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[FB] A vivre au milieu des fantômes, on en devient un soi-même.

Melior Vouyvère
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Melior Vouyvère

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A vivre au milieu des fantômes, on en devient un soi-même.
Darkdell | An 284.

Elle était entrée sur la pointe des pieds. Melior avait entendu les gonds de la porte grincer. Juste quelques instants. Deux grincements. Un pour entrer, le second car elle avait pris le temps de refermer l’huis derrière sa petite silhouette. En d’autres circonstances, sans doute n’y aurait pas fait attention. Hélas, depuis la fin de la guerre, la jeune fille avait le sommeil léger. Si le camp qu’ils avaient soutenu n’était pas revenu perdant, Père n’était plus tout à fait le même. Lorent non plus. Personne n’était plus pareil. Même leur bastion lui semblait différent.


Elle venait de s’asseoir au bout de son lit. Melior avait sentit son poids se rajouter sur sa couche. Depuis la fin de la guerre, la jeune fille était habituée à recevoir ce visiteur particulier dans sa chambre. Une petite ombre craintive qui finissait toujours par trouver refuge ici, comme elle le ferait entre les racines d’un arbre pour échapper à une tempête. Et pourtant, Melior faisait mine de dormir. Peut-être que si elle faisait la comédie suffisamment longtemps, son invitée impromptue finirait par s’en aller. Ou peut-être pas. Ce n’était pas la première fois qu’elle essayait de la faire fuir de la sorte. Jusqu’à présent, toutes ses tentatives s’étaient soldées par des échecs.


« Il est tard Elissa… Il faut que tu retournes dormir. maugréa Melior, en rabattant sa couverture au-dessus de sa tête.
- J’y arrive pas. Le fantôme, il est toujours là. » lui répondit l’autre enfant.


Alors, l’aînée eut grand mal à retenir le soupir qui lui pendait aux lèvres. Un fantôme… Avant la guerre, la toute jeune Vouivre aurait pu se dire qu’Elissa passait trop de temps à lire des histoires effrayantes. Si seulement il ne pouvait s’agir que de cela. Il lui aurait suffit de raccompagner sa petite sœur dans sa chambre, de la rassurer une dernière fois en vérifiant avec elle qu’aucun fantôme ne se cachait dans sa chambre et elle aurait pu retourner dormir. Du haut de ses bientôt onze ans, sa sœur n’aurait été qu’une jeune fille avec une imagination trop fertile comme elle-même avait pu l’être par le passé.


Mais il ne s’agissait de rien de tout ça. Melior avait essayé de trouver des explications à Elissa pour masquer la terrible vérité. « Il ne s’agit que de l’air qui se glisse entre les pierres de nos murs. » ou encore « Rendors-toi, il fait tempête dehors, ce doit être ça que tu as entendu. ». L’hiver aidait en cela. L’aînée des deux sœurs savait cependant que sa fin était proche. Leur Mestre leur avait annoncé la bonne nouvelle il y a peu. Les beaux jours revenaient, et avec eux, les plantes tinctoriales que leur famille cultivaient.


Ce n’était plus qu’une question de lunes avant que leurs sous-sols ne soient remplis de nouvelles plantes et que les anciennes ne soient réduites en poudre afin d’être utilisées. Melior imaginait déjà les étoffes rouges comme du rubis ou d’un bleu violacé comme des myrtilles s’amonceler en leur demeure. En temps normal, la jeune fille se serait réjouie de tout cela. Hélas, la belle saison qui s’annonçait signifiait aussi qu’elle ne pourrait plus aussi aisément cacher la vérité à sa cadette.


« Bon… marmonna Melior, en rabaissant sa couverture avant de s’appuyer dans ses oreillers. Tu veux rester ici cette nuit ? Ça te rassurerait ? »


Melior n’eut guère besoin de répéter à deux fois cette invitation. Sans se faire prier, Elissa se précipita vers elle, se glissant à ses côtés. Elle tremblait ne put que noter son aînée. Comme une feuille même. Si Elissa fêterait bientôt son onzième anniversaire, sa sœur avait l’impression qu’elle n’en avait que sept ou huit actuellement. Melior s’abstint de tout commentaire, pourtant. Elle avait pu éviter cette discussion qu’elle craignait de plus en plus d’avoir. Pour cette fois, elle avait un peu de répit, oui. Alors, avec douceur, la jeune Vouivre remonta sa couverture, reposant sa tête à sa juste place avant de s’endormir. Elle trouverait une solution demain. Oui, demain, ce serait le mieux.

