Et la Lionne s'envola

Je ne savais pas pourquoi… Mais je sentais que ce rendez-vous avec dame Cersei proche de la tanière de son dragon… Nan je le sentais vraiment pas. Ou alors c’était juste que je n’en pouvais plus de rester comme une plante verte à Castral Roc alors que le monde semblait s’embraser… Je n’en pouvais plus de tourner en rond, d’entendre que les autres se battaient… Et moi je restais encore et toujours en arrière. Je n’en pouvais plus de rester derrière de voir les autres se battre… Et moi ne rien pouvoir faire. Je serrais les dents en finissant de passer ma cotte de maille sur mon gambisson et pour finir je sanglais mon armure de cuir. Je ne pouvais pas m’en empêcher : dès que je sortais de ma chambre je portais mon armure même si cela semblait inutile. Ou alors c’était ma manière de rappeler à Cersei Lannister que j’étais, une, guerrière ! Et pas juste une plante verte !

Je serrais mon baudrier où se trouvaient l’épée que m’avait offert Meliodas ainsi que le poignard que m’avait donné dame Cersei. J’en profitais également pour épingler cette broche que j’avais. Il fallait que je lui rappelle encore et encore qui je servais ? Je ne savais pas. Je finis de m’assurer ma tenue avec mes cheveux soigneusement attachés, aucune mèche libre. J’inspirais profondément avant de sortir de mes appartements pour me diriger vers les écuries, la tanière n’était pas forcément tout à côté. Je scellais ma jument Cendre avant de caresser tout doucement le cuir rouge de la selle avec des branches de pommiers.

Je me hissais sur le dos de mon animal avant de sortir au pas de la cité alors que je n’avais qu’une envie : partir au galop pour aller botter le cul des traîtres et libérer les prisonniers. Oui, peut-être que j’avais trop confiance en mes capacités ! Mais en tout cas… j’aimerais briller au lieu de rester à cirer mes bottes ! Et c’était pas qu’en expression. Entre ça et les entraînements… Bref.

Je finis par tirer les rênes de ma jument pour l’arrêter à bonne distance de la tanière du dragon pour l’attacher à un arbre soigneusement. Il me semblait qu’il y avait quelques gardes dans le coin… Et j’avais l’impression que dame Cersei était déjà là, pourtant je n’étais ni en retard ni en avance d’ailleurs. J’arrivais à l’heure précise. J’avançai à pas vif dans sa direction avant de m’incliner devant elle.

« Dame Cersei, vous m’avez fait demander. »

Ce n’était pas une question. J’attendais.

Elle s’était éloignée de quelques pas, profitant d’un peu de solitude alors que les gardes qui l’accompagnaient restaient en retrait. Ils connaissaient les ordres et n’avaient jamais osé en déroger. En temps normal déjà il était inconscient d’imaginer tenir tête à la Lionne de Castral Roc mais en ces lieux, l’inconscience pouvait rapidement se mêler à une bêtise suicidaire. Lorsqu’elle s’était rapproché du bord de la falaise abrupte d’un pas vif et déterminé, nul n’avait cherché ni à la suivre ni à l’arrêter. Ses iris vertes aux tons incandescents scrutaient l’horizon, s'abimant l’espace d’un instant sur l’écume blanche qui se brisaient sur les roches acérées. Ses yeux se plissèrent alors, révélant quelques légères rides qu’elle préférait ignorer la plupart du temps. Son regard se fit alors plus dur et plus menaçant.

Jamais elle n’aurait songé vivre des instants pareils. Pour bien des raisons. Longtemps avait-elle rêvé de pouvoir et le pouvoir qu’elle tenait désormais entre ses mains, elle peinait encore à admettre qu’il pouvait être sien. C’était une chose nouvelle aussi grisante que perturbante et elle se demandait si elle s’y ferait un jour. Elle était née dame, elle s’était rêvée reine ou princesse. La voilà désormais dragonnière. Cela n’avait aucun sens. Et sans doute Vaelarr serait-il resté à l’état d’ornement si l’Ouest n’était pas venu à saigner. Il était désormais temps que la Lionne sorte ses griffes et assume pleinement le pouvoir qui était le sien. Elle ne serait jamais reine ou princesse, de cela elle en était désormais persuadée. Castral Roc ne lui appartiendrait jamais. Elle l’avait accepté à contre-coeur. Mais elle possédait – et elle était – infiniment plus. Et les Farman et toute leur insupportable clique regretteraient bientôt d’avoir eu l’audace de s’en prendre aux Lannister.

