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Une mauvaise nouvelle peut en cacher une bonne. - ft. Gerold

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Catelyn Grafton
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Let me pass !


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La victoire ou la défaite ? Les hommes rentraient-ils victorieux ou à cause de la retraite ? Il était difficile pour Catelyn de le dire, elle qui était plus préoccupée à chercher des visages familiers. Son père Jonos. Son époux Gerold. Son beau-frère Marq. D’autres nobles et valeureux combattants partis quelques jours plus tôt pour aller combattre les ennemis de Roches-aux-runes. Mais l’épouse du seigneur des lieux devait se ménager car son état ne lui permettait pas autant d’inquiétude. Le mestre en avait de belle de pas lui dire de se ménager. Catelyn avait toujours été une hyperactive, toujours enjouée, toujours excitée. Certains disaient que cela lui passerait avec l’âge. Elle leur démontrait le contraire. Elle apprit néanmoins bien vite à se calmer selon les situations. Elle était l’épouse d’un seigneur maintenant, elle ne pouvait faire ses caprices comme autrefois. Elle devait se montrer digne de son rang et c’est ce qu’elle s’atteler à faire depuis son arrivée à Goëville quelques lunes plus tôt. Cela ne l’empêchait pas, en présence de sa sœur Jayne notamment, de redevenir la petite Bracken surexcitée et intenable qu’elle était. Les gens de Goëville apprirent bien vite la victoire de Viserys sur les armées Royce. Voilà qui était agréable d’entendre. Catelyn n’avait qu’une hâte, c’était de retrouver son père et son époux. Mais ni l’un, ni l’autre n’apparut. Elle n’eut aucune nouvelle. Personne ne semblait en avoir. Pire encore, on lui interdisait d’aller voir son époux. Si l’absence de nouvelle concernant son père l’inquiétait, Catelyn savait de source sûre que Gerold était dans ses appartements, dans leurs appartements mais qu’elle n’y avait plus accès car il en avait donné l’ordre.

- Comment ? J’exige de voir mon mari ! Laissez-moi passer !

- Désolé, lady Grafton. Lord Grafton a interdit toute visite, même la vôtre. Nous ne pouvons vous laisser entrer.

- Très bien. Mon père en entendra parler.

Cette scène se jouait plusieurs fois par jour. Les différents gardes qui se relayaient lui disaient la même chose. Les ordres de leur seigneur valaient plus que les ordres de la jeune femme. Malheureusement pour elle et heureusement pour les gardes, Jonos était abonné absent. Il n’était pas revenu à Goëville. Si cela inquiéta Catelyn dans les premiers temps, elle se dit que peut-être, il devait mener la suite des opérations. La victoire ne pouvait se savourer encore. Les rumeurs parlent de l’avancée des troupes du Suzerain du Val. Il ne fallait pas s’en tenir à une bataille gagnée. Mais cela n’intéressait guère Catelyn. Elle n’avait personne à ses côtés hormis ses suivantes et sa sœur. Elle savait son mari présent derrière cette maudite porte mais ne pouvait aller le voir. Elle retenta, encore et encore pendant plusieurs jours.

- Lady Grafton…

- Taisez-vous ! Il faut que je parle à mon époux, c’est urgent.

- -Vous le savez bien… Il ne souhaite…

- … recevoir aucune visite. J’ai compris. Je ne suis pas idiote. Mais je dois le voir, c’est urgent. Cette fois, je ne bougerai pas jusqu’à ce que vous me laissiez entrer !

Catelyn pouvait se montrer très têtue parfois. Elle tenait ça de son père ou de sa mère, enfin les deux l’étaient tout autant. Elle tenta alors de s’avancer mais le garde se positionna devant la porte. Elle était assez proche de lui pour que si elle venait à parler, seul le garde pourrait l’entendre. Alors, elle murmura d’un ton très sérieux.

- Laissez-moi passer ou je hurle ! Vous ne souhaitez pas que lord Gerold apprenne que vous avez malmené son épouse sous prétexte qu’il ne souhaitait voir personne.

Elle hésita une seconde à rajouter qu’elle était enceinte mais il était hors de question que la seconde personne au courant après sa sœur Jayne soit un garde insignifiant et trop zélé. Alors, elle se tut et espéra que le garde cède à sa menace. Son regard en disait long et sans un mot, sûrement exaspéré par le comportement de l’épouse du seigneur, s’écarta de la porte et reporta son regard vers le couloir vide. Le second garde ne dit mot, ne regarda pas la dame qui entra alors, sourire espiègle au coin des lèvres, dans les appartements de lord Gerold. Refermant la porte, elle fut plongée dans la pénombre et ne vit pas son époux sur le moment. Elle alla ainsi ouvrir les rideaux et laisser entrer la lumière tout en clamant.

- Pardonnez-moi cette intrusion, mon seigneur mais vos gardes ne me laissaient pas entrer et il était urgent que je vous parle.

Ne le voyant toujours pas, elle s’interrogea alors.

- Mon seigneur ?


#CE0A0A : Catelyn Grafton

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Ce fut la première chose qu’il fit en arrivant à Goëville, sentant la lucidité lui échapper : à la lueur des flammes, il avait pris un garde par le col d’une tenaille de fer et lui avait murmuré dans l’oreille d’une voix que la menace avait rendue sourde et presque inexpressive :
« Tu ne laisses entrer personne à part les Mestres. »
La méfiance et la tension l’avaient gardé éveillés de longues heures durant, maintenu par des bras qui empêchaient son agitation tant bien que mal, alors que son corps brûlait d’une fièvre infatigable, déchiré entre la douleur, l’épuisement et un apaisement qui ne venait pas malgré les réponses. Son état lui avait fait manquer une partie du combat et il avait exigé qu’on lui conte tout élément stratégique ayant échappé à sa vigilance. Il se savait déjà condamné au retrait et ne voulait pas aggraver son ignorance, même si ce n’était que l’illusion de sa propre sécurité d’esprit.
Finalement, conscient d’être sans témoins, il s’était plongé dans un long sommeil chaotique. Gagné par l’épuisement, il ne put s’empêcher de penser à tout ce qu’il avait vécu durant cette bataille, et le repos n’eut comme pas accès à son cerveau, dont il cherchait en vain les entrées. Le sommeil était là, tout près, mais demeurait de l’autre côté de son cerveau, et c’était comme s’il y avait deux hommes en lui, dont l’un dormait, anesthésié par l’existence, tandis que l’autre continuait à veiller dans l’angoisse, incapable de se fondre avec son bienheureux double. Pendant les combats au moins, son sommeil avait été, si ce n’est long, du moins réparateur : une incessante alternance entre échauffourées et absences semblables à la mort, sans rêves ni pensées, le néant absolu et réconfortant. Mais dans son lit enfin, Gerold avait commencé à ressentir ce péniblement dédoublement qui lui venait en somnolant, comme si la fin du combat annonçait quelque chose d’encore pire en lui refusant le droit de quitter le champ de bataille. Son esprit, ballotté entre la brûlure du frisson et le froid de la sueur, s’était mis à divaguer entre illusion et réalité jusqu’à dans son inconscience. Tantôt s’imaginait-il avoir perdu, tantôt était-il encore temps de se battre, tantôt revenait-il à la douloureuse pensée d’avoir tenu entre ses mains une victoire qui allait lui coûter sa santé et toutes ses ambitions. De longs jours durant, il s’était écrasé comme une vague d’un récif à un autre, comprenant qu’il était exalté par la maladie.
Le Mestre lui avait assuré que son délire avait eu lieu dans la plus complète ignorance de quiconque ; certitude qui l’étonna quelque peu, car il connaissait certaines personnalités extrêmement persévérantes dans ce château… Marq ne comptant pas. Marq était toujours là, d’une façon ou d’une autre, à l’observer de loin quoi qu’il en fût, à l’orée de sa tolérance, et c’était probablement la seule raison pour laquelle il avait eu le droit de rester. Puis, c’était son seul lien avec le reste du monde.
Les tremblements s’étaient progressivement étiolés, laissant son corps encore plus éreinté qu’avant et vernis d’une sueur froide, mais au moins oisif et silencieux. La clarté d’esprit s’était faite avec un rectangle de lumière encadré par la fenêtre ; le premier regard du matin fut enfin dédié à ce qui n’était pas en lui. Et avec ce silence vide de sa propre agitation, Gerold s’était aperçu avec une intensité particulière de l’immobilité des choses : les chandeliers, les meubles, les peintures encadrées… de temps en temps, le vent sifflait et exhalait dans les invisibles fissures comme si un soupir montait à la gorge de la maison. La guerre s’était soudain éteinte avec sa fièvre et le calme s’était fait, aussi étourdissant qu’assourdissant. Gerold avait bougé les pieds, les mains, les doigts, les soustrayant à la poussière de leur raideur. Il avait l’impression d’être devenu une statue ou l’un de ces meubles : grinçant, lourd et raide. Il grimaça en s’asseyant, se tint les côtes en sentant des larmes de douleur lui monter aux yeux, mais ce qui semblait aider, c’était de retenir sa respiration. Ce qu’il fit, dans un désir insensé de se tenir enfin debout ; de ne pas être mort.
« ...Laissez-moi passer ou je hurle ! » entendit-il soudain une voix qui hurlait déjà.
Gerold considéra l’échange, figé dans une position indéterminée, l’expression contrite et vêtu comme un vieux mourant : d’une simple chemise longue en lin, dépoitraillée par ses nuits turbulentes. Le lit ressemblait à un nid de poule. La résistance des gardes, quand bien même cela n’aurait jamais dû arriver, avait failli au moment opportun, alors qu’il n’avait au moins plus l’air d’un fou. Mais il n’avait certainement pas déjà l’air d’un seigneur, aussi sentant le barrage céder sous les assauts d’un tempérament électrique, Gerold boita tant bien que mal pour enfiler un surcot noir à manches longues, dissimulant la faiblesse de son corps par de lourdes et riches broderies en fil d’argent le long du col et des poignets. Cet effort pressé le força à prendre appui sur le dossier d’une chaise, à l’instant même où son subordonné avait décidé de le trahir et que la porte d’entrée grinça de ses gonds à propos mal huilés.
Gerold fut saisi d’une émotion désordonnée lorsqu’il vit sa femme éclairée par les rayons d’un soleil chantant dans une chambre qui n’avait été que ténèbres. Alors qu’elle le cherchait, il était demeuré dans l’ombre, comme fondu dans la tapisserie et plongé dans un silence contemplatif. Du soulagement, mais aussi une colère froide affluèrent à son visage pâle et balafré. L’indignation, d’avoir été si facilement désobéi par les gardes, mais par sa femme aussi, à un moment où il avait le plus eu besoin d’être respecté. Réconforté, de voir sa jeune femme être en bonne santé, aussi radieuse et combative que toujours, et que ses propres blessures ne furent pas vaines.
« Mon Seigneur ?
- Je m’absente si peu et vous prenez déjà l’habitude de transgresser mes ordres ? » avait-il fini par constater d’un ton sévère avec ce qui avait la forme d’une question sans en avoir le goût.
Il comprit ne pas pouvoir faire plus et la dureté fut sa seule défense instinctive contre la pitié qu’il allait immanquablement voir se dessiner sur les traits de Catelyn ; une pitié qu’il exécrait chez les autres, mais encore plus chez ceux qui lui étaient les plus proches. Marq le connaissait assez pour au moins le dissimuler, mais Catelyn…
« Le privilège de corriger les gardes qui vous ont laissée entrer vous revient donc de droit. » dit-il, d’autant plus raide qu’il sentait le souffle lui manquer. D’un geste évasif de la main, Gerold éluda la suite et se protégea en détournant l’attention après un vague et conciliant soupir :
« Qu’est-ce qui était si urgent ? »
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Plusieurs jours s’étaient écoulés depuis le retour des troupes. Des centaines de blessés qui furent pris en charge à Goëville. Lord Gerold lui-même était gravement blessé. Le roi Viserys n’avait pas été épargné non plus. Si bien que Catelyn crut à la défaite des armées face aux loyalistes. Il n’en était rien. Ils avaient gagné, au prix lourd de nombreuses vies mais ils avaient bien gagné. Seulement, la jeune épouse du seigneur n’avait pas le cœur à la fête. Son père, Jonos, manquait à l’appel et elle n’arrivait pas à savoir où il était. Le tumulte incessant créé à Goëville ne permettait pas de se poser cinq minutes. Le brouhaha était insupportable. Après de nombreux refus, Catelyn décida qu’il fallait vraiment que Gerold la laisse entrer mais ses gardes étaient bien trop loyaux et obéissant. Quelle plaie ! Néanmoins, son énième tentative eut raison des gardes. Son insistance fit céder le pauvre garde qui était partagé entre la colère de son seigneur de lui avoir désobéi et la colère de son seigneur pour avoir malmené son épouse. Lady Catelyn savait y faire, petite manipulatrice qu’elle était. Quoiqu’il en soit, elle pénétra dans la chambre de son époux, qui avait bien changé depuis la dernière fois qu’elle y était venue. L’ombre s’était installée, l’odeur était moins agréable que la première fois, les affaires n’étaient guère ordonnées. Elle s’avança, moins vaillante et courageuse qu’il y a quelques secondes face aux gardes et appela son époux. Ce-dernier s’était tapi dans l’ombre, Catelyn le voyait à peine. Il lui répondit sur un ton sec, insistant sur sa désobéissance à ses ordres pourtant simples.

