s'apprête à faire demi tour pour s'en aller, la jeune femme ouvre la porte et s'interpose entre lui et son unique issu de sortie. Ses yeux bleutés rougis par les larmes s'ancrent dans les siens, dans ce regard qui lui avait tant manqué. Ses joues sont rosies par l'émotion et ses mains tremblent encore - de peur et de joie. Elle se déchire en deux, partagée entre l'envie de fuir et celle de se jeter dans ses bras. Son cœur, lui, n'hésite pas à cogner contre sa poitrine pour s'offrir à lui... car il est tout simplement déjà à lui.

Un sacrifice... c'est... c'est ce que j'étais pour toi? Demande t-elle. Elle ne pleure plus mais sa voix et encore sanglotante.
Après quelques secondes de réflexion, Edrick intervient en s'avançant vers elle - comme pour la protéger et s'interposer entre elle et lui. C'est lui? C'est ce bâtard qui t'a fait du mal?
Laissez nous. J'ai besoin de lui parler. Rétorque t-elle sans répondre à sa question.
Abi... Tente t-il de dire afin de la résonner, mais Abigael le coupe aussitôt.
S'il te plait Edrick.
... Je suis pas loin, si tu as besoin. Prévient t-il avant de se résoudre à les laisser.

Il jette un regard glacial au chevalier avant de s'en aller. Olga, elle, reste figé sur Willem. Son regard n'est pas glacial, il est dangereusement tranchant, poignardant. La petite dame, arrivant à peine au cou de Willem, aux cheveux grisonnants et au dos un peu cabossé, s'avance vers lui sans aucune crainte apparente. Abigael tend une main pour tenter de l'en empêcher, autant inquiète de la réaction que pourrait avoir Willem que celle que pourrait avoir Olga, mais raté la vieille femme s'échappe. Elle se trouve à présent face au brun, ne lâchant pas son regard. Pleine de bonne volonté, elle se comporte telle une mère armée de son instinct maternel.

Ecoute moi bien, gamin. Tu as beau porter une grosse épée et avoir un sac bourré d'or, ça ne te donne pas le droit de faire du mal à Abigael, comprit? Si tu la touche, t'aura affaire à moi... et méfie toi grandement de mon apparence de petite vieille femme flétrie, ça porte souvent à confusion.

De nombreuses rumeurs courent en effet sur Olga. On dit qu'elle serait une sorcière avec des pouvoirs maléfiques et qu'elle aurait beaucoup de sangs sur ses mains crochus. Abigael n'en croit rien - si elle doit être un être magique, elle serait plutôt une fée, munie de toute sa bienveillance et de toute sa douceur. Son regard sombre est perçant. Elle, qui n'a jamais eu d'enfant, aime profondément Abigael, comme sa propre fille, et ça se voit. Elle grogne avant d'à son tour s'éloigner. En contournant la jolie blonde, elle la regarde et lui offre un sourire des plus tendres. Chose que la femme enfant lui rend timidement.

Abigael et Willem se retrouvent donc seuls dans ce long couloir disposant de nombreuses portes. Les yeux bleutés de la blonde se sont à nouveau posés sur lui. Elle se mord alors la lèvre inférieur - Il n'a pas changé, il est toujours aussi beau. Vêtu de ses nobles habits, parait de sa chevelure sombre et de son doux visage où est sertie ce regard dans lequel elle aime se noyer, à chaque fois. Un prince, son prince. Mais avant de faiblir, avant de craquer pour se jeter dans ses bras... elle doit savoir.

Pourquoi Willem?... Pourquoi tu t'est joué de moi? Pourquoi tu m'a menti? J'ai... j'ai fais quelques choses de mal? Demande t-elle alors qu'à nouveau les larmes envahissent ses yeux. Elle retient ses sanglots en serrant violemment ses points, comme pour planter ses ongles dans sa propre chaire tendre. C'est Arwood qui t’envoie?