D’un naturel solitaire, Vaelarr se montrait rarement de lui-même. Aussi aucun bruit ne s’échappait pour le moment de la tanière qui se trouvait en contrebas. Tout poussait même à croire que le dragon ne s’y trouvait pas mais Cersei n’y croyait pas. Elle le connaissait. Elle le connaissait même mieux que ses propres enfants et elle savait qu’il rôdait quelque part, prêt à se montrer quand lui et lui seul le jugerait nécessaire. A ce titre, il lui ressemblait assurément.

La Lannister quitta alors son observatoire pour se retourner au moment même où arrivait Sacha de son habituel pas vif et déterminé. L'ancienne gamine des rues s’inclina respectueusement en direction de sa maîtresse. “En effet, Sacha.” se contenta de répliquer Cersei aux premières paroles de sa protégée. Elles auraient pu se retrouver au château, cela aurait sans doute facilité les choses mais Cersei aimait le grandiloquent et les beaux effets d’annonce, qu’elle le veuille ou non. Et elle avait besoin de se trouver au plus près de Vaelarr. Car il était peut-être la clé de voûte de leur réussite. Ils seraient la clé de voûte de leur réussite. Quoi que puisse en dire son père. “Il n’est plus l’heure de faire le dos rond. Mon oncle m’a confié une mission que je me dois de mener à bien.” Ses derniers mots moururent avant même de naître, noyée dans les rugissements puissants d’une bête qui semblait s’éveiller. Le sol sous leur pied tremblèrent alors que Cersei devinait son quatrième fils en train de s’éveiller et de sortir de son trou.

L’instant suivant, l’ombre immense du dragon rouge se détacha dans le ciel avant qu’il ne vienne se poser tout près de sa maîtresse, dardant vers Sacha son regard reptilien. “Et nous allons avoir besoin de toi pour cela.” finit par conclure la Lionne en accordant de nouveau toute son attention à sa protégée.
   

Depuis les quelques années que je vivais aux côtés de Dame Cersei, j’avais pris l’habitude de ses… envie de fastes et de théâtralité. J’avouais que le lézard me faisait un peu peur ! Il avait quand même mangé ma défunte Helios, c’était bien pour cela que j’avais Cendre maintenant qui avait un caractère aussi revêche que ma précédente jument pouvait avoir. Mais soit, la question n’était pas là. Moi, on me demandait de venir, je venais et après on voyait le résultat. Je n’étais pas une dirigeante, loin de là. Pas une meneuse, ou jamais volontairement. J’étais une guerrière. C’était déjà beaucoup pour moi au vu de mon passé. Alors je restais et j’obéissais, malgré mon envie d’aller tuer quelques traîtres…

Oncle Kevan, ou comment je l’appelais dans mon esprit : Le Lion qui bête plus haut que son cul, avait visiblement donné des missions à Dame Cersei. Je haussais un sourcil sans rien dire. Pas comme-ci je pouvais dire quelque chose ou interroger une dame de son rang…

Et Vaelarr s’éveillait de sa sieste ! J’écarquillai les yeux, depuis tout ce temps il m’impressionnait toujours. Je me dévissais la tête pour observer le vol du dragon et je fronçais légèrement les sourcils. Du moment qu’il ne me lâchait pas une boule de feu dessus… Moi tout allait bien. La première fois que je l’avais vu… il m’avait mordu de doigt. Bon maintenant c’était le bras qu’il m’arracherait… mais bon. J’allais clairement pas m’amuser à le provoquer… Je réussis à me retenir de faire un pas en arrière quand il se posa juste à côté de la lady, faisant trembler le sol et tous mes os au passage. J’inclinai la tête vers lui pour le saluer. Elle avait vraiment le sens du spectacle la lionne. Je hochais la tête.

« Mon épée est votre Dame Cersei. En quoi dois-je vous aider ? Vous et je suppose… Vaelarr. »

Du moment que c’était pas devenir le goûter du dragon… J’avais aucune raison de dire non.
   