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Sûre est notre protection❞ Je suis la Vouivre en haut des remparts, la dame de ces noires murailles, la seigneuresse de ces vallons, la femme aux maintes couleurs et je veille.
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A vivre au milieu des fantômes, on en devient un soi-même.
Darkdell | An 284.

Melior avait retourné le problème plus d’une fois dans son esprit. Non pas que la présence d’Elissa la dérangeait. Non, ce n’était pas ça. C’était juste que… Que tout cela n’était pas normal. Cela faisait des années que sa cadette ne s’était pas comportée ainsi. Quelque chose clochait et Melior avait l’impression d’être la seule à s’en être aperçue. La jeune fille avait presque immédiatement abandonné l’idée d’en parler à son père. Lord Willem s’était fait bien plus ombrageux depuis qu’il avait remisé ses armes et porté son frère à elle au tombeau. Melior se souvenait de tout cela. Juste un paquet d’ossements cliquetant. C’était tout ce qui restait de son frère après que les Soeurs du Silence aient fait leur office. Sans trop comprendre pourquoi, la jeune fille avait plaqué ses mains sur les oreilles d’Elissa à ce moment. Peut-être cela avait-il eu une utilité. Peut-être pas. Au moins, cet abominable cliquetis ne la poursuivait pas dans ses rêves au même titre que les cris du « fantôme » de Darkdell.


Sa mère ? Melior avait essayé. Elle s’était confiée à elle, lui relatant le fait qu’Elissa venait soit dormir avec elle, soit la tirer du lit pour vérifier que rien ne se cachait sous son lit ou dans son armoire. Mère s’était alors étonnée que sa fille ne soit pas venue la voir elle, plutôt que sa sœur aînée. Melior n’en avait rien dit, se contentant alors de hausser les épaules. C’est que Père effrayait Elissa, depuis son retour. Dès lors, le déranger en pleine nuit ne pouvait que lui attirer davantage de craintes encore… Mère avait dit qu’elle essayerait d’arranger les choses et la jeune Vouivre avait abdiqué, n’en pouvant plus de cette discussion. Elissa viendrait encore la voir, elle le savait. Rien ni personne ne semblait pouvoir apaiser Lorent.


Lorent… Melior avait poussé un soupir rageur, à défaut de pouvoir crier comme elle en avait tant envie. Il y avait déjà bien assez de douleur de cette maison pour qu’elle ne souhaite pas en rajouter. Son frère n’était plus que l’ombre de lui-même depuis son retour de la guerre. Il n’était pas encore retourné chez les Costayne, le temps de se remettre de quelques légères blessures qu’il avait pu recevoir. Rien de bien grave. Sa cadette aurait juré qu’il était en grande forme, s’il n’y avait pas eu les cris. Elle avait essayé de lui parler. Pour passer un peu de temps avec lui avant son départ. Pour lui changer les idées.


Mais elle n’était pas Bertram et ne pourrait jamais le remplacer.


Lorent avait été en colère contre elle, la dernière fois qu’elle avait essayé de s’imposer de la sorte. Pourtant, elle n’avait pas cette prétention. Elle voulait juste passer du temps avec son frère… Son dernier frère... Il s’était excusé peu de temps après, se sentant visiblement coupable de ce comportement qu’il n’avait pu réfréner. Alors, Melior lui avait souri, lui assurant que ce n’était rien, que tout était déjà oublié. Elle avait été tellement surprise sur le moment qu’elle n’avait pas trouvé la force de répliquer comme elle aurait pu le faire. Ils s’étaient quittés ainsi, réconciliés mais pas forcément rapprochés. Ils étaient seuls mais chacun de leur côté. C’était… C’était vraiment étrange comme sentiment.