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Les mots du comédien ne lui arrachent rien, pas la moindre expression sur son visage redevenu aussi sombre que les ailes de son blason. Il est redevenu un fantôme, un être qui hère sans le moindre but. Il n'a plus grands choses à faire. Découvrir le monde ? Oui, c'est à ses simples mots qu'il consacre maintenant sa vie. Arwood lui donnait un but. Mais sa famille l'a trahit et jamais plus il n'offrira la moindre goute de sang pour leur engeance maudite. Que les Morrigen disparaissent. Seul Guyard méritait de vivre. Les autres ne pouvaient s'attendre qu'à un revers de médaille, qu'à voir leur sang rejoindre celui de ses femmes qu'ils sacrifiaient sans le moindre état d'âme. J'en sais bien trop sur les sacrifices. qu'il murmure, sans savoir si le comédien l'a entendu, sans même y prêter attention. Il tourne les talons. Le destin a mit à nouveau Abigael devait lui mais il ne veut pas la retrouver. Non, il veut fuir, comme un lâche, comme le Morrigen qu'il n'est pas vraiment.

Mais le libre arbitre de chacun compromet trop souvent les plans que l'un se fixe. La femme enfant se dresse devant lui, ses yeux encore rougit par les larmes qui ont coulé sur son visage. Willem retient le mouvement en avant que le pousse à la prendre dans ses bras. Il doit rester cet homme qu'elle haït pour se convaincre qu'il n'a plus rien à attendre dans les terres de l'Orage. pour pouvoir partir comme il était venu, sans nom ni titre, juste avec cette épée qui pendait à sa ceinture, preuve unique de son titre. Chevalier. Quel bien joli mot. Les chevaliers ont de l'honneur, protègent les faibles sans sourciller. Alors que lui... Il sait parfaitement que sa seule personne compte à ses yeux. Autrement, comment aurait-il pu faire ça à la jeune femme qui se tient devant lui ?

Ses points se serrent alors qu'il sent couler dans sa gorge le poison qu'il va déverser, ses réponses mentis qu'il lui offrira. Mais elle ne doit l'aimer. Elle n'a pas le droit, plus le droit. Elle doit le haïr. Comment fait-elle pour ne pas encore l'avoir frappé ? Abigael est bien trop douce et Willem se laisse prendre à son propre jeu. Idiot qu'il est, tombé amoureux de sa proie. Non... Il n'est pas amoureux. Il n'en a pas le droit. Leur amour est voué à l'échec. Il n'est peut-être qu'un batard mais il est fils d'une maison noble. Elle n'est qu'une roturière, une comédienne. Il ne peut lié sa vie à personne. Son coeur a déjà été bien trop piétiné par un menteur.

Le bâtard baisse la tête sans même contredire la vieille femme, incapable de détacher son regard d'Abigael. Il la dévore des yeux, brulant d'un désir malsain qu'il ne doit jamais laisser apparaitre. Mais ses lèvres ramènent à lui tellement de souvenirs, tellement de paroles qu'il avait promit, de mots doux susurrés à une oreille naïve. Il a été un monstre mais ses secondes où il était honnête, comme arrachées à des puissances qu'il n'aurait jamais dû rencontrer lui broient le coeur. Il doit reprendre ses esprits. Il ne doit lui faire autant de mal. Il est chevalier, pas un vulgaire bâtard tombé sous le charme d'une paysanne. Non, il n'a pas le droit. Et pourtant, quelque part en lui, il y croyait encore, il s'imaginait le corps de la belle se briser sous lui dans des pensées malsaines. Elle n'était que blancheur quand lui n'était que ténèbres.

Il ne parvient pas à articuler le moindre mot, bloqué, incapable de détacher son regard de son visage, de la petite mèche qui vient chatouiller la nuque de la jeune fille; Il est muet, pendu à son regard. Le silence s'installe, pensant, encore plus douloureux que tous les mots qu'il a pu entendre. Abigael est devant lui, son visage encore marbré des larmes qu'il a fait couler par sa simple présence.