- Mon sei…

Il ne lui laissa pas le temps de parler et enchaîna aussitôt. La désobéissance des gardes était également soulignée et il reviendrait à Catelyn de les corriger. Elle se sentit alors coupable d’avoir tant insisté mais qu’attendait-il d’elle ? Qu’elle demeure patiemment, seule, sans information, dans sa chambre ? Il n’en était pas question. Catelyn ne serait pas une épouse muette et qui acquiesce à la moindre parole. Elle avait son petit caractère et savait bien le montrer par moment. Là était le moment.

- Cela fait plusieurs jours que vous êtes ici, dans le noir, sans voir personne, pas même moi…

Elle marqua une courte pause puis repris, le ton plus sec.

- Je suis votre épouse, Gerold. Je ne puis imaginer l’épreuve que vous venez de traverser mais je suis à vos côtés quoiqu’il arrive.

Catelyn s’approcha de nouveau et vit alors son mari d’un peu plus près, la lumière laissant entrevoir quelques bribes de son visage. Il avait l’air si fatigué et mal en point. Elle s’était faite dure. Son visage se rosit et se détendit à la vue de cet homme qui tenait à peine debout.

- Ne voulez-vous pas que je vous aide ? Vous seriez mieux dans le lit. Vous avez l’air...

Elle s’interrompit. Son regard ne put que la trahir lorsque la lumière passa à nouveau. Catelyn n’était sans doute pas prête pour voir son époux, si séduisant, si beau, de la sorte. Pourtant, elle demeurait là. Elle devait rester là. Il était son époux et elle avait prêté serment d’être là pour lui tout comme il devait être là pour elle. Elle s’approcha à nouveau et reprit alors.

- Par les Sept… je n’aimerai pas voir ceux que vous avez affronté… Venez…

Pauvre Gerold. Il était dans un piteux état. Bercée d’illusions, préférant son monde fantaisiste et parfait, Catelyn comprenait enfin que ce monde n’était pas parfait et qu’il fallait enfin qu’elle ouvre les yeux.


#FFB6B8 : Catelyn Grafton

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A cause de leur différence d’âge peut-être, ou de sa place d’époux, Gerold se retrouvait à la gronder presque comme une enfant pour imposer l’obéissance. Mais entre eux, cela finissait par davantage ressembler à un jeu de rôles sans conséquences, parce que si partiellement intimidée, l’enfant tapait de son pied capricieux et la poitrine gonflée de Gerold s’essoufflait dans un amalgame de ravissement et d’exaspération. Ravissement… à cause de cette peau si blanche, si voluptueuse, à cause de ses cheveux qui tombaient en cascade sur la clavicule gauche ou le dos, selon la façon dont elle secouait la tête pour les rejeter, creusant souvent une certaine fossette sur sa joue pâle ; à cause du regard noir et brusque de ses yeux largement espacés, de son odeur d’herbe-aux-gazelles et de ses mouvements saccadés… Exaspération, parce que tout de même, entre lui, Seigneur silencieux et taciturne, et cette enfant précoce affectée, impénétrable, s’étendait un vide mystérieux de temps et de tempérament qui ne pouvait être ni aboli, ni déchiré. Pourtant, en de tels élans d’autorité colérique, Gerold retombait penaud et presque volontaire dans la résignation lorsque sa femme lui résistait. Son orgueil pouvait lutter contre toute forme de désobéissance, mais pas celle suscitée par l’inquiétude.
Un instant, il crut à la victoire lorsqu’une seule syllabe eut l’audace de franchir son balbutiement dans une expression défaite, mais sa trempe et sa certitude d’avoir eu raison noyèrent toute germe de culpabilité :
« Cela fait plusieurs jours que vous êtes ici, dans le noir, sans voir personne, pas même moi… »
Gerold eut un geste d’impatience dédaigneuse. Et pourtant, malgré la dispute et la verve, il éprouvait un secret soulagement à être ainsi défié, à ne pas être condamné à une solitude qu’il s’imposait lui-même par vanité. Probablement ne s’agissait-il pour elle que d’une cruelle injustice contre laquelle il fallait résister, et ne percevait-elle pas l’impénétrable réconfort qui remuait son époux trop habitué à n’être pour les autres qu’une force indépendante, acharnée et imperturbable. Mais il lui fallait bien se révolter encore un peu ; juste assez pour que sa fierté se sente sereine d’avoir lutté. Et ce ne fut pas difficile, car la dignité faisait d’eux des ennemis se mesurant d’un regard résolu et sévère, et à mesure que le ton de sa femme s’asséchait, le Grafton réduisait son regard à deux fentes ombrageuses.
« Je suis votre épouse, Gerold. Je ne puis imaginer l’épreuve que vous venez de traverser mais je suis à vos côtés quoiqu’il arrive. »
Et puis soudain, ce fut pire. Il aurait préféré qu’elle reste ainsi, hargneuse et combative, à lui suggérer sa tendresse, plutôt que de voir le velours de la pitié dans le fond de son regard adouci. On n’avait pitié que de ceux qui étaient faibles.
Gerold retint un mouvement de recul lorsque Catelyn s’approcha pour mieux le voir, atténuant l’élan d’animal blessé qui l’avait saisi dans une étouffante tenaille, mais ne parvenant pas à contrôler un long frisson d’horreur froide qui parcourut tout son corps comme une vague d’épines. Puis, il ferma simplement les yeux, serrant entre ses mains le dossier de la chaise avec une telle force que ses jointures pâlirent. Montrer que son défaut allait jusqu’à ne pas assumer ses propres faiblesses était la dernière chose qu’il voulait laisser entendre à quiconque, aussi ménagea-t-il la colère de l’impuissant qui lui montait au front et se tut en évitant de regarder celle qui était venue pour le soutenir. Il ne supportait pas ses manières de tendresse féminine ; ou plutôt, voyait-il dans l’attachement de Catelyn un reflet du pathétique de son état. S’énerver ne servirait qu’à tout confirmer.
Il prit une longue inspiration, jusqu’à sentir une force lui revenir, et se redressa dans un long mouvement qui déploya ses épaules, sa tête et ouvrit ses yeux sur une expression inerte.
« Je viens à peine de me lever, le lit est le dernier endroit où j’ai envie de retourner. »
Il lui rendit sa sécheresse, bien qu’elle fût déjà révolue dans la voix de sa femme. Traiter durement ceux qui ne pouvaient de toute façon pas partir pour se donner du courage était une cruauté facile à laquelle Gerold s’adonnait avec économie - toujours plus par instinct que par obstination. Mais très vite, l’amertume de la culpabilité emplit sa pensée ; d’abord parce qu’il était injuste, puis parce qu’il couvait dans sa mémoire un aveu qui allait laisser cette très jeune femme un peu plus seule en ce monde. Et puis, il n’avait pas le comportement d’un homme apportant la victoire, mais celle d’une supériorité blessée. Alors, il fit l’effort de lui montrer qu’il boitait et que son rein le faisait souffrir en abandonnant les ombres. Brièvement, les broderies de sa tunique flambèrent en touchant les rayons du soleil, comme le rouge fendu de sa joue, et il tendit une main conciliante à Catelyn, plus pour prendre sa main dans la sienne que pour s’y appuyer dans un simulacre de soutient qu’il ne supporterait pas. Il cessa de la toiser en étrangère et redevint familier, gardant néanmoins une hauteur dont tout le secret tenait dans le port de la tête, l’aplomb des jambes, la désinvolture des épaules et des bras...
« Vu comme vous vous êtes introduite ici, je vous imagine bien à mes côtés sur le champ de bataille... Vous auriez probablement fait davantage de pertes que moi dans les rangs ennemis et la victoire aurait été plus rapide. »
Pas de sourire pour accompagner sa réconciliation, pas encore. Il ne laissait pas passer les choses aussi facilement et gardait rancune assez longtemps pour ne pas en faire une bagatelle. Néanmoins, lorsque la jeune femme eut glissé ses doigts contre sa paume, il les serra et les regarda un bref instant, mais son endurance céda et tout en continuant à tenir sa femme, Gerold se laissa aller sur une chaise. Après un soupire, il demanda d’une voix devenue tranquille, au ton plein et peu étouffé - la voix des meilleures heures :
« Plutôt que de m’aider maintenant, dites-moi comment vous m’avez aidé ici pendant que je n’étais pas là ? »
A sa façon, il l’apaisait en lui demandant de célébrer les tâches de son quotidien isolé par la guerre. Sa demeure, parce que puissante, avait toujours été sujette à de menues manigances et il s’y trouvait tant des rumeurs pour dénigrer les discutables alliances que pour condamner la nouvelle, jolie, mais jeune et inexpérimentée femme du seigneur de Goëville. Catelyn avait depuis le début eu quelque chose à faire, à encenser, à redorer, à corriger... Tout ce qui aujourd’hui allait lui prêter du courage et l’aider à se sentir moins seule, moins perdue ici.  


