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All men must die, and i've tasted the dornishman's wife. [FB] ft. Valena Allyrion

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An 296, lune 7.

L'aigle du Conflans avait passé plusieurs jours sur son cheval, la pauvre bête commençait à ne plus en pouvoir de ce désert et de ce sable, si aisé soit-il pour courir dans les plaines, le désert était tout autre.

De son séjour à Dorne - et ce n'était guère le premier - il n'avait rencontré aucun homme ni aucune femme du Conflans ou de ce que tous les autres nommait "personnes du Nord". Et plus ils s'enfonçaient lui et son cheval et moins ils croisaient de monde. En réalité, sur ces multiples voyages en ces terres, c'était la seconde fois qu'il osait aller aussi loin et braver le désert : son cheval ne saurait subir un troisième aller-retour, il le savait déjà.

Ses habits n'étaient que peu adaptés à braver les déserts mais il s'en contentait, à vrai dire, Patrek se souciait de peu de choses si ce n'est où il allait dormir et ce qu'il allait boire ce soir. Et surtout : avec qui. Le Mallister était souvent bien accueilli, il avait dans certains villages laissait bon souvenir ou peut-être était-ce une façon de certains d'espérer avoir de l'argent sachant que les Mallister en avaient beaucoup si loin soient-ils. Il avait connu les femmes blondes des montagnes rouges et les femmes à la peau cuivré de Salrivage et ses alentours, son parcours continuait près de la Gracedieu, désireux de voir de nouvelles beautés à travers les déserts : les femmes comme les paysages si atypique. Dorne était de loin sa région préférée, les moeurs correspondaient à sa façon de vivre et de penser et il ne se sentait jamais jugé.

Aux premiers abords, peu aurait pu deviner que Patrek Mallister était un héritier d'une grande maison, que ce soit à cause de ses cheveux bruns sales, il avait malgré tout cette prestance, ce charisme, cette façon de s'imposer lorsque le moment le voulait. Il avait beau se faire passer pour un simple homme aimant le vin et les femmes, il restait au fond un homme très instruit et imposant de tout futur seigneur. Mais lorsqu'on le voyait pour la première fois, il pouvait paraître difficile de s'imaginer qu'un jour, Patrek serait à la tête d'une importante maison du Conflans et aurait entre ses mains commandement de nombreux hommes et d'une grande flotte. Il arrivait à la Gracedieu et espérait que son arrivée ne ferait pas trop tâche, un homme du Nord l'appelait-on. Il était très différent des dorniens et n'importe qui le voyait, il venait pour la première fois en ces lieux et ne comptait pas aller directement là où était le seigneur et sa famille mais visiter les alentours, faire reposer son cheval et boire du bon vin dornien, un projet fort alléchant.

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Some saw the sun, some saw the smoke. Sometimes the wire must tense for the note. Caught in the fire, say oh, we’re about to explode. Carry your world, I’ll carry your world. Some far away, some search for gold, some dragon to slay. Heaven we hope is just up the road. Show me the way, Lord because I'm about to explode. Carry your world and all your hurt.
Patrek & Valena



« Allons Cletus, un peu de nerf veux-tu ? » l’encourageais-je d’une voix douce.

Le dernier né de la famille Allyrion avait toujours été le plus faible physiquement parlant. Déjà bébé, il était petit, léger et frêle. Un petit poupon de porcelaine aux yeux bleus et aux cheveux blonds que j’imaginais toujours briser si je le tenais trop fort contre moi. Si nous avions espéré qu’en grandissant, il gagnerait en musculature et en force, la réalité fut toute autre. En outre, s’il n’avait ni hérité de la robustesse de Daemon ni de ma fougue, mon jeune frère avait bel et bien délaissé le caractère tempétueux de son demi-frère et de sa sœur pour préférer l’intellect posé et réfléchi du chef de la Grâcedieu. Observateur, méticuleux et stratège en herbe, Cletus était le plus calme et le plus mesuré d’entre nous. Pourtant, sa jeunesse faisait qu’il nous considérait encore comme des modèles à suivre et souhaitait donc, naturellement, calquer son comportement sur notre imprévisible et combatif demi-frère qu’il ne connaissait que trop peu. Aussi, il m’avait demandée bien humblement de le regarder s’entrainer à la lancer et de lui donner quelques conseils. J’étais loin d’être la plus avisée en terme de maniement des armes, mais je savais me défendre et avais plus d’un tour dans mon sac. Si j’avais d’abord rechigné, prétextant du travail aux côtés de notre père, j’avais finalement cédé face à ses yeux tristes.

Il fit un nouveau pas dans la terre battue rouge d’une de nos petites coures intérieures où crépitait doucement une fontaine. Le jeune garçon brandit sa lance, mais son mouvement manquait d’assurance et de force. Avec un geste pareil et malgré le tranchant de la lame, le pauvre n’aurait guère réussi plus que de trancher une motte de beurre. Et encore, avec quelques difficultés. Peut-être aurait-il dû si prendre plusieurs fois avant de la couper en deux. Ses jambes flageolantes me firent froncer les sourcils. Il manqua de tomber, mais se redressa avec un souffle. De grosses gouttes de sueur roulaient sur son front, le long de ses tempes avant de venir tremper les plis de sa tunique couleur sable. Si notre mère avait été là, elle l’aurait surement sermonné et se serait inquiétée de le voir en plein soleil. Cletus et elle avaient tendance à prendre des coups de soleil, à cause de leur peu blanche de Ferboys. C’était un problème que je ne connaissais pas. Mon frère me jeta un regard en coin, s’assurant que mon attention lui appartenait toujours et je hochais la tête d’un air dur pour le motiver un peu. La douceur ne marchait pas toujours avec lui et il avait tendance à abandonner facilement l’effort physique s’il voyait que nous lui accordions complaisance et sourire. Je me décidais donc à me montrer plus sévère, attitude que je réservais aux étrangers et aux inconnus, et qui me déchirait le cœur face à mon jeune frère adoré que je ne voulais brusquer en rien.

