L'aube de l'incertitude
Le Soleil Rouge
Animé d'une persévérance maladive à racheter l'affront qu'il avait subit sous les remparts de Belcastel, le Lord Kenning avait vu juste en concentrant ses efforts de recherche sur les lieux abandonnés. Les Terres de L'Ouest n'en manquaient pas, entre les mines abandonnées après des siècles d'exploitation et d'anciens fortins tous aussi anciens. C'est sur le plus illustre site de la rébellion des Tarbeck et des Reyne qu'il avait vu son obsession prendre forme et s'avéré fondée. Aussi était-il là, à la tête d'une force conséquente de sa maison, renforcée par un contingent de ses alliés Prestre et Yarwyck. Les couleurs de la Dent d'Or et du Lion qui y résidait depuis son mariage avec l'héritière Lefford flottaient également au vent. Pour l'heure - tardive - tout du moins, personne n'y prêtait réellement attention. Les félons retranchés dans les ruines en contrebas de la vallée n'avaient pas encore eu vent de leur présence sous couvert de la nuit, et les assiégeants étaient encore affairés à monter en urgence un camp qui tienne la route. Fatigué par de nombreuses heures de chevauchée, Darren avait tout de même convoqué un conseil de guerre sitôt arrivé. Les opinions s'étaient confrontés à plusieurs reprises au cours de débats animés, et l'on avait finalement convenu de laisser aux traitres une unique chance de se rendre. Cette fois il n'y aurait pas d'ultimatum ou de temps de réflexion accordé à l'ennemi. Chaque homme amené là était préparé à tirer l'épée pour ramener l'ordre dans l'Ouest.
Si la raison aurait voulu qu'il rejoigne sa tente montée en hâte pour quérir de maigres mais salvatrices heures de sommeil, les pas de Darren le menèrent en direction du lieu où l'on avait dressé une écurie provisoire pour garder leurs nombreux chevaux. Proche de la race équine depuis le plus jeune âge, comme nombre de ses ancêtres fer-nés repentis au point d'en faire une source de revenu des Kenning, le brun trouvait une certaine quiétude à s'occuper de son destrier, Torgon. A l'appel du combat, c'était pour lui une façon de se recentrer, à défaut de trouver le sommeil. Loin du tumulte et de l'agitation générale du camp. Toutefois, s'il avait espéré n'y trouvé pour seule compagnie que des chevaux et les sentinelles de garde, le chevalier eut la surprise d'y trouver quelqu'un qu'il n'avait pas eu l'occasion de recroiser depuis... deux ans ? Une silhouette féminine engoncée dans une armure de cuir et des habits de voyage s'affairait là et l'avait pris de court. Occupée à soigner une jument à la robe grise, l'inconnue lui tournait le dos. Pourtant, à la lueur des torches et face à cette rencontre des plus improbables au milieu d'un ost exclusivement masculin - à l'exception de quelques femmes de camps -, il n'eut pas à chercher bien loin l'identité de la jeune femme. Leur première et unique rencontre jusqu'à présent l'ayant suffisamment marqué pour qu'il s'en souvienne longtemps.
- « Eh bien... Si je m'étais attendu à vous rencontrer ici... Vous maitresse sait elle que vous vous trouvez au soin de mon camp, prête à la bataille ? », demanda le seigneur aux traits tirés mais suffisamment expressifs pour se parer d'un sourire en coin.
Aussi surpris qu'amusé de la voir là, sans doute des plus motivée à l'idée de tirer l'épée contre les ennemis de Cersei Lannister, il se souvenait encore d'avoir croisé le fer avec elle. Ils avaient ce jour-là donné une bonne leçon aux écuyers du Roc, à défaut de faire taire leurs préjugés. La jeune fille d'alors devait avoir gagné en maturité et en expérience pour se trouver là seule, sans son mentor Orageois et son illustre bienfaitrice.
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La journée avait été particulièrement longue… Enfin comme toutes celles où je ne faisais que chevaucher, plus ou moins dans mon coin. Je n’avais pas peur des hommes, j’avais vécu une douzaine d’années comme l’un d’entre eux. J’étais plus proche de l’animal que d’une dame… Enfin ce n’était pas un problème. Mais les hommes eux, voyaient ma paire de sein, mon con et mes cheveux longs que j’avais plaqué en tresse sur mon crâne lors de mon départ de la Dent d’Or, bien plus maladroitement que ce que Félicité aurait fait. Autant dire que j’avais surtout le droit à quelques regards et des murmures. Et que je ne dormais que d’une oreille, en armure et avec ma dague dans la main pour me sentir un peu rassuré. Quoi que j’eusse toujours dormi avec une arme à portée de main.
