Le Deal du moment :
Cartes Pokémon : la prochaine extension ...
Voir le deal


[FB] Larmes de sang, d'eau et de sel. [Avec Vaelle Velaryon]

2 participants
Aemma Massey
La dame de nacre

Aemma Massey

Informations
[FB] Larmes de sang, d'eau et de sel. [Avec Vaelle Velaryon] Wyna
Ft : Phia Saban.
Multi-Compte : Talya de Tyrosh, le Soleil de Tyrosh et Melior Vouyvère, la Vouivre de Darkdell.
Messages : 1136
Date d'inscription : 28/01/2023
Présence : Présent
Personnage
Badges
Serial voteur
Dracanniversaire
Multicompte
1000 messages
25e RP


   
# 
TW : Mention de sang.

Larmes de sang, d’eau et de sel.
Port-Réal | An 298, lune 11, semaine 4.

Aemma n’avait pas la moindre idée de la manière dont elle s’était retrouvée là. Elle avait demandé de l’aide, c’était la seule certitude à ce sujet. Elle avait abordé une servante et ses propos déliés, saccadés pour ne pas dire presque inintelligibles avaient fait le reste. Vaelle, il fallait qu’elle voit Vaelle. Un prénom peu commun. Dès lors, la servante qui l’avait abordée avait su comment réagir, s’empressant de l’emmener au plus près de sa cousine. Et ensuite… Et ensuite, Aemma ne savait plus. La main de la servante avait quitté la sienne et un membre de la suite de la dame de Lamarck l’avait prise en charge. Elle avait du être reconnue. Non pas qu’elle se cachait, au contraire… Alors, la panique l’avait quitté quelques instants. Quelques instants de lucidité pendant lesquels on lui avait proposé de s’asseoir, chose à laquelle Aemma s’était vivement opposée.


Trop vivement sans doute. La jeune fille n’avait vu que trop tard l’air surpris de l’homme qui avait pensé bien faire. Alors, elle avait bredouillé un torrent d’excuses, perdant le peu de prestance qui lui restait, implorant de voir sa cousine. Qu’il s’agissait d’une urgence. La douleur l’avait à nouveau pliée en deux à ce moment. Entre cela et sa pâleur, on aurait pu croire qu’elle n’était qu’une créature de la nuit sortie de sa tombe pour s’en prendre à quelques vivants. Alors, la jeune Massey s’était appuyée contre le mur le plus proche, presque pliée en deux par ce mal qui lui prenait les entrailles. Alors, l’homme avait détalé sans prononcer un mot de plus. Ou alors, Aemma n’avait rien entendu, tordue comme elle pouvait l’être.


Pourvu qu’il soit allé chercher Vaelle ! Il s’agissait-là de la pensée rassurante qu’Aemma avait sous la main. Elle s’y accrochait comme à une corde en pleine tempête. Pourquoi avait-elle si mal ?! Armond… Elinda… Elle n’avait pas voulu laisser le premier, ne voulait pas rejoindre la seconde. Mais les festivités lui avaient changé les idées. Alors pourquoi ? Pourquoi était-elle dans un état pareil ? Le Septuaire… Oui, ça aussi elle s’en souvenait. Elinda était devenue une femme avant d’entrer au Septuaire. La corde, remonter la corde. Encore un peu, son esprit ne pouvait pas lui faire défaut. Pas à elle, pas maintenant ! Elinda, femme, septuaire. Elle approchait du but, bientôt elle serait de retour sur le pont de ce navire qui voguait dans son crâne. Encore un petit effort…


Comme cela faisait mal ! Aemma serra les dents. Par tous les démons des Sept Enfers, qu’avait-elle fait pour mériter cela ? Non, il fallait qu’elle se concentre ! Elinda, femme, septuaire… Du sang. Du sang. Elle avait voulu le faire disparaître de sa robe sombre, de ses draps mais sans y parvenir. Non, non ! Elle ne voulait pas finir comme elle ! Pas maintenant ! Pas de sang, elle ne voulait pas de tout ce sang ! La corde, toujours suivre la corde. La jeune Massey ferma les yeux, de panique, de douleur mais aussi afin de rassembler un semblant de concentration. Elle avait eu treize ans peu de temps avant la chasse royale. Treize ans… Elle n’était qu’une enfant ! Une enfant ! Et à présent, elle pleurait réellement comme la petite fille qu’elle n’était plus vraiment.


« Vaelle… sanglotait la jeune fille sans pouvoir se contenir. J’ai si mal, Vaelle. Je… Je ne veux pas… pas rejoindre Elinda. Les pleurs redoublèrent. J’ai si mal… Pourquoi ? »


Armond lui manquait. Il allait rester à Villevielle comme elle allait sans doute rester à Port-Réal. Tout ça à cause de ce sang de lune qui n’avait de lune que le nom. Elle se sentait poisseuse de sang. Si sale. Si sale de son propre sang. Celui qui avait fait d’elle une femme et qui allait peut-être causer sa perte. Poisseuse, seule et en quête d’une ancre dans ce monde qui tanguait bien trop pour elle.

DRACARYS
@Vaelle Velaryon |  #9999cc



┗ The girl who electrified
the storm ┛

ஃ The rain that comes. All of the love that was left behind is gone. When the Riverman runs. Find me the girl who electrified the storm. In a little while she'll be gone ஃ
Vaelle Velaryon
Membre

Vaelle Velaryon

Informations
[FB] Larmes de sang, d'eau et de sel. [Avec Vaelle Velaryon] 7uh8
Ft : Alexandra Dowling
Multi-Compte : Le véritable suzerain du Val
Messages : 621
Date d'inscription : 10/04/2023
Présence : Présent
Personnage
Badges
L'incarnation
Dracanniversaire


   
# 
Larmes de sang, d'eau et de sel
PORT-RÉAL | AN 298, LUNE 11, SEMAINE 4

Les fleurs - des lys - fanaient déjà sur la table de leurs appartements à Port-Réal. Un gros pétale violet, encore beau, s’était échoué sans bruit sous ses yeux. Avec un air désolé, Vaelle l’attrapa entre ses doigts blancs. Il était doux. Comme du velours. Quelle tristesse que de mourir si vite.

« Les fleurs sont en train de flétrir, » commenta-t-elle en soupirant.

Dans son dos, Monford était penché sur une carte qu’il connaissait par coeur. Le trajet de Port-Réal à Lamarck n’était pas vraiment un mystère.
Il ne répondit pas à la remarque de son épouse. Cette dernière ne sut dire si c’était par inattention - peut-être était-il trop absorbé par sa travail ? - ou par manque d’intérêt. Elle n’osa pas répéter car cette fois, elle aurait la réponse à ses doutes ; et elle la redoutait. Elle se mordit les lèvres.

Après quelques minutes d’un silence pesant, elle se retourna doucement sur sa chaise, simplement pour pouvoir apercevoir Lord Velaryon. Il n’avait pas bougé d’un pouce. Ses cheveux d’argent étaient déployés comme des voiles sur son large dos. La jeune femme se surprit à rougir et, de crainte qu’il ne sente son regard sur lui, se dépêcha de retourner à sa contemplation mélancolique des lys racornis.
Le silence lui pesait.

« N’était-ce pas un événement très réussi ? » reprit-elle en s’armant de courage pour entretenir les braises d’une conversation qui peinait à prendre depuis plusieurs années. « La Princesse Daenerys et lord Willos étaient très élégants. Quel beau mariage cela fera… »

« Cela me fait penser à nous, plus jeunes, » aurait-elle aimé rajouter. Mais la gêne l’en empêcha. Les mots qu’il lui avait adressés, il y a deux ans, brûlaient dans son coeur comme si cela eut été hier. « Tout cela m’ennuie. Cette vie, ce château et même vous. » Elle se vouta un peu plus dans son siège. Ses doigts serrèrent si bien le pétale qu’ils laissèrent une marque plus sombre sur la corole mauve.
Il ne faisait aucun doute que Monford aurait préféré être à voguer sur des mers exotiques en compagnie de son équipage plutôt que de séjourner avec elle à la capitale pour assister à une célébration mondaine. Mais ces quelques jours avaient-il été si désagréables ?

« Je vais m’assurer que le bateau est prêt. » Sa voix, qu’elle n’avait pas entendue depuis de nombreuses minutes, manqua de la faire sursauter. En voyant qu’elle entreprenait de se lever pour l’accompagner, il l’arrêta d’un geste de la main. « Restez ici et reposez-vous. »

Vaelle retomba sur son siège, étouffant sa profonde déception derrière un joli sourire.

« Très bien, je vous attends. »

La porte claqua. Les pas de Monford s’éloignèrent. Le menton de Vaelle se mit à trembler. « Oh, quelle imbécile, quelle idiote ! » se morigéna-t-elle en enfouissant son visage dans ses bras. « Mais que pourrais-je dire d’autre ? Que pourrais-je faire d’autre ? » L’odeur du bois de la table lui rappelait ces soirées lorsque, plus jeune, elle s’enfermait dans sa commode pour se cacher de Vaemond. L’époque où ils s’entendaient encore.

Des pas précipités lui firent lever le nez de ses coudes. « Monford ? » s’alarma-t-elle. « Il a oublié quelque chose ? » De peur d’être surprise dans un état si misérable, elle se racheta une contenance en se redressant prestement, en gommant la moindre trace de sanglots de ses traits et en attrapant un ouvrage de broderie abandonné là il y avait plusieurs heures.

« Je vous en prie, entrez, » commanda-t-elle lorsque les toc-toc pressés résonnèrent.

Monford n'aurait pas toqué. Les sourcils blancs de la jeune femme se froncèrent.

Une figure contrite apparut dans l’entrebâillement. Le domestique, un garçon d’à peine dix-sept ans, triturait ses mains et osait à peine poser son regard sur Lady Velaryon.

Vaelle eut l’impression que son visage tombait dans ses entrailles.

« Qu’est-il arrivé ? C’est mon fils ? »

Monterys avait été laissé en compagnie des autres enfants de grandes maisons pour s’amuser encore un peu. Mais la nuit tombait, elle n’allait pas tarder à le faire chercher.

Le jeune garçon fit non de la tête.

« C’est lady Aemma votre cousine. Elle est ici. Je l’ai installée dans le petit bureau et euh… Je… Enfin… Elle est indisposée. »

Il appuya ce dernier mot en la regardant dans les yeux cette fois. Vaelle fronça des sourcils.

« Indisposée ? » répéta-t-elle sans comprendre.

Le valet grimaça.

« Elle demande à vous voir. Elle est en détresse. »

Cette fois, la valyrienne haussa bien haut les sourcils.

« Oh, » articula-t-elle en croyant comprendre. « Vous pouvez l’amener ici, bien sûr. Faites vite, je vous en prie. »

Il ne demanda pas son reste et disparut bien vite dans le couloir.

Quelques minutes plus tard, il toquait à nouveau et dans l’écho de leurs pas il était évident que des pleurs raisonnaient.

Vaelle ouvrit d’elle même la porte et une expression horrifiée déforma ses traits.

