Our souls are mirror (Vaeranah/FB)

Our souls are mirror
Vaeranah & @Vaeron Antaryon

For 20 years, we've been together everyday. I always wanted to be there for him. He is my better half.

C'était le froid qui l'avait saisit en premier. Le froid des embruns marins, loin de la douce brise de fin de journée qui remontait du port lorsqu'elle rentrait au palais. Emmaillotée dans une cape, Vaeranah avait le sentiment de grelotter perpétuellement et ses doigts s'engourdissaient l'obligeant à serrer le poings pour y trouver un peu de chaleur. Elle n'avait que peu parlé depuis leur départ : voulant demeurer digne, elle était restée fidèle à elle même, droite et quasiment inexpressive tandis que la silhouette du colosse qui veillait sur le port s'éloignait doucement à l'horizon. La traversée en elle-même n'avait pas pris beaucoup de temps mais depuis que le capitaine était venu les informer qu'ils ne pourraient entrer dans le port de Goëville en raison du blocus qui s'y prolongeait, Vaeranah avait commencé à saisir que le voyage n'était pas qu'un séjour professionnel. Vaeron ne semblait guère surprit et la petite routine qui s'était installée sur le bateau démontrait à quel point elle n'était pas prête pour ce qui l'attendait. Loin de s'installer dans le confort d'une tour avec ses livres comme seuls compagnons, la blonde voyait le temps s'écouler lentement dans le clapotis des vagues et prenait conscience que cet aller pourrait bien être sans retour. Ce constat la secoua plus qu'elle ne l'aurait pensé : si elle n'avait jamais été l'enfant la plus démonstrative de la fratrie, l'idée de ne plus revoir sa mère, de ne pouvoir être présente si son père passait de vie à trépas, lui causa une profonde angoisse qui la maintint éveillée une partie de la nuit.

Lorsque le jour se leva, Vaeranah émergea difficilement des limbes du sommeil, revêtant sa robes par automatisme avant de s'enrouler dans sa cape et de quitter sa cabine, à la recherche d'air frais et de quoi manger. Vaeron ne semblait pas partager son trouble, si elle en jugeait pas l'attitude suffisante avec laquelle il se moqua gentiment d'elle, récoltant un regard noir tandis qu'elle passait devant lui la tête haute, drapée dans sa dignité « Putôt de l'immobilisme. » finit-elle par dire, frissonnant face à la brise marine fraiche et iodée qui fouetta son visage. « J'imaginais qu'avec un dragon, il serait plus facile de brûler ces quelques bateaux qui bouchent le port ... » confessa-t-elle. Elle était une banquière, non un marin et n'aspirait qu'à une chose : retrouver la terre ferme. Se retrouvait seule avec ses pensées ne lui réussissait guère et elle en venait presque à se demander si la décision qu'ils avaient prise, que leur père avait prise, était la bonne. Qu'avaient-ils à gagner avec un puiné supplanté par une ribambelle de neveux qui avait survécu à l'enfance ? Le remboursement de la dette des Sept Couronnes, siffla une voix dans sa tête : son devoir pour la banque, son devoir pour la famille, tout ce qui justifiait qu'elle ait été mise dans ce bateau sans grand espoir de revoir un jour les siens. Son coeur se serra et elle se rapprocha de Vaeron, posant une main sur son bras. Elle avait besoin de ce contact physique comme pour se rappeler qu'il était là, comme pour se rassurer de le savoir là, avec elle. « La vie d'aventurier des mers semble t'aller à merveille. » dit-elle avec un sourire en coin qui se voulait moqueur bien qu'elle soit incapable de faire preuve d'un tel sarcasme dans l'état où elle se trouvait. « Es-tu certain de redescendre avec moi sur la terre ferme ou dois-je m'attendre à ce que tu m'abandonne pour devenir corsaire ? » lui demanda-t-elle, une pointe d'inquiétude dans la voix.

