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Némésis (Gerold/FB)

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Andar Royce
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Némésis


« Roches-aux-Runes | An 297 - lune 10 »
Les épousailles tant attendues de l'aîné des Royce arrivaient enfin, non sans une certaine retenue de sa part. S'il aurait pu se réjouir d'enfin trouver celle qui l'accompagnerait jusqu'au bout, le choix n'avait pas été sien. Alys Grafton. La fille de Gerold, appartenant à une famille longtemps en conflit avec les Royce. Une haine ancestrale cristallisée en des temps immémoriaux. Son père semblait être prêt à renouer avec eux, faire cesser cette malédiction qui subsistait entre eux, à l'image des Nerbosc et Bracken. L'aîné avait donc dû se plier aux exigences, comme toujours, et faire ce qu'on attendait de lui. En tant qu'héritier, il lui fallait assurer la lignée en engendrant des enfants et asseoir la descendance de sa maison. Le départ de Waymar pour la Garde de la Nuit laissait moins de possibilités, l'aîné devait absolument s'acquitter de cette tâche. Après des années d'errance entre l'alcool et autre perdition, il reprenait le droit chemin, songeant encore aux mots si difficiles de sa grand-mère, Anya Vanbois. Fur ses responsabilités était impensable désormais. L'avenir des Royce reposerait bientôt entre ses mains et pour sûr que son père ne souhaitait pas le laisser à un ivrogne.

Roches-Aux-Runes s'était paré de ses plus belles décorations pour l'occasion. Invitant familles et amis, les ruelles de la cité grouillaient de personnalités valoises éminentes. Le seigneur n'avait rien laissé au hasard et souhaitait que cet événement soit à la hauteur. Mais qu'en était-il des époux ? Outre son nom, Andar ne connaissait rien de cette femme dont la seule chose qu'il avait pu entrevoir était un mépris à son encontre. Il devina alors aisément que les débuts risquaient d'être mouvementés. Les voeux furent échangés à la perfection mais sans grande émotion : l'amour n'y était pour rien dans cette union ni même l'affection. Sa beauté semblait aussi piquante que son caractère, la promesse d'un mariage compliqué. Alys abandonnait le nom de Grafton pour porter celui de Royce désormais, et il devrait composer avec. A son bras, ils pénétraient dans la salle du banquet, faisant suite à la cérémonie religieuse. Il était temps de se détendre et de festoyer comme il se doit. L'alcool coulait à flot et les viandes aussi, Yohn Royce savait recevoir, à n'en point douter. De quoi faire soupirer discrètement l'aîné, bien loin des extravagances de son père et de son cadet. Lui préférait le calme et les événements plus intimistes, mais peu importait. Il devait s'y accommoder, sa position d'aîné ne lui laissait guère le loisir de s'y soustraire, contrairement à Robar. Jamais il n'avait jalousé sa liberté, car c'était évident qu'il aurait encore terminé dans une taverne. Finalement, être l'héritier l'éloignait un peu plus de ses addictions. Il devait se montrer digne - et les Sept savaient qu'il avait déjà failli de nombreuses fois. Jamais plus il ne voulait revoir la déception dans les regards de ses proches. Une page se tournait à présent.

Quittant l'agréable conversation du Chevalier Rouge, il distingua la silhouette élancée de Gerold, fils de l'actuel seigneur. Un être tout en contrôle, tout en malice, son antagoniste parfait. Les rares fois où ils avaient pu se croiser par le passé n'avaient guère été plaisantes. Cet homme ne lui inspirait que malaise, il dégageait une aura antipathique. Et maintenant en tant que beau-frère, cette sensation ne le quittait pas. Mais il fut bien obligé d'engager un dialogue, croisant sa route inopinément, entre deux tables. "Ser Gerold." Le saluait-il avec respect et retenue. "J'espère que vous profitez des festivités." Cela était teinté d'hypocrisie mais il le camouflait du mieux qu'il le pouvait, se retenant de feindre un rictus amusé. Certainement qu'il n'avait pas souhaité non plus cette union entre leurs deux familles. Cela leur faisait au moins un point commun si c'était le cas.
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Ses cheveux proprement brossés brillaient d'un lustre bleu-brun-noir qui contrastait avec la pâleur mate de son cou et de ses bras. Le vernis des Grafton. D'un regard fixe et quelque peu en biais, Gerold contemplait sa sœur, dont les épaules nues et minces jaillissaient d'une corolle en brocart. Elle était d'une remarquable et désespérante beauté, à la gorge plantureuse, aux yeux voluptueux et aux cils pareils à des incrustations de jais. Sa chevelure, répandue librement dans son dos arqué, révélait dans les intervalles de ses ondes noires et brillantes la blancheur satinée de sa peau. On ne pouvait qu'éprouver une fierté d'esthète en accordant la splendeur de cette jeune fille en mariage...
Une horrible dispute avait éclaté. Plus pour le principe que parce que quelque chose pouvait réellement être changé ; il était de toute façon trop tard pour revenir en arrière. La veille, enveloppé dans une robe de chambre verte, Gerold père s'était allongé sur un canapé vert dans les appartements lui ayant été dédiés. A la fatigue physique s'était ajoutée une certaine indigence de la pensée après une intense joute verbale. Son fils quant à lui était debout devant la fenêtre et tournait le dos au silence, les dents serrées et la rage au coeur. Un silence recouvrant un filet d'eau souterrain. D'abord, le bon sens, des arguments polis et doux, puis des remontrances, des menaces, du chantage, entrecoupés par le froid immobile d'un mutisme épuisé et furieux. Gerold fils n'avait eu que faire des querelles séculaires entre Grafton et Royce, transmises de génération en génération comme une maladie héréditaire, mais il ne pouvait supporter, et ne comprenait pas comment son père le put, qu'Alys se retrouve mariée à cet amas hasardeux d'acides aminés. Des rumeurs couraient, et Gerold en avait suffisamment entendu pour craindre à sa sœur une forme de déshonneur ou de trépas si elle se liait à l'homme que leur père lui avait choisi. Par orgueil déjà, il n'osât tout à fait révéler son sentimentalisme et avait tablé la majorité de ses arguments à l'encontre d'une union avec cette maison, qui leur avait ponctuellement voué un certain mépris. La politique ne pouvait pas se mêler à l'affect et pourtant, Gerold fils le fut furieusement, secrètement. En hurlant qu'ils étaient sur le point d'abandonner Alys à une famille rivale en scellant cette union par faiblesse d'âme, Gerold se figurait surtout qu'ils abandonnaient Alys à une famille capable de la punir pour son héritage à la moindre contrariété. Il songeait à cette créature infantile et primitive qui allait être son mari. Elle méritait mieux ; sa belle et infiniment tendre sœur méritait mieux que ce que leur père était en train de lui donner ; mieux que tout ce que son mari serait capable de lui offrir.