Après un nouvel effort, il finit par laisser tomber la lance au sol qui s’écrasa avec un bruit mat dans le sable. Je lâchais un souffle désespéré alors que je me relevais. Arrivée à sa hauteur, je ramassais la lance.

« Restons-en là, » décrétais-je. « Tu n’en peux plus et mère me tuerait si je te laissais continuer à t’acharner de la sorte. »

Il baissa la tête, honteux et regarda rapidement ses mains poisseuses, couvertes de sable et d’ampoules. Je les examinais à mon tour, lui attrapant le poignet malgré ses protestations et sa furieuse envie de s’éloigner.

« Ne fais pas l’enfant ! » grognais-je. « Restes là, je vais aller chercher de quoi te soigner. »

J’aurais très bien pu appeler une domestique pour qu’elle le fasse à ma place, mais je pouvais également autant le faire toute seule. Je quittais le jardin ensoleillé et fourrais la lance dans les mains d’un valet qui n’avait rien demandé. Je n’étais pas vraiment une spécialiste des plantes et des divers bandages, mais me rendis tout de même dans la petite salle ombragée, sentant les livres et la poussière que notre mestre occupait pour ranger ses grimoires et ses bocaux remplis de choses dont j’ignorais jusqu’au nom. Malgré son caractère exiguë, la petite salle était impeccablement rangée, même si son odeur de renfermée me fit froncer le nez.

« Pas ça, pas ça non plus… Encore moins ça… » maugréais-je dans ma barbe tandis que les plantes séchées défilaient sous mes yeux.

Enfin, je mis la main sur un onguent où les quelques notes manuscrites du mestre m’indiquèrent de son usage et calais sous mon bras de la gaze. Je ressortis bien vite et alors que je trottinais dans les couloirs, je croisais deux domestiques le visage baissé, qui discutaient à voix basse sans me voir.

« Il paraitrait qu’un pauvre hère se promènerait sur les terres de nos maîtres… À proximité du palais... Certains disent qu'il est dangereux. » commença la première.

L’autre voulut répondre, mais son regard croisa le mien et elle se tut, préférant à la parole une bien basse révérence.

« Qu’as-tu dis ? Un vagabond ? Sur nos terres ? » la coupais-je net dans son élan.

Elle acquiesça vivement.

« C’est ce que l’on dit ma lady, je ne suis pas allée voir de moi même, je n’en sais pas plus, je suis navrée… »

Je lui tendais les affaires que j’avais dans les bras et lui intimais de les remettre à Cletus. Il fallait que j’en ai le cœur net ! Je me rendis au pas de course aux écuries et, pour mon plus grand malheur, me mis en selle avec l’aide bienveillante d’un palefrenier que je ne remerciais même pas, trop fière.

Nos terres bordaient les rivières principales de Dorne et si l’intrus n’était pas fou, il se trouverait à proximité pour profiter d’un peu de fraicheur. Je talonnais ma monture et longeais donc les berges, au petit trot, l’œil alerte, mais peu à l’aise sur ma selle.

Une silhouette ondulant sous l’effet de la chaleur attira mon regard après moins de dix minutes de chevauchée. Derrière moi, l'ombre rassurante de la forteresse de la Grâcedieu était nettement visible. Je plissais les yeux et mis une main en visière. Qui était-ce donc ? Aux alentours, aucun soldat et aucun garde présent. Je m’approchais de lui sans me cacher et remarquais, buvant de tout son saoul à la rivière, une vieille carne sèche que j’identifiais comme étant son destrier.

« Alors c’est donc vrai ? » demandais-je. « Un vagabond a osé pénétrer nos terres ! »

Je le toisais de haut, méprisante et prête à dégainer la dague cachée dans mes voiles si le besoin s’en faisait sentir. Pourtant, son allure, ou du moins son visage et cette aura si particulière qu'il dégageait me fit un instant douter de son rang.

« Déclamez votre identité à l’héritière de ces lieux ! » lui ordonnais-je, soudain suspicieuse.

  

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Le désert dornien ne pardonnait jamais. Cuisant, rude, il imaginait facilement le nombre d'hommes qui n'avaient pas pu terminer leur route à cause de ce soleil et de ces dunes à n'en plus finir. Qui plus est, Patrek n'était pas un homme des sables, c'était un homme du Nord plus habile sur un bateau que le séant sur un cheval, un navigateur qui en son habitat naturel sentait bon la mer et revêtait des habits bleu roi et argent. Cela viendrait presque à lui manquer. Presque. La liberté était plus délicieuse encore.

Enfin, au loin, un édifice. Mieux encore, une rivière où son cheval se précipitait pour ne serait-ce qu'un peu d'eau, était-elle pure ou non, son cheval ne se posait pas la question avant de s'y abreuver. Mais alors que son cheval tentait de se rafraîchir, il entendait la voix d'une femme. Agressive, lui semblait-elle. Vagabond ? Il eût un rictus amusé. Vagabond, c'était loin d'être la première fois qu'on l'appelait ainsi. L'héritière ? Elle ne serait point déçue. Si tendue soit-elle à cet instant, Patrek usait de tout son calme et bon parlé pour essayer de l'apaiser.  

