It's too late to say sorry (Maddy)

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# Dim 8 Mai - 16:41

It's too late to say sorry

« Roches-aux-Runes | An 304 - lune 5 - semaine 1 »

"ROBAAR !" Il avait hurlé son nom jusqu'à se briser les cordes vocales. Son frère avait disparu subitement pendant la lutte et restait introuvable. Andar fut forcé par ses troupes de quitter le champ de bataille afin de retourner à Roches-aux-Runes pleurer les morts et cette perte. Tout n'était que chaos, les troupes Pro-Viserys étaient plus que jamais aux portes de la demeure ancestrale des Royce, avec à leur tête les traîtres Grafton. L'issue de la bataille était décisive et force était de constater que malgré tout, les Valois n'étaient pas parvenus à repousser l'ennemi hors de leurs terres. Une lourde défaite que n'acceptait pas l'aîné, tout autant que la disparition de son cadet. Qu'avait-il mérité pour cela ? Viserys menaçait désormais ses propres murs, Roches-aux-Runes étant la prochaine étape de sa conquête. Tout se mélangeait dans son esprit embrumé par la fatigue, tandis qu'il posait le pied sur le sol de son château. Il ordonna à ses hommes de se reposer et que l'on soigne les plus blessés. Lui n'avait besoin de rien, n'ayant que quelques égratignures. Seul l'épuisement le menaçait. Il retrouva les bras de son épouse enceinte et prête à accoucher d'ici peu, elle avait trouvé la force de se lever pour l'accueillir. Il aurait pu s'en réjouir mais comment le pouvait-il à l'aube de leur chute ? Cet enfant allait naître dans un monde qui manquait de s'écrouler. Son père n'avait pu le protéger et désormais, sa sécurité était menacée. Il avait échoué, autant qu'à protéger le chevalier Rouge, dont le corps était probablement resté là-bas, entre la boue et le sang d'autres soldats tombés. Ce frère dont il avait tant besoin n'était plus, en plus de faire son deuil, il devait faire face aux conséquences de cet échec.

Puis, son regard se posa sur Maddy, dont le ventre arrondi le surprit. Son cœur se serra face à cette vision, elle portait la vie et lui annonçait la mort. Livide, pâle comme un linge, il fut incapable de trouver la force de parler et s'enferma dans ses appartements pour quelques heures, le temps de se laver et il tenta de s'endormir, en vain. Comment trouver le sommeil alors qu'il venait de vivre des heures terribles ? Alors que le ciel manquait de leur tomber sur la tête. Son épouse Alys était abattue, attristée de voir la folie de son frère Gerold. La voie diplomatique avait été vaine. Ne cessant de tourner dans le lit, il quitta la chambre pour aller en cuisine attraper une bouteille de vin. Il la fixa de longues minutes avant de prendre sa tête entre ses mains. L'alcool n'était pas la solution. Malgré son envie irrésistible d'y replonger, il lutta, à quoi bon ? D'un geste rageur, Andar la jeta au sol, celle-ci se brisant en mille morceaux. Les débris de verre se mêlaient au liquide carmin tandis qu'il hurlait de désespoir, faisant trembler les murs. Il put entendre son bébé pleurer, éveillé par ce tapage. Entre ses doigts, des bouts de verre étaient restés, coupant sa peau, mais la douleur psychologique dépassait amplement la physique.

Ses pas le menaient jusqu'à la fauconnerie. Là, à l'abris des regards, il craqua, laissant sa détresse s'exprimer au gré de la lumière de la lune. Des larmes coulaient alors que des spasmes parcouraient son corps. Ses boyaux se tordaient par la souffrance infligée. Cela lui arrachait les entrailles d'être aussi impuissant. La perte de Robar, la défaite, tout cela laissait entrevoir le pire pour les siens. Son allégeance pour Harrold était en train de les perdre. Du bruit le fit relever la tête brusquement, et dans la pénombre, la silhouette de la rousse se dessinait. "Maddy..." Il tentait d'essuyer les larmes de son visage. Que pouvait-il dire à la jeune femme qui amenuiserait sa peine ? Rien et il la ressentait aussi. Le malheur s'abattait sur eux. Les dieux se montraient cruels et aucune solution ne leur était offerte outre d'abdiquer ou se battre jusqu'à la mort.

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# Lun 30 Mai - 23:08

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@Andar Royce

« Roches-aux-Runes | An 304 - lune 5 - semaine 1 »

Il n'y avait qu'un seul visage, un seul qu'elle essayait de retrouver dans cette marée humaine. Maddy la scrutait avec une avidité démesurée, son regard accrochait des figures exténuées, effrayées, ensanglantées, épouvantées, soulagées, mais elle ne trouvait pas la sienne. Elle ne retrouvait pas ce sourire enjôleur au milieu de tout ses soldats. Elle ne retrouvait pas cette chevelure dorée dans ce flot d'armures. Elle ne retrouvait pas son chevalier auprès de son seigneur. Il était introuvable, dissimulé par les autres valois qui s'empressaient d'embrasser leurs proches. Ce n'est que lorsqu'elle sentit une main sur son épaule qu'elle constata son absence, un geste paternel qui se voulait réconfortant, mais qui fit imploser sa bulle d'espérance. Il n'était pas dans la foule des survivants. Lui n'était plus. Une pensée qui résonnait en elle comme un écho sans fin, jusqu'à ce qu'un silence terrible et menaçant s'abattît sur elle. Un silence de mort.

Son regard avait été attiré par des mouvements fluides, Andar embrassant son épouse, Andar découvrant le ventre bien arrondit d'Alys, Andar sain et sauf. Mais il n'y avait aucun soulagement perceptible sur les traits pâles de l'insulaire, aucun sentiment de joie devant cette scène, mais seulement l'impression désagréable que des lianes s'enroulaient autour de son corps et qu'elles la précipitaient dans un gouffre sans fond. Une chute libre dans les ténèbres qu'elle ne connaissait que trop bien. Pourtant, aucune larme ne coula sur ses joues, elle était comme anesthésiée de tout autre affect que cette sensation de froid intense. Debout dans cette foule bruyante, elle restait impassible devant les mines désolées d'Eddie et de Samwell, devant le départ muet d'Andar. Elle se mit simplement en mouvement. Maddy avait l’impression d’être dans un cauchemar, elle suivait le petit groupe qui rentrait au château, mais sans qu’elle puisse expliquer les raisons, elle avait l’impression de ne plus avoir le moindre contrôle sur son corps. Ses jambes avançaient sans qu’elle ne le leur ordonne, son regard se fixait sur les cheveux blonds d'une servante, ses oreilles étaient sourdes aux appels d’Alys. Tout ceci lui semblait si irréel.

Durant le reste de la journée, l'insulaire avait ressentie ce sentiment d'étrangeté. D'incompréhension. Son esprit embrumé par l'épuisement nerveux refusait d'intégrer cette absence. Elle déambulait dans les couloirs, comme si tout son corps rejetait l'idée de ne plus jamais le rencontrer, de ne plus jamais sentir sa chaleur. Il n'était plus, mais Maddy était une somnambule, elle avait allumé une bougie dans la chambre de Robar, laissé en évidence auprès de sa fenêtre. Une douce lumière pour qu'il retrouve son chemin. Mais quel sentier un mort pouvait-il retracer ? Elle était restée assise sur son lit froid, attendant qu'il passe la porte, riant aux éclats devant sa mine déconfite. Mais rien. Seulement une porte close. Une porte désespérément close.

