buried secrets (vaeranah)

An 304, lune 11
Braavos



Il n'est de plus grand plaisir que de recevoir enfin de tes nouvelles, brisant ainsi la routine monotone de ces derniers jours. Braavos est égale à elle même, semblable à celle que tu as connu : un fourmillement de peuples et de cultures, un troc incessant de bien et d'argent. Il est certain que les choses sont bien plus calme ici pour nous que pour toi sur Westeros.

Les échos qui nous parviennent des évènements sur le continent font frémir certains grands pontes de la cité qui craignent de voir la guerre arriver jusqu'à nous sous formes de vague de réfugiés : ils craignent pour l'équilibre de la ville et son harmonie si, dans leurs bagages, ils ramenaient des complots et du conflit de Westeros. Père a déjà pris position sur la question, assurant que Braavos n'avait jamais été une terre d'exil ou d'asile et qu'il y avait peu de chance pour qu'une vague d'immigré ne viennent perturber la cité. Pour ma part, je ne pense pas que nous verrons d'occidentaux se risquer par chez nous, mais tu connais les rumeurs : elles se propagent vite et prennent de l'ampleur et je soupçonne que la plupart des bourgeois n'ont rien d'autre à faire que de discuter d'une question déjà tranchée pour occuper leur temps.
J'imagine que les choses ne sont pas bien différentes dans cette cour que tu sers ? Au final, ces rassemblements ont des fins similaires bien que les mots et les intérêts peuvent diverger.

Je me dois cependant de t'avertir : avec le début du conflit, ta mère semble particulièrement s'inquiéter de ton bien être. J'ai eu une entrevue avec Dilanea l'autre jour et elle ne cachait pas son agacement face à la manière dont Elyana guettait les nouvelles de Westeros : j'ose espérer que tu lui écris aussi un peu de temps en temps ?

De mon côté, les choses sont paisibles sans l'être : je ne peux, évidement, guère te parler des affaires de la banque, mais de ce côté tout se passe à merveille. J'ai hérité de quelques dossiers important et malgré la détermination de Syridos Ostys à me faire passer pour une incapable je garde malgré tout des responsabilités de gestion qui me conviennent. Mes inquiétudes se porte d'avantage sur ma famille. Ma mère n'est plus la même depuis la mort de Vidar et bien qu'elle semble avoir enfin fait son deuil, elle agit toujours de manière extrême en s'investissant dans tout un tas de choses jusqu'à l'épuisement. Ces derniers temps il s'agit de mon père et d'ailleurs de ma principale inquiétude. Mon père est gravement malade et nous ignorons s'il parviendra à se rétablir. Qarro fait ce qu'il peut pour écourter les entrevues, soutenir sa faiblesse physique mais il est certains que dans l'ombre, les familles se prépare déjà au chaos qui suivra son trépas. Je crains qu'aucun Antaryon ne participe à cette éléction : Vaeron est ... Vaeron et je doute qu'il ait l'ambition politique de notre père.

J'en viens à comprendre les désirs de voir se mettre en place un titre héréditaire que certains peuvent avoir ... Bien que je ne souhaite nullement voir notre cité dépouillée de ce qui fait son essence, les  barbaries qui ont lieu entre le règne de deux seigneurs de la mer sont absolument scandaleuse.
Je ne te souhaite pas de découvrir ce qu'est la transition entre deux rois.

Prends soi de toi, Ryam,
Même si cela signifie rentrer chez toi, à Braavos.

Avec toute mon amitié,

An 304, lune 12
Braavos


Je crains que mes lettre ne se fassent moins régulières, j'espère que tu me pardonneras. Une certaine affaire requiert toute mon attention et va nécessiter que je quitte Braavos quelques temps mais ne te fais pas de soucis, ma mère se chargera de me faire suivre mon courrier le temps que je prenne mes nouvelles habitudes. J'imagine qu'il est de bon augure que la Banque me confie une telle mission et me sorte de mes habitudes de sédentaire mais j'appréhende tout de même la tâche qui me sera confiée. C'est la première fois que je m'apprête à partir pour des raisons professionnelle et plus longtemps que quelques jours. Je me demande si tu appréhendais ton départ pour Westeros, mais j'imagine que c'est une chose de quitter Braavos enfant, s'en est une autre de la quitter à l'âge adulte.

Je pourrais passer des heures à te décrire le parfum iodé du port, les cris des marchands ambulants et la vision que l'on peut avoir du titan depuis la fenêtre du palais de la mer, mais rien ne sera jamais à la hauteur d'apprécier tout cela soit même. J'espère qu'il te sera donné de pouvoir rentrer, ne serait-ce que pour voir ta famille, et j'espère que je serai là. Alors que je m'apprête à partir, la ville ne m'a jamais semblé aussi belle : ses architectures parfois chaotiques revêtent un charme tout particulier et je doute qu'on puisse connaître d'autre telles concentrations de culture ailleurs dans ce monde. Vaeron semble aussi peu enchanté que moi à partir : c'est cependant devenue une nécessité. Depuis l'accession de mon père au trône des seigneurs de la mer, il est constamment la cible d'attaque et si officiellement il m'accompagne en tant qu'héritier Antaryon et protecteur, je crains que Père ait d'autres aspirations pour nous. Il m'est venu en tête que ce départ pourrait être totalement l'oeuvre de mon père dont la santé continue de décliner. Nous savons tous deux ce qu'implique le décès d'un seigneur de la mer et j'imagine qu'il craint pour nous. Mère pourra toujours trouver refuge chez les Rogare, mais tu connais Vaeron et son tempérament, rien ne le retiendrait de se jeter dans la mêlée et de ne jamais en revenir.