" Je suis Patrek Mallister, héritier de la maison Mallister de Salvemer, au Conflans. Il est bien vrai que je suis loin de chez moi mais l'on m'a tant conté la beauté de ces lieux qu'il n'y avait pas d'autres façon de vivre que vérifier ces dires. Je ne suis point déçu de ce que j'ai pu apercevoir jusqu'ici, je dois dire. "

Un sourire charmeur, sans doute aurait-il fait plus d'effet si l'aigle avait eu moins chaud et était moins fatigué. Mais c'était l'intention qui comptait. Il fit un pas de plus vers la jeune femme, il y allait lentement afin de ne pas l'effrayer et la forcer à faire quelque chose qu'elle regretterait. On disait les femmes de Dorne dangereuses et fougueuses, on disait que les femmes d'ici savaient se battre comme des hommes et n'hésitaient pas à dégainer et empaler leur ennemis et hommes tentant de les charmer. Comment ne pas les charmer ? Elles étaient de loin les plus belles femmes de Westeros et cette femme devant lui n'échappait pas à la règle bien au contraire.

" L'on m'avait conté la beauté des femmes de Dorne, je suis à présent tout à fait d'accord avec cela aussi. "

Des muses. Oui, Patrek était réellement impressionné par la beauté de la jeune femme à mesure qu'il s'avançait pour mieux la voir. Son teint halé, ses cheveux plus noir que la nuit et ses yeux bruns, elle n'avait rien à envier aux autres femmes, il le savait déjà. Mais il fallait se ressaisir. Patrek dût faire preuve de bon sens et réfléchir un peu mieux à la situation. La Gracedieu de Dorne appartenait à quelle maison ? Ferboys ? Non ... Dayne ? Encore moins... Gargalen ? Non il se souvenait de la maison Gargalen, le nom de leur contrée était presque semblable à la sienne ce qui, enfant, l'avait amusé, Salrivage et Salvemer. Les Martell étaient à Lancehélion. Qorgyle ? Non plus. Cela lui revenait, finalement. Maison Allyrion, Gracedieu, No Foe May Pass. Mais de là à connaître les noms des enfants, c'était bien trop lui demander, il connaissait les maisons suzeraines mais connaître toutes les maisons vassales... Non. Il la regardait avec un peu plus d'insistance.

" Pardonnez mon insistance Lady Allyrion, mais mon cheval a besoin de repos. Accepteriez vous notre humble présence ne serait-ce qu'un ou deux jours, le temps de se remettre de ce désert infernal ? "

Et pourquoi pas après un peu de repos s'octroyer un peu de bon temps en charmante compagnie ? Rien ne les empêchait de s'amuser et cette idée lui fût fort plaisante après tout ce chemin. Ses yeux gris d'acier la regardait avec une certaine insistance. Refuserait-elle ? Elle en avait tous les droits il était bien vrai. S'il fallait payer il payerait, s'il fallait rester un jour et partir au petit matin il partirait, peu lui importait, les derniers jeux lui avaient fort rapportés mais dans le désert on ne mangeait pas son argent il paraissait fort peu utile. Mais dans ces lieux, il aurait en revanche toute l'occasion de le dépenser. Des dragons d'or, il en possédait un petit nombre confortable et peut-être en gagnerait-il aussi à force de jeux et paris s'il y en avait. Mais fallait-il encore pouvoir rentrer, là était toute la question.
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Patrek & Valena



Peu à l’aise sur ma selle, je ne cessais de remuer et de faire piétiner le pauvre animal qui semblait impatient de rentrer aux écuries pour se débarrasser de moi. Malgré cela, je restais inflexible, prête à bondir sur l’homme s’il s’avérait être menaçant ou dangereux. Ou plutôt, prête à talonner mon cheval pour rentrer chercher de l’aide au triple galop. Même s’il avait l’air faible et épuisé, je ne gageais pas de sa force. En effet, j’étais probablement plus faible que lui et il aurait tôt fait de m’avoir à sa merci. En revanche, son pauvre animal desséché aurait du mal à suivre un étalon dornien en pleine forme, malgré les piètres qualités équestres de sa cavalière. Même si fuir n’était pas vraiment dans mes habitudes, je ne voulais pas jouer aux guerrières aujourd’hui. D’une part parce que je n’en étais pas une et d’autre part parce que Cletus m’attendait à la forteresse.

Ses lèvres décochèrent un sourire ironique à ma dernière phrase. Se moquait-il ? Me prenait-il pour une idiote ? Vexée, je serrais les dents, prête à répliquer, mais il leva la tête et me coupa l’herbe sous le pied. Je tentais de ne pas afficher d’air étonné face à ses mots, mais je me doutais bien que la surprise transparaissait sur mon visage. Un conflannais ? Ici ? Une héritier d’une grande maison du nord, perdu dans le désert entourant la Grâcedieu ? Ma première réaction fut de ne pas le croire. Quel naïf pouvait donc bien accorder quelque fond de vérité à ces balivernes ? Pourquoi un héritier quitterait-il son fief pour se promener dans le sud ? N’avait-il pas des responsabilités ? Pire, qu’est ce que qu’un noble faisait, seul, perdu, assoiffé et affamé entre deux dunes sans que personne ne s’en inquiète ? Cette histoire était trop grosse. Pourtant, il avait bel et bien la peau pâle des habitants du Conflans ou de l’Orage. Ses yeux bleus, perçants, n’étaient ni ceux des Ferboys, ni ceux des Poulet. Je connaissais toutes les familles dorniennes arborant des similarités physiques avec nos voisins du nord et ce Patrek n’était définitivement pas des Montagnes Rouges. Il aurait su, sinon, les dangers du désert et ne se serait pas laissé mourir de la sorte.