Assez ironiquement, son père, qui n'hésitait pas à s'humilier auprès d'étrangers pour éviter les querelles, ne paraissait prouver aucune difficulté à affronter son propre fils.  
Ils finirent par manquer de sémantique et de cruelles interjections à se décocher telles des flèches et tout s'évanouit dans un silence définitif, alors que Gerold père avait fait vibrer une énième fois le regret de ne pouvoir le déshériter. Et quoi que le fils fût habitué à entendre ce grelot secoué, une douleur cachée se rouvrit, comme à chaque fois, laissant, lui debout et nonchalant, et son père assis, coudes plantés sur les genoux, le front serré entre les mains.  
Ils excellaient à l'art de ne pas s'adresser la parole sans que quiconque ne le remarque ; un savant mélange entre proximité et politesse suffisait à donner l'impression qu'ils étaient de concert. Et ils l'étaient, car si des soupçons existaient, personne ne les avait jamais pris à se contredire en public. Une divergence d'opinion entre le Seigneur et son héritier pouvait être bien plus dangereuse que n'importe quelle maladresse diplomatique ou faiblesse commerciale et très loyalement, Gerold se tenait en miroir absolu de son père.
« Ser Gerold. »
Un irrépressible frisson lui parcourut le corps, se répandant telle une vague de son dos à son front. Un bref instant, il dut se détourner pour dissimuler la grimace qui avait tordu sa bouche. Finalement, il parvint à accueillir en biais la présence inattendue de son maintenant beau-frère, physiquement incapable de lui offrir tout son visage.  
« Ser Andar. »
Tout au long de la cérémonie, il n'avait cessé de l'observer scrupuleusement, se demandant comment le Royce n'avait pas pris feu sous l'intensité de son regard. Sur le visage de cette immondice, il avait vu se succéder les expressions de malaise et de tremblante indifférence. Du moins, il crut le voir et cela le mit davantage en colère : comment osait-il seulement dédaigner sa sœur ? Malgré ses efforts, Gerold avait du mal à ne pas considérer chaque geste, expression ou parole comme une offense, ou comme la confirmation de ses suspicions.  
« J'espère que vous profitez des festivités.
- Pas autant que vous, je pense » dit-il au marié en inclinant légèrement la tête.
Dans le doute, demeurer dans le monde mystérieux des sens doubles était la chose la plus prudente à faire. Et franchement, il n'en savait rien. Tout son énergie était dévolue à contrôler sa propre frustration et il était incapable de dire s'il était parvenu à donner suffisamment l'illusion pour berner tout le monde, son beau-frère y compris, ou si ce-dernier était juste très peu observateur. Ou peut-être avait-il remarqué et tentait-il d'atteindre sciemment sa corde sensible ? Enfin... Alys s'était contentée d'être la beauté inatteignable et fatale qu'elle était et leurs parents avaient sortis les mouchoirs pour tamponner des yeux vaguement humides. Entre spectacle et vérité, il y avait de quoi se perdre, surtout qu'il était sans cesse à deux doigts de lancer les hostilités justes pour pouvoir enfin se détendre...  
« En tout cas, vous avez su faire honneur à votre épouse, souligna-t-il sa parole en balayant la salle du regard. Elle me semble être enchantée. »
Voilà, comme ça, la boucle était bouclée et les trois se faisant le plus chier ici étaient identifiés. A sa décharge, Alys était en train d'exécuter une pavane avec Marq et en paraissait effectivement satisfaite. Son caractère doux était en mesure d'apaiser n'importe quel ennui. Gerold s'aventura à boire une gorgée de vin pour tenter de défaire le nœud dans sa gorge. Le nœud n'en devint que plus brûlant. Pour une raison inconnue, plutôt que de se taire et d'attendre que son beau-frère s'en aille, Gerold reprit d'un ton onctueux :
« J'ai ouïe dire que vous cultiviez une passion... pour l'alcool ? Les filles de joie ? Les négociations ratées ? Les rébellions vouées à l'échec ? Le suspense est insoutenable... pour les joutes ? »

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Némésis


« Roches-aux-Runes | An 297 - lune 10 »
La beauté de sa promise n’était plus  à prouver et l’aîné des Royce l’avait évidemment remarquée. Des cheveux de jais, des yeux de biche, une douceur extérieure qui semblait cacher un caractère bien trempé. Au-delà de sa personnalité, c’était le nom qu’elle portait qui était au cœur des nombreuses conversations entre père et fils. L'inimitié entre Grafton et Royce existait depuis des temps immémoriaux, dans cette union, Yohn Royce y voyait l'opportunité d’y mettre fin. D’enfin mettre à mal ce cercle vicieux existant entre eux. Un espoir de paix que partageait Andar malgré certaines réserves. L’on ne pouvait éternellement trahir sa véritable nature : les Grafton étaient des ambitieux et vaniteux voisins. Il savait qu’un jour ces derniers n’hésiteraient pas à les poignarder dans le dos pour leurs propres intérêts. Des arrivistes, des opportunistes qui se teintaient d’une certaine arrogance. Probablement que l’aîné était pire que le père dans cet exercice. Les rares fois où ils s’étaient croisés, Andar avait souvent rebroussé chemin pour éviter le calvaire de converser avec cet homme. L’humilité n’avait pas fait partie de son éducation, là où les Royce étaient bien plus austères eux tentaient de briller, mais briller pourquoi ? Pour s’en brûler les ailes ? Il n’en savait rien mais sa confiance en eux était plus que limitée. Se marier à une Grafton ne signifiait pas être aveugle quant à leurs desseins. Chaque parole, chaque mot, il le prenait avec défiance, c’était plus fort que lui, un mépris viscéral que son épouse allait avoir du mal à dissiper - bien qu’elle n’était clairement pas au centre de ses préoccupations. Elle allait devenir une Royce et en tant que tel, elle aurait droit à tous les égards de sa position.

