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Gunpowder (Alys Pnjisation/FB)

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« Roches-aux-Runes | An 304 - lune 11 - semaine 1 »
Tout s'était enchaîné à vive allure, à tel point que le seigneur de Roches-aux-Runes n'avait guère eu le temps de réfléchir à ce qu'il venait d'accepter. Marq Grafton lui avait révélé que Robar Royce se trouvait prisonnier des ennemis, dans la cité voisine. Un élan d'espoir mais surtout un moyen pour eux de faire pression sur le Royce dont le siège durait des lunes. Inutile de dire qu'il voyait ses vivres fondre comme neige au soleil. Peu à peu, sa cité sombrait dans la famine, ce qu'il redoutait, malgré ses préparations en amont. Cela n'avait pas suffit, mais surtout, la défaite de la bataille de la péninsule avait fait des dégâts, tant dans les esprits de ses gens que dans le sien. Il se sentait abandonné de tous, de la Couronne, de son Suzerain qu'il considérait pourtant comme sa famille. Plus rien ne semblait empêcher l'ascension de Viserys. Ce lézard ayant empoisonné une pauvre nordienne était en train de prendre le pouvoir du Val d'Arryn. La situation était inextricable, les loyalistes n'avaient su éviter le pire, ils avaient échoué. Le frère de Rhaegar ne pouvait décemment abandonner le contrôle de la péninsule, il soumettrait les Royce de gré ou de force. Une neutralité n'était donc pas possible. Contraint et forcé, Andar allait devoir ployer le genou, lui qui pourtant avait été l'un des premiers soutiens d'Harrold. Il n'avait pas le choix s'il voulait que sa maison survive, mais cela ne faisait pas sans sacrifice non plus, les conditions, il comptait les accepter. Cette fois-ci, il ne se trouvait pas dans le bon camp, il le savait, l'issue ne sera pas aussi favorable que celle d'autrefois. Il ne serait pas pardonné ni gracié. La joie de savoir son cadet en vie fut rapidement balayée par l'odieuse réalité.

Dans son bureau, l'ambiance pesante dans tous les couloirs, il avait exigé la présence de son épouse. Sa décision était prise et pas des moindres : ce qui l'attendait risquait de faire trembler les murs. Fatigué, tant physiquement que mentalement, le seigneur luttait pour ne rien montrer de ce vieillissement prématuré causé par tous ses tourments : la perte avait encore un goût amer dans la bouche. Il ne l'avait pas digéré. Soudain, la porte s'ouvrit et ce fut le doux visage de la dame de son coeur qui apparaissait. "Alys... Merci d'être venue rapidement." Après tout, Allard n'avait que quelques lunes, un nourrisson qui prenait tout son temps quand son époux lui se perdait derrière des parchemins pour optimiser les vivres. Mais désormais, il n'aura plus à le faire. Bientôt, ce siège allait prendre fin. Il tâchait de mettre les formes, mais elle lisait en lui comme dans un livre ouvert, et l'abattement qu'il affichait ne laissait qu'imaginer le pire. Sa gorge se serra à l'idée de sa réaction et pour la première fois de sa vie, l'homme redoutait davantage le courroux de sa femme que les horreurs d'une bataille. "J'ai pu m'adresser à ton frère, Marq qui a pris la tête des troupes Grafton. Robar est en vie. Prisonnier à Goeville et amoché mais en vie." Commencer par le positif, le calme avant la tempête. Son regard sombre divaguait, tandis qu'il se raclait la gorge. "Si c'est une bonne nouvelle, cela nous oblige à envisager de courber l'échine, Alys." Il ne lui apprenait rien en disant cela, non ? Désormais, les traitres disposaient d'un moyen de pression important pour les faire plier. Toutefois, c'était la suite qui risquait de tout faire imploser, il le craignait.
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Roches-Aux-Runes | FB An 304, lune 11, semaine 1 | PNJ Alys Royce

Quand Alys s’était réveillée, ce matin-là, son époux ne froissait déjà plus les draps. Il lui avait dit, la veille, qu’on l’attendait aux portes de Roches-Aux-Runes au petit matin. Plus que ça, même, il lui avait dit que son frère l’attendait aux portes de Roches-Aux-Runes au petit matin. A ce moment-là, elle lui tournait le dos, assise sur le bord de leur lit, et nouait ses cheveux pour la nuit avec un petit bout de lin délavé. Pour toute réponse, elle souffla les trois bougies qui éclairaient son côté du lit. Elle ne voulait pas réveiller Allard en entamant une discussion qui leur prendrait toute la nuit : elle était épuisée. Son corps entier était douloureux, et le nourrisson qui dormait comme un bienheureux dans son berceau au pied du lit conjugal était aussi celui qui mordait le sein de sa mère à chaque occasion qu’il trouvait. Alys avait décidé de l’allaiter elle-même quand elle avait compris que le siège tenu par la Compagnie Dorée sur leur château ne serait pas levé de sitôt. Depuis, c’était son petit frère, Lord Marq, qui avait récupéré la tête des troupes Grafton autour du fief seigneurial, poussant Alys au bord d’un précipice dont elle n’avait pas idée de l’existence. Savoir son frère à la tête d’une armée qui s’appliquait à affamer ses enfants lui crevait le cœur. Allard était ainsi devenu celui des quatre enfants Royce de Roche-Aux-Runes qui avait passé le plus de temps dans le lit de ses parents. Alys le voulait au plus proche d’elle à toute heure, comme si elle risquait de le perdre.

