Défaite de famille (Robar/FB)

I’ll have that. A family that laughs—and millions of little lights in the trees. |  @Andar Royce

Un soleil nouveau se leva pour Robar. Il n'était pas plus brillant, plus beau ou plus chaud que les précédents mais lorsqu'il ouvrit les yeux, lorsque le ciel bleu de cette matinée s'offrit à son regard, il ressenti une allégresse qu'il n'avait plus vécu depuis bien longtemps. Même si la chose était actée depuis plusieurs jours, il réalisait seulement maintenant l'impact que cela allait avoir sur sa vie. Plus rien ne le reliait à Rhaenys. Plus rien ne les obligeaient à se revoir. Plus rien hormis les rares histoires, consignées dans des registres, pour témoigner qu'ils y avait eut trois années durant lesquelles ils avaient été mariés. Une page se tournait définitivement sur cette époque de sa vie, emportant ses tourments avec elle. Ses tourments et une part de son existence qui disparaissait dans les volutes de ses souvenirs. Rhaenys était ce que son père avait laissé derrière lui, une alliance conclue suite à sa disparition. Son mariage avait été l'entrée dans un âge de raison, un changement profond au coeur de son être transformant le jeune homme fougueux et indiscipliné qu'il était, lui faisant prendre conscience de l'importance des serments autant que de la cruauté de la trahison. A présent, il était libre. Libre de prendre une nouvelle femme. Libre de tourner le dos aux Targaryen. Libre de vivre sa vie comme il l'entendait. Le Robar qu'il avait été avant elle ne reviendrait cependant jamais, il le savait. Brisé par ce mariage, étouffé par ses obligations, anéantis par la mort de son fils, cette union avait été une leçon. Cette union, malgré tout, l'avait fait grandir. Il s'éveilla auprès de Maddy ce matin là, ses boucles rousses réchauffant ce soleil nouveau. Elle avait été la première qu'il avait été voir en rentrant dans le Val, chevauchant à brides abattues pour rentrer à Roches-aux-Runes à peine le pied posé dans le port de Goëville. Et maintenant, il redevenait un membre de la maison Royce. Et maintenant, il devait rendre des comptes à son seigneur.

La maison où vivait Maddy n'était pas très loin du château et sur la route qui le ramenait de la modeste bâtisse, il se demanda s'il n'était pas temps, à présent, de faire quelque chose pour cela. Il comprendrait qu'elle souhaite conserver son indépendance, mais sa place était au château, la place de Rosenn était auprès de lui, et il voulait être présent pour cet enfant qu'elle lui avait confié, la veille, attendre. C'était une chance. Une chance de tout reprendre à zéro, d'être aussi présent pour ce bébé qu'il avait été absent pour le premier. Une chance de tout recommencer.

Fort de ce nouveau regard sur le monde, Robar arriva dans les couloirs familiers de Roches-aux-Runes. Encore quelques temps auparavant, il en frissonnait à la pensée que le souvenir de Rhaenys hantait la demeure de son enfance, mais à présent, c'était avec légèreté qu'il repensait à cette époque, ne songeant qu'aux fantôme de Waymar et Ysilla se courant après dans les couloirs, aux étreinte à demi caché qu'il échangeait avec Maddy ou à la bienveillance qui se lisait dans le regard de son père le jour où il quitta son château pour ne plus jamais y revenir. Il savait que cette sensation était passagère, résultant de son soulagement à l'idée d'être enfin libéré, mais il ne pouvait qu'apprécier le renouveau qui s'emparait de lui, ouvrant sur son avenir un tas de possibilité qui lui semblaient, jusque là, inaccessibles. Sa chambre, elle même, semblait avoir été vidé de toute la présence que la princesse avait pu y laisser. Il retrouva Andar peu après tandis qu'il se rendait à son bureau en passant par l'extérieur.  « Vieux ? J'avais pourtant l'impression de n'être partis que quelques semaines. » dit-il d'un ton moqueur tout en donnant une franche accolade à son frère aîné. Il était heureux de revoir Andar, heureux de constater qu'il l'avait attendu, soutenant à distance son entreprise. « Je m'étonne que tu n'ai pas eu de nouvelles de la capitale. A vrai dire, j'ai cru que ça n'en finirait jamais mais finalement le concile à approuver l'annulation du mariage ! J'ai quitté Port-Réal en homme libre, mon frère. » annonça-t-il d'un ton enjoué, peu enclin à faire durer la surprise.