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Vaeranah & @Vaeron Antaryon

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Le regard hétérochrome se posa sur l'aîné : voilà l'ampleur de leur différence. Vaeron voyait un rapport de force, une bataille, là où Vaeranah, elle, voyait un calcul, un jeu mathématique. La braavienne avait cette fâcheuse tendance à peser le pour et le contre pour tout, à mesurer les risques de chaque décision pour peser l'intérêt d'un investissement ou, au contraire, les conséquences d'un refus. Mais si au premier abord, cette façon de faire semblait intelligente et bienvenue, elle savait qu'elle était tout aussi victime de sa manière de fonctionner que Vaeron l'était de son impulsivité. Il agissait avant de réfléchir, elle réfléchissait sans réellement agir. Peut être était-ce la clé de leur réussite : ils se complétaient parfaitement dans leurs forces et leurs faiblesses au delà de l'attrait naturel qu'ils avaient l'un envers l'autre. « Tout brûler serait mettre à mal les ressources de son futur royaume. Je comprends ses raisons et sa prudence : tout ceci n'est que gâchis de ressources. » fit remarquer Vaeranah d'un air sombre. La flotte qui bloquait le port de Goëville était celle des familles du Détroit, une part non négligeable de la flotte royale, imaginait-elle, il y avait peut être intérêt à ne pas causer trop de dommage à ce qui serait bientôt sien. Des économies de temps et d'argent passaient parfois par des décisions étranges au yeux du commun : il fallait savoir perdre du temps pour en gagner. Mais Vaeranah n'accrochait pas entièrement à cette hypothèse : elle ignorait tout de son nouveau client, de ses projets et de sa manière de réfléchir. Si elle avait eut des échos de la visite du Grand Argentier du prétendant au trône, c'était peut être ce petit brun expert des chiffres le véritable cerveau de l'opération, auquel cas il lui serait compliqué de soutenir la retenue jusque là mentionnée. « Cependant, je me méfie, je suis certaine qu'il y a des choses que ce seigneur Baelish n'a pas dit à la Banque et que tous les espions de Père n'ont pu t'apporter. C'est un vaste continent que celui sur lequel nous nous préparons à débarquer. Qui sait ce qu'il y sur ces terres ... » admit la blonde tout en jetant un regard à l'horizon. Ils ne connaissaient un Westeros que théorique, celui des livres et des récit qu'en faisait marchands et visiteurs de passage. Leur voyage, lui, s'il était sans retour comme elle le soupçonnait, nécessiterait plus que ces informations de surface. Pour conquérir un royaume, il fallait savoir en apprécier les spécificités, les relations qui se jouaient entre les différents acteurs, que cela soit des rivalités anciennes ou des amours déçus. Et là, et seulement là, on pouvait espérer s'insinuer entre les alliés de toujours. Elle ne connaissait pourtant rien à la guerre, mais une bataille terrestre était, quelque part, semblable à une bataille financière. Ce combat n'avait rien de bien différent à ce qui l'opposait à ses rivaux de la banque ou aux autres organismes de prêt d'Essos.

Vaeranah caressa distraitement le bras de son frère. Il était son brasier dans l'obscurité, la seule personne qui lui permettait de ne pas s'effondrer, de ne pas voir se briser le masque implacable de sa personne pour ne laisser que la fillette apeurée. Tant qu'elle aurait Vaeron avec elle, elle pourrait bien affronter n'importe quoi. « Crois-tu que nous rentrerons un jour chez nous ? » lui demanda-t-elle avec une boule d'émotion au fond de la gorge. Reverraient-ils leurs parents ? Au delà de cette question se posait celle du sacrifice qu'ils faisaient en abandonnant leur vie de braaviens. Ils seraient toujours perçut comme des étrangers sur cet étrange continent : leurs cheveux auraient beaux ressembler à ceux de la royauté, leurs yeux les trahiraient immanquablement, et le léger accent qui chantaient tandis qu'ils abandonnaient le braavien pour la langue commune ne laissait planer aucun doute. « Je peine à imaginer finir mes jours sur cette étrange terre verte et surtout, j'ignore quel avenir nous y attend. A Braavos, nous avons une réputation, une famille, des alliés ... Ici ... » Elle soupira. L'inconnu était tout ce qu'elle détestait : le risque, l'imprévisible, la vulnérabilité. Pour quelqu'un d'aussi factuel que la dernière enfant de Ferrego Antaryon, c'était le danger dans son plus simple appareil. Un danger que Vaeron pouvait apprécier mais qu'elle n'était pas certaine de savoir gérer.  « Ici, nous n'avons que nous même. » dit-elle alors que sa prise sur le bras du trentenaire s'accentuait. Elle ne voulait pas le lâcher. Et pour rien au monde elle ne le ferait.

