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Darkness will make you strong {FB / Godric}

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Darkness will
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« Noirport | 304, lune 7, semaine 3 »

Le regard perdu dans le vide, bien que ses yeux d’onyx soient fixés au miroir vieillissant, Melara brossait elle-même ses longues mèches brunes. Il n’y avait plus aucun nœuds dedans depuis longtemps, mais c’était l’une des rares activités qui la maintenait calme. Il fallait dire que le stock de bonsomme du mestre de Noirport s’était bien amenuisé ces dernières lunes et qu’il était bien heureux pour eux que quelques graines suffisent à avoir l’effet escompté. Mais la née Cole ne s’en passait plus à présent, il n’y avait pas eu une journée sans sa dose d’herbes médicinales, et ces dernières la maintenaient dans un état latent. Elle était éveillée, mais absente, fatiguée constamment mais calme. Elle n’était plus l’orageoise pétillante et pleine de vie qui s’aventurait sur le dos de sa jument à la recherche de liberté. La perte soudaine de Nerea l’avait profondément bouleversée. Isolée à Noirport, persuadée que Jyana était derrière la mort de sa fille, loin de sa mère, inquiète pour son époux, encore marquée par le décès de son père et de Béric Dondarrion… cette mort avait été la goutte de trop pour elle. Wylla avait bien tenté de se montrer présente pour elle, de la calmer, de s’occuper d’elle, mais elles n’étaient pas si proches et c’était un manque, une absence, qu’elle ne pouvait combler.

Cette dernière toqua d’ailleurs à la porte et entra sans attendre une réponse de Melara qui ne serait jamais arrivée. “Le convoi qui ramène Godric arrive Melara… Allons l’accueillir.” dit-elle d’une voix douce en s’approchant d’elle, cherchant à capter son regard dans le reflet marqué du métal réfléchissant. “Je vais vous aider à finir de vous préparer.” et d’un geste délicat elle prit la brosse de la main de la jeune épouse Manning qui sembla revenir à elle avec un sursaut. “Godric ?” dit-elle d’une voix hésitante et marquée par les silences prolongés. Wylla hocha la tête avec un doux sourire tandis qu’elle saisissait la houppelande sombre que la servante avait sortie pour sa maîtresse. Melara se laissa faire, coopérant comme elle le pouvait, tandis que la veuve Manning venait nouer l’épais ruban à sa taille pour maintenir le vêtement. Elle qui n’avait jamais été très épaisse avait encore perdu du poids. Son teint si chaud était devenu terne, ses joues creusées et ses cernes marquées. À croire que c’était elle qui revenait du champ de bataille et non pas son époux tandis qu’elles parlaient. Wylla commença à vouloir s’occuper de ses cheveux, mais Melara l’arrêta d’un geste à peine esquissé, elle n’avait de toute façon pas la force de l’arrêter fermement. Sa tante par alliance compris qu’elle les porterait longs, comme elle le faisait depuis la mort soudaine de Nerea, avec un simple lien pour les rassembler entre ses omoplates.

Puis son bras noué autour de celui de la née Rambton, Melara quitta ses appartements pour retrouver le hall du petit château Manning et accueillir son époux la mine sévère. On lui avait dit qu’il était blessé, suffisamment pour être éloigné du front et renvoyé à la maison, mais elle n’en savait guère plus. Ou elle ne s’en souvenait plus à cause du bonsomme. De même que personne n’avait prévenu Godric de la mort de sa fille pour ne pas l’inquiéter au front et le mettre plus en danger que nécessaire. Allait-il le comprendre en voyant la tenue noire et la mine déconfite de son épouse ? Ou sa blessure était-elle assez grave pour que les mestres ne le soignent comme ils la soignaient, elle ? Étaient-ils voués tous les deux à n’être plus que des ombres de leur vie passée ? Débordante de vie et de promesses ?
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Harrion Karstark
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Darkness will make you strong
Godric & @Melara Manning