Il n’y avait personne à qui elle pouvait parler de ce problème. Personne qui ne voulait l’entendre, du moins. Elle avait l’impression d’être de trop. D’être celle qui rappelait de mauvais souvenirs à tout le monde. Personne ne voulait en parler à Dardkell. Elissa était trop jeune. Lorent était trop blessé. Père était… Père. Et Mère faisait de son mieux, tout comme Tante Clara. Ne restaient qu’Aladore et Oncle Andrew. Etant donné que leur Septa n’aimait pas la laisser seule avec l’écuyer de son oncle…


« Comme si Aladore allait me faire du mal… grommela Melior, tout en enfilant ses gants.
- Que dites-vous, ma nièce ?
- Oh, rien d’important mon Oncle ! Je disais juste que je ne comptais pas vous laisser me battre ! »


Andrew n’ajouta rien de plus, bien que sa nièce était persuadée de l’avoir vu sourire. Un sourire qu’elle aurait juré être amusé. Fière, la jeune fille décida de ne pas y prêter attention, passant devant son oncle afin de de saisir de l’arc qui lui était désormais réservé. Voilà une chose qu’elle pouvait maîtriser un tant soit peu. Cela lui ferait peut-être oublier ce fantôme qui finissait presque par l’effrayer, elle aussi.

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Darkdell | An 284.

Melior en avait mal aux doigts et aux bras, à force de se tenir de la sorte. Elle avait passé une partie de la matinée dans la cour, seule cette fois. Son oncle avait jugé qu’elle pouvait se débrouiller seule, bien qu’il passait entre deux de ses tâches pour s’assurer que tout allait bien. Quant aux gens de leur maisonnée, ils avaient appris à ne plus prêter attention à ses entraînements. Ils avaient eu plusieurs lunes pour s’y accoutumer et passaient désormais dans la cour sans même lever les yeux dans sa direction. Melior ne s’en plaignait pas. Elle ne recherchait la compagnie de personne, en ce jour. Une nouvelle fois, elle posa son arc contre le tréteau prévu à cet effet, se rapprochant de sa cible désormais criblée de flèches. Elle avait abandonné l’idée d’en viser le centre depuis un tour ou deux. A moins que cela ne soit le troisième où elle agissait de la sorte ? Elle en avait perdu le compte et se contentait de tirer sans réellement faire attention au reste.


Ils s’étaient disputés, ce matin. Plus fort que d’habitude. Melior ne s’était jamais disputée avec ses frères. Jamais. Chamaillée, oui. Disputer à en hurler, non. Lorent repartirait bientôt à Trois-Tours. Elle avait juste voulu passer un peu de temps avec lui. Hier, il lui avait semblé qu’il allait un peu mieux, qu’il pourrait réfléchir à cette idée. Qu’ils pourraient seller leurs montures et aller se promener quelque part. Ou même qu’il viendrait tirer à l’arc avec elle, peut-être ? N’importe quelle activité lui aurait convenu, pour peu qu’ils soient ensemble. Mais Lorent n’allait pas mieux. Il n’allait pas aussi bien qu’hier, lui avait hurlé de partir et l’avait bousculée avant de fermer la porte à son nez. Nez que la jeune Vouivre avait froncé, avant de crier contre cette porte qui n’y pouvait pas grand-chose.


Lorent ne lui avait même pas répondu. Avant de lui claquer la porte au nez, il lui avait dit qu’elle ne pourrait jamais remplacer Bertram. Encore. En réalité, il lui avait presque craché cette évidence au visage. Comme si elle le souhaitait ? Elle n’était plus une petite fille et savait que ce que l’Étranger prenait, nul ne pouvait le reprendre. Et pourtant, comme elle aurait aimé que ses deux frères soient toujours là… Elle ne rêvait que de ça, comme tout le monde ici. Mais Lorent n’avait rien voulu entendre. Alors, sa cadette avait ravalé ses larmes, de tristesse et de colère et avait terminé sa course ici, dans la cour intérieure de leur fortin. Elle s’était faufilée dans l’armurerie et personne n’avait osé lui poser de questions après cela.


