the Queen, the Knight and... who is this girl ?

Code by Sleepy

The Queen, the Knight and the Rook
Delena, Galladon & Shedda

I saw the painting in my mind: the lovely fawn, blooming spring vibrant behind her. Standing before Death, shadows and terrors lurking over his shoulder. Light and dark, the space between their bodies a blend of the two.

L'étreinte de Dorca était plus ferme que ce à quoi elle se serait attendue mais lorsque cette dernière la relacha, les larmes aux yeux, Delena sentit à quel point son départ affectait la jeune femme. « Ne vous laissez point faire par Lady Rylène. » lui conseilla-t-elle à nouveau, consciente qu'en son absence, il n'y aurait plus de rempart entre la fragilité de sa belle-soeur et la langue acérée de sa belle-mère. Rylène se ferait alors un plaisir de se venger d'années de mise de côté et sans personne pour lui tenir tête, la vie de Dorca pourrait rapidement virer au cauchemar. « Vous êtes la dame de ce domaine, cette maison est la vôtre. Cela fait bien longtemps que l'autorité de mon père sur ce château est révolue et avec lui, l'influence qu'elle pouvait avoir. Voyez là simplement comme elle est : la grand-mère de vos petits enfants. » Dorca hocha la tête avec un reniflement peu gracieux qui arracha un sourire à Delena tandis qu'elle frottait une dernière fois son bras en une attitude réconfortante. Rylène avait été l'une des premières à faire constamment reproche de la naissance de fille dans le couple : Clarice, Ellery et Meredith avaient beau être adorées de leur famille, elles n'en demeuraient pas moins des femmes lorsque Triston avait besoin d'un fils. Derrière ses reproches, Delena avait perçu l'enthousiasme de Rylène tandis que son second fils conservait sa place d'héritier : elle pouvait ainsi s'en prendre à cette bru incapable tout en rappelant qu'elle avait su donner deux fils à Grenadier. Une attitude qui irritait profondément Delena qui n'était pas sans voir, en Dorca, un miroir de sa propre mère. Mais aujourd'hui, elle ne pourrait plus rien pour elle. Lorsqu'elle était revenue à Grenadier, vêtue de noire et amputée d'une partie d'elle même, elle n'aurait jamais pensé quitter ces murs à nouveau et pourtant, tandis que son regard se posait sur la cour et le cavalier qui vérifiait la selle de sa monture, elle eut un sourire. Les choses retrouvaient leurs justes places.  Tandis que la silhouette sombre revenait vers elle, Delena alla à sa rencontre, laissant Dorca retourner vers son mari. « Regretter de ? » lui demanda-t-elle avec humour. Regretter d'être veuve ? Regretter la solitude que son coeur connaissait depuis son départ ? Regretter d'enfin le retrouver ? « J'ai promis devant les dieux d'être à vos côtés jusqu'à la fin de mes jours : pendant des années je n'ai eu la possibilité de respecter ce voeu. Il est hors de question que vous repartiez d'ici tout seul. » assura-t-elle. Au delà de cette guerre, il y avait un autre combat qui se jouerait bientôt au sein de la maison Oldflowers et, au même titre que lui, elle était pleinement concernée.


Delena sentait les effets que ces dernières années avaient eut sur son corps : si elle avait toujours aimé chevaucher, il était des attitudes qui n'était guère acceptable pour une dame de sa condition et elle s'était contenter d'escorter Dorca dans des carrosses ou de demeurer à Grenadier. Si la distance n'était pas si lointaine, son postérieur, lui, lui rappelait qu'elle n'avait plus vingt ans. De fierté ou d'un désir de paraitre à son avantage, Delena n'en dit rien à son compagnon de voyage, se contentant de grimacer lorsqu'il avait le dos tourné et de masser ses lombaires de temps à autre en se jurant de se reprendre en main. En outre, il y avait des choses plus importantes qu'ils devaient discuter : tant d'années de séparation n'étaient pas sans conséquences et bien qu'elle ait décidé de repartir avec lui vers Herbeval, il demeurait de vives blessures qu'elle ne pourrait aborder avec lui qu'une fois éloigné de Grenadier. Ce n'était pas non plus des sujets qu'elle avait envie de partager dans l'inconfort de leur voyage tandis qu'ils se faisaient discrets tout en apprenant à revivre ensemble. Car malgré les années, Galladon avait gardé des habitudes que son épouse lui connaissait et si la plupart du temps, elle souriait, nostalgique, il était arrivé que les chamailleries reprennent comme s'ils s'étaient quitté la veille.

Ce fut tout aussi prise de nostalgie que Delena observa le portail d'Herbeval, les souvenirs d'une vie qui semblait appartenir à une autre revenant dans sa mémoire. Tant d'années passées ici, en tant que pupille de Lord Perceon bien avant que le jeune et nouveau seigneur des lieux ne vienne au monde. Herbeval. L'affection des De la Nouë ne s'était nullement étiolée avec les années, remarqua Delena : c'était bien ici que Galladon avait trouvé refuge en décidé de reprendre son nom. Glissant un regard vers lui, Delena remarqua la soudaine, mais subtile, distance qu'avait soudainement pris la monture du Oldflowers et ses sourcils se froncèrent légèrement sous l'incompréhension autant que par anticipation. Il y avait quelque chose ici qu'il ne lui avait pas dit et elle redoutait le pire. Son propre cheval s'arrêta dans la cour et Delena laissa un palefrenier l'aider à descendre avant de retirer ses gants. Son esprit, occupé à redécouvrir les murs autant qu'à garder son époux dans son champ de vision, ne s'intéressa que peu aux bleus qu'elle ne manquerait pas d'avoir, dès le lendemain, sur le postérieur. Elle se sentait épuisée. Epuisée par la route, épuisée par les émotions. Et n'aspirait, à présent, qu'à se reposer un peu, prendre un bain et comprendre ce qu'il se passait ici et comment ils se retrouvaient dans ce château à présent. « Vous savez, j'ai encore mal à la main de la dernière fois ... » fit remarquer Delena en désignant des phalanges encore rougies du coup qu'elle lui avait envoyé dans la figure quelques jours plus tôt. Guère bagarreuse, elle avait sans doute mal positionné ses doigts et bien qu'elle ne s'en était plainte, elle souffrait encore de ce choix, plus que discutable, l'ayant conduit à décorer le visage de celui qui n'était définitivement pas un fantôme. Elle allait poursuivre quand les lourdes portes de l'entrée principales s'ouvrirent, laissant sortir les résidents du château.

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