The Queen, the Knight and the Rook - ft. Delena

The Queen, the Knight and the Rook
Delena & @Galladon Oldflowers  

As powerful as you are here in your realm, Dreams rarely survive in the waking world. Nightmares, on the other hand, seem to thrive there.

Elle aurait pensé qu'évoquer les souvenirs de leur vie passée lui aurait été plus douloureux. Elle se souvenait de son retour à Grenadier, de la manière dont elle avait été entourée de nouvelles soeurs qui lui demandaient régulièrement conseil. Delena en riait, sortant de sa morosité pour se rappeler avec nostalgie les jeunes années où Galladon et elle s'étaient chamaillés à Herbeval ou la maladresse de leurs premières années de mariage. Elle se reconnaissait parfois dans la timidité innocente de ses belles-soeurs, se souvenant combien elle luttait pour cacher cette pudeur à son mari, pour conserver l'éternelle visage de la Delena forte et piquante qu'il connaissait depuis toujours. La vérité était qu'il était plus facile de se disputer avec lui que de se laisser à la vulnérabilité que son affection provoquait. Face à sa tendresse, elle perdait ses moyens et redevenait une jeune femme comme les autres. C'était le constat auquel elle était arrivé lorsque Dorca avait finit par lui témoigner ce genre d'amitié qui ne nait qu'au sein des sororités. Et c'était avec le même rouge au joues et regard fuyant qu'elle avait gérer la situation. Toutefois, chaque mention de l'homme qui avait partagé sa vie lui rappelait combien son absence lui coutait, combien sa disparition prématurée l'avait laissé veuve trop jeune, arrachant les belles années qu'ils auraient encore pu partager. Quand son beau-père était décédé, Delena avait songé à la peine de sa belle-mère et au fait qu'il n'y avait pas de bon âge pour perdre sa moitié. Lorsque son père avait quitté ce monde, elle avait eu du chagrin pour Rylène qui avait été profondément diminué dans les premiers jours suivant le trépas de son époux. Mais toutes deux s'en étaient brillamment relevées. Delena, elle, était restée éternellement figée dans cette détresse qu'elle avait ressentie lorsque Morgon avait abandonné les recherches. Alors, plus qu'aucune des autres fausses couches qu'elle avait pu faire, celle ci fut la plus douloureuse. Contrairement aux autres, le monde savait. Contrairement aux autres, il ne lui restait plus rien de son mari, lorsque l'enfant fut partis. Rapidement Dorca comme Alysanne comprirent qu'aborder le sujet de Galladon finissaient inlassablement par ramener Delena à ce tragique évènement et la plongeait dans une vague de tristesse qui ne s'estompait qu'après plusieurs jours. C'était naturellement qu'elle finissait pas dévier la conversation, l'aidant à se remémorer les bons moments tout en laissant la tristesse partir, fondant avec la cire des bougies sur l'autel de la mère, s'évaporant dans la fumée qui voilait le visage du père, s'étouffant dans les prières faites à l'aveugle.   

Et pourtant si chaque mention réveillait la détresse de la trentenaire terrifiée, cette fois ci, les mots étaient sortis seuls, sans qu'elle ne sente de trémolo familier qui lui serrait la gorge. La vérité. Peut être était-ce ce qui soulageait son coeur à cette instant. Savoir qu'elle avait pu lui dire. Savoir qu'il savait la vérité. « Vous ne pouviez pas le deviner ... » soupira-t-elle avec tristesse. Qui l'aurait pu ? Elle avait confié tant de chose à Leana pour découvrir que ses confidences avaient été chuchoté à l'oreille de Morgon. Morgon qui en savait trop là où son propre époux ne savait rien. Quelle tristesse. Toutes ces années perdues, tout ce temps gaspillé. Tandis que le front du chevalier reposait sur le sien, elle les senties venir. Les larmes traitresses, vestiges de ses nerfs lâchant de tant d'émotion. Il était là. Il était revenu. Elle ferma les yeux, juste pour imaginer un instant que les dernières années n'avaient été que le fruit de son imagination, juste pour imaginer qu'il allait justement partir retrouver son frère, qu'elle pouvait encore lui demander de rester. « Ne m'abandonnez plus ... » finit-elle par chuchoter de nouveau, craignant de briser la fragile intimité qu'elle redécouvrait pour la première fois en une décennie. Une part d'elle voulait ajoutait qu'elle le tuerait elle-même s'il osait, mais l'autre, celle plus adulte de la Delena qui avait muri, l'en empêcha. Point de menace vaine en ce jour bénis où, enfin, il lui revenait.