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Gerold Grafton n’est pas l’époux que Catelyn avait rêvé d’avoir mais il avait, malgré tout, su l’attirer. Il était plutôt bel homme malgré un caractère bien trempé. Depuis leur mariage, il n’y eut pas que des moments agréables. C’est normal dans un mariage mais il est à noter que Catelyn demeure encore une jeune femme, toute jeune femme parfois peu mature et bien trop vive, qui ne sait parfois se retenir. Sa sœur Jayne ou bien leur père en sont largement témoin. Lady Lythène pourrait également le corroborer. Quoiqu’il en soit, ils avaient tous deux un caractère qui, mis ensemble, pouvait faire des étincelles. C’était le cas à ce moment précis où la jeune femme avait littéralement forcé les portes des appartements de Gerold dans lesquels il se terrait depuis plusieurs jours. Il était effectivement revenu blessé de la bataille contre les Royce. Mais c’était une victoire pour Viserys, une victoire qui ne manquait pas de faire sourire Catelyn, bien pressée de revoir son père chéri lorsqu’il aura mis à mal, plus encore qu’actuellement, les Royce. Mais la guerre, la politique, les complots, tout cela échappait à la jeune femme qui préférait s’occuper des dames, de la décoration, du jardinage et dernièrement de son futur rôle de maman. Elle s’en faisait toute une histoire, soulant même sa propre sœur à qui elle annonça la nouvelle avec excitation.

Mais l’excitation des derniers jours s’étaient estompés à la minute où elle entra dans la chambre de son mari. L’ombre régnait et lorsqu’elle vit son visage, elle eut du mal à le reconnaître. Sa persévérance et son esprit buté laissèrent place à la douceur d’épouse dont elle savait faire preuve. Mais à juger ses réactions, Gerold n’était pas content. Aussi, Catelyn n’insista pas plus pour le mettre au lit, pour qu’il se repose, pour qu’il se ménage. Il n’avait apparemment pas besoin de cela et ne savait plus où se mettre. Elle reprit son visage quasi-inexpressif, laissant alors de côté la douceur. Gerold s’avança et elle eut un léger mouvement de recul. Sa silhouette svelte apparut alors au soleil et dans ses mouvements, sa souffrance se ressentait. Catelyn se rendait alors compte des conséquences d’un rude combat. Elle qui était loin du champ de bataille, ne pouvait pas comprendre cela, ni même imaginer ce que les hommes ont pu vivre. Sa phrase cynique ne la fit pas sourire et tous deux restèrent là, leurs regards se croisant. Elle savait qu’elle avait franchi un pas de trop mais n’en démordait pas. Elle souhaitait le voir et avait bien l’intention de rester ici aussi longtemps qu’elle le souhaitera.

Il lui prit alors la main, ce qui l’étonna mais se laissa faire, rendant à son tour le geste en glissant ses doigts contre sa paume. Le contact physique et doux faisait du bien, l’apaisait finalement, la détendait. Il fallait qu’elle se ménage elle aussi. Maintenant qu’elle était enceinte, il faut qu’elle fasse attention au quotidien. Il lui demanda alors de lui raconter ce qu’elle avait fait, durant l’absence des hommes. S’asseyant à son tour, aux côtés de son mari, Catelyn prit à nouveau la parole.

- Pas grand-chose… Qu’auriez-vous voulu que je fasse ? Je suis resté là, accompagnée de dames, de servantes. Nous avons eu la visite d’un ménestrel, ce qui a sensiblement détendu l’atmosphère. Avec ma sœur, Jayne, nous avons très souvent prié le Guerrier de vous aider, de vous protéger, de guider votre épée face à l’ennemi.

Mais que pouvait bien faire une femme en temps de guerre à part prier pour le retour de son mari ? Il n’était pas encore temps d’annoncer à Gerold qu’il allait être père. Catelyn faisait mine de lui en vouloir d’être resté cloîtré tout ce temps. Cela dit, il est vrai que durant l’absence des troupes, de la Compagnie Dorée et des nobles prestigieux menant l’armée, Goëville avait été bien calme. Catelyn savait que le couple Baelish était présent mais les avait peu croisés. Elle poursuivait aussi son apprentissage des lieux et faisait connaissance avec les Grafton. Mais une femme n’avait pas grand-chose à faire pour aider son mari parti combattre un ennemi. Catelyn n'avait d’ailleurs jamais autant prié que ces derniers jours. Cela avait sûrement étonné Jayne, encore que rien ne pouvait tellement étonné les Bracken concernant les faits et gestes parfois cocasses de la jeune et intrépide Catelyn.

- Nous continuons de faire plus ample connaissance votre famille et moi. Nous avons eu tout le temps de discuter et d’échanger avec votre mère notamment. Mais je ne saurai dire si elle m’apprécie ou pas…

Lady Sharra Grafton était un mystère pour Catelyn mais la jeune fille n’avait jamais été bonne pour cerner les gens. Aussi, elle se demandait si sa belle-mère l’appréciait vraiment, chose qui compte désormais que Catelyn est la dame de Goëville. Peut-être que Gerold aura des éclaircissements à apporter sur sa mère. Quoiqu’il en soit les pensées de la jeune femme sont plutôt tournées vers sa grossesse, cherchant le bon moyen et surtout le bon moment pour enfin l’annoncer à son époux. Peut-être que cette nouvelle l’apaisera vraiment.

