Life goes on | SOLO

Un hurlement fendit l’air de Holt de Fer. Waldon qui était assis à son bureau sursauta. Il pouvait y avoir des cris mais un hurlement de la sorte…jamais. Ce n’était pas habituel mais surtout il avait reconnu la voix de la belle lysienne. Que se passait-il ? Il se leva et quitta son office, rejoignant la grande salle du château. Il croisa son frère qu’il interrogea du regard mais ce dernier ne put lui répondre. Agacée, il monta en direction des appartements. Dans les escaliers il croisa une armée de servante qui ne faisait que courir. Il avait l’impression de se trouver dans une fourmilière. Il en poussa sans ménagement, ignorant les cris de surprises et les gémissements de douleurs quand elles tombaient dans les marches de pierre. Il arriva devant les portes de l’appartement de Mysaria et entra sans ménagement. Il tomba nez à nez avec le mestre. La pièce sentait le sang et la sueur. Le cœur du fer-né rata un battement. Le guérisseur le mit à la porte, affirmant que le travail avait commencé. Pourtant, ce n’était pas le premier accouchement qu’il vivait. Les fois où il avait respiré cette odeur, Kella avait failli mourir. Il ne voulait pas perdre sa muse venue de Lys. Il se fichait presque de l’enfant qui se trouvait dans son ventre, il préférait qu’on sauve la vie de sa femme-sel plutôt que celle du bâtard.

Il commença à faire les cent pas devant l’appartement de la jeune femme. Se crispant à chaque hurlement. Kella finit par le rejoindre, et son épouse voyant son regard dur, pénétra dans la pièce pour aider. Sachant très bien à quoi s’attendre. Pia resta introuvable, probablement terré quelque part à prier ses dieux continentaux pour qu’ils prennent la vie de Mysaria.

D’humeur massacrante, il envoya promener son fils aîné qui était inquiet pour sa mère qu’il entendait hurler à travers la porte. Ce fut Alyssa qui attrapa le petit garçon pour l’éloigner de son père.

Les heures passèrent. Longues, interminables. Il finit par s’assoir contre le mur de pierre, face à la porte de bois, attendant que quelqu’un en sorte avec une nouvelle qui soulagerait son cœur. Ce fut qu’au milieu de la nuit, que la chevelure rousse de son épouse sortie de l’appartement. Elle referma la porte aussitôt, empêchant le Wynch de voir à l’intérieur. Il se leva d’un bond, ses yeux reflétant une possible colère et l’inquiétude.
« Vous avez des jumeaux, un garçon et une fille.
- Mysaria ? demanda-t-il aussitôt, se fichant des enfants dans un premier temps.
- Nous avons failli la perdre, elle a perdu beaucoup de sang…mais elle va bien. Elle doit se reposer. Elle dort. »

Le soulagement étreignit le fer-né. Sa muse était vivante et lui avait donné des jumeaux. Un nouveau garçon qui devait crispé Kella et une petite fille dont il n’aurait que peu d’intérêt probablement. Il s’approcha de son épouse, posant sa main sur son ventre et s’approchant de son visage.
« Prends-en de la graine, je veux un garçon la prochaine fois. Si Mysaria et Pia sont capable de me donner des fils, toi une pure fer-née, en est capable. Ne me déçois pas. »

Il déposa un léger baisé sur la joue de la jeune femme avant de prendre congé. Il ignorait que la vie venait de renaître au sein de Kella qui espérait fortement lui donner un fils afin d’adoucir le Wynch à son égard.

Depuis une lune, Holt de Fer revivait aux rythmes des enfants. Les jumeaux de Mysaria avaient provoqué la réorganisation du château. Et l’approche de la naissance de l’enfant de Pia également. Pour Waldon c’était un capharnaüm de bruit. Le fer-né se débrouillait alors pour être le moins possible entre les murs de son château. Il travaillait sur son boutre, au calme où juste le bruit des matelots venait meubler le silence. Il rentrait le soir quand toutes la marmaille était enfin endormie. Il profitait du calme pour discuter avec son frère avant d’aller voir Mysaria ou Pia. Sa muse de Lys était souvent épuisée, pas totalement remise de l’accouchement qui avait failli lui couter la vie. Le fer-né la laissait donc se reposer.