Plus tard, elle s'était réfugiée dans la cuisine, un endroit où elle se sentait en sécurité, dissimulé des regards des nobles. Ses doigts fatigués se refermèrent sur les bocaux en verre. Tous faisaient ce même bruit sourd lorsqu’elle les déposaient indélicatement sur les étagères, si bien que la cuisinière eut peur qu'elles cèdent par l'impact. Elle s'imaginait déjà tout ramasser, tant les morceaux de verre que les haricots plats. La vieille femme passerait des heures à tout nettoyer et prendrait un retard certain sur le repas. Toutefois, elle ne fit aucun commentaire désobligeant, elle eut besoin d'un seul regard pour se faire comprendre. Son caractère inflexible ne s'arrangeait pas en vieillissant, mais si d'habitude l'insulaire aurait dédramatiser la situation, là, elle s'excusa avec un léger bégaiement. Cela ne lui ressemblait pas de se laisser impressionner par cette tigresse, mais ces temps-ci, elle rencontrait des difficultés à se sentir elle-même. Ces temps-ci… Cela faisait des jours qu’elle avait l’impression de perdre pied, d’être continuellement sous tension, dans l'attente anxieuse d'un retour incertain. Et à présent... Elle était incapable d'expliquer cette absence de sentiment, ni colère, ni effondrement émotionnel, seulement un besoin d'être dans le mouvement. La femme sans nom avait l'impression que si elle s'arrêtait, elle se morcellerait, elle se transformerait en un tas de sable qui s'envolerait au gré vent. Gramme après gramme, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien d'elle.

La cuisinière au sourire carnassier lui confia une autre tâche, un travail qui allait l’avancer et surtout, qui ne la ralentirait pas. À ses yeux, cuisiner était un outil indispensable pour évacuer toute sorte d'émotions, mais elle avait peu d'espoir pour sa jeune amie, elle était encore trop sous le choc pour être prête à se défouler sur une pâte à pain Et c'était le cas, Maddy était ailleurs. Avec une lenteur presque irréelle, l’insulaire disposait sur la table tous les ingrédients dont elle avait besoin, mais avant d’en faire quoi que ce soit, elle entendit un grand fracas au-dessus de sa tête. "Il a prit un bouteille avant qu't'arrive", elle n'avait pas besoin de préciser ce il, la servante savait pertinemment qui était ce il. Son bras suspendu dans le vide, elle restait interdite, devait-elle rester dans la cuisine, bien au chaud, ou le surveiller, le secouer pour qu'il reste suffisamment sain d'esprit pour ? Elle ne savait même plus pour quelle raison. C'est le hurlement qui la fit sortir de sa torpeur, il faisait écho en elle, mais aucun son n'arrivait encore à se frayer un chemin. "Tu d'vrais ptet aller l'voir ma mignonne" questionna-t-elle en évitant soigneusement son regard, restant concentré sur sa tambouille.

Chaque fibre de son corps hurlait de le rejoindre, mais pas pour l'empêcher de s'embrumer l'esprit, mais pour obtenir des réponses. Jusqu'ici, elle avait entendu des bruits de couloir, un dragon embrasant la terre des hommes, des éléphants hors de contrôle, la défaite, mais rien sur son chevalier. Elle constatait simplement l'évidence, ils étaient partis tous les deux et Andar était rentré sans Robar. Devant les bocaux transparents, son esprit lui remontait la scène de son retour, encore et encore, lui sans son frère à ses côtés. Il l'avait fui dès les premières secondes, il avait détourné le regard, muré dans un mutisme et maintenant, il voulait se noyer dans les abîmes de l'alcool. Il n'en était pas question. Sans un mot, les prémices d'une colère incandescente se réveillant, elle quitta la pièce. Avec difficulté, elle monta les grands escaliers et ne trouva qu'une pièce vide. Le sol était jonché de morceaux de verre et de liquide brunâtre.

Instinctivement, elle avait pris la destination de la fauconnerie. Les deux mains dans le creux de son dos, elle éprouvait de plus en plus de difficulté à se déplacer en extérieur. Elle ne voyait plus les obstacles sur les chemins, et les montés, aussi légères soient-elles, lui demandait un effort considérable. Et son instinct l'avait mené au bon endroit, Andar était dans un coin, pleurant dans l'ombre de ses créatures volantes. Dans d'autres circonstances, elle aurait été attristée par son chagrin, elle aurait souri en entendant son nom, mais Maddy ne ressentait aucune pitié pour lui. Il était trop tôt pour cela, trop tôt pour qu'elle soit la personne dont il avait besoin. Car à ce moment précis, elle n'était pas l'amie, ni la servante, elle était celle qui venait de perdre le père de ses enfants, l'homme qu'elle aimait. "Vous avez suffisamment pleuré" déclara-t-elle avec une froideur qui ne lui ressemblait pas, "je veux". Qu'est-ce qu'elle voulait en réalité ? Qu'il lui rende son chevalier ? Qu'il revienne en arrière pour l'obliger à rester au château ? "Je veux comprendre ce qu'il s'est passé". Ce qu'il s'était passé, c'est que Robar était décédé et qu'elle n'avait aucun corps à pleurer.

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# Dim 26 Juin - 14:27

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@Maddy

« Roches-aux-Runes | An 304 - lune 5 - semaine 1 »

Parmi la foule des survivants, les visages étaient fatigués, éreintés, certains pouvaient amplement être pris pour des morts-vivants, dont le seigneur. Livide, pâle tel un linge, il n’était que l’ombre de lui-même à l’aube de cette nouvelle ère. Une défaite, rendue encore plus amère par la disparition de son frère dont il avait hurlé le nom à s’en briser les cordes vocales. Ce furent ses soldats qui le ramenèrent à la réalité : il ne pouvait rester plus longtemps sur le champ de bataille au risque d’être capturé ou tué. Une partie de son être lui fut arrachée alors qu’il tournait le dos à ce lieu maudit où reposent les corps des défunts, dont celui de son frère, quelque part. Au bord du précipice, il avait été incapable de protéger son cadet, tombé en ce jour funeste. Comment rebondir après un tel revers ? Le Royce l’ignorait, il ne savait pas non plus comment il avait trouvé la force de revenir à Roches-Aux-Runes. Épuisé physiquement et mentalement, retrouver son épouse et ses enfants le poussait à dépasser ses limites. Foulant de nouveau la terre de son fief, il les serra dans ses bras avec force, tandis qu’Alys comprenait que cette étreinte valait également pour le Chevalier Rouge dont elle n’apercevait pas la silhouette. Le silence d’Andar l’obligea à faire de même mais elle comprit dans son regard sombre qu’il ne reviendrait pas. Son soulagement fut prompt quand il croisa le regard de la rousse portant la vie. Son ventre rond, cette descendance qu’attendait tant Robar et dont il était à présent privé. Cette vision fut insoutenable et il s’en détourna, sombrant dans le mutisme, comme toujours. C’était encore trop tôt pour l’affronter, lui qui sentait peu à peu la noirceur l’envahir, lui qui sentait ses démons l’emprisonner de nouveau. Ces mêmes démons qui s’étaient éloignés mais que rien ne pouvait retenir à présent. Tout s’écroulait. Si le présent était terrible, le futur semblait bien pire. Il en avait la responsabilité. Harrold courait à sa perte, Roches-aux-Runes tomberait d’ici peu. Il était perdu, égaré, désemparé, ne sachant quoi faire à l’aube d’une nouvelle bataille. La chambre paraissait étriquée, il préféra la quitter, ne trouvant pas le sommeil. Son épouse ne chercha pas à l’arrêter, à quoi bon ?