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Prenant une moue faussement boudeuse, Robar rétorqua « Est-ce ta manière de me dire que je suis profondément ennuyeux ? Tu dois bien être le seul à faire un tel état de ma compagnie. » Un sourire en coin se dessina sur les lèvres du blond tandis que l'évident sous-entendu ne s'adressait pas tant à la compagnie qu'il offrait à son frère mais bien à d'autre personnes dont la fréquentation avait forgé sa réputation. Il songeait à son échangé de la veille avec Maddy : non il n'était pas un prince charmant, un chevalier blanc ou n'importe quelle figure héroïque et romantique. Il n'était même pas sur de pouvoir être qualifié "d'homme bien" mais le respect des serments et la voie qu'il avait suivi jusque là ne lui avait guère apporté que des ennuis et des déceptions. Désormais, il vivrait comme il l'entendait, même si cela risquait de lui valoir quelques regard emplis de déceptions.

Néanmoins, le blond abandonna son sourire tandis qu'Andar entrait dans le vif du sujet : la raison de son absence et les conséquences de son séjour à Port-Réal. Un soulagement pour le chevalier, et quelque part pour son seigneur, mais une décision lourde pour le nom et le fief. « Je suis navré que ça n'est pas fonctionné Andar. Je sais que cette alliance était importante pour Roches-aux-Runes. » répondit Robar. Il voulait s'en vouloir mais au fond de lui, il ne parvenait à réellement regretter la sortie définitive de Rhaenys de son existence et il se savait trop irresponsable pour mesure l'impact que cela aurait sur la famille. Le blond secoua la tête à la mention du concile. Rien n'était simple et malgré son assurance, Robar ne s'était attendu à se retrouver face à cette réunion de grands religieux des Sept Couronnes. La grossesse de Rhaenys ne permettait pas une annulation pour non consommation du mariage ainsi, l'intervention seule du Grand Septon ne suffisait pas et Rhaegar mettait trop de mauvaise volonté à accéder à leur demande pour s'en charger par décret royal. « Cela ne s'est pas fait sans entacher quelqu'un ...En théorie. » rectifia le chevalier avec un soupire. Cette affaire durait depuis si longtemps et ils étaient tous deux d'accord pour aller jusqu'au bout, quoi qu'il en coute. Ses quelques échanges avec sa grand-mère, Anya Vanbois, avait assuré le jeune homme du soutien de Chênes-en-Fer s'il en était besoin. Un soutien officiel et politique mais possiblement et plus secrètement financier au besoin. Une proposition qui avait touché le jeune homme, au courant que les multiples dots des filles Vanbois avaient considérablement allégé les finances de la famille. A son grand soulagement, le concile n'avait pas eu besoin qu'on lui graisse la patte ou si pot-de-vin il y avait eut, c'était la maison royale qui s'était chargé de satisfaire l'avidité des religieux. « Rhaenys avait raison, le plus compliqué était de convaincre son père de lancer la procédure. Rhaegar s'attachait à ce mariage comme s'il s'agissait du sien. Mais elle avait déjà fait le gros du travail quand je suis arrivé : le Concile avait déjà été convoqué par le Grand Septon. » rappela Robar : depuis leur dernière entrevue aux Portes de la Lune, la princesse avait tenu sa parole de convaincre son royal paternel de la nécessité d'officialiser cette séparation. Anya Vanbois avait suggérer qu'il la répudie si le roi refusait d'envisager l'intervention de la Foi et Robar était heureux de n'avoir eut à prendre cette voie, convaincu que les choses ne se seraient pas si bien terminé s'il avait humilié une princesse de la sorte. « Ils étaient effectivement frileux à annuler une "union faite devant les dieux" mais elle a su les convaincre. » se contenta-t-il de dire, épargnant à son frère les diverses convocations qu'ils avaient reçu afin de témoigner devant les hommes de foi. « Face une femme qui refuse d'accomplir son devoir, ils n'ont pas hésité longtemps. Je me suis même demandé s'ils n'allaient pas exiger qu'elle parte chez les septa mais j'imagine qu'être la fille du Roi évite ce genre de punition. » commenta le blond avec un rire sans joie. En vérité, il se moquait bien de la suite et n'attendait pas particulièrement d'action envers celle qui avait partagé sa vie pendant trois ans. Il n'attendait pas à ce qu'elle finisse dans un matristère ou que le concile la condamne à quoi que ce soit -et surtout pas à revenir à Roches-aux-Runes- il voulait juste que son enfer se termine, qu'ils puissent enfin envisager l'avenir l'un sans l'autre. En cela, elle avait été exemplaire, n'hésitant pas à dévoiler un visage presque capricieux tandis que dans les rares moments où ils avaient été dans la même pièce au moment de témoigner, elle affirmait qu'elle ne rentrerait pas. Qu'importe ce que les vieux hommes en pensait, elle avait maintenu son opinion jusqu'au bout et cela avait été payant. Une ombre passa dans le regard de Robar. « Je n'obtiendrai jamais justice pour l'enfant ou pour la sale réputation que mon départ de Port-Réal à causer mais au moins j'en suis débarrassé. C'est déjà ça. » Et il saurait s'en contenter. Il n'avait pas d'intention de se remarier, mais il était encore trop tôt pour discuter de cela avec Andar, aussi aurait-il pu vivre loin d'une épouse mais à présent, il était libre de faire ce qui lui chantait sans crainte d'entendre le chuchotement du prénom de sa femme dans les bouches des spectateurs. Qu'importe qu'il ait une concubine et des bâtards, qu'importe qu'il collectionne les maîtresse ou quitte le domicile plusieurs jours sans donner signe de vie. Il était libre. « Bien sur, ses paroles auront des conséquences : il me parait compliqué d'imaginer qu'elle puisse se remarier prochainement mais je pense que le seul homme qu'elle veut comme époux se fiche bien de cela, au contraire. Dans un sens, elle sera peut être pointé du doigt par les dames de la Cour, mais elle reste gagnante. » ajouta Robar en haussant les épaules. Peut être même en avait-elle conscience au moment où elle avait affirmé qu'elle ne remplirait pas plus ses devoirs conjugaux demain que la veille. Les ennuis étaient plutôt pour la maison Targaryen, pour la famille royale dont elle se montrait peu solidaire. Mais ce n'était plus son problème. Et tandis qu'il en prenait conscience, la nouvelle dont Maddy lui avait fait part la veille au soir lui revint en mémoire, arrachant un sourire.