Alors que Waldon gravissait les marches menant aux appartements qu’il partageait avec Kella, il entendit un chouinement en haut des marches. Il poussa un soupire, lui qui pensait pouvoir être tranquille sans bambin dans les pattes. Il finit de monter l’escalier pour découvrir la petite Sarga, les joues pleines de larmes avec le regard ensommeillé. La petite de tout juste 2 ans venaient visiblement d’être réveillée par un cauchemar et avait quitté sa chambre à la recherche de bras rassurant. La petite blondinette reconnu son père et s’approcha timidement de lui, espérant qu’il puisse la réconforter. Malgré lui, il la souleva du sol avec facilité.
« Quel vilain monstre a failli te manger ? » demanda-t-il d’un ton las.

C’était les cauchemars récurrents de l’enfant, il voulait vite expédier se problème et la remettre au lit. En attendant sa réponse, il se dirigea vers sa chambre en faisant attention de ne pas réveiller Alyna qui elle dormait à poing fermé.
« Un kraken… » souffla l’enfant entre deux sanglots.

Waldon se retint un rire moqueur. Une fer-née ayant peur du kraken. Elle n’aurait probablement pas le pieds marins, dommage pour une fer-née. Le Wynch déposa sa fille sur son lit, l’encourageant à se recoucher. Il remonta la couverture de laine sur le corps de la fillette avant de s’assoir à côté.
« Je n’ai jamais vu de kraken. Il a trop peur de s’approcher de notre château. Et je ne le laisserais pas te manger, je suis même pas sûr que tu sois à son goût. Donc tu n’as pas besoin d’avoir peur de lui. Allez maintenant, rendors-toi. »

Réconforter un enfant n’était pas spécialement le fort du fer-né. Mais il fit de son mieux. Il n’attendit pas que la petite se soit rendormis pour partir. La laissant dans le noir avec juste pour source lumineuse, la lune qui perçait à travers la lucarne de la fenêtre.

Il put enfin gagner ses appartements. Il s’attendait à voir Kella endormis mais ce ne fut pas le cas. Elle était assise prêt de la fenêtre, le regard dans le vague. Waldon resta un instant silencieux, observant son épouse. Il ne pouvait le nier, elle était vraiment jolie. Ses épaisses boucles rousses qui encadrer un visage aux traits fins et délicats. C’était dans ces moment-là, quand la fragilité et la sensibilité de Kella qu’il se rappelait pourquoi il avait jeté son dévolue sur elle, pour qu’elle soit sa femme roc. Il finit par faire un raclement de gorge pour la sortir de sa rêverie. Elle sursauta légèrement.
« Tu es bien pensive. »

Elle fut gênée, troublée d’avoir été prise sur le fait. Waldon s’approcha d’elle et Kella se crispa. Il attrapa une mèche de ses cheveux, qu’il enroula autour de ses doigts avant de venir la glisser derrière l’oreille de la jeune femme.
« Allons, ne soit pas si tendu. Qu’as-tu derrière la tête ? »

Les doigts du fer-née glissèrent le long de la mâchoire de Kella pour finir sous son menton pour la forcer à le regarder droit dans les yeux.
« Alors ? »

Elle déglutit mais resta silencieuse. Waldon soupira, penchant légèrement la tête sur le côté, une moue dépitée sur le visage.
« Ne me force pas à te tirer les vers du nez ma douce, souffla-t-il.
- Je…
- Tu ? l’encouragea-t-il
- Je suis enceinte. »

Un sourire élargi les lèvres du fer-né. Sa journée n’était si mauvaise après tout. Ses mains vinrent se poser sur le ventre de son épouse.
- En voilà une bonne nouvelle. Maintenant tu n’as plus qu’à prier de mener cette grossesse à terme et d’avoir un fils. Tu sais que je n’aime pas être contrarié à ce sujet. »

Il déposa un léger baiser sur les lèvres de Kella.
« Tu prends le repos dont tu as besoin, pas de folie d’accord. »

Il allait devoir avoir une conversation avec le mestre vis-à-vis de cette grossesse. Il refusait de perdre cet enfant, surtout s’il un héritier grandissait dans le ventre de Kella.