Il songea alors à se réfugier dans l’alcool, aviné, il savait que cette épée de Damoclès s’en irait, mais ce n’était qu’illusion. Alors, la bouteille se retrouva brisée, par terre, à l’image de son esprit. Son sang se mêla au vin, une douleur qu’il ne ressentait même pas tant elle était insignifiante à ce qui le secouait à présent. Il tituba jusqu’à la fauconnerie, ignorant les pleurs des enfants éveillés par ce tapage. Il était sourd à leurs supplications, l’esprit embrumé, digérant ces tragédies, digérant que tout allait bientôt basculer pour le pire. Était-il du mauvais côté ? Soutenir Rhaegar valait-il la peine d’y perdre sa famille ? Les siens ? Aurait-il dû ne pas s’en mêler et attendre d’être cueilli par le lézard ? Ce n’était pas dans son ADN de ne pas tenir parole, ni d’oublier la main tendue du Roi lors de la rébellion du Cerf. Malgré tout, il doutait, se sentait terriblement impuissant. Son corps était parcouru de spasmes incontrôlables alors qu’il ne contenait plus les larmes. Probablement n’avait-il jamais pleuré ainsi. Lui, si fier n’avait pu lutter contre cette détresse, ce deuil inconcevable quelques jours plus tôt. Tout était allé trop vite. Levant le nez, la silhouette ronde de la servante se dessinait et il fut frappé par la froideur de sa voix, autant que par la neutralité de son visage. Comme si elle semblait dénuée d’émotions, morte à l’intérieur. Plus que jamais, il avait la désagréable sensation de se reconnaître. Il reprenait ses esprits, son regard se durcissant. “Je sais très bien ce que tu veux.” Disait-il d’un ton tranchant. “Que Robar te soit rendu. Que ce soit lui qui soit revenu.” Ou qu'il ne soit pas parti ? N’était-ce pas là tout ce qu’elle désirait à juste titre ? Cette culpabilité, il la ressentait, elle déchirait son cœur, labourait ses tripes et encore plus en présence de celle qui portait le rejeton du chevalier rouge. Telle une huître, le seigneur se refermait peu à peu, ayant la sensation de faire face à un mur. Il la dévisagea, restant assis. Amertume quand il songeait à tous les conflits auxquels il avait participé et qu’elle était restée ici, en sécurité. Elle ne pouvait définitivement pas comprendre le chaos d’un champ de bataille. Personne ne le pouvait sans l’avoir vécu. “Nous nous sommes perdus de vue lorsque les éléphants de l’ennemi ont été hors de contrôle.” Il ne l’avait pas vu mourir de ses propres yeux mais il aurait pu être écrasé par l’une de ces créatures. Il l’ignorait, tout était encore confus. Prenant sa tête entre ses mains, les souvenirs parcouraient son esprit, il pouvait entendre les cris des malheureux broyés. Le bruit de leurs os qui se brisaient un par un, comme des poupées désarticulées. Ces hommes ne ressemblaient alors plus à rien, des corps défigurés que les femmes, enfants ne pouvaient pleurer. “Si ce sont des réponses que tu cherches, je ne peux te les donner.” Conclut-il dans un soupir abattu, lui non plus ne les avait pas. Lui aussi accusait le coup et devait déjà songer à la suite. Il n’avait guère le temps de faire son deuil.

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# Dim 10 Juil - 20:08

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@Andar Royce

« Roches-aux-Runes | An 304 - lune 5 - semaine 1 »

Que Robar te soit rendu. Sa phrase résonnait en écho dans son esprit, elle se répandait dans ses veines, se cognait contre sa poitrine, plantait ses crocs acérés dans sa chaire... Qu'il lui soit rendu, un vœu qu'elle avait psalmodié durant des heures aux creux de la nuit. Maddy ne serait comptée le nombre de fois où elle avait pris le chemin de la plage, les pieds nus, avançant prudemment et silencieusement, à la recherche d'un réconfort dans les prières. À cette époque, l'espoir lui était encore permis, elle pouvait toujours imaginer le retour de son chevalier, alors qu'à présent... Il n'y avait plus rien à attendre dorénavant, hormis des réponses. Qui tardait à venir. Le seigneur Royce se flagellait, rongé par sa culpabilité du survivant, mais cela ne trouvait aucune grâce à ses yeux. Elle ne dégageait aucune émotion en entendant ses propos, ni empathie, ni tristesse, ni quoi que ce soit, hormis une pointe de colère et d'agacement. Même si elle n'en avait pas encore tout à fait conscience, elle était infiniment soulagée qu'Andar soit revenu. Jamais elle ne voudrait qu'il prenne la place de Robar et le fait qu'il puisse l'imaginer l'indignait réellement. Non seulement par son manquement de confiance en elle, mais également par son apitoiement déplacé. Maddy ne voulait pas de ses larmes, ni de son chagrin, et encore moins de son autopunition. Elle voulait ses fichues réponses et il semblait toujours aussi décidé à lui en priver.

Il exposait froidement un fait, seulement un. Il avait perdu de vu son frère lors de l'attaque des éléphants. Et c'était tout. Il agissait comme à son accoutumé, son visage avait disparut entre ses mains, et il soupira en finissant une phrase déplaisante. C'était donc la seule chose qu'il pouvait lui offrir ? Maddy aurait aimé qu'il hurle, qu'il déverse un flot de pensée hargneuse, qu'il réagisse ! "Vous ne pouvez pas me les donner", répéta-t-elle en écho, sans véritable conviction. Instinctivement, elle mit une main sur son ventre arrondi, et l'autre dans le creux de son dos, incrédule par son manque de considération pour sa personne. Elle avait bien conscience de son statut, mais Robar n'avait-il pas décidé de l'aimer ? "Avec tout mon respect mon seigneur, je crois que vous pouvez m'apporter, si ce n'est des réponses, des éclaircissements. Est-il habituellement d'apporter des éléphants durant une bataille ? Le dragon représente-t-il réellement un danger pour notre peuple ? Le prince Viserys a-t-il été blessé au moins ? À défaut d'avoir perdu autant des nôtres, a-t-il au moins subit une seule égratignure ? Et si cela ne vous semble pas possible, pourriez au moins me dire le fond de vos pensées ? Pensez-vous que votre frère a été écrasé, brûlé ? L'avez-vous cherché avant de battre en retraite ? L'avez-vous défendu contre un ennemi ? , elle vomissait tout un tas de mot, sans reprendre son souffle. Mais plus elle posait des questions, plus elle sortait de sa léthargie et plus elle était en colère. "Ne pouvez-vous pas m'offrir cela ? Au moins des brides d'idées sur ce qu'il lui ait arrivé ? Si ce n'est pour l'amitié que vous me portez...", l'enfant qu'elle portait se mit à bouger violemment, ce qui l'obligea à s'appuyer contre le muret "faites-le pour ses enfants, pour Rosenn, pour elle" dit-elle d'un ton suppliant en mettant ses deux mains sur son nombril.