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Les journées n'étaient qu'une suite ininterrompue d'ennui et d'attente : la route, de Chutebourg à Noirport, était d'une lenteur insoutenable et son esprit, fourmillant, peinait à supporter la douleur que son corps subissait. Il avait le sentiment de pouvoir courir à travers les plaines agricoles des terres de la couronne mais savait que son enveloppe charnelle, elle, ne supporterait même pas qu'il fasse un pas. Il n'y avait rien de plus humiliant pour Godric que cette posture d'entre deux : assez vigoureux pour voyager, mais guère capable de faire plus que de suivre la route, les dents serrées, en attendant d'arriver à destination. Autrefois, parcourir le chemin caillouteux était synonyme de joie, de découverte ou du simple bonheur de retrouver bientôt sa demeure, à présent ce n'était qu'une simple agonie qui semblait ne jamais en finir. Il avait trouvé un peu de réconfort lorsqu'on lui avait dit qu'il pouvait quitter le carrosse, symbole de son infirmité temporaire, pour remonter à cheval, mais cette excitation était rapidement passé lorsqu'il constata la faible allure avec laquelle le convoi remontait la route. Un incapable, voilà ce qu'il avait le sentiment d'être, son impuissance trouvant écho dans son orgueil blessé d'être laissé de côté à Winterfell, chargé de surveiller Noirport tandis que son frère dirigeait les armées de la famille vers le Nord et l'épique bataille qui les attendait. Illégitime, s'était-il sentie à réconforter sa promise devenue épouse lors de l'annonce du décès de son père sur cette même plaine enneigée dont il n'avait eut que des échos. Il aurait du être là, il aurait du se battre et tout comme Arys avait surveillé les arrière d'Ilyn Selmy, il aurait peut être pu empêcher sa dulcinée de perdre un homme cher à son coeur. Et maintenant Chutebourg. Sa chance, son opportunité. Il voulait montrer de quoi il était capable, et maintenant il était en route vers Noirport, blessé autant dans sa chair que dans son âme. Arys avait bien tenté de lui dire que les nouvelles fonctions de Ryman laissait leur fief sans défense, qu'il était de son devoir d'assurer la bonne marche de la ville, du port, et du château en le représentant. Mais Godric, lui, ressentait la cruelle défaite dans son esprit : Chutebourg était une victoire alliée, mais une victoire en demi-teinte tandis qu'à l'horreur de ce qu'il avait pu y voir s'ajoutait sa propre culpabilité : comme une tête brulée qui ne réfléchissait pas une seconde pouvait-elle s'en sortir quand lui, dont son père vantait l'intelligence, rentrait à la maison la queue entre les jambes tel un chiot malmené ?

La vision de Noirport lui redonna un bref baume au coeur : après des semaines de voyage, retrouver la vision du château dans lequel il avait grandit lui donnait un peu de réconfort. Bien sur, il n'avait pas forcément hâte d'entendre ses neveux crier ou sa belle-soeur faire part de ses éternelles inquiétudes pour son fils. Mais l'idée de retrouver son épouse, leur fille, retrouver un peu de calme pour finir de guérir des cicatrices qui parcouraient son corps et reprendre le contrôle sur ses pensées autant que sur le domaine. De la même manière que le trajet avait parut interminable, les quelques heures qui le séparaient de la cour du château semblait durer des jours mais lorsqu'il posa le pied à terre, aidé par un soldat portant la livrée de la maison, il retint un soupire de soulagement. Son regard passa sur la file d'habitant du château, famille ou maisonnée, venus accueillir le puiné Manning avant de retourner à leurs occupations. Jyana fut la première à s'avancer, dans son rôle de Dame de Noirport, son fils sur la hanche, sa fille à la main, saluant son retour avec un regard qui le mit quelque peu mal à l'aise. Elle disparue avec Moira tandis qu'il s'écartait du cheval pour rejoindre sa propre épouse et marqua un arrêt en la voyant. Son absence avait visiblement rapproché la jeune femme de sa tante, s'il en jugeait par leur proximité soudaine, mais ce qui le marqua le plus ce fut l'aspect qu'elle arborait, si loin de celle qu'il avait connu. Elle qui était toujours si colorée, si apprêtée avait l'air d'un fantôme tant par la pâleur de son teint que par ses longs cheveux sombres et détachés qui, sur sa robe noire, accentuait son allure fantômatique. Quelque chose n'allait pas. Quelque chose n'allait pas dans le regard de Jyana, quelque chose n'allait pas dans la mine de Wylla et quelque chose n'allait définitivement pas lorsqu'il regardait Melara. Que s'était-il passé durant ces quelques lunes. Avec une démarche quelque peu rigide, Godric se rapprocha, posant sa main sur l'épaule de sa jeune épouse, cherchant sur ses traits la réponse à ses questions. « Le temps me manquait de vous revoir, ma dame. » dit-il du ton protocolaire de l'homme revenant d'un long voyage, glissant sa main de son épaule le long du bras de la née Cole pour porter ses doigts à ses lèvres. « Cependant, il semblerait que j'ai manqué quelque chose ... » dit-il son regard passant de Melara à sa tante; son coeur battant affreusement fort dans sa poitrine. « Que s'est-il passé ? Qu'est-ce qui ne va pas ? » finit-il par demander, reportant son regard sur sa femme, chuchotant plus qu'il ne parlait afin de retrouver l'intimité du couple qu'ils étaient.