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Venant d'un autre, Robar aurait sans doute pris ombrage de la remarque mais il se contenta d'afficher un sourire suffisant. « T'inquièterais-tu pour ma tête ? » demanda-t-il avec un amusement qu'il ne ressentait qu'à moitié. Ce qui arrivait. Rien n'était plus incertain que ce qui arrivait et Robar aurait été bien sot de croire que tout se passerait sans encombre. Une guerre ne manquerait pas d'éclater et si le jeune homme qu'il avait été aurait été stupidement impatient de voir un tel conflit secouer sa morne existence et son désir de gloire et de victoire, l'homme qu'il était s'inquiétait pour leur survie à tous. Depuis Winterfell, Robar n'était plus sur de rien, sa vision de la vie et de la mort avait été chamboulée amenant à la terrible interrogation qui remettait tout en question : s'ils avaient tort sur ça, alors sur quoi d'autre ? Il n'était pas certain d'avoir envie de songer à Rhaegar Targaryen, à sa descendance, et la masse de prioblème qui ne manqueraient pas d'arriver lorsque son frère chercherait à prendre sa part du gâteau. Libéré de cette famille maudite, Robar voulait juste savourer sa liberté retrouvée, l'océan des possibles qui s'ouvrait de nouveau sans qu'il n'ait à prendre en compte son illustre épouse. Mais la journée qu'il passerait sans qu'on lui mentionne sa dragonne -rectification, son ex dragonne- n'était pas pour aujourd'hui.  « Je crois qu'il est de notoriété publique que nous ne nous supportons pas : le pire que pour nous faire la maison Targaryen serait de revenir sur la décision du concile et de me forcer à être dans la même pièce qu'elle à nouveau. » Pour un émissaire, éviter Port-Réal ne serait pas possible mais la salle du trône était assez grande pour qu'ils ne se croisent plus que nécessaire et le Val avait bien assez à faire pour qu'il le quitte de si tôt. Il peinait encore à réaliser. Malgré les deux ans qu'ils venaient de passer séparés, plus que mariés en vérité, il peinait à réaliser qu'il ne la reverrait plus, qu'il pouvait respirer sans craindre les retombées de ses choix, sans être constamment associé à elle. L'idée d'être salué de nouveau en tant que Robar Royce et non en tant qu'époux de la princesse Rhaenys était sans doute ce dont il avait le plus hâte.

