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[FB] Nostalgie douce-amère || Darren Kenning

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Nostalgie douce-amère
Kayce - An 304 - Lune 9 - feat  @Darren Kenning

Seul le bruit d’une chaise à bascule venait à perturber le silence de la pièce. Le vent filtrait à peine entre les roches, la flamme de la bougie chancelait de façon muette. Lehna Kenning n’était pas le genre de mère à chanter pour bercer le sommeil de son enfant. Non, le bruit seul de la mer, lui apparaissait comme porteuse d’espoir pour toutes les nuits de sommeil d’une existence. Peut-être était-ce car ce bruit lui avait manqué pour elle-même lors de son exil. Les yeux de la jeune femme se posaient parfois sur son enfant, surveillant le mouvement de son petit buste s’élever vers le haut et s’effondrer la seconde d’après en quelques babillements instinctifs. Alyssa, sa fierté, changeait à une vitesse folle, cherchant presque à narguer la course du temps. Pas un jour ne passait sans que son corps ne se modifie, même d’une infime parcelle -que seules les mères savent voir disait-on. Cette enfant était tout son orgueil, toute sa vengeance -en demie-teinte- de la vie qu’on avait voulu lui imposer. Son existence même lui prouvait que le monde avait repris son cours, de la façon dont elle pouvait l’avoir toujours espéré.
La Kenning enviait presque la quiétude qui rythmait le sommeil de sa si jeune et précieuse fille. Lehna, qui, depuis son retour de l’Ouest, avait la désagréable sensation d’être toujours plus en avant face aux farces du destin orchestrées par les Sept. Le calme n’avait pas frappé à sa porte, pire encore, il se jouait d’elle, lui laissant toujours croire qu’il viendrait s’installer à sa table sans jamais prendre part aux réjouissances. Il planait sur elle, tel un vautour, sans jamais se poser sur sa proie.
Un léger hoquetement vint troubler ses pensées alors qu’elle se redressait sur son fauteuil. D’une main, elle tirait un peu l’édredon qui avait glissé du petite corps d’Alyssa, avant de caresser l’arête de sa mâchoire de la tranche de son index, qui faisait si immense face à ce petit visage enfantin. Alyssa ressemblait tant à son père, comme tous les enfants jeunes disait-on. Mais cette ressemblance flagrante n’avait guère su taire la tristesse et toutes les émotions douloureuses que Lehna avait eu à vivre depuis que Darren était revenu dans sa vie. Deux années d’un mariage dont elle avait maintes et maintes fois rêvés et tant d’épreuves qu’ils avaient dû surmonter. S’il y avait à douter de la solidité de certaines unions, celle qui unissait Darren et Lehna n’était point de celles à remettre en cause.

Une truffe fraîche et humide vint se presser contre le poignet de la jeune femme, dans un petit grondement sourd qu’on aurait pu assimiler à un ronronnement s’il avait été produit par un membre de la race féline. Raishan avait toujours eu cette étrange mais perspicace sensibilité de tirer sa maîtresse de ses réflexions stériles. Une gardienne salvatrice en somme. Bien qu’un simple animal de compagnie pour le commun des mortels, la louve avait toujours représenté une solide alliée de confiance pour Lehna. Bien que muette de mots, son soutien semblait sans faille, pur et certain. Il paraissait à la Kenning que la louve possédait plus d’humanité que ne pouvait en posséder l’ensemble de la population humaine foulant Westeros. Plus de dignité et d’humilité peut-être qu’aucun homme qui ne s’en va guerroyer pour de sordides raisons. Mais jamais autant de tendresse que son époux. De cela, elle n’aurait pu se mentir à elle-même. S’il lui arrivait d’accueillir la louve au bout de son duvet pour avoir cette sensation de présence, elle n’était guère un palliatif efficace face à Darren. Lehna aimait sa louve, mais tous ici à Kayce savaient combien l’amour qui reliait la née Prestre à son époux était fort et inébranlable, à quel point son absence pouvait se faire sentir les nuits où la dame, chargée des responsabilités de maison, restait éveillée tard; à attendre, pensait-on, le retour de son époux.

D’une douce caresse, Lehna vint flatter le col de l’animal alors que cette dernière se frayait un chemin jusqu’à son ventre pour venir en presser le petit repli créé par sa position assise. Un doux rappel de la vie qui grandissait elle aussi d’un rythme incessant en elle. La Kenning avait une confiance aveugle en les signes, et celui-ci ne trompait pas. Les femmes se comprennent entre elles pensait-elle pour elle-même, et, bien que d’une espèce bien différente de la sienne, Raishan demeurait une femelle de la sienne. Son regard se perdait dans celui de la louve à présent. Toutes deux avaient des vies à protéger, dans la mesure de leurs moyens. Cette grossesse, espérait Lehna, était l’annonce de jours plus paisibles. Fallait-il que tous les enfants aient à grandir dans la peur pour des histoires d’adulte qu’une part immense de la population peinait à comprendre ? Il apparaissait injuste que chacun ait à souffrir de décisions individuelles. Mais Lehna connaissait assez la vie pour savoir qu’elle ne possédait que peu de justice. Sa propre vie avait parfois sur lui rappeler combien la justice et justesse peuvent s’absenter d’une existence…
Le mouvement de recul de la louve fit remarquer à Lehna que la chandelle qu’elle avait amenée dans la chambre était sur le déclin. La lumière qui s’en échappait chancelait dangereusement depuis sûrement plusieurs minutes, dans une mare difforme de cire liquide. Il était temps de laisser le sommeil d’Alyssa en paix, et de réfléchir peut-être en d’autres lieux, ou était-ce simplement le temps de ne plus songer à rien. Une décision bien peu probable pour l’esprit nébuleux de la Kenning. Se lever lui ferait de toutes façons tout le bien du monde, puisqu’elle ne voulait guère s’encroûter dans son état de grossesse si facilement.