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# Mer 31 Aoû - 19:14

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@Maddy

« Roches-aux-Runes | An 304 - lune 5 - semaine 1 »

Présentement, il était encore trop tôt pour lui d’évoquer ce qui venait de se passer. La bataille ne remontait qu’à quelques heures, inutile de dire que dans la boue, entre les coups et les lamentations, son esprit avait été aussi perturbé que bousculé. Tout était allé bien trop vite. Le feu du dragon, les éléphants gigantesques qui n’avaient pu être contrôlés, il serait incapable de se remémorer de suite la chronologie de ces événements. Il ne se rappelait que de la confusion générale, de son souffle, de son cœur tambourinant dans ses tempes. Et l’odeur de brûlé mélangée à celle de la chair humaine devenait poussière. Les cris mortifères avaient glacé son sang tandis que dans ce flot chaotique, il avait égaré la chevelure blonde de son cadet. Sa voix avait percé la bulle dans laquelle il s’était trouvé suite à l’attaque du dragon. Parmi la fumée, il avait même cru apercevoir le Chevalier Rouge, aux prises avec un adversaire farouche. Ils s’étaient ensuite retrouvés, trop peu de temps pour être de nouveau séparés, et ce fut la dernière fois qu’ils se croisèrent sur le champ de bataille. Se remémorer ses souvenirs encore trop récents, trop marquants était douloureux, mais pas autant que celle que la jeune femme ressentait. Comme à son accoutumée, le seigneur de Roches-aux-Runes se renfermait telle une huître face à la froideur de la rousse, n’ayant que peu d’égards pour sa souffrance, obnubilé par la suite, par les questions qui fusaient. Que pouvait-il dire ? A part qu’il avait échoué dans son rôle d’aîné ? Qu’il n’avait pu empêcher à Robar de disparaître dans les méandres de la bataille ? Alors oui, il avait accueilli son amie d’une manière peu agréable, persuadé qu’elle lui en voudrait, qu’elle le maudissait lui et lui seul pour l’issue défavorable. À juste titre.

Tout au long de son monologue, il resta interdit, silencieux. Elle parvenait à verbaliser ce dont il était incapable, c’était encore trop tôt. Il arrivait à peine à extérioriser ce qu’il avait vécu à Winterfell, des lunes auparavant. Mais la situation était tout autre, plus urgente, plus dramatique aussi. Elle le pressait, désirait des réponses, légitimes. Malheureusement, tout était confus et ils n’avaient aucune dépouille sur laquelle pleurer. Nul ne savait les circonstances de la mort du valois, pas même lui. Face à ses mots, il abdique, relevant sa tête et tâchant de mettre de l’ordre dans ses idées, dans cet esprit tiraillé. Sa culpabilité le rendait exécrable, il s’en rendait compte, peut-être trop tard. Ses yeux brillaient de désolation, il hocha du chef, prêt à répondre. Mais elle vacilla, s’appuyant contre le muret, aussitôt, Andar se leva et désigna la place, un petit escalier où elle pourrait au moins s’installer. “Assieds toi.” Sa voix était ferme, à défaut d’être fier, il se préoccupait de sa santé. Et celle de cet enfant à naître. “Je le fais pour toi et les enfants, y compris les miens.” A elle de donner la version qu’elle souhaitera aux enfants. Elle avait au moins eu le mérite de le remettre sur le droit chemin, de l’obliger à se faire violence. “Nous étions à côté lorsque la bataille a débuté mais rapidement, nous avons été happés par la violence et les combats, avant de nous retrouver après, une dernière fois, il était fatigué mais en vie.” La chevelure blonde de son frère lui revenait en tête, entouré de moultes ennemis. “Si le dragon a été salutaire à Winterfell, il ne l’a pas été ici, c’est une arme de destruction massive.” Un frisson d’effroi le parcourait en entendant de nouveau les supplications des brûlés. “Ceux qui sont brûlés sont méconnaissables alors, il peut l’avoir été. J’ai cherché Robar, je l’ai appelé, mais je n’avais que du silence en guise de réponse.” Avoua-t-il sans détour et détachement, reléguant ses émotions dans le fin fond de son esprit. “Quant à Viserys, j’ignore si mes flèches ou ceux de mes alliés sont parvenues à faire mouche, mais il m’a semblé être en mauvaise posture lorsque nous avons battu en retraite.” Niché sur son dragon, difficile de dire dans quel état se trouvait le lézard. “Tout comme Lord Gerold Grafton dont j’aurais aimé trancher la tête moi-même.” Une colère sourde le prenait, son beau-frère n’avait à ses yeux rien d’un noble. En se détournant ainsi de Rhaegar il lui avait prouvé qu’il avait eu raison à son sujet : il n’était qu’un opportuniste. Évidemment, cette confidence n’avait pas été partagée avec son épouse, encore attachée, après tout, Gerold était son frère. Le sang de son sang. “Roches-aux-Runes est la prochaine étape.” Un long siège risquait de débuter et il ignorait les agissements d’Harrold. Il espérait sincèrement que le soldat envoyé était parvenu à retrouver le Suzerain pour le prévenir de l’échec.

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# Jeu 13 Oct - 16:16

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@Andar Royce

« Roches-aux-Runes | An 304 - lune 5 - semaine 1 »

Il la fixa de nouveau, il portait sur elle ce regard luisant de souffrance qui apparaissait lorsque le vin avait fait son œuvre. Ce regard morne qui la condamnait à une vie sans lui. Ce regard qu'elle ne pouvait plus supporter, mais qu'elle soutenait avec détermination. Même assise sur l'escalier de la volière, Maddy refusait de perdre ce contact visuel, de peur qu'il se ravise ou qu'il disparaisse de nouveau. Mais il était resté. Chacun de ses mots transpirait la fragilité, comme si la moindre bourrasque de vent pouvait l'émietter sous ses yeux. Pourtant, c'était elle qui perdait contenance, son récit raisonnait au fond de ses entrailles, comme si elle venait de hurler dans une sombre caverne et que l'écho lui répondait. Tout son être réagissait à ces mots brûlants, elle se raidit encore davantage face à ce regard brillant de chagrin, empêchant presque l'air d'entrer dans ses poumons. C'est si difficile d'entendre son récit, mais elle en avait terriblement besoin. Elle ne voulait pas des paroles réconfortantes, elle voulait la vérité, aussi dure pouvait-elle l'être.

Lentement, Maddy essayait d'intégrer toutes les informations, reconstituant les événements dans son esprit, tentant de retracer une chronologie dans tous les faits cités et entendus. Andar se livrait, non pas sur ses émotions, mais sur ce qu'il s'était passé, imposant des images dans son esprit. Des pensées qu'elle ne put contenir "je me demande ce que cela fait...", pour la première fois, elle quitta son regard pour fixer le ciel, "de périr par le feu". Il n'y avait pas de tristesse dans sa voix, ni de colère, seulement une neutralité aseptisée "cela doit être terrible" conclua-t-elle finalement. Elle ferma les yeux quelques secondes, imaginant son chevalier brûler dans son armure rouge, sa peau se transformer en cendre, tout son être disparaître par un brasier. Avait-il alors conscience que sa fin était proche ? Ressentait-il la douleur ? Avait-il le temps de voir sa peau se liquéfier par la chaleur ? L'imagination était sans doute pire que la réalité, mais avoir des brides de réponse semblait l'apaiser ou du moins, tempérer sa colère, "espérons qu'il ait perdu la vie écrasée par un éléphant, cela me semble moins terrible finalement " dit-elle froidement. L'insulaire prit une profonde inspiration et caressa son ventre arrondi, l'enfant semblait s'être enfin endormi ou plutôt, que sa mère était moins agitée. Alors elle se remit debout, plus facilement qu'elle ne l'aurait cru et avec toute la douceur dont elle était capable à ce moment précis, elle prit la main de son seigneur "nous pleurons aujourd'hui, nous nous battons demain". Pas de merci pour lui avoir confier ses souvenirs, seulement un étreinte de main.

