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What's tearing us apart [Gerold]

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Robar Royce
The Red Knight

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Robar Royce & @Gerold Grafton

What we think to be our greatest weakness can sometimes be our biggest strength. And that the most unlikely person can alter the course of history.



Les jours s'étaient succédés dans un brouillard qui peinait à se dissiper. Dans ses moments de conscience tout ce qu'iil était capable de percevoir était la douleur qui le lançait dans son flanc, vestige du coup d'épée reçu par l'un des mercenaires de la Compagnie Dorée. Un jour, il avait réussi à bouger ses doigts bandés, eux aussi, jusqu'à son abdomen malmené mais n'avait sentit que la douceur d'un tissus propre et sec. Un autre, il avait entraperçut une silhouette penchée sur lui. A présent, il était certain que ce n'était pas Maddy, la souvenir de cheveux blonds s'imposant à sa conscience brumeuse bien qu'il ne cessa de la réclamer. Lorsque la fièvre laissa place au sommeil, il ne put que se rendre à l'évidence, il n'était pas à Roches-aux-Runes et Maddy ne viendrait pas mais son esprit n'était pas encore capable de saisir l'endroit où il se trouvait bien qu'il fut certain d'avoir posé la question au moins un millier de fois. Lorsqu'il rêvait, il revenait chez lui, auprès d'Andar, auprès d'Alys et de Maddy. Il se revoyait posant les mains sur le ventre arrondi de sa maîtresse dans l'espoir de sentir l'enfant qu'elle portait frapper contre sa paume, profitant de pouvoir réellement partager cette grossesse avec la belle rousse. Mais lorsqu'il rouvrait les yeux, le monde transparaissait bien terne, teinté de la souffrance qui était la sienne tandis que ses plaies cicatrisaient lentement. Avec le temps, il avait finit par remettre ses idées en place et avait refait le déroulement de la bataille dans son esprit pour comprendre ce qui était advenu. La livrée des soldats dont il entendaient les roulements de garde lui était apparue, une fois. La tour enflammée de Goëville. Il était sans nul doute chez les Grafton bien que cela fit naitre une nuée de questions dans son esprit : pourquoi était-il toujours vivant ? Pourquoi ses blessures avaient été soignées avec délicatesse plutôt que d'être laissées à l'abandon ? A cela s'ajoutait son inquiétude pour les siens : Andar était-il ici lui aussi ? Alys et Maddy allaient-elles bien ? Ses neveux étaient-ils en sécurité ? Dès qu'il partait dans ce genre de réflexion, s'imposait à son esprit une donnée qu'il n'avait pas : combien de temps avait-il dormi ? Combien de temps s'était passé depuis la bataille de la péninsule ? La seule question qui trouva réponse fut logiquement le gagnant  de l'opposition entre les forces valoises soutenant les Royce et celle de la rébellion marchant derrière les Grafton. A moins d'un retournement de situation drastique, les éléphants, le surnombre d'adversaire, le dragon dans le ciel, avaient eut raison d'eux. Et cette idée accentuait sa peur d'envisager Andar tombé au combat.

Sans notion du temps, Robar n'avait rien a faire d'autre que de se reposer, ses journées n'étant rythmée que par la venue d'un mestre ou de servantes pour s'occuper de ses blessures. La prévenance de la maisonnée le surprenait mais il ne s'en plaignait pas : il aimait bien trop la vie pour reprocher qu'on l'ai sauvé. C'était un jour comme un autre pour Robar mais après plusieurs semaines d'état semi-comateux, il se sentait mieux. Changer de positon le faisait toujours souffrir, sa blessure s'ajoutant à celle reçue à Winterfell mais au moins pouvait-il tenir en position assise, adossé contre le mur de la cellule qui lui avait été assignée. La servante qui avait changé ses bandages un peu plus tôt n'avait eut quelques mots, assurant qu'il recevrait de la visite mais Robar ignorait qui pourrait bien vouloir lui parler. Il n'était pas important, il n'était ni un seigneur, ni un décisionnaire. Il n'était qu'une victime collatérale d'un conflit qui le dépassait. Maudits Targaryen ... Dire qu'il pensait en avoir fini avec eux avec l'annulation de son mariage, voilà qu'il se trouvait au coeur d'une tourmente qui le rendait désormais captif d'une maison ennemie. Si c'était pas pitoyable, songea Robar tandis qu'il comptait les pierres du mur opposé dans une vaine tentative de combattre l'ennui. Il sursauta, grimaçant du mouvement qui réveillait ses douleurs, lorsqu'il entendit une clé tourner dans une lourde serrure. Contre toute attente, il faillit tomber des nues tandis que ni servante, ni garde, ni mestre n'apparaissaient, laissant place au seigneur des lieux. Il se souvenait l'avoir vu en mauvaise position lors de la bataille mais la cohue des éléphants ne lui avait permit de suivre les mouvements de tous les combats. « Lord Gerold. » dit-il d'une voix rauque d'avoir si peu parlé ces derniers jours. Il se retint de mentionner qu'il avait sans doute aussi mauvaise mine que lui même, ignorant les humeurs du maître des lieux ou les raisons de sa visite. Profil bas valait mieux que vantardise mal placée.

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Il y avait du bon d’être noble. On pénétrait dans un monde de privilèges si incontestables qu’ils en devenaient acquis. Si tant est qu’il fut capable de maintenir sa réputation ou sa fortune, un noble était toujours traité avec égards, même en temps de guerre, même en prison, et même pour une décapitation, car on ne manquait pas de faire venir la plus fine lame du pays pour faire siffler son épée.
Gerold n’était pas franchement à l’aise avec des rivaux en convalescence pullulants dans sa demeure : au lieu d’en tirer un peu de fierté, il eut davantage l’impression d’être assis sur un nid de serpents. Il s’y était néanmoins soustrait sans enthousiasme mais sans regrets, comme une des convenances de société dont tout homme comme il faut se faisait un devoir. Ce même devoir lui sommait d’accomplir jusqu’au bout ces obligeances, qu’il ne pouvait abandonner à moitié en accordant une existence décente aux perdants sans jamais leur rendre aucun hommage. Il y fut réticent, non pas par lâcheté, mais à cause de ses propres blessures, alors qu’il concevait ne pas pouvoir se montrer à pied d’égalité avec quiconque s’étant fait vaincre par la bataille. Dévoiler ses propres blessures aurait été avouer que le triomphe coûtait parfois autant à ceux qui perdaient qu’à ceux qui gagnaient, et qu’ils auraient pu à tout moment échanger leur place. Mais il savait aussi que son absence était un autre aveu ; un aveu dont il ne pouvait et ne voulait souffrir les conséquences.
Il dut accepter un compromis, un peu avant que la bienséance ne lui fasse la grimace et un peu après que son corps eut enfin décidé de ne plus le lâcher au bout de trente pas. Une conciliation acceptable pour son orgueil, quoi que difficile à tenir : chaque geste paraissait déchirer quelque chose à nouveau. Cet acharnement excessif l’avait reclus, éloigné de la mêlée des évènements à venir pour un certain temps et ça, c’était une défaite personnelle que personne ne devait entendre et qu’il devait lui-même oublier. Une victoire arrachée au prix de son propre exil, parmi les prisonniers, les blessés et les femmes.
Le catalogue des captifs était franchement satisfaisant, et Gerold le parcourut non sans un léger rictus à la bouche, sondant la hiérarchie selon les lois bien connues de la perspective pour déterminer le premier à qui reviendrait sa politesse, jusqu’à tomber sur un nom. Ce n’était pas le plus important, ni le plus éloquent d’ailleurs, mais il relevait de ces liens indicibles dont on niait les effets sans être capable de parfaitement les abolir. Il tressaillit, de froid et d’autre chose, se justifiant de pouvoir essayer son difficile maintien devant quelqu’un de moins important, pour ne pas avoir à se justifier sur cet ordre curieux, ou le frère d’un Seigneur allait passer dans ses préférences avant d’autres invités ô combien plus vertigineux. Mais le maître de cette famille lui avait voué un ressentiment si acharné que cela relevait presque d’une obligation.
Robar avait le même âge que Marq, ou presque. Détail qui lui parut relever une quelconque délicatesse du destin.
Encore devant la porte soigneusement verrouillée, en attendant que le protocole se déroule et qu’un gardien daigne lui ouvrir l’impossible serrure de ses doigts maladroits et tremblants, Gerold ne pensait à rien. Il finit néanmoins par se lasser rapidement et fit les gros yeux au geôlier, annonçant par là un début de crise de nerfs et le retour de cet individu aux limbes auxquelles il appartenait. Gerold entra sans s’annoncer ni se presser, jetant un regard au dernier moment à son captif. Pendant quelques instants, le solide visage d’une pâleur de cire, aux joues creusées, demeura vide de toute expression : un temps de mort qui lui fit éprouver chaque baleine du très compliqué corsage qu’il portait sous les vêtements pour comprimer ses blessures. L’instant d’après, les yeux aux longs cils émouvants devinrent éloquents, limpides et l’étonnement s’y lut.
« Lord Gerold » avait-il maugréé du fond du lit.
Le Lord Gerold en question ne se hâta guère davantage, et rejoignit un fauteuil gothique à l’aspect lourd à cause du rembourrage et des trois barres horizontales reliant entre eux les montants du dossier. Il y prit place avec une certaine nonchalance puis, les mains sur les accoudoirs, soupira avant de commenter d’un long :
« Oui, oui… »
Oui, c’était lui, Lord Gerold. Quel constant. Il sourit du bout des lèvres d’un sourire qui y demeura, avec cet air indéchiffrable qui vous laissait le soin de deviner s’il exprimait la sincérité ou le sarcasme, ou s’il parodiait l’un ou l’autre. Son maintien se voulait élégant mais légèrement désinvolte, sans oisiveté ; chose dont il se félicita d’être capable en observant un Robar Royce solidement alité. Il le regarda sans rien ajouter, comme s’il était venu ici par hasard, profiter du silence ou d’une agréable compagnie, prenant doucement l’habitude de cette présence ennemie qu’il n’avait vue qu’une poignée de fois en temps de paix. La paix avait-elle un jour existé entre leurs deux familles ? Néanmoins, Gerold éprouva une sérénité lénifiante et mystérieuse au chevet de ce jeune homme… peut-être parce que pour une fois tout était clair, et l’aigreur n’avait plus à se dissimuler derrière des rivalités latentes.
« Comment va… ma sœur ? dit-il sur le ton de la conversation de sa voix naturellement languide et posée. Et mes… neveux et nièces ? »
Il avait notablement hésité sur le choix de ses mots, mais sans méchanceté, avec ce même sourire ombré, à peine perceptible, ourlant son expression d’un éclat que reflétaient ses yeux sombrement émeraudes dans une monture noire, à l’observation fixe et d’une bienveillance d'autant plus troublante que la situation ne s'y prêtait qu'avec méfiance.
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Au sommet de sa forme, Robar aurait surement gratifié le seigneur de Goëville d'un regard assassin. Il n'avait jamais été bon perdant, c'était un fait que tout Roches-aux-Runes lui connaissait. Preuve, s'il en fallait, sa colère après le tournoi de Lestival et son désarçonnage précoce qui avait, immanquablement, conduit à une énième dispute avec Rhaenys. Non, Robar n'était pas bon perdant et, pire encore, il n'était pas un bon malade non plus. A peine se remettait-il de sa blessure reçue à Winterfell qu'il se retrouvait de nouveau alité et en morceaux avec une interdiction de bouger qui, au delà de sa santé, le faisait réellement prisonnier. Quelle vie de chien, songea-t-il avec agacement tandis que le sourire de son, si on pouvait l'appeler comme ça, hôte ajoutait à son ressentiment. Le bougre se délectait de sa défaite alors même qu'il avait une tête de déterré ... Quelle ironie. La colère et la honte disparurent subitement pour laisser place à une surprise non feinte. Les yeux ronds, Robar regarda Gerold Grafton comme s'il venait de lui annoncer qu'il allait devenir le Grand Septon. « C'est réellement la première question que vous avez à me poser ? » demanda la blonde incrédule devant le détachement dont faisait preuve son geôlier. Si Robar ne connaissait pas tous les tenants et aboutissants de l'histoire, il savait qu'Alys n'entretenait pas des relations fusionnelles avec son frère. Si elle s'était marié à Andar sous la contrainte d'une union arrangée, elle s'était rapidement acclimatée à la vie auprès des Royce au point qu'il s'était demandé si le frère et la soeur n'avaient pas des griefs bien plus profond qu'un mariage politique imposé à la dame. Toutefois, la manière dont en parlait le seigneur Grafton aurait pu laisser croire à que tout cela ne tenait que du rêve, d'une existence qu'il n'avait jamais été réelle et qu'ils s'entendaient comme larrons en foire. « Et bien, la dernière fois que je l'ai vu, elle était inquiète mais elle allait bien. L'enfant qu'elle portait doit être né à l'heure qu'il est. » répondit le blond en tâchant de faire montre du même détachement que son hôte.

