Les prénoms .Solo

Le jumeau fendait les flots du Chenal Redwyne poussé par les bourrasques d'un vent d'ouest et les chants des hommes de La Treille qui rentrent au pays. La voilure était tendue comme au petit matin d'un homme en santé, le grand estivien Adewalé donnait ses ordres sous la houlette de son capitaine. Après presque trois lunes passées en mer à patrouiller et mettre en place la sécurisation des côtés biefoises et ouestriennes les marins de la flotte Redwyne était heureux de rentrer au bercail et chantaient en naviguant :

Une semaine après son retour, les rayons du soleil dardaient sur les rideaux de batiste verts brodés de motifs végétaux rappelant les vignes du Bief et de La Treille qui couvrait les fenêtres de la chambre de l'héritier. Allongé dans son lit, il était le plus heureux des hommes en ce matin d'hiver. Il faisait doux malgré la saison, mais il faut dire que dans le Bief les hivers étaient moins rude qu'ailleurs et dans La Treille cela se remarquait encore plus. L'île était la plus au sud de tout Westeros, elle jouissait donc du meilleur climat en hiver. En contrepartie, les étés pouvaient être très rudes surtout pour les personnes âgées et les bambins.
À côté de lui, se tenait encore endormie son épouse la jeune Rhialta Vance de Bel Accueil devenu Redwyne depuis cinq lunes à peine. Tous les deux n'étaient peut-être pas encore amoureux, mais comme sa mère lui avait déjà expliqué l'amour se construit. Alors, lorsqu'il avait épousé cette jeune inconnue venue du Conflans, Horas avait décidé d'apprendre. Il avait appris ses sourires, apprit ses regards, apprit son visage, apprit sa démarche puis il avait appris ses rires, ses traits d'esprit, ses inquiétudes, ses colères et sa curiosité. Le biefois apprenait à l'aimer...

Le temps et les responsabilités d'Horas n'avaient pas joué pour les deux jeunes gens. Trois lunes après leur mariage, l'intendant de La Treille avait dû prendre la mer afin d'organiser le blocus des côtes biefoises et celles des terres de l'ouest. Pourtant, lorsqu'il était rentré, elle l'avait accueilli comme s'il était parti hier reprenant où ils avaient laissé leur découverte de l'un puis de l'autre.
Rhialta ne rechignait pas aux arts de la table, elle se laissait aller aux plaisirs d'une table bien garnie et des verres bien remplis. La jeune femme mangeait presque autant que son époux, buvait peut-être plus que lui qui faisait presque deux fois sa taille ce qui amusait beaucoup Horas. La voir avec tant d'appétit le rassurait sur sa future descendance, ils seraient plein de vie et assez fort pour survivre. La jeune femme bien que très jeune, quinze ans au jour de leur mariage et aujourd'hui seize ans ne rechignait pas non plus aux devoirs conjugaux. D'abord gêné, Horas avait tenu à être tendre avec la jeune femme, il avait même proposé d'attendre qu'elle se sente prête à l'acte et de mentir sur leur nuit de noce. Rhialta courageuse avait répondu que c'était son devoir et qu'elle n'avait pas peur des attentions de son époux, elle les réclamait de tout son cœur désireuse de lui apporter un héritier. Ils avaient donc consommé le mariage à la première nuit. Horas bien que plus expérimenté, car alors âgé de vingt-cinq ans et de sexe masculin. L'insulaire avait su contenir son ardeur, afin d'apporter toute la douceur et la tendresse que nécessitait la première nuit de femme d'une dame telle que la jeune Vance.

Rhialta lui avait été très reconnaissante de sa prévenance et c'est elle qui avait à son rythme donner une intensité croissante à leurs ébats. Repoussant ses propres limites à chaque fois, Horas était très demandeur et Rhialta appréciait les efforts de son mari.
Le retour du Redwyne avait enthousiasmé la jeune femme qui l'avait donc comme précisé précédemment accueilli comme si c'était hier en reprenant leur apprentissage mutuel de l'autre y compris dans la chambre à coucher...