Aemma, toute jeune et minuscule qu’elle était, était recroquevillée sur elle-même, apparaissant à la fois avoir quatre ans et cent ans. Son visage était sillonnée de larmes et ses yeux étaient rouges et bouffis.
Sa robe était poissée de sang.

« Oh ma pauvre pauvre chérie, » souffla-t-elle en se poussant rapidement pour les laisser rentrer. « Lyam, demandez à Reina et Polly de venir préparer le bain, d’accord ? Et d’apporter des vêtements propres en venant. »

Fort de sa mission, il tourna des talons et tandis qu’il se précipitait dans le couloir, Vaelle ajouta :

« Et de la tisane ! Dites-leur de nous rapporter de la tisane ! Allons, appuyez-vous sur moi, Aemma, voilà un pas après l’autre, nous ne sommes pas pressées, » ajouta-t-elle d’une voix douce en entourant les épaules tremblantes de sa voisine de son bras droit. « Nous allons nous asseoir sur le divan sous la fenêtre. Un peu d’air vous fera du bien. »

Sa cousine semblait si fragile. Elle qui d’ordinaire était si pétillante, si affirmée. La voir ainsi, terrifiée et sursautant à la moindre crampe lui fendit le coeur.

« Voilà, installez-vous… Moi j’ouvre la fenêtre, » elle batailla quelques secondes avec le loquet jusqu’à le faire céder. « Ah, nous sommes mieux ainsi, n’est-ce pas ? »

L’air du crépuscule s’engouffra à l’intérieur des appartements. D’abord tiède et lourd de parfums - fleurs, embruns, paille - il finit par se rafraîchir.

«  Calmez-vous, calmez-vous, » lui chuchota-t-elle en la berçant comme on aurait bercé un nouveau-né.

Du mouchoir qu’elle avait brodé de ses initiales auréolées d’un crabe et d’un hippocampe, elle essuya les joues noyées de grosses larmes d’Aemma.

« Reina et Polly vont arriver pour vous préparer un bon bain et pour vous changer. Mais restons ainsi un moment, d’accord ? Prenez simplement le temps de respirer. » Elle prit une profonde inspiration et relâcha tout. « Comme ça. On inspire et on expire. »

De sa petite main, elle dégagea son front poisseux des cheveux argentés qui y étaient collés.

L’odeur des lys agonisants baignait toujours la pièce.


DRACARYS


    the old, the true, the brave
    How can I say this without breaking, taking over. How can I put it down into words, When it's almost too much for my soul alone. Dreams fight with machines Inside my head like adversaries. Come wrestle me free Clean from the war.. + aeairiel.
Aemma Massey
La dame de nacre

Aemma Massey

Informations
[FB] Larmes de sang, d'eau et de sel. [Avec Vaelle Velaryon] Wyna
Ft : Phia Saban.
Multi-Compte : Talya de Tyrosh, le Soleil de Tyrosh et Melior Vouyvère, la Vouivre de Darkdell.
Messages : 1136
Date d'inscription : 28/01/2023
Présence : Présent
Personnage
Badges
Serial voteur
Dracanniversaire
Multicompte
1000 messages
25e RP


   
# 
Larmes de sang, d’eau et de sel.
Port-Réal | An 298, lune 11, semaine 4.

Dans toute cette cohue, Aemma n’était plus qu’une spectatrice. Une poupée de chiffon qui se laissait porter, emporter sans trop savoir où poser les pieds. Sans trop savoir comment, elle se retrouva devant une nouvelle porte. On était revenu la chercher. Ce devait être la même personne que tout à l’heure, bien que la jeune fille ne faisait guère confiance à ses yeux. Ils étaient bien trop embués pour cela à un point tel qu’ils lui brûlaient. Tout juste reconnu-t-elle les traits de sa cousine, alors que la porte s’ouvrait. Une expression d’horreur marquait son visage si doux en temps normal. A la peur, à la douleur, à la détresse s’ajouta alors cette impression de profonde honte pour la jeune Massey, qui ne savait où se cacher désormais.


La jeune fille passa des bras du valet à ceux de sa cousine sans même s’en rendre compte. Tourmentée par ses propres pensées sans queue ni tête, Aemma sursauta lorsqu’on referma la porte, avant de grimacer de douleur. Chaque mouvement, du plus simple frissonnement au moindre pas lui causait autant de mal, si ce n’est plus, qu’un coup de poignard. Trop ancrée dans sa douleur, la voix de Vaelle ne lui parvenait que lointainement. Sa cousine donnait des ordres et tentait de la rassurer dans un même temps, d’après les bribes que son esprit acceptait de saisir. Bientôt, ses bras s’enroulèrent autour de ses épaules dans un geste protecteur. Protecteur et doux, tant et si bien qu’Aemma se laissa un peu aller contre elle, trop heureuse et soulagée de ne plus être seule dans son mal.


« Je… Je… D’accord... »


Aemma ne combattait plus, s’avouait déjà vaincue. Elle se laissa guider par sa cousine, s’asseyant maladroitement sur le canapé, craignant de le tâcher de cette fleur dont elle n’avait jamais voulu. A quoi bon ? Elle n’en ferait jamais l’usage. Comme Elinda. Comme Sa Sainteté. Une douleur d’autant plus forte, plus poignante, qu’elle était profondément inutile. On dirait qu’elle payait un quelconque péché. Une quelconque faute trop grande pour elle. La Massey pleurait pour toutes ses raisons, de douleur, de peur, de ce destin dont elle ne voulait pas mais qui serait le sien. La fenêtre grinça, alors que Vaelle s’acharnait contre elle. Mais Aemma n’avait plus la forme de sursauter, pliée sur elle-même. Ses bras entouraient ses hanches, son ventre, se faisant minuscule par la moment occasion. Si seulement elle pouvait disparaître, si seulement. Personne ne savait qu’elle était ici, de toute façon…


Un poids s’ajouta sur le divan. La jeune Massey n’y prêta pas attention, se laissant redresser par Vaelle qui l’entourait à nouveau de ses bras, la berçant avec une infinie douceur. Son parfum raffiné se mêlant à celui, bien plus fort, des lys qu’Aemma imaginait tout proches tant leur odeur était forte. La jeune fille en avait presque mal au crâne. L’odeur du sang, des lys… Elle en avait la nausée et si son estomac ne s’était pas trouvé vide… Ce pauvre divan aurait eu à se plaindre de bien pire que de ce sang qu’elle ne pouvait déjà plus voir.


« Merci… Déso… Désolée. » bredouilla Aemma, alors que Vaelle tentait d’essuyer ses larmes, bien trop nombreuses à son goût.


Elle avait honte. Profondément honte, preuve que son esprit reprenait le dessus sur ses instincts les plus basiques. Suivant les conseils de sa cousine du mieux qu’elle pouvait, Aemma prit une profonde inspiration, qui se fit chevrotante sur la fin. Petit à petit, et malgré la douleur, elle reprenait ses esprits. Si elle ne se souvenait plus réellement de cet évènement, il lui semblait que cette douleur était plus vive, plus intense, que ce moment où elle avait voulu subtiliser l’épée de Byron pour se venger de lui. A cette pensée, la jeune Massey laissa courir ses doigts sur la cicatrice qui se trouvait au niveau de sa main. Elle ne rêvait pas. Ne cauchemardait plus, plutôt. Tout cela était bien réel. Bien trop réel.


« J’ét… J’étais toute seule. avoua Aemma, difficilement, prenant une nouvelle inspiration. Je me sentais mal, Mère m’a laissée me reposer. Elle voulait voir Elinda avant notre départ. La jeune fille avala difficilement sa salive. Je me suis réveille, il y avait du sang partout. Père… Père avait beaucoup à faire. Il était déjà parti avec Arthur et Justin. Les autres, je ne sais pas où ils sont… Aemma baissa la tête. Ils vont s’inquiéter, quand ils reviendront chez Oncle Rennifer. Ça leur fera une raison de plus de me laisser ici... »


De nouvelles larmes perlaient au coin de ses paupières, tandis qu’un sanglot enflait à nouveau dans sa gorge. Mais Aemma était bien déterminée à ne laisser éclater ni l’un, ni l’autre. Une nouvelle inspiration. Une nouvelle expiration. Au-delà de calmer ses pleurs, ce petit exercice semblait reléguer la douleur plus loin dans ses entrailles. C’était toujours douloureux mais déjà bien plus supportable. La jeune fille fut cependant tétanisée à une autre idée. Les choses seraient toujours ainsi ? Devrait-elle souffrir une fois par lune pour des enfants qu’elle ne porterait sans doute jamais ?


« Je ne savais pas quoi faire… Mère… Elle m’a parlé un peu mais… C’est pas pareil d’en parler et de le voir. De le sentir, surtout. » reprit-elle, penaude et honteuse, son visage toujours bouffi par ses pleurs et ses peurs, tout en se blottissant davantage contre sa cousine.


Tout ça, on l’apprenait pas dans les livres, malheureusement.


DRACARYS
@Vaelle Velaryon |  #9999cc



┗ The girl who electrified
the storm ┛

ஃ The rain that comes. All of the love that was left behind is gone. When the Riverman runs. Find me the girl who electrified the storm. In a little while she'll be gone ஃ
Vaelle Velaryon
Membre

Vaelle Velaryon

Informations
[FB] Larmes de sang, d'eau et de sel. [Avec Vaelle Velaryon] 7uh8
Ft : Alexandra Dowling
Multi-Compte : Le véritable suzerain du Val
Messages : 621
Date d'inscription : 10/04/2023
Présence : Présent
Personnage
Badges
L'incarnation
Dracanniversaire


   
# 
Larmes de sang, d'eau et de sel
PORT-RÉAL | AN 298, LUNE 11, SEMAINE 4

Il y avait quelque chose de terriblement triste, de terriblement cruel dans ce que la nature imposait aux femmes. Sans semonce, sans mise en garde, l’enfance leur était tranchée comme la fleur sous le pied. Un clignement d’yeux et il était décidé que désormais, il fallait tout oublier des jeux insouciants, des fontaines dans lesquels elles pataugeaient les jambes nues et le front clair, des rêves naïfs qui aidaient à dormir. Non, maintenant, il fallait briser l’éclat des incroyables rires pour leur préférer une modeste cape et de la main cacher les dents. Il fallait couvrir ses bras roses pour ne point attirer d’indésirables regards qui, la veille, n’auraient pensé à rien en regardant la fine silhouette courir dans les jardins. Qu’est-ce qui avait changé ?
Vaelle n’avait pas pu troquer sa candeur juvénile au jour de ses premières lunes. Après la mort de ses parents, son grand-père s’était assuré de lui faire savoir ce a quoi elle était destinée. Elle s’était parfois apitoyée en sanglotant dans son lit en pensant à ce qu’elle n’avait jamais connu. Les livres et les poésies l’avaient nourrie d’une époque fantasmée et gonflée d’une nostalgie qui, encore aujourd’hui, l’habitait parfois.

Aemma, elle aussi, devrait faire son deuil. « Comme c’est déchirant, » songea-t-elle en caressant les cheveux argentés de la jeune fille. « Comme c’est injuste. » Et c’était un peu de son insouciance qu’elle tentait de chasser en lissant la douleur qui pétrissait les joues de sa cousine.