Se battre. Que pouvait-elle faire pour sauver les siens ? Inspirant de nouveau, elle se gratta la tête, "votre épouse est-elle au courant pour sa famille ? ". Les Royce étaient ses proches, ses liens, mais elle ne venait pas de cette terre, elle était née Grafton. Cette question en soulevait d'autres, mais Maddy n'était pas certaine de pouvoir tenir un secret pareil. Elle en avait déjà eu un certain nombre et cela ne l'avait pas toujours été profitable. "Combien de maison du Val ont trahit le roi ?, Maddy s'étonnait elle-même, elle agissait comme un soldat et non plus comme une femme endeuillée. Surement parce que la fuite de ses émotions était plus facile que d'y faire face, "comment pouvons-nous protéger les nôtres à présent ? ". C'était sans doute la première fois qu'elle pensait à sa fille, aux enfants d'Andar, avait-elle encore suffisamment de temps pour les envoyer sur son île ? L'inquiétude la gagna quelque peu, "comment pouvons-nous protéger les nôtres face à un dragon ? ".

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# Lun 28 Nov - 21:34

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@Maddy

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Elle ne perdait pas ce contact visuel entre eux, comme si elle tentait de se raccrocher à lui pour ne pas se noyer. Andar tâchait de mettre de côté ses sentiments pour énoncer l'odieuse vérité, ce qui venait d'advenir et qu'il peinait encore à verbaliser. Chaque mot transpirait une fragilité certaine, mais aussi une absence, comme s'il retournait physiquement sur le champ de bataille, comme s'il pouvait sentir les corps calcinés des pauvres malheureux. Comme si leurs cris résonnaient encore dans ses tympans. Des supplications effroyables d'hommes qui vivaient des derniers moments terribles. Pour ne pas faillir dans son récit, il renferma ses émotions, sa culpabilité, sa profonde détresse dans une boite qu'il enterra sous terre. Mis sous scellé, il put ainsi retracer les événements avec plus ou moins d'organisation. La bataille avait été confuse. Elle ne voulait pas de paroles réconfortantes, il l'avait compris. Alors sans nulle maîtrise, il déballait tout ce qui avait pu advenir avec un air neutre, détaché. Il le fallait s'il ne voulait pas que les émotions le submergent encore.

"Le feu du dragon tue sur le coup, il n'a pas dû souffrir." Disait-il avec froideur lui aussi, haussant les épaules, il tâchait de se rassurer comme il le pouvait. Il avait vu le dragon à l'œuvre à Winterfell et la brutalité des flammes. Un sourcil se arquait, mourir écrasé ? Cette mort n'était guère mieux car elle n'était pas rapide, plutôt lente si la chute ne touchait pas des organes vitaux. Il pouvait agoniser des heures durant avant de rendre son dernier souffle étouffé dans ses propres entrailles. Evidemment, Andar préféra ne pas rebondir là-dessus. Nul besoin d'en rajouter sur l'horreur qu'elle s'infligeait. Un soupir traversa ses lèvres alors qu'elle prenait sa main, aussi glacée que la sienne, comme si toute vie avait quitté son corps. Ce qui n'était pas totalement faux désormais. Il n'était qu'un fantôme et ce, depuis la bataille de Winterfell. Les rares moments de lucidité avaient été compliqués à gérer, alors, il était préférable de les taire. Hochement de tête, il lui lançait un regard entendu. Cette bataille n'était que le début d'une longue liste. Robar mort, il se battrait jusqu'au bout pour le venger. Jamais Viserys n'aura son allégeance. Il n'hésitera pas à le tuer lui-même s'il le fallait, quitte à y rester.

Ses yeux se posèrent sur le ciel, bien sombre à présent que la paix n'était plus dans le Val. "Alys n'est pas dupe. Elle a essayé de faire entendre raison à son frère mais il était déjà trop tard, cet abruti est perdu." Son corps se raidissait en songeant à ce traître de Grafton dénué d'honneur, l'homme était prêt à rompre ses serments pour la gloire. "A ma connaissance, seuls les Grafton ont rejoint les rangs, accompagnés de la Compagnie Dorée venue d'Essos." Mais tout était possible. "Cependant, je suis persuadé que d'autres opportunistes n'hésiteront pas à se rallier à lui si le vent tourne." Personne n'était digne de confiance, outre leurs familles. Il savait les Rougefort, Vanbois loyaux. Mais qu'en étaient-ils des autres ? "Deux solutions s'offrent à nous : Ployer le genou face à l'assassin de Robar ou nous battre." C'était évidemment impensable pour lui que de se soumettre à un félon pareil. "Roches-Aux-Runes est réputée pour être imprenable. Nous pouvons tenir suffisamment de temps afin qu'Harrold puisse regrouper ses troupes et prendre à revers l'ennemi." Dans sa tête s'avançaient les pions d'une potentielle nouvelle bataille dans la péninsule. Cette fois-ci, les troupes du Hardyng étaient supérieures et en pleine forme contrairement à celles du Grafton. Ses opales admiraient les nuages, avant de se reposer sur la rousse à ses côtés, sa voix elle, était dénuée d'émotions. Finalement, cette conversation avait du bon : ses émotions reclues au fin fond de son âme, il retrouvait un peu de son sang-froid. "Quant au dragon, nos murs ne pourront nous protéger indéfiniment. Son feu est ravageur. Mais son cavalier lui, ne l'est pas." Viserys blessé rendait le dragon bien plus fragile car il le contrôlait. Du moins c'était ce qu'il songeait.

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# Dim 1 Jan - 16:23

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@Andar Royce

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Tout ceci lui paraissait encore irréel. Même si Maddy était consciente de la perte du puîné de la famille Royce, son cœur refusait d'y croire. Pas comme ça, pas de cette façon, pas déjà... Elle avait encore l'impression qu'il pourrait apparaître d'un instant à l'autre derrière elle, en riant, exprimant que tout ceci n'était qu'une gigantesque farce. Elle aurait été en colère, certes, mais tellement soulagé de le voir sain et sauf. Mais derrière son dos, il n'y avait rien hormis un vide immense. Et devant elle... Un homme qui transpirait la fragilité mais qui luttait contre ses propres émotions. Andar avait toujours eu cette faculté en lui, d'un claquement de doigts, il arrivait à faire disparaître le moindre affect qui pouvait l'entraver. Une capacité qu'elle avait toujours détesté, car alors il redevenait ce soldat froid et distant. Et à cet instant, elle pouvait voir le frère endeuillé disparaître sous ses traits. Si au début son visage était marqué par les empreintes de la douleur, à présent elle n'y percevait plus rien. Seulement un visage fait de marbre.

Les mots qu'il utilisait étaient aseptisés, mais elle n'avait pas besoin qu'il y ait des émotions, sa propre imagination était suffisante pour comprendre le carnage produit par le feu. Des images d'horreur qui essayaient de s'insinuer dans son esprit et qu'elle réprimait avec la même ferveur, mais il lui était difficile de tout ignorer. Alors elle se concentra sur une autre personne, Alys. C'était sans doute la première fois qu'elle entendait Andar utiliser le mot abruti et sans qu'elle puisse contrôler ses mimiques, un léger sourire s'imposa sur son visage. " La situation doit être intenable pour elle ", si le rôle avait été échangé, elle ne sait pas ce qu'elle aurait fait. D'un côté sa famille de sang, de l'autre la famille qu'elle s'était créer. Maddy connaissait les différents qui opposaient la dame de Roches-aux-dunes et son frère, mais il n'était pas le seul Grafton dans cette histoire.