Le clapotis des vagues contre la coque de son navire apaisait le fer-né. Il avait décidé de faire une petite sortie en mer sûr la journée. Pas trop loin de Holt de Fer, pas pour piller les contrées vertes à cause de ce fichu traité de paix, juste pour garder le pieds marin et faire en sorte que son équipage ne perde pas la main. L’air frais et iodé venait fouetter son visage, asséché ses lèvres lui donnant ce gout de liberté. La mer était calme ce jour-là, les exercices qu’il donne à faire ne furent pas perturbé par le temps ou par la houle. Tout pu se passer sans accident, sans imprévu. Une bonne journée en somme pour Waldon, qui rentra à terre à la tombée du jour avec un sourire flottant sur ses lèvres.

En pénétrant dans les murs de son château, il fut surpris dû calme apparent. A l’heure à laquelle il rentrait, tout le monde devait normalement s’activer pour le repas dû soir, des bavardages devaient résonnaient contre les murs des châteaux, les enfants courraient et jouer dans les couloirs et les adultes commençaient à se réunir dans la salle à manger. Le seigneur se dirigea vers cette salle mais qui était déserte, pas âme qui-vive et surtout pas d’odeur provenant des cuisines. Il s’y rendit et que le cuisinier en train de s’activer seule. En voyant son seigneur arriver, l’homme s’inclina et s’excusa dû retard. Le Wynch demanda la raison de cette désertion dans les cuisines et le chef répondit qu’il y avait des complications dans les étages et que tous étaient parti donner un coup de main. Etrange.

Waldon parti donc en direction des étages du château, il finit par tomber sûr une servante aux traits tirés et inquiets. Elle serait dans ses bras un linge roulé en boule, dissimulant des taches de sang. Il lui attrapa le bras pour l’arrêter.
« Qu’est-ce qu’il se passe ?
- Pia m’sire. Elle y arrive pas. L’bébé est coincé. »

Il la lâcha, surpris. Il se dépêcha d’atteindre les appartements de sa femme sel. La porte était grande ouverte, montrant l’effervescence qui régnait à l’intérieur. Kella fut la première à voir son époux arriver. Elle se précipita sur lui pour l’empêcher d’entrer. Il lui lança un regard noir.
«  Vous ne pouvez pas rentrer.
- Pardon ?
- Ordre du mestre mylord. »

Waldon n’aimait pas les ordres de l’homme de sciences. Il recula, et passa sa main sûr son visage.
« A quel point c’est grave ? Sois honnête.
- Elle est épuisée, l’enfant se présente dans le mauvais sens et elle n’arrive pas à l’expulser. Y’a une possibilité pour qu’aucun ne survive. »

Cela devait en soulager plus d’un de savoir que la bieffoise pouvait ne pas survivre. Peu de personne l’apprécier à Holt de Fer, trop sauvage pour beaucoup.  Rival de Mysaria et Kella, les trois femmes ne s’appréciaient guère.
« Où est mon frère ?
- A l’étage avec les enfants et vos neveux.
- Je les rejoins, préviens-moi si y’a dû nouveau. »

Même si Pia était celle qu’il aimait le moins, il s’y était attaché au fil des ans. Sa sauvagerie et sa fierté lui plaisaient. Elle se battait toujours, ne baissant jamais les bras dans ses combats. Elle ne baisserait probablement pas les bras dans ce combat ci qu’elle était en train de mené. Même si elle haïssait le fer-né, son premier fils était le centre de son monde. Alors ce deuxième enfant, même si le père lui déplaisait, serait aussi son univers.

Waldon rejoignit les hommes et les enfants. Thorgon fut celui qui l’accueillit avec le plus de joie sur son visage. Le fer-né souleva son ainé dans les airs, le prenant dans ses bras avant d’aller s’assoir pour discuter avec son frère. Ce ne fut que plusieurs heures plus tard que Kella arriva avec une bonne nouvelle. Pia était vivante et son petit garçon également. Ils étaient tous les deux épuisés mais vivant. Encore un garçon, encore un bâtard. Le Wynch jeta un regard lourd de sens à son épouse. Maintenant, tout reposait sur elle.