« Il ne faut pas vous excuser, » la rassura lady Velaryon en glissant une mèche trempée derrière son oreille. « Vous savez, nous sommes toutes passées par là. Je sais ce que c’est. »

Petit à petit, sa respiration se fit moins hachée, plus profonde. « Elle se calme. » Une brise charria une lointaine odeur d’océan.

« De vous laisser ici ? » Vaelle fronça les sourcils. « Allons, qu’est-ce donc que cette histoire ? »

Se passait-il quelque chose dont elle n’était pas au courant ?

« Mais ne vous tourmentez pas avec cela maintenant. Tâchons d’abord de nous reposer. Vous m’en direz plus plus tard. Quant à votre famille, rassurez-vous. Je demanderai à Reina et Polly de leur faire parvenir une note. »

En parlant des deux domestiques, des pas se hâtaient déjà dans le couloir. Les portes s’ouvrirent sur deux jeunes femmes d’une vingtaine d’années, aussi différentes qu’un chien et un chat.
Reina était grande ; presque autant qu’un homme, et arborait une carrure imposante. Elle gardait son épaisse chevelure noire en une couronne délicatement tressée. Malgré sa silhouette imposante, son visage était doux, illuminé par d’immenses yeux noisettes et une constellation de tâches de rousseur.
Polly était très fine et, malgré sa petite taille, ses longues jambes lui conféraient une démarche élégante, semblable à celle d’une fée. Ses cheveux châtains, moins bien coiffés que ceux de Reina, étaient dissimulés sous un modeste bonnet blanc brodé de fleurs. Ses yeux verts se posèrent sur la silhouette avachie d’Aemma et s’auréolèrent de la gravité féminine de celles qui comprennent. Ses bras portaient ce que Vaelle estima être le rechange.

« Lady Velaryon, lady Aemma, » les saluèrent-elle en coeur. « Nous venons pour le bain. »

L’ancienne Celtigar acquiesça et tandis que Reina s’affairait à tendre le paravent aux teintes pastels, peints de roses mauves et blanches, Polly s’avança pour déposer la robe sur un dossier de fauteuil et la tisane demandée sur le guéridon.

« Merci Polly. Lorsque tu auras fini d’aider Reina, pourras-tu faire parvenir un mot à mes cousins en leur indiquant que lady Aemma est dans mes appartements pour la soirée pour s’y reposer ? Je l’écrirai dans quelques minutes. »

La servante acquiesça avant de se glisser à son tour derrière le paravent. Une soudaine chaleur envahit la pièce ; le feu avait été allumé pour y chauffer le bac d’eau.

« Le bain sera près dans quelques minutes. Après, nous pourrons nous débarrasser de cette robe pour te rafraîchir un peu. »

Lorsque Polly et Reina reparurent, le bain était près. Un grand drap écru avant été tendu autour du bac en bois et l’eau était tiède.
Vaelle aida sa cousine à se redresser.

« Je vous laisse quelques minutes à vous, d’accord ? Je serai juste derrière pour écrire le mot à Lady Massey. Accrochez la robe au paravent, Polly et Reina se chargeront de la laver. »

S’installant au bureau d’ordinaire occupé par Monford - ses cartes maritimes y étaient encore empilées -, elle dénicha sans mal le tiroir destiné à ses correspondances. Le papier y était toujours abondant et l’encre d’excellente qualité. Elle tapota sa plume de cygne contre l’encrier.

« Lady Velaryon, » vint chuchoter Reina dans le creux de son oreille. « Je crains que la causeuse ne soit tachée. »

Vaelle se retourna pour constater qu’en effet, une tache rouge s’épanouissait sur le tissu vert tendre.

« Pensez-vous que nous puissions le rattraper ? »

La domestique fit non de la tête.

« Dans ce cas, prenez ça. » Elle glissa une pièce dans la paume de sa grande main. « Nous rachèterons de quoi le remplacer. Ce n’est rien. Prenez le plus joli des tissus. Un brocard, pourquoi pas ? Ou un velours dévoré. Ça sera très bien. »

Bientôt, la lettre signée rejoignit la pièce, et Polly et Reina disparurent en emportant avec elle la robe souillée.

« Êtes-vous bien installée ma cousine ? Je vous apporte la tisane. »

Elle toqua contre le bois du paravent et se présenta avec une tasse fumante qu’elle posa sur le large rebord du baquet. La porcelaine teinta clair contre la soucoupe.

« C’est une recette de septa Oryane, quand j’étais plus jeune. Il n’y a que des bonnes choses ! Des feuilles de framboisiers, du fenouil et de la valériane. Bon, je vais être honnête, ce n’est pas le meilleur breuvage au monde, mais je vous promets que cela vous aidera à vous sentir un peu mieux. »

Elle tira une chaise pour s’installer à côté de la baignoire avant de se rendre compte de son indélicatesse :

« Mais regardez-moi à faire comme bon me semble ! Cela vous dérange-t-il que je m’assois à côté de vous ? J’ai conscience qu’à votre âge, une certaine pudeur puisse vous déranger. J’irai m’installer derrière, sinon, cela sera aussi très bien. Et souhaitez-vous manger quelque chose ? Cela dépend des femmes, mais à cette période du mois, je meurs littéralement de faim ! Septa Oryane, elle, ne mangeait presque rien. Un écoeurement constant qui la prenait, m’avait-elle dit. Oh et dites-moi si vous voulez des sels de bain. J’ai profité de notre présence à Port-Réal pour m’en acheter plein. Il y a des choses qu’on trouve ici… »

Elle partit farfouiller dans sa coiffeuse pour dénicher les flacons qu’elle présenta à Aemma comme des trésors.

« À l’iris, mon préféré. Vous voulez sentir ? » Elle voulut ouvrir la bouteille avant de se reprendre. « Mais regardez, je recommence à bavarder alors que vous souhaitez très sûrement vous reposer ! »


DRACARYS


    the old, the true, the brave
    How can I say this without breaking, taking over. How can I put it down into words, When it's almost too much for my soul alone. Dreams fight with machines Inside my head like adversaries. Come wrestle me free Clean from the war.. + aeairiel.
Aemma Massey
La dame de nacre

Aemma Massey

Informations
[FB] Larmes de sang, d'eau et de sel. [Avec Vaelle Velaryon] Wyna
Ft : Phia Saban.
Multi-Compte : Talya de Tyrosh, le Soleil de Tyrosh et Melior Vouyvère, la Vouivre de Darkdell.
Messages : 1136
Date d'inscription : 28/01/2023
Présence : Présent
Personnage
Badges
Serial voteur
Dracanniversaire
Multicompte
1000 messages
25e RP


   
# 
Larmes de sang, d’eau et de sel.
Port-Réal | An 298, lune 11, semaine 4.

Abattue aussi bien par la situation que par la fatigue, Aemma se contenta d’acquiescer. Toutes les femmes passaient par là. Sa cousine en avait fait les frais il y a un an ou deux. C’était à cette occasion que Mère l’avait prise à part et lui avait tout expliqué. Cela n’avait duré que quelques instants. Ensuite, la vie avait repris son cours et la jeune Massey avait peu à peu oublié cette conversation. Ce discours, plutôt. Dans les faits, il avait été à sens unique, la jeune fille se contentant de hocher la tête alors que sa mère lui exposait une situation pour le moins farfelue à ses yeux. Saigner sans se couper ? Elle n’y avait pas compris grand-chose sur le moment. Comme elle regrettait à présent de ne pas avoir été plus curieuse à ce sujet ! D’un autre côté, elle n’était même pas sûre que les Mestres prennent réellement en compte ce genre de chose…


« Armond est parti. Mon tour viendra bientôt... »


Aemma aurait voulu poursuivre mais n’en trouva pas la force. Mettre des mots sur tout cela était une tâche bien trop ardue. D’une certaine manière, elle s’en voulait de ne pas prendre la chose avec le calme et la mesure nécessaire. Être une dame à défaut d’être une Septa pour le moment, c’est ainsi qu’elle aurait du réagir. Mère et Sa Sainteté auraient honte… Et que dire de Père ? La Massey retint un frisson à grand peine. Pas de doute, sa cousine lui rendait un grand service en ne cherchant pas à en savoir plus pour le moment. Le mot qu’elle transmettrait à sa famille suffirait à les éloigner le temps qu’elle retrouve toute sa contenance.


La porte s’ouvrit à nouveau, dévoilant deux jeunes femmes aux bras chargés. Aemma se tassa un peu sur elle-même. Il s’agissait-là du seul résultat qu’elle obtint suite à sa tentative bien maladroite de se redresser. L’air avenant des servantes acheva de la convaincre qu’elle n’avait rien à craindre d’elles ou de ce qu’elles pourraient voir. Vaelle avait raison. Elles étaient entre femmes. Polly et Reina avaient compris la situation bien plus rapidement qu’elle. La force de l’habitude, sans doute. Durant quelques instants, les prunelles sombres de la jeune fille suivirent les faits et gestes de la dénommée Reina qui mettait sur pieds le paravent et d’autres choses dont elle aurait besoin. A Danse-des-Pierres, Aemma aurait tenté de le faire elle-même. Elle n’avait cependant nulle envie d’aller à l’encontre des ordres de sa cousine et devait avouer que le fait de pouvoir rester assise contre elle encore un peu était profondément réconfortant.


A l’odeur iodé de la houle marine se mêla celle du bois brûlé. Aemma trouvait un certain apaisement dans ces odeurs connues. A Danse-des-Pierres, elle se réveillait avec l’odeur du sel et le clapotis des vagues qui léchait les falaises toutes proches. Ce simple souvenir manqua de lui arracher des larmes. Si elle avait su que ce voyage à Port-Réal serait sans doute le dernier pour elle, elle aurait profité bien plus de ce spectacle pourtant bien familier. Banal presque. Banal au point d’en devenir un trésor qu’elle chérissait désormais. Alors que Vaelle faisait mention de sa robe, Aemma ne put s’empêcher d’y jeter un regard. Elle avait appartenu à Elaena il y a quelques années et avait été rafraîchie par les soins d’Ellyn. Aemma n’avait pas vraiment de robe à elle. Elle grandissait encore trop pour cela et la simple idée de voir son corps changer davantage la révulsait à cet instant…


D’un regard couplé à un maigre sourire, Aemma accepta l’aide de Vaelle pour se redresser. La douleur s’était en partie apaisée, de même que la peur, mais fort était de constater que marcher restait encore douloureux. Cependant, ce fut suffisant pour que la jeune fille tienne sur ses jambes alors que sa cousine s’éloignait. Avec prudence, et une pointe de crainte, la jeune fille se débarrassa du tissu poisseux. La robe avait été jolie… Ellyn avait fait du bon travail et Aemma avait été heureuse de la porter. Quel dommage qu’elle finisse de la sorte. Durant quelques instants, la jeune fille garda la robe en main, la dévisageant, se mordant la lèvre inférieure. Même un bon baquet de teinture ne pourrait rien contre cela…


Avec un petit soupir, Aemma suspendit sa robe au paravent avant de se tourner vers la cuve. Elle pouvait y monter seule. Elle avait assez de forces pour cela ! Avec cette pensée à l’esprit, et un regard noir pour la cuve qui n’en méritait pas tant, la Massey s’approcha, prenant appuie sur les côtés avant de se glisser dans l’eau chaude. Acte qui ne fut pas sans maladresses, la jeune fille se retrouvant quelques instants la tête sous l’eau. Agacée par sa propre bêtise, Aemma se redressa tout à fait, ses joues rougies aussi bien par ses récents pleurs, que par la chaleur ou encore d’agacement. Sa première réaction fut de se frotter énergiquement le visage. Tout cela n’était qu’un mauvais rêve ! Elle devait se réveiller ! Hélas, le résultat que la jeune obtint fut un visage plus rouge, bien que désormais plus éveillé.