La belle se réveillait enfin poussant de légers grondements, sans ouvrir les yeux, elle s'étira sous les draps. Lorsqu'Horas vint déposer un baiser sur son nez, sans ouvrir les yeux, elle sourit timidement et gronde à nouveau ce qui fit rire du nez le biefois. Rhialta se retourna dans le lit, présentant son dos à son époux qui ne se laissa pas faire et lui embrassa la nuque. Elle gronda, minauda montrant du rejet pour mieux pousser son mari à continuer ses attentions. Alors, il fit courir ses doigts dans ses cheveux glissant jusqu'au creux de son cou avant de l'embrasser de nouveau dans ce même creux. Elle rit cette fois puis se retourne en ouvrant doucement les yeux :

Mon époux me réclame, demanda-t-elle faussement surprise ?

Horas l'embrassa sur les lèvres :

Il vous réclame depuis qu'il vous a été fiancé, milady, fit remarquer le marié. Pourquoi ? Seriez-vous trop lasse déjà de sa..., le malin s'arrêta comme pour laisser du suspense. Sa considération, finit-il par avouer avec un sourire évocateur.

Elle ria cette fois avec force, les dents à découvert et la gorge chaleureuse :

Lasse, d'autres le seraient à moins depuis votre retour votre considération se fait sentir nuit et jour, releva l'ex-Vance avec une pointe d'espièglerie. Néanmoins, moi lasse de mon époux jamais, s'offusqua-t-elle en se jetant dans les bras d'Horas pour l'embrasser à son tour.

Tous les deux se laissèrent aller aux plaisirs de la chair et aux désirs qu'un jeune couple fraîchement marié se doit de se laisser aller...

Horas a bien cru que son cœur s'était arrêté au moment où il a saisi le message que voulais lui faire passer son épouse. Un sourire en banane naquit indépendamment de sa volonté, il ne pouvait s'empêcher d'afficher une expression de joie immense. Il bouillait littéralement d'excitation, mais aucun son ne sortait de sa bouche rendu mutique d'émotion. Rhialta sembla même se fâcher un instant face à la non-réaction verbal de son mari, mais comprit qu'il était étranglé par l'émotion :

Eh bien, nous sommes mariés depuis moins d'un an, mais je ne vous avais jamais vu rester coi face à une situation, fit remarquer la conflanaise. Qui va me croire quand je leur dirais que le grand chevalier, ser Horas Redwyne s'est fait clouer le bec par sa femme, s'amusa Rhialta au détriment du futur père ?

Une larme vint rouler le long de la joue d'Horas, une larme de joie bien sûr ce qui étonna encore plus sa jeune épouse. C'était un grand moment pour le jeune couple. Rhialta qui appréciait son mari jusqu'ici, dont les sentiments croissaient de jour en jour pour lui su à la vue de cette larme qu'elle en tomberait amoureuse. Alors, elle aussi désormais émue face à la réaction d'Horas senti ses yeux se remplirent de larmes de bonheur.
Horas toujours pantois sorti de sa torpeur à la vue de sa femme qui pleurait désormais puis dans un élan passionné, il planta ses lèvres sur les siennes. Leurs larmes se mêlèrent dans une danse frénétique contre la peau des joues du couple puis, ils se mirent à rire tous les deux. Ils rirent longtemps avant de se calmer l'un et l'autre, enfin Horas retrouva l'usage de la parole :

C'est le plus beau cadeau que tu pouvais me faire, Rhialta, mon premier-né, prononça-t-il presque à demi-mot comme s'il n'en revenait toujours pas.

La jeune femme fit une moue boudeuse :

Ou ta première-née, rectifia l'ex-Vance.

Ou ma première-née, répéta Horas toujours avec une voix ému incapable de se remettre totalement de cette nouvelle incroyable pour lui.

À déjà vingt-six ans, l'héritier de La Treille s'était plutôt marié tard pour un noble de son rang. La famille Redwyne était loin d'être au bord de l'extinction, mais tout de même ce premier héritier était très attendu. Paxter Redwyne restait jeune, Desmera était peut-être mariée à un orageois, mais il avait deux fils dans la force de l'âge Horas et Hobber enfin son propre frère avait lui aussi un fils Dennis Redwyne. Non, la maison Redwyne n'était pas à plaindre, mais Horas avait à cœur de faire beaucoup d'enfants afin de pérenniser sa maison, mais aussi de se rapprocher de certaines maisons...

