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(même les petits)
Fear regret more than failure - ft. Delena
Le seigneur déchu
Galladon avait quitté la pièce avec hâte, ne souhaitant pas demeurer plus longtemps en présence de son vil frère cadet. Depuis plusieurs lunes maintenant, le seigneur déchu espérait pouvoir obtenir gain de cause dans sa volonté de récupérer son titre. Après avoir suivi à la lettre les différents appels des Sept, après avoir erré dans tout Westeros pendant des lunes, après avoir combattu de nombreuses fois, il ne lui restait plus qu’à reprendre Vieux Jardin et redevenir le seigneur qu’il aurait du être. Il comprenait enfin que tout chemin avait été nécessaire pour qu’il se réhabilite lui-même. Seulement, en Westeros, cela ne se passait pas aussi facilement. Aux yeux du Régent, Galladon avait abandonné son titre et ses responsabilités. Son frère avait exercé la fonction à sa place pendant dix ans et avait tenu le fief avec toutes les responsabilités que cela impliquait. Cela n’avait pas joué en la faveur du plaignant et c’est ainsi que la décision fut sans appel. Morgon demeurait seigneur de Vieux Jardin. L’intervention du suzerain du Bief permit néanmoins au jeune Erren, fils tardif de Galladon et Delena, de devenir l’héritier légitime de Vieux Jardin, passant devant les potentiels futurs enfants de Morgon si jamais les Sept étaient aussi cléments avec lui qu’ils l’avaient été avec Galladon. Quoi qu’il en soit, le seigneur déchu était sorti de l’audience furieux et avançait à grand pas vers les appartements qu’ils occupaient en ville le temps du couronnement du roi Aerion. Autant dire que le départ était plus qu’imminent. Galladon ne souhaitait pas rester plus longtemps dans la capitale. Mais cette décision, aussi injuste soit-elle, engendrait beaucoup de questions et une nouvelle organisation. Herbeval n’était pas destiné à demeurer leur foyer. Lord Elbois avait fait preuve d’hospitalité pendant de nombreuses lunes mais toujours dans l’espoir que le protégé de son défunt père retrouve sa place de seigneur et retourne ainsi vivre à Vieux Jardin. Cela n’était plus possible désormais.
Ouvrant la porte en grand, Galladon s’avança jusqu’au balcon, plongeant ainsi son regard sur l’immensité de la capitale qui s’étendait à perte de vue avec, au loin le Donjon Rouge qu’il maudissait. Il n’osait pas se retourner vers Delena qui le suivait probablement avec leur enfant dans les bras ni même Shedda, qui devait se trouver pas loin. Que lui restait-il à faire désormais ? Où allaient-ils vivre, tous ? Il était évidemment hors de question de rentrer à Vieux Jardin. Morgon était encore pire qu’à l’époque de leur jeunesse. Il l’avait vu dans son regard. Il était mauvais et quelle ne fut pas sa surprise lorsque lord Tywin accepta la proposition de lord Willos de faire d’Erren l’héritier légitime qui ne pourrait être surpassé par ses cousins, si tant est qu’il y en est un jour. Ne pouvant rester plus longtemps face au lieu de sa échec, Galladon ordonna à une servante qui les avait accompagnés de préparer les affaires pour le voyage de retour. Si l’aller avait été direct depuis Herbeval, le retour serait parsemé d’escale. Galladon en avait touché quelques mots à son épouse. Il souhaitait passer par Danse-des-Pierres et Wendton, deux bastions couronniens qui étaient alliés. Les Massey avaient permis à l’un des leurs de devenir l’écuyer de Galladon après la rébellion de Robert tandis que les Wendwater étaient la famille maternelle du seigneur déchu. Ce serait l’occasion de renouer avec d’anciennes connaissances, de montrer également le tout jeune Erren et d’espérer pouvoir mieux entrevoir l’avenir, d’étudier les possibilités qui s’offraient à eux désormais. Le lendemain, ce fut le départ et aucun regret ne se vit dans le regard de Galladon tandis que le petit et léger convoi quittait l’appartement prêté pour se rendre au port où un navire les emmènerait jusqu’à Danse-des-Pierres. C’est pendant la traversée que Galladon, demeuré silencieux ces derniers jours, consentit à demeurer plus loquace. Delena et lui n’avaient que peu échangé sur l’audience qui s’était déroulée à Port-Réal. Peu de choses pouvait être dite sur le moment. Le chevalier ne semblait pas être prompt à pouvoir le faire dans les bonnes conditions, si tant est qu’il y en ait.