Arwood et les Morrigen n'ont plus rien à faire dans ma vie. J'ai quitté Nid-de-corbeau depuis bien longtemps. Qu'il glisse, articulant difficilement ses mots. Il lui vole un regard, un seul avant de baisser les yeux. Mentir... Dire la vérité ? Le dilemme est beaucoup trop difficile pour lui. Elle doit l'oublier, ne jamais lutter pour qu'il reste à ses côtés. Et lui doit fuir loin de cette femme qui attire son coeur dans ses grands yeux bleus où il pourrait se perdre. Tu n'es en aucun cas responsable de ce qu'il s'est passé Abigael. Son timbre glisse sur le prénom, comme s'il en savourait la tonalité mais Willem se reprend, relevant le visage pour soutenir le regard qui lui déchire les tripes. Tu étais celle dont ils rêvaient. Tu n'imagines même pas l'effet que tu as sur les hommes, l'effet que tu as eu sur moi. Tu étais parfaite. La pureté, l'innocence. C'était bien trop dangereux et pourtant je devais le faire. pour ceux qui étaient les miens.

Ses mots se fondent, sa voix se fait moins forte à mesure que ses paroles s'échappent de ses lèvres. Il est coupable. Il est l'unique coupable. Et il se flagellerait chaque jour un peu plus s'il le pouvait. Abigael ne méritait pas ça. Aucune femme ne méritait de subir le même sort que sa mère. Mais c'est trop tard. Il s'était laissé berné par des mots doux, envoutés par le charme d'un homme contre lequel il ne pouvait résister. L'appel de cette sirène c'était fait trop fort et il avait plongé avec lui sans même se retourner, sans même imaginer les conséquences de ses actes. Qu'il payait aujourd'hui, en sachant pertinemment qu'il méritait pire châtiment qu'un regard plein de larme.

puis soudainement, son visage se relève. Le prénom qu'elle a prononcé. Comment peut-elle savoir ? Jamais Arwood n'offrait son identité et il n'avait aucun souvenir de l'avoir entendu se présenter - les circonstances ne s'y prêtant pas vraiment-. Elle le connaissait... Comment... Son regard s'entoura d'incompréhension alors que la question franchie ses lèvres sans même qu'il ne puisse la reformuler. Comment le connais-tu ? Arwood... Comment sais-tu qui il est ?
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❝ I'm lost.
I need you. ❞
- Willem & Abigael -
J'ai laissé au fil du temps mourir mon innocence, s'enfuir les souvenirs de mon enfance. Je sais ce que la vie a fait de moi. Et le temps défile sans me laisser la moindre chance, dans l'indifférence. Je suis ce que la vie a fait de moi.
 Un silence pesant c'est installé dans le couloir. Abigael le fixe de ses grands yeux bleus, attendant ne serais-ce que l'esquisse d'une réponse. N'importe laquelle - bonne ou mauvaise - elle doit savoir. Bien que son cœur prit douloureusement pour qu'il ai une excuse, une bonne excuse. Son cœur prit de pouvoir lui pardonner. Son cœur prit de pouvoir à nouveau se donner à lui.
Sa première phrase fait naître un espoir serein en elle - Il ne fait plus partie de ce groupe d'hommes effrayants avec elle ne sait quelle croyance. Si il est question de sacrifice, elle imagine tout à fait ce que Arwood aurait pu lui faire avec ce couteau. Toutefois, elle ne comprend rien aux restes de ces paroles. Elle n'y est pour rien - Alors pourquoi elle et pas une autre? Pourquoi rêvaient-ils d'elle? Puis, ces autres mots font s'emballer son cœur dans un inconscient bonheur : L'effet qu'elle a eu sur lui et qu'elle était parfaite. Ainsi que le fait qu'il ai "trahi" les siens pour la sauver, elle. Elle. Une moins que rien. Une pauvre roturière. Une enfant sans parents, sans passé et sans avenir. Elle. Il l'avait sauvé, elle.

