Make them growl || Lyanna&Robb

« Avec le vieillissement de la population, ce type de solution est amené à se développer dans les prochaines années … »

Robb Stark s’appliquait à écouter les dernières réclames que son intendant avait à lui adresser avant son départ pour Blancport. Derrière lui, Winterfell bouillonnait. L’on s’affairait à seller les chevaux, à chauffer les dernières lames, à emballer les tissus les plus imperméables, à paqueter des vivres salées ou séchées, pour tenir des semaines au large de Goëville, ou l’attendait l’armée du Suzerain – légitime – du Val. Harrold Hardyng était un bonhomme que Robb appréciait, mais qu’il aurait choisi de ne jamais revoir si ça lui avait permis d’éviter une nouvelle guerre au Nord. Si les Seigneurs Nordiens avaient fait un autre choix, à l’occasion de ce conseil, il les aurait menés sans difficulté. Il aurait pu rompre cette promesse faite à Rhaegar sans trop regarder en arrière. Il avait été tellement déçu, à l’occasion de leur dernière rencontre, quand il avait dû ployer le genou sans pouvoir rien obtenir en échange, pas même un nom de famille pour son frère, qu’il aurait pu décevoir à son tour l’homme chez qui il avait grandi. Cette dissidence-là n’aurait toutefois pas été prononcée seulement en son identité propre. Il n’était pas que Robb, pupille de Rhaegar. Il aurait avec lui brisé la parole des Stark, mais après tout, Eddard avait lui-même mené la voie bien avant que son fils n’imagine le faire. Et si Ned l’avait osé, c’est sans doute car il avait su, en son temps, que la première loyauté des Stark, celle qui faisait tout l’honneur de la maison suzeraine, n’allait pas vers les Targaryen. Avant les dragons, la maison Suzeraine devait fidélité à son peuple, au Nord. Sa région aurait alors été considérée comme dissidente à la Couronne, au mieux, ennemie du Roi, au pire. Robb aurait eu à refermer le Nord sur lui-même, mais après tout, il n’y avait rien de plus exalté qu’un Nordien au Printemps. Son peuple n’aurait eu aucun mal à survivre à cette fermeture, surtout maintenant que la Longue Nuit était derrière eux. Robb Stark aurait eu à sa charge un Royaume plus grand que tous les autres Royaumes réunis, peuplé d’hommes et de femmes plus forts que des lions, puisque le sang des géants et celui des enfants de la forêt courait dans leurs veines. Tout cela aurait été bien aisé.

Ç’aurait toutefois été oublier une donnée essentielle que de choisir de ne pas répondre à l’appel du Suzerain du Val. Ce n’était plus Lord Hardyng et son opposition à Grafton qui était inévitable, c’était toute cette guerre dans sa globalité. Le Nord accumulait sous son égide les trois quarts des terres de Westeros, il était le voisin des régions les plus engagées dans cet affrontement, et les Seigneurs qui avaient pris part à ce conseil savait comme lui que le ciel ne connaissait pas de frontières. Le dragon de Viserys ne s’arrêterait pas aux premières cimes du Neck, ni même aux eaux de la Morsure. Il brûlerait tout sur son passage, emporté par la folie de son maître.

Robb pressa ses doigts sur son front et rouvrit les yeux, comme se réveillant d’un songe. Son intendant parlait toujours, et lui indiquait maintenant qu’arrivait l’heure de son entretien avec Lady Mormont. Il se redressa, pris d’un sursaut. Il avait demandé cet entretien à la jeune fille lui-même, et gageait que cela serait plus intéressant que d’écouter cette austère sangsue lui décrire comment les chaises à roulettes sauraient être utiles aux infirmes s’il venait à en acheter quarante-sept directement auprès du producteur (un bon ami de la famille). « Merci, milord. Faites-la rentrer, et refermez la porte après vous je vous prie… » L’intendant pris un air dépité, mais n’attendit pas plus longtemps pour fuir car Vent-Gris, qui avait dû sentir l’humeur de son maître, se mis à aboyer derrière lui.

Lady Mormont passa la porte de ses offices seigneuriales, récemment aménagées au somment de l’une des tours carrées de Winterfell par les soins de Lady Kylis. Les deux Suzerains disposaient dans cette pièce d’un bureau chacun, collés l’un en face de l’autre. La Lady de Winterfell n’était toutefois pas aux côtés de son conjoint ce jour ; après-tout, elle venait de donner naissance à une jolie petite fille. Auriez-vous pu deviner que Lady Lyarra Stark avait de beaux cheveux bruns ? Jamais, n’est-ce pas, et pas des moindres, pourtant ! La petite était poilue comme une louve, on l’aurait dit hirsute si l’on n’avait pas cru que ça insulterait ses parents qui bien sûr trouvaient les petites bouclettes au creux de sa nuque absolument délicieuses. Ses bras aussi étaient recouverts d’un fin duvet brun qu’elle avait dû emprunter à des aïeux géants ; pour en avoir vu de ses propres yeux, Robb savait combien ses bêtes là pouvaient être chevelues. Robb réalisa qu’il se perdait à nouveau dans ses pensées et laissa claquer sa langue, ce qui eut pour effet de ramener Vent Gris jusqu’à ses côtés. Le Sombreloup le regardait avec attention, attendant sans doute une caresse ou une friandise. Il ne put lui donner que la première, sur le sommet de son crâne, alors qu’il saluait la jeune fille : « Lady Mormont ! Installez-vous, je vous prie. » Il lui indiqua le fauteuil récemment réchauffé par le gras derrière de son intendant, à gauche et un peu en avant du sien. Se redressant dans sa propre chaise, et rajustant le col de son chemisier en fine laine blanche, il poursuivit : « je souhaitais m’entretenir avec vous avant le départ de nos bannières pour Blancport. J’imagine que votre sœur vous a dit quelques mots sur le déroulé de notre conseil de guerre … » Robb ne voulut pas trop anticiper en disant plus que cela. S’il avait bien entendu Lady Dacey Mormont se positionner en faveur d’un appui au Conflans et au Val, sa jeune sœur avait dû trépigner derrière la porte pour rajouter quelque chose elle-aussi, et il voulait lui laisser aujourd’hui la place de le faire …