- J’espère que vous me pardonnerez le comportement que j’ai pu avoir ces derniers jours, ma Dame. J’ai là, bien du mal à accepter la décision du Régent et, comme vous n’y êtes pour rien, je ne souhaitais pas me montrer offensant envers vous. J’ai préféré faire ce que je fais de mieux. Ravaler ma haine. Enfermer mes émotions…
Sa voix se tut, ses pensées le ramenant alors à une époque qu’il pensait révolue. Il retrouvait en ces mots qu’il venait de prononcer, le jeune garçon renfermé qu’il était, le jeune enfant dépressif et peu enclin à laisser quelqu’un entrer dans son monde. Mais depuis, il avait laissé, petit à petit, Delena entrer. Cela avait pris du temps et même encore aujourd’hui, avec les années d’éloignement, le chemin devait encore être long. La colère des premiers temps passée, Galladon se sentait plus prompt à échanger avec son épouse sur ce sujet. De toute façon, il le devait à un moment donné. Maintenant qu’ils s’étaient retrouvés, qu’ils étaient de nouveau officiellement mariés – le retour de Galladon annulant de fait le veuvage de la dame – et qu’ils avaient, de surcroit et enfin, un enfant, ils devaient décider ensemble de ce que sera leur futur.
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Delena & @Galladon Oldflowers
Il serait sans doute son seul enfant, songea Delena, admirant les traits potelés d'Erren et caressant la douce toison de cheveux noirs qui parsemait son petit crâne. L'enfant en émis un petit cri ravi qui arracha à sa mère un grand sourire : il n'avait que quelques lunes mais elle voyait déjà la différence entre ce bambin au regard curieux et au rire sonore et le nouveau-né ensommeillé avec qui elle avait quitté Herbeval quelques temps auparavant. Son petite miracle. La quarantaine approchante, elle n'avait jamais imaginé que lui serait donné une nouvelle chance de porter la vie : à ses yeux, elle était trop vieille pour que cela fut possible. Le mestre en avait rit lorsque, lui annonçant que ses troubles gastriques étaient du à la présence d'un petit être en elle, elle lui avait fait part de sa certitude de ne plus être féconde. Pourtant, c'était ainsi que les choses étaient arrivées, lorsqu'elle n'y croyait plus, lorsqu'elle n'attendait rien. Car après tout, si quinze ans de mariage n'avait rien donné, comment quelques semaines, près d'une décennie plus tard, changerait les choses. Elle se souvenait de son choc tandis qu'elle réalisait ce que cela signifiait, tandis qu'elle luttait contre sa crainte de voir le schéma de ses trois précédentes grossesses se reproduire. Peut être que ce qu'un petit détail suffirait à tout changer, lui avait écrit Dorca tandis qu'elle lui confiait sa joie mesurée à l'idée qu'elle puisse réellement porter un enfant. Un petit détail. Elle avait retourné la chose dans son esprit, consciente que le seul détail auquel Dorca Pommingham pouvait faire référence était le sacro-saint silence qu'elle avait toujours gardé dans ses joies comme dans ses peines. Alors elle avait trouvé le courage, le lendemain, d'aborder la chose avec Galladon. C'était étrange comme à trente-neuf ans, elle se sentait redevenir l'adolescente perdue de son passée, d'autant plus entre ces murs, cherchant ses mots qu'elle ne lui avait jamais dit.
Du reste, elle avait passé sa grossesse dans un cocon d'attention et de bienveillance. Etait-ce la grande piété de Galladon ou le simple hasard, mais Delena percevait dans ce quotidien un symbolisme fort, un passage de flambeau tandis que la familiarité d'Herbeval la ramenait aux propres attentes que Lady De La Nouë avait eut lorsqu'elle était sa pupille, vingt ans auparavant. Désormais, c'était elle qui posait sur son fils, Lord Gilbois, un regard plein de tendresse tout en se remémorant celle qui avait été une mère pour elle, celle dans les pas de laquelle elle marchait doucement. Précautionneuse à l'extrême, Delena n'avait voulu prendre aucun risque, laissant à son époux le soin de s'inquiéter de ses plans, puisqu'elle ne pouvait l'en empêcher, mais demeurant assez en retrait pour que la mention de Morgon ne vienne réveiller les angoisses profonde sur lesquelles elle était, finalement, parvenu à mettre des mots. Les récits de Galladon venait expliciter des bizarreries qu'elle avait, durant une décennie, ressentit chez son beau-frère et elle ne pouvait que se félicité d'avoir écouté son instinct en maintenant une distance respectable entre eux depuis son départ de Vieux Jardin. Soudainement, tout prenait sens et si elle avait été très mal à l'aise d'imaginer Morgon la désirer, elle pouvait à présent se cacher derrière la certitude que ce n'était pas elle, mais ce qu'elle représentait qui animait autant de convoitise. Elle était la dernière chose qu'il n'avait pu s'approprier, la seule qu'il ne pouvait voler à son frère. Alors peut être était-ce sa détermination et sa justesse qui s'était vu récompensée par l'arrivée d'Erren, ou peut être était-ce juste la beauté de son mariage, les liens retrouvés et les secrets levés.