Il faisait nuit, mais je n’avais pas très sommeil. Demain potentiellement il y aurait quelque chose à voir. Je n’avais pas été convié à quelconque discussion. Comme d’habitude… J’étais toujours à faire le grand écart entre plusieurs mondes. C’était clairement assez casse gueule, et j’allais finir par manger un pavé dans les dents un de ces jours… J’étais donc resté un petit moment avec Cendre et les autres chevaux avec mon repas prit et un peu de repos prit. J’avais envie de parler à des gens, mais j’étais pas assez aimable pour y aller et pas sûre d’avoir assez de conversation pour réussir à tenir plus de quelques dizaines de secondes. Nan et puis Cendre était assez paisible ce soir.
Je m’occupais de panser sa robe avec douceur et affection. Ce n’était plus Helios, mais on avait fini par avoir un bon lien ainsi. J’avais massé ses membres et son encolure. Et là je passais du temps avec elle en silence jusqu’à ce qu’une voix bien connue ne me tire de mes pensées. Je me tournais pour voir Darren Kenning. Je le saluais d’un signe de tête avant de sourire un peu.
« J’ai suivi Lord Leo dans un premier temps, puis je vous ai rejoins pour cet affrontement. Dame Cersei est au courant et d’accord. Sinon pensez bien que je me serais fait rôtir les fesses et ramener pieds et poings liés. »
Disons qu’elle n’aimait pas beaucoup que je m’éloigne d’elle. Je m’estimai déjà chanceuse qu’elle me laisse venir ici et pouvoir participer et non pas rester dans ses jupes. J’ignorais pourquoi elle avait accepté cette fois, mais je n’allais pas poser de question. Je prenais après tout ! Je frottais le chanfrein de Cendre qui venait voir ce qu’il se passait pourquoi j’arrêtais de la brosser.
« Et vous ? Que venez-vous faire ici ? Vous ne devriez pas vous reposer un peu ? »
C’était demain le grand jour après tout.
- Valarr:
Le Soleil Rouge
Il restait plusieurs heures avant de sonner la charge. Aux premières lueurs du jour, le cor de guerre de sa maison, la Trompe de Sarocq, viendrait à sonner. En attendant, il faudrait passer le temps. Car tout comme son invitée surprise, Darren ne pourrait se contenter de fermer l'œil. Déjà qu'il passait de nombreuses heures à trouver le repos en temps de paix... La tâche lui était impossible à la veille de tirer sa lame.
- « Je n'ai jamais trouvé le sommeil à la veille d'une bataille. Si tant est qu'une bataille se profile demain. L'idée de pouvoir passer ses dernières heures à dormir me semble une perte de temps. », répondit ainsi avec cynisme le Kenning, sa main se posant instinctivement sur la poignée de son épée en évoquant le combat à venir.
La vérité était toute autre. Plus complexe du moins. Dans une telle situation, il pensait à tout ce qu'il aurait à perdre en plus de sa vie. Lehna qui l'attendait chez eux, enceinte, qu'il avait tant rêvé d'épouser dans ses plus jeunes années. Leur fille qu'il n'avait au final que peu côtoyé depuis sa naissance, par la faute de cette guerre. Ses terres, pour lesquelles il s'était battu contre son propre géniteur. Les Kenning étaient en voie de guérison après des décennies de disgrâce. Il avait encore tant à faire. L'avenir de sa maison dépendait de sa survie. Il ne mourrait pas ici. Lamentation y veillerait. Jamais cette épée au passé aussi trouble que prestigieux ne lui avait fait défaut. Même à Belcastel, elle avait taillé la chair de plus d'un homme avant qu'il ne tombe, blessé. Inconsciemment, sa prise sur l'arme à son ceinturon se raffermit d'autant plus alors qu'il s'adossait à la clôture de fortune de leur écurie provisoire.