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« Noirport | 304, lune 7, semaine 3 »

En temps normal, Melara aurait humé à plein poumon l’air chargé du parfum floral du jardin, observant au loin le petit groupe de cavaliers se rapprocher doucement mais sûrement. Son pied battant sur les pavés aurait trahit son impatience, et nul doute que ses remarques lâchées sur un ton acerbe l’aurait dévoilé tout autant, mais elle aurait aussitôt réinvesti son rôle de dame, à l’instant où leur visage aurait été discernable par les Manning de retour chez eux après toute cette route. La née Cole aurait aussi été à l'affût de la chevauchée de son époux, curieuse de savoir en un coup d’oeil où il avait pu être blessé, connaître l’étendu des dégâts et imaginer en quelques secondes les conséquences que cela engendrait pour leur avenir. Elle se serait précipitée à sa hauteur à son arrivée dans la cour, ignorant toutes les priorités liées à l’étiquette qui demandaient à Jyana d’accueillir les membres de sa maisonnée en premier. Ainsi elle aurait pu faire d’une pierre deux coups, c'est-à-dire épauler Godric, lui permettre de dissimuler une faiblesse physique derrière elle ou sur le dos de l’émotion de leurs retrouvailles… La deuxième satisfaction étant évidemment d’agacer par là-même sa belle-sœur sans subir pour autant de représailles car qui pourrait en vouloir à une épouse d’être soulagée de retrouver son époux sain et sauf ? Et d’en oublier un instant les bonnes manières ?

Mais la réalité ne permettait aucune de ces choses là. Melara était immobile, à défaut de tranquille, accrochée au bras de Wylla pour être certaine de rester sur ses deux jambes sans défaillir. Ses yeux suivaient bien la progression du convoi Manning, mais son regard ne se faisait pas perçants, elle ne tirait aucune conclusion zélée de ce qu’elle pouvait apercevoir. Elle se contentait d’observer calmement. Elle eut néanmoins un soubresaut de conscience en constatant que Godric montait sa propre monture au sein du groupe. Cela signifiait donc qu’il n’était pas à l’article de la mort comme elle avait commencé à le redouter dans ses moments de lucidité. Au moins avait-elle l’espoir de retrouver un mari aimant, un soutien qui ne serait pas de trop à ses côtés. Une lueur dans l’abysse que représentait Noirport pour elle à présent. Un “Oh !” échappa discrètement ses lèvres, avant que ne revienne le masque lugubre et insolemment calme, jusqu’à ce que son époux n’arrive à sa hauteur, visiblement curieux de cette situation qui n’avait rien de normale. Elle le laissa saisir sa main droite, libre, tandis que son bras gauche n’avait pas lâché leur tante. “Bon retour…” prononça-t-elle d’une fois faible, avec un sourire tout ce qu’il y avait de plus méchanique. Mais cela ne suffisait pas à dissiper le malaise, c’était plutôt le contraire à vrai dire. Et le questionnement de Godric ne se fit pas attendre. Melara releva alors sur lui un regard immensément triste et ouvrit la bouche, mais elle resta silencieuse. Il venait de voir la guerre, la mort sur le champ de bataille, il avait craint pour ses jours et ceux des siens dans le Bief et il rentrait à présent chez lui, pensant retrouver son foyer, sa chaleur et un peu de paix. Et elle devait lui annoncer qu’il n’y trouverait plus rien de cela. Que la noirceur de la mort ici aussi.

