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(même les petits)
La confiance est restaurée, je peux vous confier ce secret
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Une autre journée sans aucune nouvelle et mon ventre se tordit un peu. Il était parti dans le Val… il y avait la guerre et ses nouvelles avait disparu. Je me mordis un peu les joues. Était-il mort ? Qui pourrait me prévenir… ? Personne. Ou alors… serait-il passé à l’ennemi ? Le souvenir du jardin me rendit écarlate et je sentis une main se poser sur mon front. La servante. Elle croyait que j’avais de la fièvre ou quoi ? Je la repoussai gentiment alors que Polar s’ébrouait un peu, se rappelant à mon bon souvenir. Mon fidèle petit chien… Enfin… petit. Tout était relatif ! Je lui tapotai le flanc en douceur.
« Sortez le chien, et… savez-vous où est ma tante Celia ? J’aimerais lui parler ?
- Vous voulez que je lui dise de venir vous voir ? Pour que vous n’ayez pas à vous déplacer.
- Non, non, je peux le faire sans le chien. Où ? »
Aux dernières nouvelles, dans son bureau. Je la remerciais avant de sortir seule la laissant avec Polar qui avait très envie de jouer. Je la plaindrais plus tard ! Pour l’instant… Je devais trouver ma tante et éviter Damon. Il serait fou de rage s’il apprenait ce qu’il s’était passé… À force de vivre dans ce lieu, je connaissais par cœur le moindre couloir ou escalier. Je m’arrêtais devant la porte…
Inspire.
Expire…
Je levai la main pour frapper contre le bois dur… et j’attendis jusqu’à ce que la porte s’ouvre. L’intendant.
« Dame…
- Ma tante Celia est là ? »
Je ne le laissai pas finir sa phrase.
« Oui, souhaitez-vous la voir ? »
Non, j’étais là pour commander des crêpes ! Je me mordis les joues.
« Oui. »
Il me laissa rentrer et je souris à ma tante.
« Tante Celia. Seriez-vous disponible pour que… nous parlions un instant seule à seule, s’il vous plaît ? »
Je croisais les mains sur mon ventre en attendant.
Invité
Le Conflans semblait en apparence retrouver son calme, au rythme du courant dans les rivières. Pourtant, la guerre était toujours bien là, les tensions demeuraient toujours de part et d’autre de la région. Les nouvelles de l’Ouest comme du Val n’étaient pas des plus réconfortantes et donnaient l’avantage au camp de l’ennemi. Autant dire que les Conflanais étaient sur le qui-vive. Cela n’entachait pas les joies que pouvaient ressentir Celia Van actuellement. Son fils était marié depuis près de quatre lunes maintenant et serait bientôt père. Mestre Lucian avait annoncé une bonne nouvelle, que lady Corenna était enceinte. Célia faisait alors tout pour que la jeune Orageoise se sente bien et se ménage durant les lunes à venir. Il s’agissait là de leur premier enfant. Célia ne pouvait qu’être ravie tout en repensant à sa fille, lady Morya et la tragique nouvelle de la naissance d’un mort-né en début d’année. Une mauvaise nouvelle n’arrivant jamais seule, la quinquagénaire avait appris de son amie, lady Melior Vouyvère, que les Florent étaient des traitres. Sa petite fille, sa perle douce, se retrouvait alors au milieu des traitres. Elle avait pris peur soudainement, voyant déjà lord Willos condamner toutes celles et tous ceux affiliés à Viserys, sans aucune considération. Elle s’était réfugiée dans les bras d’Hector, réconfortants et rassurants. Que pouvait-il y faire ? L’inquiétude et la peur demeuraient, tant que la guerre se poursuivrait.
Ils étaient tous deux dans le bureau de Celia, appartenant autrefois à lady Melantha et qui se trouvait au rez-de-chaussée du château, non loin de celui de lord Perwyn, désormais occupé par lord Richard. La vie était faite ainsi, les chaises demeuraient mais les personnes assises dessus changeaient régulièrement. Parfois au bout de cinquante ans, parfois au bout de quelques années. Loin de vouloir discuter de la guerre en cours, Célia revoyait avec Hector la gestion de Bois-de-Saule, l’attribution des chambres, la tenue des jardins, le stock des vivres, l’entretien du château, le personnel mais également les mariages. Beaucoup de petits-enfants de l’ancien couple seigneurial avaient été mariés. Sarya à un Pryor, Morya à un Florent, Cleos à une Goüer, Jon à une Swyft. Ils demeuraient néanmoins quelques brebis égarées. L’héritier de Bois-de-Saule avait pratiquement trente-deux ans et n’était toujours pas marié. Lady Melantha le réservait pour un bon parti et il semblerait que Richard ait des plans de son côté. Célia devait donc simplement s’occuper de Kyra, dont l’alliance avec les Piper avait déjà été discutée, Damon, dont l’alliance avec les Vance semblait toujours d’actualité malgré l’exécution de lady Liane, Liliyana, dont le destin avait fait l’objet de nombreuses discussions. Seul le jeune Perwyn pouvait être tranquille, poursuivant son écuyage auprès de son père qui n'avait pas souhaité éloigner son fils de Bois-de-Saule. C’est justement en parlant de Liliyana, des possibilités qui pouvaient s’offrir à elle, que quelqu’un frappa à la porte.