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#FFB6B8 : Catelyn Grafton

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Les épouses épousaient, bien plus que ne le faisaient les époux. Au-delà de se lier par les liens du mariage, en épousant, on s’adaptait, si ce n’était parfaitement, au moins du mieux de ses capacités. L’on se modelait toujours dans une union, d’une façon ou d’une autre, la personnalité de l’un prenant sur celle de l’autre à défaut de trouver un quelconque équilibre du juste milieu. Gerold avait vaguement, dans un coin de son esprit si peu accaparé par les fantaisies du sacrement, caressé l’espoir d’avoir une femme qui, à l’instar d’une créature à deux visages, serait le visage qui regarderait dans la direction qui n’était pas la sienne. Elle ferait lumière là où il ne pouvait, comblant sa sagacité, ses intérêts et sa clairvoyance de sorte à n’être qu’une seule entité entièrement dédiée à l’observation d’un bien commun. Contrairement à beaucoup d’animaux, les hommes ne pouvaient regarder que dans une seule direction. Dans l’esprit du Grafton s’était dessinée l’image incertaine d’une personnalité capable de faire lumière dans cette zone d’ombre... Le savoir éclairait comme une lanterne sourdait et ne jetait de la lumière qu’à la condition de faire de l’ombre derrière elle. 
Le mariage était une culture comme toute plante : elle poussait que si l’on lui laissait un peu de place. Gerold s’était préparé à cette éventualité, lui qui avait appris à prendre toute la place qu’avait refusé de prendre son père, et davantage encore. Dur d’être moins lorsqu’on avait décidé d’être beaucoup, mais c’était la condition pour avoir un partenaire et non une ombre dissimulée derrière le large dos de son mari, comme c’était souvent le cas dans les unions semblables. Il avait aussi prosaïquement envisagé d’étouffer sa future femme, au sens figuré, évidemment, à l’instar de tant de générations mornes de maris indifférents à leur épouse en dehors de la couche. Pour compenser un désaccord ou un manque de compatibilité, il s’était préparé à devoir ignorer sa moitié et à engloutir complètement sa personnalité et sa liberté pour demeurer le seul maître de son navire -- à moitié aveugle, malheureusement, mais au moins tranquille. Demeurer seul était la pire chose qui pouvait lui arriver dans un mariage. Cependant comme tout fantasme, il négligeait souvent la réalité la plus banale : son épouse était trop jeune pour être l’un ou l’autre. A quelques années précoces près, Catelyn aurait pu être sa fille. Il était trop tôt pour en faire une alliée véritable ou la retrancher dans le rôle de la gentille stupidité. Et comme toute jeune fille, elle avait été davantage préparée à faire de la broderie qu’à considérer les jeux du pouvoir.  
Sans le vouloir ni le prévoir, Gerold avait senti être devenu un transfert masculin de ce qu’avait été Jonos, ce qui expliquait probablement cette tendresse aussi ponctuelle qu’incongrue pour son caractère rigide. Il l’espérait, la savait encore innocente... Après tout, ainsi allait la vie féminine : un maître après l’autre. Néanmoins, Gerold lui avait délibérément laissé un horizon dégagé, sans contraintes distinctes et sans ordres pour voir ce que son jeune esprit malléable était capable d’en faire. La liberté ! En voilà une chose effrayante, surtout lorsqu’il y avait toujours eu quelqu’un pour dire quoi faire, et quand.  
« Pas grand-chose... » avait-elle fini par avouer, avant de lancer cette question rhétorique qui se perdait dans le temps révolu.  
Une vie baignée par l'inquiétude, mais à l'apparence tranquille. C'était, après tout, ce qu'on pouvait souhaiter de mieux lorsqu'on était au cœur de la bataille ; c'était aussi la raison pour laquelle on partait défendre ou conquérir : pour la sérénité de sa patrie, de sa famille.  
Catelyn n'était pas encore devenue – et peut-être ne le deviendrait-elle jamais – cette petite araignée, habituée à tisser une toile et à attendre qu'elle vibre d'un élan de révolte, de rébellion, de commérage ou d'une quelconque intrigue. Sa jeunesse flottait à la surface du lac des évènements, ne songeant pas encore à consolider le pouvoir de son mari en son absence. Gerold avait craint qu'une influence subtile ne prenne possession de la raison de sa candide épouse à de bien nuisibles fins. Des personnages comme Petyr trouvaient toujours une bonne raison pour apprivoiser le moindre petit oiseau, alors pourquoi pas la colombe de son tacite rival ? N'importe qui, courtisant, allié, traître, rival, jaloux, rancunier, avait tout intérêt à s'attacher l'amitié de ce ruban noué au cœur du Seigneur de Goëville.  
« Nous avons eu tout le temps de discuter et d’échanger avec votre mère notamment. Mais je ne saurai dire si elle m’apprécie ou pas… 
- Qu'elle vous apprécie ou pas, elle sera toujours là pour vous protéger... » dit-il non comme une réponse, mais comme une observation qu’il se faisait à lui-même.
Face à un mari quelconque, sa mère était devenue un être un peu particulier. Observant rigoureusement ses responsabilités de Lady, elle avait néanmoins créé un monde intérieur extrêmement riche, un palais aux portes souvent closes, mais qui laissait entendre l’incroyable chatoiement de son esprit. Sans en être certain, Gerold s’imaginait ressembler à une version extravertie de sa mère, à la différence près qu’il n’aurait jamais accès à cet amour universel dont étaient capables certaines femmes. Une compassion infinie et tendre pour tous ceux qui souffraient. Gerold soupçonnait que le départ d’Alys, sa seule fille, n’ait laissé un vide qu’elle était prête à combler avec une bru, surtout si elle était ce rayon de soleil flamboyant qu’était Catelyn.
Gerold ferma un instant les yeux, non de douleur, mais d’appréhension. Sa main, immobile, serrait celle de sa femme comme pour l’empêcher de se noyer.
« Lors de la retraite, des flèches hasardeuses ont été tirées dans notre direction dans un ultime espoir de nous atteindre, dit-il enfin, sans fioritures ni détails, sans diables ni héros. L’une des flèches a atteint votre père. »
Après une semblable perte, il paraissait inévitable qu’on veuille recueillir le moindre détail, chacune des cordes cassées, chaque frange effilochée du passé immédiat.
« Cependant… les secours n’ont pu arriver à temps et votre père à pu fermer les yeux dans ce monde pour les ouvrir dans le prochain, entouré de ses soldats, la victoire au coeur, et la certitude d'avoir défendu ses enfants… Gerold se tut, croyant avoir terminé ce qui ne demandait pas davantage pour être compris, mais en voyant le visage de la jeune fille se troubler comme une eau sombre, il ajouta avec un attendrissement qui lui était peu familier : Je suis désolé, Catelyn. »
Il importait peu à une fille orpheline de père que ce dernier fut un vaillant représentant d’une noble cause ; lorsqu’un proche mourrait, il cessait d’être ces choses grandioses pour revenir à son essence première et Gerold le laissa ainsi : un père, mort en aimant sa femme et ses enfants.
« Je suis vraiment désolé. »



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A life for a life – Part 1


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Catelyn avait toujours été proche de son père. Toute petite déjà, elle ne voyait que lui et n’obéissait qu’à lui. L’autorité de sa mère et de ses sœurs avaient beaucoup moins d’effets que celle de son père. Au fond, lord Jonos impressionnait grandement sa fille. Elle l’admirait, l’aimait bien plus qu’il ne fallait, l’idolâtrait même. Bien qu’elle savait qu’elle finirait par être mariée dans le cadre d’une alliance quelconque, elle ne s’était jamais vue quitter la Haye-Pierre, encore moins pour un fief éloigné dans une autre région comme l’était Goëville. Heureusement pour la jeune femme, le mariage contracté était loin d’être mauvais, surtout dans le contexte dans lequel il avait été fait. Lord Jonos voulait consolider l’alliance avec les Grafton au nom de son véritable roi, Viserys. Catelyn se voyait déjà épouse de seigneur mais s’imaginait, en secret, épouse de suzerain. S’éloigner de son fief natal, de sa famille, de ses amies, n’avait pas été simple pour Catelyn qui avait vécu des premières nuits peu agréables. Néanmoins, la jeune femme prit à cœur son nouveau rôle et savait qu’elle devait accepter cette situation. Il était évident qu’elle n’était pas à plaindre non plus. Troisième-née d’une famille mineure du Conflans qui a tourné son allégeance vers le prince déchu, la jeune femme était désormais l’épouse d’un seigneur puissant du Val, possiblement amené à devenir le dirigeant du Val. L’avenir seul pourra dire si ce projet se réalisera.

Une atmosphère lourde s’était abattue sur Goëville depuis le départ des troupes. Elle ne se leva guère lorsqu’ils revinrent. Catelyn avait bien plus prié en quelques jours que dans toute son existence, trouvant réconfort auprès de sa sœur alors que l’émotion la gagnait en pensant à son époux et à son père au combat. Elle priait le Guerrier pour qu’ils reviennent tous deux sains et saufs. Pourtant, lorsque les troupes revinrent, elle ne vit ni l’un ni l’autre. Pendant plusieurs jours, on la laissa à l’écart. Elle ne put voir ni son père, ni son époux. Cela l’avait rendu folle de rage, au point de débarquer dans les appartements de son époux avec la force. La voilà donc face à un Gerold blessé et mal en point sans qu’elle sache quoi dire ni faire. La tension entre eux s’était néanmoins estompée mais il était clair qu’au fond, l’un était encore mécontent que la jeune femme ait contredit ses ordres et que l’autre en voulait encore à son époux de l’avoir tenu à l’écart. Les mots de Gerold se firent néanmoins moins secs et il assura à Catelyn de la protection de sa famille, à défaut d’une appréciation qui pourrait ne jamais se réaliser. Puis, elle sentit sa main serrer la sienne et son visage se changea soudainement. Catelyn s’interrogea alors.

- Que se passe-t-il ? Qu’est-ce qui vous tourmente, mon époux ?

Catelyn écouta alors avec attention les dires de son époux et à mesure qu’il avançait dans son annonce tragique, le corps de la jeune femme se raidit. Ses yeux se remplirent d’eux-mêmes de larmes. Son père avait été blessé. Voilà donc pourquoi elle ne l’avait pas encore vu et sans doute pourquoi lord Gerold avait préféré la tenir à l’écart. Il la protégeait, quand bien même elle pouvait se montrer trop exubérante ou excitée.

- Où est-il ? Comment va-t-il ? Gerold… Gerold je vous en prie… Dîtes-moi comment se porte mon père ?