Malheureusement, l’événement imposait de montrer une certaine entente, l’obligeant à engager la conversation avec l’héritier de Geoville. Ce dernier lui offrit le profil de son visage, bien trop lâche pour lui faire face. Andar ne se dérobait pas et cela manqua de l’agacer, tâchant de cacher une grimace de mécontentement. A peine débutée que cette conversation lui était déjà insupportable, lui qui n’aimait guère les faux semblants. La réponse de son interlocuteur ne put qu’être mal interprétée. Une façon déguisée de se moquer de ce mariage politique dénué d’amour et de volonté. Sa mâchoire se crispa un instant, son regard croisa celui de son père, au fond de la pièce. Un rappel à l’ordre silencieux qui l’obligea à esquisser un léger sourire. Les Sept mettaient à rude épreuve ses nerfs. Le remerciant d'un hochement de tête, il venait se tourner pour admirer Alys danser avec son jeune frère, cela lui permit au moins de ne plus avoir à scruter le visage dédaigneux de son voisin. “Nous ferons le nécessaire pour que votre sœur se sente comme chez elle à Roches-Aux-Runes.” Manière déguisée de lui rappeler qu’elle porterait désormais le nom de Royce. Si le sang des Grafton coulait dans ses veines, ses enfants seraient des Royce. Mais surtout lui faire comprendre qu’il n’était pas un sauvage et la traiterait avec dignité.

Mains jointes dans son dos, il ne quittait pas des yeux la silhouette d’Alys riant aux éclats dans les bras de Marq. Ce spectacle lui rappelait sa propre relation fraternelle avec sa sœur et ses frères. Waymar, parti pour La Garde de la Nuit manquait à l’appel, une absence douloureuse, surtout en ce jour si spécial. Mais la voix désagréable de son collègue valois le ramena à la réalité, son regard coula sur ce dernier. Une nouvelle provocation qu’il prenait et ne manquait pas de le crisper davantage, mais il tâchait de ne rien montrer. “En effet et il semble que celle-ci a été transmise à mon cadet Robar” Le Chevalier Rouge avait une réputation certaine, au-delà de ses qualités martiales, c’était surtout son charme séducteur qui en était la cause. “Et vous c’est le tir à l’arc c’est bien cela ?” Sourire de circonstance, il reprenait ensuite la parole. “Comment se porte votre jeune frère Oswell ?” Le jeune frère à l’esprit dit comme faible, des rumeurs circulaient à ce sujet et il savait que cela pouvait être peu souhaitable pour eux. Que ce sujet soit quelque peu douloureux. Il voulait rendre coup pour coup à son interlocuteur, avec un calme olympien, ou presque.
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Oh, il allait devoir en faire des efforts, pour qu'Alys se sente chez elle ici, le bougre. Cet embryon de braise, femme mince et mystérieuse, aux yeux auburn agrandis et qui, à seize ans, avait déjà eu l'air infiniment plus féminine que ses congénères du même âge fatal. D'un autre côté, Andar était de ces jeunes gens qui n'avaient pas besoin de faire grand-chose pour tenter de faire choir l'autre sexe, et dont le nom suffisait à créer un afflux sanguin chez ces dames. Mais si pour certains l'amour était une Jouvencelle faisant fleurir dans le cœur de chacun la graine de la passion, le Royce avait l'air d'être plutôt du genre pégu aviné qui, à défaut de planter des graines, tentait de mettre des flèches à tout ce qui passait. Et malheureusement pour lui, Alys n'était pas un sanglier à abattre, ni un trébuchet à renverser.  
Gerold sourit oisivement. Son cher beau-frère ne s'imaginait pas encore quelle femme il avait épousé. Quelle femme !  Il ne l'avait pas vue froncer ses sourcils fugitifs et fémininement façonniers, ni fouetter l'air de sa crinière océane avec agacement. Gerold avait beau être un frère placide et hautain, froid et taciturne, il reconnaissait volontiers pour lui-même que sa sœur était une créature à l'esprit éblouissant et au caractère flamboyant. Combien de prétendants elle avait éconduit ? Combien d'hommes avait-elle ignoré ? Tout ça pour ça... une futilité si totale qu'elle donnait une impression de profondeur.  
Au fond, il s'inquiétait. Qu'elle soit malheureuse. Le bonheur avait beau ne pas être un facteur déterminant dans ses priorités personnelles, il l'avait toujours été pour Alys, qui avait chéri sa relative indépendance de fille de Seigneur, son droit au choix et à la prospérité. Et pourtant, sa possible félicité le révulsait tout autant. Elle aurait dû avoir mieux et ne pouvait décemment pas se contenter de ce malentendu généalogique. Un homme au diapason émotionnel d'un salsifis. Et maintenant, c'était trop tard. Maintenant, elle allait soit devoir vivre en s'installant dans le malheur et en l'exploitant comme une mine de matériaux précieux, soit trouver un compromis ; un compromis qui compromettrait sa nature même.  
Contrairement à son sourire facile et contemplatif, qui avait son propre sujet, celui du Royce paraissait vide et difficile à maintenir. Au moins, cette compétition-là, il pouvait la gagner ; il la gagnait toujours.  
« Je suis absolument certain qu'elle finira par se sentir chez elle. Elle fera tout pour » dit-il tranquillement, non sans prédire toute la misère à laquelle son époux allait devoir se confronter.  
Après tout, il était temps de se faire une raison. Cesser de souhaiter par orgueil à sa sœur une vie pénible. Ils allaient devoir finir par trouver une conciliation, mais Gerold ne voulait pas imaginer ce que ça risquait de coûter à Alys. Il craignait qu'elle ne change, qu'elle s'amoindrisse et perde de son allure aux côtés d'un homme dont les interactions équivalaient à une tentative de communication avec une pomme de terre douée de conscience : vous saviez qu’elle n'allait pas raconter grand-chose d’intelligent, mais malgré tout, le phénomène restait fascinant. D'ailleurs, à force de naviguer dans les degrés des sous-entendus, il ne sut même pas dire exactement si son beau-frère était en train d'encenser son cadet, ou s'il était au contraire en train de ramener le reste de sa famille à son propre niveau. Enfin, le blond avait certes une réputation bien plus truculente, et un charme certain ; tout semblait lui sourire, surtout les nunuches décérébrées.  
