Truth & Lies ♕ SOLO [dé du destin]

Dès le moment où il s’était levé, Wyllam avait eu un mauvais pressentiment. Quelque chose, la façon dont le vent s’engouffrait dans le château des Jumeaux en sifflant à travers les vieilles pierres des murs et les portes en bois ou au rythme des pas qu’il percevait dans le couloir depuis son lit, lui faisait comprendre que cette journée n’allait pas être comme les autres. Il avait raison de se méfier de cette journée mais il était loin de se douter qu’elle allait à ce point lui être défavorable.

Néanmoins, il se leva comme tous les autres jours, prit son petit-déjeuner dans sa chambre en relisant ses notes de la veille, prises sur ses genoux tandis qu’il se trouvait assis près des rivages de la Verfurque, observant les oiseaux, puis il s’habilla, revêtit sa cape pour se prémunir du vent frais matinal et sortit. Accompagné d’un jeune garçon de la maison Frey, un des neveux de Lord Lothar, il se dirigea vers son point d’observation, un endroit suffisamment plat et stable pour poser sa chaise en bois ainsi qu’un pupitre fait dans le même matériel, que son jeune accompagnateur l’aidait à porter. Parfois, il discutait avec le jeune garçon, content d’avoir su susciter la curiosité du jeune Frey concernant les oiseaux, qu’ils soient de la région ou seulement de passage vers des cieux plus cléments, moins humides. Ce ne serait peut-être pas du goût de ses parents, qui préfèreraient sûrement voir en lui un futur chevalier et féroce combattant. Mais Wyllam, plus tolérant que bon nombre de parents sur ce point-là, savait que chaque enfant était différent. Il parlait en fin connaisseur, lui qui se trouve être père de quatre enfants, même si l’un d’entre eux n’est plus là. Koryn était le chevalier, le guerrier qui aurait pu faire parler de lui sur les terrains de joute s’il s’y était plus intéressé et s’il avait vécu plus longtemps. Jorrel était un intellectuel, aimant se retrouver dans les livres comme son père, plutôt qu’une épée et un bouclier dans les mains. Cercilia avait reçu le caractère de son grand-père. Intransigeante et ne supportant pas l’échec, elle aurait pu devenir une héritière parfaite grâce à la loi de la Princesse Rhaenys. Mais il l’avait marié bien avant que cette loi n’existe et, désormais, c’est auprès des Foin qu’elle se trouve. Quant à Krystine, elle est le portrait de sa défunte mère, douce et lumineuse, la femme parfaite pour gérer son foyer et s’occuper de ses enfants comme la Mère d’En-Haut l’entend.  Néanmoins, malgré sa connaissance en la matière, jamais ne se permettrait-il de remettre l’éducation des enfants des autres en cause, à moins qu’on ne l’interroge directement à ce sujet.

L’heure du déjeuner arrivant, le vieux et le jeune se dirigèrent lentement vers le château, laissant pupitre et chaise à leurs places, sur les bords du fleuve, mais emportant les feuilles de notes, encrier et plumier, afin que rien ne s’envole ni ne tombe à l’eau à cause du vent, encore présent même pour la saison estivale. Mais en arrivant à l’intérieur du château, un garde le somma de l’accompagner devant le seigneur des lieux. Wyllam confia ses affaires au jeune Frey et suivit docilement le garde, pensant qu’il s’agissait d’une affaire concernant la dime dont il avait la charge sur les terres de la Maison Frey. Et il avait raison.

On le conduisit dans la pièce qui servait de bureau à Lord Frey. Il connaissait cet endroit pour y être souvent allé avec lui, depuis qu’il a été nommé percepteur de la dime. Mais alors qu’il pensait ne trouvait que Lord Lothar à l’intérieur, il fut surpris d’y trouver également la jeune fille qui s’occupait de sa chambre, faisait son lit et vidait son pot de chambre. C’est à ce moment-là qu’il sentit que quelque chose n’allait pas. A la façon dont la jeune fille évitait de le regarder et au regard scrutateur que Lord Lothar posait sur lui, il comprit que son pressentiment matinal commençait à se vérifier…

Lancé de dé 6: