Chante, rossignol, chante

Je détestais toujours autant porter une robe, mais puisqu’il fallait le faire pour passer inaperçu et discrète pendant le tournoi ! Comme l’avait demandé Dame Cersei… On allait le faire, n’est-ce pas Alors, puisque Félicité m’avait demandé d’aller lui chercher un bracelet qui lui avait tapé dans l’œil hier au marché… Soit ! Allons-y ! Ce n’était pas mon argent qu’elle dépensait pour cette babiole… Non, moi j’allais juste la chercher, vêtue de cette stupide robe verte toute simple, correspondant au rang que j’étais censée avoir. Qu’importe, bientôt je participerais à la mêlée pour Meliodas ! J’espérais briller, mais le plus important était de montrer ce que je valais, au moins une fois ! Je pouvais le faire ! Je le savais… il faudrait juste que… je prenne mon temps. Et que je ne laisse pas la colère guider mon épée. Il fallait que je garde la tête froide et cela serait sans doute le plus compliqué.

Je payais le montant pour le bracelet pour le glisser ensuite autour de mon poignet pour ne pas le perdre avant de remonter lentement le marché. Il y avait du monde de partout ! Par les sept… Peut-être devrais-je en profiter pour aller au Septuaire ? Cela serait sans doute bien avant la mêlée de prier un peu… Peut-être que cela me porterait chance ? J’aimerais tant réussir à briller ! Rien qu’une fois. Je me frottais légèrement le nez avant que mon regard ne capte un étal avec quelques lames. Je m’en approchai aussitôt pour admirer ce qui était posé dessus. Le travail était bon ! Il n’y avait pas à dire ! Mais j’avais bien mieux. Le regard du marchand tomba sur moi… et mon, très léger, décolleté, je me sentis aussitôt devenir écarlate de gêne.

« Il vous faut quelque chose p’tite demoiselle ? »

Non Sacha, lui envoyer ton poing en pleine figure c’est pas du tout une bonne idée ! N’oublie pas, personne ne doit savoir ce que tu penses ! Reste calme c’est ainsi que sont les chevaliers. Je secouais la tête.

« Nullement, merci, je regardais pour… quelqu’un. »

Pas la peine de trop en dire non plus, c’était hors de question. Je m’éloignai de l’étal pour me diriger vers le septuaire avant de reconnaître une dame. Je fis même une petite révérence pour la saluer avec un sourire. Dame Bethany Selmy. Je ne savais pas si elle allait le reconnaître et si elle souhaitait me parler même, Mais j’aimais bien cette dame, amie de Meliodas.

Bethany se baladait dans le marché Port-Réalais, flânant devant les étals. Elle n’avait aucun besoin particulier, mais elle profitait de ne pas être alité. Depuis les nouveaux traitements mis en place, elle souffrait beaucoup moins de son mal qui était le sien depuis plus de vingt ans. Elle avait fini par s’y habituer au fils des ans et redécouvrir les joies d’une vie avec moins de douleur la déstabilisait parfois. Faire un long voyage ne la fatiguait plus autant et ne créer plus autant de tension dans son corps, en particulier de son dos. Elle ne guérirait probablement jamais mais ce guérisseur venu d’Essos était en train de changer sa vie, d’améliorer son confort considérablement. Et si ses remèdes fonctionnaient sur elle, pourquoi pas à d’autres ? Elle espérait qu’un jour, les mestres pourraient se passer du lait de pavot pour calmer les douleurs chroniques. Plus de dépendances, plus de sevrage. Une libération pour toutes les personnes souffrantes régulièrement. Et puis probablement que les infusions de plante serait plus accessible aux roturiers ? Car ceux qui souffraient le plus était les petites gens et non les nobles. Mais l’argent permettait de se soigner et beaucoup ne pouvait s’offrir ce luxe parmi les roturiers et c’était bien dommage.