- Dame...
Hector n’eut pas le temps de finir sa phrase que la jeune fille demandait si sa tante était là. Il la laissa donc entrer et Liliyana se présenta à Célia, requérant un entretien privé. La tante répondit par la positive en donnant son congé à l’intendant qui s’exécuta et ferma la porte derrière lui. Célia attendit que la jeune fille vienne s’asseoir en face d’elle. Elle semblait bien différente qu’à l’accoutumée. La Conflanaise ne savait pas quel sujet sa nièce allait aborder mais nul doute qu’il s’agissait d’un sujet plutôt sérieux. Leur relation s’était grandement améliorée dernièrement et la confiance semblait de nouveau mise entre elles. Célia avait fourni des efforts tout comme Liliyana. Désormais, le calme était revenu entre elles, non pas que ça ait été mouvementé non plus, Célia ayant préféré laisser sa nièce se calmer seule de son côté. Elle était, en tout cas, heureuse de voir que la jeune femme vienne se confier à elle-même si, parfois, les confidences n’étaient pas toujours bonnes à entendre.
- Que me vaut le plaisir de ta visite ? Tout va bien ? Tu n’es pas venue avec Polar ?
Bien que le sujet semblât sérieux, Célia ne s’attendait pas à grand-chose non plus. Bois-de-Saule demeure calme ces dernières lunes, recevant même des nouvelles de ser Robin, commandant des troupes pour lord Brynden. Peut-être souhaitait-elle changer de servante ? Célia se souvenait assez bien des colères de lady Melantha face aux servantes de Liliyana. La jeune femme aura peut-être hérité de cette manie de vouloir changer de servante tous les quarts d’heure.
#B0CC99 : Célia Van
Membre
J’entendis la porte se fermer derrière moi avec un bruit de la hache du bourreau s’abattant sur la nuque du coupable. Sauf que le coupable ici c’était moi… Tante Celia aller me détester et d’ici quelques heures je finirais dans un septuaire pour devenir Septa… Ce que Grand-mère aurait dû faire depuis longtemps… Mais soit… C’était un autre débat que je n’allais pas avoir maintenant… C’était trop tard… Le souvenir de ce baiser me brûla les lèvres et j’inspirais profondément avant de m’avancer en tendant une main jusqu’à sentir le dossier d’une chaise pour m’y installer avec une certaine lenteur… Je craignais ce qu’il pouvait se passer et sans aucun doute à raison ! Mais… il fallait que je le fasse après tout. Respire Lili… Respire… Le plaisir… Cela serait bientôt le déplaisir… Tout va bien… Non… non sinon je ne serais point venue ma tante…
« Non… Non j’ai demandé à une servante d’aller le sortir et jouer avec lui. »
Je n’étais pas sûre de pouvoir le faire moi-même les prochains jours… Je pressai mes mains l’une contre l’autre e essayant de regarder bien en face ma tante. J’avais la bouche si sèche… Mince, j’avais l’impression d’avoir la bouche pleine de sable… Mais c’était autre chose…
« Je connais assez bien le chemin de votre bureau pour venir seule… Mais… ce n’était pas de ça dont je voulais vous parler. »
Je comptais encore les secondes pour savoir combien il m’en faudrait pour trouver le courage de lui avouer… De tout lui avouer, même mes propres déductions… Manfred… était parti dans le Val… Aucune nouvelle de sa part… Soit il était mort, peu probable, soit… et c’était sans doute bien pire, il était traître… Je pris une profonde inspiration. Nous étions seules dans ce bureau… Elle serait ma seule juge, comme Grand-mère l’aurait été.
« Je… Il y a quelques lunes… »
Sept… On avait fait plus raide que moi… Je continuais de fixer ma tante en continuant de presser mes mains l’une contre l’autre à m’en faire mal.