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The Queen, the Knight and the Rook
Delena & @Galladon Oldflowers  

As powerful as you are here in your realm, Dreams rarely survive in the waking world. Nightmares, on the other hand, seem to thrive there.

Elle cligna des yeux, quelque peu incrédule. Herbeval. Comme un coup du destin. L'endroit où tout avait commencé, comment pouvait-elle être surprise ? Ses relations avec les De la Nouë n'était plus ce qu'elles étaient : bien sur elle avait gardé un contact étroit avec certains membres de la famille, mais le désormais seigneur était au berceau lorsqu'elle même avait quitté cette région du Bief pour la côte ouest où se trouvait le fief de son époux. Quand aux cadets, elle se souvenait vaguement d'enfants rieurs, de leurs noms dans ses correspondances mais guère plus. De ses années de veuvage, Delena n'avait pas conservé l'entièreté des relations qu'elle avait pu avoir du vivant de son mari, certaines lui étaient trop douloureuse, et les De la Nouë en faisait partie. Elle leur adressait des salutations polies, s'enquérait de leur santé et de leur bonne fortune lorsqu'elle les voyait, mais il n'était plus de son ressort d'exercer un pouvoir de représentation. Aussi n'était-elle pas surprise qu'il ait trouvé refuge là bas, pas plus qu'elle ne l'était de ne pas en avoir été prévenu. « Quel étrange retour en arrière. » dit-elle emplie de nostalgie. Herbeval était le lieu de leur première rencontre, le château qui avait abrité leur adolescence commune. C'était à l'abris de ses tours qu'elle l'avait longuement observé, les joues rosées par la gêne tandis que naissaient les profonds sentiments qui existaient encore aujourd'hui. Partir, maintenant ? Cela ressemblait presque aux contes romantiques dont les jeunes filles raffolaient et pour autant qu'elle aurait aimé se voir ravir par l'homme qu'elle avait toujours aimé -quoi qu'il lui faudrait s'habituer à l'idée qu'il était toujours vivant- elle ne pouvait faire cela à Triston. Disparaitre sans laisser de trace, après toutes ces années, il ne comprendrait pas.  « Il était parti chasser mais j'ai envoyé une servante le chercher dès que j'ai vu les couleurs de Vieux Jardin. Je crois qu'il ne tardera pas à venir rappeler à votre frère qu'on ne s'invite pas ainsi sur les terres d'autrui. Enfin ... S'il est toujours là. » Si Triston avait montré une certaine amitié à Morgon en tant que nouveau seigneur, en tant que frère endeuillé ou simplement par égard pour avoir pris soin de sa soeur pendant les premières lunes de son veuvage, il avait rapidement déchanté. Si Rylène ne tarissait pas d'éloge sur son lointain neveu, Triston n'avait jamais apprécié l'attitude de ce dernier à son endroit et bien qu'il le garda pour lui, Delena savait que le malaise s'était peu à peu mué en agacement. Les évènements du jour serait sans doute la goutte d'eau faisant déborder le vase.

Le calme était revenu dans la cour et si Delena ignorait ou le groupe de cavalier se trouvait, elle acquiesça : prendre l'air leur ferait sans doute du bien et il y avait bien des choses dont ils devaient discuter. Elle voulait comprendre pourquoi, comment et ce qui était advenu de lui toutes ses années. Elle savait qu'ils auraient du temps, surtout entre Grenadier et Herbeval, pour en discuter mais elle savait aussi qu'il leur faudrait du temps pour retrouver ce qu'ils avaient pu être. « Une seule chair, un seul cœur, une seule âme, à présent et pour jamais. » finit-elle par dire, avec un léger sourire. Il était temps de quitter cet endroit et de retourner dans le monde réel, d'abandonner les histoires de fantômes et d'écouter son histoire. Elle était son épouse, elle l'accompagnerait partout, mais il n'y avait que lui pour lui prouver qu'elle faisait le bon choix.

TERMINÉ