La frustration d'Andar fit écho à la sienne : s'il était content de constater qu'elle avait tenu sa promesse, mettant sa réputation en jeu pour obtenir ce qu'elle voulait, il savait que son statut la plaçait au dessus de bien des lois du commun de la noblesse. L'aristocratie aimait se tirer dans les pattes pour oublier les tares des plus grands, des intouchables dont les rumeurs finissaient par se tarir pour disparaitre derrière un voile d'hypocrisie. « Je préfère en rester là ... Nous avons eu ce que nous voulions, je suis libre de ne plus jamais la revoir et je saurai m'en contenter. » Il le devrait. Il n'avait pas le choix. Que pouvait-il faire de plus ? Ruiner le reste de réputation qu'il avait en propageant une vérité à laquelle le royaume pourrait ne pas croire ? Cela ne ferait qu'attirer la colère d'un roi, visiblement déjà bien dérangé, sur Roche-aux-Runes. « Je crains ce que je pourrais désirer si ma colère prend le dessus. Nous voilà avec un démon chacun avec lequel vivre, mon frère. Mais tout comme toi, si je veux espérer pouvoir vivre en paix, je dois accepter l'idée que j'obtiendrais pas plus. » finit-il par dire avec un sourire triste. Il se demandait souvent ce qui serait advenu si Yohn Royce ne s'était pas interposé entre ce sanglier et l'héritier du trône, si son père avait vécu et qu'on ne lui avait pas offert la main de Rhaenys. Aurait-il été marié malgré tout ? Serait-il resté le même ? « Peut être que le rôle d'émissaire ne me convient pas tant que cela finalement ... Car si je la croise ... » Ses doigts se serrèrent dans le creux de sa main, son poing fermement posé sur l'accoudoir. Maintenant que leur alliance était parvenue à son but, ils n'avaient plus de raison de se contacter, de se voir, de se fréquenter. C'était pour le mieux, mais il n'était pas certain que les relations soient aussi simple à l'avenir. Il lui faudrait apprendre à vivre avec sa colère, avec la peine de ce qui aurait pu être, avec la déception évidente de cette part ratée de sa vie. Lui Robar Royce qui n'avait jamais eu de mal à conquérir le coeur d'une demoiselle n'avait pas su s'attirer les faveurs de sa propre épouse, s'était fait jeter comme un malpropre et il ne voulait même pas penser au reste. Comment la regarder en face après cela ? Comment accepter de la voir se marier et avoir des enfants alors qu'elle l'avait privé de cet honneur. « Père est mort. Et je ne suis même pas sur qu'il se serait réjouit d'un tel mariage au final ... » Mais il ne blâmait pas Andar. Son frère n'aurait pas pu refuser la proposition du Roi. Il regrettait juste que ce fut la première décision qu'il ait pris en tant que seigneur de la maison Royce.

Lorsque le ton se fit plus léger, le blond eut un petit rire à la question de son aîné, hésitant à lui répondre. Il était encore dans l'euphorie de l'annonce et ne réalisait pas encore ce que cela signifiait. Elle était tout l'inverse de Rhaenys, au final, et comme pour bénir cette nouvelle vie qui s'offrait à lui, les dieux le gratifiaient d'une seconde chance. « Maddy est enceinte. » dit-il sans préambule, annonçant la seconde grossesse de son amante. C'était un accident, bien sur, mais Robar s'en réjouissait : lui qui n'avait pas pu voir Rosenn naitre, qui n'avait pas pu être la dans ses premières lunes, avait l'occasion de repartir de zéro. En un sens, cette deuxième grossesse c'était aussi une manière pour Robar d'annoncer qu'il n'avait pas l'intention de se remarier, ni maintenant, et s'il le pouvait, jamais.