Avec tout cela en tête, Delena était arrivée à Port-Réal avec une once d'appréhension, mais plus qu'heureuse de pouvoir montrer à tous celui qui faisait son bonheur et sa joie. A l'image de l'enfant tardif de Janna Tyrell, elles semblaient lancer une mode, relancer un espoir de maternité chez des femmes qui s'étaient déjà résolu à n'être que grand-mère. Au milieu des félicitations, entre les questions sur la disparition de Galladon, entre les chuchotements qui avaient accompagné le Couronnement d'Aerion, s'était organisé la rencontre décisive. Delena avait refusé de regarder Morgon tandis qu'ils étaient tous convoqué dans la Grande Salle du Donjon Rouge afin de présenter leur requête au régent et à leur suzerain. Son attention ne quittait Erren que pour venir rencontrer la mine préoccupé de Willos Tyrell ou le regard sévère de Tywin Lannister. La conclusion ne l'avait guère surprise et elle laissa à son époux, l'espace dont il avait besoin pour exprimer sa frustration, retrouvant le calme des appartements ou la présence amicale de certaines dames qui lui changeaient les idées par leurs bavardages. Et pourtant, elle l'avait senti. Le lourd regard de son beau-frère sur elle, la colère qui pointait dans sa voix, l'outrage que le jugement provoquait alors même qu'il se voyait confirmé dans ses fonctions. Il n'avait pas d'enfant, que cela pouvait-il lui faire que ce fut Erren ou Barris qui lui succéda, lui avait récemment écrit Dorca à qui elle avait relaté le récit de cette aventure haute en rebondissement. La question, Delena ne se la posait pas. C'était une question de fierté. Certes, cela ne changeait rien à la vie de Morgon que Vieux Jardin passe à son neveu plutôt qu'à son cadet, mais c'était la preuve de la légitimité de Galladon, la preuve de son retour, la preuve qu'il n'était entièrement soutenu dans ses prétentions, qu'il n'était pas le seul maître de sa maison.
Pour autant, son mari était resté silencieux, ruminant sa mauvaise humeur, ses efforts vains et elle ne savait quelles autres pensées qui lui laissait la mine sombre. Il avait toujours été ainsi, profondément introverti, préférant demeurer seul avec ce qui l'agitait que de spontanément le partager. Delena, de son côté, était encore fatiguée par sa grossesse tardive, la naissance d'Erren et les nuits où elle se levait pour s'occuper de leur fils, incapable de le laisser aux nourrices tant il lui semblait qu'il disparaitrait si elle ne faisait pas attention à ce qu'il demeure dans son champ de vision. Aussi préféra-t-elle ne pas argumenter, laissant le bieffois à ses pensées tandis qu'elle s'occupait de leur fils, tentant de dissimulé ses angoisses et déception dans des sourires exagéré destiné à faire sourire l'enfant. Elle était justement en train de montrer au petit garçon un groupe de mouette en pleine chasse lorsqu'il vint la voir. Calant Erren sur sa hanche, une main sous ses fesses tandis que l'autre remontait dans le dos du bébé, elle se tourna vers lui, offrant une mine quelque peu interrogative mais guère courroucée de s'être vu à demi ignorée ces derniers jours. « Nous avons vécu séparément pendant si longtemps ... Je ne m'attends pas à ce que vous me partagiez l'entièreté de vos pensées comme si la dernière décennie n'avait jamais existé. » répondit-elle tout en baissant le regard, quelque peu chagrin du temps perdu malgré ses paroles rassurantes. Cela ne faisait à peine qu'une année qu'ils s'étaient retrouvés, et elle avait passé la plupart à songer au fils qui se trouvait dans ses bras. Comment aurait-elle pu lui reprocher de demeurer solitaire quand elle même avait voulu se préserver de toute inquiétude pour le bien de leur enfant à naître. Paradoxalement, elle songea qu'en cela Erren était peut être arrivé trop tôt. « Vous avez le droit d'être fâché après ce qu'il s'est passé au Donjon Rouge. Moi même je le suis ... A demi. » Car une part de sa personne se demandait comment elle aurait pu vivre sous le même toit que Morgon après lui avoir reprit ce qui avait été sien pendant dix ans, si elle aurait été sereine de le savoir libre d'être si proche d'Erren, libre de la tourmenter comme il l'avait fait si longtemps. Elle tentait de voir le positif de sa situation : ils n'avaient pas recouvré leurs titres et terres mais avait permit à Erren d'obtenir ce qui était sien de droit. C'était une première victoire. Restait à montrer patte blanche et, et elle se maudissait d'avoir cette pensée, à prier pour que Morgon soit frappé d'une disentrie fulgurante qui les ramènerait bien vite à Vieux Jardin. « Nous aurons peut être une autre opportunité de nous faire entendre lorsque nous nous rendront à Hautjardin. Lord Tywin a toujours été d'un tempérament glacial mais Lord Willos ... » Willos pourrait entendre la situation compliquée, presque précaire, qui était leur entre impossibilité de retourner à Vieux Jardin et refus d'abuser de l'hospitalité de familles et amis qui ne leur devaient rien.