Tu es à nouveau muet, ser Horas, insista Rhialta. Il nous reste une question à traiter, ajouta très sérieusement sa femme en s'essuyant les joues encore mouillé par les larmes.

Une question, quel question, demanda le Redwyne intrigué ?

À quelle question pouvait bien penser Rhialta, qu'avait-elle derrière la tête ? Le ton de la jeune femme était intrigant, énigmatique et laissant place au mystère. Elle s'amusait de l'air perplexe de son époux jouant avec lui comme une femme complice le ferait avec son mari. Leur relation allait dans le bon sens du moins, c'était le sentiment du Redwyne. Après quelques minutes de silence presque gêné, Horas reprit la parole :

Alors, vas-tu m'expliquer le fond de ta pensée ? À quoi fais-tu référence Rhialta, quelle question reste-t-il à traiter, interrogea Horas véritablement impatient d'entendre la réponse de la dame intendante des vignes ?

Rhialta sourit de toutes ses dents, avant de répondre avec un air malicieux :

Les prénoms, il va falloir que nous décidions du prénom qui conviendrait le mieux pour un futur héritier ou bien une future héritière, précisa l'ex-Vance. Enfin, décidé, je pense qu'il va falloir que l'on s'affronte plutôt sur le sujet des prénoms, ajouta-t-elle avec raison car Horas ne doutait pas que tous les deux ne seraient pas d'accord tout de suite.

N'est-ce pas à l'homme dans un couple de décider du prénom de sa progéniture, fit remarquer Horas sur un ton interrogatif, mais faisant montre d'une autorité feinte ? Il m'apparaît que c'est ce qui se fait dans toute famille noble de Westeros qui se respecte, rajoutât-il sûr de lui.

Dans toute famille noble de Westeros qui se respecte peut-être, mais mon époux qui a passé tant de temps en mer avec ses hommes et proche comme il est de ses gens a des idées différentes, n'est-ce pas, commenta la belle d'un air taquin ?

Il faut dire qu'Horas n'était pas le noble typique, il avait une façon bien à lui de définir la noblesse d'un homme et de se montrer chevaleresque. Le chevalier n'était pas de ceux qui se pensent supérieur ni de ceux qui maltraitent ou qui se moquent du peuple. Parmi les roturiers, il avait des amis qui pour certains valaient presque autant que des frères. Oh ! Bien sûr, l'héritier de la famille Redwyne et de l'île aux vignes avait des amis parmi la noblesse, mais il se sentait parfois plus à l'aise avec les prolétaires. Ceux qui vivaient de la terre ou de leur talent et non parce qu'ils étaient nés dans la bonne famille. Ils avaient parfois bien plus de noblesse en leur cœur que la noblesse désigné par le sang.
Ce n'était donc en réalité pas lui qui ferait taire sa femme sur un sujet aussi intime que les prénoms de leurs enfants, ils allaient donc effectivement s'affronter sur ce terrain. Pourtant, le vainqueur n'était pas tout désigné et Rhialta avait toutes ses chances de l'emporter. Des avis de l'homme habitué des mêlées et des tournois la native du Conflans risquait d'être une adversaire bien plus coriace que tous ses chevaliers en armures décidés à vous faire mordre la poussière...

Ryam, lança de but en blanc l'héritier de la maison Redwyne sur de son choix pour un fils si on lui accordait un fils comme premier-né.

Pourquoi, répondit sa jeune épouse originaire de la maison Vance qui ne détestait pas le prénom, mais qui voulait jouer un peu avec son mari ?