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Robar peinait à prendre conscience pleinement de tout ce que son annulation impliquait : cela faisait plusieurs lunes que Rhaenys et lui avait été séparés et il l'avait toujours su assez têtu pour s'en tenir à ses résolutions. Et pourtant, libre il était redevenu. Responsable de lui même et sans épouse auprès de qui rendre des comptes. Sa séparation avait déjà acté la rupture irréversible entre eux, mais se savoir désormais officiellement libéré d'un serment devant les dieux ... Croyant ou non, cela avait son importance. Une lueur de malaise s'insinua dans le regard du chevalier tandis qu'il se dandinait légèrement sur son siège, toussotant. « Andar ... Tu sais que je te suis certainement plus loyal qu'aucun autre de tes bannerets mais, si mon seigneur me permet une requête ... » commença-t-il cherchant ses mots avec soin. Il n'ignorait pas la culpabilité de son aîné face à ce mariage qu'il lui avait imposé et qui s'était révélé être un désastre autant sur le plan personnel que dans leur vie publique. Mais Andar restait un seigneur et en cela, il gardait un droit sur les faits et geste de sa maison. « Je ne veux pas me remarier. » annonça Robar d'une voix ferme. Ce n'était pas une demande, pas non plus un ordre. Juste une déclaration qu'il comptait honorer jusqu'à la fin de ses jours : il avait fait son devoir envers son seigneur, envers sa maison, et l'expérience avait été assez catastrophique pour lui passer l'envie de recommencer. Il ne se voyait pas revivre une bénédiction, une cérémonie du coucher ou un simulacre de noces. Il ne voulait pas devoir s'enfermer dans une chambre pour honorer une femme qui ne lui inspirait rien en dehors du lit conjugal, il ne voulait plus. Son esprit songea un instant à Rhéa Flint, la jeune fille de La Veuve qui n'avait eu de cesse de lui courir après. Un flirt divertissant mais qui, pour le blond, n'aurait jamais été plus loin qu'une cour innocente et courtoise tandis que la jouvencelle l'avait couvé, des lunes plus tard, d'un regard équivoque lorsqu'ils s'étaient revus. « Bien sur, si tu m'y contrains, je me plierais à ton ordre mais si tu m'aimes, mon frère, épargne moi de revivre cela à nouveau. » finit-il par demander, songeant qu'Andar aurait plus de facilité à balayer une proposition de mariage, que ce soit de Byron Flint ou d'un autre, que lui a se plier à la chose.