« O… Oui, merci ! » répondit Aemma, sur une note plus flûtée.


La jeune fille accueillit sa cousine avec un sourire qu’elle voulait plus assuré que le précédent. La chaleur avait achevé de dénouer le nœud qui se trouvait jusqu’alors dans ses entrailles. Elle se sentait mieux ainsi et redoutait déjà le moment où elle devrait quitter l’eau. Avec douceur, craignant une quelconque brusqueries de ce corps qui lui semblait bien étranger, Aemma se saisit de la tasse. Elle laissa la chaleur qui s’en dégageait glisser le long de ses doigts puis de ses paumes. Alors que Vaelle listait les ingrédients présents dans la tisane, Aemma porta distraitement la tasse au niveau de son nez… avant de grimacer. Tant pis, un médicament n’avait pas à être bon, au fond. Juste efficace.


« Je confirme, tout cela n’a rien de bien ragoûtant. Aemma jeta un regard torve en direction du petit récipient avant d’y tremper ses lèvres. Oh, ne vous en faites pas ! Ce… Aemma reposa quelques instants la tasse, comprenant qu’il y avait là un problème de taille. Personne ne me regardera plus comme avant, pas vrai ? »


Cet aveu lui était douloureux. Vaelle la connaissait depuis sa naissance, ou peu s’en faut. Elle l’avait vu grandir, l’avait doucement grondée en la voyant parfois venir à elle trempée jusqu’aux os, le bas de sa robe tâché de boue et de poussière. Ou encore l’avait aidée à nettoyer ses mains alors qu’elle s’essayait parfois à l’écriture. Elle s’était occupée d’elle, tentant de lui inculquer les bases qu’une jeune fille se devait de savoir. Bien sûr, Aemma avait encore beaucoup à apprendre à ce sujet. Vaelle faisait partie de sa famille, qu’importe le nom qu’elle pouvait porter. La voir la considérer autrement était… troublant.


« Croyez-moi bien, je pourrais manger un espadon entier pêché par nos voisins Bar Emmon ! Le rire lui était toujours douloureux, mais Aemma n’était pas en capacité de le réprimer pour cette fois. Malheureusement, mon estomac ne semble pas savoir ce qu’il veut réellement. Je saurais me montrer patiente encore un peu. Aemma avait récupéré la tasse, la vidant d’un trait avant de grimacer. Voyons si ce capricieux accepte cela, pour commencer. »

Aemma ne put s’empêcher de jouer quelques instants avec la tasse, appréciant les décors qui s’y trouvait. Vaelle avait toujours eu un goût exquis pour ce genre de choses. Pour le mobilier ou pour les beaux atours. La jeune fille releva les yeux alors que sa cousine poursuivait au sujet de ses récents achats. Ses questionnements précédents s’étaient envolés. Des sels de bain ? Elle n’en usait que peu, chez elle. C’était bien coûteux, même s’il arrivait à son oncle d’en rapporter de certains de ses voyages. S’il était tentant d’accepter, Aemma ressentait une certaine culpabilité à agir en ce sens. Et ce, quand bien même Vaelle lui faisait cette proposition de bon cœur.


« Comme ils sont jolis ! Aemma s’amusait de la petite armée de flacons de verre et de porcelaine qui attendaient là, au garde-à-vous dans les mains de sa cousine. Il faudrait que je les montre à Arthur. Je suis sûre qu’il y trouverait là une nouvelle idée à proposer à Père ! Une ombre furtive passa dans le regard de la jeune fille. Ne vous inquiétez pas, je vais déjà mieux. Enfin, je pense. Aemma joua quelques instants avec l’une de ses mèches d’argent, songeuse. C’est toujours plus douloureux la première fois, j’imagine. Je prendrais vite l’habitude et je pourrais vivre comme avant, pas vrai ? »


Les novices étaient toutes habillées de couleurs claires. Plus tôt elle parviendrait à appréhender une telle situation, mieux cela serait. Elle ne voulait pas avoir à récurer elle-même ses vêtements tâchés de sang à cause d’une quelconque négligence. Les linges, passent encore. Ce n’était pas bien grand pour ce qu’elle avait pu constater. Mais ses robes ? Elle ne pourrait se permettre de gâcher tant de tissu de la sorte, même toute nièce de Sainteté qu’elle était. Cessant de maltraiter cette mèche qui n’en méritait pas tant, Aemma agita ses phalanges dans l’eau, créant de minuscules vagues. Elle ne voulait pas songer à tout cela. Pas maintenant. Ni jamais, lui murmurait une petite voix au fond de son âme. Elle ne voulait pas être seule. Ni maintenant, ni jamais.


« Vous disiez donc, celui-ci contient de l’iris ? reprit Aemma, bien décidée à occulter avec force sa situation pour le moment. Cela me ferait plaisir d’en découvrir la senteur, bien que je vous sais avisée en la matière ! J’ai encore beaucoup à apprendre de vous, j’en ai bien conscience. »


A quoi tout cela lui servirait dans sa future vie ? Aemma se saisit de cette pensée parasite pour la noyer au plus profond de son inconscient, dans des eaux bien plus sombres que celles dans lesquelles elle se baignait jusqu’à présent. Ni maintenant, ni jamais.


DRACARYS
@Vaelle Velaryon |  #9999cc



┗ The girl who electrified
the storm ┛

ஃ The rain that comes. All of the love that was left behind is gone. When the Riverman runs. Find me the girl who electrified the storm. In a little while she'll be gone ஃ
Vaelle Velaryon
Membre

Vaelle Velaryon

Informations
[FB] Larmes de sang, d'eau et de sel. [Avec Vaelle Velaryon] 7uh8
Ft : Alexandra Dowling
Multi-Compte : Le véritable suzerain du Val
Messages : 621
Date d'inscription : 10/04/2023
Présence : Présent
Personnage
Badges
L'incarnation
Dracanniversaire


   
# 
Larmes de sang, d'eau et de sel
PORT-RÉAL | AN 298, LUNE 11, SEMAINE 4

Aemma barbotait en silence dans le bain. Toute absorbée par ses songes impénétrables, elle ne laissait filtrer que des mots superficiels, incapables de trahir le fond de sa pensée. Il était rare de la voir ainsi, elle qui était d’ordinaire si vive et loquace.
Elle avait posé deux questions auxquelles Vaelle aurait pu répondre par une grimace gênée ; elle n’en fit rien, conservant le masque intact. Au contraire, elle préféra s’engouffrer dans un sujet plus léger pour l’instant : les sels de bain.

« Mais je vous en prie, sentez, sentez, » elle se dépêcha de vite ranger les autres flacons pour déboucher celui à l’iris qu’elle agita sous le nez de sa cousine. « Je vous en mets un peu, vous verrez, cela fait toute la différence. »

Elle fit tomber quelques cristaux dans l’eau trouble. Quelques secondes plus tard, une délicate odeur fleurie s’épanouit dans l’air rendu humide par le bain.

« Et voilà ! » s’émerveilla la valyrienne, ravie de son petit effet. « Je sais que vous mourrez d’envie de découvrir l’étendue de mon savoir sur les sels de bain. Un savoir qui pourrait un jour faire trembler Westeros ! Vous avez raison, j’en toucherai deux mots à ce cher Arthur. »

Elle éclata d’un petit rire qui lui fit froncer le nez. Son cousin lui manquait déjà, ils ne s'étaient pas assez vus à Port-Réal.

« En attendant, détendez-vous un peu, et moi, pendant ce temps-là, je m’occupe du dîner. J’ai bien entendu tout à l’heure, vous mourrez de faim ! Il faudra quelque chose de délicieux pour compenser cette horrible tisane. Quelle courage de l’avoir bue d’une traite ! »

Elle foudroya ironiquement la petite tasse de porcelaine du regard. Cela avait été une autre histoire, dans sa jeunesse. Il y avait fort à parier que septa Oryane se souvenait encore de ses simagrées lorsqu’il avait fallu lui faire boire le breuvage. « Pauvre septa Oryane, » la plaignit affectueusement Vaelle. « Je devrais lui écrire… »

« Reposez-vous, » articula-t-elle finalement en détachant chaque syllabe avant de disparaître à nouveau derrière le paravent.

Polly attendait sagement dans le petit salon en admirant les broderies naïves et colorées de lady Velaryon. Elle retira vivement ses doigts qui caressaient les fils comme s’il eut s’agit de flammes.

« Lyam est-il de retour ? » demanda l’ancienne Celtigar.

Des pas pressés résonnèrent dans le couloir.

« Quand on parle du loup ! » s’enthousiasma-t-elle. « Décidément, nous transformons ce couloir en véritable manège. Avez-vous déposé le message à ma tante ? »

Le pauvre garçon déglutit bruyamment, un brin essoufflé par sa course à travers le dédale du château royal. Ses joues creuses, mais aux hautes pommettes, étaient colorées de rouge. Des mèches d’un blond sale collaient son front poisseux. Il acquiesça en tentant de rependre son souffle.

« Magnifique ! Pourriez-vous maintenant vous rendre aux cuisine pour leur demander de quoi dîner ? Ma cousine est affamée et il est vrai que je mangerai bien un petit quelque chose, moi aussi… Pourquoi pas du poisson ? Ce matin le port en regorgeait de très beaux. Et de la tarte aux fraises… » énuméra-t-elle, pensive.

Polly, qui demeurait postée près du paravent pour accourir au secours de lady Aemma, lança un petit regard farceur au jeune homme pas encore tout à fait remis de sa précédente mission. Il était évident que ce dernier retenait un profond soupir d’injustice.

« Nous partagerons le dessert ensemble, » le rassura-t-elle. « Dites-leur que j’en demande pour Polly et toi également. Ainsi que pour Reina et lord Velaryon, lorsqu’ils seront tout deux de retour. »

Vaelle glissa un regard vers la causeuse tachée que Polly avait eu la présence d’esprit de dissimuler derrière un coussin bleu frangé de vert.

L’adolescent hocha la tête avant de repartir, le pas peut-être un peu plus lent qu’auparavant.

« Lord Velaryon mangera avec vous ? » s’étonna la domestique.

Lady Velaryon sourit timidement en regardant ses mains.