Dans un étirement qui n’aurait su être adapté à son rang, elle repoussait de son genoux la louve qui remuait lascivement sa queue pour battre l’air. Le mouvement fut lent, calculé et muet de surcroît. Il était hors de question qu’elle réveille Alyssa lors de son départ. Lehna aurait été bonne pour se reposer dans le fauteuil et bercer l’enfant dans le noir… Une fois son fauteuil quitté, elle vint se saisir rapidement de la coupelle, rendue plus chaude par le liquide translucide qui dansait à l’intérieur sans jamais cesser de s’accumuler. Dans un dernier regard pour le petit lit installé au centre de la pièce, elle quittait la juvénile compagnie de son enfant pour rejoindre le couloir de la demeure.
D’un pas, rendu un peu incertain par l’obscurité dont elle s’habituait bien peu, elle déambulait dans les couloirs d’une marche hésitante et sans bruit. La risible flamme qui éclairait son poignet plus que son chemin faisait d’elle une bien étrange présence dans les couloirs. Lehna s’était alors stoppée à l'orée d’une fenêtre, calant l’une de ses épaules contre la roche fraîche pour guetter l’obscurité. Le bruit apaisant de la mer perçait à travers le rideau noirci de la nuit, et les embruns venaient emplir les poumons de la jeune femme sans mal. Pour beaucoup, l’air de la mer était synonyme de longues nausées, de gonflements dans le corps et de sensation de lourdeur. Pourtant, pour Lehna, chaque symptôme de sa grossesse devenait lointain lorsqu’elle foulait le bord de mer.  
Absorbée, elle semblait comme hors du monde, loin du temps, une proie facile si elle ne s’était pas trouvée entre les murs de son propre domaine.
© Mouette / Icon : tumblr / Citation : Marylin Monroe
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Nostalgie douce-amère

An 304, Lune 9
@Lehna Kenning et Darren Kenning
Les sujets d'inquiétude ne manquaient pas pour le sire de Kayce. Rentré de sa captivité chez les Farman, humilié mais en vie, Darren passait le plus clair de ses journées isolé dans la vaste étude qui lui servait de bureau. Entre d'innombrables piles de parchemins tenues en bon ordre par mestre Harlan, l'ancien invité de Sebaston Farman mettait en oeuvre tout ce qui lui paraissait bon pour mettre un terme aux agissements du traitre dans l'Ouest. Echange de missives avec les rares maisons dignes d'une confiance aveugle, envoi de patrouille, efforts de recherche... Tout ceci constituait son quotidien devenu anxiogène. Mû par une ambition toujours plus viscérale au cours des dernières années, avide de renverser son père pour ramener sa maison au premier plan chez les bannerets de Castral Roc, Darren vivait là le contrecoup de son empressement. Il avait pourtant bien fait, aujourd'hui encore il en était convaincu. Terrence Kenning n'aurait fait qu'apporter la ruine à Kayce dans cette guerre. Que ce soit en suivant le plus offrant, ou en abaissant ses bannières sans combattre. Au moins, et si quelque chose devait arriver, l'actuel seigneur Kenning n'aurait pas à rougir de ses efforts pour mettre à bas l'ennemi. Désormais, et si la notion d'ambition ne lui était pas étrangère, Darren se battait pour les siens. Pour la famille qu'il commençait tout juste à fonder avec son premier et seul amour.

Son devoir envers les siens, envers ses terres, l'amenait ironiquement à passer énormément de temps loin d'eux... Qu'il soit parti en campagne ou occupé à préparer la prochaine comme maintenant, le Kenning ne consacrait pas autant de temps qu'il l'aurait aimé à son épouse, à leur fille... Relâché de Belcastel contre promesse, c'est à peine si sa présence dans les murs de sa forteresse se laissait deviner. Lehna ne lui en tiendrait pas rigueur, elle comprenait la situation délicate dans laquelle ils se trouvaient. Ou peut-être cherchait-il à s'en convaincre à force de se le répéter. Se mettre à dos l'élue de son cœur ne faisait pas partie de ses plans, bien au contraire. Mais il savait sa belle passionnée, impétueuse, rancunière dans certaines situations. La grossesse lui pesait, il en était certain. Les mauvaises langues diraient même qu'il cherchait à échapper aux humeurs de son épouse en se noyant dans ses devoirs.

Elles ne sauraient être plus éloignées de la réalité...