Il s’approcha lentement, comme pour ne pas m’effrayer, mais je ne bougeais pas d’un centimètre. Je n’avais pas peur d’un homme suant sang et eau, les cheveux constellés de grains de sable, la mine creusée et l’air abattu. Il devait bien comprendre que j’avais plus de chances de m’enfuir et de le laisser mourir ici que lui de m’atteindre. Malgré sa situation précaire, il trouvait pourtant encore la force de me lancer quelques œillades charmeuses agrémentées de compliments. Cela ne suffit pas à me dérider, même si les flatteries étaient un de mes points faibles.

Je fus pourtant agréablement surprise lorsqu’il m’appela Allyrion. Ainsi donc, il connaissait notre maison, malgré son prétendu statut de nordien ? Muette et toujours suspicieuse, je l’écoutais nous demander l’asile. Si je refusais, je ne donnais pas cher de sa peau. Il mourrait probablement de déshydratation, de fatigue ou de faim, si les rayons du soleil n’avaient pas fait fondre sa cervelle avant. L’homme était dans une situation délicate. Mais il me mettait dans une situation plus délicate encore. Je n’osais imaginer les répercussions de mon geste si je refusais sa demande et qu’il s’avérait réellement être l’héritier de la maison Mallister. En revanche, si j’acceptais et que je m’étais laissée berner par ses paroles et qu’il n’était qu’un simple voleur ou profiteur… Je réfléchis posément un instant alors que mon cheval recommençait à s’agiter.

« Vous serez sous ma responsabilité, » lui répondis-je d’une voix forte. « Je n’accepterai aucun écart de conduite de votre part. »

Après un dernier regard, je saisis les rennes de mon destrier et m’engageais au petit trot en direction de la Grâcedieu. Je ne me retournais pas pour regarder derrière moi et m’assurer qu’il me suivait. Le bruit des sabots de son cheval dans le sable me suffisait amplement. J’étais à la fois curieuse et méfiante face à lui et j’attendais un peu pour savoir vers quel sentiment je finirais par me pencher. J’étais tentée de le questionner de suite, mais le désert n’était guère le meilleur endroit pour délier les langues. Patrek Mallister se serait surement déshydraté avant la troisième interrogation. Et mieux valait prévenir que guérir.

Nous traversâmes les petits villages parsemant les quelques mètres qui nous séparaient de la forteresse sous les regards étonnés des habitants. Arrivés aux écuries, le palefrenier qui m’avait aidée à grimper sur le dos de ma monture la récupéra alors que je bondis au sol, bien trop heureuse de quitter mon perchoir.

« Occupez-vous également du destrier de cet homme qui se dit être un lord du nord, » ordonnais-je d’une voix froide.

Devant les portes, un Cletus inquiet m’attendait de pied ferme. J’accourais vers lui à petite foulée et je n’attendis pas sa question pour lui répondre.

« Va prévenir Père. Nous avons un invité, dis-lui que je me charge de tout. »

Il acquiesça et disparut dans les couloirs après s’être retourné une fois. Je l’encourageais du regard.

« Suivez-moi, lord Mallister, » commençais-je. « Nous n’allons pas rester ici à fondre au soleil. »

Je le guidais à travers les dédales de la forteresse de la famille Allyrion sans lui laisser le temps d’observer les décorations murales ou les suivantes qui passaient près de lui en le toisant d’un air curieux. Le petit salon donnant sur nos jardins était le lieu idéal pour recevoir notre étrange hôte. Je l’invitais à s’installer sur un des sofas mordorés tandis que je prenais place sur un fauteuil d’ébène sombre, habituellement réservé à lord Allyrion lorsque nous déjeunions ensemble ici. Des domestiques, rapides comme le vent, se dépêchaient de garnir les tables en vins, eau et mets.

« Servez-vous donc, » l’invitais-je. « J’imagine que l’homme qui se tient devant moi est plus mort que vif. »

Quant à moi, je ne touchais à rien, aucune faim ni aucune soif ne tenaillait mon corps, malgré les heures passées à observer Cletus s’entrainer.

« Je suis curieuse d’entendre votre histoire, Lord Mallister, » terminais-je en insistant sur son titre, lui montrant bien que j’avais besoin de plus de preuve qu’un nom lancé au hasard pour me convaincre de sa naissance.

  

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Cette fausse froideur l'amusait plus qu'elle ne l'effrayait. Il en fallait beaucoup pour le déstabiliser et à cette heure-ci, la chaleur du désert était bien plus rude qu'une femme.

Qu'on le croit ou non quant à ses origines lui importait peu, il savait qui il était et le désert ne le changerait pas. Il était vrai qu'on pouvait se demander : mais qu'est-ce qu'un homme du Conflans peut bien faire ici ? Lui-même ne saurait vous répondre. Si ce n'est l'envie de voyager, d'explorer. Son orgueil le pousserait à ne pas vous avouer que c'était pour fuir ses responsabilités plus que tout autre chose et que cette fuite permanente pouvait le conduire dans des situations périlleuses.