« Peut-être… Je préfère être prête à l’éventualité. »

C’était un espoir ridicule, pathétique, presque, lorsque l’on savait que lord Velaryon ne dînait plus avec son épouse depuis bien longtemps. « Mais s’il venait et qu’il ne trouvait rien ? »

Un grand bruit d’eau lui fit lever le nez, et Polly accourait déjà aux côtés d’Aemma pour l’aider à s’habiller.

« Regardez-vous donc ! » s’exclama Vaelle en découvrant sa cousine. « Splendide, jolie comme un coeur ! Et qu’est-ce que vous sentez bon ! »

Il y avait fort à parié que c’était Reina qui avait déniché la robe ; elle avait un goût plus fin que Polly en matière de toilettes.
La robe, d’un mauve profond, faisait ressortir la pâleur de la peau et des cheveux de sa cousine. Des broderies en forme de fleurs, piquées de fils d’argent, décoraient le corsage et la jupe. Les manches, fendues jusqu’aux épaules, laissaient voir les longs bras blancs de la jeune fille, semblables à des ailes de cygne.

« Venez vous asseoir avec moi pendant que Polly vous coiffe, » l’invita-t-elle en tapotant le fauteuil à ses côtés. « Il y a quelques raisins pour nous aider à tenir. Lyam va bientôt arriver avec de quoi nous remplir l’estomac. »

Elle-même arracha une petite branche qu’elle entreprit de picorer.

Et bientôt, on n’entendit plus que les coups de brosse dans les cheveux d’Aemma, le souffle du vent qui s’engouffrait doucement par la fenêtre laissée ouverte et le ressac lointain des vagues - une mélodie lancinante que Vaelle connaissait par coeur -. Parfois, des éclats de voix incompréhensibles parvenaient jusqu’à elles, mais loin de briser la sérénité, elles ne faisaient que l’habiller d’un peu plus de vie. Ce n’était pas tout à fait le silence ; parfait.
L’ancienne Celtigar ferma les yeux pour profiter des derniers rayons du soleil qui s’étaient échoués sur son visage. Il faisait chaud, mais elle était souvent avide de tiédeur. Il était trop tard pour que sa peau ne rougisse, alors elle en profitait.
L’odeur des lys semblait plus forte au crépuscule, en particulier maintenant qu’elle était rehaussée par le parfum d’iris d’Aemma.

« Rien n’a changé et pourtant tout à changé, » finit-elle par briser le silence.

Elle ouvrit doucement ses paupières pour observer le visage et la silhouette encore juvéniles de sa cousine. Elle tendit un bras las pour lui tenir la main. Ses doigts étaient encore tous fripés du bain.

« Vivre comme avant, ça n’existe pas. Pas pour nous. »

Elle dardait sur elle un regard lourd de sens. Ce genre de conversation n’était pas pour elle ; elle n’avait aucun modèle, aucun livre auquel se référer. Personne à qui elle aurait pu emprunter les mots savants. Et elle n’allait certainement pas s’inspirer de son grand-père pour un tel discours.

« Est-ce que vous comprenez ? »

Sa main serra la sienne.

« Mais vous avez tort sur une petite chose. Moi, je continuerai à vous regarder comme avant. Vous serez toujours ma petite chérie, même lorsque vous serez vieille et que moi, j’aurais déjà un pied dans la tombe. »

Elle sourit en lui tapotant le dos de la main.

« J’espère que nous aurons encore toutes nos dents pour déguster quelques sucreries, » plaisanta-t-elle.

Une nouvelle bourrasque, un peu plus prononcée cette fois, agita les fins voilages et emporta son rire.

« Polly, voudriez-vous faire chercher mon fils ? Il se fait tard. »

Après une révérence rapide, la servante s’éclipsa, mais ce ne fut qu’une fois certaine de la distance assez lointaine de ses pas que Vaelle se rapprocha de sa cousine.

« Vous évoquiez plus tôt votre frère, Armond… Le fait de rester ici ? Toute cette histoire vous tracasse, mais vous ne me dites pas tout, n’est ce pas ? »



DRACARYS


    the old, the true, the brave
    How can I say this without breaking, taking over. How can I put it down into words, When it's almost too much for my soul alone. Dreams fight with machines Inside my head like adversaries. Come wrestle me free Clean from the war.. + aeairiel.
Aemma Massey
La dame de nacre

Aemma Massey

Informations
[FB] Larmes de sang, d'eau et de sel. [Avec Vaelle Velaryon] Wyna
Ft : Phia Saban.
Multi-Compte : Talya de Tyrosh, le Soleil de Tyrosh et Melior Vouyvère, la Vouivre de Darkdell.
Messages : 1136
Date d'inscription : 28/01/2023
Présence : Présent
Personnage
Badges
Serial voteur
Dracanniversaire
Multicompte
1000 messages
25e RP


   
# 
Larmes de sang, d’eau et de sel.
Port-Réal | An 298, lune 11, semaine 4.

Dans un léger tintement, les différents flacons disparurent à l’exception de celui à l’iris. Aemma eut tout le loisir d’en apprécier le parfum, plus encore lorsqu’il se répandit dans l’eau. Vaelle avait raison. Ce petit détail avait fait toute la différence. Elle se sentait encore plus propre, à présent. Un vrai tour de magie ! La jeune fille s’amusa quelques instants, brassant l’eau de ses mains, afin de faire fondre les sels plus rapidement. Des petits tourbillons blancs se dessinèrent à la surface, comme autant de typhons miniatures qui masquèrent l’aspect rougeâtre prit par le liquide. Alors que sa cousine reprenait la parole, Aemma cessa son petit jeu, reportant toute son attention sur elle. Au rire de Vaelle se joignit le sien. D’aucun considérait la Velaryon comme frivole. La Massey voyait les choses autrement et la sollicitude de sa cousine la touchait plus profondément qu’elle ne voulait l’avouer.


« Oh eh bien… L’espace de quelques instants, Aemma hésita, avant de se ressaisir. Vous avez raison, c’est une riche idée ! J’ai bien besoin d’une récompense après le rude combat que j’ai mené. »


Un nouveau rire accompagna cette phrase avant qu’Aemma ne retrouve son calme, acquiesçant vivement aux paroles Vaelle. Oui, elle allait essayer ! Autant que possible ! Alors que la Velaryon disparaissait à nouveau, la jeune fille se replongea davantage dans l’eau. C’est qu’il commençait à faire froid, avec la moitié de son corps en dehors de l’eau alors que le reste se trouvait dessous. Sa main droite s’attarda cependant à la surface, se saisissant d’une petite brosse qu’elle utilisa pour se frictionner le corps. Se reposer, oui, mais pas sans être propre ! Après quelques minutes, Aemma délaissa la brosse, fermant les yeux quelques instants. Il lui semblait que la douleur s’était en partie estompée, qu’elle en devenait soutenable. L’eau chaude et la tisane avaient fait des merveilles.


Elle se sentait prête. Qui plus est, l’eau commençait à refroidir. Il était l’heure de se lever et d’affronter ce nouveau monde. Déterminée à cette pensée, ou plutôt avec une mine qui semblait renfrognée, Aemma tenta de se redresser. L’une de ses mains dérapa cependant, manquant de la faire basculer tête en arrière dans ce qui restait d’eau. La jeune fille retint de justesse un cri, sentant d’autres mains qui la retenaient. Polly se trouvait à ses côtés et avait réagi avec toute la diligence nécessaire. Les joues rosies aussi bien par l’effet de l’eau que par la gêne, Aemma balbutia quelques remerciements, sortant finalement de la cuve. La suite n’en fut pas moins étonnante. La jeune fille avait l’habitude de se vêtir seule. L’aide de Polly n’en fut pas moins salutaire lorsqu’il fut question de ces linges si particuliers que les femmes se devaient de porter. Qu’elle se devait désormais de porter. Aemma les observa quelques instants, se mordant la lèvre inférieure. Son hésitation fut cependant de courte durée et Polly sut prendre le temps pour lui expliquer tout ce qu’elle devait savoir désormais.


Aemma n’avait jamais porté des robes comme celle-ci auparavant. Bonne dernière de sa fratrie, elle récupérait le plus souvent les tenues de ses sœurs plus âgées ou encore de ses belle-sœurs. Elle était jeune et pouvait se contenter de cela, selon les dires de son père. Cela suffisait pour une enfant. Sa mère et Cyrelle faisaient en sorte de les ajuster et la jeune fille s’en était toujours contentée. Qui plus est, elle avait l’habitude de porter un tablier lorsqu’elle se trouvait chez elle. Cela évitait de tâcher ses jupes avec l’encre qu’elle utilisait lorsqu’elle suivait ses cours ou avec d’autres choses. Les belles tenues, cela n’avait jamais été pour elle, sauf en de rares occasions. Et dans de tels cas, il s’agissait surtout de robes remises aux goûts du jour. Quelque peu gênée, les joues désormais rouges, Aemma esquissa un sourire alors que Vaelle la complimentait. Si le bleu avait toujours eu sa préférence, il était vrai que ce mauve était tout à fait seyant et qu’elle était à la peine de ne pas se sentir elle-même dans ces jolis tissus. Prenant le soin de ne pas se prendre les pieds dans le bas de sa robe, Aemma s’avança, s’installant finalement à coté de sa cousine.


« Merci beaucoup ! Merci pour tout ! »


Les joues d’Aemma gardaient leur teinte carmine. Malgré cela, elle semblait avoir regagné la majorité de son énergie. Ici, elle se sentait en sécurité. L’eau chaude et les bons soins de sa cousine et de sa maisonnée semblaient avoir eu raison de ses doutes. Pour ne pas faire défaut à la maîtresse des lieux, la jeune fille prit délicatement quelques raisins entre ses doigts. Elle en plaça un dans sa bouche, prenant le soin de ne pas tâcher les manches de sa tenue. La Massey grignota son modeste trésors en silence, laissant Polly s’affairer avec sa chevelure. Elle ne pensait pas, se contentant d’écouter ces scènes lointaines. Que pouvaient bien se raconter ces gens ? Aemma pouvait toujours l’imaginer. Des pêcheurs qui revenaient au port après une journée poissonneuse. Des marchands qui arrivaient de terres lointaines ou encore des voyageurs sur le départ. Et le murmure des vagues, toujours présent, comme une toile pour toutes ces scènes bruissantes de vie.


Aemma était toute à ses rêveries lorsque Vaelle lui reprit la main. Les rêves s’effacèrent alors. Son visage se fit plus grave, alors qu’elle serrait la main de sa cousine. Ces mots, il semblait déjà les avoir entendu. Pas de cette manière, non. Mais ce discours… Peut-être était-ce quelque chose de cette nature que Tante Baela avait dit à Daella, lorsqu’elle était passée par là. Oui, c’était peut-être ça… Au fond d’elle, Aemma savait. Elle savait tout cela. Toutes les femmes le savaient, le tenant de leurs mères, de leurs grands-mères ou encore de leurs tantes. C’était juste plus insidieux jusqu’au moment où l’annonce avait lieu. Et pourtant, elle sentit ses yeux lui brûler à nouveau. Mais il était hors de question de pleurer. Pas cette fois.