Cette nuit-là, Allard ne s’était plus réveillé après minuit, et se furent ses premiers cris au petit matin qui réveillèrent sa mère. Alys, qui n’avait pas entendu son mari se lever aux premières lumières de l’aurore, affichait une mine désordonnée. Elle s’était d’abord assise au bord de son lit, ses joues étaient rouges, et la natte qu’elle s’était tressée la veille au soir était toute défaite sur son épaule. Elle passa douloureusement ses paumes sur son visage, insistant sur le creux de ses yeux. Alors que son fils criait sa faim derrière-elle, elle s’appliquait à chasser de son esprit les images des rêves de sa nuit qui la hantaient encore. Elle s’était levée trop vite, sans doute. Toutes les femmes en sortie de couches font des cauchemars, n’est-ce pas ? Toute la nuit, les mains crochues de Marq l’avaient poursuivie, comme cherchant à la griffer, mais elle était sauve, non ? Croisant les bras sur sa poitrine, elle se pinça les avant-bras, comme pour vérifier qu’elle était bien réveillée. Quand elle se leva, un vertige la prit. Elle dû se tenir un instant à la colonne de lit pour ne pas tomber, et appela d’une voix rauque sa femme de chambre. Il fallait qu’elle mange, et son fils aussi, manifestement. Alors qu’elle se penchait sur le berceau d’Allard en tendant les mains pour le prendre contre elle, son rêve lui revint en tête, aussi fort qu’elle essayait de le repousser au fond de sa conscience : des mains crochues qui venaient lui arracher quelque chose du plus profond de ses entrailles. La mère serra son fils au creux de son sein comme si sa survie en dépendait. Quel augure que ce rêve ?

❦❦❦

Alys courait presque dans les couloirs de son domaine. Son mari, désormais rentré, l’avait fait appeler dans ses offices seigneuriaux. Elle avait alors laissé Allard aux bons soins de sa suivante, et s’était précipitée dans les couloirs de Roche-Aux-Runes. L’empreinte de ses talons rayait le parquet alors qu’elle traversait l’aile familiale du château pour joindre celle des besognes. Parfois, elle s’arrêtait, posait la main sur un mur froid pour s’appuyer et reprendre son souffle ou sur le bas de sa poitrine pour maîtriser la nausée qui lui montait. Pourtant, elle n'avait presque rien mangé de la journée. Son cœur était plus serré que le nœud d’un marin et des sueurs la prenaient jusqu’à la nuque. Dans un couloir, elle croisa son reflet dans la glace. Il lui semblait que l’état de sa coiffure, d’ordinaire bien tirée, reflétait bien l’état dans lequel elle se trouvait. Un mélange d’angoisse et d’impatience. Elle tremblait quand elle avait glissé les épingles entre ses mèches, ce matin-là. Elle avait pris ce temps, face à la glace de sa coiffeuse, pour essayer de s’imaginer ce dont Marq avait besoin de discuter avec le Seigneur du château qu’il encerclait. Quelle négociation était-il prêt à mener aujourd’hui mieux qu’hier ? Qu’est-ce qui avait changé pour qu’il fasse sortir Lord Andar Royce de l’enceinte de son Château ? Était-ce Gerold qui lui avait soufflé quelques mots à l’oreille, quelques nouvelles de Goëville ?

Alys poussa la porte du cabinet de son époux, et chercha tout de suite à rencontrer son regard. Il se tenait-là, devant ses livres de comptes désordonnés, avec l'air de l'attendre. Alors qu’il la remerciait d’être venue rapidement, elle sondait son ton, la bouche légèrement entrouverte et le souffle coupé. Sur sa gorge blanche, on pouvait voir que le rythme de son cœur s’était accéléré. Lui ne laissait rien présager d’heureux. Sa mâchoire était crispée et son teint blafard. Elle ne le connaissait que trop bien pour savoir que cela n'augurait rien de bon. Alys s’appuya sur le dossier d’une chaise, pour se donner un peu de contenance. Elle ne parvenait pas à imaginer que les nouvelles seraient bonnes, alors, elle ne répondit rien. Sa main se serra un peu plus sur la chaise alors qu’Andar ouvrait la bouche à nouveau. Elle cru voir l’ombre d’un sourire sur son visage qui fit descendre son cœur de quelques centimètres dans sa poitrine. Robar était en vie, lui annonça-t-il. Un frisson la parcourut, de joie d’abord, à le savoir vivant, et puis de terreur, quand elle fut envahie par son image dans les geôles de Goëville. Elle souffla son prénom alors que son regard se perdait un instant sur sa fenêtre, à imaginer qu'un peu plus loin, là-bas, son tendre beau-frère était en vie. Robar avait été porté disparu, puis déclaré mort ; Alys voulu sourire à son époux en retrouvant son regard, car elle savait le lien qui unissait ces deux frères. Elle pouvait presque sentir, sous sa paume, le bonheur que ça avait dû être pour lui d’entendre Marq délivrer cette nouvelle. La nausée lui montait à la gorge, toutefois, et elle voulut qu’il s’arrêtât-là dans son histoire. Elle l’apostropha : « Andar… » pour qu’il ne dise plus rien, pour qu’il la laisse penser, une seconde, à tout ce que cela signifiait. Mais son mari ne lui laissa pas ce luxe, et, le regard divaguant, il annonça à sa femme qu’ils allaient devoir courber l’échine. Désormais agrippée à la chaise, Alys porta sa main libre sur son visage, et l’appuya sur ses lèvres. Toute sa peau était hérissée dans un frisson de terreur ; quand elle se rendit compte que son mari évitait son regard en le portant sur l’autre côté de la pièce, il lui sembla que les couleurs qui restaient encore sur sa face l’abandonnèrent complètement. Elle souffla, la voix étranglée dans sa gorge : « Il va falloir qu’on ploie le genou, tu veux dire … »

Elle détestait qu’il se tienne-là, à éviter son regard. Elle voulait qu’il se place face à elle, et qu’il la regarde dans les yeux quand il lui annoncerait ce qui la mettrait à genoux.  