Après un bref sourire appuyé pour expliciter son aptitude au tir à l'arc, Gerold se figea au nom de son jeune frère. Ses yeux errèrent sans but au milieu des convives ; le bruit des instruments était si riche, si sonore, avec des roulades flutées. Il regardait ses pensées tourner, danser, parader. Graduellement, il parvint à retrouver une apparence de sang-froid. Dans le vide ainsi mélangé se précipitèrent une foule de réflexions prosaïques - pantomimes de la pensée rationnelle. Toute la famille savait que la seule raison pour laquelle Oswell n'était pas mort d'une fin pitoyable, c'était grâce au nom de ses parents. Fut-il né dans le peuple, sa mère l'aurait probablement poussé du pied sous un établi juste après l'accouchement en espérant qu'il ne pousse aucun cri fatal. Sa mère avait avoué l'avoir tout de suite remarqué, à cause de quelque chose dans le regard qui lui avait paru vide. Elle aimait infiniment son fils tout en le pleurant, car il n'était pas fait pour ce monde. C'était son chagrin, et donc le chagrin de tous ses enfants. Leur père l'avait terriblement blâmée sans jamais se l'avouer, mais bien avant cela, elle s'en était sentie diminuée : son corps, fruit de la vie, l'avait trahie et punie, devenant l'enceinte de la déficience.  
Après avoir longuement tardé, Gerold tourna lentement son visage vers Andar et lui fit face, une expression impassible comme gravée dans des traits immobiles. Il aura fallu un peu de cruauté pour lui faire considérer son beau-frère dans toute sa splendeur. Pourtant, la colère s'épancha dans l'anti-chambre de ses émotions, et ses yeux, quoi que figés sur Andar, n'exprimèrent rien. Il mesurait cette rudesse, propre à la rivalité, avec une appréciation différente. Un rictus à peine visible déforma ses lèvres. Il n'était ni assez niais, ni assez généreux pour songer que l'intérêt du Royce fut sincère pour ce quatrième frère anonyme, et dont la seule existence en ce monde consistait en présences silencieuses et rumeurs déplorables. Non, il avait délibérément invoqué, au détour de volatiles sous-entendus, ce que personne ne pouvait changer.  
« Il se porte sur ses deux jambes » répondit-il après un moment de flottement, sans cesser de dévisager Andar.
Il avait un peu pali en parlant. Il se demandait si le Royce allait avoir aussi peu d'égard pour Alys qu'il paraissait déjà en avoir pour son autre beau-frère, dont il usait comme d'une arme. Qu'il ne se considère pas comme une victime. Gerold, passait encore, mais sa sœur était loin de cette brutalité.  
« Ma sœur, entama-t-il très lentement et calmement, n'a été qu'écornée par la vie. Malgré tout, elle est généreuse et intrépide ; splendide et féroce. Elle aime sa famille et ses amis, elle leur est tendre et bienveillante. Elle souffre pour chacun d'eux et les défend comme une seconde mère, appuya-t-il particulièrement la dernière déclaration. Elle mérite autre chose que du dédain, des éclats de voix et des épithètes d'épicier ; elle mérite un mariage normal et la satisfaction normale de ses ambitions à la maternité, aux joies normales de l'existence. »
Il lui fallut beaucoup d'efforts pour terminer son propos, car il lui était étranger et aussi difficile à extraire de son caractère qu'un minerait précieux d'une montagne, même s'il était sincère. Quiconque le connaissait bien, l'avait que très rarement entendu dire ce genre de choses. Sans parler de son destinataire, à qui il aurait mieux aimé éviter ce genre de conversation neutre, bien plus terrible qu'une dispute. Andar avait beau prétendre accueillir Alys avec courtoisie, Gerold avait vu leurs regards froids et inanimés et savait qu'elle aspirait à autre chose qu'une glaciale courtoisie. Les chamailleries blessantes allaient bien aux hommes, et au fond, il n'aurait rien dit et seulement renchéri s'il n'avait pas vu dans la transgression de faits immuables ce qu'il avait craint : qu'Alys devienne un quelconque catalyseur. Et puis, jeter de l'huile sur les flammes risquait de finir par brûler ceux qui s'y réchauffaient.  
Dans un étrange élan d'honnêteté, Gerold serra ouvertement les dents, parce que ça ne lui était pas simple et qu'il n'avait en l'état et par orgueil, aucune envie de le faire. Il ne s'agissait pas d'une mise en garde, ni d'une menace ou d'une tentative de supériorité morale, mais simplement d'un constat qu'il faisait à son propre sujet tout autant. Sa poitrine se souleva sous un lourd soupir, puis il conclut :  
« Je n'évoquerai plus vos... joutes, si vous n'évoquez pas ce qui déjà lui brise le cœur. »
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Alys Grafton était une femme plébiscitée, à juste titre. Belle, fougueuse et érudite, son esprit plaisait autant que son physique. Elle était tout le contraire de l'héritier de la Maison Royce, bien plus austère. Il n'appréciait guère la lumière et les charmes futiles. Sombre homme, il laissait la représentation à son cadet à la chevelure blonde. Robar excellait dans le domaine de la séduction, nobles et non nobles ne résistaient que peu à ses charmes. Jamais il n'avait jalousé sa propension à séduire ses interlocuteurs, ses compétences innées pouvaient être utiles et complémentaire aux siennes. Un duo qui faisait parfois des étincelles mais fonctionnait toujours. Ou presque. Pour sûr qu'il aurait un rôle à jouer dans ce mariage qui s'annonçait tempétueux. Aux traits de sa promise, Andar avait deviné un caractère affirmé chez la jeune femme à la taille gracile. Ses yeux brillaient d'intelligence, loin du vide de certaines autres dames. A n'en point douter qu'il aurait de quoi converser avec elle - s'ils daignaient tous les deux à mettre fin à la hache de guerre.