L’inévitable pouvait se lire dans les yeux du seigneur des lieux. Seulement Catelyn ne pouvait y croire. Alors, quand il fit la révélation finale, elle reprit d’un geste vif ses mains, reculant alors de quelques pas, finissant par se tenir à la table pour ne pas tomber. Penser au bébé. Penser au bébé. Penser au bébé. Elle releva le regard vers son époux lorsque celui-ci clama être désolée. Par deux fois il le fit. Elle ne pouvait pas le croire. C’était impossible. Jonos Bracken, son père, était mort ? C’était impossible. Elle commença alors à faire les cent pas dans la pièce, refoulant ses larmes, contenant le cri de rage qu’elle voulait laisser échapper. Elle ne pourrait pas se retenir longtemps. Elle devait également penser au bébé, se ménager, contrôler ses émotions. Mais comment le pouvait-elle ? Comment contrôler ses émotions, demeurer calme alors que tout son monde s’écroulait petit à petit ? Son père était mort, sa sœur aînée était une traitresse, sa mère et ses deux petites sœurs demeuraient loin, chez un allié, mais étaient-elles en sécurité pour autant ? La guerre commençait déjà son carnage et c’est par la pire des façons que Catelyn se rendait une nouvelle fois compte du monde dans lequel elle vivait désormais. Mais face au deuil, il y avait plusieurs façons de réagir. Finissant ses cent pas en face de Gerold, à quelques pas de lui, le visage de Catelyn se métamorphosa.

- Je ne peux pas vous croire. Ce n’est pas possible, je ne peux pas vous croire. Mon père ne peut pas mourir. Il ne peut pas mourir. C’est impossible, il ne peut… il ne… il ne peut pas…

Catelyn lâcha alors un sanglot, sa respiration se faisant plus forte et saccadée. Elle avait quitté son époux du regard, marmonnait encore et encore que Jonos Bracken ne peut pas mourir. Son visage se fronça et des larmes coulèrent à flot tandis que son esprit, tourmenté, tentait d’intégrer cette tragique information sans pour autant y croire. Elle tourna le dos au seigneur et s’avança vers une fenêtre offrant une vue sur la Baie des Crabes. Lord Gerold pouvait être mille fois désolés, rien ne pourrait consoler Catelyn de cette perte. Rien ni personne.


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Georld n’avait jamais été proche de son père. A sa mort, il y avait de cela six ans maintenant, il n’avait fait le deuil que par convention, sans comprendre jusqu’au bout ce qu’il avait été sensé faire. Il avait pleinement conscience que sa réaction n’avait pas été celle escomptée, aussi l’avait-il dissimulée derrière le rideau d’une digne tristesse, mais son coeur, quoi que troublé, était resté néanmoins relativement sec. Par défense, il avait tenté de se culpabiliser pour sa propre indifférence, mais dût avouer injustement que la mort de son père avait été une forme de soulagement. Leur animosité perpétuelle et étouffée avait tant éprouvé leurs nerfs qu’ils avaient vécu cette relation comme un lent poison, réduisant les gestes d’amour à leur minimum syndical. Si sentiments d'amour il y avait eu, car il aurait été inexacte de dire qu’ils n’avaient rien éprouvé excepté de l’antipathie l’un pour l’autre, ils avaient été dilués par une routine de profonde amertume.
Gerold regardait sa femme se tordre et gémir de douleur, incapable de lui compatir d’une façon qui aurait été jugée satisfaisante. Sa peine, il pensait la mesurer, tout en reconnaissant que ses propres émois ne dépassaient que rarement les murs de son esprit pour se déverser dans le monde réel ; à tel point qu’il avait partiellement oublié comment se confier auprès des autres. A force de devenir l’antithèse parfaite de son géniteur, Gerold avait perdu la capacité de se sentir concerné. Pourtant, il imaginait sans peine cet arrachement tragique à l’enfance ; peut-être parce qu’il avait fait son deuil le jour où il avait compris ne jamais être une satisfaction suffisante pour son père. Ils s’étaient parlés sans se comprendre : rarement des proches n’avaient été aussi étrangers l’un pour l’autre. Comme Catelyn le faisait face à la mort, il avait négocié avec la réalité, cherchant des excuses à leur commun isolement, à leur désamour latent, comme l'électricité s'accumulant dans l'atmosphère avant une tempête qui n'arrivait pas toujours.
Pourquoi ne m'aime-t-il pas ? Pourquoi n'est-il pas fier ? Pourquoi n'esquisse-t-il aucune forme de tendresse ? A cela, il y avait forcément une bonne raison, forcément une explication qui engagerait une compréhension plus facile, autrement, ce n'était pas possible, ce n'était pas croyable, ce n'était pas soutenable... Mon propre père ne peut pas m'être indifférent.
« Je ne peux pas vous croire. Ce n’est pas possible, je ne peux pas vous croire. Mon père ne peut pas mourir. Il ne peut pas mourir. C’est impossible, il ne peut… il ne… il ne peut pas… »
Le Grafton posa une main froide sur ses paupières fatiguées. Une vie d'isolement l'avait rendu infirme ; il ne savait pas quoi faire face aux larmes. C'était le genre de douleur que d'ordinaire il tenait en dédain, telle le témoin souvent involontaire d'une impardonnable faiblesse. Mais ce n'était pas le moment d'être dur ou intransigeant, ni cruel. La consolation, pourtant, était une souple et gentille étrangère. Son père avait tant de fois pleuré devant lui que le calme marmoréen qu'il éprouvait continuellement lui-même ne le surprenait pas : le ridicule d'un duo larmoyant avec son géniteur avait obstrué depuis longtemps le conduit naturel des émotions. Et pourtant, quelque chose demeurait, comme une tâche d'huile sur une surface d'eau, car Gerold aussi avait secrètement aimé son père, l'aimait toujours, tendrement, avec compréhension, mais en ce qui le concernait, son père avait été enterré le même jour où son fils avait cessé de suivre religieusement ses pas.
Il ne pouvait pourtant pas rester cet homme dont Catelyn avait lâché prestement la main comme sous le coup d'une brûlure. Il ne pouvait pas être l'homme qu'elle avait fui, meurtrie par le chagrin, et qui l'ignorait, pendant qu'elle se tourmentait dans la pièce comme un courant d'air sans issue à ses forces. Il ne pouvait pas demeurer ainsi l'image et la source de sa tristesse. Elle s’époumonait, pleurait, perdait haleine, se noyant dans le malheur jusqu'à perdre son souffle. En d'autres circonstances, Gerold l'aurait éconduite pour sa propre tranquillité d'âme, ainsi qu'il le faisait avec tous ceux qui perdaient pied ne serait-ce qu'un instant. Mais il attendit derrière sa main glacée en éventail, sentant le malaise et la gêne s'accumuler dans sa gorge en un nœud serré qui l'empêchait de déglutir. Et elle pleurait, pleurait, pleurait... en lui faisant dos comme à un ennemi.
Il se releva, lentement. De toute façon elle ne l'entendait plus, bourdonnant d'une litanie incrédule, tentant encore de vivre dans un monde où son père était vivant, incapable de s'arrêter. L'hésitation ne le caractérisait guère, alors malgré l'incertitude, Gerold enlaça ses épaules d'un geste aussi résolu que pouvait être le chagrin de sa femme, et serra son petit dos rond en secoué de sanglots contre sa poitrine. Ses soubresauts incontrôlables et son propre effort lui brisaient les côtes, mais il demeura ainsi, solide et inébranlable. Sa bouche glacée glissa vers son oreille à travers un flot désordonné de cheveux brûlants et souffla sur sa tempe humide. Il y avait des phrases qui paraissaient justes dans les rêves et si fausses dans la vie éveillée. La plupart d'entre-elles se brisaient de toute façon en chemin contre un irrépressible sentiment. Alors il ne dit rien, se sachant muet de réconfort, et se contenta de respirer profondément avec la lente régularité d'un pendule, ses bras étreignant ce qu'il restait de cette jeune fille, devenue subitement une adulte. Il la surplomba par la taille et l'envergure, la laissant se rouler contre lui comme une enfant qu'il fallait protéger, la tenant en prisonnière endeuillée de sa patience, de son souffle égal, continu, immuable. Il s'agissait pour lui d'une tendresse encore plus intime que celle offerte entre deux amants. Il lui donnait par instinct ce qu'il aurait souhaité jadis avoir ; cela faisait bien longtemps qu'on lui avait refusé le droit d'être vulnérable. Il se l'était lui-même interdit.
« Shhh... souffla-t-il dans ses mèches vagabondes, chassant sa noyade, respire, s'il-te-plaît... »
Le sel de son chagrin brûla ses lèvres. Pressé contre sa peau pâle, il murmurait sa propre litanie en domptant une peine qui menaçait de suffoquer cette fragile jeune femme. Il n'avait besoin de rien dire d'autre. Elle savait. Elle négociait, mais elle savait qu'avec ses larmes s'étiolait la vie rêvée de son père. Ce n'était pas une consolation, seulement une tentative d'être la force qui lui manquait pour tenir debout, pour respirer sans s'étrangler, pour souffrir sans avoir à supporter son propre poids. Elle pouvait luter ou s'effondrer contre lui, Gerold l'enlaçait, impassible et robuste, soutenant son désespoir, respirant pour elle... Elle pouvait bien pleurer, pleurer, pleurer, au moins, c'était contre lui qu'elle pleurait, au lieu de se perdre avec sa solitude.
« Catelyn... respire. »
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A life for a life – Part 2