« Je… Je pense que je comprends, oui. »


Le regard sombre de la jeune fille s’était fait plus dur. Elle pensait tout comprendre. Elle essayait tout du moins. Elle aurait presque tout une vie pour s’y faire, pour vraiment comprendre. La seule chose qu’Aemma pouvait faire, qu’elle pouvait se promettre, c’était que si elle se retrouvait un jour à la place de Vaelle, que tout cela ne serait pas trop douloureux pour l’autre jeune fille. Si l’avenir lui donnait la possibilité de se retrouver dans une telle situation, bien sûr…



« Vaelle… une larme lui échappa, qu’Aemma essuya bien vite du dos de sa main libre. Je… J’espère que ça se passera toujours comme ça. Que je ne serais jamais trop loin pour que nous puissions faire ce que vous décrivez. »


La jeune fille se força à sourire de toutes ses dents. Polly délaissa sa chevelure, désormais coiffée comme il se devait. Elle quitta la pièce, allant quérir Monterys. Aemma était rassurée de se trouver en meilleure santé. Elle n’aurait pas voulu que son petit cousin la voit dans un pire état. L’espace de quelques instants, la jeune Massey suivit la servante du regard avant de reporter ses prunelles sur sa cousine. Non, elle n’avait pas tout dit. Et il lui en coûtait d’agir de la sorte. Au fond, rien n’était fait. Mais Aemma le sentait comme les animaux présentaient une tempête. Son tour viendrait bientôt. Trop tôt. Elle n’était plus une enfant et tout le monde en aurait désormais la preuve…


« … Ce sera un secret. commença Aemma, à voix basse. Je ne suis sûre de rien… et paradoxalement, je suis sûre de tout. Un rire amer s’échappa de ses lèvres. C’est un secret et en même temps une vérité. Alinor s’est mariée, Elaena aussi. Elinda… Elinda est ici, avec la Foi. Et Armond, il est à la Citadelle. Et moi… Je ne peux pas tenir une épée ou une plume, vous le savez. Ce n’est pas possible. »


Aemma se tut, laissant Vaelle trouver par elle-même la solution de ce problème. Elle n’avait pas la force de mettre des mots sur tout ça. Depuis son enfance, on la préparait à ce rôle dont elle voulait de moins en moins au fil du temps. Elle n’était pas Elinda. Elle était Aemma.


DRACARYS
@Vaelle Velaryon |  #9999cc



┗ The girl who electrified
the storm ┛

ஃ The rain that comes. All of the love that was left behind is gone. When the Riverman runs. Find me the girl who electrified the storm. In a little while she'll be gone ஃ
Vaelle Velaryon
Membre

Vaelle Velaryon

Informations
[FB] Larmes de sang, d'eau et de sel. [Avec Vaelle Velaryon] 7uh8
Ft : Alexandra Dowling
Multi-Compte : Le véritable suzerain du Val
Messages : 621
Date d'inscription : 10/04/2023
Présence : Présent
Personnage
Badges
L'incarnation
Dracanniversaire


   
# 
Larmes de sang, d'eau et de sel
PORT-RÉAL | AN 298, LUNE 11, SEMAINE 4

“J’étais un peu plus jeune qu’elle,” songea Vaelle en observant Aemma, toujours bouleversée, mais plus calme, grignoter ses grains de raisins. Parfois, elle se demandait ce qu’était devenue l’enfant songeuse et triste qu’elle avait été. Elle fermait les yeux sans se rappeler ni son visage, ni sa voix. Dans quel étroit tombeau reposait-elle si ce n’était son propre corps ? C’était elle qui l’abritait encore et elle qui l’emportait ainsi que tous ses espoirs naïfs en un véritable cimetière des rêves avortés.
Le premier sang versé, on avait commencé à se préoccuper à qui la marier, où l’envoyer, quelle dot offrir. Autant de tracas qui battaient sa coulpe aussi bien que son grand-père la couvrait de honte à grands renforts de remarques acerbes. Trop renfermée. Trop gourmande. Trop grasse. Pas assez jolie. Pas assez avenante. Pas assez charmante.
Alors, consciencieusement, la jeune femme avait ensevelie la fillette.

Aemma était intelligente. Elle comprendrait bientôt que les femmes mourraient tout au long de leur vie, jusqu’à ce jour où toute joie et tout chagrin disparaîtraient pour qu’enfin, elles ne changent plus.
Celle-ci n’était que la première d’une longue série.
Avec la compassion attristée de celles qui savaient, lady Velaryon pressa la main tiède de sa cousine. Désormais, ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle ne soit envoyée loin de Danse-dès-Pierres, loin de Lamarck. Elle-même se souvenait lorsque lord Celtigar menaçait de l’envoyer aux Jumeaux, dans le Conflans, sur ces terres et dans cette famille dont elle ignorait tout et à propos de laquelle on racontait les pires rumeurs. Où lord Massey marierait-il sa dernière fille ? Loin des Terres de la Couronne, probablement. La famille était étendue et déjà bien mariée dans leur région de naissance. Que restait-il comme option pour la huitième enfant ? “Pas les Frey,” réfléchit-elle. “Mon oncle a plus de coeur que mon grand-père.” Les Massey et les Velaryon étaient voisins ; n’importe quelle famille choisie serait plus éloignées que leurs deux fiefs. Elles seraient séparées, évidemment.
Mais Vaelle n’avait pas le cœur à être terre à terre. Aussi, se contenta-t-elle d’acquiescer doucement et de sourire.

Pourtant, les révélations teintées d’amertume de sa jeune cousine lui apportèrent un autre éclairage sur la situation. La voix d’Aemma était faible ; comme si elle craignait que les mots ainsi prononcés ne transforment ses craintes en réalité tangible.
Les Massey étaient une famille comportant de nombreux religieux. Elle fronça les sourcils, un rictus un peu surpris pinçant ses lèvres.

“Votre père souhaite faire de vous une Septa ?” demanda-t-elle pour confirmer ses doutes. “Ce n’est pas une mauvaise idée, en théorie… Voyez-vous, j’ai un jour aspiré à me dédier entièrement à la Foi, dans ma jeunesse.”

Cette fois, un petit rire franchement étonné franchit le seuil de ses lèvres.

“Mais nous ne sommes pas faites du même bois. J’étais tendre comme du saule… Vous, vous avez la tête dure comme de la pierre !”

De l’index et du majeur, elle tapota doucement sur le front blanc d’Aemma.

Oui, sur le papier l’idée était bonne. Les économies déjà mises à mal des Massey par plusieurs mariages et plusieurs dots offertes ne pouvaient peut-être pas se permettre de marier leur quatrième et dernière fille. La confier aux soins des Sept permettrait également sur le long terme, de la placer dans une famille sans débourser le moindre sous.
Mais dans les faits, faire d’Aemma une septa se révélerait probablement légèrement plus complexe que cela. La jeune fille ne lui avait jamais fait part d’une dévotion profonde, au contraire. Et elle avait pour elle un franc parlé et une vivacité qui ne plairait certainement pas au Grand Septuaire de Baelor qui recherchait des jeunes filles instruites, mais calmes et mesurées. Sa cousine ne rentrait certainement pas dans le moule.

“Êtes-vous belle et bien certaine que c’est le destin auquel votre père aspire pour vous ?”

La jeune femme avait les yeux baissés sur ses genoux et la mine grave. Il ne faisait aucun doute que devenir septa l’angoissait. Vaelle avait toujours trouvé cette position honorable, mais peu importait les arguments qu’elle pourrait présenter à sa cousine, il ne faisait aucun doute qu’elle se heurterait à un mur.

On toqua à la porte - toute plongée dans leur conversation, la valyrienne n’avait pas entendu les pas se rapprocher dans le couloir - et bientôt, Polly et Monterys pénétrèrent dans les appartements des Velaryon.
Vaelle s’accroupit pour accueillir son fils, les bras ouverts.

“Mon adorable chevalier !” s’exclama-t-elle. “Venez me raconter votre journée. Vous êtes-vous bien amusé ?”

L’enfant avança sur ses petites jambes pour venir s’échouer dans les bras maternels. L’air de Port-Réal avait doré ses bras et son front. Ses joues, plus rondes que les pommes d’un verger, avaient pourtant la même couleur de printemps mûr. Sa mère écarta les mèches argentées de ses tempes pour l’embrasser. Il ressemblait à un jour d’été.
À sa question, elle vit rire avant sa bouche une timide malice dans ses yeux limpides et rayonnants de clarté.

“Avant que vous ne nous racontiez, voulez-vous saluer votre cousine Aemma ?”

Il se tourna vers leur invité du jour et la tendresse laissant place à un éclat de réserve farouche, il ne lui adressa qu’un timide geste de la main avant d’enfouir son visage dans les jupes maternelles.

“Allons allons, ne soyez pas timide,” rit-elle en l’enlaçant. “Excusez-le,” sourit-elle à sa cousine. “La journée a été rude, n’est-ce pas ? Polly, voudriez-vous préparer Monterys pour le repas ? Lyam ne devrait plus tarder.”

“Et Monford aussi,” s’autorisa-t-elle à espérer. “Comme cela serait bien de manger tous les quatre !”

La domestique disparut derrière le paravent avec l’héritier des Velaryon.

“En avez-vous parlé à votre père ?” reprit-elle d’une voix plus basse. “De vos réticences, j’entends. Et à votre sœur Elinda ?”


DRACARYS


    the old, the true, the brave
    How can I say this without breaking, taking over. How can I put it down into words, When it's almost too much for my soul alone. Dreams fight with machines Inside my head like adversaries. Come wrestle me free Clean from the war.. + aeairiel.
Aemma Massey
La dame de nacre

Aemma Massey

Informations
[FB] Larmes de sang, d'eau et de sel. [Avec Vaelle Velaryon] Wyna
Ft : Phia Saban.
Multi-Compte : Talya de Tyrosh, le Soleil de Tyrosh et Melior Vouyvère, la Vouivre de Darkdell.
Messages : 1136
Date d'inscription : 28/01/2023
Présence : Présent
Personnage
Badges
Serial voteur
Dracanniversaire
Multicompte
1000 messages
25e RP


   
# 
Larmes de sang, d’eau et de sel.
Port-Réal | An 298, lune 11, semaine 4.

Aemma savait que ce voyage à Port-Réal serait à marquer d’une pierre blanche. Armond n’était plus avec eux, et au-delà de ce fait, ses parents lui avaient enjoint de revoir Elinda. Pas Alinor avec qui elle s’était toujours entendue, non. Elinda, cette sœur qu’elle ne pouvait détester mais avec laquelle elle n’avait jamais réussi à tisser ce lien si fort qui s’était tissé entre elle et Alinor ou entre elle et Armond. C’était sa soeur, bien sûr.​ Mais une sœur qui avait disparu trop tôt, qui était bien trop différente d’elle. Leur rencontre s’était bien passée mais si le choix lui était laissé, la jeune Massey espérait ne pas la revivre. ​Et que dire de Sa Sainteté ? Si la jeune fille était prête à retenter l’expérience dans ce cas, fort était de constater que le message sous-jacent restait aussi clair que de l’eau de roche…


A bien des égards, Aemma était presque soulagée car dans sa douleur et sa malchance, c’était Vaelle qu’elle était venue trouver. Une âme​ douce qui ne profiterait pas de sa détresse, qui ne la voyait pas encore comme une adulte qui pourrait prendre le voile d’ici quelques années. Elle se sentait en sécurité, protégée. Car la jeune fille savait que le choix était un luxe qui ne lui était pas permis. Elle venait de le voler sans même le vouloir, sans même s’en rendre compte. Et à cet instant, la Massey n’avait qu’une volonté, le protéger jalousement et tout aussi férocement.