- « Vous êtes prête pour demain j'imagine ? Votre mentor vous y a préparé ? Que pense t-il de votre présence ici, d'ailleurs ? Ces types ne portent aucune bannière. Ils ont fait du secret et de la vitesse leurs armes. Ils ne valent guère mieux que des bandits. Seule leur organisation les différencient. Je ne leur laisserait qu'une chance de sauver leur vie. Pour un temps... », annonça le chevalier d'un sourire sinistre.
Il savait ce qui suivrait, pour peu qu'ils ramènent des survivants. Voilà bien deux ans que ses geôles n'avaient pas retenti des cris d'agonie de ses ennemis. Les habitants de Kayce se souvenaient encore des sinistres décorations qui ornèrent les remparts de la ville plusieurs lunes après son putsch réussi sur son père. Il avait beau ne pas avoir la force et le sadisme de Gregor Clegane, Darren Kenning n'avait qu'une seule conception de la justice: elle devait être dissuasive. Et expéditive.
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Qu’est-ce qu’on était censé penser face à un potentiel affrontement meurtrier ? Qu’est-ce qu’on était censé même ressentir ? Je n’en étais pas sûre. Je n’avais pas peur pour ma part, je n’étais pas angoissée à l’idée d’affronter peut-être là mort, je n’avais pas hâte non plus de planter mon épée dans de la chaire. Est-ce que je craignais de mourir ? Est-ce qu’on demandait tout cela à un chien de combat ? Pas vraiment. Aucune hâte, aucune angoisse. Juste. Debout, fière et… nous allions voir ce qu’il allait se passer. Mais dire que j’étais paisible n’était pas réelle non plus. J’étais juste dans une sorte d’attente. Peut-être que c’était ça mon état : j’attendais. Je frottais doucement le chanfrein de Cendre en fixant l’homme. Lui ne dormait pas… S’il avait besoin de se battre, c’était pas une bonne idée… Il aurait besoin de tout ses réflexes.
« Mel dit qu’une bonne nuit de sommeil c’est toujours important avant ce genre de truc. Moi… j’en sais rien. C’est pas la première fois que je peux tuer quelqu’un. Mais la première fois avec autant de monde autour. Ça change beaucoup de chose ? »
Parce que les histoires de chevaliers tout cela… C’était bien beau, mais dans les faits, fallait juste tuer le plus grand nombre possible… Enfin… en réalité, j’en savais absolument rien et je me posais pas mal de question. Je continuais de câliner ma jument machinalement alors que pour sa part il semblait prêt à découper du malandrin. Ses questions me surprirent. Je ne pensais pas qu’il en avait autant pour une chienne de guerre comme moi. Je restais silencieuse une minute en essayant de formuler une réponse.
« Un combat est un combat. S’il doit avoir lieu je ferais de mon mieux pour en tuer le plus possible en restant vivante. »
Le « entière » était encore une option pour moi ! Mais c’était autre chose.
« Mel m’a préparé pour que je puisse me battre dans toutes les situations qu’il a pu trouver. Surtout contre des forgerons prit d’une envie de meurtre au vu de la puissance de ses coups pour dire vrai. Il n’était pas ravi du tout que je vienne ici. Absolument pas content. Quand il la sut, il m’a imposé des sessions supplémentaires d’entraînements. Il dit que s’il était un bandit et qu’il savait mon niveau, il se chierait dans les bottes selon ses mots. Mais ça je crois que c’est parce qu’il est fier de moi. C’est des bandits. Ils ont pas d’armure, ils ont pas d’épée de bonne qualité… Ils sont lâches sûrement. La peur les fera parler. »
Qu’il les torture après, c’était pas mon problème, moi j’étais là pour casser des gueules. Le reste… c’était pas de mon ressort. Lui était bien remonté. Je continuais de câliner Cendre.
« Vous savez… Ce qui m’agacerait le plus… c’est que ma Cendre soit blessée. J’aime pas que mes chevaux souffrent. »
Bon pour Helios elle avait pas souffert. Valarr l’avait bouffé d’un coup, ça je pouvais pas lui reprocher !