« … Tu me laisses une petite place ? »


Melior sursauta. Elle était tout à sa tâche, remplissant à nouveau son carquois avec les flèches qu’elle venait de récupérer. Elle ne l’avait pas entendu arriver. Elle s’était attendue à croiser bien du monde. Leur Septa venue lui tirer les oreilles pour ne pas avoir été à l’heure à sa leçon. Oncle Andrew qui aurait voulu corriger sa position, rapprocher ou éloigner la cible. Leur Mestre alors qu’il se rendait à leur roukerie. Tout le monde mais pas lui. Pas Lorent. Cela faisait des jours qu’il n’était pas sortit au-delà du logis seigneurial. La jeune Vouivre n’en croyait pas ses yeux. Elle ouvrit la bouche, aucun mot n’en sortant. Alors, Melior secoua la tête, comme pour reprendre ses esprits. Elle n’avait pas envie de se disputer à nouveau avec lui. Ni maintenant, ni jamais.


« Chacun son tour ? » proposa timidement Melior.


Lorent acquiesça, se plaçant devant la cible, armant son arc. Sa sœur le regarda faire, sagement placée sur le côté. La flèche fut projetée à une vitesse impressionnante, percutant la paille et le tissu de plein fouet. Pas de doute, son frère avait bien plus d’entraînement qu’elle. Le projectile avait atteint le centre de la cible, vibrant dans l’air quelques instants après l’impact. Melior ne put s’empêcher d’applaudir, un grand sourire aux lèvres. Alors, à sa grande surprise, Lorent s’inclina maladroitement, avant de rire. Oui, il riait. Pour la première fois depuis longtemps, il riait. Jusqu’à la prochaine fois, il riait.

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Darkdell | An 284.

Darkdell grouillait. Dans un premier temps, Melior en avait presque eu la nausée. Cette scène, elle en avait déjà été l’actrice silencieuse. Les adultes disaient que la guerre ne durerait pas. Qu’ils seraient vite de retour. Et pourtant, une ambiance de plomb avait régné de leurs cryptes au sommet de leur tour. Les adieux s’étaient faits sans chaleur, sans effusions. On tremblait plus qu’on ne parlait. Les regards disaient tout. Crainte, peur et peine. Jusqu’à présent, la jeune fille avait pensé que tout cela ne l’avait pas réellement touchée. Après tout, elle était restée bien protégée derrière leurs hautes murailles. Et pourtant, le simple bruit des chevaux qu’on harnache, des gens se hélant pour une dernière étreinte avait suffit à lui rappeler tout cela…


Pourtant, nulle guerre ne flottait à l’horizon. C’était au départ de Lorent que tous et toutes se préparaient. Leur Mestre avait jugé son état suffisamment bon pour le voir s’en retourner à Trois-Tours. Melior n’avait pu retenir une moue à cette idée. Tout le monde avait-il oublié les cris, les disputes ? Les empoignades ? Les portes claquées à la volée ? Les cauchemars aussi ? Aucun cours de tir à l’arc ne pouvait effacer cela. Mère n’avait rien voulu entendre. Elissa était à nouveau venue à la rejoindre dans son lit, apeurée. Rien n’avait changé. Absolument rien. Tout le monde se plaisait à jouer cette pièce de théâtre dont ils étaient tous le dindon de la farce. Alors, Melior s’était tut. Elle s’était préparée, en silence, avait rejoint sa sœur et sa mère. Lorent était avec Père. Il était devenu l’héritier de leur maison et malgré son départ, le seigneur de ces lieux attendait déjà beaucoup de lui.


Mère avait fait en sorte de tenir un semblant de conversations avec elle. Son regard ne mentait pas, pourtant. Le départ de Lorent la peinait par dessus tout. Trois-Tours n’était qu’à quelques jours de trajet. Il n’en avait pas fallut beaucoup pour que le mentor de leur frère n’arrive. Le départ ne tarderait plus. La place de son aîné était à Trois-Tours et les Costayne souhaitaient l’avoir auprès d’eux, tout comme Aladore était désormais à sa place ici. Si la guerre avait rebattu certaines cartes, il y avait de ces choses qui ne changeaient jamais. D’ici une heure ou deux, un semblant de calme reviendrait.