Lehna et lui, c'était une histoire qui durait depuis l'adolescence. Une passion aussi dévorante que tragique dans certains de ses évènements. Aujourd'hui qu'ils pouvaient enfin vivre cette passion sans aucun obstacle entre eux, il aurait été de chaque instant auprès d'elle si l'occasion lui en fut laissée. Au lieu de cela, et parce qu'il lui appartenait d'aider à réprimer la dangereuse ambition de plus d'un homme, Darren vivait le quotidien d'un lettré reclus dans ses études. Perdu dans d'innombrables cartes des terres sous contrôle de Castral Roc, le chevalier recherchait tous les lieux probables où les rebelles pouvaient avoir établi leurs nids de vipères. Il y passait des journées entières, la mine maussade. Tout comme son humeur. Les sujets de son fief soupçonnés de faire le jeu des rebelles en faisaient le plus souvent les frais. On ne comptait plus les tortures dans les cachots, les pendaisons sur la place centrale de la ville, face au septuaire. Les plus malchanceux finissaient même suppliciés sur le port, offerts aux crabes. Chaque condamnation n'était pas faites à la légère, loin sans faut. Mais jamais le Kenning n'avait condamné tant de pauvres hères à la mort. Si ce n'est lorsqu'il lui fallut assainir ses murs des partisans de son père... Aujourd'hui, les brigands arpentant la campagne, les marchands et contrebandiers soupçonnés de transporter des marchandises pour les mutins, même ceux cherchant à se soustraire à l'impôt pouvaient subir le pire des sorts si les soupçons de leur seigneur trouvaient matière à être exacerbés. En bien des occasions ces dernières lunes, Darren s'était montré digne du nom dont l'avait affublé le peuple de Kayce après soin putsch dans le sang: le Soleil Rouge.

Seule la lueur des torches et de chandelles vacillantes éclairaient encore une fois ses travaux lorsqu'il termina ce jour là. Rincé par ses devoirs, victime d'un sommeil fuyant depuis des semaines, il se résolut une fois de plus à laisser de côté ses vaines recherches pour écouter la voix de la raison. Saluant d'un air absent son mestre et les gardes en faction à la porte de son bureau, Darren prit la direction de ses appartements le pas lourd, plus mort que vivant par bien des aspects. L'épée au côté, même dans ses propres murs, il restait tout de même alerte. Non pas qu'il soupçonne les siens, mais l'idée d'être victime d'une tentative de meurtre au sein de son propre domaine ne lui était plus si farfelue. En ces temps d'incertitude, sa propre résolution lui avait à maintes reprises suggéré d'utiliser ces mêmes méthodes pour mettre à bas les rebelles. Alors s'il pouvait avoir basculé dans la plus vile façon de penser et de faire des intrigues de cour... Que ses ennemis y recourent également était des plus probable. Parer à ce risque en imposant un protecteur à chaque membre de sa famille représentait une énième piste de réflexion.

Pourtant... Imposer une telle contrainte à la mère de sa fille et de son enfant à naitre constituait peut-être le plus grand défi auquel il serait contraint depuis Belle-Ile...

En cette fin de journée, alors que le soleil avait depuis longtemps disparu par-delà la mer, ce n'est pas un assassin que le seigneur de Kayce trouva sur le chemin de ses appartements. Ce n'est pas son épée qu'il dut tiré du fourreau, mais plutôt un sourire tendre qui se dessina au coin de ses lèvres. Une silhouette caractéristique, affublée d'un animal de grande taille assis à son côté, observait distraitement la ville endormie et la rade du port depuis une fenêtre proche. Trouver de la sorte sa belle sur son chemin redonna à son époux un regain de vigueur, du baume au cœur bienvenu qui l'amena à sa rencontre en un rien de temps. Se fendant d'une caresse de rigueur entre les oreilles de Raishan pour rappeler à l'animal qui il était et le sentir, le chevalier se glissa dans le dos de la jeune femme. Sa tête se posant tendrement sur l'épaule de la dornienne, il lui signifia sa présence d'une étreinte suave.

- « L'embrun et le reflux des vagues te manquent ? Je t'emmènerais faire une longue excursion le long de la côte. Plusieurs jours, rien que toi et moi en bord de mer... Lorsque tout ceci sera terminé. », promit son homme d'un murmure tendre susurré à son oreille.

La main doucement posée sur le ventre rebondi de son épouse, Darren redevint plus humain à son contact. Humant avec bonheur le parfum de sa belle, il déposa un baiser dans son cou,  espérant l'espace d'un instant que ce moment de quiétude durerait à jamais.

 
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Le silence humide de la nuit. Lehna ne le connaissait maintenant que trop bien. Il lui apparaissait être de ces amitiés que l’on ne conserve guère avec plaisir, mais que l’on alimente à défaut d’autre chose de plus appréciable. À cet instant, les yeux perdus dans l’immensité de l’obscurité, dont elle ne distinguait pas vraiment de forme fixe, elle cherchait en sa mémoire des souvenirs, lointains et proches, d’une vie ancienne et pourtant ô combien familière. D’une solitude qui la suivait encore comme son ombre, dans laquelle il lui semblait parfois même se confondre.