Melara sentit Wylla bouger légèrement à sa gauche, faisant un demi-pas vers Godric pour attirer son attention. La jeune épouse Manning comprit aussitôt que la née Rambton voulait une fois de plus voler à son secours. Et si habituellement la jolie brune lui en était reconnaissante, elle savait qu’elle ne pouvait accepter son aide cette fois-ci. Godric avait dû attendre de revenir chez lui pour pouvoir apprendre la vérité, la moindre des choses était qu’il l’apprenne de la bouche de son épouse, de la seule personne qui pouvait véritablement partager sa douleur avec lui. “Non.” dit-elle d’un ton plus ferme pour interrompre la tante avant même qu’elle n’est commencé, avec un regard en sa direction. Elle revint lentement sur Godric, délaissant le bras de Wylla pour attraper la main libre de son époux. “Il est arrivé un drame.” put-elle prononcer avant que les larmes ne veuillent inonder ses yeux et elle dut pincer ses lèvres de toutes ses forces, bien faibles, pour ne pas se remettre à pleurer. Qu’il était dur d’en parler, de penser à elle aussi consciemment. Cela semblait demander une force surhumaine, bien au-delà de ce qu’elle n’avait jamais possédé. “Nerea n’est plus de ce monde.” Mais plutôt que de s'effondrer en lui avouant la vérité, son regard alla chercher la silhouette de Jyana, entourée de ses deux enfants, par delà Godric et lui darda un regard de défi. Elle voulait qu’elle avoue tout, qu’elle les libère enfin des mensonges, elle ne supportait plus que le mestre tente de la convaincre que c’était naturel alors que tout semblait inexplicable.

Et si Melara avait été elle-même, nul doute qu’elle aurait d’abord proposé à son époux de rentrer dans le château, de s’asseoir, de boire une gorgée de vin d’abord, elle l’aurait ménagé, elle aurait menti pour diminuer sa peine. Mais elle était incapable de toute cette prévenance dans l’état dans lequel elle se trouvait. Alors c’est ainsi, sur le perron du Noirport qu’elle apprenait la mort de leur première née à Godric. “Au moment du couché, elle était en parfaite santé, elle s’est endormie… mais ne s’est jamais réveillée. C’était trois semaines après votre départ…” Elle s’accrochait à ces détails, à ce qu’elle avait vécu et ce dont elle était certaine. Tout le reste n’était que flou, douleur et rancœur. Oui, elle espérait que son époux puisse être sa lueur dans les abysses, il leur fallait remonter à la surface et faire la lumière sur la mort de Nerea.
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Il aurait du trouver étrange que Nerea ne soit pas là. Il aurait du se douter que seul un très grand drame pouvait à ce point affecter la maisonnée, son épouse et teinter son retour de cet étrange malaise sur fond de tristesse. Mais l'esprit de Godric refusait encore de comprendre, de remarquer  ce qui était devant lui, d'admettre qu'il ne pouvait s'agir que d'une mauvaise nouvelle. Centré sur sa propre existence, sur ses propres questionnements, il ne lui était pas venu à l'esprit qu'un autre combat se jouait ici entre son enfant et l'Etranger, entre son épouse et sa tristesse. Son esprit cherchait une réponse à l'attitude de Melara, songeant que c'était peut être l'éloignement des Cole, l'inquiétude d'une guerre si proche des siens qui la plongeait dans une telle mélancolie. Il s'inquiétait de devoir annoncer qu'il n'était capable de faire une telle route pour l'instant, s'imaginait, en quelques secondes, comment il pourrait redonner le sourire à la jeune femme sans songer que la source première de sa tristesse puisse être quelque chose d'aussi tragique que ce qu'elle s'apprêtait à lui dire. La présence de la famille, non loin, ajoutait à la pression qu'il ressentait, comme si chacun braquait son regard sur lui pour juger de sa réaction, pour juger de l'attitude qu'elle avait, pour juger, tout simplement. Contrairement à Arys, Godric n'était guère un grand démonstratif en public. Melara avait touché son coeur lorsqu'elle se nommait encore Eleyna, mais il ne se serait jamais permit de la courtiser aussi ouvertement que son frère avait pu mettre en place avec Jyana. Les marques d'affection que Godric offrait à son épouse face au regard des autres était empreint d'une chaste affection loin de l'exubérance dont Arys pouvait faire preuve de son côté. Aussi, sentir que ses retrouvailles avec sa femme faisait l'objet de tant d'attention ne faisait qu'augmenter son malaise : il sentait ses mains devenir moite, son coeur s'accélérer tant face aux mots qui ne manqueraient pas d'être prononcé que par la présence de trop nombreux témoins.