La Gracedieu. C'était déjà mieux que le désert bien que le soleil restait le même. La damoiselle l'invitait à le suivre et il suivait sans se poser plusieurs fois la question, c'était sans doute dangereux, cela pouvait être un piège mais il n'en avait cure, quel piège pouvait être plus dangereux que les dunes se ressemblant et semblant être infinies ? Quand la dame l'invitait à s'asseoir et se servir, il ne se fit pas prier ! Ce n'est qu'après avoir bu une grande gorgée d'eau qu'il se reprenait. Un sourire étirait ses lèvres lorsqu'elle mentionnait qu'il semblait plus mort que vif.

" Il en faut plus que cela pour tuer un Mallister. "

Il prenait une autre gorgée.

" Je vous remercie pour votre hospitalité, elle me va droit au coeur. "

Il se servait à nouveau, toujours en eau, le vin, il savait déjà qu'il en boirait plus que de raisons par la suite, son corps ne réclamait à cette heure que de l'eau fraîche.

" Mon histoire ? Rien d'intéressant à entendre là dedans. Je suis le fils du seigneur Jason Mallister, je n'ai rien de plus à dire je le crains. Je doute que des années de voyage à travers Westeros soient passionnantes à entendre, n'est-ce pas?"

Un sourire malicieux étirait à présent ses lèvres, les femmes avaient toujours adorés ses histoires, elles avaient toujours adorés entendre ce qu'il pouvait se passer, les petits ragots de l'autre bout de Westeros. Patrek laissait toujours une oreille traîner ça et là, c'était après tout le but de la survie. Ce qu'il pouvait entendre était souvent inutile, parfois tirés par les cheveux, d'autres et rares fois intéressantes. Patrek se servait de fruits avant de reprendre sa tirade.

" L'on me parlait des histoires de Dorne, lorsque j'étais enfant. On me racontait vos histoires et comme vous étiez. J'en ai souvent douté et j'ai décidé de venir jugé par moi-même. Ce n'est point la première fois que je viens en ces terres, c'est cependant la première fois que je pousse autant dans le désert avec mon cheval et je crains qu'il n'ait apprécié le voyage comme je l'ai apprécié. J'ai passé un moment dans les Montagnes Rouges, la maison Forrest notamment m'a bien accueillie. La maison Ferboys a préféré rester sur ses gardes, ce que je comprends. Je ne désirais que me rendre à Lancehélion, chose plutôt ironique lorsque l'on sait que j'ai le pied marin et qu'il aurait été plus pratique que je prenne une voile pour m'y rendre, mais cela aurait été moins amusant et je n'aurais pas pu profiter des beautés exotiques de Dorne. "

Les femmes, les mets, les couleurs, les chansons, les moeurs tout simplement. Dorne était pour lui comme un monde à part, loin de tout Westeros, à croire qu'une simple chaîne de montagnes les séparaient du reste du monde. Si tout pouvait être si simple, les hommes auraient cherchés à construire eux-même des montagnes depuis des années si cela pouvait assurer leur tranquillité et sécurité.

" Dites moi, pourquoi une femme vient-elle m'accueillir ? J'aurais pu être un vagabond et vous voler, vous ou votre honneur. "

Les violes étaient courant dans le reste de Westeros. Néanmoins, lorsque Patrek y avait assisté - généralement dans des auberges crasseuses - il avait récompensé ses hommes en leur coupant le membre ou la main... Bien que c'était souvent par amusement plus qu'autre chose. Le risque que l'autre se relève et se venge l'amusait. A croire que pour ressentir de l'adrénaline, il était prêt à tout. Mais Dorne encore une fois était différente et pas un homme ne parlait mal aux femmes ni ne les agressaient ni n'essayaient de leur voler leur vertu. Chose remarquable - mais étrange pour lui qui était habitué à cela.

" Je me serais plutôt attendu à un garde, un soldat. "

Non pas qu'il la dénigrait parce qu'elle était une femme... Elle restait une femme et il concevait encore mal qu'une femme puisse se battre.
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Patrek & Valena



Le petit salon avait tout pour être accueillant et chaleureux. Des fins voilages protégeaient la pièce des rayons du soleil et les courants d’air frais, venant du jardin où l’on pouvait entendre chanter la fontaine, étaient salvateur. Les grandes arches, ouvertes sur l’extérieur, semblaient appeler la verdure à s’engouffrer sous les riches tapis habillant le sol de dalles couleur de bronze. Une table centrale de taille conséquente accueillait des mets et des boissons et se trouvait entourées de fauteuils, de sofa et mêmes de petits poufs où, enfant, j’avais adoré me lover. Lorsque nous étions en famille, j’aimais m’installer au sol, en tailleur ou dans une position qui nous était propre à Daemon et moi : mi-assis, mi-couchés. Je soupçonnais d’ailleurs mon père d’avoir fait l’endroit de sorte à délier les langues et à mettre nos invités à l’aise. Trop à l’aise. Enfin, j’imaginais que ce fameux lord du nord, qui ne se faisait pas prier pour boire à grandes gorgées bruyantes l’eau fraiche précédemment apportée par les serviteurs, devait trouver l’endroit bien plus à son goût que le désert et ses températures meurtrière. Enfin, il avait eu de la chance d’arriver jusqu’ici et de ne pas mourir de déshydratation avant. Peut-être serait-il en train d’avoir des hallucinations liées à la soif à l’heure qu’il était si je n’étais pas venue à sa rencontre. D’ailleurs, il avait également bien fait de s’orienter vers l’est et non pas au sud, dans les alentours de Denfert. Le pauvre fou aurait trouvé un accueil bien moins agréable. Ulwyck, l’ancien écuyer de mon père, n’était pas connu pour son amour des étrangers. Et l’on savait tous ce que l’on disait de sa famille. La moitié des Uller sont fous. Le reste est pire.