C'était aussi une façon d'apprendre à se connaître. Alors, Horas se mit à chercher des arguments pour convaincre sa femme que Ryam était un prénom digne d'un héritier de La Treille. Bien sûr pour le jeune Horas celui de son enfance, Ryam résonne avec grandeur, gloire et chevalerie. Le prénom ayant été porté par son aïeul Ryam Redwyne, illustre chevalier et lord Commandant de la Garde Royale puis Main du Roi de Jaehaerys Ier Targaryen. Il est l'idole incontestée de l'intendant de La Treille, si Horas n'est pas croyant et désavoue les sept et autres divinités. Ryam Redwyne est sa divinité, s'il ne croit ni aux sept des westerosi, ni aux anciens dieux honorés par les nordiens, ni aux dieux noyés des marins des Îles-de-Fer et encore moins à R'hllor ce dieu incendiaire auquel voue un culte plusieurs peuples essosis et beaucoup d'orageois. On peut dire qu'il voue une forme de culte à son ancêtre chevalier. D'ailleurs, c'est bien simple, s'il n'avait pas été héritier de La Treille, il serait certainement déjà engagé dans la garde royale...

Eh bien, Ryam Redwyne est un illustre membre de ma maison chevalier et lord Commandant de la Garde Royale puis Main du Roi de Jaehaerys Ier Targaryen, commença Horas comme il se l'était rappelé en esprit. Ce prénom sera à même de porter chance à notre fils puisqu'il a déjà porté chance à son plus illustre porteur et je souhaite tout le bonheur du monde à notre progéniture, fit remarquer le biefois fier de son argument qui ne manquerait pas de toucher la corde sensible de Rhialta.

Ryam Redwyne a aussi été une piètre Main du Roi, répondit sèchement la conflanaise. Karyl Vance, mon père fut aussi un seigneur respecté et honorable. Son prénom serait aussi adapté, fit remarquer Rhialta qui n'avait pas vraiment l'intention de donner ce prénom à son enfant, mais qui souhaitait faire réagir son mari.

Là, il allait falloir la jouer fine. Comment faire comprendre à sa femme, que donner le prénom de son père à leur enfant était inenvisageable à tous les niveaux ? Première raison, Karyl est vraiment un prénom horrible et ne s'harmonise pas du tout avec le nom des Redwyne. Les prénoms finissant par un L s'harmonisant rarement avec les noms de familles commençant par un R, Lyonel ou Ronnel comme Artgal n'aurait pas convenu. Deuxièmement, Karyl Vance était peut-être un seigneur respecté et honorable, mais il n'avait pas le rayonnement de Ryam Redwyne en Westeros.
Le couple était confronté à son premier dilemme concernant le prénom de leur enfant à venir et ce n'était qu'un début...

Hum.., marmonna Horas laissant penser qu'il réfléchissait. Peu importe que mon aïeul n'est pas été une bonne Main du Roi, je ne souhaite pas vraiment cela à mon héritier. C'est un poste à problème, d'ailleurs le poste de maître des navires aussi. Mon père a accepté sans doute, car c'est un honneur à ses yeux, argumenta l'héritier de La Treille. Pour moi, ce serait plus une malédiction, dit-il à voix basse. Non, il vaut mieux se concentrer sur le positif de la vie de Ryam Redwyne qui a été un illustre commandant de la garde royale et un chevalier émérite, acheva le biefois sur de lui.

Maintenant, il fallait donner son avis sur le prénom Karyl...

Bon... et pour ce qui est du prénom de ton père, tu sais..., commença Horas en se grattant inconsciemment l'arrière du crâne. Eh bien, je ne trouve pas que...

Allez, je t'arrête tout de suite, je n'ai aucune intention d'appeler notre fils Karyl Redwyne. Cela ne sonne pas bien du tout, tu ne trouves pas, interrogea l'ex-Vance avec un regard espiègle ? Tu ne savais pas comment t'en sortir, là n'est-ce pas ?!

La jeune femme avait piégé son pauvre époux et riait à présent en se moquant gentiment de lui. Elle vint l'embrasser avant de se blottir à nouveau dans ses bras :

Bon, mettons Ryam de côté, mais sache que je n'ai pas encore donné mon accord. Je ne suis pas sûr qu'il faille forcément donner des prénoms de nos lignées respective. Soyons originaux, tu ne crois pas, demanda de manière rhétorique la conflanaise ? Par exemple, si c'était une fille, j'aimerais beaucoup le prénom Aline orthographié avec un "i" ou bien un "y" Alyne, c'est jolie, non ?