On aurait pu penser que la Kenning était devenue orgueilleuse -plus qu’on ne la savait déjà l’être-  de son chemin de vie, de la façon surprenante dont elle avait réussi à retourner à la place qui était jadis sienne. Et c’était à l’évidence le change qu’elle donnait en société. Pourtant, elle ne se délectait de cette victoire qu’à demi-mot, en des écrits qu’elle ne laissaient voir qu’aux yeux de confiance, peu nombreux en somme.
Tout d’abord, car elle ne devait sa place à Kayce que par l’entêtement de son époux, et non du sien. Il était celui qui avait fait le premier pas vers elle, là où la rancune de la née Prestre demeurait toujours vivace, étouffant même. Elle se souvenait encore de l’étrange sensation qu’elle avait ressenti à sa simple vue lors du tournoi de Lestival, de la façon dont son coeur s’était serré en sa poitrine, lui coupant le souffle, avant que sa pensée ne reprenne le dessus et ne lui rappelle les réalités de leurs situations respectives. C’était cette même rancune qui l’avait habité lorsqu’il était venu la reconquérir, qui l’avait amené à rire sans gêne de son audace qu’elle avait considéré animé par la culpabilité plus que par l’amour. Peut-être même par l’ennui de son propre veuvage, ne s’était-elle pas empêchée de songer en son for intérieur.
Mais aussi, car depuis qu’elle était la dame de Kayce, tout ce qu'elle avait pu conceptualiser dans son esprit s’écroulait à vue d'œil, tel un château de sable emporté par les caprices des marées. Son mariage : d’une discrétion presque inquiétante si sa première union n’avait pas été pire. Son époux avait disparu quelques lunes après l’installation du couple à Kayce. S’en était suivi de longues lunes de solitude, passées dans la demeure d’un beau-père au bord de la folie. Homme qui quitterait la demeure en direction du mur à l'issue du putsch de son époux. Événement quelque peu traumatisant, où la Kenning fut d’ailleurs blessée et dont elle avait dû se relever en découvrant qu’elle portait la vie… Il ne restait que la naissance de son premier enfant pour venir apporter une touche de lumière dans ce tableau emprunt au chaos. Une faible lueur éclipsée par le départ soudain -mais presque prévisible- de son époux, qui n’était revenu que depuis peu. Et dans quel état ?

Pourtant, Lehna ne pouvait pas en vouloir à Darren, elle qui était consciente des propres sacrifices de ce dernier pour pouvoir mettre leur famille naissante en sécurité. Elle aurait pu, oui, lui en vouloir, le taxer de mots durs, d’être un père dans l’abandon et un époux dans la fuite. Mais, si la jeune femme pouvait être parfois mue par la colère, elle n’en demeurait pas moins réaliste : elle respirait encore par les sacrifices de Darren, et par le courage et la ténacité dont il savait faire preuve. Si ses poumons pouvaient s’emplir d’air à chaque levée du jour, c’est parce que son époux, son premier et unique amour, maîtrisait son propre souffle à chaque instant. Qu’il vivait sur un fil tendu pour qu’elle n’ait en somme qu’à gérer les murs et les histoires presque mondainement risible de l’intérieur de Kayce. Elle n’avait qu’à faire pendre par autrui quand Darren tuait de ses propres mains.
De fait, non, même si parfois, elle pouvait être dans le reproche muet, jamais elle n’aurait su se sentir légitime de les formuler. Mais, bien que revenu, il lui manquait affreusement. Tout un chacun le savait de retour, et parce que son emploi du temps lui semblait plus léger, elle pouvait en avoir conscience. Cependant, on aurait pu dire que Darren Kenning hantait la demeure plus qu’il ne l’habitait réellement. Un fantôme dans un bureau. Dont il semblait préférer la fraîcheur à son étreinte. Mais elle demeurait consciente que cette jalousie était vaine et peut-être même immature, ce ne lui ressemblait pas. Qu’était-elle face aux tragédies du monde ? Peu de choses en somme. Mais elle aurait parfois apprécié être tout un univers.

Elle avait parfois même songé à lui envoyer des missives, dans l’espoir de lui rappeler sa présence en sa propre demeure. La solitude ou les hormones ? Elle aurait su trouver toutes les excuses du monde pour justifier cet égarement. Mais, il allait sans dire, que, jusqu’à maintenant, elle tenait bon. Pour combien de temps encore ?

Le silence fut enfin brisé. Au long, dans les couloirs gris foncés, l’on pouvait entendre le battement significatif d’un fourreau contre une hanche. Lehna ne prit pas la peine de bouger, ni même de s’en inquiéter outre mesure. Contrairement à son époux, elle donnait l’apparence de se sentir en sécurité en sa demeure, mais, à l’évidence, elle la quittait si peu qu’elle n’avait guère d’autres choix que de feindre le sentiment de sécurité. C’était là ce qu’on attendait de cette dame, qui gérait les lieux dès que son époux allait parcourir le monde - ce qu’il faisait bien trop à son goût. Il aurait été peu pertinent de penser que ce froissement de tissu était l'œuvre d’un quelconque assaillant venu pour la rouer de cou, ou alors, un débutant bien peu futé qu’elle aurait pu effrayer par ses propres moyens. Raishan ne se mit pas aux aguets non plus, ce qui laissait présager d’un danger peu inquiétant, et d’une menace fantasmée plus que réelle.
Lehna pouvait sans mal considérer que son audace lui venait de la présence de cette protectrice sauvage, dont elle connaissait,  à force de familiarité, les méthodes plus que dissuasives et ne doutait guère de ses capacités offensives pour la mettre en sécurité. D’autant plus maintenant qu’elle était indisposée par sa grossesse.

