Les nuages sont les vagues du ciel [Solo Talya]

Lys.


Telle était leur première destination. Talya n’avait tout d’abord pas voulu y croire. Si elle savait que Nesa comptait lui faire quitter Tyrosh afin de poursuivre son apprentissage en d’autres lieux, la jeune femme ne pensait pas que cela se ferait si rapidement. Ce n’était qu’à ce moment que la réalité avait frappé la Tyroshi de plein fouet. Cela faisait bientôt deux lunes qu’elle avait quitté Dorne. Entre ses prières, ses débats avec Nesa, les soins qu’elle donnait aux plus pauvres, les lettres qu’elle recevait parfois et la présence de Nümia, un sorte d’équilibre s’était instauré. Un équilibre, un monde dans lequel la jeune femme avait trouvé sa place au point d’en occulter, en partie du moins, le reste de son univers.


Et pourtant, le voyage s’annonçait bel et bien. Et dans très peu de temps qui plus est. Après l’une de leurs prières nocturnes, Nesa s’était à nouveau penchée sur le sujet. L’archonte avait paré à toutes les éventualités. Le navire sur lequel elles prendraient le large serait manœuvré par des personnes de confiance. Un navire dont l’homme que Talya avait rencontré la dernière fois serait le capitaine. Il serait leur principal interlocuteur, le seul à réellement avoir conscience de l’existence de Nümia. Le seul à avoir l’autorisation d’entrer dans la cabine qu’elles occuperaient, toutes les trois. Pour plus de discrétion, il serait également le seul à connaître l’identité de la novice que Talya incarnerait durant la traversée, dissimulée par ses voilages. Tout était bon pour préserver ce secret dont la fille de l’archonte était désormais la gardienne.


Mais avant de songer au fait de quitter le port, encore fallait-il s’y préparer. Pour cela, Nesa lui avait fait porter une seconde malle, la première étant réservée à Nümia depuis que la dragonne avait décidé d’en faire sa tanière. Un coffre pour Nümia, un coffre pour elle, c’était là tout ce que la Prêtresse avait accepté que la jeune femme n’emporte. Le reste de ses affaires resterait sous la bonne garde du clergé de Trios jusqu’à son retour. Dès lors, un certain désormais ne pouvait que régner dans la cellule où Talya avait vécu pendant ces deux lunes. Non pas que la Tyroshi soit désordonnée de nature. Sans doute était-il plus juste de considérer que, perdue dans son propre esprit, elle ne s’était pas rendue compte du capharnaüm dont elle était pourtant la créatrice.


Une situation qui ne semblait pas déplaire à la dragonne qui vivait également entre ces murs. Du haut de ses presque deux lunes, qu’elle n’atteindrait que dans deux semaines, Nümia serpentait entre les parchemins laissés sur le sol, les livres et les tissus. Assise sur le sol, Talya la voyait se faufiler d’un bout à l’autre de la pièce, du coin de l’œil, alors qu’elle effectuait un tri minutieux des choses dont elle pensait avoir besoin durant son périple. Le reste de ses possessions rejoignait une troisième malle, portant une serrure, à laquelle il était possible d’ajouter un cadenas. La jeune femme avait cependant délaissé ses propres effets pour quelques instants, s’intéressant au coffre qui contiendrait Nümia le temps de l’emmener jusqu’au navire.


D’un geste marqué par l’habitude, la jeune femme y avait remisé quelques pièces de tissu. Il y avait là un voile lui appartenant, que Talya avait laissé à sa dragonne, ainsi qu’une autre étoffe, confiée par Nesa. Une dernière, ajoutée plus récemment, se trouvait également là. Il s’agissait d’un morceau de ce qui avait du être une cape, ou une tunique. La Tyroshi ne savait quoi en dire. Le plus important était que le tissu appartenait au capitaine de leur navire. Les trois personnes auxquelles Nümia devait s’accoutumer au plus vite. Une opération que la jeune femme comptait bien réitérer avec d’autres personnes par la suite. Pour l’instant, le plus urgent était d’arriver à Lys sans encombre.


« Skoriot issi ao, Nümia ? » demanda doucement Talya, en quittant la malle du regard après y avoir placé le dernier tissu.