Aline Redwyne, hum pourquoi pas, répondit le principal intéressé qui était un peu moins intéressé par les noms de jeune filles que par les noms de garçons.

Forcément, lorsque l'on est héritier puis intendant de La Treille, on espère une descendance mâle pour diriger son fief. Après tout, les nouvelles lois sont récentes et pas toujours inscrit dans les mœurs facilement. Bien qu'au fond, il ne serait pas contre avoir des filles. Il ne voudrait juste pas avoir à les priver de leur droit, si un petit frère venait à naître après eux. Cela risquait de créer des tensions dans la fratrie, et ce, inutilement.

Sémélé Redwyne, ça, c'est original, fit remarquer Horas. Le nom d'une divinité de la terre dans certaines îles de la mer d'été, proposa le futur père peu convaincu par sa propre proposition sachant pertinemment que Rhialta n'accepterait sans doute pas un prénom estivien elle qui était une fervente croyante.

Pourtant, il aimait beaucoup la culture estivienne et les femmes estiviennes, mais ça, c'était avant de devenir un homme marié. En-tout-cas, la lutte s'annonçait assez âpre :

Sémélé qu'est-ce que tu racontes, on ne va pas appelé ton héritière avec un nom d'étranger, le houspilla son épouse légèrement empourprée qu'Horas ait osé proposé un prénom barbare.

Comme prévu Rhialta avait rejeté de but en blanc ce prénom lancé comme une saillie, un trait d'esprit en référence à ces années de voyages en mer. Heureusement qu'il ne lui avait pas présenté d'autres prénoms emblématiques des îles d'été comme Babatunde, Eseosa ou encore Jako pour des garçons. Il avait toujours aimé le prénom de Zazie pour une jeune fille, également. Le chevalier en avait d'ailleurs rencontré une représentante lors de son premier voyage dans les îles d'été, à Walano. Une petite fille adorable dont son papa avait accueilli l'équipage quelques nuits, elle s'était montrée très curieuse sur Westeros et ses habitants. Tous les deux avaient beaucoup conversé et Horas en gardait un souvenir affectueux, mais vu la première réaction de son épouse concernant les prénoms étrangers le biefois ne s'y risqua pas une seconde fois :

Bon, repassons aux garçons. Mettons que je laisse de côté le prénom Ryam, que penses-tu de Pryam, interrogea Horas plein de malice histoire de continuer leur jeu faussement conflictuel alors qu'on sentait bien que le couple jouait de complicité ?

La conflanaise fit mine de fulminer jouant les femmes offusquées :

Vous vous moquez de moi, ser Horas Redwyne, et cela ne vous grandit pas bien au contraire, piqua l'ex-Vance avec éloquence !

Horas sourit, la jeune femme était pleine de vie et leur humeur à tous les deux était au beau fixe. Ils allaient être parents, après tout, c'était la plus belle des nouvelles, mais avant de pouvoir en faire l'annonce à leurs familles respectives, ils devaient finir de s'affronter :

Ne suis-je pas déjà bien assez grand, répondit le chevalier en faisant glisser ses doigts sur la main de Rhialta puis la prenant dans sa large main pour la glisser vers ses propres cuisses avant de se raviser.

Ne pas se laisser tenter par de nouveaux ébats et vaincre cette épouse récalcitrante :

Casper, que dites-vous de Casper ? Orthographié avec un C ou bien un K, c'est un beau prénom qui reprend la terminaison des prénoms de mon père et de mon frère, ajouta l'héritier de La Treille pensant marquer des points.

Je l'ajoute, répondit la jeune femme visiblement satisfaite de cette proposition. Et Adam, Adam Redwyne ça sonne bien, non ?

Bof, je ne suis pas convaincu, avoua le mari déçu par cette proposition. Dionys et Rexford voici mes autres propositions, conclut le rouquin d'un ton ferme.