Il hochait la tête aux dires de son beau-frère qui de toute évidence la connaissait bien plus que lui. Alys saura faire de Roches-Aux-Runes sa maison, même si elle serait parfaitement intégrée à la famille sans le demander. Elle prenait le nom de Royce désormais et serait traitée comme telle. Yohn Royce avait souhaité mettre fin à l'inimité entre les deux familles, un désir de paix louable. Pourtant, ce mariage semblait être fait à contre-coeur par les concernés. Il n'était pas rare que des unions politiques soient contractées, loin de préoccupations amoureuses futiles. Les mariages d'amour n'existaient que peu à Westeros. Andar s'y était préparé - et le pauvre, risquait de déchanter face au mépris de sa femme. Mais présentement, c'était à celui de son aîné qu'il faisait face. Gerold se tenait droit, semblait dévisager tous ceux présents. Ses traits fins laissaient entrevoir un moment de flottement lorsque le nom de son frère fut évoqué. Evidemment, sa question n'avait rien de sincère, tout comme la sienne à propos de sa passion pour les joutes. Un sous-entendu graveleux qui n'avait guère été plaisant. Andar avait souhaité lui montrer que lui aussi pouvait toucher un sujet sensible, que tous deux n'étaient pas dénués de défauts. Il ne se fourvoyait pas pour autant, il ne changerait pas le caractère belliqueux de son voisin, dont le regard malicieux était caché par la pénombre des bougies. Tel un rocher imperturbable, le Royce se félicitait d'y discerner une légère fragilité.

Sa réponse était concise, à l'image de la gêne qu'il ressentait concernant ce cadet à l'esprit faible. Les rumeurs circulaient, tout comme celles sur son alcoolisme. De quoi recentrer le débat, le Royce aux cheveux sombres fronça les sourcils alors qu'il reprenait la parole sur les ambitions de sa soeur. Elle méritait un mariage normal. Cela ne manqua pas de le faire tiquer. Qu'insinuait-il exactement ? Qu'il était le seul responsable de ce mépris ? Qu'il était le seul responsable de ces regards froids ? Son visage s'assombrissait aussitôt, teinté d'une certaine déception. Son interlocuteur le prenait réellement pour un simplet, pour un homme dénué d'honneur et de moralité. Certes, il avait eu ses propres démons, mais quel homme n'avait pas de faiblesses ? Quel homme se targuait d'être parfait ? Son interlocuteur, certainement... Il ne savait comment prendre cela. L'inquiétude d'un frère ? Cela l'étonnait d'ailleurs pour un homme si faux que lui. L'honnêteté ne faisait nullement partie de son vocabulaire. Hochant la tête, il tentait de ne rien montrer de son agacement, même de sa déception. Gerold avait une piètre image de lui pour imaginer qu'il ose faire souffrir Alys simplement à cause de son sang. Elle n'était pas Gerold et n'avait pas à pâtir de cette rivalité. Ses yeux noirs captaient les siens. "Alys est une femme remarquable Ser Gerold. J'ai moi-même une petite sœur que j'aime profondément et dont le bonheur m'importe plus que tout au monde. Je comprends votre inquiétude. Soyez certain que je ferais tout pour qu'elle ait ce qu'elle mérite, à la hauteur de ses ambitions. Son coeur sera préservé et protégé." Les joutes verbales étaient réservées aux hommes, Andar n'était certes pas un être sociable, il se montrait juste et préserverait Alys de tout cela. Sa voix se faisait déterminée, honnête. Peut-être que pour une fois, il comprenait les inquiétudes de l'héritier de Goeville. Il se voyait arracher à sa soeur adorée, celle-ci laissée entre les mains d'inconnus. "Les Sept n'ont que peu de valeur à mes yeux, alors je vous fais cette promesse au nom de l'amour que je porte à Ysilla." Ses mots étaient sincères depuis le début, il n'aimait guère Gerold Grafton, mais tous deux partageaient -pour une fois- l'amour fraternel.
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Quelque chose lui disait que ce mariage n'allait rien arranger. Il avait lutté contre l'avis de son géniteur, craignant que ce sacrifice n'engendre pas les résultats escomptés. La mésentente latente avait été trop tenace, répétée et reproduite depuis des générations par instinct, et le faible caractère d'un seul homme sans envergure n'était certainement pas en mesure de changer un sentiment qui les dépassait tous. Et puis, tout ça pour quoi ? Il y avait une dot généreuse, certes, mais aucun accord commercial n'avait été conclu en dehors de cette négociation maritale bien vite pliée par un Seigneur bienheureux d'avoir enfin un semblant de paix. Gerold père se gargarisait déjà d'avoir eu l'audace de ce beau geste symbolique, en fracture avec l'usage, comme si cela constituait une forme de révolution, plutôt qu'une énième mascarade de faux semblants. Peut-être qu'il considèrerait Yohn Royce comme son meilleur ami dès ce jour, pour embellir ce mariage d'un vernis encore plus ostentatoire ? Le meilleur ami parmi tous les autres meilleurs amis à qui il aurait un jour juré fidélité. Franchement, ça le débectait. Pas tant cette union arrangée, que la satisfaction orgueilleuse qu'en tirait le Seigneur de Goëville. Un vrai diplomate, à n'en point douter.
Peut-être que Yohn était plus honnête et lucide à ce sujet, mais l'entente de deux paternels ne pouvait pas recoudre des années de tension dans le tissu. Et puis, lorsque l'un ou l'autre viendrait à péricliter, Gerold n'était pas certain de parvenir à garder cette "bonne" entente sans autres garanties qu'un foutu mariage. Dans cette histoire de discorde, les Royce récupéraient la fille, l'argent... et les Grafton ? Quoi d'autre à part le sentiment d'avoir prétendument agi pour le bien ? Le bien de qui déjà ? L'éternel recommencement...
Leur paix avait le goût du silence. La seule chose dont ils étaient capables, ce n'était pas la fraternisation, mais à un évitement tacite. N'était-ce pas au fond le principe d'une cohabitation bénéfique ? Chaque cordialité allait être poursuivie par une ombre de mépris, sans jamais aucun plaisir, ni réelle confiance. Seulement deux loups domestiqués, mais prêts à mordre en toute occasion propice. Aucune conversation n'allait jamais être normale, ou bienveillante, chacun voyant dans les mots de l'autre une façon dissimulée d'offenser, ou faire souffrir. Rien que cet échange n'avait pas été dénué de sarcasmes et de cruauté. Gerold n'avait jamais été quelqu'un de particulièrement engageant, il le savait ; par nécessité et par volonté. Si sa plus jeune fratrie n'en avait rien gardé en mémoire, Alys et lui se souvenaient parfaitement de la prise d'otage à Goëville. Leurs mains nouées, à l'abri du placard de la bibliothèque, tandis que les domestiques détalaient comme des souris. Chacun avait développé sa propre armure d'espièglerie et de fougue, ou d'orgueil et d'impassibilité. Ils s'étaient souvent disputés, tout en sachant d'où tout cela venait : un intrus en armure à jamais coincé dans leur esprit, et dans l'air, le sifflement d'une épée.  