En réalité, Robar était inquiet. Il avait supplié Andar de rester à Roches-aux-Runes usant de l'argument de la grossesse d'Alys pour lui intimer de demeurer auprès de son épouse. Mais convaincre Andar de faire quoi que ce soit de différent de ce qu'il avait en tête revenait à tenter de convaincre un rocher de se transformer en écume. A son inquiétude pour une Alys presque à terme que l'angoisse mettait en danger, se mêlait une peur vivace pour une autre femme. Maddy le croyait-elle mort ? Avait-elle aussi mis au monde l'enfant qu'elle portait ? Il se força à penser à autre chose, de peur que son trouble ne l'éloigne de l'instant présent et que le pavot qu'on lui donnait ne prenne le dessus sur sa raison. « Quand aux petits, ils étaient terrifiés, ce ne sont que des gamins ... » commenta Robar songeant qu'il avait, un jour, été à leur place, regardant son père et Sam Stone franchir le portail pour se battre auprès de Jon Arryn contre la Couronne. Le souvenir du retour d'Andar ne l'avait jamais quitté après toutes ces années. Que garderait Lucas comme souvenir de cette guerre ? Et Edmée ? La nouvelle de la bataille était arrivée trop tardivement pour les évacuer vers Chênes-en-Fer mais Robar espérait qu'ils aillent bien. « J'imagine que c'est compliqué d'imaginer une visite de courtoisie aux vues des circonstances ... » ajouta le blond avec cynisme. L'absence de nouvelle autour de sa maison le laissait penser que Roches-aux-Runes résistait, qu'ils ne l'avait prise et qu'il y avait eut chance pour que les êtres chers à son coeur soient toujours en vie. Il grimaça en tentant de se redresser. « Je dois avouer, Lord Gerold, que vos exotiques invités n'ont guère été tendre la dernière fois que je les ai vu. Personnellement, je me passerai de réitérer l'expérience, j'espère que vous ne m'en tiendrais pas rigueur. » finit-il par dire. Il mettrait un moment à se remettre de ses blessures. Quand bien même il rentrerait chez lui, il ne serait sans doute pas capable de se tenir sur un champ de bataille avant plusieurs lunes. Et il se doutait que son hôte le savait.

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« C'est réellement la première question que vous avez à me poser ? »
Ce fut au tour de Gerold de laisser grimper un sourcil circonspect sur la hauteur bombée de son front, muant son expression insouciante en un léger étonnement. Puis, son attention se dissipa et de ses yeux soudain devenus flous, son âme parut s’absenter. Il dévia son regard vide vers l’accoudoir de son fauteuil et y demeura, distrait par quelque pensée l’ayant retenu, presque comme s’il s’était agi d’un rôle et qu’il s’était aperçu avoir oublié la tirade suivante.
Non, ce n’était pas la première, ce n’était même pas la principale. Il aurait éventuellement préféré pouvoir ne pas perdre de temps et rentrer dans le lard du sujet, trancher le nerf de la guerre et s’en aller après avoir extorqué tout le suc vital de son prisonnier sans faire d’efforts personnels. La guerre, ce n’était pas personnel et ça ne devait pas l’être. Mais voilà où il en était, à chercher dans la convenance une façon d’extraire un peu d’humanité à ce cynisme. Mais il fallait croire que sincère ou moquée, cette intention était risible et Gerold la relégua à ce qu’elle aurait dû être : un détail sans importance, un détour sur une route beaucoup plus longue. Néanmoins, Robar lui répondit avec une honnêteté à la hauteur de sa surprise, comme si les liens familiaux étaient capables d’abroger n’importe quelle haine.
« Et bien, la dernière fois que je l'ai vu, elle était inquiète mais elle allait bien. L'enfant qu'elle portait doit être né à l'heure qu'il est. »
Après l’incrédulité du beau-frère secondaire, Gerold s’était attendu à une forme d’hostilité, car après tout, qui était-il pour revendiquer des familiarités avec quelqu’un à qui il n’avait pas parlé depuis longtemps, surtout en de telles circonstances ? Mais la simplicité de cette réponse le laissa interdit, en proie à un fourmillement d’âme inattendu. C’était le danger des conversations que l’on menait dans son propre esprit : la réalité disloquait ces scénarios sécuritaires et le Grafton s’était soudain retrouvé, au détour d’une question désinvolte et par la faute de son propre sarcasme, dans une parenthèse de sa vie restée à jamais interrompue.
« Quand aux petits, ils étaient terrifiés, ce ne sont que des gamins... »
C’était banal. Ces choses étaient toujours banales, comme les pendaisons, les viols, les derniers mots que l’on prononce sur les champs de bataille ou sur son lit de mort, le poison que nous verse notre femme, les suppliques, l’agonie, l’innocence qui souffre et l’injustice qui sévit. Gerold eut un geste souple de la main qui n’exprima rien en particulier, ou le mouvement de la vie qui suivait son cours. Il avait été l’un de ces enfants, comme Robar probablement, à regarder l’incompréhensible monde se déchirer et devenir un enfer. Il avait accepté ce tumulte pour ne pas s’y noyer, mais devait reconnaitre que loin derrière la brutalité de son cœur, il éprouvait du soulagement. De toute façon, il était trop tard pour s’en faire.
« J'imagine que c'est compliqué d'imaginer une visite de courtoisie aux vues des circonstances...
- Je ne me souviens pas avoir récemment reçu une quelconque invitation » répondit-il d’une voix absente, plus par principe que par conviction pour parer à l’impudence du jeune homme.
L’estocade l’éveilla néanmoins, et il sortit de sa brève torpeur pour observer le Royce, bien plus docile que ce à quoi il aurait pu s’attendre. L’influence des frères était une chose mystérieuse et si certains héritaient de l’animosité de leur parent, d’autres se faisaient lentement infuser par l’antipathie fraternelle. Il aurait pensé, compte tenu de ce qu’il connaissait déjà sur ce jeune frère, que l’aigreur de l’aîné, la rancœur latente d’Alys, et l’allégeance des Grafton n’en fasse une pâle copie un peu bourrue et nerveuse d’Andar. Mais de fatigue, par fatalité, ou caractère éreinté, Robar n’était que lui-même, pas encore prêt, ou peu désireux d’être le reflet d’une émotion qui n’était pas la sienne. Gerold pencha la tête sur le côté et l’observa avec ce regard plongeant qui paraissait aller au plus profond du cœur et de la pensée. Et enfin, Robar eut cette grimace de douleur qui lui rappela que son visage était toujours hermétiquement nos pas à ce qu’il y avait en dehors de lui, mais à ce qu’il y avait en dedans.
« Je dois avouer, Lord Gerold, que vos exotiques invités n'ont guère été tendre la dernière fois que je les ai vu. Personnellement, je me passerai de réitérer l'expérience, j'espère que vous ne m'en tiendrais pas rigueur. »
Le sourire, qui n’avait jamais véritablement disparu et était resté en ombre quelque part sur son visage, réapparut d’un infime mouvement des lèvres.
« Je pensais que parler de ma sœur, ce précaire terrain d’entente, aurait été plus simple pour vous, mais je peux effectivement vous proposer une permission, elle ne nécessite qu’un changement d’allégeance. Et alors non seulement personne ne vous tiendra rigueur des erreurs passées, mais on sera également tous extrêmement tendres… »
Il souriait un peu plus franchement, sans menace, sachant parfaitement que cette plaisanterie était une flèche cassée destinée à ne jamais atteindre son but. C’était beaucoup trop tôt, mais si l’humour ne transperçait rien, il se plantait comme une graine dans l’esprit des hommes qui ne se méfiaient que peu de ce qui était absurde et faisait sourire amèrement, sans se soucier qu’une véritable possibilité y fut enfouie.
« Enfin, dit-il avec ce rire vibrant dans la voix qui marquait la fin de cette sottise, et son regard se balada sur le haut et sombre plafond de la chambre, il y a d’autres moyens de rester loin du champ de bataille. »
Il n’y eut là nulle ironie dans la tournure de son ton, car il s’incluait dans cet exil, cependant à regret. Une perle de sueur choisit le moment opportun pour glisser sur sa tempe, traçant cette ligne humide qui avait toujours été le parangon de la même chose, qu’elle fut larme ou labeur : la douleur.
« Lorsque tout aura trouvé son achèvement, vous n’aurez qu’à me convier » était-il revenu alléger le sujet avec ce qui semblait pour l’heure impensable, gardant tout de même en ligne de mire dans sa suggestion que cette fin était possible, qu’il y avait une vie où ils étaient encore tous les deux vivants et que pour cela, il fallait faire un choix. Ses yeux brillèrent d’une lueur étrange, presque espiègle, exhortée par la souffrance de son corps, tandis qu’il mesurait l’envergure d’un ennemi que la perspective d’un tel chemin pouvait remettre sur la voie de la loyauté envers son frère, ne serait-ce qu’en détails, car c’étaient non les plus grandes bûches qui faisaient repartir le feu, mais les petites brindilles insignifiantes et Gerold tentait, lançait dans ce caractère de braise un peu de sa flamme.
Robar Royce
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D'ordinaire, Robar aimait avoir le dernier mot mais malgré son attitude assurée et sa langue acerbe, il savait qu'il n'était pas en position de fanfaronner. Pas cette fois. Il y avait tout un tas de choses qu'il aurait aimé dire, tout un tas de remarque qu'il aurait aimé faire mais sa situation était bien trop précaire pour qu'il eut pu se le permettre. De plus, bien qu'Alys eut été la soeur du brun, leurs relations n'avaient jamais été au beau fixe et il ne pouvait nier que peu d'invitation formelles avaient été faite envers les Grafton depuis le mariage. Robar, lui, n'était pas du genre à s'embarrasser d'invitation : il s'était déjà rendu à Rougefort pour voir sa soeur sans attendre l'autorisation ou l'appel de Ser Creighton ou de son père. Mais les Royce et les Rougefort n'entretenait pas l'historique rivalité que Roches-aux-Runes avait avec Goëville. Finalement, les relations que son geôlier avait avec son beau-frère ou sa soeur ne concernaient pas Robar, et sans doute était-ce pour cela qu'il restait très en retrait de cette politique de voisinage étrange, bien qu'aujourd'hui, il en fasse les frais. Les choses auraient-elles été différentes si Lord Gerold avait été invité à rencontrer ses neveux ? Robar n'en était pas certain, mais ils n'auraient jamais la réponse à présent. « Nous y voilà donc ... J'imagine qu'appartenant à une même famille, bien que de noms différents, nous pouvons nous dire les choses franchement. » répondit le blond avec un sourire amer mais toutefois soulagée de constater que le valois n'avait pas l'intention de cacher ses motivations plus longtemps. C'était une chose qu'il lui accordait volontiers : ses choix étaient peut être discutables mais au moins il était direct !