« J’ai… embrassé un chevalier. »
Je m’arrêtai à nouveau, me préparant à prendre une soufflante. Je rouvris aussitôt la bouche pour couper ma tante.
« Dans les jardins. Je pense que personne ne nous a vu. Il s’agit de Manfred Flowers. »
Et je venais de me condamner à mort.
Invité
The Bastard Knight
Alerté par le bruit, Hector déboula dans la pièce sans s’annoncer, se demandant ce qu’il pouvait bien se passer entre la tante et la nièce. Il ne les avait laissés que quelques minutes seules à seules et il ne s’était pas attendu à cela. Célia, rouge de colère, lui lança un regard noir, lui reprochant sans doute d’être rentré comme cela dans son bureau. Son regard se posa ensuite sur la jeune Liliyana assise sur un fauteuil se trouvant à côté, sa main posée sur sa joue. C’est là qu’il remarqua la position de la main de Célia et il comprit immédiatement ce qu’il s’était passé. Seulement, la Conflanaise ne lui laissa pas le temps de prononcer un seul mot qu’elle le mit dehors, le fustigeant, clamant que cette affaire ne le regardait pas. L’intendant repartit, intrigué par tout cela et ordonna aux servantes, gardes et autres gens de la maisonnée de ne pas déranger lady Célia et lady Liliyana sous aucun prétexte. Il n’aurait pas donné cher de la peau d’une servante si cela avait été elle à sa place. Du temps de Melantha déjà, le personnel devait faire très attention aux gestes effectués et aux mots prononcés.
- Que me vaut le plaisir de ta visite ? Tout va bien ? Tu n’es pas venue avec Polar ?
Quelques minutes plus tôt, c’est une Célia souriante et calme qui avait accueilli sa nièce, permettant à Hector de retourner à ses occupations d’intendant. Les tempêtes étaient finies entre la tante et la nièce. Les épreuves semblaient avoir été surmontées grâce au temps qui avait fait son œuvre. Aujourd’hui, tout semblait leur sourire alors que la guerre faisait tout de même rage chez leurs différents voisins. Quoiqu’il en soit, le Conflans pouvait se targuer de connaître un semblant de paix parmi tout ce remue-ménage, permettant aux Ryger de gérer Bois-de-Saule après les pertes successifs qu’ils connurent. Elle ne s’attendait donc sûrement pas aux révélations que lui fit, sans tarder, Liliyana, venue seule, sans Polar, cette fois.
- QUOI ? UN CHEVALIER ? QUI ?
Célia n’avait pas attendu la fin de la révélation pour s’énerver. Elle se leva d’un bon mais sa nièce n’en avait pas fini et alors que le rouge lui monta aux joues, elle apprit l’identité de ce chevalier.
- FLOWERS ???
Célia aurait pu se rasseoir tellement les mots de sa nièce la frappait. Non seulement, elle avouait avoir commis un péché dans les jardins de Bois-de-Saule, dans la demeure même des Ryger, de Melantha qui avait tout fait pour elle, mais en plus, il s’agissait d’un bâtard. C’en fut trop pour la tante qui s’avança vers Liliyana et lui flanqua une forte gifle qui la renversa et l’obligea à se réceptionner sur un fauteuil. Ce fut à ce moment-là qu’Hector fut interruption dans la pièce, attisant encore plus la colère de Célia.
- DEHORS ! Et qu’on ne me dérange plus de la sorte ! C’est compris ?
Elle tourna le regard vers sa nièce, entendant les portes se fermer derrière elle. Elle reprit le silence, reprenant sa place près de son bureau, laissant le temps à Liliyana de se redresser.
- As-tu perdu la tête ? Qu’est-ce qui t’a pris ? Je n’ose même pas imaginer ce que ta grand-mère dirait si elle était là…
Sa voix était sèche et tranchante. Liliyana ne pouvait pas le voir mais Célia semblait déçue et détourna le regard de sa nièce quelques instants. Qui que soit ce Manfred Flowers, il ne remettra plus les pieds à Bois-de-Saule. Célia s’en assurerait et prendrait des mesures auprès de son frère en conséquence. Quant à Liliyana, elle n’était sûrement pas prête pour ce qui l’attendait en conséquence de cette révélation.