A cet égard, il n'avait cure des émotions du Royce. Contrairement à certains, qui voulaient se faire aimer, Gerold avait pris pour habitude de se satisfaire des exécutions de demandes, bon ou mal gré. Avoir l'approbation lui importait peu tant que ce qu'il désirait était exhaussé. Alors, les sourcils froncés et les lèvres serrées du Royce ne l'émurent guère ; entre eux, il ne pouvait y avoir que ce genre de compromis, accepté les dents et les poings serrés. D'ordinaire, Gerold aimait à connaître ses interlocuteurs, mais avec le Royce, c'était différent. Il s'en était fait un préjugé, et tout était prétexte à le confirmer. Ou du moins, il ne pensait pas que quelque chose serait capable de fondamentalement changer son impression première. Pour la même raison, il lui importait peu de savoir ce qu'Andar pensait de lui, ou croyait savoir et deviner de sa personne.  
« J'entends bien qu'il faille autre chose pour garantir une bonne entente qu'un simple mariage : faut-il encore qu'il ne soit pas malheureux » dit-il avec une certaine sévérité, peu sensible à ces élans d'honneur.  
L'honneur, chacun en avait sa propre définition, qui tenait jusqu'à ce qu'une excuse s'y interpose pour permettre le vice. L'on pouvait éternellement se draper dans la bienveillance loyale jusqu'à la naissance d'une tare, et alors, même les serments du mariage devenaient incapables de protéger une femme contre la rancune cruelle de son mari. Les vœux pourtant, disait-on, avaient été fort doux et joliment prononcés. Puis Oswell était né. Andar pouvait bien être sincère, sa sincérité était comme la proverbiale liberté : elle s'arrêtait là où commençait le goulot d'une bouteille. Néanmoins... cette aigreur ne pouvait pas être le fin mot de cette confesse. Quel intérêt y avait-il de demander promesse, si c'était pour ne pas en croire le serment ?
« Cependant, reprit-il plus doucement, je vous saurais gré, si ce n'est de lui offrir une union parfaitement heureuse, au moins de lui épargner les barreaux d'une prison dorée et le goût du regret. »
Il avait déjà promis de ne plus aborder le sujet, mais ce qu'il craignait, ce n'était pas tant qu'Andar la déshonore, qu'il se soule, ou l'indiffère, c'était que tout cela lui arrive en public. Leur mère avait supporté son mariage pour la seule raison que leur père avait été trop lâche pour l'humilier ouvertement. Trop lâche, ou trop soucieux de leur réputation. On pouvait dire que sa vision de la situation était totalement dénuée de romantisme, mais il était assez lucide pour savoir que l'amour dans un mariage, c'était un bonus. Bien avant l'amour, il y avait une vie descente et sans souffrances inutiles.  
« Les échos de vos joutes ont déjà résonné aux oreilles du Val. Aujourd'hui, il n'y a pas que vous que vous risqueriez d'humilier. Ca aussi, vous sauriez le jurer sur le nom de votre propre sœur, là où les Dieux semblent vous avoir déjà abandonné ? »
Lui, confiance ? Plutôt clarté. C'était peut-être leur seule occasion d'être parfaitement honnêtes, et de définir ce qu'ils attendaient chacun de l'autre, car encore, la mort de leurs pères respectifs allait faire un jour remonter à la surface chaque promesse ou parole échangée comme tant de poissons morts sur le vernis d'un lac qui se voulait calme. Gerold affrontait son regard sombre, calme, imperturbable ; en de rares occasions comme celles-ci, il n'avait pas peur de ses mots, ni de leur sens. Ce qui lui importait, ce n'était plus l'idée d'un héritier ambitieux et stratège, intelligent et redoutable, mais la limpidité du message. Bien sûr, il aurait pu le faire avec des ourlets et de la dentelle, mais il ne se voilait pas la face : ils ne s'aimaient pas, et prétendre le contraire n'était qu'énergie inutilement employée dans une illusion.  
« Enfin, vous avez l'air d'y croire, à votre engagement, dit-il avec un léger rictus, alors j'imagine que je peux m'y fier. Que votre sœur vous en soit donc témoin. »
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« Roches-aux-Runes | An 297 - lune 10 »
Engoncés dans leurs préjugés, les deux hommes demeuraient sur leurs acquis. Andar avait un avis bien tranché sur l'héritier Grafton, dont l'arrogance et l'impassibilité l'insupportait. Cet homme ne semblait rien ressentir, ne rien aimer outre que sa propre personne. Avait-il un coeur battant derrière cette carcasse d'une neutralité absolue ? Il s'en moquait bien et préférait d'ailleurs imaginer que non. Par facilité, par habitude aussi. L'inimité entre leur famille n'allait pas se tarir de sitôt, malgré ce simulacre de mariage. Les deux seigneurs se gargarisaient d'un geste de paix, Yohn Royce emportait une importante dot et une valoise au sang noble pour ses descendants. Evidemment, ce dernier s'était fait assez mesuré quant à ce qui les liait aux Grafton. L'on n'effaçait pas des siècles de haine en un claquement de doigts, la méfiance était de mise et le sera pour toujours. Cet adage s'appliquait pour chaque relation, chaque conversation entre les deux héritiers aux caractères si différents. Deux prédateurs se jaugeant et ne s'accordant aucun crédit. Alors à quoi bon faire des promesses songea Andar. Quoiqu'il puisse dire, son homologue n'en croirait rien. Il soupira intérieurement : pourquoi se fatiguait-il ? Parce que naïvement, il avait eu la sensation qu'ils partageaient un point commun : l'amour fraternel.