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Catelyn ne pouvait pas croire une telle chose. L’annonce de Gerold l’avait frappé de plein fouet mais elle se refusait à le croire. Cela n’était pas possible pour elle. Il mentait ou se trompait. Qu’importe, il ne pouvait avoir raison. Jonos Bracken ne pouvait pas mourir, pas tout de suite, pas maintenant. La jeune femme avait encore besoin de son père. Elle avait quitté le contact avec son époux, faisant les cent, mille, dix mille pas dans la pièce, fuyant le regard, sentant quelques larmes couler. Elle se retenait. Elle se contenait. Elle aurait pu tenir un long moment comme cela s’il n’était pas venu la voir. Du moins, elle tentait de s’en persuader. Elle sentit ses bras l’entourer et elle commença à se débattre légèrement, son subconscient lui rappelant que l’homme qu’elle avait épousé était blessé, revenant d’une lourde bataille. Après quelques minutes, elle se laissa complètement aller dans ses bras, lâchant toutes les larmes, sanglotant. Elle avait même du mal à reprendre sa respiration et il l’aida à sa calmer, à respirer, à reprendre ses esprits. Mais comment le pouvait-elle ? Elle comprenait de plus en plus à mesure qu’il la serrait dans ses bras. Jonos Bracken était mort. Son père était mort. Cette idée absurde au premier abord devenait de plus en plus plausible. Cet homme qu’elle pensait invincible, si robuste, si fort, si puissant, ne l’était pas plus qu’un autre homme. La guerre tuait des gens, forts comme faibles, bons comme mauvais. Se laissant plus aller encore dans les bras de son époux, elle avait bien du mal à se calmer, à calmer cette douleur dans sa poitrine.

- Ger… Gerold… Dîtes… moi… Pourquoi ? Pourquoi ??!

La voix de Catelyn était saccadée, chaque mot s’intercalait avec un sanglot, parfois étouffé dans la tunique de Gerold. Elle désirait savoir pourquoi son père était mort. Pourquoi lui ? Cela ne l’avancerait à rien, elle le savait, mais le chagrin était bien trop immense pour qu’elle se raisonne de la sorte. Alors qu’elle réitérait à nouveau sa question auprès de son époux, portant un regard mouillé vers lui, levant son visage vers le sien, quittant quelque peu cette étreinte qui se voulant consolante, la jeune femme se rappela soudainement son état. Par les Sept, elle était enceinte ! Jayne le lui avait dit quelques semaines plus tôt. Il fallait qu’elle se ménage, qu’elle se calme, qu’elle n’ait pas d’émotion trop forte. Elle se remit à pleurer, n’attendant pas que le seigneur des lieux lui réponde. Elle le quitta et alla s’asseoir sur l’un des fauteuils présents dans les appartements. Elle pensait à son père, ne pouvait toujours pas l’imaginer mort mais également à cet enfant à naître qui n’était pas encore tout à fait présent mais qui l’était pourtant. Elle était enceinte et elle portait en elle le futur de Goëville. Il ne fallait pas qu’elle l’oublie. Elle se tint le ventre et pleura de plus belle. Elle leva les yeux de nouveau vers son époux avant de lui demander sans tendresse.

- Comment… Comment est-il mort ? Qui l’a tué ?

Les questions s’enchaînaient, les sanglots se multipliaient, les larmes coulaient. Catelyn n’avait plus aucune patience et se laissait complètement submerger par le chagrin, la peur et la douleur.

- RÉPONDEZ-MOI !!!

Elle se fit mal à la gorge en hurlant de la sorte puis laissa tomber sa tête dans ses mains, ne voulant plus rien entendre, plus rien voir, plus rien sentir. Elle se recroquevilla sur elle-même, sur ce fauteuil, quittant la vision de son mari, se replongeant dans une semi-obscurité, un semblant de vide, une approche du néant. Il est ainsi plus aisé de se cacher que d’affronter la réalité.


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@Gerold Grafton Pardon pour l'attente. Une mauvaise nouvelle peut en cacher une bonne. - ft. Gerold 3663664295 Une mauvaise nouvelle peut en cacher une bonne. - ft. Gerold 2414428499

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Le sanglot s'était fait plus régulier ; les secousses brutales avaient cessé pour doucement glisser vers un flot ininterrompu et hoquetant. Gerold apercevait sous les paupières lustrées, en haut de la fraîche joue féminine, la nacre, le sillon des larmes et de l'insomnie, ce reflet satiné, couleur de clair de lune, qu'on ne voit qu'aux paupières des femmes contraintes de souffrir en secret. Il crut que son chagrin se tarirait comme un vase renversé, mais même contre lui, elle s'épuisa. Tout son corps exprimait, dans ces légers mouvements de saillie, l'irrépressible douleur. Dans un soubresaut maladif, elle l'éblouit, en lui jetant au visage le rayon enflammé de ses yeux grands ouverts, dans un brusque et désespéré regard. La question cependant les transcendait tous les deux et il demeura muet face au poids de l'intolérable existence. Il n'était pas assez croyant pour s'en remettre au grand destin, et pas assez cruel non plus envers cette enfant orpheline de père pour lui dire qu'ainsi étaient les affres de la guerre et qu'y mourraient hommes, femmes et enfants sans distinction. Avoir pris Catelyn dans les bras était plus de réconfort qu'il n'était capable d'en donner à l'accoutumée - si tant est qu'on put parler d'un usage de sa part. L'exaltation lui causait autant de gêne que de répulsion ; la sienne, plus encore. Ses tentatives de consolation étaient rares et brèves, aussi, lorsque sa femme se fut séparée de son étreinte, il la laissa faire et n'insista pas davantage, sentant son caractère atteindre la limite de sa persistance, quand bien même s'était-elle soudain mise à pleurer plus encore.    
Gerold demeura debout, regardant silencieusement sa jeune femme se tordre de douleur. Son visage se renfermait comme il s'était ouvert, sur une parenthèse qui en lui n'était pas sensée exister, quels que furent les élans réels de son cœur ou de sa raison. L'activité d'écorchée, cette rudesse expéditive et brutalité féminine que Catelyn lui accorda subitement après tant sanglots, maintint haut au-dessus de ses yeux les arcs de ses sourcils étonnés. Puis, ils se froncèrent doucement et il déglutit lentement. A nouveau, la férocité se glissait entre eux, et Gerold hésita sur ses paroles, sur la vérité à donner, entière avec ses angles tranchants et ses épines, ou aussi saccadée qu'un souvenir...    
« RÉPONDEZ-MOI !!! » 
Il se redressa comme sous un coup de fouet ; Catelyn paraissait à l'aise dans sa fureur comme un pétrel sur une rafale. Une colère vive mais passagère lui brouilla l'esprit alors que ses lèvres se serraient en un fil invisible d'exaspération, mais la tension passa et Gerold l'avala tel un breuvage de Mestre avec une expression de dégoût. Si elle était à l'aise dans son ardeur, lui, passait son temps à la dompter. Il serra les dents pour ne pas la brusquer davantage, alors qu'elle était déjà en train de se recroqueviller comme une fleur foulée. Sur une chaise proche, Gerold s'assit à son tour non sans un halètement douloureux, avant de poser sur son visage un masque de doigts déliés. Voilà d'où venait toute cette énergie dans le chagrin ; toutes ses paroles étaient aussi surprenantes que cette force qu'on lui voyait souvent, lorsqu'elle courait dans les couloirs, sautait, montait à cheval, dansait... Gerold se méfiait de ses mouvements et, à travers ses phalanges écartées, ne la quittait pas d'un œil en s'efforçant de maintenir sa propre exaspération.   
« Lorsque les soldats ennemis ont battu en retraite, dit-t-il avec raideur et lenteur, des archers ont tenté malgré tout un dernier acte désespéré. L'une de ces flèches a touché votre père. » 
Son explication était mesurée et froide. Il avait repris depuis le début ce qu'il avait déjà dit sans les nuances d'une annonce prudente. Une crue vérité pour ces accès de larmes et cette tristesse vorace et cruelle.    
« Il n'est pas mort tout de suite. Mais le désordre de la bataille a fait que quand les secours l'ont retrouvé, il était trop tard pour lui venir en aide. Lorsqu'ils sont arrivés, Jonos était mort. Son corps a été rapatrié à Goëville. »
Gerold se massa la tempe, tout son corps supportant mal l'engourdissement de son allure immobile. Il avait été trop malade pour s'en préoccuper, mais se rendait compte qu'il avait, comme à chaque fois, dépassé le stade de la gorge nouée et du menton tremblant, s'abandonnant entre fatalisme et colère froide. Il n'était pas dupe et ne pouvait se permettre d'être surpris ; c'aurait pu être lui. Il jeta à sa femme un regard indéchiffrable qui paraissait voir quelque chose qui n'était pas devant lui.   
« Rien n'est certain pour le moment, mais des témoins ont rapporté que les arches portaient les couleurs des Rougefort. »
Annonca-t-il lentement ce paratonnerre en observant sa femme. Ce n'était pas quelque chose qu'il aurait souhaité lui avouer, parce qu'il était bien plus simple d'être en colère contre un nom que contre un amas invisible de soldats, mais pour cette raison, il était d'autant plus simple de s'y oublier. Et Catelyn avait l'âme à l'ardeur précipitée, à la colère échauffée. Pourtant, Gerold lui avait donné un nom à détester, pas par charité ni maladresse, mais parce que c'était la vérité et que la lui cacher l'empêcherait de trouver son équilibre dans une vie qui sans cesse donnait des coups.
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A life for a life – Part 3


- All is vanity, nothing is fair -



Quelques sanglots parmi les pleurs, le regard dans le vide, l’esprit ailleurs, Catelyn ne savait plus où elle était, qui elle était, ce qu’elle était, à qui elle était. Elle venait d’apprendre la nouvelle la plus douloureuse de sa vie de jeune femme. Son père, lord Jonos Bracken, seigneur de la Haye-Pierre, Main du Roi Viserys, troisième du nom, était mort. Pourquoi ? Comment ? Qui ? Elle voulait tout savoir, quittant son époux du regard, se renfermant sur elle-même sur ce fauteuil qui faisait désormais office de refuge. Elle avait d’innombrables questions. Il avait intérêt à avoir d’innombrables réponses. Elle n’était plus une enfant, elle ne le serait jamais plus désormais. Elle était en droit de savoir tout comme les autres avaient le droit de savoir et devaient déjà savoir. Sanglotant de plus belle, elle le voyait, entre les larmes, elle apercevait sa silhouette rassurante, son regard protecteur. Elle ne pouvait pas le laisser partir, elle avait encore tant à lui dire. Elle devait lui annoncer sa grossesse, à son retour de bataille, à son retour victorieux de bataille. C’est à ce moment que la silhouette commença à s’estomper peu à peu, les mots de Gerold atteignant ainsi la jeune femme. Des archers. La fin de la bataille. Dans le dos. Des hommes sans honneur avaient tenté le tout pour le tout et même si pour eux, la bataille de la péninsule était une défaite, ils avaient réussi à tuer un homme important, un homme puissant, un homme qui comptait plus que tout au monde pour Catelyn.