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« Roches-aux-Runes | An 304 - lune 11 - semaine 1 »
Roches-aux-Runes vivait au rythme du siège depuis des lunes. Un enfermement difficilement supportable pour le seigneur et ses gens. Pourtant, ceux-ci continuaient de tenir bon par loyauté, parce qu'ils savaient qu'Andar faisait le bon choix - pour l'instant, du moins. L'ambiance y était délétère, les mauvaises nouvelles s'accumulaient : les vivres diminuaient à vue d'oeil, et toujours pas de signe d'Harrold Hardyng. Avec ce blocus, l'aîné ne recevait plus aucune lettre, il se sentait plus isolé et esseulé que jamais à présent. Où étaient les armées de son Roi ? Où étaient les armées de son suzerain ? Certainement pas à ses portes. Aujourd'hui, les rebelles s'y trouvaient, prêts à affamer femmes et enfants pour parvenir à une reddition. Le Seigneur Royce était entêté, mais l'était-il au point de risquer la survie de ses enfants, dont son dernier né, encore dans les bras de son épouse ? Allard Royce était né durant cette période difficile, une lueur d'espoir rapidement balayée par l'odieuse réalité et ce quotidien à huit clos. Peu à peu, Andar sentait l'amertume grandir en lui envers tous ceux qui étaient ses alliés et n'avaient rien fait pour lui venir en aide. Injustement, il leur en voulait pour leur inaction, et encore plus à Harrold dont l'inexpérience payait à présent. Même en recevant les conseils avisés de sa Grand-Mère, cela n'avait pas suffit. Le Val risquait de tomber, ce n'était qu'une question de semaines à présent, il le savait.

Si apprendre la survie de son frère était une profonde réjouissante, celle-ci changeait tout dans ses plans. S'il pensait gagner du temps en tenant le siège pour permettre aux loyalistes d'intervenir, la vie de Robar était en jeu. Otage de Goeville, il se trouvait à la merci de Gerold Grafton, certainement prêt à tout pour le soumettre de gré ou de force. L'inimité entre Royce et Grafton existait encore et il savait que ce dernier n'hésiterait pas à sacrifier le Chevalier Rouge sans une once de pitié. Là-bas, il n'avait aucune protection ou garanti. Il avait dû prendre une décision nécessaire en négociant avec Marq Grafton, maintenant, il lui fallait l'annoncer à son épouse. La neutralité paraissait impensable, Viserys devait les soumettre pour obtenir le contrôle de la péninsule, porte d'entrée sur le reste de la région. Désormais, les Royce n'auraient plus leur rôle à jouer, pour le pire évidemment.

Son épouse entrant dans le bureau comme il l'avait demandé, ce dernier la remercia d'avoir pu le faire rapidement, conscient de ses obligations de mère auprès d'Allard. S'il montrait présent, les dernières semaines avaient été compliquées. Il s'en voulait de ne pouvoir profiter davnatge de son nouveau-né, mais il agissait pour leur survie à tous et leur permettre de rattraper tout ce temps perdu. Sur le bureau de bois trônaient des dossiers désordonnés, des chiffres écris à la va-vite dessus et autres notes à l'écriture plus empressée. A l'image de la situation actuelle : floue et confuse. Voilà qu'Andar se retrouvait presque apeuré à l'idée de croiser le regard de son épouse. Il s'en voulait d'avance de lui infliger pareille souffrance. La bonne nouvelle fut rapidement balayée, il se força alors à se taire, plissant les lèvres tandis qu'enfin, ses opales sombres croisaient les siennes. La jeune femme avait perdu de ses couleurs, agrippée au dos de cette chaise comme si sa vie en dépendait. Aussitôt, le brun se levait pour poser sa main sur la sienne. "Oui, la neutralité est impossible, Viserys a besoin du contrôle de la péninsule." Avoua-t-il tandis qu'il l'invitait à s'asseoir. "Nos hommes sont épuisés et nos réserves de vivres ne nous permettront pas d'attendre davantage." Il se justifiait mais le pire restait à venir. Désormais assise, il venait s'appuyer contre son bureau, croisant les bras. "Robar est un Royce, nous n'avons aucune garantie que ton frère lui laissera la vie sauve." Commença-t-il, pour parvenir jusqu'à ce qui la mettrait à genou à son tour : qu'on lui arrache son fils ainé. Son coeur pesait si lourd à cet instant, il avait la sensation d'être le bourreau dont la hache allait s'abattre sur la nuque d'un pauvre innocent.
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Roches-Aux-Runes | FB An 304, lune 11, semaine 1 | PNJ Alys Royce

Alys Royce parviendrait-elle un jour à admettre à voix haute qu’elle était parvenue à trouver quelque avantage à cet état de siège ? Pourrait-elle un jour avouer à son mari qu’elle songeait, au fond, que la guerre qu’avait commencé son frère avait fait de sa famille une unité plus resserrée qu’elle ne l’avait jamais été ? Qu’après plus de cinq ans de mariage, après quatre grossesses, un enfant mort-né, des jumeaux, elle ne s’était jamais sentie plus proche de son mari qu’elle ne l’avait été depuis que Marq avait coupé toute entrée de vivres dans son fief ? Il faudrait déjà, pour le dire, qu’Alys s’autorise à le penser. Qui admettrait une chose pareille ? Se réjouir d’un siège, par les Sept, sous prétexte qu’il vient unir une famille étiolée par des années de guerre… Voilà bien une élucubration typiquement féminine, loin de la réalité du terrain, comme les hommes aiment le dire. Alys taisait alors cette idée-là, renfonçait son émoi au fond de sa gorge, et la chose était bien aisée puisqu’après tout, elle le savait aussi : le terrain sur lequel le bonheur de sa famille croissait était miné depuis le départ.