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Le seigneur déchu
Les horreurs de la guerre revenaient parfois dans ses rêves, dans ses songes, dans ses pensées. La mort de son père à la bataille de Cendregué demeurera toujours douloureuse dans son esprit. Il s’en souvenait comme si c’était hier et il se souvenait de son retour à Vieux Jardin, retrouvant sa famille, retrouvant son épouse. Bien qu’il soit devenu seigneur à ce moment-là et que les affaires devaient être reprises dans les plus brefs délais, Galladon s’était isolé pendant de nombreux jours, engendrant la colère de son frère cadet. Morgon était resté à Vieux Jardin pendant que son père et son frère étaient allés combattre les forces rebelles. C’est sans doute cela qui avait fini par enfermer le cadet dans sa jalousie. Il en voulait à Morgon d’avoir tout eu. L’attention. L’amour. L’épouse. Le pouvoir. Il le maudissait presque. Pendant de longues années, l’entente semblait cordiale mais une tension demeurait palpable. Aujourd’hui que le seigneur déchu voulait récupérer ses droits sur Vieux Jardin, Morgon savourait sans doute sa victoire d’avoir réussi à garder le pouvoir. Les rôles auraient pu s’inverser mais Galladon s’efforçait de garder sa ligne de conduite. Il s’était alors enfermé dans un silence douloureux pendant plusieurs jours. Méritait-il de retrouver son titre ? Que cachait Morgon ? Erren devenu son héritier, tenterait-il quelque chose contre l’enfant ? Quelques questions le taraudaient. Quelques inquiétudes l’accablaient. Il n’avait pas voulu impliquer Delena là-dedans. Il venait de la retrouver et ensemble, ils avaient eu un fils, ce fils tant attendu. Il ne voulait pas tout gâcher par sa mauvaise humeur.
Accompagnée de leur fils, Delena lui répondit avec beaucoup de compassion et de compréhension. Il comprenait à son tour que ces dix dernières années n’avaient pas été simples pour elle. Il en avait eu un petit florilège mais ne devait pas tout savoir, tout comme elle ne savait pas encore tout sur l’exil de son époux en Essos. Malgré leur mariage et les années vécues ensemble, il y avait ces dix années de blanc, d’éloignement, de distance. Chacun avait eu une vie depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vus ce fameux jour tragique. Aujourd’hui et depuis plus d’un an maintenant, ils réapprenaient à vivre ensemble, à être époux et épouse, et désormais à êtres parents. Delena se montre attentionnée envers son époux, toujours quelque peu fermé. La vision du jeune Erren néanmoins semble l’adoucir et le calmer. Cet enfant miracle faisait son bonheur et avait apporté une joie immense dans son quotidien, dans leur quotidien. Voyons l’optimisme de son épouse, Galladon lui sourit, reconnaissant.
- Vous avez raison, sans doute, j’espère… Je ne veux juste pas devenir comme mon frère à l’époque. Je ne veux pas que les rôles soient échangés, que l’on croit que désormais, je suis avide de pouvoir.
S’il y en avait bien un qui n’avait pas envie de cette place, c’était bien lui. Galladon était l’aîné et par cela, il devait succéder à son père qui avait lui-même succédé à son père et ainsi de suite. Si l’on remonte l’arbre des Oldflowers, il était clair que Galladon n’était pas destiné à devenir seigneur mais les Sept en avaient décidé ainsi. Aujourd’hui qu’il acceptait cette responsabilité, il ne pouvait plus y prétendre. Le Régent avait été catégorique. Morgon demeurait en place et Erren serait son héritier. Mais Galladon connaissait son frère. Jamais il n’accepterait son neveu, surtout s’il réussit à obtenir une descendance masculine viable. Dans la fratrie, seul Barris avait réussi cet exploit. Galladon pensa d’ailleurs à lui alors qu’il reprit.
- C’est Morgon… Cela aurait été Barris, nous aurions pu compter sur lui pour qu’il nous accueille à Vieux Jardin. Le connaissant, il m’aurait même redonné la place de seigneur sans problème.