Vaelle était restée silencieuse un moment, gardant sa main dans la sienne. Elle aussi semblait accaparée par quelques pensées. A moins qu’elle ne songe à ses phrases sibyllines ? Ses doutes se confirmèrent lorsque la Velaryon reprit la parole. Un frisson glacé coula dans son dos, alors que des mots étaient mis sur ses maux. Comme il était étrange d’entendre cette possibilité de la bouche d’une autre personne. Cela la rendait à la fois réelle et étonnamment irréelle. Aussi, il fallut quelques secondes avant qu’Aemma n’acquiesce, le regard fuyant.


Un regard que le rire de Vaelle balaya. Alors, la jeune fille se mit à rire alors que la pointe des phalanges de sa cousine se retrouvait au niveau de son front. Oui, elle avait la tête dure ! Une tornade dans la tête, une autre dans les jambes et la dernière sur sa langue ! Septa Elia l’avait souvent reprise à ce sujet. Trop souvent. Mestre Bartimos avait toujours préféré s’en amuser, l’encourageant de temps à autre là où Septa Elia ne trouvait que rarement des réponses à ses questions et finissait invariablement par dire qu’il s’agissait-là d’une volonté des Sept…


​​« Je… Aemma joua avec l’une de ses mèches d’argent. Je ne devrais pas le savoir, plutôt. avoua finalement la jeune fille, penaude. Je m’en doutais, oui. Je n’ai jamais chanté pour moi, ni joué pour moi. Uniquement pour les Sept. Mes livres de chevet étaient portaient souvent sur ce sujet. Et Septa Elia était toujours sur mes talons, comme pour Elinda… Aemma poussa un soupir. Et… Peut-être​ que j’ai entendu Père et Mère en parler. Juste un peu… »


Juste un peu. Elle s’était enfuie au cours de la conversation. Puis, quand sa mère lui avait annoncé que sa Sainteté sa tante et sa soeur Elinda souhaitaient la rencontrer, Aemma avait compris. Cela faisait un moment que tout se préparait. Très longtemps même. Dès lors, cette intuition qui était née au creux de son cœur depuis bien longtemps, ensevelie au plus profond d’elle, avait resurgi et ne l’avait plus quittée. ​​​


Aemma s’était tu, alors qu’on frappait à la porte. Sa main quitta celle de Vaelle, alors que Monterys faisait son apparition. La jeune Massey se fendit d’un sourire, alors qu’elle voyait son cousin s’approcher. Monterys avait l'âge de​ certains de ses neveux et Aemma lisait en lui cette appréhension qu'avaient les petits lorsqu’ils se trouvaient en présence d’une personne qu’ils ne connaissaient que peu. Elle en avait l’habitude et cela l’apaisait, d’une certaine manière. Avec un doux sourire, la jeune fille se mit à la hauteur du garçonnet, posant l’un de ses genoux à terre, lui rendant son signe de la main. ​Elle se savait grande pour une fille, bien qu’elle avait eu l’occasion de lire que les filles grandissaient plus tôt que les garçons et que ces derniers finissaient le plus souvent par les dépasser. Ce devait contribuer à la gêne du petit Velaryon.


« Bonjour, Monterys. Je suis heureuse de te revoir, ça faisait longtemps que je n’avais pas eu l’occasion de te croiser.  »


Ne souhaitant pas insister, Aemma se redressa, s’éloignant de quelques pas de son cousin. Monterys viendrait à elle plus tard peut-être. Elle rassura Vaelle d’un signe de la main, montrant que cela n’avait pas d’importance pour elle, qu’elle avait l’habitude. Albin et Alfyn n’auraient pas agi autrement, plus encore du haut de leurs deux années où tout était à même de les effrayer​. Tandis que Polly emmenait l’enfant avec elle, les prunelles sombres de la Massey se portèrent sur la fenêtre toute proch​e. Les mots de Vaelle lui parvinrent alors, comme lointains, presque brumeux.


Elle y avait songé, bien sûr​. Plusieurs fois. Mais comment ? Cela aurait été comme avouer qu’elle écoutait aux portes. Père n’aurait pas été dupe, loin de là. Il aurait vite écarté la possibilité que sa mère avait parlé. Sa mère avait été chargée de son éducation et y avait mis un cœur tout particulier, tout comme pour Elinda. La vérité n’aurait pas manqué d’éclater et Aemma craignait ce qui aurait pu se produire dans un tel cas. Quant à Elinda, Aemma avait essayé de lui en parler, de l’évoquer. Sa soeur avait tenté de la rassurer, de lui assurer qu’elle serait bien ici. Il fallait dire qu’Elinda était parfaitement à sa place, ayant même prononcé ses vœux il y a peu.


« Notre grand-mère sait. laissa échapper Aemma. Elle le savait avant moi, que tout ça n’était pas pour moi. Elle semble s’en agacer un peu, vous la connaissez aussi bien que moi. La jeune fille haussa doucement les épaules, avant de se retourner, un pauvre sourire aux lèvres. Elle pense comme vous, j’imagine. Aemma se tut. Pour ce qui est de Père, je ne sais quoi en penser.  »


Aemma avait du mal à croire qu’il ait demandé à Elinda de la convaincre. Sa sœur n’avait jamais été douée pour ça et le résultat n’avait pas été des plus éclatants. Qu’il ait arrangé une rencontre entre elle et Sa Sainteté était cependant plus probable. Peut-êtr​e souhaitait-il avoir l’avis de sa sœur à lui ? Sa Sainteté Naera avait du flair à n’en pas douter. ​Au fond, peut-être que c’était ça la vérité. Une sorte de test ? Si tel était le cas, la jeune fille ne saurait dire si elle avait réussi ou échoué ni laquelle de ces perspectives était la plus effrayante au final.


« … J’ai aussi rencontré notre tante, Sa Sainteté Naera. laissa échapper Aemma, dans un souffle. Je pense que Père voulait savoir ce qu’elle pensait de moi ou quelque chose comme ça avant de me parler de son projet. »


Cette révélation rendait la jeune fille songeuse. Tout ça avait un certain sens, oui. Les soupirs de Grand-Mère Vysela qui ne comprenait pas pourquoi il fallait déranger sa fille, pourtant porteuse de grandes responsabilités, avec une situation qui lui semblait déjà éclaircie. L’empressement de sa mère, qui s’était assurée qu’elle soit présentable avec encore plus de précautions qu’à l’accoutumée. Et ce, alors qu’elle n’était encore qu’une enfant à ce moment. Personne ne s’était intéressé à elle à l’exception de leurs proches qui s’étaient montrés heureux de la revoir.


Personne ne devait faire attention à tous ces détails à l’exception de Sa Sainteté Naera.

DRACARYS
@Vaelle Velaryon |  #9999cc



┗ The girl who electrified
the storm ┛

ஃ The rain that comes. All of the love that was left behind is gone. When the Riverman runs. Find me the girl who electrified the storm. In a little while she'll be gone ஃ
Vaelle Velaryon
Membre

Vaelle Velaryon

Informations
[FB] Larmes de sang, d'eau et de sel. [Avec Vaelle Velaryon] 7uh8
Ft : Alexandra Dowling
Multi-Compte : Le véritable suzerain du Val
Messages : 621
Date d'inscription : 10/04/2023
Présence : Présent
Personnage
Badges
L'incarnation
Dracanniversaire


   
# 
Larmes de sang, d'eau et de sel
PORT-RÉAL | AN 298, LUNE 11, SEMAINE 4

Comme les lys, Aemma fanait. À mesure qu’elle égrainait son récit et ses craintes, ses pétales se détachaient pour tomber, fades et décolorés à ses pieds. Ses paupières dissimulaient des yeux encore gros de larmes. Son visage blême était abattu, morne, comme ces jours gris d’hiver qui s’étiraient, interminables. Elle ignorait encore qu’elle faisait son propre deuil ; celui de l’enfant qu’elle avait été.
Vaelle se souvenait encore, il y avait quelques années, lorsque sa cousine avait été trop longtemps triste et sage, elle la prenait un peu sur ses genoux. Il suffisait alors de chatouiller ses côtes, pour chasser loin, très loin, les tracas enfantins qui froissaient son front. Aujourd’hui, le souci n’était plus un coude éraflé ou la perte d’un petit trésor oubliable ; et il ne suffirait plus de la faire rebondir sur ses genoux. Aemma grandissait et avec elle ses problèmes.
Derrière le paravent, Monterys rigolait. Polly devait l’amuser.

La mention de leur tante, Sa Sainteté Naera, lui fit froncer les sourcils. “Ainsi, tout ceci est très sérieux,” songea lady Velaryon.

“Alors ?” l’incita-t-elle à poursuivre. “Comment la rencontre s’est-elle déroulée ? Et qu’a-t-elle pensé de vous ? A-t-elle vu votre tête dure ?”

Un sourire d’encouragement étira ses lèvres.

“Notre grand-mère a dû s’agacer…” Elle ne doutait pas que Vysela avait eu tout le loisir, elle, de voir le caractère borné de sa petite-fille. “J’imagine qu’elle n’apprécie guère que l’on dérange notre tante pour des affaires si personnelles.”

Même si Aemma considérait le futur que semblait lui destiner son père injuste, la valyrienne trouvait que son oncle usait de toutes les précautions du monde. Si lord Celtigar avait eu l’idée de lui faire prendre le voile, il n’aurait pas hésité une seule seconde. Qu’elle le veuille ou non, Vaelle aurait quitté Pince-Isle pour rejoindre le Septuaire. Il n’aurait contacté ni sa cousine, ni Sa Sainteté pour savoir si elle était faite pour cela ou si une autre voix lui aurait mieux convenu. Et elle ne doutait pas que cela se déroulait ainsi dans de nombreuses familles.

“Ne voyez pas ces rencontres pour des fatalités,” tenta-t-elle de la rassurer. “Elles sont gages d’un échappatoire pour vous. Si notre tante ou bien Elinda estime que le septuaire n’est pas pour vous… Votre père osera-t-il tout de même vous y envoyer ? Pourquoi s’embêterait-il à demander leur avis si la finalité était déjà toute décidée ?”

Elle rapprocha d’elle la coupe de fruits.

“Ne vous tourmentez pas de vous sentir si mal. Ainsi, vous contemplerez mieux ce qui passe et se perd… On vit mieux lorsque l’on a été malheureux. Resservez-vous et profitons de notre soirée.”