Elle passe son avant bras sur ses yeux pour essuyer les larmes. S'apprêtant à lui répondre, sa question laisse paraître de la surprise sur son visage rougie. Est-il encore entrain de se jouer d'elle? Ou n'est-il vraiment pas au courant du lien de sang qui la lie à Arwood? Après un silence de réflexion perplexe, elle constate qu'il ne ment pas - Elle le voit sur son visage. Il semble si dérouté, il semble si mal de ne pas avoir de réponse. Un sanglot, venant du plus profond de son être, remonte alors douloureusement jusqu'à ses yeux. Comment? Comment Arwood pouvait faire une chose pareille? Lui, qui avait été si bon avec elle. Lui, qui avait pris soin d'elle. Comment pouvait il la faire souffrir maintenant? Et pire, comment pouvait il le faire souffrir, lui?

J'ai vu son visage ce soir là. Arwood... Arwood est mon frère... Lance t-elle avant de défaillir en s'entendant prononcé ces mots, avant d'éclater en sanglot.

Alors, perdant tout sens de prudence. Perdant le contrôle de ses sentiments, de ses émotions. Elle accourt vers lui pour se jeter dans ses bras.

Willem... Souffle t-elle, la voix ampli de désespoir, en se blottissant tout contre lui.

Elle a besoin de lui, il ne sait pas à quel point. Les mensonges, la trahison. Tout ça est dévasté par le torrent d'amour qu'elle ressent pour lui. Peut être est-ce de la naïveté, ou tout simplement en sixième sens qui lui hurle que tout n'était pas qu'illusion. Tout n'était pas que mensonge. Certain de ses mots avaient été prononcé avec une telle intensité, il ne pouvait en être autrement. Il l'aimait. Même un peu, il l'aimait.

Je suis si heureuse. Je croyais que... je croyais que je ne te reverrai jamais. Murmure t-elle, ne pouvant arrêté de pleurer.

Elle avait tant espéré. Elle avait tant rêvé de ce moment qu'elle en est à être dévasté - A la fois triste d'apprendre de pareilles nouvelles, et heureuse de pouvoir se blottir dans ses bras. Soulagé de sentir son odeur si particulière, de sentir sa chaleur, sa présence. De sentir son réconfort, la barrière protectrice qu'il avait inconsciemment mit entre elle et le danger. A présent, il n'a plus le droit de la quitter. Si il l'abandonne encore, Abigael ne s'en remettrait jamais.

Je t'en prie, ne m'abandonne plus... Implore t-elle dans son ultime espoir.

Elle n'est pas malheureuse au prêt de sa nouvelle famille, loin de là. Mais elle sent que quelque chose lui manque, que quelqu'un lui manque. Elle se sent vide. Démunie de tout sentiment qui lui sont propre. Elle ne vivait plus qu'à travers Pandora, qu'à travers cette femme splendide et forte qu'elle rêve d'être. Cette femme audacieuse qui lutte pour son amour jusqu'à presque mourir pour lui. Aujourd'hui, à cet instant, dans ses bras, elle se sent revivre. Elle se sent renaître. Elle sent la flamme, qui avait été réduite en l'état de braise, se revigorer au fond de son cœur. Elle serre un peu plus Willem contre elle, ne voulant plus le lâcher, ne voulant plus le quitter.

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Son frère... Son frère. Comment ? Le regard de Willem se perdit alors qu'il la fixait, qu'il retrouvait dans ses traits les souvenirs de celui qu'il aimait d'une passion sans nom, plus qu'il n'avait jamais aimé personne, plus qu'il ne pourrait jamais aimer Abigael. Arwood était son frère. Du même sang, de la même chair. Et lui c'était laissé prendre au jeu, avec convolé aux côtés d'être si semblables. Et pourtant. Abigael était si loin de ce qu'était Arwood. Ténèbres et lumière, passion et douceur, nuit et jour. Il avait l'impression de découvrir de nouvelles facettes d'Abigael. Il avait l'impression de la voir sous un jour nouveau. Et surtout, il savait qu'il ne pouvait rester une seconde de plus à ses côtés maintenant que cette vérité avait été hurlée à ses oreilles, maintenant qu'il savait. Il était faible, il s'était laissé envouté par des sirènes d'une même famille. La jeune femme semblait si différente... Mais le sang ne mentait pas, le sang ne mentait jamais. Dans les veines de la blonde coulait le même liquide visqueux et mortel que dans celle de cet homme qui l'avait trahit. Willem était un monstre, il le savait. Mais il l'était devenu à travers les paroles de cet effroyable incube qui l'avait rendu pareil à lui. Et voilà qu'il apprenait que celle dont il avait toujours rêvé la pureté partageait le sang de cette créature ô combien dangereuse.