Galladon était le preux chevalier. Morgon était le jaloux second. Barris était le gentil petit frère. Il avait toujours été entre Galladon et Morgon. Il prenait la défense de l’un ou de l’autre, avait même tenté de les réconcilier sans y parvenir. La rupture était trop profonde. Le lien était brisé entre les deux frères qui, après l’entrevue avec lord Tywin et lord Willos, se détestaient encore plus qu’avant. Mais que faire ? Galladon ne pouvait pas entreprendre quoi que ce soit. Il devait juste s’accommoder de la situation. Par ailleurs, son épouse venait, indirectement, de soulever un sujet important : qu’allaient-ils advenir ? En effet, ils rentraient actuellement à Herbeval en passant par quelques fiefs alliés. Mais après quoi ? Ils n’allaient pas abuser de l’hospitalité des De la Nouë indéfiniment. Ils étaient nombreux à avoir fui Vieux Jardin, laissant Morgon presque seul. Mais tout ce monde ne pourrait pas vivre à Herbeval. Galladon y avait élu domicile en attendant de pouvoir reprendre Vieux Jardin. Mais ce projet, cette quête vers laquelle les Sept l’avaient mené, était un échec. Le chevalier devait désormais trouver un autre but, une autre quête, un autre chemin.
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Delena & @Galladon Oldflowers
Elle peinait parfois à saisir les expressions de ce visage, à se souvenir de la signification de ces sourcils froncés, de cette lueur dans son regard. Par le passé, elle avait sut lire quelques uns de ses silences, répondre à certaines demandes qui ne passaient jamais par le langage : c'était leur force, s'était-elle dit alors, ils se connaissaient depuis si longtemps qu'il n'y avait besoin de mot. Et pourtant, même après dix années de mariage, Galladon possédait ce mystère, ce jardin secret dans lequel elle n'avait jamais été invitée. C'était encore plus vrai maintenant. Ses traits étaient un mélange du jeune chevalier qu'elle avait connu et d'un homme qui lui était étranger mais il restait, au fond, le même. Elle en avait la certitude, elle en avait l'intime conviction : quoi qu'en retrait, Delena l'avait tout de même écouté, observé. Il était si semblable au Galladon de ses songes qu'elle en venait parfois à croire que tout ceci n'était qu'un rêve de plus. « Quiconque dirait cela de vous mériterait de finir sur le Mur. » renifla la née Pommingham avec mauvaise humeur. Il était certain que certains voyaient d'un mauvais oeil le retour du seigneur déchu, commentaient son absence, son silence, et l'étrange entourage qui était sien. Cela avait déjà commencé, elle l'avait entendu à la dérobée dans les couloirs du Donjon Rouge. Mais si son faux veuvage lui avait apprit quelque chose, c'était bien de ne pas écouter les bruits de couloir. Les gens avaient besoin de cancaner sur quelque chose, ils n'étaient qu'un sujet parmi d'autre que tous auraient oublié d'ici la semaine prochaine. Cela n'atténuait pas la douleur de se savoir le centre de discussion contestant ce qu'ils étaient, mais cela apaisait la colère. Elle se demanda si c'était la déception, l'égo meurtri ou les rêves envolés qui venaient ainsi malmené le coeur de son mari, le poussant dans les obscurs retranchements de son être. Malgré son sourire aux teintes tristes, elle sentait qu'il n'adhérait pas totalement, comme retenu par une main invisible qui le ramenait à cette journée dans la salle du trône, à cette audience catastrophique, au début de la fin des prétentions qu'ils avaient pu avoir. « Craignez-vous que je retourne à Grenadier parce que vous n'avez pas obtenu gain de cause ? » lui demanda-t-elle de but en blanc, craignant qu'il ne s'accroche à ce désir de retrouver sa place, son titre, ses terres, par simple conviction qu'elle rentrerait chez son frère s'il ne le lui offrait guère. Après tout, leur mariage avait été une affaire politique, une ancienne héritière et un héritier, et son père n'avait caché son contentement à l'idée qu'elle soit Dame de Vieux Jardin. Mais cela remontait à plus de vingt ans, presque une autre vie, et les désirs d'un autre. Peut être, s'il était revenu quelques années plus tôt, retrouver ce qui avait été sien aurait été un besoin presque impérieux mais fut-ce l'âge et la sagesse ou simplement la lassitude, il lui semblait peu important d'accéder à nouveau à la fonction. Après tout, l'héritage était assuré, Erren serait seigneur après son oncle, n'était-ce pas ce à quoi toutes les mères aspiraient ? Assurer l'avenir de leur enfant. Le reste n'avait que peu d'importance pour elle et elle ne voulait pas qu'il s'épuise dans un combat perdu d'avance et dont les motivations ne seraient que guidés par une certitude qui n'existait que dans son esprit. « Galladon ... Je vous connais depuis que je suis assez vieille pour avoir des souvenirs, vous n'avez jamais été avide de pouvoir, je me demande même si vous avez un jour aimé être seigneur ou si vous aviez juste un trop grand sens des responsabilités pour le dire. » Elle posa sa main sur son bras, raffermissant sa prise sous Erren qui, ses petits mains accrochées au décolleté de sa robe, le maintenait en place. Elle voulait qu'il sache, qu'il comprenne qu'il n'avait plus à se forcer à être ce qu'il ne désirait pas devenir, qu'elle s'accommoderait de leur vie ainsi, près de leurs amis, de leur famille jusqu'à ce que l'heure vienne pour eux de retrouver les pierres familière de la demeure des Oldflowers, jusqu'à ce qu'Erren hérite.