“La tristesse me rend philosophe,” songea-t-elle. Un toc-toc lui fit lever le nez. Elle tapota une dernière fois la main d’Aemma.

“Ce doit être Lyam. Oui, entrez !”

En effet, le domestique apparut dans l’encadrement de la porte, poussant une petite table à roulettes où s’amoncelait la précédente commande de lady Velaryon. Des soles, fraîches du matin, dont les filets avaient été levés avec soin. Une branche de groseilles avait été déposée sur chacune d’elle. En dessert, des généreuses parts de tartes aux fraises les attendaient. Une cruche de vin rouge - de la Treille, le nez de Vaelle le lui confirma - servirait à lier le tout.
Dehors, le soleil agonisant avait fini de faire rougir l'horizon et les premières étoiles piquaient le ciel.

Attiré par le dîner, Monterys s’avança prudemment. Ses yeux mauves scrutaient Aemma tandis qu’il s’installait à table.

“Vous voilà tout propre.” D’une main maternelle, elle glissa une mèche argentée derrière l’oreille de son fils. “Merci Polly, Lyam, prenez un peu de dessert et une part pour Reina.”

Avec une révérence, les domestiques s’exécutèrent avant de prendre congés. La pièce résonnait encore de leur présence et il fallut quelques secondes à Vaelle pour s’habituer à leur absence.
Elle se tourna vers la fenêtre laissée ouverte ; le soir était là. Le chant des grillons commençait à se lever. L'air sentait la nuit.

“Attendons encore un peu, si vous le voulez bien ?” demanda-t-elle à Monterys et à sa cousine. “Juste quelques minutes.”

Sous la table, sur ses cuisses, ses mains tordaient sa serviette.

Il fallait se faire une raison. Ce soir, comme tous les autres soirs, Monford ne viendrait pas. Mais elle s’était représentée leur dîner à quatre avec tant de vivacité, tant de réalisme, que cette révélation - qui n’en était pas une - la peinait plus que d’ordinaire.

“Enfin, mangeons,” finit-elle par décider avec un faux enthousiasme. “Le poisson sera froid, sinon ! J’avais oublié, mais Monford a à faire, ce soir.”

Son fils, précautionneux et prudent, prenait son temps et Vaelle le félicita du regard. Son mensonge ne pesait plus sur son coeur ; elle y était habituée et finissait parfois par y croire.

“Regardez.” Elle se saisit de la branche de groseilles. “C’est ainsi qu’il faut les manger.”

Elle avala la branche toute entière avant de la retirer d’un coup. Ses dents légèrement serrées avaient arraché tous les fruits.
Ébahi, la bouche de son fils formait un “o” de surprise. La jeune femme se fendit d’un petit rire amusé.

“Essayez,” l’encouragea-t-elle. “Et, ma cousine, dites-moi,” demanda-t-elle en servant un verre de vin pour Aemma et elle-même. “Quel aspect de la religion vous rebute tant ? Je suis curieuse.”

Elle-même trouvait un grand réconfort dans les Sept. Pendant des années, sa seule amie avait été septa Oryane. Elle s’était fascinée pour son petit livre de prière ; un recueil à la couverture de cuir craquelée, mais qui renfermait les enluminures les plus fines et les plus élégantes qu’elle ait jamais vues. “Un cadeau de mon père,” lui avait appris la septa un jour qu’elle s’était osée à le lui demander. Septa Oryane parlait très peu de sa famille. Alors, d’admirer un cadeau fait par un homme si mystérieux avait irrémédiablement attiré l’attention de la petite fille qu’elle avait été.
Ensemble, elles avaient passé des heures dans le temple de Pince-Isle, en silence, à prier. Ainsi, elle pouvait se confier plutôt que de garder ses sentiments comme des pierres au creux de ses entrailles.

Le vin avait une douceur réhaussée d’amertume. Vaelle sourit. Elle aussi comprenait mieux le grave crépuscule qui saignait comme un coeur qu’avait déchiré l’amour.



DRACARYS


    the old, the true, the brave
    How can I say this without breaking, taking over. How can I put it down into words, When it's almost too much for my soul alone. Dreams fight with machines Inside my head like adversaries. Come wrestle me free Clean from the war.. + aeairiel.
Aemma Massey
La dame de nacre

Aemma Massey

Informations
[FB] Larmes de sang, d'eau et de sel. [Avec Vaelle Velaryon] Wyna
Ft : Phia Saban.
Multi-Compte : Talya de Tyrosh, le Soleil de Tyrosh et Melior Vouyvère, la Vouivre de Darkdell.
Messages : 1136
Date d'inscription : 28/01/2023
Présence : Présent
Personnage
Badges
Serial voteur
Dracanniversaire
Multicompte
1000 messages
25e RP


   
# 
Larmes de sang, d’eau et de sel.
Port-Réal | An 298, lune 11, semaine 4.

Aemma contempla quelques instants le visage de sa cousine, ne sachant que dire. Les mots persistaient à la fuir, encore et toujours. Elle fronça légèrement le nez et le front face à ce constat. Décidément, rien n’allait dans le bon sens aujourd’hui. A croire qu’elle s’était levée du pied gauche  aujourd’hui. A nouveau, la jeune fille rassembla ses souvenirs et ses pensées, tentant de remettre de l’ordre dans ce puzzle qui semblait s’être complexifié depuis la veille. Le chagrin et la douleur l’avait marquée plus qu’elle ne l’avait imaginée mais après quelques instants, encouragée par le sourire de sa cousine, la tornade parvint à un récit qui lui semblait à l’image de la réalité.


« … Oui, je n’aurais pas dit mieux. avoua Aemma, se laissant finalement aller à un rire. Grand-Mère a été de fort mauvaise humeur en me voyant partir rejoindre Sa Sainteté. Je suis presque certaine de l’avoir entendue jurer sur le dos de la Chèvre Noire de Qohor, quelque chose comme ça. Elle semblait vraiment agacée. Aemma se tut, comme si elle cherchait à nouveau ses mots. Je ne saurais vous dire si cette rencontre s’est bien passée. Tout dépend des inspirations de chacun. Si Sa Sainteté recherchait une future novice, je ne sais si elle a été satisfaite de cette discussion. »


Sa tante lui avait demandé de lui répondre avec sincérité et Aemma l’avait fait. Dans le respect bien sûr, Sa Sainteté Naera restait une personne des plus impressionnantes, mais elle l’avait fait. Et si la jeune Massey l’avait surprise à sourire en entendant certaines de ses réponses, elle restait dans le brouillard quant à la finalité de cette entrevue. Au fond, sa seule certitude avait été d’être elle-même. Et c’était sans doute tout ce qui comptait. Son avenir n’en était que plus flou mais le plus important était de ne pas avoir de regrets. Non ?


« J’ai été sincère. répondit simplement Aemma, son sourire devenu tout penaud. Je ne saurais dire si les Dieux existent réellement mais cette incertitude n’empêche pas le fait que je ne souhaite pas mentir devant eux. Sa Sainteté m’a bien accueillie. J’aurais aimé la connaître avant qu’elle n’entre dans les ordres, je pense. Et si elle m’a trouvée gauche, elle s’est bien gardée de me le dire. Je pense que je l’apprécie et qu’elle pourrait m’apprécier. La jeune fille se reprit immédiatement. Mais pas en tant que novice. »


Vaelle avait raison. Du moins, Aemma voulait y croire. Son cœur s’était gonflé de chaleur. Son père était chafouin. Il lui semblait que c’était ainsi qu’un de leurs serviteurs l’avait décrit, un jour où il pensait que personne ne pourrait l’entendre. Le seigneur de Danse-des-Pierres ne prendrait pas de risques inutiles. Armond se plaisait à la Citadelle et Elinda au Septuaire. Alinor avait fait un mariage qui lui semblait heureux chez les Farring, alors qu’Elaena avait été envoyée dans le Conflans. Arthur et Justin se préparaient à leurs futurs rôles sur leurs terres et… Dans les faits, il n’y avait qu’elle et Byron pour qui l’avenir restait une donnée inconnue et brumeuse.


« Non… Il ne s’y risquerait pas, je ne crois pas, non. Aemma le concédait, une nouvelle lueur dans le regard. Il me trouvera un autre rôle, si Sa Sainteté craint de me voir entrer dans un Septuaire, j’imagine. »


Mais lequel ? Aemma n’en avait aucune idée. A quoi servait-elle ? Elle était le septième enfant de ses parents et ne pourrait apporter de dot comme Byron. Si les Sept et les Sœurs du Silence n’étaient pas envisageable, il ne lui restait plus grand-chose. Si seulement la Citadelle acceptait les filles et les femmes. Elle y aurait trouvé son chemin, peut-être. Le regard perdu dans le vague et dans ses songes, Aemma releva les yeux lorsque sa cousine reprit la parole. Elle esquissa un nouveau sourire, dévoilant certaines de ses dents. Oui, ça lui semblait être une très bonne idée ! Alors que la table était dressée, la jeune fille adressa un regard encourageant à l’égard de Monterys. Il finirait par se faire à sa présence. Du moins, la Massey l’espérait, alors qu’elle prenait place non loin de lui.


« Oui, bien sûr. La nuit n’est pas encore réellement là, nous avons le temps. »


Bien sûr, Aemma ne pouvait comprendre les sentiments qui animaient sa cousine à cet instant. Elle se rendait pourtant compte que quelque chose ne tournait pas rond. Mais quoi ? Aussi, la jeune Massey hocha docilement la tête lorsque la Velaryon leur donna l’autorisation de commencer le repas. D’un geste marqué par l’habitude, la jeune fille prit d’assaut le poisson. Elle faisait partie de ces personnes plus accoutumée aux fruits de mers et aux créatures maritimes qu’à la viande, qu’elle dédaignait presque naturellement de fait.


« Est-ce que... »


« Est-ce que vous allez bien ? ». Aemma aurait voulu poser cette question à sa cousine. Elle en fut empêchée par cette dernière, qui lui arracha un rire suite à sa manière pour le moins particulière de manger des groseilles. Comme pour l’imiter, la jeune femme Massey attrapa délicatement la petite branche encore chargée qui se trouvait dans son assiette. Avec un sourire, puis un clin d’œil adressé à Monterys, Aemma redressa le menton, laissant sa tête tomber en arrière. Elle glissa ensuite la branche entre ses lèvres, gobant les quelques fruits dans cette étrange position avant de redresser la tête, les mains levées comme un magicien qui aurait fait son meilleur tour avant de rire à nouveau !


« … Vous êtes la première à me poser la question, Vaelle. »


Et une fois de plus, Aemma en perdait ses mots. Son regard sombre se perdit à nouveau dans  la contemplation du paysage. La liberté. La mer. L’aventure. Tout. Ce devait être ça.

DRACARYS
@Vaelle Velaryon |  #9999cc



┗ The girl who electrified
the storm ┛

ஃ The rain that comes. All of the love that was left behind is gone. When the Riverman runs. Find me the girl who electrified the storm. In a little while she'll be gone ஃ
Contenu sponsorisé


Informations
Personnage
Badges


   
#