Les deux solutions proposées par Andar ne la rassuraient pas, se battre ne protégerait pas les soldats du Val, ployer le genou ne protégeait pas les membres de la famille Royce. Aucune des deux n'était vraiment idéale, mais elle était celle de son seigneur. " Et si vous combattez contre l'armée du prince Viserys et que vous perdiez, que deviendraient votre épouse et vos enfants ? ", à cet instant il n'y avait rien de plus important que leur protection " des prisonniers de guerre ? ". Elle passa nerveusement ses mains sur son visage, mais ses mains ne tremblaient pas " si vous êtes tués, Lucas deviendra alors le seigneur et que nous ferions nous ? Doit-il ployer le genou à votre place ? ", elle chercha le regard de son seigneur, attendant qu'il lui donne un plan à suivre. Maddy était parfaitement consciente qu'elle n'avait pas à demander des stratégies de guerre, mais elle était la nourrice des enfants Royce, elle avait toujours veillé à leur protection. Il était là son rôle. Sans en prendre véritablement conscience, elle se montra un peu plus vindicative qu'à son accoutumé. Le chevalier rouge avait été tué, mais la vengeance ne le ramènera pas, mais s'il ployait le genou, ne pourrait-il pas protéger les siens ?

Le dragon pouvait être la fin de la maison Royce et son masque de marbre ne montrait aucune fissure. " Eddie, un soldat de votre armée, a pu l'effleurer avec l'une de ses flèches ", ses yeux fixaient le ciel, comme si elle cherchait du regard la créature volante, " c'est un très bon archer et il n'a pu qu'effleurer son visage ". La tête relevée vers les nuages, les mains sur son ventre arrondi, elle faisait le point dans son esprit, prenant lentement conscience du danger qui planait au-dessus d'eux. " Le roi va-t-il nous venir en aide ? ", demanda-t-elle presqu'à elle-même.

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# Dim 5 Fév - 17:32

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@Maddy

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Au fur et à mesure du temps passé en tant que Seigneur, Andar avait appris à taire ses émotions, les enfermer dans une boite dans les tréfonds de son âme. Il n'affichait alors plus qu'une neutralité glaciale. Son épouse avait longtemps détesté cela, car ce masque, il en avait abusé à son retour de Winterfell dès qu'elle évoquait la bataille contre les Marcheurs Blancs. Aujourd'hui, il reprenait cette mauvaise habitude nécessaire désormais. Contrairement à la Longue Nuit, le temps n'était pas de leur côté : Viserys risquait de venir rapidement à leurs portes. Roches-Aux-Runes était la prochaine étape pour le Val. Si les Royce tombait, bon nombre de familles suivraient, à n'en point douter. Alors oui, la rousse lui faisait prendre conscience que le deuil n'était pas pour maintenant. Ils auraient bien le temps de pleurer l'absence du chevalier. S'ils s'en sortaient vivants. L'issue était incertaine tout comme la décision du seigneur.

Il hochait silencieusement la tête, connaissant pertinemment les questionnements de sa femme sur sa famille de sang. La trahison des Grafton laissait un goût amer dans la bouche de l'aîné et encore plus dans celle qui partageait sa vie conjugale. Si elle avait abandonné son nom, elle restait profondément attachée aux siens malgré tout. Malgré une relation distante avec Gerold. Alys était dévastée de voir ses deux familles s'affronter. Jusqu'au dernier moment, elle avait cru à une possible fin pacifique, pensant que son frère les épargnerait de cela, de ses folles ambitions. Elle s'était fourvoyée quant à ses intentions, ce qui la rendait amère. Quand Andar ressentait une profonde rancœur envers ces félons. Si Rhaegar n'était pas un Roi parfait, la paix était préservée depuis son arrivée, Westeros avait subi suffisamment de guerres d'ambitions. La terre avait assez brûlé face au feu ravageur des dragons.

Deux solutions s'offraient à eux, la reddition ou la mort. Andar le savait, sa cité ne tiendrait pas éternellement contre les assauts ennemis. Roches-Aux-Runes était un château à la réputation imprenable. Mais au lendemain d'une bataille qui avait mis à rude épreuve ses hommes et ses réserves, il n'était pas aussi optimiste. "Nous n'aurons pas le choix de ployer le genou si nous perdons. La neutralité est impossible, Viserys a besoin du contrôle de la péninsule. Cependant, Gerold épargnera Alys et nos enfants, car ils ont du sang Grafton." Il le savait, Gerold était dangereux, impitoyable mais ne tuerait pas le sang de son sang. "Il est cruel mais pas stupide. Lucas à la tête de la Maison lui permettra d'avoir une forte influence sur lui." Utiliser la jeunesse du garçon à son avantage, voilà ce dont était capable le Grafton. Un pragmatisme que partageait le Royce, malgré sa rancœur à l'égard de ce pourri. La nervosité de la nourrice de ses petits était palpable, il la ressentait car lui aussi la vivait, en son fort intérieur. Son regard capta le sien, avec détermination. "Quoiqu'il advienne Maddy, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour tous vous protéger." Même s'il devait mourir pour cela, pour leur offrir une sécurité, un avenir.

Finalement, ses opales sombres suivaient les siennes dans le ciel, comme pour y apercevoir la silhouette du dragon. Un frisson d'effroi le parcourait en l'imaginant ravager son château. Les cris des brûlés revenaient violemment dans son esprit, le faisant tressaillir. Puis, un rictus désabusé apparut lorsqu'elle évoqua le Roi. "Malheureusement notre Roi est déjà en guerre contre son propre esprit, je doute qu'il puisse nous venir en aide." Il n'était pas naïf, se rappelait parfaitement des récits de son frère et de ses observations lors de leurs rares conversations. "Il n'est plus le Rhaegar que j'avais connu lors de la rébellion du Cerf. Il subit de plein fouet la dégénérescence de son sang." Un soupir alors qu'il croisait les bras. L'avenir paraissait bien sombre désormais.

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# Jeu 9 Mar - 0:20

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@Andar Royce

« Roches-aux-Runes | An 304 - lune 5 - semaine 1 »

Ployer le genou. L'ensemble de son corps frissonna rien qu'en entendant cette possibilité effrayante. À vrai dire, jamais l'insulaire ne l'avait envisagée, même dans les pires moments de terreur et de doute, elle avait toujours gardé cette idée folle ; la maison Royce ne sera pas perdante, pas aujourd'hui, pas cette fois. Un mantra protecteur qui se désintégrerait sous ses yeux ébahit. Ployer le genou, ses trois mots résonnaient encore dans son esprit, comme s'il ne souhaitait pas les imprimer, comme si sa conscience refusait d'y croire. À cet instant, Maddy sentit une pointe de colère l'envahir, car en prononçant ses mots infâmes, Andar venait de lui voler les derniers éclats d'espoir qui lui permettait de tenir encore debout. Si son seigneur énonçait de tels propos, c'est qu'il n'y avait plus de place pour les grandes espérances. C'est qu'ils avaient déjà perdu. Tandis qu'il continuait à la démoraliser un peu plus en expliquant comment Lucas pourrait être utile à leur ennemi, elle entendit au loin l'écho d'une voix craintive. Dans les nombreuses divagations de son aïeule, Maddy avait appris que ployer le genou était une survie momentanée. Car il y avait toujours un prix à payer. Un tribut qui pouvait être trop lourd à porter. En observant l'homme brisé qui se trouvait devant elle, l'insulaire se questionna sur ce qu'il pourrait encore offrir sans glisser pour de bon dans ses propres abysses. Les précédentes guerres avaient déjà tant emportée, que devrait-elle lui prendre encore ? Pourrait-il encore être cet Andar s'il ployait le genou devant la maison Gratfon, devant Viserys ? Et si le Roi finissait par dompter la rébellion son jeune frère, pourrait-il lui pardonner cet acte de trahison ?