- Valarr:
Le Soleil Rouge
- « Ceux qui ont vu et vécut une vie de combats ont tendance à adopter des attitudes très différentes à l'approche d'un nouveau. Pour votre mentor, c'est de chercher le repos pour s'y préparer, d'autres se réfugient dans la prière. Moi et d'autres sommes des insomniaques. Si la façon de se préparer diffèrent, beaucoup vous diront qu'aucune bataille n'est comme les autres. Aussi préparé soit-on. », explique le chevalier en réponse à la question de la jeune femme. « J'ai vu les fer-nés tomber plus vite que leurs précieux murs à Pyk, j'ai perdu et vu mon frère se relever parmi les Morts à Winterfell, j'ai combattu et été capturé par l'un des hommes qui dirigent ceux dans ces ruines... Le sommeil n'est pas pour moi. »
Au moins était-elle préparée à ce qui l'attendait. Même parmi les chevaliers et soldats de métiers assemblés autour d'eux, peu pouvaient se targuer d'avoir reçu une instruction martiale de la part d'un maitre d'arme aussi expérimenté que le père adoptif de Sacha. Ils ne devaient pas pour autant sous-estimer leur adversaire, qui pourrait tout aussi bien leur offrir une résistance désespérée en se sachant acculé. De multiples dénouements à cette situation inconfortable minaient depuis des heures le Kenning. Mais sans le savoir, sa jeune interlocutrice lui offrit un moment de répit en lui faisant part de ses craintes pour le devenir de sa monture. Lui aussi avait un intérêt tout particulier pour les chevaux, qu'il trouvait plus honnêtes que biens des hommes auxquels il avait eu affaire. Flattant ainsi distraitement l'encolure de l'étalon le plus proche après s'en être approché, il apprécia un instant l'allure de la jument de son interlocutrice avant de répondre à ses craintes.
- « C'est un bel animal que vous avez. Je comprends votre peur de la voir souffrir. Ma famille élève des chevaux depuis des siècles. Parmi les meilleurs du royaume. Faire ce choix a été le dernier acte qui nous a complètement éloigné de nos racines dans les Iles de Fer. », exposa t-il avec une certaine nostalgie de ses terres dans la voix. « En plus de faire la fortune des miens, ces bêtes sont d'excellents compagnons de voyage et d'aventure. Mon épouse ne saurait vivre sans ces animaux. Et j'ai appris à plus facilement faire confiance à un cheval qu'à bien des hommes... »
Sous ses caresses, l'étalon parut lui donner raison d'un hennissement de contentement, qui ne manqua pas d'arracher un discret sourire au sire de Kayce.
- « Vous n'avez pas à vous en faire. Si nous combattons, ce ne sera pas à cheval. Ces ruines ne se prêtent pas à une charge de cavalerie. Et ils le savent. », conclut-il d'un ton bien plus amer.
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Est-ce que je me sentais nerveuse ? Inquiète ? Pas plus que cela, un combat était in combat, je me demandais seulement à quoi cela ressemblait une grande bataille, même contre des bandits. Meliodas était resté en arrière, pour une fois c’était lui et pas moi. Mais j’étais fière d’avoir le droit de me battre pour l’Ouest. Ce n’était pas mon royaume et je doute qu’un jour on me considère comme une Ouestrienne… Mais clairement, j’en avais rien à faire. Mais je me battais parce que je le devais. Et je comptais montrer que je n’étais pas une lâche. J’écoutai Darren en continuant de frotter l’encolure de ma jument. Mel lui était toujours, ou presque toujours, tranquille. Il ne devenait furieux qu’en pleins combat ou quand on tentait de me faire du mal. La prière… Je n’avais jamais pensé à prier avant vraiment un combat. Insomniaque… Je restais silencieuse en l’écoutant soigneusement.
« Je suis désolée pour votre frère. Dame Cersei m’avait interdit à l’époque d’y aller. Combattre avec tous les autres. Je ne sais pas pour les traîtres qui se terrent… Mais je suis presque sûre que vous serez heureux d’enfoncer votre épée dans leur crâne. »
Je crois que si j’avais été capturé… Oui, non, je n’avais pas très envie d’imaginer. Je préférais flatter Cendre. Je crois que pour ma part, je ferais sans doute partie, soit des insomniaques, soit des comme Mel : on dort une dernière fois et on voit ce qu’il se passe le lendemain. Cendre je l’aimais et j’espérais qu’elle ne souffrirait pas en combat. Le chevalier me conta des choses sur sa maison. Un élevage de chevaux… J’inclinai légèrement la tête, les racines fernés… Heureusement qu’ils s’en étaient éloignés, je souris au cheval hennissant comme pour ponctuer les propos de son maître.