Aucun réponse. Pas le moindre cri ou piaillement. Un éclat blanc attira cependant le regard de la jeune femme. Esquissant un sourire, Talya se rapprocha des tissus dans lesquels Nümia s’était dissimulée. La mine de la jeune femme changea cependant bien vite. Car si la Tyroshi était heureuse de retrouver sa dragonne, cette dernière semblait être d’un tout autre avis. Un grondement, tout d’abord léger, s’éleva de la cachette improvisée. N’y prêtant tout d’abord que peu d’attention, si ce n’est un léger étonnement, la jeune femme mit un genou à terre, souhaitant récupérer certaines de ses affaires et, peut-être, Nümia par une occasion semblable. Le grondement ne s’en fit que plus intense encore.


« Räpa häedar. murmura Talya, ses mains se posant sur le tissu. Ziry iksos sepär nyke. »


En tant normal, ces mots auraient pu avoir un pouvoir. Hélas, cette situation n’était pas normale. Car c’était là la première fois que Talya causait un tel changement dans le seul univers que sa dragonnait ait connu. Une situation qui ne pouvait que déplaire à la créature. Le grondement suivant de Nümia ne fut coupé que par une chose. Non pas par les paroles apaisantes de la jeune femme, mais par un cri de celle-ci. Car les mâchoires de la petite dragonne venaient de quelques à quelques centimètres seulement de ses phalanges. Brusquement, Talya se recula, tombant presque sur le dos, évitant de justesse les crocs de la créature. Quant à la dragonne, il ne lui avait fallu que quelques instants pour disparaître à nouveau après son méfait.


Quant à Talya, elle finit par se redresser, évitant soigneusement l’endroit où se trouvait jusqu’alors sa dragonne. Son sang s’était comme figé dans ses veines, glacé par la peur intense qu’elle avait ressenti il y a quelques instants. Serrant ses mains pour les empêcher de trembler, la jeune femme serra les dents, reprenant sa tâche précédente. Une seule pensée persistait cependant dans son esprit.


Plus jamais cela ne devait se reproduire.

Contre toute attente, tout se déroulait pour le mieux.


Les yeux clos, assise en tailleur dans sa couche, Talya se laissait bercer par le son des flots. La voix de Nesa se mêlait au bruissement du vent dans les voiles, aux vagues qui venaient parfois mourir contre la coque de leur embarcation. A cette douce mélodie, des petits grattements se faisaient parfois entendre. Nümia furetait. Tantôt près du coffre qui lui servait de tanière, tantôt auprès de la Prêtresse. De temps à autre, la petite créature s’arrêtait au niveau de la porte, comme si elle espérait que cette dernière s’ouvrirait, grognant ou couinant parfois en espérant que cela attirerait à l’attention d’une personne capable d’un tel acte.


« Nous en avons terminé pour le moment, Votre Altesse. déclara finalement Nesa, en se levant de son siège. Avez-vous eu le temps d’étudier le rouleau que je vous ai confié avant notre départ ?
- Je le pense. Laissez-moi encore une journée et nous pourrons en discuter à l’envie. assura la jeune femme, tout sourire. C’est que vous ne m’avez pas simplifiée la tâche. »


Pour toute réponse, Nesa esquissa un sourire à son tour, rassemblant certains de ses effets personnels. Talya finit par se redresser à son tour, avant de s’étirer légèrement, comme mue par une sorte d’habitude. Il s’agissait-là de la première chose qu’elle avait appris, en montant sur un navire. Les muscles ne manquaient pas de faiblir, durant de longs voyages en mer. Dès lors, marcher et faire preuve d’une certaine activité n’était pas sans intérêt. La marche en elle-même devrait attendre la nuit, cependant. Il s’agissait-là du moment le plus calme, là où l’équipage ne prêterait pas une trop grande attention à elle, malgré la présence de ses voilages.