Face au silence de Melara, Wylla tenta d'ouvrir la bouche, prête à mettre fin à l'insoutenable attente qui menaçait de le faire défaillir mais la voix affirmé de l'orageoise l'arrêta, ne faisant que renforcer l'appréhension qui commençait à la secouer. Les indices lui apparaissait maintenant comme évident et c'était désormais son esprit rationnel qui les refusait. Son regard passa de Wylla à Melara, de Melara à Wylla dans des allées retours qui ne faisait qu'accroitre la moiteur de ses mains et l'accélération de son rythme cardiaque. Un drame. Ses pensées se bousculaient dans sa tête tandis que, dans les quelques secondes qui séparèrent les deux phrases de la brune, son esprit hurlait qu'il ne voulait pas entendre le nom de sa fille.

Et elle tomba comme la lame tranchante d'une épée sur son coeur. « Ne ... Ne ... Nerea ... » répéta-t-il paralysé par l'annonce que son esprit venait tout juste de commencer à anticiper. Des émotions contraires le submergèrent : c'était forcément un erreur, une mauvaise blague, n'importe quoi mais ce ne pouvait être vrai ! Nerea allait bien quand il était parti, il se souvenait de ses gazouillis tandis qu'il la prenait dans ses bras, des discussions amusée avec Melara sur l'appartenance évidente de ce nez à un pan de la famille, à la dernière nuit qu'il avait passé avant le départ, incapable de dormir sous le poids de ce qui l'attendait le lendemain. Il se souvenait de cette nuit passé entre la contemplation du visage endormie de Melara, et la douce caresse qu'il donnait, d'un doigt, sur la joue du bébé ensommeillé. Il revoyait ses espoirs, ses rêves, ses ambitions pour elle. Il songeait aux folles pensées qui l'avait traversé lorsqu'on la lui avait donné dans les bras, à l'amour incommensurable qu'il avait pour cette petite chose braillante et qui était pourtant sa plus belle réalisation. Le choc de la réalisation le secoua presque physiquement tandis que son équilibre était soudainement mis en péril. Alors il le capta. Ce regard de Melara à leur belle-soeur. Et il se tourna légèrement vers Jyana, fière dans sa position, ses propres enfants collés à elle. Qu'est-ce que cela signifiait ? Pourquoi ce regard ? Pourquoi cette défiance ? Au delà de son incompréhension, de ce qui se jouait entre elles, Godric ressenti l'injustice. Encore une fois, Arys avait ce qu'il ne pouvait avoir sans même le mériter : un héritage dont il se moquait, un titre qu'il ne savait assumer, des enfants dont il ne parvenait même à apprécier la présence. Il savait que sa pensée était injuste, mais il remarquait la difficulté de son aîné avec ce fils dont il ne parlait jamais, montrant ouvertement sa préférence envers Lyessa. Et lui ... Et lui ... Son mariage, la grossesse de Melara, sa nouvelle fonction officialisée, la naissance de Nerea, l'opportunité de faire honneur à sa famille. Il avait pensé qu'il était enfin temps pour lui de gouter à sa part de bonheur. L'explication de Melera bourdonna à ses oreilles comme si ces dernières étaient encore engourdis des cris stridents du dragon de la princesse Rhaenys. « Laissez nous ... » dit-il, d'une voix basse mais suffisamment audible. Tandis qu'il percevait les bruits de tissus indiquant que tous se regardaient sans un mot, il releva la tête. Tristesse et colère se mêlaient, témoignant de son impuissance, de sa frustration et du malheur qui les frappait. Il braqua un regard noir sur Jyana qui, en tant que dame, devenait soudainement responsable de la présence de tant de témoins. « Puis-je avoir un moment seul avec mon épouse pour pleurer notre enfant ?! » cracha-t-il presque, imposant son départ hâté sans possibilité de discuter quoi que ce soit. Trois semaines après son départ ... Comment pouvait-il ne pas être au courant ? Comment se faisait-il qu'il soit demeuré ignorant ? « Melara ... » finit-il par dire d'un ton plus calme, presque un murmure. Il reprit sa main, comme si dans l'océan des émotions qui menaçait de le noyer, elle était sa bouée de sauvetage. Une bouée aussi affligée et malmenée que lui par les flots de la tristesse, mais sa bouée malgré tout. Il s'approcha, laissant sa tête tomber sur son épaule tandis qu'il laissait quelques larmes couler sur ses jours. Il demeura ainsi un instant avant de prendre une profonde inspiration. « Où est-elle maintenant ? » demanda-t-il, n'aspirant qu'à la retrouver ne serait-ce que l'espace d'un instant, de se sentir proche d'elle, de se recueillir, de l'évoquer loin des oreilles curieuses, seul avec Melara.

