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Un grain de sable dans l’éternité [Solo]

Talya de Tyrosh
Le Soleil de Tyrosh

Talya de Tyrosh

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Un grain de sable dans l’éternité [Solo] 4
Ft : Adria Arjona.
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Un grain de sable dans l’éternité
Jardins Aquatiques | An 310, lune 2, semaine 1


Talya avait trouvé refuge loin du tumulte de la ville. Les grands espaces célestes étaient devenus sa seconde demeure, il fallait dire que les averses étaient rares dans le ciel dornien. Elle avait appris à apprécier ce nœud qui se formait au creux de son ventre, alors que Nümia arrachait sa silhouette du sol, les guidant toutes deux jusqu’aux dernières hauteurs de ce monde. Sur le dos de la créature mythique, la Tyroshie en oubliait les lents déplacements auxquels étaient réduits les autres mortels, les désagréments et les protestations souvent liés à l’idée même de voyage. Les dragons étaient libres par nature, une liberté qui enveloppait les humains qui parvenaient à se lier à eux, dans une certaine mesure. Une liberté payée au prix fort.


Talya appréciait le calme qui régnait ici et la liberté toute terrestre qu’elle pouvait y trouver. Il n’y avait nulle dame pour l’accompagner, nul garde pour veiller sur elle, alors qu’elle errait dans les couloirs. Elle était chez elle aux Jardins Aquatiques, au même titre qu’au Palais Vieux. Ses affaires y étant en ordre pour la journée, la jeune femme avait ressenti le besoin de prendre un peu de distance, de renouer avec ce qui se rapprochait le plus pour elle de son enfance, sans pour autant traverser le Détroit. Un antidote à la morosité, à ces questions qu’elle se posait. Un moment de paix comme elle n’en recherchait que peu, qui en devenait vital pour cette raison. Elle avait évoqué l’envie d’aller quérir quelques ouvrages oubliés là-bas lors de son dernier séjour, promettant qu’elle serait de retour avant la nuit.


Dès son arrivée, Talya s’était défaite de sa tenue de vol, autant chargée de sable que de chaleur. Elle attendrait les dernières heures du jour avant de quitter les Jardins, afin de profiter de la fraîcheur de la nuit naissante. Ce fut avec un réel plaisir qu’elle délaissa sa solide tenue, enveloppée de longues étoffes dédiées à lui éviter les caprices du soleil, pour des vêtements plus légers, plus adaptés à la déambulation entre les orangers et les fontaines. Elle s’était vêtue seule, refusant poliment l’aide que quelques servantes auraient pu lui apporter, avant de frotter ses autres vêtements, préparant déjà son départ prochain. Talya n’était pas venue en Princesse, simplement en voyageuse de passage. Avant de quitter la pièce, elle acheva sa coiffure, glissant un simple peigne de bois flotté dans sa chevelure afin d’y retenir le voile qui s’y trouvait déjà. Il n’empêche, un sourire s’était glissé sur ses lèvres alors qu’elle se rendait compte de la cire parfumée qui avait été laissée à son attention sur un petit guéridon, en plus de quelques oranges.


Alors qu’elle s’avançait dans la galerie de marbre rose, fredonnant tout en découpant l’une des oranges, des rires attirèrent son attention. Des rires d’enfants, une symphonie commune aux Jardins Aquatiques. Quittant le couvert de la galerie pour l’une des terrasses, Talya vint s’accouder au parapet. Ses oreilles ne l’avaient pas trompées, plusieurs enfants se pourchassaient en contrebas, jouant peut-être à Monstre-et-Fillettes ou à l’une de ses variantes. D’autres avaient trouvés le repos au couvert des arbres, profitant de cette douceur que seule l’enfance pouvait prodiguer. Darna aurait pu être l’une de ces petites filles. Talya sentit son cœur se serrer à cette pensée, son poing se resserrant sur l’orange, la faisant presque éclater. Il lui semblait qu’un harpon venait de se planter dans sa poitrine.