Lorsqu’il me remercia, je balayais sa phrase d’un revers de main. Quant à sa précédente assertion, je ne pus que ricaner derrière mon sourire d’apparat. Il en fallait plus pour tuer un Mallister ? Nombre de dorniens et dornienns, fils et filles du sable, avaient été pris au piège par le désert. Leurs carcasses se mêlaient désormais aux grains et servaient de festin aux vautours, aux chacals et aux autres charognes qui hantaient les dunes. Alors, un conflannais, perdu ici ? Je ne donnais pas cher de sa peau, peu importaient ses belles paroles. Il était probablement trop fier pour l’admettre. Ou alors ridiculement stupide. Or, il ne m’avait pas l’air d’être sot, derrière ses grands airs. Je penchais donc pour de l’orgueil simple. Je ne pouvais pas lui en vouloir pour se trait de caractère, que je ne partageais que trop bien.

Il m’informa ensuite du nom de son père. Je fis mine d’acquiescer d’un air entendu, feignant le fait que je reconnaissais ce patronyme et que, de fait, je le légitimais en tant que Mallister. En réalité, je n’en savais rien et finalement, d’y accordais pas vraiment d’importance. J’avais des doutes quant à sa naissance, mais s’il avait été un voleur, une nouvelle fois, je ne donnais pas cher de sa peau. Il était entré ici, j’avais informé Cletus et mon père de sa présence. Un pas de travers et il signait son arrêt de mort. Je décidais donc de le croire sur parole. Ainsi, lui aussi était un voyageur ? Décidemment ! J’avais croisé, il y avait quelques mois, une jeune Nordienne, soigneuse de son état, et baroudeuse. Les étrangers s’étaient-ils donnés rendez-vous à Dorne ? Avaient-ils donc tous décidé d’échouer ici ? Ou alors un événement dont on ne m’avait pas informée se préparait-il ? Je décidais pourtant d’entrer dans son jeu.

« Vous avez raison, je n’ai que faire de vos voyages ou de vos quelconques escales. »

Je le trouvais un peu trop confiant à mon goût. Même si j’adorais les histoires et les tableaux mentaux que me peignaient les mots des voyageurs, je restais fermée à la discussion. Du moins, sur ce sujet là. Peut-être en étais-je jalouse. Je n’avais vu que Dorne et même si je tentais de me persuader que cela me suffisait, je savais, au fond de moi, que cela était faux.

Pourtant, lorsqu’il me décrivit comme ses yeux voyaient notre région, je fus flattée et acquiesçais de bon cœur. Il était vrai que nous étions une étrangeté à Westeros. Et j’étais on ne peut plus fière de ces différences. Il n’y avait personne comme nous sur le continent et j’appréciais les sentiments tranchés que cela générait. Soit on nous adorait. Soit on nous détestait. Il n’y avait pas de gris, de demi-teinte ou de demi-mesure. Nous savions à quoi nous en tenir.

« Les Ferboys sont les cousins des Allyrion. Peut-être avez-vu mon oncle, Cletus ? Il n’est pas connu pour être très agréable avec les inconnus. »

Comme Ulwyck, le frère de ma mère, lorsqu’il était familier avec les personnes en face de lui, était le plus amicale, le plus chaleureux et le plus boute-en-train des hommes. En revanche, face à des étrangers, il se refermait comme une huitre et arborait un air bourru et froid qui aurait effrayé le plus terrible des géants. Je ne doutais donc pas des paroles du Mallister.

« Dorne est bien exotique pour vous autres, du nord, » souris-je sincèrement pour la première fois. « Je comprends que l’on puisse être curieux. »

Je montrais un intérêt lorsqu’il évoqua la mer et les voyages en bateau. Je n’avais, à mon plus grand malheur, jamais posé les pieds sur un bateau. Du moins, en haute mer. Avais-je le pied marin ? J’avais entendu certains, dans les rues de la Grâcedieu, se plaindre d’avoir été malade à cause des vagues. Quel drôle de sentiment cela devait être de ne plus sentir la terre ferme sous ses pieds ! Simplement le plancher tanguant d’un navire et la mer, vivante, et chantante.

Mes pensées furent interrompues par une question bien saugrenue du conflannais. À cela je ne pus que m’esclaffer.

« Vous qui voyagez depuis un moment à Dorne, vous devriez connaître les dorniennes et deviner de quoi elles sont faites ! Pourquoi un homme ? Pourquoi pas une femme ? Le sexe a-t-il réellement une importance ? Je suis celle qui vous a sauvé la peau, peu importe ce que j’ai entre les jambes, non ? »

Je me servis, comme lui, l’eau un verre d’eau pour faire passer le hoquet de ma gorge.

« Essayez donc de me voler, » le provoquais-je en écartant mes bras, « nous verrons bien quelle main je couperai en premier. »

La lame de ma dague était bien présente, brulante contre ma cheville. Il me faudrait moins de deux secondes avant de la saisir pour me défendre. Je n’avais pas un gabarit imposant et était plutôt petite. L’on ne pouvait pas dire que j’étais très endurante ou encore très forte. Pourtant, j’étais rapide et j’avais plus d’un tour dans mon sac. Je misais toujours sur mes deux points forts lorsqu’il me fallait me battre. J’avais eu une éducation et une formation aux larmes courtes et je n’étais certainement pas la plus mauvaise.