A l’instant toutefois où son mari lui avait appris la survie de son frère, ce cher Robar, elle avait touché du doigt cette pensée qu’elle taisait. Pendant une fraction de seconde, elle avait cru pouvoir s’imaginer que son noyau survivrait à tout cela, et qu’il s’en sortirait même plus fort. Si Robar était en vie, alors  peut-être que cette folie pouvait lui être permise… Mais le rêve lui fila entre les doigts quand elle lut, dans le regard ténébreux de son mari qu’elle n’avait jamais trouvé plus beau que ces derniers mois, la même détresse que la veille au coucher, quand il lui avait annoncé la requête de Marq de le retrouver aux portes de Roches-Aux-Runes. Si Robar était en vie, elle aurait dû voir dans l’œil d’Andar œil la flamme d’un espoir. Retrouver son frère adoré, allié indispensable au couple seigneurial, ami précieux … Mais quelque chose assombrissait encore le regard du mari d’Alys, et celle-ci en avait le souffle coupé.

Andar fit signe à son épouse de s’asseoir, elle contourna alors mécaniquement la chaise sur laquelle elle s’était appuyée en l’écoutant attentivement lui annoncer que la neutralité était désormais hors d’atteinte, et qu’effectivement, leur genou allait devoir ployer. Il semblait à Lady Royce que son mari disait ces mots pour ne pas en dire d’autres, ou plutôt même, pour en préparer d’autres, car il n’y avait dans son constat et dans sa voix rien d’autre qu’une plate évidence. Si une neutralité avait dû être négociée, ça aurait eu lieu bien plus tôt, et ça aurait alors été chose aisée, puisque de l’autre côté de l’échiquier se trouvaient les frères d’Alys, qui auraient pu, par obligation familiale, leur proposer un accord équitable. Au lieu de ça, les Royce de Roche-Aux-Runes avaient choisi Rhaegar quand les Grafton de Goëville s’étaient fait les premiers alliés de Viserys, et Alys avait comme perdu toute légitimité sur son nom de naissance dans la bataille. Depuis, la situation n’avait fait qu’empirer, jusqu’à parvenir à ce siège, où des gens qui portaient son nom, qu’elle avait vu grandir, s’appliquaient à l’affamer.

Alys avait courbé l’échine sans détourner le regard, elle avait accepté cette perte sachant bien ce qu’elle signifiait, car son futur ne se situait plus dans la maison qui l’avait vu naître, mais dans celle dans laquelle naissaient ses enfants. L’arrachement toutefois avait été considérable ; elle avait perdu, au jeu, sa première famille. Marq de son côté s'appliquait à rayer sa sœur de sa famille en liant la survie de Robar Royce à la condition qu'elle admette sa défaite. Bien sûr, jamais le couple de Roche-Aux-Runes, vu les conditions jusqu'auxquelles ce siège les avait amenés, vu l'importance de Robar, n'aurait pu refuser ... Marq avait gagné, et il semblait à Alys qu'au change, et même sans savoir jusqu'à quel point, elle avait tout perdu.

Alys s’asseyait sur la chaise tendue par son mari, une main sur le ventre, juste sous la poitrine, alors qu’il lui livrait encore d’autres banalités. C’était elle qui, désormais, quittait son regard. De quoi cherchait-il à la convaincre, puisqu’elle était tout à fait au courant de la situation dramatique dans laquelle son fief se situait ? Tous les jours, elle s’affamait pour mieux nourrir ses enfants, et tous les jours, Allard creusait de nouvelles crevasses sur ses mamelons qui ne produisaient plus assez de lait pour combler son appétit vorace. Marq avait affamé Roche-Aux-Runes, et il avait maintenant ployé de force le genou de ses seigneurs, risquant au passage d’humilier doublement sa sœur qui ne pouvait plus ni nourrir ses enfants ni se tenir la tête haute …

Andar poursuivait son laïus, en établissant encore une autre évidence : Robar est un Royce, lui faisait-il maintenant savoir, et Alys sur sa chaise, le regard désormais porté sur les bras croisés de son époux, continuait de se demander où il voulait en venir. « Nous n'avons aucune garantie que ton frère lui laissera la vie sauve ». Les mots tombèrent comme une lame sur les veines de son bras, et soudain, la question lui vint comme une évidence : qu’est-ce qu'il veut de plus ? Qu’est-ce que son frère, cynique qu’il avait toujours été, fieffé suiveur de Gerold qu’il serait toujours, avait-il jugé bon de demander à son beau-frère de concéder en échange de la vie sauve d’un de ses otages ? Comment les Grafton avaient-ils proposé d’humilier les Royce, en plus de les attraper par la nuque pour les mettre à terre ?

Alys appuya une main sur sa poitrine corsetée, refoulant un haut-le-cœur, et demanda à Andar, précipitamment, comme prête à ce qu’on lui arrache le cœur, mais le plus vite possible s’il vous plaît : « C’est lui, n’est-ce pas, qui t’a demandé autre chose ? Vorace comme il est, dis-moi bien que c’est lui qui a cherché plus d’une façon pour nous humilier ? Dis-moi que tu ne lui as rien donné qu’il ne t’avait pas déjà demandé ? » Alys s’imaginait qu’elle pourrait bien haïr son frère jusqu’à la fin de ses jours pour lui avoir cassé les genoux, mais pas qu’elle voudrait jusqu'à la fin détester son mari d’avoir planté lui-même le clou dans son cœur.



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Il n'osait imaginer ce que ressentait son épouse concernant sa famille de sang. Les Grafton n'avaient pas hésité à étouffer Roches-aux-Runes pour gagner cette guerre, quitte à mettre à mal la santé d'une de leur parente. Ainsi donc était l'amour qui les liait. Gerold était donc prêt à sacrifier sa soeur pour cette folie ? Andar s'en rendait compte à présent, de son passé, elle n'avait plus rien, ayant abandonné son nom et son identité. Il s'en désolait car jamais il n'avait voulu cela, ni son père Yohn Royce. Empli d'espoir, celui-ci avait consenti à cette union pour entériner les conflits entre ces deux Maisons. Aujourd'hui cependant, il ne restait rien de cette volonté d'apaisement, balayée par les ambitions démesurées de ceux qui la composaient. C'était au-delà de ses forces de le reconnaître de vive voix mais leur pari avait payé. La débâcle des loyalistes lors de la bataille de la péninsule leur ouvrait le Val d'Arryn qui tomberait d'ici peu. Andar en était persuadé, il ne pouvait lutter indéfininement. Ni Rhaegar ni Harrold n'étaient venus pour les aider.