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« Noirport | 304, lune 7, semaine 3 »

Il n’existait aucune bonne façon d’annoncer à un parent que son enfant venait de mourir. Il existait des douleurs et des drames qui n’étaient pas faits pour être vécus et qui semblaient bien trop cruels même pour le plus cruel des Dieux. Néanmoins, il devait bien y avoir une façon d’annoncer cela en ménageant ledit parent, en faisant preuve de prévenance, en apportant son soutien et ses condoléances, mais Melara ne pouvait rien offrir de tout ça à son époux. Pire. Cela faisait tout juste une minute qu’il avait posé un pied à terre, il n’avait même pas pu passer le seuil de la demeure familiale avant de se retrouver accablé par la nouvelle, aux yeux de tous. Et si la née Cole n’était plus que l’ombre d’elle-même, cet aveu l’avait ravivé d’une certaine façon. Les effets du bonsomme pris dans la matinée se dissipait progressivement et la colère qu’elle ressentait pour Jyana gagnait un peu plus de terrain à chaque instant. Elle s’était terriblement seule à Noirport après la mort de Nereah, dans ce château qui ne serait jamais le sien, et cette famille qui serait toujours plus celle de Jyana que la sienne. Peut-être que si Lanna avait été là, les choses auraient été différentes, mais elle n’avait pu faire le voyage depuis Lestival, et l’absence de Godric avait été le coup fatal. Tous à Noirport ignorait tout de l’ancienne histoire de Jyana, sa réputation, sa maîtrise des arts lysiens grâce à sa mère, la véritable nature de ses sentiments à son égard… Alors Melara s’était laissée aller à cet état second recommandé par le mestre, étouffant sa peine dans de lourds sommeils peu réparateurs. Que pouvait-elle faire de plus, seule face à tous ces gens prêts à la considérer comme folle et à l’envoyer chez les Soeurs du Silence ? Mais les Sept redistribuaient les cartes à présent, en ramenant Godric auprès d’elle. Et s’il lui fallait du temps pour digérer la nouvelle, sentir sa propre peine et entamer son deuil, Melara elle, voulait déjà réclamer vengeance.

Malgré cette colère qui se réveillait en elle, elle sursauta lorsque Godric haussa la voix. Mais elle ne lâcha pas ses mains pour autant, elle n’avait pas peur, bien au contraire. Il lui semblait qu’il parvenait à exprimer ce qu’on lui refusait. Elle serra donc un peu plus ses doigts moites entre les siens, tandis que sa gorge se nouait et ses yeux s’embuaient. Le retour de son époux était avant tout un soulagement, elle en prenait conscience doucement… Mais avec ce soulagement, ses nerfs menaçaient de lâcher à nouveau et l’espace d’un instant, elle s’imagina se laisser aller aux larmes contre lui, laisser sa colère de côté pour évacuer toutes ces émotions qu’elle avait cherché à enfouir sous des quantités importantes de bonsomme. Cependant, elle refusait de se laisser aller de la sorte tant que Jyana n’avait pas quitté le perron avec ses enfants, et le reste de la famille. “Merci.” dit-elle en un souffle à son époux tandis que la petite cour se vidait pour leur laisser l’intimité réclamée. Puis lorsque Godric vint appuyer son front sur son épaule, elle se sentit vaciller. “Elle me manque tellement Godric… C’est comme si on m’avait arraché un bout de mon âme.” Et elle éclata en sanglots. Elle se souvenait avoir lu des témoignages d’hommes blessés à la guerre, qu’on avait amputé et qui juraient avoir de terribles douleurs là où leur membre avait pourtant disparu. Et c’était ce qu’elle ressentait, c’était ce qu’elle fuyait avec les remèdes du Mestre. Elle avait un trou béant dans la poitrine et il lui semblait encore entendre les pleurs de Nerea certaines nuits.