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Vaeranah & @Vaeron Antaryon

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Elle n'aurait pu jurer de rien et préservait son opinion pour plus tard, lorsqu'elle aurait pu parler avec ce prétendant au trône, lorsqu'elle aurait comprit quelle était sa vision et ses désirs. Vaeranah conservait cependant une grande confiance en la Banque : une même logique coulait dans leur esprit, une même ambition, celle de voir la Banque perdurer et pour cela chaque investissement était soigneusement examiné sous toutes les coutures avant que ne sois donné un quelconque accord. « Je l'ignore. Mais une part de moi l'espère : dans tous les cas, il sait s'entourer. Le dossier qui a été présenté aux pontes était d'une grande justesse, même moi je n'ai rien trouvé à redire. » répondit-elle. Une certaine impatience la prenait quand elle y pensait : l'idée d'enfin mettre un visage sur l'écriture délicate, d'entendre l'esprit partager ses réflexions suffisait à réveiller son envie d'arriver à Goëville le plus vite possible, malgré ce que cela signifiait vis a vis de sa vie passée. Elle se renfrogna, son nez se plissant légèrement tandis que Vaeron ne mâchait pas ses mots à propos du représentant du Prince Targaryen : il était évident que pour demander à la Banque de cesser de financer une couronne de plus de trois siècles au profit d'un prince déchu, il fallait du culot et sans doute quelque cadavres sous le tapis. Mais personne ne parvenaient aux marches les plus hautes sans se salir un peu la conscience et personne n'y restait sans se trouver éclaboussé d'une manière ou d'une autre. « [iIl n'y aurait rien de pire pour nous aujourd'hui que de faire une mauvaise mise.[/i] » constata la blonde avec un soupire. Au delà de la Banque il y avait leur avenir : si Ferrego les avait envoyé au loin pour les protéger de la Nuit de l'ascension du futur seigneur de la mer, Vaeranah se demandait si cette fuite ne leur couterait pas le reste de leur réputation dans la cité. Sans doute leur père avait-il pensé à tout, mais l'idée de rester sans plan de replis la mettait profondément mal à l'aise. Elle hocha la tête, regardant l'horizon brisé de montagnes et les nuances foncés d'une verdure lointaine. « J'envisage d'aborder ce sujet aussi vite que possible. Cependant, quelques rumeurs ont circulé jusqu'à Braavos ... Je suis certaine qu'elles ne te sont pas inconnues. ». On parlait de dragons, certes, mais aussi d'un hiver qui avait pris fin soudainement. On parlait de montagne dissimulant de l'or et de foret aussi vaste que Braavos elle même. On parlait d'une folie, tabou dérangeant, s'insinuant dans l'esprit de certains, de ville s'effondrant et de familles décimées. On parlait de la guerre dans sa plus grande laideur et du retour d'une magie qui s'était faite si rare qu'elle en devenait mythique.

« Un voyage sans retour. » murmura-t-elle plus pour elle même que pour lui. Sans doute le meilleur moyen d'envisager leur nouvelle vie loin du spectre de ce qu'elle avait été jusque là. Cependant, Vaeranah voulait garder espoir, croire qu'ils reviendraient auréolés d'une gloire certaine dans leur patrie bien aimée et que leur nom serait à jamais associé aux légendes braaviennes. Une idée utopique sans doute, si elle s'arrêtait à ce que Vaeron racontait. Son regard se fit plus dur tandis que les souvenirs de la nuit précédent l'élection de leur père lui revenait. Le chaos, la peur et l'incertitude. Si elle était née homme, si elle était née plus forte alors elle aurait pu défendre leur héritage et prétendre à bien plus qu'un rôle de représentante. « Puisse-tu avoir raison. Mais une chose est certaine, si l'avenir est aussi funeste que tu l'envisage dans la cité et que notre nouvel ami parvient à mettre ses plans en action ... » Elle pesa ses mots un instant, peu habituée à être à l'origine des menaces et, pire encore, à les penser du plus profond de son être. Une colère froide brulait dans ses yeux violets tandis que l'image des victimes de la dernière fois s'imposait à son esprit. Sur leurs visages se superposaient ceux de sa famille : sa mère, ses frères pourtant disparus depuis des années, ses cousins, tous demeurant dans le danger que ces soirées de non-droit octroyait une à deux fois par génération à la cité. « Alors je reviendrais et je réduirais tout ceux qui ont osé outrager notre nom en cendre. Avec toi à mes côtés, je pourrais tout faire, Vaeron. » Avec lui, et le soutien des Rogare, elle aurait pu prétendre à être plus que la cadette. Vaeron était un meneur d'homme mais elle doutait que le trône du Seigneur de la Mer l'intéresse. Elle, elle était certaine qu'ensemble, ils auraient pu le conquérir.

Elle attendit que sa rage intérieure retombe, se laissant bercer par les flots avant de changer de sujet. « Et toi ? Qu'envisages-tu de faire une fois que nous serons arrivés à destination ? » demanda-t-elle, ses yeux se plissant légèrement face à la luminosité du ciel. Elle connaissait les élans de son frère pour les tavernes et autres divertissement discutables mais doutait que ce fut approprié à la discrétion qui était de mise. Plus encore, Vaeranah se demandait s'il n'avait pas d'autre motivation pour l'avoir suivi dans ce qui paraissait être l'autre bout du monde pour eux, si attaché aux privilèges braaviens de la bourgeoisie dont ils étaient issus.