Peut être était-ce finalement une chance. On ne pouvait effacer le passé et cette vie appartenait à un temps bien trop ancien : ils n'étaient plus ceux qu'ils avaient été, ils ne pouvaient désormais que faire avec et continuer d'avancer. « Notre situation n'est pas désespérée, mon amour. Nous avons bien des amis pour nous venir en aide, et de la famille sur qui compter ... Autre que Lui. » Et cela ne la dérangeait pas plus que cela de rester loin de Vieux Jardin, loin de l'influence que Morgon pourrait avoir sur leur vie. Elle préférait l'errance d'une vie à être redevable à des amis que le confort d'être installée dans une maison où elle deviendrait le jouet d'un autre. Peut être Galladon ne comprenait-il pas cela, pas encore. Malgré les récits qu'ils s'étaient fait, les visions partagées, les retrouvailles aussi psychologiques qu'intimes, malgré leur vie de couple reprenant ses droits, elle n'était pas certaine qu'il mesure l'ampleur des obsessions de son frère. Pas certaine qu'il comprenne l'insistance avec laquelle il l'avait poursuivi, l'accablant de suggestion tantôt romantique, tantôt obscènes. A l'amant secret, éperdu, contrarié par le mariage de sa belle avec un autre, avait finit par succéder la bestialité de l'homme, les exigences douteuses et les demandes quasi impérieuses. Cela lui rappelait Rylène et son assurance que, si la manière douce ne fonctionnait pas, alors la force devait prendre le relai. Delena avait toujours eut cela en horreur et remerciait les Sept que Triston eut possédé plus de discernement pour ne pas réfléchir ainsi. Elle déglutit avec difficulté, un noeud d'appréhension se formant dans sa gorge comme si sa mémoire se traduisait par des réactions physiques. « En vérité, je dois admettre que je ne serai pas tranquille de le savoir si près d'Erren. Pas après ce regard qu'il nous a lancé, pas après ... » Elle ne termina pas. Pas après les sous-entendu de Lestival, pas après son intrusion à Grenadier. C'était au dessus de ses forces et peut être cela expliquait-il le soulagement traitre qu'elle avait ressenti lors du rendu de la décision : si Morgon rendait à son frère le pouvoir, ils lui seraient redevable. Elle ne voulait rien devoir à cet homme, elle ne voulait plus le voir tout simplement. Elle eut un léger soupire, peinant à trouver comment exprimer sa pensée, comment lui faire comprendre ce qui l'animait au delà de Morgon et de ce qu'il représentait, au delà de l'échec de leur quête personnelle. « Que ce soit à Vieux Jardin, à Herbeval ou sur les rives de la Néra, je ne suis jamais aussi heureuse que lorsque je suis à vos côtés. » confessa-t-elle doucement. Il avait toujours été plus facile de témoigner de son affection en se montrant cynique, pleine d'un humour sombre, qu'en faisant preuve d'une véritable sincérité. Plus encore avec lui, qu'elle avait connu si jeune et qui avait été, du moins l'avait-elle cru, sa némésis à Herbeval. Leurs échanges enfantins avaient toujours été teinté de défi, d'une pointe de moquerie, quoi que toujours emplis d'une tendresse indicible, d'une affection étouffé. Elle se souvenait de son premier bal, lui qui était tout désigné pour être son cavalier : l'écuyer et la pupille. Elle se souvenait de sa gêne et de l'autodérision qu'elle s'était approprié, préférant se moquer d'elle-même avant qu'il ne le fasse. Elle se souvenait alors de sa réponse, détonnant avec le ton habituel de leur chamaillerie. C'était ce soir là qu'elle était tombée amoureuse, cette soirée qui avait changé le reste de sa vie. « J'ai renoncé à mon titre de Dame il y a bien longtemps et je pensais finir mes jours comme une vieille veuve aigrie veillant sur ses neveux. » Elle s'était fait à cette idée. Comment aurait-elle pu ne serait-qu'imaginer que son veuvage n'était fondé sur rien ? Alors au fil des ans avait fini par s'imposer l'idée de sa vie se terminant entre les murs qui l'avaient vu naître, qu'à son grand âge elle aurait l'opportunité de voir tout un tas de petits neveux et petites nièces courant dans le château, qu'elle serait la doyenne à la langue acérée. Elle eut un petit rire avant de lui donner un coup d'épaule. « Voyez le côté positif, grâce à vous je ne suis ni veuve, ni aigrie. C'est déjà une victoire. »