Elissa n’aurait plus peur. Elle n’entendrait plus de fantômes. Les portes claqueraient moins. Darkdell s’endormirait presque, retombant dans cette torpeur que Melior connaissait bien. Un goût de quotidien. Après tout, cela faisait plusieurs années maintenant que Bertram et Lorent vivaient auprès des Shermer et des Costayne. Melior avait appris à vivre sans eux, répondant bien volontiers à leurs lettres et leur rendant visite par moments. Un quotidien au goût de cendres. Car seul Lorent repasserait les portes de leurs murailles. Silencieusement, la jeune Vouivre acheva son repas, demandant finalement à sa mère de quitter la table. Demande qui fut acceptée. Mère avait compris où elle comptait se rendre, Melior en était certaine.


Melior savait où elle pourrait le trouver. Lorent et elle n’étaient pas si différents, à ce sujet. Depuis la fin de la guerre, le bruit les insupportait et elle était certaine que jamais son frère ne quitterait sa chambre avant son départ. Si Père avait consentit à le laisser partir, elle le trouverait là-bas. La porte était entrouverte. Melior frappa une fois, entrant sans attendre de réponses de son frère. Lorent était assis non loin de sa fenêtre, sur un petit banc. Il observait la cour, en contrebas, se tordant les mains. Il ne l’avait pas entendue entrer. Il était trop absorbé par sa contemplation pour cela. La Vouyvère s’approcha, s’installant sur le banc à son tour. Lorent sursauta, lorsqu’elle prit ses mains dans les siennes.


« … Tu m’écriras, lorsque tu seras arrivé ? »

Lorent évita son regard mais acquiesça. Melior serra ses mains dans les siennes, avant de se lever. Il n’y aurait pas d’au revoir, pas d’adieux entre eux. Melior s’y refusait. Elle s’y refuserait encore et encore. Peut-être resterait-il, si elle agissait de la sorte. Peut-être pourrait-elle le retenir, le faire revenir même. Elle voulait y croire.


***

Trois-Tours, an 295, lune 3, semaine 1.


Il était partit.


Tout de noire vêtue, Melior serrait dans sa main cette maudite lettre. Ses phalanges en étaient blanchies. Leur Mestre avait tenu à ce qu’elle garde le lit encore un peu. Juste une journée de plus. Juste une heure de plus. Mais la Costayne n’avait pu s’y résoudre. « Lorent est parti. » Le mot était court, afin qu’un corbeau puisse le porter aisément. C’était l’écriture de sa mère, tremblante, ne pouvant se faire à la mort d’un autre de ses enfants. Une réelle froideur s’en dégageait. A force de lire ces trois petits mots, les yeux de la jeune femme lui brûlaient toujours plus. Lorent… Elle n’avait pu le retenir. Ni hier, ni aujourd’hui. Il était mort au moment où il avait posé le pied à Darkdell. Au moment où Bertram avait été déposé dans son cercueil. Dès lors, il  n’avait plus été qu’un fantôme des plus tristes. Elle n’avait jamais pu le soigner. Personne n’y était parvenu.


Il était parti avec sa petite Delena. Sa fille n’avait pas vécu. Sa première fille. Sa petite fille. Leur petite fille, à elle, à Aladore. Elle était belle, avec ses cheveux sombres. Elle avait inspiré et expiré dans un même temps. Lorent n’était pas parti seul. Il était venu lui dire au revoir, peut-être. Il avait emporté avec lui cette nièce qu’il n’aurait jamais pu connaître. Melior ne put retenir ses larmes, bien qu’elle les essuya bien vite. Pourquoi n’avait-elle pas pu les retenir tous les deux ? Pourquoi fallait-il qu’elle enterre un frère et une fille dans un temps si court ? Prise d’un nouveau sanglot, Melior s’appuya contre le meuble le plus proche. Ses yeux clairs, bouffis, se posèrent sur ses mains si pâles, crispées sur le bois. Un cri étouffé s’échappa de sa gorge. Un râle qui se répercuta sur les murs, qui devint finalement un murmure.


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