Mais non, sa tentative fut vaine. La première et la dernière finalement, car aussitôt les mots du Grafton entendus, il se montrait plus distant, affichant un visage des plus neutres, à l'image du sien.

Voilà qu'il évoquait de nouveau ses démons, rumeurs ayant circulé au-delà des murs de Roches-aux-Runes. Une tare qu'il devait supporter toute sa vie durant, lui qui pourtant s'en était détourné depuis plusieurs années, lui qui avait su affronter ses démons. Sa mâchoire se serra de colère tandis que son regard devenait plus sombre. Son voisin semblait si prompt aux jugements hâtifs, se pensait-il dénué de défauts ? Son monologue terminé, il s'empressait de répondre avec fermeté. "Les échos de mes joutes appartiennent au passé, Ser Gerold." Cette période de sa vie était derrière lui, il en était sorti avec difficulté mais pouvait se targuer de ne plus en ressentir le besoin, pour l'instant. Il n'avait que trop peu connaissance des désastres de tout cela. Il n'était pas assez sot pour que cela survienne publiquement quand bien même s'il replongeait. "Mais à quoi bon me justifier ? Vous semblez si prompt à me juger, connaissant ce que j'étais et persuadé de connaître ce que je suis à présent, persuadé de m'imaginer comme le pire. Il n'y a rien que je puisse dire qui changera vos préjugés sur ma personne. Mes promesses n'ont aucune valeur à vos yeux, n'est-ce pas ?" Un sourire sarcastique étirait ses lippes, le valois l'avait compris, les mots ne parviendraient jamais à satisfaire Gerold. Seuls les gestes et le temps y parviendraient. Il avait plongé son regard dans le sien et dit ses mots plus bas, sans une once d'agressivité, mais une certaine lassitude. "Je n'ai alors qu'une seule chose à vous dire, rendez-vous dans trois ans et vous verrez ce qu'il en est." Il pourra voir de ses propres yeux que ce mariage ne serait pas une cade dorée dans laquelle était enfermée son épouse -malgré des débuts difficiles à n'en point douter. Il lui faudrait dompter le caractère d'Alys, et réciproquement. Andar était pragmatique sur ses propres défauts : solitaire, parfois distant, il n'était pas aussi expansif que l'était son cadet.
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Même dans l'apaisement, ils étaient en guerre. Gerold était suffisamment intelligent pour prétendre tenir ses distances et contempler froidement un bouillon émotionnel qu'il dédaignait. Le mépris vibrait pourtant sans se dissiper, comme une corde pincée et sourde. Il y avait des émotions que même lui était incapable de réprimer, ou ne serait-ce que de contrôler. A force de maintien, de certitudes quant à son impassibilité, il ne distinguait plus très bien la retenue de l'orgueil. Et plus il était haï, plus il haïssait en retour dans un cercle qu'il était incapable de briser ; pour cela, il aurait fallu prendre du recul. Un recul seulement appliqué pour mieux sauter, car à peine la tendresse envers sa sœur fut à demi-dévoilée, qu'il retournait mordre pour ne pas laisser de doutes : ses vulnérabilités étaient épineuses. Quant au Royce... la raison n'avait jamais été élucidée, mais par chaque fibre de son entité, le Grafton sentait que l'animosité suintante lui était destinée personnellement, pour ses qualités, qui étaient des défauts, et ses défauts, qui l'étaient encore plus. Pour ne pas être aveugle, Gerold les connaissait ; évidemment, l'arrogance. Et plus on le répugnait pour ça, plus il éprouvait un plaisir à l'être davantage, par revanche et provocation. Davantage encore lorsqu'il s'agissait d'un homme qui avait ainsi failli, et avait si peu de raisons de l'être, orgueilleux. Le Royce avait perdu cette capacité lorsqu'il avait découvert à quel point ses vices pouvaient le posséder. Et comment pouvait-il y avoir de la vanité chez quelqu'un qui était incapable de se posséder soi-même ?  
Quelque part, tout en se gardant de ses propres travers, Gerold gardait l'outrecuidante certitude de ne jamais leur succomber. Et en cela, il n'avait pour Andar naturellement que très peu de pitié. Sans le formuler, il se figurait supérieur ; pas en tout, mais en tout cas en retenue. Peut-être lui faudra-t-il choir un jour pour s'estimer égal, mais l'humiliation perpétuelle de son géniteur le poursuivait déjà comme un rappel à cette insupportable et permanente répression. Les occasions de sombrer s'étaient maintes fois présentées, et il ne l'avait jamais fait. Il n'avait pas capitulé, là où Andar l'avait fait. Il aurait pu avoir de la compassion pour son beau-frère, pour la connaissance qu'il avait de ce qu'il avait vécu et qui était parvenu à le briser, mais pour ça, il aurait fallu éprouver de la compassion pour soi-même et ça, Gerold se le refusait catégoriquement. Quand bien même il comprenait les gens, il se préservait de l'empathie à leur égard autant que possible pour ne pas souffrir de sa propre pitié.
« Oui, et pourtant, c'est sur le passé que l'on construit son avenir » répondit-il pour le plaisir d'être implacable, empreint d'une impassibilité glacée qui voulait s'opposer à la colère vibrante, se rendant compte tardivement que sa voix, elle-aussi, frémissait.  
Le Royce marqua un point néanmoins : cruellement, Gerold concédait qu'il était suffisamment échaudé pour que rien ne parvienne à le convaincre. Attitude qu'il savourait mais dédaignait. Aussitôt l'eut-il entendu qu'il sentit un pincement qui le força à se tempérer. Tout son être s'hérissait, refusant de concéder qu'il eut pu être aussi impartial ou injuste. A croire que tous les torts lui revenaient ! Alors que c'était orgueil contre orgueil, préjugé contre préjugé. Il rechignait à être le premier à se soumettre : montrer son flanc était la meilleure façon de se faire blesser, et pourtant... parfois, montrer son flanc désarmait pour de bon.
« J'ai cette présomption, en effet, dit-il avec une étrange douceur. Justement, je ne vous connais pas. Quelle raison aurais-je de vous faire confiance ? De me fier d'abord à la réputation qui vous précède plutôt qu'à vos paroles, dont je ne connais ni la valeur, ni l'honneur ? »
Si quelqu'un les écoutait, ils devaient donner une improbable impression. Par moments, Gerold sentait un regard sur lui -- père, mère ? Les deux jeunes gens se mesuraient tout en ayant l'air d'entretenir une conversation somme toute banale ; visage détendu, épaules basses, gorge déployée. Mais comme une aura, la tension flottait toute proche et opacifiait l'air lorsque l'on daignait s'approcher.