Il aurait pu continuer de s'amuser du discours du Grafton, mais il n'en avait nulle envie : s'il était honnête, bien qu'il n'ait jamais considéré l'éventualité de se joindre au frère du Roi, son propre rapport à la monarchie en place était compliqué. Son mariage était le résultat d'une compensation suite à la mort de son père, son épouse avait été proprement infecte durant le temps de leur union et il avait du subir l'humiliation des racontars sur sa soit disant fuite après la fausse couche de Rhaenys qui n'était rien de plus qu'une interruption volontaire de sa grossesse, presque à terme. Qu'avait fait Rhaegar Targaryen pour les siens ? Il avait pardonné Andar suite à la rébellion du Cerf, mais son frère n'était qu'un enfant à cet époque, un écuyer qui dépendait des décisions d'un autre et n'avait pu que suivre. Il lui avait donné Rhaenys, cadeau empoisonné au demeurant et même après les aveux de sa fille, il s'était rangé de son côté, niant la douleur et le deuil d'un Robar ayant perdu le fils tant attendu, autant que la face. Alors oui, son allégeance était flageolante, mais il n'était pas certain qu'un autre dragon trouve grâce à ses yeux. « Si je puis me permettre ... En quoi mon allégeance vous serait d'une quelconque utilité ? » demanda Robar, suspicieux : après tout, ce n'était pas comme si son choix changeait quoi que ce soit à la face de la guerre. Ni seigneur, ni suzerain, son allgeance allait à Andar plus qu'à Rhaegar. « Si Marq devenait soudainement le meilleur ami de Rhaegar Targaryen, cela changerait-il la votre ? » rétorqua-t-il sur la défensive, tel un animal blessé qui attaquait pour mieux se défendre. Le monde se moquait bien des allégeances des puinés. Détournant le regard, le blond soupira avec fatalité. « En outre, vous ne parlez qu'à un simple chevalier sans aucun pouvoir ou influence politique, que tout le monde doit croire mort et qui a, en plus, eut la bonne idée de se laisser toucher assez pour rester aliter encore plusieurs lunes. Même si dans votre grande générosité vous décidiez de me laisser rentrer chez moi, je ne pourrais me battre pour aucun camp. » C'était la douloureuse vérité : quelque fut son choix, à moins que la guerre dura encore des années, il ne reverrait pas un champ de bataille avant plusieurs lunes. Sa respiration était encore douloureuses, il peinait à s'alimenter et chaque mouvement lui coutait : dans ses conditions, courir ou même porter son armure était impensable. Il eut une pensée triste pour l'armure rouge qui devait sans doute prendre la poussière, ou les flammes, dans un coin de la cour du château. Reportant son attention sur le seigneur des lieux, il poursuivit. « Je crains de devoir ajouter à la liste de mes non qualités que m'avoir ne vous sera non plus d'aucune utilité vis à vis de Port-Réal : Rhaenys Targaryen doit sans doute regretter de s'être abaissée à une annulation qui l'a publiquement humiliée alors qu'en attendant quelques lunes, elle aurait pu être veuve. » Un rire sans joie s'échappa de ses lèvres à cette idée. Peut être était-il le seul à penser à elle à cet instant : elle n'avait probablement que faire de savoir ce qu'il advenait du Val ou de celui qui fut, pendant plusieurs années, son époux. Mais il ne l'envisageait pas du tout se faire un sang d'encre pour lui si c'était le cas. « Je n'ai guère l'habitude de dresser un si pauvre portrait de ma personne mais ... Allons y, Lord Gerold, discutons d'allégeance. » renvoya-t-il, attendant du brun qu'il explicite le pourquoi de sa demande après la démonstration évidente qu'elle ne lui serait d'aucune utilité.