L’étreinte fit frémir la jeune femme, qui fut défaite de toutes ses pensées intrusives. Et peut-être même à dire vrai, de toutes formes de pensées. Le temps avait repris son cours, le calme de la nuit avait laissé place à l’étrange mélodie des battements de leurs deux coeurs, de l’alchimie naturelle de leurs deux corps. Lehna pouvait avoir l’air d’une femme forte à tout instant du jour et de la nuit, mais il lui était impossible de nier qu’au simple contact de Darren, elle était depossédée de cette armure sociale dont elle savait pourtant si bien se parer.
Darren avait enfin quitté son bureau. Elle aurait presque fini par penser qu’il était devenu pareil à son premier époux : cultivant un amour caché des hommes, tant il pouvait passer de temps avec ceux de son domaine. Mais, parce qu’ils partageaient une complicité bien plus charnelle, Lehna n’eut jamais à en douter avec sérieux. Et, comme s’il avait l’étrange faculté de la ramener sur la terre ferme, il prononçait alors :
 
- « L'embrun et le reflux des vagues te manquent ? Je t'emmènerais faire une longue excursion le long de la côte. Plusieurs jours, rien que toi et moi en bord de mer... Lorsque tout ceci sera terminé. »

La jeune femme eut un rire simple, de ceux qui s’échappent des lèvres des gens qui n’ont pas de responsabilité dans la vie. Ses doigts vinrent se poser sur ceux de son époux, alors qu’elle se laissait aller à la douce idée qu’un jour, le calme reviendrait en Westeros et qu’ils goûteraient enfin à cette vie dont ils avaient pu se permettre de rêver dans leur folle jeunesse. La tête de la Kenning bascula sur le côté, pour laisser la place aux lèvres de son époux, dont elle se délectait de chaque infime sensation. Sa chaleur, son odeur, le mouvement de sa barbe contre sa peau mi offerte mi à découvrir. Un brasier prit corps dans celui de la jeune femme alors qu’elle inspirait avec lenteur pour reprendre ses esprits.

Lehna glissa ses doigts entre ceux de son aimé pour venir lier leurs mains alors qu’elle ne put s’empêcher de murmurer.

- « Tout ceci sera-t-il seulement un jour terminé ? »

Un sourire attristé déformait quelque peu le visage de la jeune femme. N’étant pas d’une nature trop rêveuse, elle préférait ne plus nourrir d’espoir que de se voir à nouveau déçue par le cours des événements. Il leur fallait profiter de l’instant présent, ne peut-être pas se soucier avec trop de force de ce qu’il adviendrait de demain. Et, puisqu’il se faisait tard, demain était déjà sûrement bien entamé.
Audacieuse, la jeune femme fit un pas en avant, pour venir se presser un peu plus contre le rebord de pierre et pouvoir se tourner vers son époux. De sa main libre, elle vint lui caresser le bord du visage, avant de laisser sa caresse tomber le long de son cou. Les époux n’étaient pas en mesure de se voir, pas plus que l’infime lueur ne pouvait le permettre, mais Lehna n’avait pas besoin de sa vue pour détailler Darren. Elle le connaissait, son corps reconnaissait chaque parcelle du sien, même aveugle, elle saurait encore le décrire.
La jeune femme fit un pas vers lui pour venir à sa rencontre avant d’approcher son visage du sien. Il sentait les parchemins. Une odeur qu’elle aurait apprécié habituellement, mais qui l’amenait à penser à l’abandon qu’il opérait chaque fois qu’il la délaissait pour son bureau d’étude. D’une voix taquine et peut-être un peu acide dans le fond, elle laissait entendre :

- « Vous sentez la poussière et le parchemin, Lord Kayce. »

Qu’il interprète de lui-même le sous-entendu de son choix. Elle s’en accommoderait avec aisance.