#B0CC99 : Célia Van
Membre
Mentalement j’étais en train de me recommander aux Sept, ne donnant pas cher de ma peau face à Tante Célia qui avait l’air déjà bien énervé rien que pour la première phrase. Ce n’était point une pointe d’agacement, oh que non… Je savais que j’avais fait une grosse erreur, mais… Je… La violence de la claque que je me pris me surpris et je me raccrochai à un fauteuil alors que la porte s’ouvrit sur un visiteur indésirable puis se referma tout aussi vite alors que j’avais une main crispée sur ma joue. Ô sept… Je l’avais méritée celle-là… Je me m’assis prudemment une main frottant toujours ma joue.
Ce qu’il m’avait pris… Et ce que grand-mère dirait… je ne voulais même pas savoir. Je restais assise une minute sous le regard dur de ma tante, prenant racine dans cette chaise, craintive de ce qu’il allait se passer ensuite.
« … Je… Ser Manfred m’écrivait régulièrement depuis Lestival… »
Je me sentis prendre un air coupable alors que dans ces lettres il n’y avaient rien ! Et j’étais même sûre que ma tante les avait lu sans m’en informer. Ou que des servantes lui avaient tout répété.
« Il n’y avait rien d’inconvenant là-dedans ma tante. Seulement ses voyages au travers des royaumes. Il est revenu une fois… Et il m’a dit ce jour-là qu’il partait pour le Val … Et… Il m’a dit qu’il m’aimait… Ce qui… »
Je m’enfonçai légèrement dans mon fauteuil priant pour éviter une autre cuisante gifle.
« Ce qui était réciproque… »
Respire Lili…
« Il n’y a eu qu’un baiser ma tante. Et depuis son départ pour le Val. Je n’ai guère plus eut de nouvelle de lui… Pour ne pas dire aucune. Et… Avec ce qu’il se passe là-bas… Je doute qu’il soit encore vivant. »
Il aurait su choisir le bon camp. Je le savais. Je baissai la tête vers mes genoux, ravalant mes larmes.
« Nul mot ne saurait toucher la profondeur de mes regrets de vous avoir déçu ma tante. »
Même si marier une aveugle à un bâtard n’était pas un si mauvais calcul que cela au vu de ma faible valeur.
« J’accepterais votre jugement, qu’importe ce que cela me coutera. »
Comme-ci j’avais d’autre choix, je n’étais pas rebelle de nature, c’était même tout l’inverse.
Invité
It was just a kiss
Celia ne pouvait pas croire qu’à nouveau, dans sa relation avec sa nièce Liliyana, elles reculaient toutes deux de plusieurs pas. L’étonnement, la surprise, la colère, la déception l’envahissaient à mesure que la jeune femme lui dévoilait ses sentiments pour le bâtard Bieffois. Des lettres avaient été échangées, un baiser avait été échangé, une promesse sans doute ? Celia se posait alors tout un tas de questions. Elle ne savait plus quoi faire, ni quoi dire, ni quoi penser. Elle devrait en parler à Richard plus sérieusement. Liliyana ne pouvait pas rester à Bois-de-Saule indéfiniment. Il fallait bien qu’elle ait une vie, malgré son handicap. Mais en attendant, une sanction devait être prise. Quant à savoir laquelle, la quinquagénaire en colère n’était pas encore fixée, loin de là.
- Que veux-tu que je te dise, Liliyana ? Tu n’en fais qu’à ta tête depuis la mort de père et mère. Tu…
Elle se tut, préférant s’interrompre avant de dire quelque chose qu’elle pourrait regretter. Celia repensa à son frère et à sa belle-sœur. Tous deux vivaient en Liliyana, autant physiquement que psychologiquement. Elle avait hérité de beaucoup de traits de ses parents malgré l’éducation qu’elle reçut de sa grand-mère. Si le couple disparu était encore en vie, il ne pouvait clairement pas nier être à l’origine de cette jeune femme qui s’agrippait dans son fauteuil. Celia ne cèdera pas de nouveau à l’envie de la gifler bien que cela la démangeait. Mais la violence ne résolvait rien. La colère ne se calmait pas mais elle se disait que ce qui était fait était fait désormais.