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« Nous y voilà donc... »
Oui, les y voilà. Gerold, d’un regard veule, s’abreuvait de la fatigue défensive de son prisonnier ; ils étaient tous ainsi, à se renfermer dans un sarcasme froid mais vague, tournant de l’oeil et jonchant la couche comme une fleur coupée ! Chez le Royce cependant, il y avait une forme d’abandon revêche, qui s’illustrait dans ses phrases ourlées par de silences tolérants. Certains considéraient les gens comme Robar d’acteurs par défaut : ils étaient là parce que la vie les y avait placés. Robar était là parce que la vie l’avait lié aux ambitions de son frère et de sa famille, le dépossédant des siennes. Mais Gerold, qui avait un cadet semblable, pensait davantage y voir la navigation incertaine d’un homme condamné ; ou s’étant condamné, à occuper l’horizon des évènements.
« Nous pouvons toujours nous dire les choses franchement, à condition d’être prêts à en souffrir les conséquences... » avait-il bourdonné sa pensée sans trop d’attention.
Il ne s’agissait pas d’une mise en garde, mais d’un dédain pour les liens du sang. On livrait plus facilement la vérité à un inconnu qu’à un membre de la famille, à condition évidemment de redouter le guerre et préférer la paix. Gerold n’était pas de ces gens là ; il avait un caractère suffisamment désagréable pour ne pas craindre le désordre et aimer la quiétude sans compromis. Son propre père l’avait toujours redouté pour cette capacité à ne pas céder – chose qu’il avait sans cesse faite pour ne pas se faire d’ennemis. Gerold était comme né seul : il avait grandi séparé de sa mère, sans frère, ni soeur, aux côtés d’un père turbulent qu’il aurait pu prendre sous sa tutelle, et il avait grandi sans amis. Un tel isolement moral avait créé en lui cet esprit tout juste assez aimable, tout juste assez triste, qui s’enflammait de peu et s’éteignait de rien, pas bon, pas méchant, insociable en somme et plus proche des bêtes que de l’homme. La vérité, Gerold n’avait eu nul besoin de lien du sang pour la dire. La vérité était pour lui un calcul, mais pour Robar, peut-être une sorte de libération… ?
« Si je puis me permettre ... En quoi mon allégeance vous serait d'une quelconque utilité ? »
Gerold buta sur cette question comme une fourmi sur sa brindille. Cela faisait partie de cet ordre de sujets dont on ne se souciait plus, tant ils paraissaient appartenir à l’évidence. La défaite et la victoire étaient les dénouements sine qua non à une guerre, alors que survivre était le mouvement naturel de chaque entité. Pensait-il être insignifiant, ou condamné ? Gerold considéra le jeune Royce, replié en lui-même, se demandant si cet homme ne s’était pas inconsciemment résigné à être l’ombre anodine d’Andar. C’était du moins le premier prisonnier, le premier opposant qui questionnait sa propre importance. D’un point de vue factuel, Robar était un traître facile : ses liens avec la progéniture royale en faisaient une source potentielle de rancune et de ressentiment. Puis, cette famille était soumise au pardon régalien depuis des décennies, sentant encore dans leurs veines couler la fange d’un péché n’appartenant pas à cette génération, et contre leur nuque, le souffle d’un roi magnanime. En se comportant tels des obligés devant le Roi, les Royce s’étaient condamnés à devoir pour toujours aux Targaryens une forme de culpabilité. Ils étaient fautifs, encore aujourd’hui, et peut-être que ceux n’ayant rien commis commençaient à y voir une forme d’injustice...
« Si Marq devenait soudainement le meilleur ami de Rhaegar Targaryen, cela changerait-il la votre ? »
Cette remarque qui, comme un coup de lame, fit vibrer l’air, décocha seulement un lent rictus impénétrable et figé au Grafton. C’était toujours mieux que de saigner. Les sentiments, ce recours inégalé !
En l’absence de réponse concrète, ou peut-être parce qu’il était déjà en haut d’un précipice mental, le Royce rabaissa sa stature dans une cascade de reproches, défaillances et médiocrités. Devant les silences, certains se renfrognaient, mais rarement pour très longtemps ; ils se révélaient pour combler le vide de leurs oreilles ou de leur coeur, et quel plaisir de voir quelqu’un jaillir de soi-même, de se montrer ! Par orgueil, par inconscience ou par simple malice qui voulait surprendre, se montrer dans la lumière et dire « je ne suis pas ce que vous pensiez… ! ». Pour la plupart, le discours était triomphant, mais Robar lui livrait le pire et Gerold se demanda s’il s’agissait d’une méticuleuse stratégie pour se rendre quelconque. Ou le croyait-il véritablement ?
Il soupira doucement alors que le récit du jeune homme semblait arriver à sa fin. Comme après un lourd orage, le chevalier sans armure se laissa échouer sur une plage de dépit un peu vif, mais déjà fatigué. Gerold baissa ses larges paupières, révélant leur nacre, et observa ses longs doigts entrelacés dans une complexe broderie. Le silence se prolongea, irritant ces nerfs qui avaient tant parlés.
« Je pourrai vous dire qu’il s’agit d’une bête vengeance, dit-il avec un calme mesuré. Les préférences de Marq ne me feraient pas changer d’avis, mais elles m’affligeraient la pire des peines qu’un grand-frère puisse imaginer. »
Le Grafton releva ses yeux alanguis, semblables à deux ronds d’encre sans fond ni mouvement, tranquilles comme une tombe de révéler ce qui paraissait être une faiblesse exploitable.
« Je pourrai vous dire que suffisamment d’hommes sont morts, et que c’est l’un des destin qui peut-être vous attend encore ; je pourrai vous dire que votre tombe est le poids qui pourrait faire ployer le genou de votre frère, fit-il cette douce menace d’un ton semblable à son aveu. Je pourrai vous dire que vous serez l’exemple : celui qui ouvrira la voie de l’allégeance aux réfractaires du Val, ou celui qui brûlera vif, et qu’on entendra dans tout le royaume hurler la douleur des nerfs et de la chair qui cuit, restant conscient assez longtemps pour sentir son corps brûler en totalité. »
Gerold fit une pause dans la musique réglée de sa voix, profonde et veloutée. Ce n’était pas par manque de coeur, ni par cruauté qu’il avait tenu un ton douceâtre, mais pour mieux ancrer dans l’imaginaire des vérités aux conséquences assez terribles pour faire de l’ombre à leurs causes. Il imposa un silence chargé de souffre, de folie vengeresse et de douleur aiguë. Parler demandait une harmonie semblable à celle des orchestres, et plus les battements étaient ingénieux, plus on l’écoutait. Alors doucement, sans vraiment s’effacer, son sourire disparut et sont visage devint appliqué ; ses yeux se tournèrent vers Robar et y restèrent :
« Si vous n’êtes qu’un simple chevalier sans influence dont l’allégeance ne changera rien à la vie de personne, pourquoi me la refuser ? »
Ce n’était pas ce qu’il avait prévu, mais à la réflexion, rhétorique contre rhétorique, et Gerold lâcha un petit rire de circonstance, avant de reprendre un ton plus mesuré.
« Je crois que vous avez l’impression d’être sans importance parce que vous ne savez pas ou ne voulez pas utiliser votre influence. Dans tous les cas, vous pouvez devenir bien plus ; vous en avez les compétences. L’allégeance des gens d’importance, c’est bien, mais l’allégeance des gens de qualité, c’est mieux. D’autant que les gens de qualité d’aujourd’hui dont les gens d’importance de demain... » ajouta-t-il, s’illustrant d’un vague geste de la main.
Après tout, compétent ou pas, il était passé de « simple » seigneur à main du Roi, et il espérait bien que ce fut par mérite. L’exemple le plus parlant néanmoins était ser Cassandre, passée des fosses d’esclave à Capitaine de la Garde Émeraude.
« Si on vous renvoie chez vous, rien ne changera pour vous, c’est un fait. Vous resterez là où vous étiez avant de partir, avec les contraintes que vous avez et la vie cachée que vous meniez. Suivre mon Roi vous autorisera à envisager davantage. Ou d’avoir la même chose, mais différemment. »
Tout le monde n’avait pas les mêmes ambitions, mais chacun nourrissait des aspiration et Gerold le savait bien pour avoir observé Marq, que ceux qui vivaient dans l’ombre souhaitaient souvent en sortir, ne serait-ce que pour cesser d’être des reflets d’une dynastie centenaire.
« Mais il y a une vie après la maladie et les blessures guérissent: vous êtes un excellent combattant, courageux…  Vous êtes mesuré, sans excès, résilient, résistant… ondulait-il entre pauses et énumérations en vagues, habitué à être le second, à ne rien espérer en plus et à observer votre place… Si vous manquez d’influence, vous pourriez aisément en avoir davantage… Est-ce que ça vous semble être une mauvaise idée ? Seriez vous contre ? »


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Il n'y avait plus de taquinerie dans la voix de Robar. Rien de l'attitude si provocante et sur de lui qu'il avait pu montrer au monde durant ses vingt-sept années de vie. C'était dans ces moments qu'il constatait combien son esprit pouvait être morne, tristement sévère, effroyablement pragmatique. Sa situation ne lui permettait pas de cacher son anxiété avec humour, et pourtant, s'il doutait que ses mots furent ceux que Lord Gerold désirait entendre, il fut surprit de l'étincelle d'intérêt qu'il perçut chez son geôlier. La guerre n'était pas blanche ou noire. Les partis n'avaient pas tort ou raison. Bien sur, Robar avait ses propres raisons de brandir l'étendard des loyalistes : s'il avait constaté très tôt la dégradation de la santé de Rhaegar Targaryen, s'il avait tempêter contre son attitude favorisant la princesse à la justice, la bannière de Viserys Targaryen n'était pas plus blanche que celle de son aîné. Robar se demandait si Lord Gerold en avait conscience ou s'il croyait aveuglément en son prince. Lui, ne pouvait ôter le souvenir de Wynafryd Manderly sur les remparts de Froideseaux : Lady Wylla n'était pas qu'un nom sur un papier, c'était la soeur d'une estimable dame et il aurait le sentiment de cracher sur tout ce qui était juste en suivant celui qui avait manqué de la tuer. Il eut cependant un rire, entre la nervosité et la lassitude à la mention de son cadavre convainquant son frère de rejoindre les rangs des rebelles. « S'il y a une chose dont je puis vous assurer, Lord Gerold, c'est que si mon frère pleure actuellement ma mort, savoir qu'elle n'a pas eut lieu sur le champ de bataille mais ici, sous votre ordre, ne fera que renforcer sa détermination à vous résister. » commenta froidement Robar. Il s'était préparé à une exécution sommaire et ne craignait pas la hache du bourreau même si le feu d'un dragon lui paraissait être une effroyable manière de mourir. « Cela doit être le sang des Premiers Hommes ... Les Royce ont la tête dure et la rancune tenace. Nous nous souvenons, tel est notre fardeau. » Et ils se souvenaient. Ils se souvenaient que les Targaryen n'apportaient que malheur dans leurs sillages. Ils se souvenaient que la justice appliquait toujours son poing vengeur sur les félons. Andar ne céderait pas sous la nouvelle de son décès : s'il ne faisait pas déjà le siège de Goëville, cela signifiait qu'il ignorait qu'il était ici. Ou peut être était-il lui même en mauvaise posture. Mais sous ses dehors d'homme brisé, fragilisé par des années d'alcoolisme, Andar était un Royce, un descendant des premiers hommes. Sa fierté n'avait d'égal que son pouvoir. Et sa bêtise aussi. Ils étaient deux grands crétins et son aîné finirait sur un champ de bataille pour châtier ses assassins plutôt que pliant face à eux.