Tous les jours, le seigneur des lieux guettait par la fenêtre de sa cité de potentiels mouvements alliés. Ses espoirs furent anéantis de jour en jour et une certaine rancoeur naquit en son âme. C'était donc ainsi que le Roi traitait ses vassaux ? En les abandonnant à leur triste sort ? Et Harrold, tellement imbu de lui-même qu'il n'avait su entrevoir ces trahisons. Leur incompétence et laxisme avaient mené à ce jour funeste - bien que cet accord, il en mesurait l'importance venait de son fait. Il en prenait la pleine responsabilité, mais face à son épouse, la tâche s'avérait plus ardue que prévue. La nouvelle allait certainement la terrasser sur place. Alors oui, il l'invitait à s'asseoir pour ne pas choir en apprenant l'accord scellé. La gorge sèche, le regard fuyant, le fier Andar Royce n'en menait pas large, il aurait pu se dérober, laisser un servant lui annoncer la nouvelle sans grande cérémonie. Cependant, cela aurait été irrespectueux si ce n'est impardonnable et d'une lâcheté sans nom. S'il était parfois impulsif, trop sentimental, il n'était certainement pas un couard. Finalement, il s'appuyait contre son bureau de bois qui grinçait contre son poids, à l'image de la situation : instable. Il croisa ses bras, commençant par quelques banalités. La jeune femme se trouvait là, assise, comme si elle attendait le châtiment, comme un condamné sur l'échafaud. "Ton frère ne m'a rien demandé, j'ai été l'investigateur de l'accord qui m'a paru honnête et nous offrira une place de choix en cas de victoire. La déroute de la péninsule n'est que le début, l'inexpérience mêlé à l'inaction du Roi jouent en leur faveur. D'ici quelques lunes, le Val sera à leurs pieds." Tentait-il de se convaincre lui-même plus qu'Alys ? Il l'ignorait mais les mots sortaient avec fermeté. "Notre fils deviendra pupille de ton frère Gerold. L'occasion pour nous de renouer le contact entre nos deux familles. Feu mon père voulait faire fi des inimitiés du passé, nous y sommes parvenus tous les deux, et nous y parviendrons." La bombe était lâchée, entourée de paroles mielleuses sans aucun doute. Aussitôt dite, Andar se fondait dans le mutisme, cette fois, son regard ne déviait pas, ancré dans le sien, prêt à affronter la tempête. "Goëville n'est qu'à quelques jours à cheval, nous pourrons lui rendre visite le plus possible, c'est un moindre mal." Ce n'est rien comparé à ce que j'ai vécu allait-il rajouter mais s'absteint.
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Roches-Aux-Runes | FB An 304, lune 11, semaine 1 | PNJ Alys Royce


Alors qu’Andar s’agitait autour d’elle, Alys se tenait droite sur sa chaise, immobile, une main sur sa poitrine qui respirait à peine. Sous sa chair laiteuse et pleine, elle pouvait sentir son cœur qui, à l’image de son mari, se débattait. Andar lui avait demandé de s’asseoir, elle l’avait fait par obéissance, mais sous sa jupe, ses jambes tremblaient, comme prêtes à bondir. D’un instant à l’autre, il lui semblait que tout allait s’écrouler, et qu’elle devrait être prête à se ruer hors d’ici, hors d’elle-même, pour se sauver. L’allure de son époux et l’ambiance qu’il avait ramenée avec lui de cette entrevue avec Marq participaient à l’inquiéter, mais pas autant que l’absence de joie dans son regard. La dame de Roches-Aux-Runes pouvait bien s’imaginer que rencontrer son assiégeur n’était jamais une partie de plaisir, d’autant plus quand celui-ci était aussi son beau-frère. Négocier une reddition ajoutait à cela un goût de défaite, ça aussi, la simple femme qu'elle était pouvait l’entendre. Comment comprendre toutefois qu’aucune joie n’apparaisse dans le regard de son mari ? Aucun soulagement ? Lord Royce allait enfin pouvoir retrouver son frère, qu’il avait jusqu’alors cru mort, n’était-ce pas là une belle victoire ? Lui et sa famille seraient de nouveau tous réunis, et le joug qui tenait la nuque de Roches-Aux-Runes serait enfin relâché. Qu’est-ce qui alourdissait autant l’allure d’Andar ?

Alys soupçonnait son époux de s’agiter pour tenter de lui faire oublier cette sombre allure. Mais déjà ses mots crissaient dans ses oreilles alors qu’il lui annonçait avoir été le seul instigateur de l’accord qui avait été passée avec les Grafton. Sa mâchoire se serrait alors qu’elle percevait une dureté dans le ton de son mari, qu’elle n’identifiait que trop bien : les hommes parlaient ainsi quand ils voulaient signifier qu’il n’y aurait pas d’autre alternative que celle qu’ils avaient décidée. Le Seigneur Royce se lança même dans une prédiction digne des meilleurs oracles : il voyait la chute du Val aux mains de Viserys d’ici quelques lunes. Alys ne l’écoutait toutefois plus vraiment, car elle sentait autour d’elle la pièce rétrécir. Andar, qu’elle suivait attentivement du regard, avait négocié un accord seul, qu’il tentait désormais de justifier en expliquant à son épouse le contexte dans lequel il avait été décidé.