Cersei ne pouvait nier le trouble qui anima sa protégée alors qu’elle scrutait Vaelarr. Comme grand nombre de ceux qui avaient croisé le dragon, elle n’était pas rassurée. Ce dernier, certainement conscient de l’effet qu’il produisait sur la nouvelle venue, ne la lâchait pas des yeux. La Lannister, attentive au moindre signe d’agressivité, veillait au grain mais relâcha son attention lorsqu’elle eut la certitude que Sacha ne craignait rien. Vaelarr était calme et semblait prendre plaisir à la fixer de ses prunelles incandescentes. Si Cersei n’avait jamais été effrayée, elle ne pouvait que comprendre cette réaction. Dans cette position, comment aurait-elle réagi ? Son orgueil aurait sans doute pris le pas sur sa peur mais elle n’aurait pu nier un certain malaise. Mais Vaelarr était sien, son fils, la prunelle de ses yeux au même titre que les garçons qui avaient grandi en son sein. Elle ne ressentait donc aucune peur à son contact. Impressionnée, elle l’était souvent. Effrayée, jamais. A cette pensée, ses doigts se crispèrent légèrement alors qu’elle flattait le flanc du dragon aux écailles cuivrées. Les souvenirs de son précédent vol lui revenaient en mémoire et une bile amère vint lui emplir la bouche un court instant. Ses prunelles se firent acier tandis qu’elle chassa l’événement de son esprit. Elle ne pouvait plus reculer.

“Tu supposes bien.” répondit la Lionne à la jeune orpheline. “Il est temps que les rebelles comprennent que les Lannister ne sont pas de ceux à courber l’échine. Et Vaelarr sera là pour le leur rappeler. Comme au temps le plus faste du règne des Targaryen.” Père ne pourra qu’admettre avoir eu tort, pensa-t-elle alors avec orgueil. “Je vais donc scruter le ciel pour traquer les moins que rien qui sèment la terreur sur les terres de l’Ouest et leur faire regretter d’avoir seulement vu le jour…Mais j’ai besoin d’un appui au sol, c’est là que tu interviens.” La Lionne marqua une pause tant pour surveiller les réactions de Vaelarr que pour ménager ses effets. Le dragon continuait de battre l’air de sa queue d’un air paisible tout en observant Sacha avec une attention minutieuse. “Notre première destination sera Sarschamp où tu te présenteras quelques jours avant moi. Sur la route, tu seras mes yeux et mes oreilles et sur place tu récolteras toutes les informations que lord Melwyn jugera nécessaire de nous donner. Nous rejoindrons ensuite Cendremarc afin de sécuriser le nord de la région.”

Elle espérait être rapidement de retour mais les maudits se terraient sitôt leurs méfaits accomplis et malgré la force brutale de Vaelarr, elle savait que l’aide de Sacha au sol serait des plus précieuses. “Je sais que cette question ne sera que pure rhétorique mais acceptes-tu la mission que je te confie ?”
   

Vaelarr, je le connaissais, la première fois que je l’avais vu, il m’avait bouffé le doigt. Maintenant, c’était ma tête qu’il pouvait manger. J’essayais de rester de marbre, mais ce n’était pas facile quand un énorme dragon se posait face à soit. Quand bien même il restait très calme et sept merci… J’aimerais éviter de me prendre un coup de patte. Mais il semblait surtout adorer me fixer pour voir si j’allais faire un pas vers lui. Je ne bougerais pas d’un centimètre vers lui… S’il voulait que quelqu’un d’autre que Dame Cersei le caresse il faudrait qu’il me montre qu’il le voulait. Je préférais ne pas tenter un geste, malgré ce calme apparent. C’était un dragon. Complètement imprévisible. Je supposais donc ce que voulait dame Cersei. Je commençais à la connaître sérieusement.

Je restais silencieuse en fixant la dame, alors que c’était son dragon qui semblait vouloir me faire la peau alors qu’il me fixait. Tuer des rebelles, très bien. Ça aucun souci je le comprenais très bien. On ne défit pas les lions. Y avait pourtant une chanson qui en parlait non ? Les gens avaient la mémoire courte. Dommage pour eux. Un appuie au sol ? J’avais ma jument, Cendres, mais elle n’avait pas l’allure d’un dragon… Au niveau vitesse.

« Aucun problème. »

Je croisai à nouveau mes mains dans mon dos, bien droite face à la dame. Partir avant, préparer l’arrivée de la dame à Sarchamp. Ses yeux et ses oreilles. Récolter des informations. Et ensuite Cendremarc. Il faudrait que je révise ma géographie avant de partir, pour trouver le chemin le plus court, passant par un maximum de village… Puis Cendremarc. Accepter ?