- Accepter ou non mon jugement n’est clairement pas un choix que tu auras, jeune fille. Tu as 21 ans, Liliyana ! 21 ans ! Mère t’a instruit, éduqué, montré tout ce qu’il fallait pour devenir une dame du Conflans et voilà comment tu te comportes ! Que vas dire ton oncle quand il apprendra que tu as… batifolé avec un bâtard ? Il compte bien trouver un parti pour toi quand la guerre sera finie. Heureusement, et tu as intérêt à m’avoir dit la vérité, que ce n’était qu’un baiser…
Marier une aveugle relevait déjà du défi dans la société ouestrienne mais si en plus elle n’était plus innocente, ce serait la risée des Ryger. Depuis son avènement, Richard mettait tout en œuvre pour redorer le blason des Ryger. Leur mère n’avait pas aidé à les faire bien voir dans le cercle des Nerbosc mais l’actuel seigneur voulait redresser la barre. Célia n’avait pas les détails mais elle savait qu’il avait discuté avec le suzerain lors de son séjour à Corneilla au moment du procès de Liane Vance. Il fallait désormais espérer que les années de mépris de Melantha n’aient pas eu raison de l’indulgence des Nerbosc. Reportant son attention sur sa nièce, Celia se tut à nouveau. Un noble, passe encore. Un roturier, elle était mal placée pour juger. Un bâtard, c’était un non catégorique. Qu’importe le statut du jeune homme, Celia savait que Melantha désapprouvait ce genre de choses. Le hors-mariage, dans une société telle que celle de Westeros, était très mal vu, quand bien même Liliyana n’était pas amené à devenir seigneuresse ou l’épouse d’un seigneur.
#B0CC99 : Célia Van
Membre
Je triturai les bords de mes manches en silence. Qu’est-ce que je pouvais dire ? Je me sentais mal et qu’est-ce que je pouvais faire ? Rien. J’étais coupable après tout… Alors je triturai le bord de mes manches en silence sans soutenir le regard de ma tante. Je n’en faisais qu’à ma tête… Ce n’était pas vrai, j’étais docile la plupart du temps et j’obéissais. Il fallait ne pas se mentir… Je voulais bien être gentille, mais ne pas me faire accuser de tout alors que ce n’était pas vrai. Je secouai la tête :
« Ce n’est pas vrai Tante Celia… Je ne dis pas que j’ai été facile, mais je vous ai obéis ! »
Jusqu’à maintenant… Mais qu’est-ce que je pouvais faire d’autre ? C’était la première fois que quelqu’un s’intéressait de moi avec véritable intérêt et non pas juste pour être un nom. Il m’avait regardé et embrassé et s’était véritablement intéressé à moi… D’accord, c’était un bâtard… Mais j’étais aveugle après tout… Quelle importance maintenant ? Cela n’en avait plus du tout… J’allais finir au septuaire après tout. Une septa… C’était cela auquel j’étais destinée. À Vingt-et-un ans… Qu’est-ce que je faisais encore ici ? J’étais une plante verte après tout. Le choix. Je n’avais pas le choix de toute manière… Je n’avais jamais eu le choix depuis ma naissance. Batifolé…
« Ce n’était qu’un baiser ma tante et rien d’autre. Je n’ai pas… batifolé autrement. Et si cette guerre se finit un jour… De toute manière, qu’est-ce que j’épouserais si ce n’est le quatrième fils d’un chevalier fieffé ? De toute manière quelle importance que j’ai eu ce baiser ? Il est sûrement mort à l’heure qu’il est… Sinon il m’aurait écrit d’une manière ou d’une autre. »
Et s’il était un traître… C’était comme-ci il était mort après tout. Inutile de dire ou de supplier pour qu’elle ne dise rien à mon oncle : elle lui dirait de toute manière. Je ravalai mes larmes : ce n’était plus le moment de pleurer. Et je sentais maintenant que j’étais devenue une priorité à marier dès la signature de la paix. Je secouai la tête.