« J’avais une jument avant Cendres. C’était Helios. Mais le dragon l’a mangé. »
Je haussais les épaules.
« Ce sont les risques du métier. C’était quand nous étions à Port Réal. J’ai dû racheter une jument là-bas. J’adore également les chevaux. Je comprends votre épouse. Un cheval est un animal vraiment que j’apprécie grandement. »
Je frottais le chanfrein de Cendre qui elle aurait sans doute préféré dormir… Mais j’avais besoin de sa compagnie. J’inclinai la tête à ses mots.
« Ils sont intelligents, nous pouvons leur reconnaître cela. Seront-ils assez malins pour se rendre avant que nous les massacrions jusqu’au dernier ? C’est une autre question. Mais au vu de notre armée… Je crois qu’ils seraient suicidaires de tenter de nous affronter. Ils tenteront peut-être de fuir. »
Je levai les yeux vers l’homme. Est-ce qu’il… me trouvait étrange à penser ainsi ? Ou même à être aussi calme alors que sûrement d’autres hommes seraient sans doute beaucoup plus nerveux à l’idée d’une première bataille ? Je fronçai un peu le nez pour moi sans rien dire. Est-ce qu’il me trouvait lâche de ne pas avoir défié Dame Cersei et d’être allé à Winterfell quand même ? J’avais honte de ne pas y être allée… même si je n’étais pas la seule… mais peut-être qu’au fond, j’étais soulagée également d’être en vie… Un mélange bizarre des deux…
- Valarr:
Le Soleil Rouge
Remerciant la protégée de Cersei Lannister pour ses mots sur la perte de son frère, Darren se mura dans un bref silence lorsqu'elle lui fit part de son analyse de la situation. A bien des égards, il en arrivait à la même conclusion. Toutefois, il avait déjà vu et fait les frais de voir ce dont on était capable en étant acculé, proche de la mort. Chez les Fer-nés comme à Winterfell. Et plus récemment encore à Belcastel. Il ne ferait pas deux fois l'erreur de considérer une situation comme gagnée d'avance. Ce dont il ne se priva pas de lui faire part.
- « La raison voudrait qu'ils se rendent ou cherchent à fuir, en effet. Mais un homme acculé n'en est pas moins dangereux. Les plus fervents s'en tiennent peut-être à la prière. Les plus éveillés jaugent leurs options, les plus lâches cherchent déjà certainement à fuir, quitte à vendre leurs camarades. Tous restent pourtant capables de manier une lame tant qu'ils tiennent debout. », déclara le chevalier en observant au loin les ruines à peine éclairées par la lumières des torches. « Nous verrons en temps voulu... »
Ses mots semblèrent vouloir mettre un terme à leur questionnement sur la journée à venir. Reportant son attention sur les chevaux et son interlocutrice, Darren prit sur lui de porter le conversation sur un tout autre sujet. Il en allait de sa santé mentale pour cette nuit. Si ses pensées ne pouvaient se tourner vers chez lui, son épouse, leur fille ni sur le champ de bataille qu'il arpenterait peut-être demain, il n'y avait qu'en discutant jusqu'à l'aube qu'il trouverait de quoi occuper son esprit.
- « Qu'en est-il de vous, ma jeune amie ? J'ai eu l'occasion de croiser le fer avec vous, je ne me suis pas privé de boire avec votre mentor, je sais que vous êtes très chère à votre maitresse, pourtant j'en sais bien peu sur celle qui parcoure mon camp, l'épée au côté. Quelle est votre histoire ? Il n'est pas commun de voir une dame de haute lignée s'enticher d'une jeune fille du peuple. Sans vouloir vous offenser. », ajouta le seigneur de Kayce en haussant les épaules avec nonchalance. « Mais il est encore plus rare de voir une jeune femme porter une arme, au service de sa maitresse qui plus est. Quel est donc ce parcours qui vous a amené à tirer la lame pour les Lions de Castral Roc au sein de mon ost ? »
Peut-être était elle unique dans le royaume par son parcours. Jamais le Kenning n'avait eu vent d'une telle histoire. Il était curieux d'en savoir plus. Et qu'avaient ils donc mieux à faire sans trouver le sommeil ?