« Vos désirs sont des ordres, Dame Cersei. Je vous suivrais et vous obéirais. Quand dois-je partir ? »

Que je sache si j’avais dix minutes ou une nuit pour faire mes affaires. Qui savait pour ses déplacements ? Les Lions. Et d’autres espions ? Peut-être. Cela voulait dire aussi que je devais ouvrir les oreilles avec cela… Il fallait partir du principe qu’il y avait des espions partout… Sauf que su je partais seule, cela pouvait se retourner contre moi. Mais c’était problème à moi, pas à elle.

« En dehors de cette récupération potentielle d’information, on ne sait jamais sur quoi on peut tomber dans les villages, et prévenir de votre arrivée. Y a-t-il autre chose que je puisse faire sur le chemin ? »

En décapiter un ou deux au passage ? Bien que visiblement ils eussent tué des chevaliers déjà. Et malgré mes capacités, je n’étais pas sûre de pouvoir battre des troupes toute seule.
   

Un rictus satisfait apparut au coin des lèvres de la Lionne. Même si elle savait que Sacha répondrait par l’affirmative, connaissant l’amour que porte la jeune femme à l’action sur le terrain, l’entendre le dire de vive voix la confortait dans le choix qu’elle avait fait. Pourtant, elle avait dû mettre ses sentiments plus maternels et protecteurs de côté car Sacha représentait en quelque sorte pour elle la fille qu’elle n’avait jamais eu et n’aurait probablement jamais. « Un jour, il en sera de même pour mes garçons », songea-t-elle. « Cela a déjà commencé avec Loren mais le temps viendra plus vite que je ne le pense où Tybolt et Tywell devront eux aussi me quitter pour faire leur chemin dans ce monde d’hommes. »

- Bien, répliqua-t-elle. Tu devras partir le plus tôt possible. Sarschamps n’est certes qu’à quelques jours de Castral-Roc mais tu mettras malgré tout plus de temps que moi à t’y rendre. Je suggère que tu partes dans la semaine.

Sur ces mots, Vaelarr se redressa, abandonna la contemplation de Sacha et scruta le ciel. Avait-il senti que son départ était proche? Ou bien était-ce la légère appréhension de sa mère qu’il percevait? Bien que voler est le rêve de nombreuses personnes, il n’a jamais vraiment été celui de la Lionne, bien plus à son aise sur la terre ferme. C’était la curiosité et aussi un besoin impétueux de se prouver qu’elle en était capable, qui l’avait poussé sur le dos du dragon écarlate. Et même si Vaelarr s’était montré plutôt coopératif ce jour-là, Cersei avait regagné le sol fatiguée et tremblante d’un mélange d’excitation et d’appréhension. Cependant, ce vol-là serait différent du premier. Ce n’était à ce moment-là qu’un essai, or celui à venir était lié à une mission bien réelle. Serait-elle à la hauteur? Parviendrait-elle à prouver à son père, dont l’avis quant à la présence de Vaelarr sur ses terres restait inchangé depuis le début, que le dragon est un allié des Lions et non un handicap ou pire, un danger? Prouverait-elle à l’Ouest et à Westeros qu’à l’instar d’autres dragonniers, elle aussi, probablement la plus âgée d’entre eux, était capable de voler et de contrôler la puissance et le feu du dragon? Cersei se rendait compte subitement qu’au-delà de la mission à Sarschamps, d’autres responsabilités reposaient sur ses épaules. C’est dans ces moments-là que Jaime lui manquait terriblement. Il n’y avait qu’à ses côtés qu’elle s’autorisait à montrer sa vulnérabilité, une chose qu’elle refusait à n’importe qui d’autre, même à ses plus proches amis à l’instar d’Alysanne Caron. Quant à Sacha, elle n’était pas son amie. Elle était sa fille de coeur en plus de son épée. Et en tant que mère, même adoptive, c’était son rôle à elle de se montrer forte pour ses enfants.