« … Il me semble qu’elle a grandi. remarqua Nesa, son regard se posant sur Nümia qui se trouvait devant la porte. Que Trios soit remercié pour sa présence.
- Qu’il soit mille fois remercié et loué pour son don. ajouta Talya. Et que le Dieu Ivre se tienne loin d’elle. »


Alors que Nesa retournait à son étude dans un autre coin de la cabine, Talya s’était assise non loin de son second coffre. Plongeant ses mains à l’intérieur, la jeune femme en sortit un petit carnet ainsi qu’un morceau de fusain. Les premières prières de la journée étaient achevées. Depuis l’éclosion de Nümia, la Prêtresse avait accepté de revoir son emploi du temps journalier, afin que la   jeune femme puisse prendre soin de sa créature. Aussi, la Tyroshi avait une heure devant elle avant la reprise de son séminaire.


Une heure qu’elle comptait consacrer à l’entraînement que Nümia se devait de suivre. Talya gardait un souvenir des plus clairs de ces moments où la jeune dragonne avait fait preuve d’imprudence à son égard. Des moments que la Tyroshi escomptait bien espacer, à défaut de pouvoir réellement les effacer. Néanmoins, elle devait avouer que le comportement de la dragonne sur ce navire avait de quoi la rassurer. Nümia évoluait dans la cabine comme si elle s’était toujours trouvée là, ne s’effrayant même pas de tous ces bruits inhérents à la vie sur un navire.


Une confiance qui ressemblait désormais à une sorte de témérité, la petite créature ayant déjà essayé plusieurs fois de découvrir le reste de l’embarcation. Aussi, Nesa et Talya ne quittaient leur cabine qu’avec une prudence des plus mesurées. Le reste du temps, la dragonne explorait inlassablement les différents points de la cabine, se juchant parfois sur les meubles pour observer son nouveau territoire sous un autre angle. Une énergie que celle qui l’avait vu éclore tentait de mettre à profit plusieurs par jour, espérant obtenir des résultats concluants.


« Māzigon isse ñuha mandia.  Ziry iksos jēda naejot lilagon ! » lança Talya, tout en se redressant, son calepin à la main.


La Tyroshi n’obtint cependant aucune réponse de la créature aux écailles de neige. Tout juste Nümia lui jeta un regard avant de sauter sur un autre meuble. Alors, la jeune femme réitéra son appel, avant de lâcher l’affaire. Il y avait là bien trop de choses qui attiraient davantage l’attention de sa dragonne. Elle ferait une autre tentative plus tard dans la journée, une fois que Nümia aurait reçu son repas. Alors, son attention lui serait acquise.

Nümia n’avait même pas levé le museau, alors qu’elle s’éclipsait.


Sans doute était-elle trop occupée à arpenter son nouveau territoire. Talya devait avouer qu’elle préférait cela. En cette nuit, la mer était des plus calmes. Une mer d’huile, à peine agitée par quelques vagues qui venaient lécher la coque de leur navire. L’ancre avait été jetée en attendant des vents plus favorables. Aussi, un silence des plus doux régnait en maître. Un silence que la petite dragonne ne troublerait pas. Si les marins dormaient loin de la cabine qu’elle partageait avec Nesa, la Princesse gardait toujours cette crainte à l’esprit. Celle d’être découverte. De savoir que Nümia se retrouvait en danger par sa faute.


La jeune femme était remontée sur le pont armée d’un seau. Il leur fallait de l’eau de mer, afin de poursuivre leurs prières et leurs ablutions. C’était tout naturellement que Talya s’était proposée pour accomplir cette tâche, alors que Nesa s’occupait de monter l’autel portatif dont elle ne se séparait jamais en dehors de Tyrosh. Elle purifierait les statuettes qu’elles avaient emporté avec l’eau de mer restante de leurs précédentes prières. C’était avec une certaine agilité que Talya arpentait le pont. Elle avait rapidement retrouvé l’habitude de cette surface quelque peu mouvante. Certaines choses ne changeaient jamais, semblait-il.


Rassurée par cette idée, comme si cela confirmait son choix d’avoir entreprit ce voyage, Talya s’approcha d’un petit dispositif pourvu d’une poulie. Beaucoup de navires Tyroshis avaient droit à ce petit assemblage, qui permettait de récupérer de l’eau salée aisément. Cela permettait aux marins de prier à leur aise, sans craindre le courroux de Trios ou les pitreries du Dieu Ivre. Remontant son seau sans encombres, Talya en vida une petite partie, afin de ne pas le renverser avant d’avoir rejoint sa cabine. Ceci fait, la jeune femme le déposa à côté d’elle, s’accordant quelques secondes de répit.