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An 304, Lune 9
@Lehna Kenning et Darren Kenning
Il n'était lui-même qu'auprès d'elle. Elle seule connaissait ses aspirations, ses plus grandes peurs. Elle seule pouvait devenir le fil de ses pensées rien qu'en le regardant, le regard perdu dans le vide. Pas même Ellena n'avait une telle proximité avec son ainé. La faute au rôle de père de substitution qu'il avait du endossé auprès d'elle. Lehna était pour son homme une bouffée d'air, une alliée dans les affres du pouvoir qu'ils exerçaient ensemble. S'éloigner d'elle lui coutait à chaque fois. L'idée de la perdre l'angoissait plus encore. Cette grossesse avait donc le don de rendre nerveux le seigneur de Kayce lorsqu'on en évoquait la conclusion. Le mestre avait beau se montrer rassurant, la naissance d'Alyssa s'était montrée compliquée. En des temps moins troublés, il aurait donc fait le nécessaire pour passer un maximum de temps auprès d'elle et combler ses moindres besoins et désirs. Au lieu de cela, il s'était lui-même condamné à un exil volontaire dans son étude, ce que la jeune femme ne manquait pas de lui rappeler les rares fois où ils se retrouvaient seuls. Chaque fois, il se faisait violence pour ne pas chercher à se justifier. Il ne la connaissait que trop bien en de telles circonstances. Aucune excuse ne saurait justifier sa prise de distance aux yeux de la belle dornienne. C'était une autre preuve de son caractère affirmé et tempétueux. Pourtant, il ne l'en aimait que plus encore.

Cette force de caractère qui la distinguait de bien des lady l'avait séduit, en plus de sa beauté qu'il ne cessait de fantasmer pendant leurs séparations. Une autre s'annonçait bientôt. Elle le savait, même s'il n'en avait dit mot. Il n'évoquait que peu le sujet, préférant vivre au jour le jour le temps passé auprès de son épouse. Elle ne verrait peut-être pas la chose de cette façon, handicapée qu'elle pouvait être par la vie qui s'ébattait en son sein. Blotti contre elle, partageant avec elle un moment de tendresse devenu trop rare, le Kennning grimaça d'ailleurs lorsqu'elle lui asséna une pique sur ses occupations récentes. Elle avait beau ne s'être jamais longuement étalé sur son séjour à Dorne, il avait cru entendre que son premier époux ne lui avait guère porté d'attention, préférant les livres. Et entretenir d'autres sortes de mœurs... Le concernant, c'était bien par contrainte qu'il s'éloignait d'elle, et non par choix. Pourtant il ne pouvait lui reprocher l'amertume qui semblait gagner son épouse par instant.

Il aurait été bien hypocrite de lui en tenir rigueur, lui qui était venu la reconquérir contre la promesse de toujours rester auprès d'elle...


- « Je travaille à faire en sorte que ça le soit au plus vite... Tout ne peut se régler par la diplomatie. Nous devons montrer que l'Ouest n'est pas une terre propice à la trahison. », tenta t-il de se justifier maladroitement en cherchant les lèvres de sa belle des siennes.

Tout aussi avide de l'embrasser que d'étouffer chez elle une nouvelle pique qui pourrait poindre à ses mots, son homme dévora les lèvres qu'elle lui offrit d'un baiser langoureux en se collant à elle. Seul le ventre rebondi de la jeune femme lui rappela la condition de la née Kenning et coupa court à l'élan de passion de son amant. Il lui était parfois compliqué de se contenir à son contact, plus encore lorsqu'il revenait de campagne. L'obscurité n'aidant pas, Darren proposa son bras à la brune pour rejoindre leurs appartements, qu'il s'empressa de mener vers la quiétude de leur chambre. Suivi par Raishan, le couple ne croisa guère de vie en chemin, preuve que l'heure était des plus tardive.

- « Je n'aime pas te savoir seule dans les couloirs en pleine nuit. J'ai toute confiance en cette demoiselle pour te protéger... », commença le chevalier en gratifiant la louve d'une nouvelle caresse au détour d'un couloir. « ... mais je ne peux m'empêcher d'être inquiet. Les temps ne sont pas sûrs. J'aimerai nommer quelqu'un à ta protection. », insista t-il en ouvrant pour elle la porte de leurs appartements.

Dans le secret de leur chambre, il pouvait se montrer plus expressif, faire étalage de ses sentiments, son inquiétude. Il n'y a qu'ici et auprès d'elle qu'il était complètement honnête. Que le masque du seigneur intransigeant et combattif pouvait tomber sans entamer son armure.

 
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Une profonde pression. Lehna ne put empêcher son cœur de se serrer au fond de sa poitrine lorsque Darren se mit à évoquer leur région comme un bastion contre les trahisons. Dans son récit de vie, Lehna se rappelait surtout combien les gens de cette région avaient été prompt à la trahir avec une facilité déconcertante, son époux le premier, elle n’aurait su l’oublier avec aisance. L’amour n’était pas aveugle pour la née Prestre, elle savait ce qu’elle avait vécu, concevait le repentir et le pardon, mais ne considérait jamais l’option de l’oubli. Chacun de ses départs pour les guerres ou la diplomatie lui rappelait à quel point Darren Kenning pouvait faire des promesses qu’il ne pouvait tenir… Et combien elle pouvait parfois souffrir de la croyance qu’elle avait pu avoir envers de nouvelles paroles en l’air. La Kenning se doutait bien que son époux n’était pas conscient de l’acidité de ses paroles qu’il avait voulu rassurante. Elle fit alors mine de pas en prendre compte et d’éluder le sujet, bien consciente qu’elle le ruminerait cependant plus tard, lors d’un nouvel abandon de sa part, assurément. Être d’une nature rancunière n’était pas toujours aisé. Elle ne refusa cependant pas l’étreinte du bras de son époux, dont la chaleur lui manquait chaque instant un peu plus. Il allait sans dire qu’il s’absentait tant qu’elle aurait pu lui faire croire qu’elle la découvrait à chaque fois qu’il daignait venir la visiter. Mais elle n’était pas du genre à mentir sans raison. Son contact lui rappelait combien elle pouvait tenir à lui, malgré le sort qui ne cessait de se jouer d’eux, de ce monde qui allait trop vite pour qu’ils puissent avoir le temps de s’aimer vraiment, ou tout du moins, comme ils l’auraient tous deux voulus.  