- Oui, finit-elle par répondre un peu trop sèchement, signe du trouble qui s’était emparé d’elle. Le son de sa voix attira à nouveau l’attention du dragon sur sa mère et sur Sacha. Ne prends pas de risques inconsidérés et reste en vie. Tu veux de l’action je le sais, autre que seulement me tenir lieu de protectrice dans mes déplacements. Désormais tu en as et bien que je connaisse tes capacités à l’épée, je connais aussi ton impulsivité. Sois sur tes gardes, ouvre l’oeil, interroge avant de faire couler le sang et retrouvons-nous à Sarschamps en vie et entières. Voilà ce que tu peux faire pour moi.

Sur ces mots, Cersei se tut mais abaissa un regard aussi tendre sur Sacha que celui qu’elle pose d’ordinaire sur ses fils.
   

Partir, vite. Pour Sarchamps. Cela me laisserait un peu de temps sur la route pour fouiller et écouter ce qu’il se passait. Peut-être que j’aurais quelques têtes pendues à ma scelle en arrivant ? J’aimerais. J’aimerais briller et montrer ce que je savais faire. Je serrais un peu les dents, je voulais devenir chevalier… Mais c’était autre chose ! Il fallait qu’on me laisse faire. Partir dans la semaine. D’accord Je m’inclinai :

« Je partirais, demain dès l’aube. »

Je n’avais pas beaucoup d’affaires à prendre, cela me prendrait une heure à tout préparer. Et je pourrais partir. J’aurais qu’à m’assurer que mes lames soient bien aiguisées… j’avais ce besoin de faire mes preuves ! Je restai immobile malgré l’agitation de Vaelarr. Qu’est-ce-qui pouvait se passer dans sa tête pleine d’écailles ? Mon regard se porta sur notre maîtresse. Qu’est-ce qui pouvait aussi passer là-dedans ? Je demandais quelques autorisations et je perçu légèrement un changement d’attitude. Et Vaelarr ! Pourquoi tu me regardes toujours comme-ci j’étais une croquette ?

Bien. Bien j’avais le droit d’écouter, laisser traîner mes oreilles et tout ce que j’aimais. J’eus une petite grimace, oui, je voulais de l’action, j’avais du mal à tenir en place et même si j’adorais dame Cersei comme ma mère propre… Mais je ne pouvais pas n’être qu’une protectrice ! J’inclinai doucement la tête. Son regard… C’était le même que lorsqu’elle avait appris pour Ashter et que je m’étais blessée les mains à l’entraînement. J’eus malgré tout envie d’un peu d’humour.

« Voyons dame Cersei, je ne suis que calme, prudence et pondérée. Vous le savez bien. Je ne crois pas qu’on ne pourrait pas trouver plus paisible et moins sanguin que moi. »

Si à chaque mensonge de cette phrase, une cloche sonnait, on serait à une messe des sept ! J’inclinai malgré tout la tête.

« Je ferais de mon mieux pour être prudente. »

La prudence, ce n’était pas du tout mon fort ! Je crois que je ne l’apprendrais jamais réellement… J’offris un sourire à ma maîtresse pour la rassurer avant qu’un détail ne me revienne :

« Aurais-je un mot de votre main ? Pour prouver mon identité et les dires que j’apporte ? »

J’avais une broche avec le symbole des Lannister, mais cela ne voulait rien dire, j’aurais pu la voler.
   

La Lionne hocha doucement la tête face à la réponse de Sacha. Plus tôt elle se mettrait en route, mieux se serait. Derrière elle, Vaelarr bougea pour se lover contre les parois rocheuses de la grotte tandis que la POINTE de sa queue vint entourer le bas de la robe de Cersei. Loin de PRENDRE un AIR CRAINTIF face à cette soudaine proximité, Cersei S’ASSIT sur un gros rocher situé juste sur sa droite et contempla Sacha de son regard tantôt dur comme la pierre, tantôt brillant de la flamme protectrice que toutes les mères ont lorsqu’elles posent leur regard sur leurs enfants. Sacha se permettait de la taquiner et, si cela avait été n’importe qui d’autre, Cersei n’aurait rien répondu et se serait contentée de laisser planer un de ces silences lourds de menace qu’elle avait appris à utiliser à son avantage en observant son père agir de la sorte tant avec les seigneurs de l’Ouest et d’ailleurs, qu’avec certaines nobles dames ou avec ses bannerets. Si elle ne répondit rien, Cersei se prit à sourire légèrement mais hocha à nouveau la tête avant de répondre:

— J’ai toute confiance en ta dextérité à l’épée et ton aptitude au combat. Mais tu ne peux m’en vouloir de t’inciter malgré tout à la prudence. Malgré tes dix-huit années, j’ai encore tendance à voir cette petite fille perdue du Bief que j’ai autrefois recueilli. Tu as changé et le temps a passé si vite que cela m’effraie. Il en sera bientôt de même pour mes fils. Un jour ils partiront, tandis que je prendrais RACINE ici.