« Je n’ai aucune valeur en termes de mariage et vous le savez parfaitement. Alors vous aurez marié tous vos petits enfants que je serais encore disponible. »
Disponible et la vieille fille qu’on cache parce qu’on en a honte. Pourquoi moi n’aurais-je même pas eu le droit de sentir les lèvres d’un homme sur les miennes ? Juste le court moment d’une sage étreinte d’un homme autour de moi ? Juste un « Je t’aime » ? Pourquoi moi je serais privée de tout cela…
Invité
Ce n’était qu’un baiser et rien d’autre ? Après tout… oui. Ce n’était qu’un baiser et rien d’autre mais Liliyana n’était pas issue d’une petite famille sans importance. Les Ryger avaient leur réputation, leur prestige, leur nom qui traversaient les âges. Ils tentaient de s’élever et semblaient y parvenir jusqu’ici. En aucun cas, Célia ne voulait laisser ce baiser défaire ce que son père avait tenté d’accomplir et ce que son frère tentait de poursuivre. Mais après tout, oui, elle pouvait l’admettre. Ce n’est qu’un simple baiser entre une fille aveugle, sans prétention et un bâtard sûrement déjà mort ou qui le sera dans les semaines/lunes à venir. Si par malheur, il était encore vivant à la fin de la guerre, rien ne dit qu’il reviendra à Bois-de-Saule un jour. Les mots de sa nièce la ramenèrent à l’instant. En effet, cette enfant, plus si jeune que cela désormais, ne pouvait pas espérer un grand mariage comme cela avait été le cas pour Mariya ou encore Leana. Elle rejoindrait bientôt le clan des femmes mariées à des seconds, troisièmes ou quatrièmes nés. De plus, elle était aveugle. Qui voudrait d’une femme aveugle ? C’était bien là la question que se posait Célia et se posait Melantha avant elle. Que faire de Liliyana ? Petite enfant gâtée, ayant tout perdu, parents et grands-parents, vivant aux crochets de la famille qui lui reste, protégé par un frère qui serait amené à entreprendre sa vie d’homme, d’époux et, qui sait, de père dans les années à venir. Les Ryger étaient une famille mineure mais vivaient avec aisance, amassant quelques richesses convenables au fur et à mesure des années grâce à une gestion méticuleuse de l’ancien couple seigneurial. Célia y avait pensé en imaginant la dot que pourrait apporter Liliyana. Officiellement, pas grand-chose. Unique fille du quatrième fils des Ryger. Rien de bien reluisant pour les chevaliers et nobles de Westeros. Dans des moments de colère, Célia se serait bien vue l’envoyer de l’autre côté du Détroit. La marier à un aristocrate de Braavos ou de Pentos pour avoir la paix à Bois-de-Saule mais cela n’était qu’une simple pensée et de loin irréalisable. Alors, que faire de cette enfant ? Bien que la guerre ne permettrait pas d’aboutir à des discussions sérieuses, la question demeurait tout de même en suspens dans l’esprit de la Conflanaise.
- Qu’importe ta valeur, Liliyana ! Un baiser reste un baiser ! Tu n’es pas mariée, il est un bâtard ! Cela n’aurait jamais dû arriver. Point. Nous ferons en sorte que l’affaire ne s’ébruite pas.
Elle ne la regardait plus. Elle ne le pouvait pas. Sa nièce lui en aura fait voir pendant ces deux dernières années. Quelle nouvelle sottise allait-elle inventer encore après cette énorme révélation ? Elle n’en savait rien et préférait ne pas l’imaginer. Elle se retourna soudainement.
- Tu n’en as parlé à personne, j’espère ? À PERSONNE ?!! Pas même tes cousines ?
Liliyana était aveugle mais à ce moment-là, Célia aurait bien aimé qu’elle soit muette. Au moins, ce baiser avait une chance de demeurer un secret pour l’éternité. Célia savait que sa nièce s’entendait bien avec ses cousines et cela pouvait poser un problème. Ce n’était, certes, qu’un baiser mais l’histoire a montré que de simples choses à l’apparence innocente pouvaient engendrer de nombreuses autres, certaines même allant jusqu’à la guerre. Ce ne serait sûrement pas le cas ici, heureusement mais Célia voulait préserver la réputation de sa famille et la réputation de sa nièce. Que dirait son futur parti s’il apprenait que sa promise, en plus d’être aveugle, avait déjà embrassé un homme et de surcroît un bâtard ? La Conflanaise n'osait l’imaginer. Son devoir était de protéger sa famille et c’est ce qu’elle tentait de faire doublement maintenant que ses parents avaient disparu. Célia se calma, sentant son ton monté un peu trop haut et voyant la jeune femme désolée face à sa tante. Elle s’approcha et poursuivit tout en posant une main sur la joue de sa nièce.
- Tu sais comme moi que ta cécité peut te faire défaut mais elle fait partie de toi. Cela n’enlève rien à ta valeur. Tu as montré à maintes reprises que ton handicap ne t’empêchait pas de vivre, de devenir une vraie dame du Conflans. Tu connais mieux Bois-de-Saule que certaines de tes cousines, voire mieux que moi. Tu as fait de cette faiblesse une force. Ne gâche pas tout, je t’en prie ! Tu es intelligente, belle, attentionnée, douce, calme, autant de qualités qui feront de toi un beau parti pour un homme un jour. Si je me suis énervée, c’est parce que je ne veux pas que ton nom soit sali, que notre nom soit sali. Tu comprends ?