Oui et Ford Redwyne tant que vous y êtes, on va rester sur Casper si vraiment celui-ci sied à ser Horas. Parce que mon fils ne va certainement pas s'appeler Rexford, argumenta d'un ton sec la conflanaise.

Dur en affaires ce petit bout de femme des terres au nord, une vraie dragonne de Bel Accueil quand elle s'y mettait. De plus, elle revenait à la charge :

Nous n'avons toujours pas traité de l'affaire, si c'est une fille et tant que vous ne donnerez pas mieux que vos prénoms emmêlés aux coutumes étrangères de la mer d'été, ce sera Aline.

Bien sûr, Horas comprenait que le prénom Aline était un hommage à la sœur aînée de Rhialta, la belle Liane Vance, seigneur de Bel Accueil dont elle était restée proche. Aline étant l'anagramme de Liane, mais pour être honnête si son premier-né devait être une première-née. Le mari de l'ex-Vance aurait voulu remercier et honorer une autre femme...

Ah, les femmes ! L'héritier de La Treille les avait toujours plus aimées que ceux qui partageaient son sexe. Il les trouvait délicates, intrigantes, belles et surprenantes un peu comme son île chérie. Oh, il avait bourlingué en mer, culbuté des femmes plus belles les unes que les autres parfois contre quelques pièces d'autres fois parce qu'il avait su les charmer. Horas avait été séduit, attiré puis était tombé amoureux plus d'une fois, mais il n'avait jamais aimé plus les femmes de sa famille. D'abord Mina Redwyne, née Tyrell celle qui lui avait donné la vie, le sein, son oreille puis ses caresses maternelles ainsi que son amour. Desmera Bartaheon, née Redwyne sa sœur qu'il aimait autant qu'il voulût la protéger, autant qu'il en avait peur également. Et enfin, Olenna Tyrell, née Redwyne raison pour laquelle il avait parfois peur de sa sœur. Parce que Desmera avait été non pas éduquée, mais formée par la matriarche des familles Tyrell et Redwyne.
La grand-mère d'Horas était de ces femmes qui pouvaient faire trembler les sept couronnes réunies et parfois même quelque citées libres en Essos. Elle dirigeait dans l'ombre les affaires de la famille Tyrell d'une main de maître, à l'origine de la valse des alliances et du mariage de Desmera avec Renly Baratheon. Et surtout du positionnement de Margaery en princesse de Westeros aux côtés d'Aegon Targaryen. Ce coup de génie n'était que l'un des plus récents parmi tant d'autres dans sa longue vie.

Horas aimait sa grand-mère autant qu'il la craignait, car il se savait à la merci de ses intrigues et un pion sur son échiquier. Pourtant, il savait aussi qu'elle faisait toujours tout dans le sens de la famille, et ce, afin de faire briller la rose et le pampre. Il l'aimait autant qu'il l'admirait, et savourait ces moments trop rares où il avait pu la côtoyer, apprendre d'elle.
Bien entendu, le chevalier de La Treille avait connaissance de l'estime que lui portait la vieille rose bien qu'elle l'aimait, il n'était pas en odeur de sainteté. Sans doute, n'avait-il pas assez d'esprit à son goût, mais il avait pourtant des qualités appréciées. Paradoxalement, le Redwyne la savait également fier de lui pour le prestige qu'il apportait à leurs deux maisons dans les tournois. Bien qu'elle ne l'ait pas formé comme Desmera qui a plus souvent côtoyer la reine des épines à Hautjardin, il était persuadé qu'il lui ferait honneur. D'ailleurs, c'est ce qu'il ferait en commençant par lui rendre hommage :

Je comprends ton envie de nommer notre fille Aline, mais j'ai une autre idée en tête que tu ne pourras pas me refuser. Je te fais d'abord la promesse que notre seconde fille, s'il doit y en avoir une se nommera, Aline, argua l'intendant de La Treille. Cependant, si mon premier-né doit être une première-née, je souhaiterais que nous la nommions Olenna, conclut le mari tout sourire à l'idée d'accueillir une petite héritière à la reine des épines.