Pourtant, malgré ce désespoir, Maddy pouvait lire dans son regard cette lueur fuguasse. Si la maison Royce venait à perdre, Alys, Lucas, Edmée, Angus et cet enfant à naître pourront être en sécurité, protégé par leur famille de sang. Mais même s'ils partageaient les mêmes racines, seront-ils réellement en sûreté ? Mais les autres enfants de cette cour auront-ils les mêmes chances ? Andar se voulait rassurant, leur assurer à elle et à ses filles une protection, mais sans aucune promesse de réussite " je vous en remercies, mais je ne compte pas vraiment pour eux, après tout, je ne suis qu'une servante attachée à votre maison ", dit-elle d'une petite voix, trop consciente de la place qui était la sienne. Pour les visiteurs de Roches-aux-Runes, elle n'était personne, simplement une femme à la chevelure incandescente, qui hante les pas d'Alys. Une nourrice entêtée au mieux, une domestique connaissant le moindre ragot croustillant du val au pire.

Tout d'un coup trop faible pour rester debout, les jambes perdant tout leurs tonus, la fille de Sam Stone alla s'assoir sur une marche humide de l'escalier en pierre. " Alors tout est perdu ? ", l'angoisse lui broyait l'estomac, " si le Roi n'est plus ce qu'il était, comment nous pourrions réunir autant de maison sous un même étendard ? ". Maddy pouvait réaliser les yeux fermer une tarte à la myrtille, mais elle n'y connaissait rien en la stratégie militaire. " Nous pourrions encore fuir par la mer ", elle chuchotait presque, craignant qu'elle soit écouté par une autre personne que son seigneur, " partir loin d'ici pour reprendre une nouvelle vie ailleurs, respirer l'air d'une autre contrée ". La fuite était LA spécialité de l'insulaire, bien qu'elle retournait toujours sur son île. La presque Descarpe avait des contacts, des liens avec des pirates, des mercenaires, des contrebandiers, s'il disait oui tout de suite, elle les emmèneraient très loin du Val. Sans ployer le genou, sans de véritable défaite, ils seraient tous sains et saufs. Hormis tous les autres habitants de Roches-aux-Runes, ses amis et toutes les personnes vivants sous la protection de la maison Royce.

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# Lun 27 Mar - 20:14

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@Maddy

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Ployer le genou n'engendrait aucune satisfaction pour le seigneur de Roches-aux-Runes, lui qui avait probablement le même orgueil que ses aïeux, bien trop imposant pour subir une quelconque défaite. Mais il ne pouvait se fourvoyer plus longtemps, il ne savait combien de temps sa cité pouvait tenir contre un siège, privé de nourriture, ses gens commenceraient à se poser des questions. Une famine serait une véritable catastrophe pour sa maisonnée, et en tant que seigneur, il avait leurs vies entre ses mains. Des années s'étaient écoulées depuis la rébellion du Cerf, et pourtant, il avait la sensation que ce n'était qu'hier. A l'aube d'une nouvelle guerre civile, il savait que l'issue ne serait sûrement pas aussi favorable pour les siens. Le Val était affaibli - non pas qu'il doutait d'Harrold, mais ce dernier n'avait pas l'expérience du regretté Jon Arryn. Alors oui, il ne pouvait que promettre de faire de son mieux, sans certitude d'y parvenir. Si ses motivations étaient louables, cela ne suffisait en ce bas monde. Andar Royce se sentait subitement las de revivre une telle épreuve, cette fois-ci en tant que seigneur. Malheureusement, la situation restait la même, il restait tributaire des décisions d'autrui, lui qui ne désirait que vivre en paix. "Si tu ne comptes que peu pour les enfants, il n'en est pas de même pour Alys et moi." En hommage à ce qu'ils ressentaient avec son frère, il la protégerait, car il avait le sens de l'honneur et de la famille.

Tout était perdu ? Il l'ignorait. "Je l'ignore. Le Roi est certes affaibli mais il demeure entouré de conseils avisés dont Lord Tywin Lannister. Le vieux lion saura quoi faire je suppose pour rallier les maisons fidèles à la Couronne, fidèles à ce qu'était Rhaegar." Mais ce n'était encore là que des élucubrations. Il fut surpris par sa proposition, et leva le nez pour admirer le ciel, tantôt bleu, tantôt gris.
Il imaginait vivre sur l'île reculée, ses enfants jouant joyeusement le long de la plage, sa main dans le creux de la taille de son épouse, tous deux scrutaient l'horizon avec détermination. Le château de Roches-aux-Runes n'était plus, ici, ils n'étaient plus des nobles, ils n'avaient aucune attache, et au loin, ils entrevoyaient le continent s'embraser. Loin de tout, loin d'eux, ils avaient tout perdu, mais pas la vie, ils étaient ensemble. Vivre ainsi ne l'effrayait pas, Andar Royce pourrait ainsi voir ses petits grandir sans crainte, mais seraient-ils en sécurité là-bas ?

Une bourrasque de vent le ramena à la dure réalité, ici, dans la demeure des Royce. L'idée avait effleuré son esprit mais il ne pouvait sciemment abandonner ceux qui comptaient sur eux. "Fuir ne nous protégera pas du feu destructeur du dragon de l'est." Pragmatique, oui, il ne connaissait que trop bien la cruauté de Viserys. "Je refuse d'abandonner tous ceux qui dépendent de nous. Ce serait là un châtiment pire que la mort." Souffla-t-il fataliste, avant de reposer ses opales sur la rousse. "Mais nous n'en sommes pas là. Nous allons gagner du temps pour laisser du temps à Harrold de réagir. Un siège va débuter, et nous tiendrons le plus longtemps possible." Viserys avait été blessé durant la bataille, il ne risquait pas d'intervenir de suite. Tout n'était que pari, finalement.

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Date d'inscription : 10/01/2021

# Dim 30 Avr - 21:33

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@Andar Royce

« Roches-aux-Runes | An 304 - lune 5 - semaine 1 »

Son regard soutenait le sien avec une conviction telle, que Maddy avait l'impression qu'il essayait de lui insuffler le restant de ses forces ou du moins, de partager avec elle cet espoir subtil, mais tenace. Andar voulait offrir du temps à Harrold pour qu'il organise la riposte, pour qu'il vienne en aide à la Maison Royce, il ne voulait pas s'avouer vaincu, mais l'insulaire n'y croyait plus. Pas après toutes les informations qu'elle venait d'engranger en si peu de temps. Pour la première fois de leur existence commune, il était celui qui portait un message d'optimisme et elle était celle qui le détruisait. " On a déjà perdu Andar ", s'obstinait-elle à dire à voix basse, " certes, nous pouvons tenir suffisamment longtemps pour que le reste de Westeros réagisse, mais... on en est déjà là ". Maddy se mit debout avec une difficulté nouvelle, comme si l'ensemble de son corps refusait à présent de lui obéir. " Vous l'avez dit vous-même, personne ne pourra échapper au feu destructeur du dragon de l'est. Nos murs ne seront jamais assez résistants. Cet homme a obtenu ce qu'il souhaitait... Une révolution, une vengeance plutôt. Le frère dans l'ombre du roi est à présent inéluctable. Il a su s'entourer d'une armée solide, il vole sur le dos d'un dragon. Il a même réussi à trouver des éléphants. Combien d'ennemis le roi a-t-il amassé au cours de sa longue vie ? Combien d'ego fragile les suzerains de Westeros ont-ils froissé ? Et combien de maison ont attendu patiemment qu'un changement advienne ? Les Gratfon, les Brackens... Combien y a-t-il de nobles qui se détestent suffisamment pour prêter allégeance à ce Targaryen ? Nous somme à l'aube d'un bouleversement dont personne ne s'en sortira indemne. Westeros ne sera jamais plus le même continent. ".

