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[FB] Poisoned Chalice [Solo]

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Poisoned chalice.
Hautjardin | An 309, lune 6, semaine 3.

Il faisait beau, aujourd’hui.


Dans les jardins tout proche, un bouvreuil piailla. Plus loin, un chien aboya.


Au sol, une tasse s’écrasa.


Shôren se retourna brusquement au bris, tirée de sa quiétude. Elle s’était levée pour observer ce qui se passait aux alentours, guettant les oiseaux du regard, sa propre tasse à la main. Elle y trouvait toujours un réel réconfort, en plus d’un profond intérêt. Le contenu de sa propre tasse s’échappa, maculant ses manches, brûlant légèrement sa main gauche. L’espace de quelques instants, la jeune femme se renfrogna, se retenant de grommeler face à sa maladresse. Lady Daena semblait peiner à reprendre son souffle, portant ses mains au niveau de sa gorge, de sa poitrine. Cela arrivait à tout le monde, tenta de se rassurer Shôren. Elle-même n’était pas la dernière pour s’étrangler sous le coup d’une gorgée de thé ou d’un gâteau plus résistant qu’il n’y paraissait.


Non, ce n’était pas ça.


Il semblait à la jeune femme que les oiseaux avaient cessé leur chant. Tout comme eux, Daena avait le souffle coupé, encore et toujours. Une autre de ses dames s’était approchée d’elle, lui tapotant le dos, demandant à une autre de leur faire porter de l’eau claire. Mais rien n’y faisait, les joues de la suzeraine ne reprenaient pas leur teinte rosée. Plus les secondes s’écoulait et plus l’air semblait se raréfier, se perdre avant de rencontrer les lèvres de Daena. Des rires, il ne restait plus qu’une inquiétude latente, profonde et lourde. On lui fit signe de s’approcher, ce que Shôren fit. Elle remplaça sa comparse, partie chercher leur Mestre sûrement. A moins que ce n'eut été quelqu'un d'autre qui se chargea de cela ?


Shôren se souvenait encore du bruit de sa course, de la chute qu’elle avait failli faire en les quittant. Elle était celle qui avait compris. Qui avait compris avant elles toutes ce qui était sur le point de se produire.


Que pouvait-elle faire en attendant son retour ? Ses jambes lui avaient semblé aussi lourdes que du plomb. Ses mains, aussi malhabiles que celles d’un nouveau-né. Avait-elle renversé une partie de la coupe emplie d’eau sur la suzeraine ? Non… Si ? Elle l’avait allongée, en compagnie d’une autre dame et d’une servante, appelée en renfort. Elles avaient essayé de l’éventer, de découvrir sa gorge le temps de la venue du Mestre. Shôren se souvenait d’être restée silencieuse. Désespérément silencieuse, ne sachant que dire, n’esquissant que des gestes mécaniques afin d’aider les autres femmes. L’une d’elle, il s’agissait d’une autre dame de Daena, avait fini par la saisir par l’épaule, la tirant en arrière. Le Mestre était arrivé. « Il faut le laisser faire », entendit Shôren, lointainement.


C’était terminé.


L’Étranger, le Grand Autre, avait pris son tribut.


Ce ne fut qu’à ce moment que Shôren remarqua qu’elle pleurait et que des bras se resserraient autour d’elle, l’éloignant de cette vision.

DRACARYS