Haussant les épaules autant que son état le lui permettait, Robar contredit le valois. « Le seul ennui, mon seigneur, c'est que je ne ploie que devant Roches-aux-Runes et son seigneur. Que celui ci soutiennent Rhaegar Targaryen, son frère ou l'arrière cousin de sa tante m'importe peu ... J'ai assez donné avec les dragons. » expliqua-t-il. La fin de sa tirade lui arracha une grimace amer. L'histoire se répétait entre Royce et Targaryen et bien qu'ils se souvenaient, visiblement ils n'apprenaient pas. Si le jeune Robar n'avait que faire des dragons si lointain, celui qui avait été promis à Rhaenys Targaryen savait d'ors et déjà que les choses finiraient dans le feu et dans le sang. Comme sa lointaine ascendante, il aurait pu ne pas survivre à un tel mariage, tout comme elle, il n'avait donné d'être mêlant son sang à celui de l'antique Valyria. Mariage stérile. Mariage malheureux. Mariage de mauvais augure. « J'y ai risqué ma réputation, mon honneur ... Mon propre enfant. » Ce fils ne verrait jamais le jour et bien qu'il en ait fait le deuil, se réconfortant à chercher l'affection de Rosenn, à imaginer le futur de l'enfant que Maddy portait, riant de son pari assurant qu'il s'agissait d'un petit garçon, il savait que jamais sa progéniture ne porterait le nom de Royce. Des Stones, voilà ce qu'ils demeureraient, des pierres polies au rythme de la générosité de leur oncle, de leurs cousins, ... Pour eux, la liberté dont il ne disposerait jamais, mais certainement pas la reconnaissance. La lignée ne perdurerait qu'à travers la descendance d'Andar, à travers Lucas et son petit frère. « Qu'ils s'entretuent si ça les chante, pour ce que ça m'apporte. Car je ne vois aujourd'hui rien que votre Roi puisse m'offrir qui puisse m'arracher au seul serment sacré qui compte : celui que je voue à mon frère et à mon nom. Si Andar décidait de changer de bannière, alors notre conversation n'aurait lieu d'être car je me moque bien de sur quelle tête blonde se pose la Couronne. » Une part de lui le pensait sincèrement. Une autre se demandait si au final, cela ne revenait pas à choisir entre un mal et un autre. La lignée Targaryen n'était-elle pas gangrénée jusqu'à la moelle ?

Il finit par retourner la question à son hôte, n'imaginant aucunement ce qui pouvait se dissmuler sous les paroles séductrice du seigneur de Goeville. Sans doute courtisé des lunes, des années avant ce jour, Lord Gerold semblait bien certain de la manière dont son nouveau maître voyait les choses mais lui n'avait aucune idée des projets du prince déchu. Que comptait-il faire vis-à-vis des Manderly ? Que comptait-il faire vis-à-vis du reste de sa famille ? Le sort du Roi ne faisait aucun doute, s'il survivait jusque là. Celui du jeune prince héritier semblait étrangement funeste à première vue, mais qu'adviendrait-il du prince qui avait renoncé à son trône, acclamé par les fidèles sudistes de la Lumière ? Que ferait-il de l'insolente princesse qui avait été son épouse ? De cette si discrète soeur qui fleurissait dans le Conflans ? Plongerait-il Westeros dans un nouvel hiver ? « Qu'aurait votre Roi à m'offrir ? La vie ? J'admet volontiers que je préférerais voir ma fin venir comme celle du vieux Tardif : âgé, dans mon lit, et épuisé par une ravissante jouvencelle. Mais je ne suis pas prêt à tout pour cela. Aujourd'hui, la vie ne compte plus dans la balance. Vous étiez à Winterfell ... Vous le savez. » Le souvenir de la bataille contre les morts était vivace, violent, toujours inscrit dans sa chair bien que ce ne fut plus la blessure qui le faisait souffrir le plus. « J'imagine qu'il a du vous promettre bien des choses, n'est-ce pas ? Ma curiosité me pousserait à vous demander la valeur de votre soutient : que peut-on vous offrir que vous ne possédez pas ? Les Eryés ? Une place à son conseil ? » demanda Robar, empreint de curiosité et de lassitude. Il ne jouait toujours pas de carte provocatrice, cherchant simplement à comprendre les tenants et aboutissants du nouvel ordre promis par Viserys Targaryen à ses soutiens. Le renversement des familles suzeraines en place semblait évident : Harrold était encore un jeune seigneur et la débâcle de la dernière bataille, à laquelle il n'avait pas participé, retardé par la route, mettait à mal ses premiers actes de suzerain. Il ne doutait pas non plus que Nerbosc, Tyrell et autre Stark connaitraient la même chute à moins de rejoindre les bastions du prince, quoi que s'il s'était attaché la loyauté de traitre bannerets, rien ne garantissaient qu'on leur épargne une telle humiliation. « Je crains de n'aspirer à rien de cela ... » souffla-t-il, le regard dans le vide. Non, il n'était pas un ambitieux avide de pouvoir : il aimait peut être les titres mais pas les responsabilité qui incombaient à un seigneur. Il se souvenait avoir rit des négociations de son mariage, reculant autant que possible l'inévitable en demandant de devenir prince, sachant la chose impossible. Cela ne l'avait pas empêché de s retrouver avec Rhaenys Targaryen à son bras les années suivantes avec la seule joie d'être marié à une princesse. La belle affaire ... Non il n'imaginait pas la place que Viserys Targaryen et son seigneur valois lui réservait, et il craignait ce que pouvait sous entendre ce dernier.