Mais pourtant il ne peut la repousser alors qu'elle se blotti dans ses bras, alors que le parfum de sa chevelure le prend aux tripes qu'il retourne avec une application médicale. Il ferme les yeux, quelques secondes, s'offrant un instant de repis. Elle n'est pas Arwood et pourtant il l'a aimé. Il le sait, le sent au plus profond de son coeur qui bat bien trop fort. Le bâtard aimerait ne pas faire ce qu'il s'apprête à dire, ne pas mentir une nouvelle fois, ne pas briser le coeur qui lui est offert sans la moindre contrepartie, comme un présent qu'il ne devrait pas refuser. Mais il ne peut se le permettre. Il doit partir d'ici, remonter loin, disparaitre dans les ténèbres de ailes du corbeau.

Je ne peux pas Abigael. Tu dois rester auprès des tiens. qu'il murmure à son oreille. Il prend une dernière inspiration dans sa chevelure, s’emplissant de son parfum comme s'il veut le graver dans sa mémoire. La chaleur de la jeune femme le fait frissonner. Il n'a pas le droit de la faire souffrir comme il le fait. Tu n'as pas ta place dans mon monde, tu ne peux rester avec moi. Il la repousse alors légèrement, faisant taire le noeud dans son ventre. Il souffre de partir à nouveau. Il souffre de la laisser. Mais il ne peut se permettre d'être à ses côtés. par pur égoïsme et aussi par peur qu'elle ne sombre dans quelque chose de bien trop terrible. Abigael n'est que pureté et à ses côtés, elle ne peut le rester. Le désir le tenaille trop. Il tacherait son blanc plumage de toute la noirceur que les Morrigen lui ont légué. Tu n'aurais jamais dû me revoir Abigael. Tu es bien mieux sans moi, tu t'en sortiras bien mieux. Je ne t'apporterais que du malheur et tu le sais au plus profond de moi. pourquoi tu ne me haïs pas ?

Sa question s'envole alors qu'il plante ses prunelles dans celles de la belle. Elle doit le haïr. Il a tenté de la tuer, il l'a manipulée pour mieux l'offrir aux démons et à la mort. Alors pourquoi n'eprouve-t-elle pas plus de rancune ? Ce serait tellement plus facile si elle se contentait de frapper son visage, de lui dire de partir plutôt que de pleurer. Ses larmes lui sont douloureuses et il refuse de voir les sentiments qui s'affichent comme un livre ouvert sur le visage de la si jolie jeune femme. Non, il refuse. Car il serait incapable de la repousser plus encore.
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- Willem & Abigael -
J'ai laissé au fil du temps mourir mon innocence, s'enfuir les souvenirs de mon enfance. Je sais ce que la vie a fait de moi. Et le temps défile sans me laisser la moindre chance, dans l'indifférence. Je suis ce que la vie a fait de moi.
 Tandis qu'il la repousse, ses mains s'agrippent presque à lui. Mais la jeune femme se fait à l'idée qu'elle ne pourra pas le retenir, du moins pas par la force. Alors elle se laisse faire et relève la tête pour ancrer ses prunelles bleutées dans les siennes. Contre toute attente, les mots du jeune homme font cesser les sanglots et les larmes - Il ne veut pas d'elle. Peut être ne l'aime t-il pas en fin de compte? Non, la véritable question est est-ce-que ça a vraiment de l'importance? Qu'il l'aime ou qu'il ne l'aime pas ne changera pas le fait qu'elle l'aime, elle. Qu'elle l'aime plus que tout au monde et qu'elle a du mal, beaucoup de mal, à vivre sans lui. Willem lui a volé son cœur, l'éloigner d'elle c'est l'étouffer et la tuer.
Elle baisse alors son regard jusqu'à la main du jeune garçon. Après quelque secondes de silence, elle vient enlacer tendrement cette dernière de ses doigts tremblotant toujours d'émotion - encore un contact qui lui a manqué. Ses mains sur elle, elle en a tellement rêvé. De jour comme de nuit. L'esprit et le corps d'Abigael s'évertuent à devenir femme, et c'est avec lui qu'elle a toujours rêvé de le devenir pour de bon. La blonde est persuadée que si le destin - qu'il soit naît du fruit du hasard ou de la volonté des dieux - les a ainsi réuni, c'est qu'il y a une raison. Cette raison, quelle qu'elle soit, elle ne veut pas la rater. Il y a encore quelques minutes, elle était prête a offrir ce qu'elle a de plus précieux au plus offrant des inconnus, juste pour l'oublier, pour se briser d'avantage. Mais Willem était là pour l'en empêcher. Ça, ça ne peut être qu'un signe pour elle.
Ses yeux se relèvent alors, embrasés par les sentiments forts à son égard, embrasés par l'adrénaline de l'espoir qui bouleverse son cœur et son esprit.