« Quant à mon honneur, je vous lance le même défi. Allez-y. Mais cette fois, ce ne sont pas vos mains que je viserai. »

J’étais faussement menaçante et mon rire était perceptible derrière mes paroles. Je savais également que mon père prévenu, il avait dû faire placer en toute discrétion des soldats derrière la porte menant dans les couloirs et dans le jardin. Nous ne les voyions certes pas, mais j’étais persuadée que, eux, nous voyaient. Aussi, il pouvait bien tenter ce qu’il voulait. Il n’en ressortirait pas indemne.

« Et vous avez bien vu l’efficacité de nos soldats, » me désolais-je en haussant les épaules. « Vous étiez là, à errer comme une âme en peine, presque sous leurs yeux et c’est encore à moi de faire leur travail ! »

Finalement, l’ambiance de la pièce réussissait peut-être à me mettre à l’aise, moi aussi.

  

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Homme du Nord. Ca le faisait toujours sourire, voir même rire, lorsqu'on le nommait ainsi. Sûdier pour les nordiens, nordien pour les sûdiers. Il ne s'était pas vexé lorsqu'elle lui avait dit se moquer de ses aventures, il avait plutôt ris en tenant cette coupe dans ses mains. On lui avait conté nombreuses choses sur les femmes de Dorne et chaque rencontre qu'il faisait était un véritable plaisir, hautes en couleurs étaient ces dames. Rares étaient celle du reste de Westeros qui auraient osés ainsi lui parler. Alors il s'en amusait plus qu'autre chose, à croire que les femmes d'ici pouvaient être plus dangereuses que leur désert.

" Là d'où je viens, si une femme tentait de faire ce que vous faites, cela se passerait tout autrement. Face aux hommes, elles n'ont pas leur mots à dire, elles doivent juste se terrer derrière leur père, époux, frère, oncle, cousin, qu'en sais-je encore. Comprenez donc qu'il peut être curieux pour un homme comme moi, venant d'où je viens, de voir une femme parler avec tant d'aisance et que les hommes semblent lui obéir sans la remettre en question ni même la juger du regard. "

Un sourire en coin sur ses lèvres, il la regardait quelque instants.

" Je n'ai jamais été de ces hommes, là est l'une de mes différence avec ces hommes du Nord. Si cela ne tenait qu'à moi, les femmes seraient reines en mon domaine. "

Un sourire sincère, il était vrai que les femmes n'avaient pas grande liberté chez lui, il se souvenait avec une certaine rancoeur des servantes et autres femmes que côtoyaient son père et avec quel dédain il s'adressait à elles, quand elles osaient s'adresser à lui. Elevé principalement par des femmes, il ne pouvait que les adorer, c'était un autre sujet de discorde avec son père.

" Vous êtes sûre de vous, c'est agréable à voir. Mais l'on dit qu'il ne faut pas confondre notre orgueil et nos réelles capacités. Une femme pourrait-elle battre un guerrier aguerrit ayant parcouru tout Westeros, ayant survécu au désert de Dorne à cheval ? Oh, mon domaine de prédilection est la mer et les hommes que je combats sentent le sel et le poisson, mais ne doutez pas pour autant des capacités et ressources d'un Mallister. Je n'ai que faire de votre argent et de vos possessions. On n'achète pas la passion et c'est tout ce que je recherche à Dorne, l'amusement, la découverte, la passion. L'argent n'achète pas tout et je préfère la vérité à offrir les services d'une femme elle aussi aguerrit. "

Cela avait au moins le mérite d'être franc : qu'avait-il à perdre de toute façon ? Il doutait que la jeune femme soit prude au point de ne pas savoir entendre cela.

Il riait ensuite en parlant de son honneur, pour quel homme devait-il passer, oui, il ne pouvait que rire à ça.

" Et bien, heureusement pour ma vie, que vous étiez là, Lady Allyrion. Je n'aurai pas eu fière allure, là dans le désert comme un aigle desséché. Et à nouveau, l'argent ne m'aurait guère sorti de cette situation malheureuse, alors à quoi bon voler, puisque cela n'est d'aucune utilité dans le désert. "

Il avait pris ses aises dans ce fauteuil au tissu étrange et coloré. Tissu qu'il regardait en plusieurs fois. Ah, les dorniens, si hauts en couleur, si étranges, si exotique.

" Avez-vous encore des doutes sur mon identité et sur ce que je serais prêt à faire, jolie dame ? "
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Some saw the sun, some saw the smoke. Sometimes the wire must tense for the note. Caught in the fire, say oh, we’re about to explode. Carry your world, I’ll carry your world. Some far away, some search for gold, some dragon to slay. Heaven we hope is just up the road. Show me the way, Lord because I'm about to explode. Carry your world and all your hurt.
Patrek & Valena



Je n’avais pas lancé ces menaces en l’air. L’étranger, aussi lord soit-il, se plaisait à se moquer sous mon toit, sous le toit de la personne qui l’avait arrachée au désert. Je cachais mon mécontentement derrière un masque d’ironie, mais l’homme ne devait pas être dupe. Il avait échappé à un nid de vipère pour tomber dans un autre. Un autrement autrement plus dangereux. Son visage affichait pourtant un air confiant et le sourire qui élargissait ses lèvres ne laissait pas transparaître un quelconque malaise ou animosité de sa part. Ma mention de lui comme étant « un homme du nord » semblait le faire rire. À Dorne, tous ceux vivant au-delà des Montagnes Rouges étaient du nord. Orageux, bieffois, conflannais… Quelle différence ? Tous craignaient la chaleur du soleil et le sable du désert. D’ailleurs, peu d’entre eux osaient s’aventurer dans les terres de la région la plus au sud de Westeros. De notre indépendance passée, nous avions conservé fougue et mœurs différentes. Nous étions soit méprisés, soit fascinants, mais nous ne laissions personne indifférent. Qui pouvait se vanter de n’avoir cure des enfants du désert ? Personne.