« Vous n'avez pas tort non plus : les promesses n'ont que peu de valeur à mes yeux, y compris les vôtres. Les mots ne sont que des sacs qui prennent la forme de ce qu'on veut bien y mettre, ce disant, son regard se perdit au loin, alors qu'il balayait la foule, s'imposant un silence contemplatif. J'aurais aimé être moins méfiant, reprit-il songeur, vraiment. Mais lorsque trop longtemps la parole n'a aucun sens, on cesse d'y faire attention. »
Inconsciemment, il évita le regard du Royce, lui offrant un profil aigu. Mensonges, mensonges, mensonges. La seule chose qui importait vraiment, c'était les actes. Sa mère, en parfait antipode à son géniteur, l'avait élevé ainsi : sans douceur, mais avec amour. Sans qu'elle n'ait à le lui dire, il s'était senti aimé d'elle. Elle avait toujours été là, immuable dans un monde de vagues paroles et de constantes incertitudes.  
« Mais j'apprécie que vous teniez tant à me prouver le contraire malgré tout ce que vous paraissez penser à mon sujet » dit-il, non sans une légère malice.  
Curieux que, malgré toutes ces paroles, Andar se soit obstiné malgré tout à faire une promesse à quelqu'un qu'il ne paraissait pas estimer, et dont il pensait ne pas avoir ni le respect, ni la considération. Comme si ce vœu était celui qu'il s'était fait à lui-même et qu'il voulait tenir pour soi avant de le tenir pour les autres. Sans être parfaitement rassuré, car les bravades étaient monnaie courante dans les cœurs de vaillants jeunes hommes qui se figuraient être davantage qu'ils ne l'étaient en réalité, Gerold éprouva un certain réconfort. Il aurait pu, comme à son usage, y trouver une façon de le critiquer : encore un individu qui avait sans cesse le besoin de prouver sa valeur au monde entier... Mais le Grafton, avec complaisance, se dit simplement qu'Alys avait épousé un homme entêté à être bon. Peut-être n'y arrivait-il pas toujours, mais au moins tentait-il de ressembler à cet idéal. Cependant, cette susceptibilité n'était que l'ombre du doute qui planait dans le cœur du Royce. A quel point était-il persuadé de ce qu'il disait ?  
« Sincèrement, je vous le souhaite. Que ma sœur soit heureuse avec vous. »
Sur un banc, dans sa robe froissée, elle gazouillait avec leur père, qui lui tenait la main en serrant entre les siennes ses étroites phalanges, empli d'une considération protectrice dans le regard.
Qu'il y en ait au moins une qui finisse par trouver la joie en ce monde.
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Avec une certaine déception, le Royce se rendit compte qu'il perdait son temps. A se justifier d'un passé qui n'était plus, à promettre monts et merveilles aux oreilles d'un homme qui ne lui donnait aucun crédit. Pouvait-il réellement le blâmer pour sa défiance ? Pas vraiment. Sa Grand-Mère avait eu la même par le passé, lassée des promesses non tenues de son petit-fils. Lassée de ses mensonges qui pourtant n'en n'étaient pas. Andar avait réellement tenté de se défaire de ses démons, mais il avait succombé, plusieurs fois. Il savait aussi que l'équilibre d'aujourd'hui était fragile, aussi fragile qu'une vie. Alors oui, il ne se le pardonnait pas pour autant, aucune excuse n'amoindrirait la gravité de ses actes. Pas de compassion ni de pitié, juste de la compréhension. Celle qu'aucun être humain n'était parfait ou dénué de démons. Ceux de Gerold existaient quelque part, il le savait pertinemment. Engoncé dans cette fierté et arrogance démesurée, le chevalier tomberait de haut, il le savait, par expérience. Non pas par méchanceté, mais il voulait qu'il comprenne qu'il n'avait rien de supérieur, que lui aussi sera un jour soumis à ses plus bas instincts. Oh par les Sept, Andar le maudissait d'être aussi imbu de lui-même, si prompt au jugement, si prompt à la déshumanisation.

Mais il ravala sa colère pour ne rien montrer. Mâchoire serrée, mains liées dans le dos, le brun aux yeux sombres scruta la foule à la recherche de visages familiers. Robar riait, Ysilla aussi, ils étaient à l'aise dans ce genre de mondanités quand lui les exécraient. Néanmoins, il devait l'avouer, son interlocuteur, aussi insupportable soit-il avait raison. Ils ne connaissaient pas et pourtant. Des préjugés entouraient chacun d'eux aux yeux de l'autre. Engoncés dans cette haine perpétuelle comme une habitude, ils ne semblaient pas prêt pour une trêve, pas même en ce jour. Leur conversation, on ne peut plus banale, cachait des sous-entendus qui s'apparentaient amplement à une guerre, subtile toutefois. Gerold confirma ce qu'il disait : aucun mot ne changera son avis sur la question. L'aîné resta de marbre face à cet aveu, aurait-il réellement aimé être moins méfiant ? Il en doutait sérieusement, cet homme feintait bien des émotions, après tout. "C'est pour votre soeur que je le fais. Pour ne pas qu'elle se sente tiraillée." Qu'elle ne renie pas sa famille de sang au profit de celle d'adoption, qu'elle ne se sente pas au milieu de la mêlée ou de la joute verbale entre les deux coqs. Ce n'était que pour elle et personne d'autre, et certainement pas la considération de celui qu'il avait face à lui.

Finalement, sa phrase sonna le glas de cette discussion. Sincèrement, il souhaitait qu'elle soit heureuse et c'était là tout ce qu'il voulait entendre. L'amour fraternel parlait de lui-même et Andar ne put s'empêcher de sourire légèrement, hochant la tête avec respect. "Vous pourrez vous en assurer, après tout, nous sommes voisins. En attendant, profitez des festivités." Un dernier coup d'oeil et le voilà qui s'éclipsa rejoindre les siens, non sans un certain soulagement. Cette promesse tacite, il comptait bien la tenir.
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