Célia ne voulait pas d’un énième conflit avec sa nièce. Les événements actuels l’avaient fait réfléchir sur l’importance que doit avoir une famille à demeurer unie en toute circonstance. Son frère, lord Duncan, avait décidé de leur tourner le dos. Célia ne voulait pas que sa famille se déchire encore plus. Liliyana comptait beaucoup pour elle. Sa main, toujours posé sur sa joue douce et froide, elle la regardait avec un sourire. Elle ressemblait parfois à sa mère, lady Eleanor, à d’autres moments elle tenait plus de ser Lanner, son père. Mais à cet instant présent, alors qu’elle relevait son visage vers elle, elle ne pouvait voir qu’une seule personne et pas des moindres : Melantha Ryger.
#B0CC99 : Célia Van
Membre
Ce n’était qu’un baiser… Combien d’autres femmes avaient donné leur premier baiser à une autre personne que leur époux avant leur mariage ? Est-ce que j’étais la seule ? J’en doutais fortement ! Mais visiblement, pour ma tante c’était le cas… Mais quelle importance maintenant ? Quelle importance en réalité ? Le premier baiser d’une femme aveugle, qui cela intéresserait-il ? Personne. Et pourquoi d’ailleurs cela ne serait pas un problème pour un homme mais pour moi oui ! J’étais sûre que Damon lui avait déjà embrassé et couché mais pourquoi lui il n’y avait pas de problème ? Ce n’était pas juste. Bâtard ou pas bâtard, il était en plus chevalier !
« Un baiser donner à certes un bâtard, mais qui est chevalier. Je suis sûre que Damon a déjà embrassé une femme et non noble, est-ce que vous lui tiendrez le même discours ? »
Cela n’était pas juste… Mais c’était autre chose… J’essayais de ne pas me braquer… mais ce n’était pas facile tant je trouvais cela injuste de me faire ainsi secouer pour un simple baiser. Quand bien même je comprenais ce que cela pourrait infliger sur une réputation. Mais justement ce n’était qu’un baiser, rien d’autre. Et j’étais prête à subir tous les examens qu’il fallait au besoin. Je secouais la tête.
« Je suis aveugle, point sotte ma tante. La seule personne au courant en dehors de vous c’est Polar. Et je ne connais aucune personne au monde qui parle le chien. »
Comme-ci j’aurais parlé de cela à une de mes cousines ! C’était un secret, je savais que ce que j’avais fait n’était pas forcément bien et je ne pouvais m’en vanter à personne. À part à mon chien qui lui ne parlerait à personne. Comme toujours. Petite Liliyana, petit poids dont on ne savait pas quoi faire et qui embêtait tout le monde. Elle s’approcha et je restai muette, vu que c’était ce qu’on attendait de moi, mais je ne baissai pas le regard. Je sentis une main sur ma joue et j’essayais de la regarder droit dans les yeux. Autant que cela avait la moindre importance pour une aveugle de soutenir un regard ou non. Elle avait beau dire que cela ne changeait rien à ma valeur, elle avait tort : cela définissait toute ma valeur. Même si ici c’était différent parce que je pouvais me débrouiller seule, mais dans un autre endroit ? Qu’est-ce que je serais : une jolie plante verte. Comme-ici. Mais dans un autre endroit. Mon nom… Rien qu’en naissant aveugle je l’avais sali… Mais je comprenais ce que voulait ma tante.
« Je comprends bien ma tante. Je suis désolée… »
Qu’est-ce que je pouvais dire d’autre ?
Invité
Comment lui en vouloir au fond ? Comment lui reprocher un tel baiser alors que d’autres ont fait bien plus grave ? Elle n’était pour le moment promise à aucun homme. Cette histoire n’était finalement connue que de son chien, sa tante et elle. Célia ne pouvait qu’être fière de sa nièce. Dans sa bêtise, elle faisait preuve d’intelligence. Elle était la digne fille de son père. Lanner était comme ça aussi, ce qui fit sourire Célia tandis qu’elle restait là, proche de Liliyana, proche de cette enfant devenue femme. Le ton de la conversation ne monta pas. Les deux femmes demeuraient calmes, échangeaient tranquillement malgré les émois des premiers instants. Liliyana présenta ses excuses et Célia ne pouvait que les accepter. Elle la serra dans ses bras, déposant un tendre baiser dans ses cheveux blonds et fins. Comprenait-elle enfin ce que la jeune femme avait vécu ? Se mettait-elle enfin à sa place ? Peut-être. Passée la colère, Célia pouvait se montrer plus tendre, plus compréhensive, plus compatissante. Pendant des années, elle avait vu sa mère élever cette petite, l’instruire, l’éduquer. Jamais elle ne pensait qu’un jour viendrait, ce serait à son tour de le faire. Liliyana avait 21 ans et pourtant, elle avait encore bien des choses à apprendre. La scène sembla ainsi se figer le temps de quelques minutes. Célia serrant Liliyana tendrement dans ses bras. Elles furent interrompues, à nouveau, par Hector qui était accompagné de Polar, revenu de sa balade. Célia devait de toute façon retourner à quelques affaires et prit ainsi congé, laissant sa nièce avec son chien et sa fille, Tyta, qui était revenue auprès de sa cousine.