Je crains de n'être la missive la plus heureuse que tu recevras, je crois que j'ai déjà le mal du pays. Finalement peut être que ces guerres sont inévitables et coulent dans les veines des hommes : que ce soit pour un royaume ou pour une cité, il semblerait que la violence est le seul remède que notre ère connaisse.

Vīlībāzma ajomemēbza, yn aderī, mōrī, aōt māzīli se hēnkirī īlvi biarvī manaerili*.

An 304, lune 13
Braavos



Je regrette de ne pouvoir t'en dire plus mais il est des secrets que la Banque préfère garder pour elle et je ne suis que son humble servante. En outre, je soupçonne mon père de nous avoir éloigné de Braavos alors que sa santé n'a jamais été aussi critique que le jour de notre départ. J'ignore combien de temps il lui reste, s'il s'en remettra ou s'il rejoindra ses ancêtres prochainement mais j'imagine sans mal que le chaos prendra bientôt possession de notre si chère cité. Je me souviens de la dernière élection. Bien que je n'étais encore qu'une jeune fille à peine sortie de l'enfance, les cris qui résonnèrent durant ces quelques jours hantent encore mon esprit et, depuis peu, à nouveau mes rêves. Père devait craindre que Vaeron n'y survive pas cette fois. Et sans Vaeron, sans le soutien de Père, j'ignore ce qu'il adviendrait de moi hors des murs de la Banque. L'ambition des hommes est si féroce, cher cousin, j'ignore comment l'on peut encore se demander pourquoi j'y préfère la compagnie des chiffres et des sciences.

Mais je sais que mes préoccupations sont aussi les tiennes à deux niveaux. Je ne doute pas que les Prestayn sachent se mettre à l'abris des violences qui ne manqueront pas d'avoir lieu lorsque le jour viendra : il se pourrait même que ma tante encourage les tiens à s'éloigner de la ville quelques temps, ne serait-ce que pour la sécurité de tes neveux. En revanche, le combat qui fait rage en Westeros est une bataille dans laquelle j'espère ne pas te perdre.

De la même manière que Père m'a envoyé au loin, je ne doute pas que cette Couronne éloignera ses membres les plus fragiles lorsque le temps viendra et je prie pour que tu suive cette décision sans discuter et que tu ne risque pas ta vie dans un combat qui ne nous concerne pas.

Ryam, je prie de tout coeur pour que nous rentrions chez nous épargné par le chagrin et la perte, mais plus que tout, j'espère que nous retrouverons les jours heureux de notre passé. L'enfant qui a quitté Braavos n'est plus l'homme qui m'écrit aujourd'hui, mais ton amour pour notre cité me rappelle combien elle me manque à moi aussi. Malgré tout ce qui nous sépare, aujourd'hui comme demain, sache que tu restera toujours mon bienaimé cousin.

Bien trop sentimentalement mais sans doute le fruit du mal du pays,

An 305, lune 1, semaine 3



Je regrette que les secrets obscurcissent notre relation. Nous avons toujours été de grands amis et cela m'est difficile de avoir que je fais, même involontairement, ton chagrin. Le temps nous prouve malheureusement que la famille n'a jamais été l'entité unie que nous vendent les contes et les histoires. J'admire la confiance et l'image que tu as de mon père, mais tu aurais tort de penser qu'il ne fait cela que pour nous : depuis ma plus tendre enfance j'ai souvenir de son regard sur moi et si mes calculs concernent exclusivement la finance, les siens vont bien au delà. Sans mon grand oncle et mon travail à la banque, cela ferait bien longtemps qu'il m'aurait donné à un homme de Lys ou à un adversaire politique pour peu que ça lui rapporte quelque chose.  Qu'on lui survive reste sans doute sa priorité, et plus encore depuis la mort de Vidar, cependant, je n'ai aucune confiance dans sa soudaine sentimentalité. Malheureusement, Vaeron est encore plein de mystère à mon endroit et si je ne doute pas qu'il finira par lâcher le morceau, je m'inquiète que cela ne finisse également par nous séparer tout comme toi et moi finirons inévitablement par l'être. Quelques mots pour finir de détruire le peu de famille qu'il me reste.