Le couple de Roches-Aux-Runes n’était plus du bon côté de la balance ; dans le Val, Rhaegar Targaryen ne gagnerait pas contre les incursions de son frère. Les Royce ne pouvaient pas se permettre de lui rester fidèle s’ils voulaient aussi rester en vie ; Robar en était bien la preuve. Alys réfléchissait à cela en tentant d’assembler tous les indices qu’avaient laissé Andar derrière lui quant à la nature de l’accord qu’il avait passé avec Marq. Vaine tentative puisqu’évidemment, il lui aurait été impossible d’imaginer ce qu’Andar lui annonça finalement : « Notre fils deviendra pupille de ton frère Gerold ».

❦❦❦

Était-ce un verre en cristal qu’on avait entendu se briser, ou le bruit du cœur d’Alys qui éclatait ?

Ce que son mari venait de faire exploser en prononçant ces mots, Alys Royce ne le mesura pas tout de suite. Il lui sembla d’abord que ses sens l’abandonnaient, elle n’entendait plus les mots qui s’échappaient des lèvres d’Andar, ni ne sentait-elle plus la chaise sur laquelle elle était assise. Il ne lui restait que la vue, mais peut-être lui jouait-elle des tours elle aussi : était-ce vraiment cet époux tant aimé qui se tenait face à elle ? Le même qui l’avait tant considérée, qui avait tout partagé avec elle, pendant des années, et qui aurait maintenant décidé d’envoyer leur fils, leur héritier, grandir auprès d’un homme qui n’avait pas hésité à les assiéger, au risque de briser l’unité de leur famille ? Était-ce ce même homme qu’elle avait cru différent des autres, qui lui annonçait maintenant qu’il avait fait comme tous les autres en la tenant à l’écart d’une décision qui affecterait la trajectoire de sa vie ?

Quelle farce était-ce que celle-là ?

Les deux époux ne se quittaient pas du regard, accrochés aux orbes l’un de l’autre comme aux ruines d’un bateau qui venait de faire naufrage. Que ne voulaient-ils pas céder, tous les deux, dans le chaos de cette reddition ? Alys en tous cas savait bien qu’à l’instant où elle quitterait les yeux sombres d’Andar, les siens se rempliraient de larmes et de colère, de rage et de haine à l’égard d’un homme dont elle avait désiré connaître l’âme jusqu’à ses moindres tréfonds, qu’elle s’était appliquée à découvrir tous les jours en regardant jusqu’au plus profonds de ses yeux. Ce regard, une fois qu’elle le quitterait, serait celui d’un homme qu’elle avait un jour aimé et qui l’avait trahie de la pire des manières.

« C'est un moindre mal. »

Les époux Royce étaient sur un radeau ; cette phrase était le dernier rocher sur lequel leur histoire venait se fracasser.

Alys céda la première et ferma les yeux un instant. Sans s’en rendre compte, elle se retrouva debout devant la figure du Seigneur de Roches-Aux-Runes, éloigné d’elle de seulement un pas. Elle retrouva son visage, ses yeux, et pour la première fois en bien des années, elle le trouva laid ; défiguré par cette cicatrice qui lui déchirait la gueule, et par la traîtrise qui lui fendait l’âme. « Un moindre mal … entama-t-elle, la voix tremblante et les yeux rougissant. Qu’est-ce qui est un moindre mal, Andar ? Que tu nous aies fait traîtres à notre Roi, que tu nous aies soumis aux hommes qui nous ont affamés pendant des lunes pour obtenir notre reddition, ou que tu aies envoyé notre fils en otage à un homme qui tuerait sa sœur par ambition et à son épouse, une harpie trop jeune et trop sotte pour élever un enfant comme le nôtre ? » Sa voix s'était accélérée et les mots s'étaient bousculés dans sa bouche alors qu'elle avait senti la colère réchauffer son sang et les larmes atteindre ses yeux bleus. Ses mains, tendues et froides comme celle d’un cadavre, vinrent tirer ses cheveux en arrière, griffant son crâne au passage. Ses yeux s’écarquillaient alors qu’elle essayait de comprendre ce qui était en train de lui arriver, et qu'elle adressait à Andar toute sa détresse.

« Ne suis-je pas ta femme, Andar ? Ne suis-je pas la mère de Lucas, si c’est bien de lui dont tu parles comme d’un bien échangeable ? M’as-tu oubliée tout à fait, ou as-tu jugé que mon existence à tes côtés n'importait plus ? »

Pouvait-on arriver à haïr un homme autant qu'on l'avait aimé ? Car à cet instant, Alys ne désirait rien de plus que de laisser sa colère la déborder, pour qu'elle efface, au moins un peu, le désespoir qui lui étouffait la gorge.

Elle devrait le haïr, pour oublier qu'elle l'avait un jour aimé.

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« Roches-aux-Runes | An 304 - lune 11 - semaine 1 »
Le couperet tomba, lâché sans nulles fioritures par le seigneur de la maison Royce. Cette décision avait été prise seul, entre ses démons et interrogations. Il savait que son épouse serait brisée par cette nouvelle et que jamais elle n'aurait toléré qu'il laisse partir Lucas, c'était la raison pour laquelle Andar l'avait décidé. Oh il s'était préparé à subir le courroux de sa femme mais le vivre serait tout autre. Tout cela rendait la défaite bien plus amère : les Royce n'étaient plus ce qu'ils étaient. Que dirait Yohn Royce face à tant de bassesse ? Face à tant de soumission ? Il en serait profondément déçu, mais les temps avaient changé depuis sa prise de pouvoir. Le Val s'était retrouvé livré à lui-même contre les armées du prince exilé : tout comme son dragon qui en faisait un argument de poids. Face à cette défaite cuisante des loyalistes, l'optimisme du seigneur s'envola, s'étiolant à mesure que les semaines s'écoulaient et qu'il constatait que tous les matins, le blocus était encore là. Menaçant femmes et enfants de périr de faim, il avait consenti au pire, pour leur survie, quitte à porter le mauvais rôle.