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« S'il y a une chose dont je puis vous assurer, Lord Gerold, c'est que si mon frère pleure actuellement ma mort, savoir qu'elle n'a pas eu lieu sur le champ de bataille mais ici, sous votre ordre, ne fera que renforcer sa détermination à vous résister. »  
Théâtral, Gerold ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel malgré le ton catégorique de son prisonnier. Dans leur adolescence à tous autres égards irrésolue et endolorie, les Royce adultes étaient encore plus agressifs et accortes que dans leur jeunesse passionnée déjà jusqu'à l'absurde. N'importe quelle émotion semblait rincer la cervelle de ce frère brun à l'haleine jadis spirituelle. Le Grafton n'était même pas étonné ; il levait les yeux vers les Dieux quand même. Oui, oui, il savait que chez Andar, ce n'était pas une affaire de raison, mais d'impulsions. L'homme qui se jetait dans les bras de ses instincts comme un marin balloté par l'infini océan. A un moment indéterminé de l'histoire, ils avaient commencé à se haïr et aujourd'hui plus rien ne paraissait pouvoir inverser le cours des choses. Non pas que Gerold l'eut voulu, ce ressentiment était une forme de flatterie, mais il y avait tout de même quelque chose d'effrayant lorsqu'on observait un cheval au galop incapable de s'arrêter. 
« Cela doit être le sang des Premiers Hommes ... Les Royce ont la tête dure et la rancune tenace. Nous nous souvenons, tel est notre fardeau. » 
La tête dure à casser des cailloux oui... Ils avaient le même fardeau que tout le monde : ils ne se souvenaient que de ce qui les arrangeait. Considérant tout le passif qu'ils avaient avec les Targaryen, leur famille aurait pu tout autant décider de quitter les terres pour échapper à l'attraction gravitationnelle qu'était ce trou noir draconique. Mais ils étaient encore là, à prétendre des griefs à droite et à gauche, tout en naviguant selon la direction du vent le plus favorable, cernés entre la mansuétude d'un roi plus très aiguisé et d'un mariage avorté. Et maintenant une révolte venue de l'Est... Peut-être était-ce une erreur de calcul, et Gerold aurait dû confier Robar à quelqu'un qui ne serait pas aux yeux de son frère tel un diable dansant sur fond de fournaise. 
Gerold jeta un regard aux paupières fatiguées et languides sur ce Royce qui achevait d'enraciner les valeurs de sa famille par ses propres choix. Il n'en menait certes plus très large sur son petit lit bourré de duvet d'oie, blessé et grelotant, mais... Bien baraqué, beau, nonchalant et féroce, champion chevaleresque, tombeur de petites paysannes, ce frère combinait le charme de l'athlète en villégiature avec le ton de voix affecté de l'âne snob. Ce qu'il avait le plus détesté chez Robar au premier coup d'oeil avait été sa belle face ronde, cette peau de bébé, ces joues nettes et lisses de l'homme au rasage facile. Lui, il saignait chaque fois qu'il se rasait, et cela promettait de durer jusqu'à sa mort.  
« ... J'ai assez donné avec les dragons. 
- Pour quelqu'un qui en a assez donné, vous n'êtes jamais bien loin, de ces dragons, commenta-t-il d'un ton nonchalant, soulignant du regard la pièce dans laquelle ils se trouvaient. On n'échappe pas aux dragons, il faut seulement composer avec » ajouta-t-il sans vraiment s'adresser à Robar.  
Ce dernier d'ailleurs grimaçait. De douleur, peut-être, mais Gerold s'imagina qu'était ainsi soulignée la fragilité globale de son discours. Il se demanda si servir Andar n'était pas le chemin de la facilité pour ce frère blessé par ses propres choix. Il semblait n'avoir aucun blâme envers son frère, contrairement à tant d'autres. C'était le seul maître qui ne l'avait jamais blessé. Mais il s'enfonçait tout de même dans le marécage de l'amertume, ôtant le bouclier de la loyauté et l'armure de la vertu, pour sombrer malgré tout.  
Doucement, la tête du Seigneur de Goëville prit appui contre son poing fermé, tandis qu'il s'oubliait dans la contemplation d'une explication qui paraissait marcher sur deux jambes cassées. Son demi-sourire, jamais totalement évanoui, disparut au profit d'un regard perçant et attentif, presque navré, accompagnant silencieusement son prisonnier dans le siphon de sa tourmente personnelle. Il croyait découvrir finalement un cœur humble, niant ses ambitions simplement parce qu'elles manquaient d'envergures en paraissaient ne pas en être. Jadis, Gerold avait cru ne pas être de ceux-là : il avait toujours su qu'il serait l'héritier, son chemin avait été tout tracé pour devenir, si ce n'est grandiose, du moins important. Mais voilà, étaient chanceux les héritiers dont l'ambition épousait le devoir, et parfois sentait-il en tant que Grafton tout le poids de la généalogie et de la politique, qui allaient bien au-delà de tout intérêt personnel.
« J'imagine qu'il a dû vous promettre bien des choses, n'est-ce pas ?... » 
Gerold ne broncha pas. La question pourtant l'avait intrigué, non pas pour la valeur presque intime qu'elle apportait à la conversation, mais pour ce qu'elle disait sur celui qui la posait. Le pensait-il aussi simpliste et vénal ? Jamais n'avait-il entendu Robar faire un si long discours, être bavard sans quolibets. C'était comme si l'instant engageait à la rétrospective... Il parlait, négociait, argumentait, presque avec soi-même. Du moins, Gerold n'avait pas eu le sentiment de devoir intervenir, de relancer l'engrenage. Il se vidait dans une sorte de rhétorique, comme s'il n'attendait qu'une chose : qu'on vienne le convaincre du contraire, lui prouver qu'il y avait autre chose. Mais Gerold avait surtout l'impression qu'après avoir perdu la foi en tant de choses et après avoir été déçu tant de fois, retranché à la clandestinité, ce petit frère s'était raccroché à la seule valeur sûre qui lui restait dans la vie : son ainé et maître. Au moins, dans le kaléidoscope incessant de la vie, cette hiérarchie-là avait du sens. La seule chose qui avait du sens.  
Lorsque l'observation du Royce prit fin, Gerold ne répondit pas tout de suite et se laissa aller à un silence aveugle, le regard contemplant les choses sans les voir. Il finit par dire néanmoins, encore plongé dans le nimbe embrumé de sa pensée et un sourire indistinct allongé sur les lèvres :  
« J'imagine qu'il a dû vous promettre bien des choses, Andar, n'est-ce pas, pour acquérir votre loyauté...? » 
Tel un miroir, il singea sans moquer, mais faire écho à l'affront. La questionne n'en était pas une et était là que pour faire son office : illustrer. Cette parenthèse soulevée, le Seigneur de Goëville revint aux songeries dans lesquelles l'honnêteté de Robar l'avait plongé. Il fut tenté d'esquiver ce qui nécessitait négociation de point de vue pour en revenir à l'essentiel, mais justement, Robar avait été honnête et curieusement, Gerold considéra à lui rendre cette galanterie. Mais voilà, ces choix n'étaient jamais simples à argumenter.  
« Vous avez l'air de penser qu'il n'y a que la corruption qui puisse justifier un acte de... haute trahison, commenca-t-il d'un ton de velours, encore plongé dans sa pensée, satisfaisant au vocabulaire de son opposant. Mais y a–t-il trahison, lorsqu'il n'y a pas de choix ? Il n'y a pas une grande distance entre trahison et absence de fidélité. » 
Et Robar devait bien le savoir avec le mariage forcé qu'il avait subi, échec absolu d'un geste qui avait pourtant été une forme de grâce. Ses lourdes paupières papillonnèrent et le Lord parut s'éveiller doucement, mais pas totalement... 
« Que fait-on, lorsqu'il y a des émeutes et des révoltes ?... demanda-t-il de sa voix trainante. On rassemble ses alliés et on y met fin. On étouffe les requêtes de l'orgueil ou du bon sens, parfois actes de désespoir dans une tentative de changer l'ordre des choses. De ce côté-là, on sait qu'il n'y a jamais de trahisons réussies, car lorsqu'elles réussissent, l'histoire leur donne un autre nom. » 
Son sourire s'accentua, un peu cynique, mais pas mauvais. Il y avait vraiment de quoi rire, quand on y pensait.  
« Vous parliez du lien sacré de la famille ; pour qui croyiez-vous que fasse tout cela ? J'ai la responsabilité éthique de me demander si ce que je fais me rend plus faible ou plus fort au quotidien. Une responsabilité envers ma famille, mes domestiques, mes alliés, toutes les personnes qui dépendent de moi d'une façon ou d'une autre. Plus je suis faible, plus tous ceux qui dépendent de moi sont sujets à la faiblesse, au ressentiment, mais surtout à la tyrannie. » 
Il avait eu la galanterie de ne pas sous-entendre à Robar qu'il se cachait derrière les jupons de son grand-frère pour échapper à une complexité qui le dépassait. Pouvait-il vraiment le condamner...? Gerold était un seigneur, mais il avait toujours su que ce qui modelait un système, c'était les petites décisions que prenaient les individus au quotidien.
« Viserys Targaryen m'a donné un choix ; il m'a offert sans le vouloir la liberté de choisir, dit-il finalement d'un ton ferme ce qui avait été, en quelques mots, la substance de sa résolution. C'est la beauté des révoltes : on est davantage flatté par quelqu'un qui tente de gagner notre confiance plutôt que par quelqu'un qui pense l'avoir d'emblée acquise. »   
Il ne prétendait pas pouvoir renverser le pouvoir des dragons ; il fallait évoluer selon les règles acceptées du jeu. Il ne savait même pas si la victoire allait être sienne et s'il ne menait pas tout le monde vers la mort, mais au moins n'avait-il plus tant l'impression de vendre les bribes de son âme en demeurant silencieux. Mais ces choses-là, on ne les disait pas... Il soupira, redevint songeur languide : 
« Les serments sacrés ont toujours un double tranchant. Ils ordonnent la loyauté, mais pas l'aveuglement. Alors si vous pensez que votre situation et... celle de votre famille sont la meilleure chose que vous puissiez espérer l'un pour l'autre, alors soit. Sur votre lit de mort, qu'il soit d'or ou de paille, de vieillesse ou de jeunesse, je ne puis que vous souhaiter de n'avoir aucun regret... » 


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Robar Royce & @Gerold Grafton

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Le blond étouffa un rire sans joie : ce n'était pas faute d'essayer mais ce n'était pas tant lui qui demeurait dans le girons des dragons que ces derniers qui semblaient ne pas vouloir le lâcher. Ce fut plein de cynisme qu'il répondit. « Je vous dirais bien que j'ai un charme exceptionnel qui les attire mais je n'ai pas pris de bain depuis bien trop longtemps pour que vous puissiez percevoir combien je suis un être incroyable à vivre. Ceci dit, voilà un bon point pour vous : composer avec ... De toute façon, le soleil de l'Est ne m'irait pas au teint. » Composer avec. Le continent entier ne vivait-il pas ainsi depuis des siècles ? Une nouvel ère s'était ouverte avec la conquête des trois Targaryen, une ère qui avait apporté son lot de malheur mais qui, il ne pouvait nier l'Histoire, avait aussi permit un grand nombre de chose. Unis sous une seule couronne, Westeros avait grandi, coopérer pour le meilleur comme pour le pire.  Ses sourcils se froncèrent en entendant le seigneur de Goëville railler à demi-mot la louayté qu'il vouait à Andar : ce n'était pas des promesses qui le tenait auprès de son frère. C'était le sang. Il n'y avait rien de plus sacré que cela aux yeux de Robar : bien sur, pour un puiné que voulait se faire un nom dans la grande histoire, demeurer dans l'ombre de son frère n'était pas des plus flatteurs, mais il était bien trop attaché aux siens, à ces terres, à son histoire, pour tout quitter. Et pourquoi ? Devenir maître d'arme d'une maison plus prestigieuse encore ? Entrer dans une garde en espérant obtenir des privilèges de la part d'un autre grand seigneur ? C'était bien futile. Mais il ne s'attendait pas à être compris : le mariage d'Alys et Andar n'avait pas adoucis les rancunes entre Grafton et Royce tout comme son mariage avec Rhaenys n'avait rien voulu dire pour elle. « Allons Lord Grafton ... La trahison est dans le sang des Bracken depuis aussi longtemps qu'il existe une hiérarchie à renverser mais votre maison ... Par les Sept, mes ancêtres me renieraient surement de le dire. »  Il afficha un sourire en coin. Les Grafton n'avaient pas obtenus, comme bien des familles westerosi, ils s'étaient fait. Ils avaient gagné leur noblesse par leur habileté à forger des alliances toujours plus avantageuses pour eux autant que par leur talent à gérer les affaires commerciales au point de faire de Goëville l'une des plus grandes villes du continent. « Tous les grands noms de Westeros sont entachés de petites décisions discutables et honteuses, la mienne n'échappe pas à la règle je le reconnais volontiers, mais il y a toujours une raison. » Il ne croyait pas aux nobles intentions, à l'altruisme pur ou aux idées comme seule source de motivation. Personne ne faisait quelque chose de dangereux pour des motifs aussi abstrait. Même Eddard Stark qui se cachait derrière son honneur et sa fierté n'avait pas rejoint le camp de Robert Baratheon par simple grandeur d'âme. Plus de pouvoir, plus d'or, une femme, une revanche ou des terres, les gens voulaient toujours quelque chose.« Et, en l'occurence, je ne parviens pas à voir quelle serait la vôtre en dehors de quelques promesses que seul un prince, ou un roi tout dépend du point de vue, pourrait exaucé. » Que pouvait vouloir un homme qui était à la tête d'un port prospère, d'une famille riche et à qui tout semblait sourire ?

Il se tut de longue minutes, laissant son hôte monologuer, ponctuant ses mots de quelques mouvements de sourcils qui trahissaient ses réflexions. Ces dernières étaient variées mais son emprisonnement limitait sa capacité à croire en la beauté de ce qui motivait les rebelles. Un simple droit au choix ? Et quel choix avaient-ils ? La peste et le choléra. Un dragon et un autre. Ce n'était pas un choix. C'était une illusion. « Voilà de bien beaux discours sur la loyauté et les serments pour défendre une position aussi philosophique que celle que vous avez dit prendre. J'aimerai croire que vous ne faites ça que pour la beauté du libre arbitre, en remerciement à l'homme qui vous a permit de vous affranchir d'un ordre établit possiblement injuste mais ... » Robar se mit à gratter une groupe de sang séché sur son bras. Son ton avait retrouvé la lassitude de la vision désabusé qui était sienne. « J'ai assez trainé dans les couloirs du Donjon Rouge pour ne pas croire que ce soit la seule volonté d'un prince qui a grandi la dedans toute sa vie. » Il y avait un fossé entre la noblesse, déjà fort éduquée à la politique et la maison royale qui baignait dedans depuis les langes. Il avait éprouvé bien des choses pour Rhaenys : de la colère, du désintérêt et même une forme de complicité lorsqu'ils s'étaient alliés pour obtenir leur libération conjointe d'un mariage catastrophique. Mais il devait reconnaitre qu'elle maniait la politique d'une main de maitre, il en gardait le douloureux souvenir. « Croyez moi, Lord Grafton, j'ai épousé l'un d'entre eux. » ajouta-t-il, remontant un regard sombre sur Gerold, emplis d'une amertume que penser aux dernières années lui apportait.