Robar leva les yeux au ciel : les paroles acides de la Dame de Chênes-en-Fer ne l'avait pas quitté depuis leur rencontre aux portes de la Lune et il doutait que la nouvelle ne l'enchante plus que la précédente. Mais c'était bien sa vie dont il était question, une vie dans laquelle il n'avait plus d'obligation envers une dame, plus de serment à tenir en dehors de celui d'une allégeance qu'il considérait plus que tenir. « Grand-mère pourra râler ce qu'elle veut, je ne dépends pas de Chênes-en-Fer. Et d'ailleurs, d'ordinaire mon couvert ne produit aucune conséquence particulière. » répliqua-t-il avec hargne. Il aurait pensé qu'Andar aurait été heureux pour lui. Certes, il s'était attendu à de la surprise et à une mise en garde, mais après tout ce qu'il avait vécu, après tout ce qu'il avait subit, ne méritait-il pas un peu de bonheur ? Ses sourcils se froncèrent tandis qu'il se sentait pleinement accusé, comme si la grossesse de Maddy était volontaire, planifié et qu'il était déjà revenu avec une flopée de bâtards dans les bras. « C'est un accident, Andar, mais ... » Il aurait voulu lui dire que c'était facile pour lui, lui qui avait pour Alys une affection rare, lui qui avait eut la chance d'avoir des fils qui portaient son nom, lui qui était toujours si parfait. Qu'avait-il de son côté ? « C'est une seconde chance. MA seconde chance : ce que je n'ai pu faire avec Rosenn, ce que j'ai raté avec Maddy, c'est une opportunité de pouvoir rattraper cela. » lui dit-il, éloignant autant que possible de son esprit, comme de la conversation, le souvenir d'un autre enfant qui aurait du naitre mais qui ne vivrait que dans ses songes. Il soupira. Quelle image Andar avait-il de lui ? « Je n'ai pas l'intention de repeupler Roches-aux-Runes, Andar ... Tu ne risque pas de voir une flopée d'inconnues frapper à ta porte. » ajouta le blond, frottant son visage entre ses paumes, épuisé d'avance par les débats à demi-mots que les paroles de son frère amenaient dans leur sillage. Il avait toujours pris ses précautions pour que ce genre de chose n'arrive pas. Avec Maddy, les choses étaient différentes : ses connaissances, l'aura magique de son sang Descarpes ... Lorsqu'elle avait annoncé qu'elle s'occuperait de leur assurer des étreintes sans conséquences, il avait eut confiance. Et il avait toujours eut raison. Mais tout comme ses propres méthodes, celle de son amante n'étaient pas totalement fiables et pour un oubli, ils rencontraient une situation étrangement familière. Ou presque, si l'on oubliait que Robar n'avait rien su de la première grossesse de sa maitresse. Il toussota. La grossesse de Maddy n'était pas le seul sujet et puisqu'Andar semblait prendre les choses ainsi, Robar doutait de sa réaction pour la suite. « J'envisage ... D'officialiser les choses avec Maddy. Rien de très affriolant, je sais qu'elle n'est pas considérée comme noble, que nous ne pouvons ni nous marier, et je ne le veux pas mais ... Mais j'aimerai ... » Il tachait de se souvenir de la discussion de la veille avec la jeune femme. Renoncer à son indépendance, partager pleinement la parentalité de Rosenn et amener ce nouvel être dans ce monde ... Robar avait eut le sentiment que cela demandait à sa compagne un sacrifice particulier. Un sacrifice qu'elle semblait prête à faire pour lui, la moindre des choses était de le faire comprendre à son frère. Et pourtant, l'humeur d'Andar ne lui semblait présentement que peu ouverte à la discussion. Pourtant, ils parlaient de Maddy. Maddy, leur amie d'enfance, Maddy qui était déjà la mère de sa fille, ... Maddy qui était déjà de la famille en un sens. Il inspira et braqua son regard dans celui de son frère; « J'aimerai lui donner une véritable place auprès de moi, qu'on ne la considère pas comme la servante qui a eut la chance de se faire engrosser dans un placard mais bien comme ... Ma partenaire. » Puisqu'il devait assumer les conséquences de leurs étreintes, alors il voulait pleinement attester de son importance. Il savait qu'il ne la protégerait pas des ragots et des médisances, mais il voulait essayer de construire quelque chose avec elle, de se reconstruire avec elle.