Par chance, je n'ai guère le temps de m'appesantir sur cette idée. Au delà des fonctions qui sont miennes, je m'emploie à apprendre les us et coutumes de ma nouvelle maison. Je ne pensais pas que la théorie pouvait être aussi éloignée de la pratique : je me trouve dans cette étrange entre deux où je connais la réponse sans parvenir à la mettre en pratique et j'ignore si cela éveille plus mon intérêt ou mon agacement.

Tes mots m'inquiète. Es-tu certain de défendre le bon camp, Ryam ? Es-tu sur d'avoir mis ton épée au service de la bonne personne ? J'espère que ce que nous faisons n'est pas vain mais quelque chose me dit que les jours qui viennent apporterons leurs premières réponses mais je crains que ces derniers n'apportent dans leur sillage que la déception et la fin de notre innocence. Tu es un homme d'honneur et je le sais, mais il n'y aurait rien de déshonorant à t'éloigner de tout cela pour rentrer à la maison et retrouver le bonheur de serrer les tiens contre toi. Ne désires-tu pas prendre femme et avoir des enfants comme ton frère a pu le faire ? Ne veux-tu pas vivre assez vieux pour raconter ce que tu as pu voir sur Westeros à tes petits-enfants ? Ne meurs pas dans une guerre qui n'est pas la tienne, cousin, je ne te le pardonnerai jamais.

Avec toute mon amitié,

An 305, lune 2, semaine 4



J'imagine sans mal que les temps doivent être compliqué pour toi en ce moment : les conséquences de choix qui ne nous appartiennent pas finissent par laisser leur marque sur les gens que nous aimons. Je suis navrée d'apprendre qu'un des membres de cette nouvelle famille que tu t'es créer n'a su échapper au funeste destin qui a emporté une partie des hommes présent dans la Baie des Crabes il y a peu. De plus, en tant qu'étrangers, il m'est aisé de deviner que ton deuil doit être difficile à faire : il n'est jamais simple de pleurer la famille du coeur lorsque les liens du sang prime autant et plus encore lorsqu'il n'y a pas de réelles funérailles.

Je te présente mes sincère condoléances pour ta perte, Ryam.
Je ne m'étendrais pas en louange sur un homme que je ne connaissais pas, cela ne me ressemble guère et je pense que ce ne serait pas de bon gout, mais j'imagine que s'il était important à tes yeux, cela doit être douloureux de ton côté.
Je suis heureuse que tu n'ai pas été sur ces bateaux. Même si je regrette que tu ne choisisse pas de rentrer à Braavos, auprès des tiens, j'imagine que je peux être rassurée de te savoir loin des premières lignes. J'ignore si ce conflit perdurera après cette débacle : peut on réellement considérer qu'il y a une victoire lorsque les deux partis sont aussi malmené ?

J'ignore combien de temps nous pourrons encore converser ainsi. Mais si cette lettre devait être la dernière, sache que je reste fidèle à ma pensée initiale. Tu es un Prestayn, tu as tout ce qu'il faut pour devenir une Première Epée ou un notable de notre cité. Je m'en voudrais de ne pas avoir su te persuadé de rentrer avant qu'il ne soit trop tard.

Prends soin de toi, mon cher parent.

An 305, lune 5, semaine 1



Ce n'est pas à toi que je vais apprendre qu'il vaut mieux, parfois, ne pas savoir certaines choses. Pour ta sécurité comme pour la mienne, je me permettrais de ne pas répondre à une question dont je suis certaine que la réponse ne t'apporterai ni soulagement, ni avancement. Car il me semble désormais inévitable que mes missives soient lues par l'intégralité de ce Donjon Rouge que tu semble tant aimer, surtout si tu as d'ors et déjà fait part de tes doutes à ton entourage.

Ne me forces pas à devenir ton ennemie, Ryam.
Nous partageons le sang des fondateurs de Braavos, nous appartenons tous à la même famille. Je ne te forcerai pas à choisir entre nous et eux comme ils ne manqueront sans doute pas de le faire de leurs côtés mais tout ceci en vaut-il vraiment la peine ? Ne souhaites-tu pas retrouver ta soeur et tes parents plutôt que de surveiller les allers et venues de têtes couronnées pour qui tu demeureras à jamais quantité négligeable ?

Toi qui voulait tant fonder une famille, veiller sur tes propres enfants, envisages-tu d'épouser une westerosi pour t'accrocher ainsi à ce continent ? Sur ce point, il semblerait que je te devance, pour une fois. Voilà la seule et unique nouvelle que tu auras de moi, car je ne peux la partager à quiconque d'autre, pas même à mes parents. Voilà, peut être, les dernières lignes que nous échangerons jamais. J'attends un enfant. Cela ne se voit pas encore bien que je peine à garder le contenu de mon estomac à sa juste place. Et dans ces étranges changements qui bouleverse mon existence je suis seule. Seule comme tu dois l'être si loin des tiens, alors plus qu'aucun autre, je peux comprendre. Sache que rien ne t'oblige à rester seul. Rien ne t'oblige à tourner le dos à ta famille, à tes amis et à la cité que tu porte dans tes gênes.

Mais peut être sommes nous trop engagés dans nos voies respectives pour faire marche arrière ?