Grimaçant le chevalier rouge, dont l'armure carmin était remplacée par des plaies d'une couleur similaire, tenta de trouver une position confortable qui lui permettait de faire face, autant que possible à son hôte. L'oeillade toujours mauvaise de ses pensées précédentes, il rapella. « En outre, comme je vous le disais, je me moque bien de la tête sur laquelle repose la Couronne. Rhaegar, l'un de ses maudits gamins ou le cousin de son frère cela ne pourrait moins m'importer. Mais je n'ai aucun pouvoir de décision et si j'aspire juste à briller en tournoi et à ce qu'on me foute la paix, ce n'est pas le cas de mon frère. » Car il était une chose que beaucoup oubliait : Andar s'était trouvé de l'autre côté de la rébellion. Lorsqu'il était écuyer de la maison Tully, il avait déjà marché contre Port-Réal, contre Rhaegar Targaryen et le pardon qu'il avait obtenu, et dont Robar se demandait encore les motivations, le liait à ce dernier plus qu'aucun serment. Il avait vu la colère d'un roi qui avait encore toute sa tête, il avait vu les corps sans vie de sa deuxième famille et il en était encore hanté. Le blond ignorait si son frère tenait vraiment à garder Rhaegar sur le trône, mais ce souvenir devait surement être ce qui le motivait à en défendre les couleurs. Robar comprenait mais en son fort intérieur, il espérait que son frère ait assez d'instinct de survie pour reconnaitre quand la lutte était vaine. Il soupira et claqua dans ses mains, rouvrant les yeux sur le Grafton. « Mais soit, imaginons qu'Andar ne soit plus, que le seigneur de Roches-aux-Runes soit notre neveu Lucas, sous la régence politique de sa mère, votre soeur, et martiale de son oncle, moi, votre prisonnier. Si Alys consentait à vous écouter ou que j'étais disposé à convaincre de quoi que ce soit ... Qu'est-ce que nous gagnerions à tout cela ? » demanda Robar. La vie sauve ? C'était bien beau mais cela ne durerait qu'un temps : la vie valait-elle l'avilissement de leurs êtres ? Seraient-il perpétuellement diminuer face à ce nouveau royaume que les rebelles voulaient fonder ? Quelle était la suite ? La guerre n'en était encore qu'à ses prémices : il ignorait ce qu'il se passait au dehors, mais un retournement de situation pouvait encore arriver et s'ils retournaient leur veste, ils seraient aussi durement châtié que ceux qui avait rompu leurs serments en premier lieux. « Demeurons dans ce genre d'hypothèse : vous renversez Rhaegar, vous parvenez, d'une manière ou d'une autre, à mettre sa descendance hors d'état de nuire à votre prétendant au trône. Viserys Targaryen est couronné et votre rébellion -qui n'en est plus une- est un succès. Gloire au Roi et tout le tintouin. Je ne peux pas croire que le monde tel que nous le connaissons resterait le même : cela n'a aucun sens de garder à des postes d'influence des hommes qui soutenaient le régime que vous avez contribué à bouleverser. Disons donc "aux dieux" à Harrold. Soit. Qui pourrait donc succéder à la maison Hardyng ? Si vous me dites que vous ne vous êtes jamais vu prendre la tête du Val, je ne vous croirais pas. » imagina Robar dont le monologue s'acheva sur un sourire en coin. Il y avait toujours une motivation moins noble, quoi qu'en dise Lord Grafton. « Je n'ai peut être pas l'ambition d'être un seigneur, mais cela ne veut pas dire que je n'en ai pas du tout. » ajouta Robar d'un ton ambigüe. Non, il ne voulait pas être seigneur : il ne voulait pas de ces devoirs qui vous attachait à un fief, il ne voulait pas recevoir pendant des heures des métayers mécontents se disputant pour une vache, il ne voulait pas avoir la pression de supporter -à nouveau- une femme qu'on lui imposerait pour la poursuite de la lignée. Le titre était bien trop contraignant. Mais il ne voulait pas vivre dans l'ombre et mourir en inconnu pour autant. Il balaya cette dernière remarque d'un geste de la main. « Bien, poursuivons. Il va de soit que certaines maisons ne pourront demeurer non plus aux rangs qu'elles occupent : les Baratheon sont des cousins de la maison Targaryen mais est-ce que Lord Stannis plierait face à un puiné quand lui même se désole du sien et accorde tant d'importance à la descendance ... Les Nerbosc, maison qui a connue sa petite ascension grâce à l'homme que vous voulez détruire, non plus. Mais question épineuse que celle de la Dame du Conflans qui n'est autre que la soeur du prétendant que vous soutenez bien que j'imagine que son destin sera discuté en même temps que celui de ses enfants et de ses neveux. Je n'imagine pas non plus Tyrell et Stark demeurer à la tête de leurs régions respectives : leurs attaches à la couronne de Rhaegar sont trop importantes. Restera peut être Lord Tywin qui, si il est aussi malin que ne le prétend sa réputation, parviendra à tirer son épingle du jeu ... Enfin, ça c'est si il pardonne qu'on ait attenté à sa vie bien sur ... » énuméra Robar, levant un doigt à chaque nom qu'il mentionnait. Les suzerains étaient évidemment en ligne de mire et derrière eux, les familles qui leur étaient attachés : cousins ou amis qui ne manqueraient pas de répondre à l'appel d'un allié en détresse. Viserys se montreraient-il aussi séducteur ? Robar doutait que le dragon vert ait tenté avec Harrold l'approche qu'il avait eut avec son vassal : pouvait-on considérer qu'il était traitre de sa part de ne pas défendre les couleurs d'un homme dont il ne savait rien ? Quelle hypocrisie. Cela se règlerait sans doute dans le sang. Il ignorait ce que Viserys Targaryen ferait de ses neveux, de sa soeur et des familles qu'ils avaient fondé - peut être était-ce une chance que Rhaenys se soit débarrasser elle même de leur fils avait qu'il ne le fasse - mais il ne laisserait pas les suzerains en vie, c'était une certitude. « Magnifique tableau ... Très "rouge" si vous voulez mon avis. Bien. Maintenant que nous avons posé l'inévitable contexte, racontez moi la merveilleuse existence sous le règne de Viserys, troisième du nom ? » Il se retint d'ajouter que les deux premiers n'avaient pas laissé une image des plus heureuses dans le paysage historique : les décisions du premier ayant conduit à la plus grande et meurtrière guerre civile et le second était suspecté de s'être débarrasser de son fanatique neveu pour ne régner qu'une année et donner au monde un Roi qu'on surnommerait "L'indigne". En terme d'héritage étymologique, Viserys était plutôt mal partis. De plus, son père avait cédé à la folie, son frère avait suivi le même chemin et, par moment, Robar se demandait si les décisions de la jeune génération de dragon avaient une quelconque logique. Mais puisque la visite de Lord Gerold se faisait dans un but de séduction politique, qu'il tente sa chance, personne n'était à l'abris d'une surprise après tout.