Il préférait qu'elle le déteste finalement, plutôt qu'elle ne se sente coupable de la situation. Lui seul portait le fardeau de cette débâcle.

Un silence pesant s'installa durant lequel sa femme s'écroulait, happé par sa détresse qu'il entrevoyait dans ses yeux. Il y décela une colère froide, sourde, là où l'amour avait existé, cette flamme se tarissait pour ne devenir que haine. Face à cela, l'aîné ne pouvait rester de marbre, se tenant fermement à son bureau de bois qui se trouvait dans son dos. Ses doigts serraient celui-ci, les phalanges rougies par la pression exercée. Il pouvait bien affronter une armée de morts vivants, mais la colère de son épouse s'avérait plus délicate, plus intense, plus difficile. Un châtiment bien plus dur encore qu'il l'aimait : savoir que jamais plus rien ne sera comme avant lui serrait le coeur. Pris dans la tempête, il tâchait de garder la tête hors de l'eau tandis qu'elle s'était levée pour lui faire face, et dans ce regard, il entrevit le pire : elle ne distinguait plus l'homme de la bête. Cela le ramenait des années en arrière, aux débuts chaotiques de leur mariage. Elle le dépouillait de son humanité et s'il ne se tenait pas, Andar aurait défaillit. L'air lui manquait, pressurisé par tant de rancoeur.

En cet instant, il aimerait la prendre dans ses bras, lui chuchoter que tout ceci n'était qu'un mauvais rêve. Malheureusement, la réalité était à l'image de sa balafre défigurant son visage : cruelle. Prêt à s'effondrer, il tenait néanmoins bon pour ce qu'il restait de sa famille. "Notre Roi nous a abandonné Alys. Personne n'est venu à notre secours, nous avons perdu ! Que voulais-tu que je fasse ? Que je laisse ce siège s'éterniser jusqu'à ce que nous mourrions tous de faim ? Ce n'est pas le monde que je souhaite laisser à nos enfants." Sa voix étranglée par l'émotion tremblait. Si ployer le genou permettait de faire revenir la paix sur ces terres, il le ferait, sans hésiter.

"Gerold est ton frère, il t'aurait épargné car tu es de son sang, tout comme nos enfants. Mais mon frère et moi n'avons ce luxe...il nous tuerait sans hésiter." Il se souvenait de leurs discussions lors de son mariage, des années plus tôt. L'inquiétude du frère à l'égard de sa soeur, cette affection tacite, cette promesse aussi. Droit, tâchant de résister aux assauts de la tempête, le brun acheva sa tirade. "J'ai fais ce dont tu aurais été incapable."
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« Personne n'est venu à notre secours, nous avons perdu ! »

Des larmes roulaient désormais sur les joues de la Dame de Roches-Aux-Runes. Elle les essuyait furieusement, refusant de laisser leur sel noyer son regard, mais il semblait que rien ne puisse les arrêter tout à fait. Quand elle pensait à son petit garçon blond comme les blés, sa vue se troublait, pour que son imagination n’anticipe pas ce jour d’horreur où elle le verrait sortir de son giron. Quand elle s’attardait sur la cruauté qu’avaient assemblés ses frères pour la mener au bord de ce précipice, une nausée laissait un goût amer au fond de sa gorge et faisait remonter ses larmes. Quand elle osait croiser le regard d’Andar, elles redoublaient, enragées. « Que voulais-tu que je fasse ? » lui demandait-il, trop tard, toutefois. Alys avait fait volteface car elle avait cru lire, dans le regard de son époux, un mouvement. Après dix années de mariage, les femmes commencent à connaître leurs hommes, à anticiper leurs gestes, leurs tendresses, leur passion, dont elles apprennent à reconnaître les moindres signes, même ceux qui ne se lisent qu’au plus profond des yeux. Andar avait voulu la prendre dans ses bras, Alys en était certaine. Effrayée de se laisser prendre à cette délicieuse habitude, elle avait fait un pas en arrière et s’était retournée. Peut-être avait-elle aussi eu peur de reconnaitre, dans les yeux de son mari, son propre désir : celui d’être rassurée par l’homme en lequel elle avait toute confiance que tout cela n’était qu’un atroce cauchemar.

Son esprit, pour tenter de retrouver un peu de corps, s’essaya à la prière. Mère … songea Alys, murmurant peut-être ce nom à voix haute, sans toutefois être capable de formuler autre chose. Que demander aux Sept, dans cet ouragan de cruauté, comment les remercier, les prier, leur confier son destin ? Elle voulait les détester, comme elle voulait détester le Seigneur Royce qui, derrière elle, sonnait le glas de leur naufrage. « Ce n'est pas le monde que je souhaite laisser à nos enfants », avançait-il, toujours plus métaphysique. C’était insupportable. Alys serrait la mâchoire jusqu’à s’en faire mal, et désormais retournée, évitant le regard de son nouveau bourreau, elle parvenait à faire tarir le torrent qui mouillait ses joues. Andar, de nouveau oracle, prétendait savoir qu’elle aurait été épargnée par Gerold quand lui et Robar auraient été tués. Cette perspective, à laquelle elle n’avait pas voulu penser pendant ces lunes de siège, ne parvenait pas à lui paraître crédible. Toujours retournée, Alys murmura, froidement, pour elle-même : « Trahie par mon père, trahie par mes frères, trahie par mon époux… », lugubre énumération. Pour elle-même, elle ajouta qu’une coalition de tous les hommes qui l’entouraient encore venaient de lui voler son fils. Traîtres, tous des traîtres.