La nuit était belle, en cette soirée. Il semblait à la Princesse qu’il ne pouvait pas y avoir de plus belle voûte céleste qu’au-dessus des flots. Les lueurs des torches ou des brasiers n’entraient pas en concurrence avec les étoiles. Quant au bruit, seul le doux murmure des vagues se faisait entendre. Une nuit parfaite pour observer les astres et s’assurer que son itinéraire était le bon. Malgré le voilage bleuté qui couvrait son visage, il semblait à Talya pouvoir observer bien des constellations. Ici, ce devait être le Dragon de Glace. Là-bas, le Cygne. Quant à celle-ci…


Talya sursauta, alors que des pas se faisaient entendre derrière elle. S’agissait-il de Nesa ? Peut-être s’était-elle étonnée de ne pas la voir revenir ? Non, cette démarche était plus lourde que celle de la Prêtresse. Plus lourde et aussi plus gauche. La démarche d’un marin, davantage accoutumé à la vie en mer qu’à celle sur terre. Tournant légèrement la tête, la jeune femme s’apaisa immédiatement en se rendant compte qu’il s’agissait du capitaine de leur embarcation. Celui-là même qui était venu s’assurer de l’existence de Nümia, quelques temps plus tôt.


« Votre Altesse. commença l’homme, en esquissant une révérence. J’ose espérer que ce voyage est à votre goût et qu’il ne vous est pas trop épuisant. Il s’était tut un instant. Que celle soit pour vous ou pour Dame Nesa.
- Capitaine. reprit la jeune femme, avec douceur. Votre sollicitude vous honore. Nous nous portons pour le mieux, je puis vous l’assurer. Trios semble souhaiter que notre équipée se passe de la meilleure manière possible.
- Vous m’en voyez ravi. L’homme avec esquissé un sourire, s’appuyant contre le garde-corps. Et qu’en est-il d’elle ? »


La dernière phrase avait été prononcée à voix basse, avec un profond respect. Nulle pointe d’envie ne perçait dans la voix de l’homme. Talya le savait loyal à sa famille. Une loyauté qui le poussait à veiller sur elle. A veiller sur Nümia également. La Princesse savait qu’elle manquait de temps. Nesa ne lui tiendrait cependant pas rigueur d’échanger quelques mots avec leur protecteur.


« Elle est en parfaite santé. A dire vrai, je pense qu’elle apprécie votre navire autant que je peux l’apprécier. L’air marin semble lui convenir au-delà de toutes mes espérances.
- Vous m’en voyez flatté, votre Altesse. Le capitaine avait passé une main dans sa barbe teinte en vert. Je ne sais si vous me permettrez mais… Si l’envie vous venez de lui offrir davantage de liberté de temps à autre… Ce navire est bien assez grand pour cela. Nous trouverons une solution. »


Talya ouvrit la bouche, avant de la refermer aussitôt, ne sachant que répondre. Elle devait avouer que cette idée lui avait déjà traversé l’esprit. Nümia grandissait de jour en jour et semblait instinctivement rechercher davantage de liberté. L’enfermement lui était plus que préjudiciable. Qui plus est, la petite dragonne ne semblait pas décidée à s’envoler pour le moment. Tout juste se montrait-elle plus empressée en sautant d’un meuble à l’autre, agitant de temps à autre ses longues ailes semblables à celles d’une chauve-souris.


« … J’y réfléchirais, capitaine. Je vous remercie pour votre offre, elle ne peut que l’apprécier. » assura Talya, poliment.

A dire vrai, la décision n’avait pas été simple à prendre.


Si Talya tenait à être la seule à prendre des décisions lorsque cela concernait Nümia, fort était de constater que Nesa avait toujours été d’un grand secours à ce sujet. Aussi, c’était naturellement vers elle que la princesse s’était tournée afin d’obtenir quelques conseils. Depuis le début de leur voyage, la prêtresse était celle qui se trouvait le plus souvent en compagnie de sa dragonne, si l’on exceptait, bien sûr. Aussi, ses observations restaient des plus précieuses.