Son aïeul lui répétait sans cesse qu'elle devait toujours se méfier des survivants, cela signifiait qu'ils étaient comme des serpents venimeux. Des créatures qu'on n'arrive jamais à se débarrasser et qui finissent toujours par obtenir ce qu'ils souhaitaient. Maddy devait l'avouer, le prince Viserys était un plein de ressources, il avait prouvé de bien des manières qu'il savait rebondir. Celle qui gouvernait cette terre le pouvait-elle encore ? Après autant de pertes, pouvait-elle encore se montrer résiliente ? " La maison Royce se souviendra de cette époque, tout comme elle s'est souvenue de celle qui a précédé la rébellion de Robert Baratheon. Bien sûr, nous tiendrons le plus longtemps que nous pourrons, nous avons aussi notre vengeance à obtenir après tout". L'insulaire posa avec délicatesse ses deux mains sur son ventre arrondi, l'enfant donnait des coups, comme s'il approuvait les paroles de sa mère. Rosenn était l'enfant de l'ombre. Durant une très grande partie de sa vie, elle avait évolué dans le mensonge, le silence et la discrétion. Et cet enfant-là, allait-il être celui de la colère, de la terreur ou celui de la vengeance ?

" Il est temps je crois ", dit-elle dans un souffle, " je ne vais pas pouvoir repousser l'inévitable plus longtemps ". Depuis le retour de l'armée des Royce, elle n'était pas rentrée chez elle, elle n'avait pas pris sa fille dans ses bras pour lui annoncer que son père n'était plus. " Je dois dire à Rosenn que son... ", elle n'arrivait pas à le mettre en mot, son absence était omniprésent dans son esprit, mais elle était encore incapable de la formuler, " qu'il ne rentrera pas à la maison ". Ses affects, jusque-là anesthésiés par la colère et le choc, commençaient à émerger, voilant ses yeux de quelques larmes. Avec la douceur qui la caractérisait, elle baissa sa tête en signe de respect et monta les escaliers. Mais avant de disparaître totalement de son champ de vision, elle se retourna et s'aventura sur un terrain glissant : " Allez retrouver Alys et vos enfants, ne vous éloignez pas d'eux Andar. Et même si cela vous coûte, prenez les dans vos bras, dites leurs à quel point vous tenez à eux, car on ne sait pas de quoi est fait demain et je ne voudrais pas que, comme moi, vous ayez des regrets ".

Sur le chemin de retour, Maddy s'arrêta au milieu du chemin et observa l'horizon. Elle n'y voyait plus aucune beauté, plus aucune splendeur, ce n'était plus qu'un océan, un soleil, des falaises... Un banal paysage qui allait s'embraser un moment ou à un autre. Mais quelle importance après tout ? Il n'était plus là pour le voir. Détournant son regard de ce panorama, elle reprit sa route, sans qu'aucune pensée ne vienne la troubler. Jusqu'à ce que Rosenn sorte en courant de sa chaumière. Un frisson d'effroi la parcourut, il ne verra jamais sa fille courir pour le prendre dans ses bras, il ne sentira jamais son petit corps se blottir contre le sien... Il ne saura jamais qu'elle a versé des larmes pour lui.

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Date d'inscription : 05/01/2020

# Sam 3 Juin - 21:01

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@Maddy

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Sa détermination était-elle vaine ? Avait-il tort de croire que Harrold pourrait intervenir s'il tenait quelques lunes ? Il l'ignorait, il s'accrochait à ce dernier espoir comme si sa vie en dépendait, tel un marin ayant perdu le Nord, en quête de repère, celui-ci lui permettait de tenir bon. Lui éviter de se noyer, de ne pouvoir respirer. Mais en quelques mots, la rousse parvenait à le détruire, le mettre en miettes. Ils avaient déjà perdu. Andar resta silencieux face à cette réponse d'une froideur anormale, brutale. Soudain, le Seigneur se sentit bien stupide de lui avoir transmis cet espoir, elle qui venait de perdre son amant, l'amour de sa vie. Elle qui venait de perdre la seule lumière de son existence. Rien de plus logique qu'elle perde foi en la cause, visiblement perdue. Prostrée, le seigneur demeurait muet en écoutant son monologue. Viserys avait réussi à engendrer une révolution sur tout le continent qui allait bientôt brûler entièrement. Le Val allait bientôt tomber, dès lors qu'il aura le contrôle sur la péninsule. L'inévitable était là, une vague dévastatrice qui allait les bousculer, tous. Elle avait raison, nul ne sera épargné, toutes les Maisons en subiraient les conséquences. Que pouvait-il répondre désormais ? L'espoir s'amenuisait de plus en plus, étouffé par le deuil et le chagrin.

Vengeance. Ce mot l'extirpa de ses pensées, le ramenant à la réalité, loin de ses tourments et questionnements. "Et nous l'obtiendrons." Ils obtiendraient ce qu'ils désiraient, venger la mort de Robar, que celle-ci ne soit pas vaine. Même si cela signifiait de devoir feindre l'allégeance à ce lézard. Après tout, les trahisons pouvaient prendre plusieurs formes. Viseys avait beau avoir un dragon, sans lui, il n'était qu'un mortel comme les autres. Cela ne le rendait pas invincible aux lames bien placées. La colère sourde gronda dans son coeur et dans ses veines, tambourinant jusqu'à ses tempes.

Et celle-ci se gonfla d'autant plus lorsque Maddy lui avoua qu'elle comptait le dire à Rosenn. Que jamais elle ne reverrait son père, que jamais plus il ne pourrait la prendre dans ses bras et lui raconter des bêtises. Cette vérité ne manqua pas de faire faillir l'aîné qui n'avait guère eu le temps de pleurer son cadet. L'urgence de la situation l'avait obligé à mettre entre parenthèse ses émotions qui désormais surgissaient avec force. "Je suis désolé." Souffla-t-il, pourtant, il n'était en rien responsable de ce qui était advenu, dans les faits, mais il s'en voulait de n'avoir pu protéger le chevalier aux cheveux d'or dont la silhouette manquait au château. Annoncer cela à son enfant était pire que la mort, il n'osait l'imaginer. Hochant la tête à son signe de respect et qu'elle allait probablement disposer, il lui faudrait reprendre ses tâches de seigneur. Les dossiers accumulés sur son bureau n'avaient pas diminué durant son absence. Ses opales se posèrent sur l'horizon, avant de reporter leur attention sur Maddy qui s'était retournée. La véracité de ses propos ne faisaient que lui serrer davantage le coeur. Andar n'était pas le plus démonstratif des pères ou des époux, par fierté ou habitude, il l'ignorait. S'il les perdait, sans nul doute qu'il regretterait ce comportement. Alors, il ne pouvait que la gratifier de ce conseil. "Merci." Souffla-t-il, se détournant à son tour. S'il avait le loisir de les prendre dans ses bras, ce ne serait pas pour longtemps, ses obligations de seigneur le rappelant à l'ordre presque immédiatement. Il n'était pas prêt d'abandonner, même si il avait toutes les raisons. Pour l'heure, Roches-aux-Runes vivait des heures sombres, privée de son coeur : Robar Royce.

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