Derrière elle, couperet infernal, odieuse guillotine, Andar lâcha, comme pour l’achever : « J'ai fait ce dont tu aurais été incapable ». Alys tourna la tête vers lui, une grimace épouvantable au visage, avant de faire volte-face complètement. Dans un autre temps, à une autre époque, elle l’aurait giflé pour répondre à pareille insulte. Elle aurait hurlé pour lui répondre. Andar dû voir, dans son regard, pareil feu qu’elle retenait dans son corps amaigri par la faim et dans ses poings serrés par la colère. « Préférer mon frère à mon fils ? » Cynique, Alys savait bien que ce n’était pas ce que signifiait Andar, mais elle souhaitait trouver un angle pour l’attaquer. Celui de la faiblesse de son époux à l’égard de son petit frère était vite trouvé. « Je ne l’ai pas fait, justement. C’est de ton fils dont je porte le nom, c’est toi que j’ai choisi quand la maison dans laquelle je suis née a décidé de suivre ce monstre ailé. J’aurais pu prendre mes enfants avec moi, comme tu le dis, et prier mes frères de nous reprendre. Je t’ai choisi, Andar, j’ai pleuré ton frère, j’ai nourri ton fils de mon sein. Et toi … » Alys s’arrêta un instant, pour reprendre son souffle, pour soupeser dans l’air l’électricité qui manquait de faire tout exploser. « J’ai laissé les Grafton derrière moi il y a bien des années déjà, Gerold le sait mieux que toi, ce siège en est la preuve. Ce n’est pas en me prenant la vie qu’il m’assassine, il le sait très bien. Il me tue en me prenant mon futur et en rendant mon mari coupable de cette ignominie. » La voix d’Alys se brisa, sa gorge retrouvant les larmes qu’elle était parvenue à tarir un moment. Elle croisa ses bras sur sa poitrine et serra aussi fort qu’elle le put, comme elle aurait aimé qu’on le fasse pour elle, pour contenir cette tristesse qui la noyait et cette colère qui la débordait. « Je n’ai plus de nom. Plus de famille. Plus de maison. »

Alys savait, toutefois, qu'elle leur appartiendrait toujours. Aux Grafton et aux Royce, à Gerold et à Andar. Jamais elle ne serait libre, et surtout pas d'eux, pas avant son dernier jour.

« Vous m’avez tuée, tous les deux. »

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A l'image de la région montagneuse du Val, le mariage d'Alys et d'Andar s'étiolait peu à peu. La complicité installée en ces dix ans de mariage s'était envolée au détriment d'une amertume que pouvait aisément ressentir le seigneur Royce. Il le savait, si sa décision permettait à sa famille de survivre, son union en serait à jamais changé, ce qu'il ignorait c'est que cela n'allait pas durer quelques lunes, mais plusieurs années. Dans les yeux de son épouse, toute considération avait disparu pour ne laisser place qu'à une froide colère, un courroux qu'il avait connu quelques fois mais qui jamais ô grand jamais ne lui était destiné, jusqu'à aujourd'hui. Affronter la colère de sa femme lui paraissait alors insurmontable, lui qui pourtant avait fait face aux Marcheurs Blancs. La gorge serrée, il donnait de vaines justifications, qui demeuraient sourdes face au désespoir d'Alys, amputée de son fils ainé, destiné à rejoindre la demeure des Grafton. Cette sentence, il l'avait pris seul, refusant de la mêler à cette lugubre négociation. Par égoïsme aussi, avait-il pris cette responsabilité seul, car il savait sa femme sensible et proche de ses enfants, surtout de Lucas.

Ce fardeau, il voulait être le seul à le porter, quitte à chuter plus bas que terre et l'entraîner malgré lui dans sa chute. Une boule se forma dans sa gorge quand elle énuméra ceux qui l'avait trahit, les plus proches, de son sang, de son engeance. "Mon intention n'a jamais été de te trahir." Dit-il d'une voix serrée, nouée au possible par le peu d'oxygène dans la pièce. j'ai jugé qu'il était plus simple que tu sois en colère contre moi, plutôt que contre toi-même. songea-t-il vainement, sachant que ses mots ne trouveraient rien d'autre qu'un mur, celui qu'elle venait d'ériger entre lui et elle. Ce mur dont il était le seul responsable. Soudain, elle fit volte-face, et en réminiscence du passé, il se préparait à une attaque physique, mais rien ne vient, seulement son venin qui fut probablement aussi violent qu'une gifle - probablement aurait-il préféré cela. La colère qu'elle contenait lui retourna l'estomac, ses doigts se serrant contre le bois de son bureau, jusqu'à se blesser, jusqu'à ce que ses phalanges ne rougissent. Par les Sept, il aurait aimé sortir de ce cauchemar lui aussi. En proie à ses propres démons, il se devait de subir celui de son épouse, légitime colère mais qui ne rendait pas moins désagréable ce moment. Souffle coupé, silencieux, le seigneur de Roches-aux-Runes sentait le sol se dérober sous ses pieds, à l'image de ce mariage d'amour qui se transformait en chaos. Jamais n'avait-il douté de son allégeance, elle portait le nom de Royce avec fierté, elle s'était détournée depuis longtemps des siens.

Sa dernière supplique lui porta le coup de grâce, il baissa la tête, profondément désolé. "Alys, tu es une Royce et tu le seras toujours. Un jour j'espère que tu comprendras que je n'ai pas eu le choix." Et il doutait que cela advienne. Il se détourna alors d'elle pour se rasseoir à son bureau, incapable de demeurer debout après une telle tempête. Le voilà aussi épuisé qu'après une bataille, si ce n'est plus, dans les yeux de sa femme, il ne représentait plus rien, l'amour s'étant envolée derrière la haine, comme s'ils revenaient en arrière lors des premières lunes de leurs épousailles.

Alys le détestait, même si cela lui brisait le coeur, au moins, elle ne se détestait pas elle-même d'avoir fait preuve d'une telle faiblesse. Lui seul porterait le fardeau de ce naufrage. Après tout, c'était lui qui avait échoué lors de la Bataille de la Péninsule. Cette solitude dans l'épreuve ne lui était pas nouvelle après tout. Ils avaient survécu à cette guerre, mais à quel prix ?
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