Après un débat sur un texte religieux qui les avait opposées, Nesa et Talya avaient étudié l’offre du capitaine. Il était vrai que Nümia avait tenté plusieurs fois de s’échapper. Qui plus est l’enfermement ne lui plaisait que peu. Pour grandir convenablement, la dragonne avait besoin d’espace. Un espace qui lui permettrait de se dépenser également. Il fallait se montrer prudent, cependant. Bien des personnes seraient capables de vendre l’entièreté de leur flotte pour obtenir la petite créature. Quant aux blessures… Talya devait avouer qu’elle ne savait rien des capacités de guérison de Nümia.


Après discussion, et réflexion, la jeune femme avait cependant pris sa décision. Nümia sortirait, avec elles-deux pendant que le capitaine s’assurerait qu’elles ne seraient pas dérangées. Il ne restait plus qu’à attendre la soirée idéale pour mettre en place leur plan. Fort heureusement, depuis la fin de l’hiver, les flots étaient bien plus calme. Aussi, deux nuits avant que Lys ne soit en vue, Talya et Nesa s’étaient glissées sur le pont.


S’asseyant contre le bastingage, les deux femmes observaient Nümia qui était spontanément partie à la découverte de ce territoire qui lui était totalement inconnu. Elle arpentait le pont, se glissant derrière les tas de cordages ou derrière les caisses déposées ici et là. Talya esquissa un sourire, alors que la petite dragonne se retrouvait en haut de l’un des caissons. A chaque jour qui passait, la jeune femme s’étonnait des capacités de la petite créature. Si elle ne semblait pas vouloir voler, fort était de constater qu’elle faisait preuve d’une agilité certaine pour compenser ce fait.


« Il semblerait qu’une petite étoile soit tombée sur ce pont. » commenta alors Nesa, brisant ainsi le silence.


Les prunelles de Talya quittèrent Nümia quelques instants, alors que son regard se portait sur la prêtresse qui se trouvait assise à ses côtés. Nesa avait ramené ses genoux contre sa poitrine, les entourant de ses bras. Un sourire rêveur étirait ses lèvres. La lune était pleine, en cette soirée. Aussi, malgré les voilages qui lui couvraient toujours le visage, Talya discernait ses traits sans trop de difficultés. La prêtresse observait Nümia avec attention. Une petite étoile. Oui, il était vrai que la dragonne aurait pu s’apparenter à cela, avec ses écailles d’un blanc immaculé.


Plus encore avec les rayons de lune qui dansaient sur son corps. Des reflets plus que familiers pour la princesse. L’œuf d’où provenait sa créature avait une capacité semblable. Lorsque la lumière le frappait, il lui avait toujours semblé vivant. Étrangement vivant. Et dire que tout cela n’avait été que les prémices d’une réalité plus étrange encore.


« Une petite étoile, oui. répéta Talya, rendue songeuse par les propos de la prêtresse. Il y a tant de choses que nous ignorons, à son sujet. »


Cela faisait bien des lunes que la jeune femme se renseignait à sujet des dragons. Depuis le moment où son oncle lui avait fait part du fait que des créatures bien vivantes avaient été aperçues, Sarella ainsi qu’elle-même n’avaient pas compté leurs efforts. Et pourtant, les informations manquaient toujours cruellement. Le Fléau de Valyria avait été la première cause de ce manque d’informations. A cela s’ajoutait le fait que les Cités Libres n’avaient pas hésité à se révolter suite à la chute des Seigneurs Dragons. Les ouvrages les concernant avaient disparu d’autant plus rapidement. Seuls des fragments persistaient, pour ce que la jeune femme en savait. Quant aux dragons Targaryens… Sarella avait tôt fait de lui apprendre que le roi Baelor Ier avait fait détruire une grande partie des ouvrages sur le sujet.


Nümia était à la fois source de mystères et de précieuses réponses. Aussi, Talya l’observa avait attention alors qu’elle poursuivait son observation. Si elle appela la petite créature plusieurs fois, lui intimant de revenir vers elle, la petite créature l’ignora, préférant de lui profiter de cet instant de liberté qui lui était offert. Alors, la princesse décida de ne pas insister, réitérant ses appels de temps à autre. Après tout, la nuit ne faisait que commencer.