La voix de Godric la ramena néanmoins à elle, mettant fin à sa complainte et son aveu de faiblesse. Ses doigts se serrèrent à nouveau sur sa main tandis qu’elle cherchait à retrouver le fil de sa pensée et une réponse dans sa mémoire. Les jours qui avaient suivi sa mort étaient si flous. Elle ne se souvenait pas avoir assisté à l'inhumation. Elle se souvenait que Wylla l’avait aidée à se préparer pour la cérémonie funéraire, mais là s’arrêtaient ses souvenirs de la journée. Elle pouvait parfaitement imaginer ce que la vision du corps immaculé de sa fille sur l’autel avait provoqué sur elle… Elle prenait peu de risques à imaginer que le mestre et les gardes avaient dû intervenir, la calmer et la ramener dans sa chambre. Elle n’avait même pas pu remettre la terre sur le cercueil la première, ou poser le cristal protecteur sur sa sépulture. Et depuis, elle n’avait guère eu le courage de se rendre là-bas, et personne n’avait jugé bon de lui proposer d’y aller. Peut-être craignaient-ils qu’elle soit capable de déterrer sa fille pour tenter de la réanimer à nouveau. L’avait-elle seulement rêvé ? Ou l’avait-elle vraiment fait ? Melara était incapable de démêler le vrai du faux de ses souvenirs des dernières semaines. “Il… Il me semble qu’elle est derrière le sep… le septuaire.” bégaya-t-elle, en reniflant peu gracieusement. “Non loin de votre mère…” Elle releva vers lui un regard infiniment triste et sa lèvre inférieure se mit à trembler. “Je… je ne sais pas si je suis capable d’y aller.” Elle comprenait son besoin à lui, car il n’avait pas vu son corps blanc et froid, immobile. Voir sa sépulture était nécessaire pour lui pour accepter que ce qu’elle avait dit était bien la vérité. “Ne lâche pas ma main, s’il te plait.” ajouta-t-elle en fondant à nouveau en larmes. Son buste se pencha vers Godric, car une partie d’elle voulait aller se recueillir sur sa tombe. Mais ses jambes semblaient avoir pris racines dans le sol, elles étaient si lourdes qu’elle était incapable de les bouger. Elle voulait l'accompagner, mais elle aurait besoin qu'il lui partage un peu de force... Et après, seulement après... elle lui dirait toute la vérité sur Jyana, elle s'en faisait la promesse.
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Godric & @Melara Manning

Therefore do not bend… Once bend a little, and they will bend you further until you are bowed down. Sink you roots into the rock, and face the wind, though it blow away all your leaves.



La réalisation était une chose étrange, tandis que tout hurlait la vérité, Godric avait le sentiment que quelqu'un surgirait criant à la blague, que quelque chose viendrait mettre fin à ce sentiment de fin du monde. Mais rien ne venait. Ni blague de mauvais gout, ni fin du monde. Noirport devenait douloureusement présente. Les regards étaient toujours braqué sur eux. Melara semblait toujours prête à défaillir. Et il ressentait toujours cette impression de vide s'ouvrant sous lui alors même que ses pieds demeurait fermement ancré sur le sol. Et pourtant, l'absence de Nerea, la réalité de sa disparition lui semblait si abstraite. Seule la peine de Melara le ramenait à l'instant présent et à la véracité de ce qui se jouait à cet instant le ramenant à un échec primaire, celle de l'époux impuissant face à la détresse de sa femme. La douleur qu'il entendait dans la voix de la jeune femme lui brisait le coeur, sa détresse lui donnait envie de chasser quiconque chercherait à s'en approcher. « Melara ... » murmura-t-il, incapable de faire quoi que ce soit pour apaiser le coeur de la jeune mère endeuillée et tandis que le sien comprenait au fil des minutes que jamais plus il ne tiendrait sa petite fille dans ses bras, la colère montait. Contre lui, contre les dieux, contre tout le monde. Sa main caressa pudiquement le bras de la jeune femme. Il était rentré, il était là, et il ne la laisserait plus. Un bras passa autour de ses épaules de la brune tandis que son ordre résonnait dans la cour, imposant le départ des éventuels curieux qui refusaient de leur laisser l'intimité qu'ils méritaient.