-« ... mais je ne peux m'empêcher d'être inquiet. Les temps ne sont pas sûrs. J'aimerai nommer quelqu'un à ta protection. »  

Il allait sans dire que l’obscurité avait épargné à Darren l'œillade menaçante que lui avait offert Lehna face à l’annonce qu’il venait de lui faire… D’un geste instinctif, elle crispait sa main autour du bras de son époux. Il avait réellement osé lui annoncer cela ? De cette façon ? Après l’avoir délaissé une nouvelle fois ?!

Elle prit une grande inspiration, tant pour calmer son esprit que sa main qui se serait chaque seconde un peu plus. Ceci fait, Lehna fit alors ce que font toutes les femmes enceintes qui vivent une émotion forte et ô combien négative : protéger la vie à naître de cette menace interne. Sa main libre vint caresser le bas de son ventre dans un geste qui au final la calmait plus elle-même que la vie qui dormait en son sein. On aurait pu croire qu’elle cherchait à protéger les oreilles innocentes de son enfant à naître, pourtant, elle savait bien qu’elle transmettait chacune de ses pensées à ce dernier dans un échange muet qui n’appartenait qu’à eux, dont eux seuls pouvaient avoir le secret.
 
En son for intérieur, elle aurait aimé crier, lui rappeler qu’il lui avait fait une promesse de protection infinie le jour de leur mariage, qu’elle ne pouvait aisément accepter la présence d’autrui à ses côtés, et qu’il n’avait qu’à assumer les responsabilités de leur engagement réciproque. Mais au fond d’elle, elle savait sa complainte vaine et les réalités du monde bien plus compliquées que le caprice qu’elle aurait souhaité prononcer. Il fallait être réaliste, s’il en venait à songer à ces extrémités, c’est qu’il devait avoir déjà avoir envisagé l’ensemble des possibles se présentant à lui…

- « Tu t’es déjà nommé à protection.» ne put-elle s’empêcher de lui faire remarquer alors qu’elle rejoignait le centre des appartements en s’esquivant à son étreinte pour lui faire comprendre qu’elle n’allait certainement pas accéder à sa requête sans en passer par des pour-parlers. La façon dont elle avait choisi de lui faire savoir son mécontentement lui semblait bien plus adouci que ce qui tournait dans son esprit aussi blessé qu’en colère.

La jeune femme prit le court chemin du siège sur lequel elle séjournait quand elle n’avait rien de mieux à faire pour occuper ses journées. Quand elle se sentait en somme bien seule, et qu’elle n’avait pas pour objectif de le faire sentir aux autres. Une habitude étrange qui lui semblait avoir pris racine dans son quotidien lorsqu’elle avait vécu à Dorne.
D’un geste lent, le dos tourné à son époux dans un palabre muet oppositionnel, elle prit soin d’enlever chaque infime grain de poussière qui pouvait trôner sur l’assise avant de prendre place sur cette dernière. Dans la pénombre, elle distinguait la silhouette de son époux, celle qui ne s’offrait qu’à elle, dans l’intimité de leurs appartements, tel un monde suspendu dans l’espace et le temps.

Ainsi installée, elle déposa son coude sur l’accoudoir avant de poser son menton dans la paume de sa main. Lehna fixait la forme immobile de Darren un long instant, à tel point que celle-ci finit par se diffuser dans l’obscurité de la pièce, comme une étoile que l’on aurait fixé trop longtemps dans le ciel, s’estompant à la vue des curieux.

- « Est-ce vraiment là la vie que tu souhaitais nous offrir Darren ? Toi à l’autre bout du continent par monts et par vaux pour des gens qui ne te voient que comme un boucher sanguinaire, et moi, coincée ainsi, avec une escorte dont je ne veux de toute évidence pas ? »

Un rire déçu s’échappait de ses lèvres rendues douloureuses par cette morbide constatation : jamais ils n’auraient cette vie tranquille qu’ils avaient rêvée lorsqu’ils étaient jeunes. Ses yeux quittèrent la zone dans laquelle elle avait fait disparaître la silhouette, pour les diriger plutôt vers la fenêtre, qui, malgré la nuit, éclairait assez pour se différencier du restant des appartements.

- « Je préférais le temps où tu étais encore écuyer, où tu me sauvais des situations bien moins sérieuses que celles que nous vivons aujourd’hui…»

Et de cela, elle en était plus que sûre... En ce temps là, elle eut savouré le bonheur, le vrai.

