New horizons ? + Meralith

   

« Lord Lowell, un corbeau est arrivé pour vous. » Un bref remerciement à son maitre d’arme plus tard, Lowell s’empare du message pour lever aussitôt deux sourcils étonnés. « Qu’est-ce que… » Voilà quelque chose d’imprévu : ni plus ni moins qu’une proposition de fiançailles adressés par lord Waymar Hersy, souhaitant arranger des fiançailles entre lui et sa nièce. « Hersy, Hersy…ne fait-elle pas partie de la suite de la princesse Margaery ? » Murmure distraitement lord Blount, relisant à la lumière de sa chandelle le parchemin. Paradoxalement, il ne connait que mal la princesse et donc encore moins ses dames de compagnie, revenues il y a peu dans la capitale, comme Alyria. Lowell n’aime guère les intrigues. Il s’est tenu loin des rumeurs concernant Margaery Tyrell, désormais Targaryen, et des Rowan. Pire, ce genre de manœuvre lui échappe. Il se sent perdu face à tout cela, face à toutes ces arcanes subtils dont il ne sait pas trop où elles mènent ni ne comprend ni les tenants et les aboutissants. Ce n’est pas réellement qu’il manque de capacité, mais simplement que ce genre de chose ne l’intéresse pas, peut-être parce qu’il est trop peu ambitieux pour tenter de s’approprier du pouvoir, ou tout simplement parce qu’il se dit que cela pourrait entrainer sa chute. C’est simplement trop complexe, pour peu de gain. Autant dire qu’il ne sait absolument pas que toute la suite de la princesse a été réorganisée et que c’est pour cela que la jeune Meralith Hersy est devenue la dame de compagnie de l’ainé des fils du roi.

Blount ne connait pas la jeune femme elle-même, du moins il ne lui semble pas, et il ne sait presque rien des Hersy, sinon qu’ils sont Valois, au point de devoir vérifier dans ses livres ce dont il se rappelle à propos d’eux. Hersy de Newkeep, une famille sans histoire. Quant à la jeune femme, elle-même, il est vrai, comme le présente bien son oncle, elle pourrait faire une parfaite épouse. Elle a déjà l’expérience d’un premier mariage et elle est plus âgée et donc plus mature que la jeune Hortense, dont Lowell a abandonné l’idée de faire la conquête. C’est un bon parti, comme dame de compagnie d’une princesse du rang. Certes, elle n’est plus vierge, mais c’est une dame honorable, qui faisait une épouse modèle, qui a perdu son mari lors d’une attaque fer-née. Elle a encore l’âge d’avoir des enfants, et lord Hersy croit savoir qu’il n’a pas d’héritier de son sang…

N’est-ce pas une proposition intéressante ? Si, sans doute, sur le papier, Waymar Hersy est convaincant…mais Blount n’est pas tout à fait convaincu. Peut-être est-ce l’effet de surprise, mais cette proposition qui tombe du ciel quelques jours après sa discussion avec Alyria et quelques jours avant son départ de Port-Réal pour Castel-Farring tombe bizarrement. Non qu’il ne pense à un quelconque complot contre lui, sinon qu’à l’évidence, lord Waymar le considère comme un bon parti, qui pourrait offrir à sa famille une alliance intéressante. Simplement les Sept ont décidement pour lui des égards étranges. Lowell ne sait que penser et se demande si son interlocuteur n’a pas mis la charrue avant les bœufs…la princesse est-elle au moins au courant de cette proposition ? et lady Meralith elle-même, sait-elle que son oncle voudrait la marier ? Il ne peut accepter sans l’autorisation de la première, et ce serait tout de même extrêmement grossier à l’égard de la seconde de le faire de toute manière. Ce ne serait pas la première fois qu’une dame découvre son époux le jour du mariage, certes, mais ça n’est pas dans le caractère du seigneur de Fort-Épine, au-delà de la politesse.

Surtout, il n’a pour se faire une idée de qui pourrait être Meralith, que la lettre de lord Waymar. Et Blount ne voudrait pas, même si l’expression est malheureuse, se tromper sur la marchandise. Mais comment organiser cela ? L’Aïeule lui pardonne, ici, Lowell aimerait avoir la sage opinion de Josmus, le mestre de Fort-Épine, ou même simplement les conseils avisés de Selyse Dunn, qui s’est mise en tête de lui dresser une liste de toutes les prétendantes qui pourraient lui convenir ! Finalement, c’est pour une invitation très sobre qu’il se décide, conviant de façon neutre lady Meralith à le rencontrer à ses appartements du Donjon Rouge.

Le lendemain, c’est donc dans le petit, mais fort confortable, salon de ses appartements qu’est introduite lady Hersy. Lowell tente de ne pas trop la dévisager, mais c’est peine perdue : la première impression est toujours déterminante, de toute façon. Il voit ici une jeune femme brune à l’air décidé mais aimable. Il espère quelqu’un de digne et d’intelligent, de son côté, et n’en demanderait pas plus, d’ailleurs. Essayant de son mieux de faire preuve de politesse et de la galanterie qui sied à un seigneur de son rang, il s’avance à sa rencontre pour la saluer : « Lady Meralith. Ravi de vous rencontrer. Installez-vous, installez-vous, je vous remercie. J’ai fait servir une petite collation si vous le souhaitez… » A vrai dire, Lowell n’est pas à l’aise : il n’est pas plus don juan que grand stratège politique, et ce n’est pas un grand charmeur. Il a conscience de ses défauts et de son âge, de toute façon, ce qui ne l’aide pas à vaincre sa timidité naturelle. Il s’assoit en face d’elle et les voilà séparés par les mets salés et sucrés qu’il a fait servir. « Je suis conscient que cette invitation est un peu impromptue, surtout pour une première rencontre et alors que nous n'avons pas été officiellement présentés, mais il s’agit de sujets d’importance… » Il se perd un peu dans son discours, mais sa situation ne l’aide pas : comment annoncer à une dame qu’on a été contacté pour l’épouser alors qu’elle n’en sait manifestement rien ? L’entreprise parait impossible à Blount, qui en rougirait presque, parce qu’il se dit, aussi, qu’il pourrait trouver cette jeune femme bien jolie et qu’il cherche déjà à voir quel effet cela aurait de l’avoir à ses côtés. Il s’emballe, peut-être, mais c’est que l’horloge tourne également pour lui…ou c’est l’âge qui le rend prompt à s’émouvoir et à tomber sous le charme des dames, sans rien tomber, vivant de fééries et de la fantaisie d’un mariage heureux, qui lui plait dans l’idée. Mais il a passé l’âge de jouer le jouvenceau, justement : ça ne peut durer, alors il se force à se concentrer et à parler droit et clair, comme dans les campagnes militaires. « J’ai reçu…je ne sais comment présenter cela, alors je vais aller au plus simple. J’ai reçu une proposition de votre oncle. Une proposition de fiançailles…vous en a-t-il parlé ? »