- Qui… ?

Dans un effort quasi surhumain, elle avait réussi à calmer ses sanglots pour lui reposer la question. Qui avait tué Jonos Bracken ? Qui devait-elle détester ? Vers qui elle devait diriger sa vengeance ? Quel nom devait-elle hurler à l’Étranger pour qu’il les prenne ? Qu’il les torture ? Qu’il les fasse regretter leur traitrise ? Qu’il les tue ? Catelyn ne se reconnaissait pas elle-même dans ses pensées mais à quoi bon ? Elle venait de perdre un être cher. Elle allait le venger et elle ne connaitrait le repos que lorsque cela sera fait. Au nom que son époux prononça, elle se releva, reprenant une position normale sur le fauteuil, les yeux baignés de larmes de nouveau plongés dans ceux de Gerold, malgré ses mains sur son visage.

- Des Rougefort !!!

Le hurlement lui avait quelque peu cassé la voix et le nom des Rougefort dans sa bouche parut lointain. Elle n’en revenait pas des révélations que son époux lui faisait là. Les Rougefort avaient commandité l’assassinat de son père. Barbara était-elle de mèche ? Cette petite traîtresse ne payait rien pour attendre de tout façon, qu’elle soit mêlée ou pas à tout ça. Le regard noir, Catelyn surenchérit ainsi en direction de son époux.

- Promettez-moi une chose ! Une chose !

Elle se redressa plus correctement, une main toujours posée sur son ventre.

- Anéantissez les Rougefort ! Je ne veux aucun Rougefort vivant lorsque vous remporterez cette guerre ! Promettez-le-moi ! Promettez-le…

… à votre futur enfant.


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Elle était comme un oiseau en chasse, à se laisser tomber avant de remonter, tel un chant lyrique. Elle l'avait toujours été, tant pour les petits malheurs que pour les grandes joies, mais aujourd'hui, elle était une mouette en train de se faire battre par la tempête. Gerold la regardait, interdit, faire ses grands bonds démesurés, passer des larmes à la colère et à crier son tempérament volubile. Il voulait être compréhensif à l'égard de cette perte – lui aussi, cette mort ne l'enchantait guère et mettait leur crédibilité à l'épreuve malgré la victoire –, mais en plus de frôler l'embarras, les sentiments bouillonnants de Catelyn l'effrayaient quelque peu. Ces trémolos émotionnels demandaient une énergie insupportable, tant à l'emploi qu'à l'épreuve et Gerold ne savait jamais bien dans quel sens se tourner tant le vent n'avait de cesse de changer. Cette exaltation, charmante lorsqu'il s'agissait de modestes plaisirs ou de menues mélancholies, qui faisait monter le rouge aux joues et la passion au front, se transformait en des accès de rage dans l'œil de l'ouragan. Elle avait les réactions de quelqu'un ayant idéalisé son entourage pendant toute sa vie et venant de subir une impardonnable déception. Jonos était un trophée que n'importe quelle famille loyaliste aurait pu vouloir s'attribuer, mort ou vivant, et quelques soldats zélés, Rougefort ou autre, auraient pu en chercher le mérite. Ce qui l'étonnait, et ce à quoi il n'avait cessé de penser dans ses moments de lucidité relative, c'était l'invraisemblance rationnelle de cette mort. Il se serait imaginé n'importe quel nom, mais celui du Lors Jasper était parmi les derniers, surtout lorsque cet assassinat se voyait conjugué avec une pareille improbabilité : les Rougefort ne possédaient pas d'archers.  
Tandis que sa femme s'abandonnait avec aise et savoir dans les bras de la tourmente, Gerold s'était doucement plongé dans cette idée saugrenue, l'émoi laissant sa place à la raison, comme c'était toujours le cas avec lui. Cela n'avait aucun sens. Ils avaient certes tous des ennemis, et plus encore sur un champ de bataille, mais ce meurtre-là, à cause de la dissimulation supposée des archers derrière les couleurs de leur voisin, sous-entendait une préméditation qui ne s'avouait pas et voulait demeurer secrète. Pourquoi ? Soit parce qu'ils ne voulaient pas la gloire d'un tel exploit, soit parce que ces gentes-là n'avaient aucun intérêt à se faire connaitre.  
« Je ne promettrai rien du tout » dit-il d'un ton catégorique, après qu'un long silence ait laissé l'écho des derniers cris y mourir.  
Ses lèvres se pincèrent, alors qu'il apparaissait en antithèse parfaite à son épouse, électrisée et enflammée comme un ciel d'été. Lui, était parfaitement serein et d'un calme incompréhensible et surtout impénétrable. Il jeta un regard vif à Catelyn, souverain et définitif. Il n'était pas homme à promettre des futilités pour gagner une paix éphémère en apaisant les nerfs et l'impatience de son entourage. Mais il hésitait : lui en parler ? De ses soupçons ? De l'incohérence des assassins ? De tout ce qui tournait dans son esprit sans parvenir à accoucher d'une conclusion satisfaisante ? Elle était jeune, insouciante et bavarde... cependant, le monde n'avait aucune indulgence pour ce genre de naïveté et d'une certaine façon, il était aujourd'hui de son devoir d'y remédier. La gravité et la douleur avaient noués ses sourcils froncés à la racine de son nez ; Gerold soupira et la mit en garde d'une voix suffisamment basse pour obliger son épouse à cesser ses cris et à l'écouter :
« Vous devrez impérativement ne rien en dire tant qu'il n'y a aucune certitude, Catelyn... dit-il en la fixant, sombre et farouche. N'ébruitez pas inutilement ces soupçons. »
Gerold coula contre le dossier de sa chaise, laissant ses phalanges aller et venir à l'orée de ses cheveux humides. On lui avait préconisé du repos, tiens ! Et non pas une épouse aux appels de paonne en train de se frapper la poitrine et de l'envoyer à nouveau sur le champ de bataille pour le promouvoir jardinier et aller élaguer toute une branche de la noblesse.
« Très chère, les Rougefort ne possèdent pas d'archers, soupira-t-il avec lassitude. Je songe a une tromperie, et ne les vois pas très bien entrainer une poignée d'hommes en un si court laps de temps et les envoyer, inexpérimentés, à la bataille pour assouvir une telle quête. Et quand bien même c'était le cas, je risque d'en avoir le cœur net sous peu. »
Sa bouche, sèche et aux joues creusées par l'épuisement, s'étira en un léger rictus improbable. La bataille ne leur avait pas apporté que la victoire, mais une ressource émotionnelle inépuisable : des otages. Malgré la convalescence et à travers la fièvre qui avait mis de façon étrange son imagination en ébullition, Gerold avait élaboré autant de stratégies qu'il y avait de feuilles dans un arbre ; la plupart étaient les élucubrations insensées d'un fou, mais elles avaient ouvert pour la valeur véritable de cette denrée. Il y avait cependant quelque chose d'étrange à détenir dans sa demeure sous un arrêt militaire des gens qu'il avait côtoyé et croisé à plusieurs reprises. Les souffres physiques qu'ils subissaient à cause de leurs blessures étaient certainement prodigieuses, mais elles n'étaient rien comparées à celles d'un probable au-delà. Non pas l'au-delà spirituel, évidemment, mais la compréhension progressive de leur situation et de l'absence d'issue qu'il y avait à leurs présentes convictions. Les sacrifices à apporter sur l'autel de ces idées allaient être terribles. La pensée de l'homme, moniste par nature, ne pouvait accepter l'idée de deux néants.
« Jasper Rougefort est dans nos geôles, prisonnier, dit-il d'une voix basse, accoudé dans ses coussins et ses riches broderies, puis ses yeux s'agrandirent, pleins d'une lumière insolente, et le visage comme fait d'un marbre blanc, paraissant invincible. Mais... vous voudrez peut-être y descendre pour l'interroger vous-même ? Et pourquoi pas, enfoncer des aiguilles rouillées sous ses ongles, trancher ses lèvres et ses paupières pour l'accabler d'une vie sans sommeil, ou le soumettre au brodequins pour briser ses os et lui arracher quelques vérités désespérés ? Ou simplement par vengeance » dit-il en soulevant un sourcil circonspect.
Endurci, il mettait sa détermination de jeune femme douce et candide au défi de participer aux atrocités précipitées qu'elle lui demandait en promesse.