Nostalgie douce-amère -
Darren Kenning - Kayce - An 304 - Lune 9
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Darren Kenning
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Nostalgie douce-amère

An 304, Lune 9
@Lehna Kenning et Darren Kenning
La tâche de la convaincre du bien-fondé de ses projets serait peut-être un bien plus grand défi que tous les combats auxquels il serait amené à participer. Dans une union comme la leur, marquée par une passion aussi dévorante que tragique dans ses débuts, il n'était pas exagéré de dire qu'il la connaissait comme lui-même. Depuis leur union aussi attendue que décriée, ils ne formaient plus qu'un être. Un être à la pensée tumultueuse et parfois contradictoire, mais qui avançait systématiquement de concert. Aussi cette guerre mettait-elle en péril leur si parfaite entente. Reléguée à la seule - mais cruciale - tâche de donner la vie alors que lui s'apprêtait à de nouveau lever ses bannières, il comprenait aisément les doutes et l'amertume de sa belle. Voilà des lunes qu'il la négligeait, non par choix certes, toutefois cela n'excusait en rien son attitude effacée, fuyante par moments. Toujours hésitant lorsqu'il s'agissait de regagner la confiance de son amante, Darren se laissa pénétrer par ses mots si incisifs dans un silence de plomb. Elle avait sur lui un pouvoir incommensurable, jusqu'à pouvoir le plier à ses moindres envies lorsque le contexte si prêtait. Aujourd'hui, ce n'était néanmoins pas le cas. Menacé de voir sa maison ébranlée dans ses fondations, hanté par la possibilité de la perdre ainsi que leurs enfants, le seigneur de Kayce avait pour seule obsession la sécurité des siens.

Une longue minute d'un silence pesant s'installa peut-être entre eux, le brun perdu dans le fil de ses pensées tout autant que dans la noirceur de la nuit. Lorsqu'il sembla émerger, ce fut pour aller s'installer auprès d'elle. Il prit maladroitement place sur un des accoudoirs du fauteuil de son épouse, son regard noyé vers l'insondable horizon au travers de la fenêtre de leur chambre. Dans ces instants, il savait qu'il lui était primordial de laisser à la dornienne un minimum d'espace. Là où son cœur lui criait de la prendre dans ses bras, sa raison l'en dissuada. A la place, ses prunelles sombres parcoururent les nombreux toits de la ville jusqu'au port, cet exercice l'ayant toujours détendu. Se dire qu'il avait la responsabilité de tant de vies, que son fief regorgeaient d'existences fragiles mais pleines de potentiels... Cela l'avait toujours sorti de ses plus noires pensées, en dépit de la pression qu'il pouvait se mettre sur ses épaules. Mais même si sa muette contemplation l'aida pour un temps à s'apaiser l'esprit, le sérieux et l'enjeux de leur conversation n'en était pas moins pesant.


- « Ce temps là est loin, seulement présent dans nos souvenirs. De merveilleux souvenirs. C'était une autre époque. Je, nous nous devons nous adapter. », répondit finalement le sire de Kayce en écho aux dernières paroles de sa compagne.

Dehors, un unique et discret tintement des cloches du septuaire signalait l'heure de la chouette, signe que la nuit était déjà bien avancée. A n'en pas douter, ni l'un ni l'autre ne trouverait le sommeil dans les heures à venir. Il paraissait plus vraisemblable qu'ils seraient occupés à échanger jusqu'à l'aube. Quant à savoir si leur insomnie serait au moins productive, à défait d'être reposante... Darren s'était au moins juré de ne rien cacher à son épouse, de ne rien lui épargner de la réalité de leur précaire situation. Elle lui en aurait d'autant plus voulu. Il le savait.

- « J'ai juré de te protéger, c'est vrai. Par tous les moyens à ma disposition. J'ai aussi juré de combattre pour nos terres et de celles sous la suzeraineté de Lord Tywin. D'y éliminer toute menace... Que m'importe celui qui siège sur le Trône de Fer. Il n'y a que le devenir de notre maison et de ceux à qui je tiens qui me pousse à combattre. », énonça le brun le cœur lourd, le timbre de sa voix oscillant entre profonde conviction et appréhension à l'idée de la quitter à nouveau. « Je n'ai pas arraché les rênes de cette ville à mon père pour la voir brûler. Pas plus que pour voir ma lignée mise en danger par des félons. Lorsque je suis venu te trouver en quête de ton pardon, je t'ai promis de tout faire pour t'offrir une vie à ta mesure et à celle de nos enfants... », lui rappela t-il en se tournant finalement vers elle, espérant qu'elle lèverait la tête dans sa direction devant la sincérité de sa déclaration.

Sa main se fermant à nouveau sur celle de la brune pour s'y perdre d'une douce étreinte, le Kenning  laissa échapper un profond soupir de lassitude en terminant son monologue.


- « Je suis tiens.  Mais j'ai aussi des devoirs envers ce fief comme notre suzerain. Je ne suis qu'un homme. Un homme de pouvoir et d'ambition, tu le sais plus que tout autre. Mais je ne saurais me soustraire à aucune de ces obligations. T'assigner une escorte ce serait... l'unique moyen d'être un minimum serein lorsque je devrais à nouveau m'éloigner de toi... pour qui sait combien de temps... »
 
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