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Le seigneur déchu
Avait-il peur de perdre Delena ? Depuis le jour où leurs fiançailles furent officialisées. Galladon n’était pas un homme sûr de lui, encore moins à l’époque où il fut fait chevalier et devint le seigneur de Vieux Jardin. Plus jeune, il s’était imaginé célibataire toute sa vie, devenant un chevalier errant, offrant ses services aux plus nécessiteux ou aux plus généreux. Mais son destin était d’être seigneur, d’être époux, d’être père. Si le premier statut était une tâche compliquée pour lui, il s’en était finalement accommodé et aujourd’hui, il prenait pleinement ses responsabilités. Pour rien au monde il ne voulait laisser ce pouvoir détenu depuis trop longtemps par son frère. La patience était ainsi une vertu qu’il développait depuis peu. Le second statut se hissait en haut de ces responsabilités. Être un mari impliquait beaucoup de choses. La relation avec Delena était piquante, parfois tumultueuse mais empreinte d’une affection qui se développa au fil des années et qu’ils semblaient retrouver aujourd’hui. De nombreuses fois, il avait eu peur de la perdre et désormais encore plus. Il ne dit mot à sa question et son visage n’en disait pas plus. Il devait l’avouer, la pensée que son épouse le quitte car il n’avait pas réussi à regagner Vieux Jardin lui avait traversé l’esprit. Mais il ne lui en toucherait aucun mot. Il sentait bien que cette pensée était illégitime, encore moins maintenant que le couple avait un fils, leur petit Erren qu’il chérissait tant. Demeurait ainsi ce troisième statut. C’est en voyant son frère Barris avoir des enfants que l’envie lui prit. S’il en avait à lui aussi ? Après tout, c’était également un devoir de seigneur que d’avoir des enfants dont un héritier. Mais aucun ne vit le jour à l’époque. Galladon et Morgon semblaient être tous deux maudits sur ce point tandis que l’épouse de leur frère enchaînait les grossesses. Aujourd’hui, les choses avaient bien changé. Galladon était père d’un fils, Erren, et avait officieusement adopté la jeune Shedda. Les deux avaient donné du fil à retordre au chevalier qui n’avait aucune notion de paternité. Cela se transparaissait dans l’éducation qu’il avait donné à Shedda, éducation que Delena avait bien fait de reprendre. Quant à Erren, ils apprenaient ensemble et avançaient ensemble, main dans la main.
Les mots de Delana étaient justes, comme souvent. Si autrefois, cela l’agaçait, notamment lorsqu’ils étaient tous deux au service de lord Perceon, aujourd’hui, cela le rassurait grandement. Il posa à son tour sa main sur celle de son épouse qu’elle avait posé sur son bras. Évidemment qu’il n’avait jamais été avide pouvoir. Toutes les responsabilités qu’incombaient au seigneur d’un fief n’étaient pas attrayantes pour lui. Galladon était un enfant rêveur qui avait envie d’évasion. Quelque peu fataliste, il savait ce qui l’attendait en ce bas-monde et cela ne l’avait guère enchanté mais il avait accepté la situation car il n’avait pas d’autre choix. Le choix lui fut donné lorsqu’il tomba de cette falaise et qu’aux yeux du monde, il avait péri dans cette chute. Il se souvenait encore des mots de son oncle, archimestre à la Citadelle. Mais Galladon avait saisi cette occasion malgré tout. Une porte s’était ouverte et il s’était engouffré dedans, choisissant ainsi la facilité plutôt que la complexité. Qui sait ce qui se serait passé s’il était retourné à Vieux Jardin à la fin de sa convalescence au lieu de prendre le premier bateau pour Essos. Il ne préférait pas y penser, regrettant déjà amèrement d’avoir abandonné son épouse et sa famille comme un lâche. Ses pensées tournées vers le passé, elles furent bien vite réorientées vers l’avenir alors que Delena rappelait à son époux qu’ils avaient des alliés sur qui compter et que leur situation n’était nullement désespérée. Il ne le voyait pas en cet instant mais elle avait probablement raison.
- Ne vous en faites pas. Jamais je ne permettrai à mon frère d’être de nouveau en présence de notre fils. C’est désormais ma responsabilité, celle de protéger notre enfant, l’héritier de Vieux Jardin.