Au delà du deuil qui commençait, Godric se sentait trahit : il refusait de croire qu'avec le temps qu'Arys passait à répondre à Jyana, elle ne lui ait rien dit. Lui, de toute évidence, n'avait pas jugé bon de l'informer du décès de son propre enfant. Chaque personne dans cette cour lui semblait hostile, porteuse du secret désormais révélé, bourreau contraignant son épouse à demeurer seule dans son chagrin. Il y avait une poésie morbide dans l'idée que Perra Manning veillait sur sa petite fille mais le souvenir des funérailles de la Dame de Noirport lui revenait et la tristesse que l'enfant avait pu connaître semblait bien pâle en comparaison de celle du père. Il y avait quelque chose de non naturel dans cette idée, d'injuste dans le fait qu'un parent ait à enterrer son enfant. Ce n'était pas l'ordre des choses, ce n'était pas ce qui devait être. « Si tu ne peux pas... » commença-t-il, incapable de lui infliger cette peine supplémentaire si elle ne se sentait pas prête. Pourquoi les dieux s'acharnaient-ils sur elle ? Pourquoi alors qu'elle surmontait la perte de son père, connaissait la joie d'un mariage et d'une naissance, on lui arrachait ce petit bonheur ? Pourquoi alors qu'il était enfin en paix avec son avenir, on lui retirait ce pourquoi il était allé se battre avec l'ost de la Couronne ? L'injustice encore et toujours. Il hocha la tête, lui offrant son bras, s'appuyant l'un sur l'autre. Encore boiteux de sa blessure reçu à Chutebourg, elle était un appuis physique autant qu'il l'était pour elle, dévastée par une bataille bien plus traitresse que celles qui opposaient les hommes. « Si tu ne peux pas... » répéta-t-il « ... On pourra y aller plus tard. » Ou plutôt, ils y retourneraient ensemble car Godric le savait, le deuil ne commencerait réellement qu'en voyant le nom de l'enfant sur la pierre. Le septuaire était modeste, loin des édifices grandiose des grandes villes mais adapté à la petite bourgade qui venait y maintenir les cierge allumé, symbole de la présence des Sept dans le lieu saint.

Godric n'avait jamais réellement aimé l'endroit. Pas pour sa symbolique mais pour le souvenir vivace qui y demeurait. Plus jeune, il avait aimé le silence, le recueillement, l'ambiance tamisée des bougies et la beauté des sculptures. Perra Manning était une fervente croyante et Godric l'accompagnait partout, petite ombre sage et silencieuse. Il trouvait presque du réconfort dans les quelques préceptes que sa mère lui enseignait : la bienveillance de la Mère, la force et la justice du Père, la beauté douce de la Jouvencelle ou le mystère sage de l'Aïeule. Puis Perra avait quitté ce monde, rejoignant les déités qu'elle avait tant prié et peu à peu, Godric avait cessé de venir. Ce n'était plus la Foi qu'il voyait dans le septuaire mais le souvenir à jamais révolu d'une complicité qui ne serai plus. L'enfant devait grandir, devenir un homme, un chevalier, et il n'avait plus le temps de pleurer l'injustice du cycle de la vie. Un frisson le parcourut tandis qu'il retrouvait l'étrange familiarité de ce lieu qu'il évitait autant que possible, comme si ses visites en compagnie de la née-Tallett remontait à la veille. La lumière qui entrait par les ouvertures sur l'extérieur était faible pour ne pas éclipser la lueur des bougies qui brûlaient en permanence mais assez pour que le jeune homme puisse constater la poussière en suspension dans l'air, résidus d'encens et d'étincelles.

Lorsqu'il ressortit, une gravité nouvelle se dessinait sur son visage. Il s'était attendu à un choc de réalité mais il n'en était rien : la peine était la même, le vide n'était pas plus grand et quelque part il en remerciait les dieux. A ce moment, il ne pouvait pleurer sur cette tombe car plus que Nerea, c'était Melara qui avait besoin de lui. Il se pencha vers elle, son bras toujours contre le sien, son épaule effleurant celle de la jeune femme. « Veux-tu que nous rentrions, ou l'air de l'extérieur te fait du bien ? » lui demanda-t-il, constatant qu'elle avait, malgré tout, reprit des couleurs. Sa tante lui avait, plus d'une fois dans sa jeunesse, vanter les mérites de l'air frais et des promenades sur une santé chancelante. Tout ce qu'il voulait c'était lui donner ce qu'elle n'avait pu avoir jusque là : un espace où elle se sentait en sécurité.

:copyright:️crack in time



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