Quelques lunes plus tard.
Célia avait finalement décidé que cette affaire de baiser ne devait aucunement devenir une préoccupation. Aussi, Richard n’en saurait rien. Elle l’avait promis à sa nièce si elle-même promettait de se tenir convenablement désormais. Le seigneur de Bois-de-Saule avait de toute façon d’autres affaires bien plus urgentes à traiter. La guerre faisait rage dans le Val et dans le Bief, encore et toujours. Célia priait chaque jour pour que le Conflans demeure tranquille mais les nouvelles de l’Ouest n’étaient pas bonnes non plus. Le Conflans se trouvait entre deux poches tumultueuses. Combien de temps demeuraient-ils tranquilles avant que les alliés des Bracken ne se réorganisent ? Personne n’était dupe. Si les Farman avaient été reconnus traitres au même titre que les Grafton, les Florent ou encore les Bracken eux-mêmes, il devait encore rester quelques familles traitresses dans le Conflans. Célia ne serait d’ailleurs pas étonnée que son frère, Duncan, ait changé d’allégeance. Elle avait toujours perçu son oncle Lymond comme quelqu’un qui maudissait les Targaryen et les Baratheon, les tenant pour responsables, l’une et l’autre famille, de la mort de ses fils, décimant ainsi la lignée principale des Lychester. Quoiqu’il en soit, elle essayait de ne pas trop y penser et de s’occuper de sa belle-fille qui attendait un heureux événement et était en passe d’accoucher sous les jours/semaines à venir. Liliyana n’en était pas délaissée pour autant et poursuivait tranquillement son quotidien, parfois aux côtés de sa tante, la plupart du temps aux côtés de Tyta.
- Peux-tu nous laisser seule deux minutes, ma chérie ?
Tyta afficha un net sourire à sa mère et quitta la pièce, laissant ainsi sa mère et sa cousine seules. Sa fille avait toujours eu ce sourire charmant et adorable. Peut-être aurait-il fallu qu’elle la marie et que Morya devienne septa vu son caractère. Quoiqu’il en soit, la voilà seule à seule avec sa nièce, tenant dans sa main une lettre.
- Liliyana… j’ai retrouvé il y a quelques jours une lettre de ta grand-mère, je voudrai te la lire…
Célia lut ainsi la lettre que Melantha lui avait laissé avant de mourir et notamment la partie concernant sa petite-fille.
- « Si jusqu’ici j’ai tenu à vouloir marier tous mes enfants et mes petits-enfants, Liliyana aura le choix. Je le lui donne comme ultime faveur. »
Tels étaient les mots de Melantha Ryger. Pour dernière volonté, elle laissait le choix à Liliyana de se marier ou non et surtout, elle lui laissait le choix du parti parmi une liste de noms préalablement choisis par Melantha, bien sûr. Seulement, comme Célia le lui rappela, il y avait encore bien le temps d’y penser. La guerre était encore là et des affaires plus urgentes étaient en cours. Prenant la main de sa nièce, Célia lui rappela sa promesse de ne rien dire à Richard, de garder l’histoire du baiser secrète et surtout, de respecter les mots de Melantha à la lettre le moment venu. La tante et la nièce en avaient vécu des événements ces dernières années, des événements qui les rapprochèrent autant qu’ils les éloignèrent. Mais aujourd’hui, elles se montraient plus unies que jamais. Liées par le sang, liées par leur amour pour la défunte matriarche, elles avaient plus en commun qu’elles ne le pensaient. Il ne faisait ainsi aucun doute qu’à l’avenir, elles travailleraient de pair pour entretenir une relation tante/nièce stable et profitable à l’une comme à l’autre. Célia étreignit alors sa nièce, pensant à sa mère, à son frère, à sa belle-sœur, lâchant dans un murmure quelques mots.
- Je serai toujours là pour te protéger, Lily.
#B0CC99 : Célia Van
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