La fierté pouvait se lire dans le regard de Galladon lorsqu’il prononça ses mots en regardant son fils, mais pouvait également s’entendre dans le ton qu’il avait employé. Devenu père depuis peu, Galladon avait vite compris qu’il devrait protéger coûte que coûte ce petit être, au même titre, voire plus encore, que Shedda qu’il protégeait depuis cinq ans maintenant. Le chevalier savait désormais ce qu’il s’était passé pendant son absence, plus ou moins en détail en tout cas, et comprenait bien les réticences de son épouse. Morgon était devenu pire qu’à l’époque. Probablement rongé par l’imposture et la culpabilité, il était devenu tout le contraire de Galladon. Le chevalier pieux et loyal face au chevalier avide et orgueilleux. Cela aurait pu promettre un sacré duel. Des mots doux vinrent à nouveau cueillir le cœur du chevalier qui afficha même un sourire attendri alors que son regard retrouvait celui de son épouse. Il était loin le temps où ils se titillaient à coup de mots tranchants, cyniques et pinçant. Aujourd’hui, malgré leurs âges avancés, ils avaient grandi et mûri. Ils n’étaient plus les mêmes Galladon et Delena de l’époque. Ils n’étaient plus le chevalier et la pupille.
- Cela fait au moins une victoire que je peux m’approprier. Je vous promets, ici et maintenant, que nous aurons à nouveau notre foyer, que nous pourrons faire découvrir à Erren les magnifiques jardins de notre château, les champs de fleurs à perte de vue. Je ne sais pas encore quand ni comment, mais je vous promets que nous y arriverons.
Galladon y croyait à nouveau. Delena représentait désormais sa force et elle avait toujours eu ce don de pouvoir le porter, l’élever. Elle n’en était pas consciente, lui non plus à l’époque, mais aujourd’hui il était clair que son épouse l’aiderait dans sa quête encore inachevée de se retrouver. Les jours qui suivirent, l’apaisement pouvait se sentir sur le visage, parfois fermé, du chevalier. Morgon ne hantait plus son esprit pour le moment et Galladon prenait chaque jour que les Sept lui donnaient. Après une escale à Danse-des-Pierres, le couple s’arrêta chez les Wendwater, la famille maternelle de Galladon, avant de reprendre la route jusqu’à Herbeval. C’est là, une lune après le couronnement du jeune roi et l’audience des Oldflowers, que l’avenir de la maison se dessina petit à petit.
♛ by wiise
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Delena & @Galladon Oldflowers
Au fil des lunes, Delena avait acquis la certitude que, malgré l'âge et les rides, malgré les années et l'expérience, ils n'étaient pas bien différents des deux jeunes gens qui s'étaient rencontré dans cette cour d'Herbeval. Sans doute demeurait-elle l'une des femmes avec le moins bon caractère de tout le Bief, l'héritière bafouée par les ambitions paternelles, celle qui demeurait en quête d'une place à elle dans un monde où personne ne l'attendait. Exception faite de Galladon. Malgré les tumultes de leurs relations de jeunes adultes, malgré la douceur de Lady De La Nouë et l'intérêt que Lord Perceon avait pour elle, Galladon était le seul qui avait su combler le vide que l'abandon de sa famille avait crée en elle. Par sa présence, tantôt agaçante, tantôt délectable, il était parvenu à lui faire oublier ce que Triston lui avait prit, ce que Jurian lui avait arraché, ce qu'elle n'était plus. Mariage d'amour ou mariage de convenance, il lui avait offert un futur, fut-ce pour quelques années et elle s'y était épanouie, même si la stérilité de leur union demeurait le grand regret de cette période de sa vie. Oh, elle avait aimé Galladon depuis qu'elle était assez âgée pour saisir la complexité de l'amour, il avait été le seul homme de sa vie, même lorsqu'elle était persuadé qu'il ne restait rien de lui en ce monde. Et c'était cette foi qui le lui avait rendu. « J'ai foi en votre parole. » dit-elle avec un hochement de tête. Elle savait que le malaise que Morgon lui avait fait ressentir ne serait plus qu'un souvenir, s'il avait voix au chapitre, et cela lui arracha un sourire. Elle lui avait toujours trouvé une attitude des plus chevaleresques, pour le meilleur comme pour le pire, venant à son secours à plus d'une reprise ou l'ennuyant de certaines manière bien trop protocolaire à son gout. « Et j'ai foi en ce chemin que le dieux nous ont ouvert. J'aime à croire que nous sommes exactement là ou nous devons être et qui sait ... Peut être serons-nous plus heureux ainsi ... » Sans doute ne prenait-elle pas mesure de la promesse, songeant bien trop au jour où Morgon rejoindrait ses ancêtres, laissant la place à Erren et, à travers lui, à leur existence perdue. Oui, ils reverraient Vieux Jardin, elle en était certaine mais elle ne voulait pas vivre dans l'attente de ce jour, elle ne voulait pas ignorer ce qui avait de l'importance à cet instant. Seigneur et dame, ils n'auraient jamais pu faire le déplacement qu'ils s'apprêtait à faire : leurs chutes leur offrait la liberté de jouir de ce qu'ils s'étaient toujours interdit jusque là. La liberté. Delena n'avait-elle pas toujours couru après toute son existence ?
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┗ DESTINY ┛
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