Ses frères ne tarissaient pas d’éloges sur sa fille. Elle vivrait une enfance proche de la sienne, partagée entre les allées et venues des navires, les fêtes bigarrées de Tyrosh et les enseignements de ses précepteurs. Une enfance proche de la sienne, si proche qu’elle vivrait également sans mère. Elle pourrait même être heureuse sans jamais se souvenir de ses traits, de celle qui l’avait pourtant aimée dès l’instant où Sarella l’avait déposée dans ses bras. Darna payait pour la somme de ses propres actions, de son hubris d’avoir pu s’imaginer protégée de ses propres dieux en changeant simplement de rive. D’un geste rageur, Talya secoua sa main gauche, désormais maculée du jus de l’orange sanguine.


Du fruit, il ne restait qu’une bouillie informe, qu’elle se pressa d’essuyer à l’aide de son mouchoir. Ce même mouchoir brodé d’un petit dragon blanc, qu’elle persistait à emporter partout avec elle. Un rappel de plus de ses erreurs, de leurs conséquences. Si certains voyaient en Nümia un miracle, elle-seule avait conscience du prix qu’elle avait payé pour parvenir à ce résultat. C’est alors qu’un froissement derrière elle attira alors son attention. Intriguée, Talya se retourna, apercevant une petite silhouette derrière l’un des piliers. Une petite fille, qui se pressa de dissimuler sa frimousse derrière le marbre rosé, se sachant découverte. Un petit rire accompagna son geste, rire qui arracha un sourire à la princesse.


A pas de loups, Talya s’approcha, se dissimulant à son tour derrière un autre des piliers. Elle n’aurait su dire à quelle famille appartenait l’enfant, ni si elle appartenait à la noblesse. Durant l’enfance, de telles différences n’avaient pas leur place aux Jardins Aquatiques, elle était bien placée pour le savoir. Il lui semblait qu’elle avait autour de six ou sept ans. Toutes deux se dévisagèrent quelques instants. S’il lui semblait que l’enfant était amusée, elle semblait prise de court, ne s’attendant peut-être pas à être découverte ou à ce que celle qu’elle observait vienne à sa rencontre.


« N’es-tu pas attendue par tes amis ? s’enquit la Tyroshie, avec douceur.
- J’ai vu le dragon. » répondit simplement l’enfant.


Une petite étincelle s’était allumée dans ses prunelles. Talya était rassurée de savoir que la petite considérait davantage Nümia comme une source de fascination que de danger immédiat. La présence de deux dragons à Dorne, bien que possédés par des dorniennes, ou presque, avait pu faire grincer des dents. Les deux créatures n’avaient jamais fait parler d’elles, cependant, si ce n’était par leur simple présence. Leurs silhouettes filaient dans les cieux, ne se cachant plus, sans doute conscientes que leur nature les protégeait de la plupart des prédateurs. Leur observation faisait alors le bonheur de certaines personnes, les dragons restant, à n’en pas douter, les plus belles créatures ayant vu le jour en ce monde.


Talya n’eut cependant pas le temps d’interroger davantage la fillette. Cette dernière profita de ses quelques secondes d’inattention pour disparaître à nouveau, avec un autre rire. La Tyroshie cligna plusieurs fois des yeux, se demandant si elle n’avait pas tout simplement rêvée cette rencontre. Une sorte d’autre tour que le Dieu Ivre aurait pu lui faire, lui rappelant la punition qui lui avait été infligée, cette enfant qu’elle n’aurait plus, ces enfants qu’elle devrait voir partir si le hasard voulait qu’elles naissent filles. Prise de nausée à cette pensée, la jeune femme se pressa de retrouver la pièce où elle s’était installée, en quête à la fois de fraîcheur et de calme. Plongeant ses mains dans une vasque remplie d’eau, Talya se frictionna le visage, tentant de rassembler ses esprits, de chasser ce goût amer qui avait pris place sur sa langue. Perdue, et à peine moins nauséeuse qu’à son arrivée, la jeune femme se laissa tomber sur un siège tout proche, se frictionnant les tempes. Le voyage du retour ne serait pas de tout repos…

DRACARYS





L’éternité, c’est la Mer mêlée au Soleil.