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Il se garda bien de rappeler qu'un mariage ne signifiait pas son départ : puisqu'Andar était d'humeur compréhensive et généreuse, il n'allait certainement pas jouer contre son camp. Ce n'était pas tant le concept que Robar détestait, pas plus que l'idée d'avoir une épouse mais il savait que son existence serait à jamais teinté de l'expérience précédente. Qu'importe la femme qu'on lui donnerait, d'une douceur de biche ou d'un caractère enflammé, belle ou laide, intelligente ou sotte, on ne lui demandait pas de l'aimer. Un nouveau mariage n'aurait été qu'une alliance assuré par des liens ancestraux. Des liens dont il venait de prouver qu'ils pouvaient n'avoir de valeur que ce qu'on leur donnait. Qu'importe la femme, donc, le souvenir de la princesse Targaryen demeurerait, le hantant comme un vilain fantôme. Ce n'était pas un souvenir mélancolique mais plutôt une blessure de l'âme qu'il désirait panser, oublier. La cicatrice demeurerait à jamais dans son être. Qu'importe la femme, songeait-il, quand bien même ont lui eut permit d'épouser Maddy. Il n'aurait sans doute pas été un bon mari, mais il ne le serait désormais plus jamais car à l'insouciance des possibles liaisons s'était installé la crainte viscérale de la trahison. « Ce doit être l'âge. » plaisanta Robar tandis que son aîné lui adressait une moue outré qu'il l'eut comparé à leur grand-mère. En vérité, Andar était plus Royce qu'il ne le serait jamais, lui qui tenait tant de leur Vanbois de mère. Il restait cependant facile de le taquiner et la libération de son annulation conjugale le laissait d'humeur taquine. Pourtant, il y avait un fond de vrai dans les mots du chevalier, pas tant que son frère s'endurcisse avec l'âge, cela était le lot de tous, mais la remarque le piquait encore au vif, lui rappelant la désagréable remontrance dont Anya Vanbois l'avait gratifié quelques temps plus tôt, aux Portes de la Lune. Il soupira. « Il n'y aura jamais de bon moments. Mais au moins, la nouvelle arrive maintenant que je suis libéré de tous serments envers Rhaenys. Peut être suis-je condamné à n'être le père que de Stone, mais l'on ne pourra m'accuser d'adultère. » fit-il remarqué quoi que passant sous silence la conception de ce nouvel enfant alors qu'il était encore l'époux de la princesse. Et Andar eut ce mot, sans doute rassurant pour lui mais ô combien angoissant pour lui. Maddy, la seule et unique. Maddy, la seule qu'il aimait. Cela le renvoya à ces pensées précédentes et à toute la complexité inhérente à sa relation avec la fille du maitre d'arme. Car quoi que sa relation semblait la même que la liaison passée, il était différent. Peut être était-ce pour cela qu'il avait abandonné l'amusement que lui procurait la jalousie de sa maitresse, peut être était-ce pour cela qu'il n'envisageait pas une autre qu'elle à présent. Maddy était plus que sa maitresse, elle était son amie depuis l'âge le plus tendre, elle le connaissait aussi bien que le reste de sa famille. Elle lui inspirait une confiance au delà de ce qui était envisageable et pourtant, s'il parvenait à retenir ses élans méfiant, s'il parvenait à contenir l'hémorragie de sa propre personne face à elle, il ne pouvait nier ressentir une pointe d'anxiété quand les étreintes laissaient place à une conversation sérieuse, lorsque le ton montait ou qu'elle se soustrayait à lui pour lui montrer sa désapprobation. « Oui ... Une chance ... » souffla-t-il, le regard dans le vide, l'esprit perdu dans ses pensées. Etait-ce de l'amour, se demanda le chevalier rouge se repassant les souvenirs de la soirée de la veille. Une affection réelle se dégageait des moment passés avec elle, une complicité certaine mais il n'avait jamais été question d'amour, de déclaration franche et honnête. L'amour était un sentiment trop pur pour qu'il y eut prétendu comme cela, et peut être était-ce pour cela qu'il n'offrait pas à la rousse les quelques mots qui trahirait l'inclinaison de son coeur : car le jour où il le dirait, il n'y aurait de retour en arrière, car le jour où il le dirait, il voulait être certain de ses mots. Et pour cela, il lui faudrait déjà tourner la page, oublier ce qu'il avait pu vivre, oublier ses déception et sa colère, oublier Rhaenys et ses trahisons. Le jour où il le lui dirait, elle serait la seule dans ses pensées.

Il accueilli la remarque avec un soulagement certain, plus qu'heureux d'abandonner les pensées sombres et sérieuses pour des discussions plus légères et ne put retenir un rire tandis que, libéré du poids de la bénédiction qu'il attendait qu'Andar lui donne, ce dernier lui offrait une occasion de le taquiner davantage. « Les placards entretiennent le désir ! Peut être devrais-tu essayer à l'occasion, cela te rappellera tes jeunes années. » La pique était facile mais Robar se délectait du ton irrévérencieux qu'il pouvait se permettre de prendre avec son aîné. Il savourait le gout de la liberté retrouvée, la joie d'être enfin libre de ses mots et de ses pensées même si les murs familiers de Roches-aux-Runes ne l'avaient jamais contraint à la censure. Les placards. Voilà des souvenirs aussi anciens que ses années de célibats. Non content d'honorer la fille du maitre d'arme lors de ses visites dans ses appartements, il avait eut à coeur de lui prouver son intérêt à plusieurs reprises dans des lieux qui ne s'y prêtait guère. Robar avait le gout du risque et puisque sa compagne n'y opposait aucune objection, il se faisait un devoir de visiter les lieux les plus incongru de son désir. Posant ses mains sur le bureau seigneurial pour s'extirper de son fauteuil, il lança« Puissions-nous ne jamais plus revoir de Targaryen, mon frère, et que cela signe la fin de nos malheurs. » C'était tout ce qu'il leur souhaitait, de retrouver une vie normale, d'oublier ce qui avait été pour aller de l'avant. C'était comme une devise, tournant la page d'une histoire à laquelle il ne voulait plus jamais penser.