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A life for a life – Part 4


- All is vanity, nothing is fair -



Catelyn ne tenait plus en place. Elle ne tenait jamais en plus. Elle avait toujours été cette enfant intrépide qui courrait et sautait partout. Avec l’âge, lady Lythène avait pensé que cela lui passerait. Même lord Jonos espérait que Catelyn se calmerait, surtout maintenant qu’elle était l’épouse du seigneur de Goëville et futur suzerain du Val. Il n’en était rien. Elle était comme avant, voir pire dans certains cas. C’est alors qu’elle se stoppa nette, tournant d’un coup la tête vers Gerold. Il n’allait rien promettre du tout. Comment osait-il lui dire cela ? Heureusement pour elle, ou pour lui, elle avait encore assez de conscience pour ne pas lui en coller une. Son père était mort d’une flèche. Il lui avait dit le nom des coupables. Elle voulait réparation. Elle voulait justice, non, vengeance ! Il n’allait pas lui donner cela et il semblait très sérieux. Elle voulut rétorquer mais il ne lui en laissa pas le temps. Elle s’était stoppée, ne bougeait plus, ne faisait que regarder son époux fixement. Concentrée sur ses paroles, elle resta là, sur place, attendant qu’il ait fini. Ce n’étaient alors là que des soupçons. Voilà qui expliquait évidemment l’impossibilité de faire cette promesse mais cela ne calmait nullement la colère de la femme enceinte.

C’est alors qu’il confia avoir lord Jasper Rougefort dans les geôles. Les yeux de Catelyn s’écarquillèrent. Il lui proposa même de participer à la torture du jeune seigneur afin de lui soutirer quelques informations. Les détails sordides d’une telle torture lui firent se sentir nauséeuse. Mais l’idée n’était pas mauvaise. Elle pourrait s’occuper elle-même de ce prisonnier, le charmer, l’envoûter, le faire parler. Puis elle se rappela sa condition. Elle était enceinte. Descendre dans les geôles n’était peut-être pas conseillé. Elle sembla hésiter un instant mais finit tout de même par lui répondre.

- Ne me tentez pas… Vous me laisseriez descendre avec vous et inter… torturer le prisonnier ? Vraiment ?

Son ton était plus calme, son corps tremblait moins mais l’émotion demeurait toujours présente. Elle tentait de mettre de côté qu’elle venait d’apprendre la mort de son père. Aussi douloureuse soit-elle, cette nouvelle devait être assimilée, digérée, intégrée afin d’avancer. À son tour, elle ne lui laissa pas le temps de répondre. Elle s’approcha de lui, revenant vers lui plus doucement après cet échange mouvementé. Son ton calme et son autorité sur elle lui avaient fait ressentir des choses plutôt agréables et l’avaient calmé à son tour. Catelyn n’était plus, l’espace d’un instant, la jeune femme frivole et énergique, visage qu’elle arborait depuis des années maintenant. Elle s’approcha de plus en plus près jusqu’à prendre sa main.

- Mais je ne suis pas sûr d’être en état de descendre dans les geôles… Gerold… il faut que je vous dise quelque chose également.

Un silence s’installa le temps de quelques secondes tandis que Catelyn dirigea la main du seigneur des lieux sur son ventre encore normal. Il lui avait annoncé la mort d’un être cher. Elle lui annonçait désormais l’arrivée d’un autre.


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Catelyn. Lorsque les émotions lui échappaient, elle devenait aussi capricieuse et effrontée qu'une mule. Ce débordement était si étranger à Gerold ! Lui, qui était dans la maîtrise de tout et de rien, se retrouvait avec une femme qui désaccordait sans cesse l'instrument de sa quiétude. Si charmant et enjôleur en temps d'insouciance, ce trait de caractère devenait une tourmente pour quiconque se trouvait dans les parages de cette jeune femme habitée par la tempête. Quoi qu'épuisé, le Grafton n'avait pas encore eu l'audace définitive de lui interdire cette frénésie infernale en sa présence. Et pourtant, il était tenté. Tenté d'être sévère et dur pour briser en elle cette résistance inutile, infantile. Dans son monde, la rage exultait derrière des murs infranchissables, parce que l'opposition aimait ces vulnérabilités exaltées, ces cordes sensibles que l'on pouvait pincer à volonté et il ne fallait alors vibrer pour rien, jamais.
Il comprenait son extrême énervement. Pour quelqu'un d'aussi réservé, la colère avait été un moteur incroyablement prolifique et Gerold avait plus d'une fois laissé la haine le consumer en secret, souhaitant vengeance ou massacre et élaborant par la pensée ce que personne n'aurait jamais concédé à appliquer dans l'existence réelle. Encore aujourd'hui, il se mettait à la torture en remâchant son manque d'affection filiale – vaste engrenage d'insouciance, de dédain amusé, de répulsion physique, de congédiement habituel. Alors ce regard figé, tentant de contenir un débordement de répulsion, il le connaissait bien pour l'avoir tant de fois réprimé. Avec le temps, les trépas et les intempéries, elle allait s'assagir, gagner en élégance et en sérénité ; Gerold se voyait mal avorter ce qui aujourd'hui faisait son essence comme on avait pu tenter de le faire avec lui. Alors, malgré sa propre exaspération, il considérait ses colères avec un malicieux amusement. L'instant de la tentation faillit lui arracher un rictus. Il s'imagina cette femme-enfant, le visage poupon et les yeux ouverts naïvement sur le monde en train de glisser des échardes sous les ongles d'un Jasper Rougefort ensanglanté. Quelque part, il se demandait si, à nourrir sa frénésie, il n'était pas possible de transformer son son épouse en une impitoyable maîtresse. Après tout, c'était sous la pression que le diamant le plus dur se faisait.  
Se sentait-elle vraiment capable de supplicier un homme ? Il avait failli lui rire au visage.
Là, bien sûr, mue par la rage, elle devait s'en sentir capable ; remuer ciel et terre, retourner des montagnes et abattre des arbres jusqu'à la racine. Mais après ? Allait-elle déchirer le brouillon de ses intentions ou poursuivre selon son imagination débridée et compromettre à jamais son caractère et sa jeunesse ? Certains choisissaient de le faire et n'en revenaient jamais, s'en retrouvant irrévocablement brisés. Gerold ne savait pas exactement de quelle trempe était sa femme. Peut-être était-elle plus forte qu'il ne se le figurait ? Néanmoins, il avait la ferme impression que ces choses-là se décidaient avec un sang froid et une tête claire, et non une bouillie dans le cœur. Elle allait le regretter ; heureusement, le long escalier menant aux cachots suffisait pour faire changer d'avis. Et de toute façon, il ne l'y aurait aucunement autorisée.  
Sous son regard, elle avait changé, son visage flétrissant à mesure que son entrain paraissait s'étioler. Se rendait-elle compte de son erreur ? Gerold l'observait, attentif, ravaler sa peine et revenir à lui. Impassible et fatigué par sa dévorante énergie, il la considéra avec une patience forcée, certain qu'elle se rendait doucement compte que sa colère lui avait fait franchir une frontière qu'elle n'aurait jamais osé dépasser. Elle alla jusqu'à prendre sa main et la serrer avec une expression d'angoisse retenue. Gerold se laissa faire, souverain et attendant le regret ou du moins, l'apaisement rédempteur. Il le reçut, mais sous une forme qui le surprit.
« Ah... » soupira-t-il, rompu et un brin exaspéré.  
Elle ne tempêtait plus, ce qui était l'issue qui lui importait le plus en cet instant. Catelyn était si prompte à s'élever et à redescendre qu'il envisageait une bagatelle quelconque. Quelque chose qui était capable de l'émouvoir ou de la faire changer d'avis elle seule. Lorsqu'elle releva sa main pour la poser sur son ventre rigide de baleines et de corsets, Gerold attendit qu'elle s'explique davantage, prenant ce geste pour une tendresse banale. Plus il l'observait, d'abord avec impassibilité, plus il comprenait que tout avait été dit et que la suite de sa pensée paraissait se prolonger dans son geste. Ses yeux firent de lents ricochets entre son visage et le creux de son ventre. Puis, parce qu'il n'était pas absolument stupide quoi que passablement épuisé, le Grafton se figea. Longuement, il prolongea le silence. Même sa respiration fut très précautionneuse, de peur de briser le nouveau, l'inconnu, le fragile Gerold qui venait de naître un moment plus tôt. Des pensées se pressaient à son esprit, tantôt saugrenues, tantôt anxiogènes. Elles se bousculaient et lui, n'exprimait rien. Le monde venait de changer ; il était différent. Bien sûr, on s'y préparait comme on se préparait à son mariage, mais le jour où il fallait y faire face, toute anticipation paraissait avoir été vaine. Sa main resta là, immobile, comme pour dissimuler un rêve qui menaçait de s'envoler entre ses doigts. Il eut le temps de songer aux circonstances étranges, que presque symboliquement, la mort se réincarnait en vie et que le prix qu'il avait payé était peut-être subtilement récompensé.
« Vous... vous en êtes sûre ? Demanda-t-il, comme jamais prudent. Depuis quand ? »
Sa voix s'effaçait dans une respiration quelque peu laborieuse. Il fallait dire que les battements sourds de son cœur étaient remontés à ses oreilles. Sa main, elle, ne bougeait pas, tel un rideau sur une possibilité qu'on craignait de faire disparaitre en bougeant. Malgré tout réservé et économe, d'une voix absente, il continua à réfléchir :  
« Vous ne devriez pas être ici... à songer à la torture et à la mort. Vous devriez vous reposer. »
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