Bethany se baladait en compagnie d’un vieil ami, Alaric Swann qu’elle avait retrouvé par le plus grand des hasards en allant saluer les Swann. Elle était plus qu’heureuse de retrouver son ancien beau-frère. Ils avaient pas mal d’année à rattraper, alors il passait l’après-midi ensemble. Le chevalier errant se chargeant par la même occasion de la protection de la dame des Eteules. Elle avait laissé Ilyn avec leurs deux fils aînés, le plus jeune étant resté aux Eteules. Les deux orageois discutaient de tout et de rien, s’arrêtant par moment devant un marchand pour observer ses produits. Ils remontèrent les rues en direction du septuaire de Baelor quand un visage familier à Bethany apparut. Elle mit quelques secondes à remettre un nom sur le visage, probablement du au fait qu’elle n’avait pas souvent croiser la jeune Sacha dans une robe. Cette dernière reconnue le rossignol et la salua avec une légère révérence. La Selmy remarqua le teint rouge de la ouestienne pourtant elle ne semblait pas essoufflée, signe qu’elle n’avait pas couru ou marché très vite.
« Sacha, ravie de vous revoir. Vous allez bien ? Vous êtes bien rouge… » s’inquiéta Bethany.

L’orageoise s’avança vers elle, posant délicatement sa main sur l’épaule de la jeune femme. Il était vrai qu’il faisait chaud dans la capitale, quand on n’avait pas l’habitude, l’air pouvait vite devenir suffoquant, surtout avec les robes des dames qui pouvaient serrés la poitrine donnant des difficultés à respirer. De ce qu’elle connaissait de fille adoptive de feu son ami, elle n’avait pas l’habitude de se promenait en robe. Le tissu était un peu épais, en comparaison celui de Bethany était fluide permettant à l’air de passer et éviter qu’elle ne suffoque à cause du tissu.
« Alaric as-tu un peu d’eau ? demanda-t-elle en se tournant vers son ami.
- Bien sur, tiens. »

Il décrocha une gourde de sa ceinture et la tendit à la Selmy qui la tendit à Sacha.

   

Par les sept ! Pourquoi est-ce que je me sentais si mal à l’aise juste pour un abruti qui tentait de se rincer l’œil ! Merde ! Merde ! Je ne comprenais pas pourquoi d’un coup je… Merde, le regard des hommes… j’avais l’habitude pourtant ! Avec les entraînements et tout ça ! Je n’étais pas confrontée pour la première fois de ma vie ! C’était même tout l’inverse… Pourquoi j’étais dans ce cas pivoine et mortellement gênée qu’un homme m’ait ainsi reluqué… Merde ! Sacha ! Prends un peu sur toi ! C’est n’importe quoi là ! Et j’avais les joues brûlantes de gêne alors que je remontais vers le septuaire jusqu’à croiser un visage connu. Dame Bethany. Notre dernière rencontre n’avait point été très joyeuse, mais je la saluai avec plaisir. Et mes joues rouges ne passèrent pas inaperçu. Une excuse ? Vite !

« Je vais bien je vous remercie, il fait juste un peu chaud. »

Je ne portais pas du tout une toilette de dame, plus de servante pour être discrète et le tissu n’était pas aussi fin que celui d’autres dames. Mais ce n’était tout à fait ça la gêne du regard lubrique. Beurk. Et elle était avec un chevalier à qui je fis également une révérence pour le saluer. Alaric. Alaric… Swan ? Au vu de ses couleurs. Je pris la gourde qu’on me tendait.

« Merci Ser Alaric, merci dame Bethany. »

Je bus quelques gorgées d’eau avant de lui rendre en plaisantant un peu :

« Il ne fait pas aussi chaud dans l’Ouest ! Et j’ai plus l’habitude de porter des chemises, je trouve qu’on respire mieux ainsi. »

Enfin, c’était ce que je trouvais… C’était un autre débat. J’observai la dame.

« Comment vous portez-vous ? Je ne pensais pas vous croiser ici ! Vous cherchiez quelque chose au marché ? »

J’avais toujours l’impression d’être gauche et maladroite lorsque je devais discuter… Ou… juste gauche et maladroite en général avec les autres ! C’était tout à fait possible également ! Et je ne savais pas placer mes mains ou comment me poser même en étant en robe, j’avais trop l’habitude des chausses, des chemises et tout cela…