Je haussais un sourcil amusé à sa mention des femmes du nord. Cela faisait écho à mes précédentes pensées. Les femmes des régions septentrionales… On les élevait en créatures futiles et délicates. Ces mots ne m’étonnaient pas. Je connaissais leurs coutumes. J’étais à la fois désolée pour les hommes et pour leurs filles, leurs femmes et leurs mères. Pauvres petits moineaux qui resteraient moineaux, à se contenter d’une cage dorée, attendant patiemment leur pitance chaque jour. Je m’estimais heureuse d’être née à Dorne. Comment aurais-je pu me contenter de cela si j’étais une femme du nord ? Comment aurais-je pu subir pareil traitement ? Et les hommes se plaignaient de leurs caractères ? Ils souhaitaient des femmes fortes et affirmées alors qu’ils leur enseignaient le contraire ? Était-ce pour cela que leur curiosité les attirait à Dorne ? Pour goûter à l’inconnu ?

« Les femmes n’ont pas besoin d’être des reines. Elles n’ont pas besoin de vous pour être considérées comme telles, » lui rétorquais-je en entrant dans son jeu.

L’important était le respect mutuel, la reconnaissance que l’on accordait et qu’on nous accordait. Les choses fonctionnaient ainsi, ici. Bâtards, femmes, hommes, l’important était de faire ses preuves, de se montrer digne. Quelles nécessités avaient-ils tous, au-delà des Montagnes Rouges, à instaurer des règles, à enfermer les leurs dans des carcans étroits et des robes tout aussi inconfortables ?

« Des mots perdus dans le vent, » souris-je. « Il est facile de crier quelque chose, mais moins aisé de la faire se réaliser. Si vous voulez faire quelque chose, faites-le. »

J’avais bien conscience que mes paroles pouvaient sonner fausses. Évidemment qu’il avait besoin d’une certaine acceptation de la part de ses pairs. Personne ne voulait jurer dans l’harmonie, aussi désastreuse soit-elle, du tableau. Mais je ne me refusais aucune provocation et je me plaisais dans mon rôle de donneuse de leçon.

Un rire franc de ma part répondit à sa grandiloquence. Guerriers, capacités, orgueil… Que de grands mots ! Lui qui parlait d’arrogance se décrivait comme « un grand guerrier ayant survécu au désert de Dorne » ? Survécu grâce à qui ? Si c’était de l’humour, je devais bien me l’avouer, il était très fort.

« Vous êtes un homme hilarant, n’est ce pas ? Une simple « femme » comme vous m’appelez, pourrait-elle vous battre ? Car c’est bien de vous que nous parlons, non ? Vous ne savez rien de moi et je sais déjà tout de vous. »

J’avais des exemples tout le tour du ventre de femmes capables de mettre à terre le plus terribles des combattants. Nymeria, Obara et même Tyerne qui pouvait tuer un homme sans aide d’une quelconque lame. Une lance lui traverserait la gorge avant qu’il n’ait le temps de cligner des yeux. Je n’étais pas de leur niveau, mais je savais me défendre convenablement. Daemon avait été un de mes professeurs, après tout.

« Hé bien, je suis ravie de vous entendre dire que vous n’êtes pas là pour me tuer, » m’esclaffais-je. « Voyez comme je tremblais de peur ! »

Je lui montrais mon bras, exagérant nettement le frémissement de mes doigts, faisant tinter mes nombreux bracelets dorés et argentés.  

« Que vous soyez vous ou un autre, au final, cela est-il finalement d’une importance cruciale ? » lui lançais-je en réponse à sa dernière question.

Je m’étirais comme une chatte lasse et pliais ma jambe droite qui commençais à s’engourdir. Les voiles transparents de ma robe glissèrent le long de ma peau sans que je prenne le temps de les remettre en place. Mes yeux pétillèrent. Au cause du vin, mais également à propos de la prétendue « passion » qu’il recherchait en ces terres hostiles.

« Et l’avez-vous trouvée ? Cette ivresse dont vous êtes en quête ? »

Il prenait ses aises et je l’imitais. Autour de nous, je sentais presque les regards des gardes et de Asmar, les oreilles et les yeux de mon père lorsqu’il s’enfermait dans son bureau. Il avait probablement dû lui ordonner de veiller sur mon petit échange avec l’invité inattendu. Le moindre pas de travers et je ne doutais pas un seul instant que mon charmant compagnon se trouverait menacé de quelques dizaines d’épées sous la gorge. Il devait en avoir conscience. Il marchait sur des œufs sans en avoir l’air.

« En parlant de vous sauvez la vie… Vous dites que l’argent n’achète pas tout, mais toute chose à un prix. Assez contradictoire, pas vrai ? »

Je me resservis une coupe de vin, pas encore enivrée.

« Qu’avez-vous à m’offrir en échange ? Si vous êtes qui vous prétendez être, j’espère une récompense à la hauteur de votre nom. »

Je glissais vers lui, à travers l’ombre de mes cils, un regard mi sournois, mi charmeur. Il n’avait pas une vilaine figure, finalement. Malgré ses lèvres sèches et sa peau partiellement brûlée, il était évident de voir que les Dieux lui avaient offert un physique loin d’être désagréable. Il cherchait aventures et mystères ? Les femmes de Dorne étaient dotées des deux.


  

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