Parce que je ne peux pas te haïr. Lance t-elle, assurément. Toute ma vie des hommes ont décidé pour moi Willem... Aujourd'hui je refuse qu'il en soit encore ainsi. Ses muscles se tendent d'angoisse. Tu... Tu ne peux pas penser à ma place. Tu ne peux pas vivre ce que j'ai vécu... Tu ne peux peut être même pas ressentir ce que je ressens... Mais j'ai... J'ai besoin de toi Willem. Qu'importe ton monde, je te suivrai... Je ne fuirai plus.

Oui, Abigael est prête à tout pour lui. Prête à vivre mile et une atrocités, prête à vivre encore sur les routes comme elle le fait déjà, dans la chaleur ou le froid... Elle est prête à mourir pour lui car, sans lui, elle meurt quelque part déjà. La mort serrait plus douce que de sombrer à petit feu comme elle le fait.

Emmène moi avec toi, je t'en prie... Ne me laisse pas. Implore t-elle à nouveau, encore plus intensément.

Les larmes au bord des yeux, elle se montre forte pour ne pas les laisser s'échapper. Peut être veut-il qu'elle change? Peut être qu'elle est trop sensible pour lui? Peut être préférerait-il Pandora? Est-elle seulement capable de devenir la princesse audacieuse en dehors d'une scène?
Son autre main vient se déposer avec douceur sur celle de Willem qu'elle tient déjà. Ses yeux s'attardent un instant sur son si beau visage, sur cette image qu'elle voit dans tout les coins et recoins. Dans tout ses rêves. Cette image qu'elle veut contempler et aimer jusqu'à sa mort. Tandis que son attention se porte un instant sur les lèvres qui l'ont tant de fois embrassé, ses lèvres qui lui manque tant. Ses yeux se baissent aussitôt tandis que ses joues prennent une teinte rosie, honteuse de repenser à ses nombreux baisés dans un pareil moment. Ses doigts se resserrent doucement sur sa main - elle ne le lâchera pas si facilement. Elle veut être à lui, elle est à lui.

Abi... Est ce que tout va bien? Lance soudainement Edrick, de l'autre bout du couloir, en la faisant sursauter. Il semble inquiet et veut s'assurer que tout va bien.

Elle se tourne alors légèrement. Gardant la main de Willem dans les siennes - elle a trop peur qu'il s'enfuit, qu'il disparaisse.

Oui... Merci. Encore un moment s'il te plait. Répond t-elle gentiment.

Edrick acquiesce d'un geste de la tête avant de jeter un regard méfiant à Willem et de disparaître. Elle se retourne donc et ses yeux bleutées se plantent à nouveau dans ceux du brun - folle amoureuse, elle l'est et ça se voit.

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