La Lionne cligna plusieurs fois des yeux pour chasser cette amertume et cette nostalgie qui s’étaient immiscées en elle puis reprit, de cette voix assurée et autoritaire que tout le monde lui connaissait:

— Il t’attend sur mon bureau. A présent va. Tu as encore des choses à faire et à préparer si tu veux partir demain à l’aube.

Cersei l’observa quitter la grotte jusqu’à ce qu’elle ne soit plus dans son champ de vision puis elle se détourna de l’entrée pour contempler Vaelarr. A son souffle régulier, il lui semblait qu’il dormait. Et malgré l’humidité et le fraîcheur de la grotte, Cersei se décala sur le rocher sur lequel elle était assise afin de trouver une position suffisamment confortable. Puis, à son tour, elle ferma les yeux et se laissa bercer par le doux souffle du dragon jusqu’à tomber à son tour dans un sommeil sans rêves.

   

@Sacha   | dialogues : #ff99cc | pensées : italique | Mots pour la Guerre des Trônes : gras et majuscules

Meliodas m’avait toujours dit que j’avais une petite tendance suicidaire sur les bords. Parce que je n’étais pointe craintive de la mort ou de n’importe quel danger. Peut-être parce que je savais qu’elle était ma faible valeur. C’était peut-être pour cela que je me permettais une pointe de sarcasme et d’ironie en face de la lionne dragonne qui s’assit proche de son dragon. Meliodas avait tort, j’avais peur de bien des choses, notamment d’un dragon qui avait déjà bouffé ma première jument comme certains mangent une myrtille. J’aimerais autant éviter un sort identique pour ma Cendre. Néanmoins, mes pitreries tirèrent à Dame Cersei un sourire alors que je me plantai bien droite devant elle.

Le temps passait, j‘inclinai légèrement la tête à ses mots. Je comprenais bien ses mots, même si cela avait un drôle d’écho en moi, mais je refusais de laisser les émotions ou ce genre de chose prendre trop de terrain sur moi. Je préférais bien conserver un air neutre.

« Le jour où ils partiront est encore bien loin Dame Cersei. »

Quant à celui où je quitterais ce monde ? Il était sans doute beaucoup plus proche que ce que je pensais, connaissant mon caractère qui était bien souvent perdant quand il s’agissait d’être calme et posé, mais en soit, il fallait maintenant que j’arrête de prendre racine ici pour aller tout récupérer et partir vite. Je m’inclinai soigneusement devant la Lionne qui décidément prévoyait tout !

« J’y vais de ce pas Dame Cersei. »

Je m’inclinai sagement devant elle avant de tourner les talons et filer presque aussi vite que le vent pour retourner à Castral Roc. Je n’aimais pas laisser dame Cersei seule avec son dragon, mais je n’avais pas réellement le choix ! Puis il ne lui ferait jamais de mal… Du moins jamais de mal volontairement. Je n’avais pas confiance en ces gros lézard qui mangeaient les visiteurs trop curieux.

J’entrais dans le bureau de la dame, trouvant le papier facilement et même si mes yeux trainaient un peu, j’avais beau savoir lire, cela me demandait malgré tout pas mal d’efforts et à cet instant je n’avais pas envie de les fournir pour rien.

Le parchemin bien en main, je repartis vers ma chambre pour préparer quelques affaires, préférant voyager léger de toute manière. Deux chemises, deux paires de chausses, et quelques affaires de rangement qui devaient rentrer dans un sac que je jetterais sur le dos de Cendre juste avant de partir. Mais le plus important c’était bien de rajouter quelques petites choses pour entretenir mes poignards et épées sur la route. Pas question de ne pas en avoir une capable de couper tendons et chair sans effort. Je n’avais pas autant de force qu’un homme, alors je devais compenser par bien des choses, je vérifiais également mon armure de cuir et ma cotte de maille, pas question de partir non plus à poil. Quoi que sans armure, quelque part, on était nu… Non ? Ou c’était juste moi. En tout cas les robes restèrent soigneusement au fin fond des coffres. Pas question de les porter.