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Il y avait des noblesses auxquelles on ne touchait pas. Gerold ne fut donc guère surpris lorsque les deux sourcils blonds s'effondrèrent pour rejoindre le lieu commun du scepticisme. L'on pouvait éprouver les liens familiaux de deux manières ; certains n'en connaissaient que la sacro-sainte union fédératrice, tandis que d'autres n'en connaissaient que l'aliénation. Gerold avait l'impression d'avoir éprouvé de façon extensive ces deux conditions, qui tragiquement ne s'excluaient pas et au contraire, paraissaient atteindre une sorte de quintessence l'une en présence de l'autre. Un espace où tout devenait en quelques torsions seulement une forme de torture insupportable qui vous faisait considérer une façon brutale d'y mettre fin. Il y avait des liens dont la continuité était vouée ipso facto aux angoisses et aux désastres. Et comment s'accabler ? Après tout, le sang qui coulait dans les veines des parents était le même qui battait dans les poignets et dans les tempes de leurs enfants, et beaucoup de leurs bizarreries leur venaient par héritage.
Si les rapports entre les Royce laissaient peu de place au doute, le Grafton entretenait quant à lui une perception bien plus ambivalente de leur élixir commun. Il lui paraissait encore aujourd'hui jamais n'avoir autant détesté quelqu'un que celui ayant partagé la même lignée avec lui. Gerold n'était jamais parvenu à excuser la grossièreté de l'âme de son père ; c'était un sentimentalisme qu'il regardait donc en spectateur chez les autres.
« Allons Lord Grafton ... La trahison est dans le sang des Bracken depuis aussi longtemps qu'il existe une hiérarchie à renverser mais votre maison ... Par les Sept, mes ancêtres me renieraient surement de le dire. »
Tandis que son invité se fendait d'un sourire, le Lord en question se laissa aller à une brève expression d'étonnement. Il apparaissait que le petit frère voulait du sang, des tripes et de l'ignominie. Cherchait-il quelque chose de plus à comprendre, ou à détester ?
Bien évidemment, certaines motivations demeuraient secrètes et Gerold n'y faisait pas exception. Il aurait pu évoquer quelques griefs cachés, quelques inspirations qu'il avait lui-même du mal à s'avouer et dont l'origine remontait aussi loin qu'un premier souvenir, mais un beau-frère qu'on avait fait prisonnier n'était pas le vase avec lequel Gerold était enclin à abreuver les mystères de son jardin personnel, quand bien même se sentait-il étrangement à l'aise en cet instant. Mais il y avait certainement des décisions qui ouvraient un abîme vertigineux à chaque fois qu'on s'y confrontait, et qui repoussaient quelque part, plus loin, toujours plus loin dans le passé, désamorcés et transformés par une mémoire que l'écran avait tristement corrompu en un mélodrame défraîchi, vers les singuliers instants de pleurs, de trahison, de terreurs et de menaces paternelles, folles, impuissantes, certes, mais qui laissaient leurs marques, comme des griffures de lion, sur les draperies de l'enfance. Et plus loin encore, l'ombre d'un châtiment porté par une ancienne révolte qui le surprenait au détour d'un vestige de la mémoire. En chaque homme, il y avait un crépuscule et la porte d'un palais ; une région sombre dont l'entrée était totalement et lucidement interdite aux épanchements faciles, et même à la curiosité la plus sincère. Celui de Lord Grafton ne fut pas une exception et son visage, quoi que vaguement lumineux, parut se refermer d'une ombre jetée dans les creux de son regard éternellement souriant. Ses lèvres se pincèrent en signe de tout ce qui ne pouvait pas être dit par pudeur, demeurant sans défense face à l'accusation d'hypocrisie à peine voilée. Robar avait raison, il y avait toujours plus.  
« Croyez-moi, Lord Grafton, j'ai épousé l'un d'entre eux.
- Je vous crois volontiers » répondit-il doucement, comme pour souligner qu'il écoutait toujours, mais ne répondait qu'à ce qu'il voulait bien, traçant ainsi cette ligne invisible que bien peu avaient franchis dans le seuil de son âme.  
Comme chacun, le Prince aussi avait cette ligne, dont l'ombre ne pouvait qu'être devinée dans les silences entre les mots qu'il employait. Lui aussi avait très certainement un souvenir qui tortillait son pinceau fané dans l'aquarelle de son sang.  
A chaque fois qu'il sentait s'hérisser les poils de sa tolérance, le Lord Grafton usait de cette distance apprise qui lui autorisait à doucement sortir des remparts de sa propre singularité. Doucement, il se concentra sur Robar pour ne pas avoir tout prendre personnellement, pour ne pas se faire distraire par ses propres songeries et pensées.
« En outre, comme je vous le disais, je me moque bien de la tête sur laquelle repose la Couronne... »
Si depuis le début de leur conversation Gerold n'avait pas empêché quelques ricanements sarcastiques, plus le Royce parlait, plus il se rendait compte de l'impression d'extrême désabusement qui cousait de fil uni les propos de son beau-frère. Il paraissait se méfier des bons sentiments, leur cherchant à chaque fois une ombre. Ombre qu'il semblait trouver dans son propre esprit, alors que même la fidélité de son frère se teintait de dérision. C'était étrange de rencontrer cette mélancolie dans un esprit à l'apparence aussi claire, mais en y songeant après tout, Robar était le plus désinvolte de la fratrie et cette légèreté avait toujours un prix ; soit était-elle le reflet d'un esprit simple, soit au contraire, l'humeur d'un cœur quelque peu découragé. Gerold pencha la tête sur le côté, soudain extrêmement intrigué. Si tel était le cas, quel esprit surprenant ! De concert, sa supposition parût s'illustrer encore un peu, alors que le Royce s'était lancé dans la dépiction d'un avenir hypothétique extrêmement pessimiste.  
Malgré le tableau, et parce que Gerold voyait où son invité voulait en venir, un sourire se dessina en miroir sur ses lèvres. Le rictus devint plus narquois encore lorsqu'en quelques mots si vite éludés, Robar avait glissé les soupçons de ses propres espérances, dont il n'osa faire l'étendue, par réserve ou par certitude de ne jamais les voir aboutir. Tous les hommes caressaient de doux rêves sur le revers de leurs paupières closes ; certains les étreignaient plus que d'autres et pour quelqu'un de perpétuellement frivole, son beau-frère prouvait museler les siens comme des loups qui n'étaient pas voués à voir la lumière du jour.  
Attentivement, Gerold écouta cette prédiction à l'échec, cherchant comme toujours non pas tant à entendre le sens du discours, mais à savoir ce que cela dévoilait sur le caractère de celui qui parlait. Il eut très envie de rejoindre le lieu commun en disant que toute guerre civile était toujours un crime, que même la victoire était une défaite, qu'on connaissait toujours ceux que l'on tuait... Mais au fond, était-ce vraiment ce qui était défendu ? Qu'il était facile de réduire toute violence à une forme de débilité sans issue favorable, à une tare ! Gerold ne pouvait y être insensible, car il abhorrait la brutalité inutile, primaire, mais il en était franchement venu à se demander si tel n'était pas le refuge naturel dans un système aussi inébranlable. D'un bout à l'autre d'un arc qui s'était tendu sur plus de mille ans, les deux extrémités paraissaient s'accorder sur quelques mots : pas de justice, pas de paix. Une guerre civile ne s'épanouissait autant qu'avec un considérable fond de frustration.  
Du reste, Robar avait l'air très satisfait de sa personne, malgré les blessures et une chevelure au lustre quelque peu entamé. Gerold garda silence pendant quelques instants ; le discours méritait une réflexion plus aboutie que les quelques commentaires qui lui avaient sautés à la gorge. Mais il était plus difficile encore de prendre assez de recul pour apercevoir la ligne directrice dans l'esprit de son beau-frère, qui avait abouti à tant de sarcasme. Ce fut d'ailleurs la première chose qu'il dit, car l'observation demeura essentielle :  
« Je ne vous savais pas aussi... mélancolique. »
Le fait que ce mot fut le premier venu pour décrire Robar était étrange. Mais la conversation en soi était assez particulière. Gerold se pencha légèrement et laissa ses doigts froids glisser contre son front, alors qu'il tentait d'organiser sa pensée au-delà de cette constatation. Oui, par absurdité ou par pessimisme, tout paraissait mal se terminer dans cette tête aux cheveux blonds. Un même évènement avait autant de versions qu'il y avait d'yeux pour le voir ; les hommes s'étaient peut-être assemblés pour en discuter, ils ne s'accordent pas encore à ce propos. Avant que l'unité de put engendrer la paix, il fallait déjà mettre un terme à la guerre que sa définition suscitait. Ce qui était certain en revanche, c'était que la guerre civile n'était plus politique au sens étroit : elle suivait le cours d'une histoire qui mettait à l'épreuve tous les régimes et toutes les formes.  
« Vous parlez comme s'il y avait un autre tableau que celui qui est "rouge". Comme si la paix qu'à ponctuellement connu Westeros, le statut atteint par tant de nobles à travers notre continent, nos familles y compris, ont été acquis par une façon autre que celle du sang. Mais ce sang si rouge est souvent le sacrifice de toute une vie... » finit-il par dire d'un ton las.  
Il se serait attendu être sur la défensive, mais il ne l'était pas. Toute ambition surgissait du sang. Même un parent devait mourir pour laisser place à son enfant.  
« Notre paix est l'offrande des morts. Les Royce et les Grafton ne sont pas sortis unis de la terre : des tribus qui s'affrontaient se sont alliées ; les bornes des terres ont engendré le commun des lois ; les familles ont cessé de se plier aux lois des pères et du sang ; les riches et les pauvres ont fini par obéir aux lois publiques énoncées par tous ou, du moins, aux yeux de tous. Mais au commencement comme au terme : le pluriel. Il serait malvenu de ma part de prétendre que vous avez totalement tort, car qui suis-je pour vous déposséder ou me moquer de votre sentiment à cet égard. Mais vous êtes tout autant malvenu de dénigrer cet élan de l'Est et de le réduire à une monstruosité risible, aux Nerbosc, aux Lannister, aux Tyrell... Votre paix, vos désirs dans l'absolu ne sont pas moins sanglants que les miens. Et derrière chaque désir, chaque ambition, chaque frustration, il y a des gens, riches ou pauvres, qui espèrent avoir mieux et qui sont parfois prêts à se sacrifier pour leur propre tableau. »
Gerold soupira lourdement. Il ne regardait plus Robar et ses yeux s'étaient crispés dans l'inconnu. Il y eut sur son visage le reflet d'une brève douleur ; un air de déjà-vu, de mots déjà prononcés ravivaient la flamme vacillante d'un passé pas si lointain.  
« Il y a certes, tous ceux qui meurent, mais il y a aussi tous ceux qui vivent. La division est toujours dans les termes du double et du duel : plusieurs rois, plusieurs gouvernements, plusieurs peuples. Ici et là, mêmes causes, mêmes passions, mêmes intentions et mêmes fins : inégalités extrêmes, orgueil, ressentiment, défiance, envie, lutte pour les richesses, captation des honneurs, monopole du pouvoir. Je comprends que vous vouliez garder intact ce qui est déjà acquis, mais si de l'autre côté tant de gens sont prêts à verser leur sang pour une cause qui n'est pas la vôtre, cela veut-il pour autant dire qu'elle ne vaut rien d'autre qu'un peu de dédain ? Du sang a déjà coulé, coule encore et coulera toujours au nom d'un cause pour laquelle ce prix est prêt à être payé. Et quel autre prix peut-on payer lorsque toute opposition s'acquitte de sa propre vie ? Au fond, vous étiez tout autant prêt à faire couler mon sang que je l'étais à faire couler le vôtre pour protéger notre "magnifique tableau". Le vôtre n'est pas le mien, mais tous deux demandent invariablement les mêmes sacrifices. Et tout cela pourquoi ? Pour espérer connaître mieux que ce qui nous a été légué. Ou du moins, pas pire. »
Sans s'en rendre compte, Gerold s'était légèrement redressé et avait même fini par adresser le Royce d'une expression brûlante. Il avait engagé son esprit et son corps, sa famille et sa cité dans ce "contexte inévitable". Lorsque Jon Arryn s'était éteint, la succession de Robert et la régence de sa mère lui avait sérieusement fait craindre pour la sécurité du Val ; un pouvoir instable dans lequel peu avaient confiance pouvait mener à des tentatives opportunistes. Gerold avait tenté de se prémunir contre les affres que le manque de crédibilité du petit Arryn pouvait engendrer, pour ne pas basculer dans le désordre d'une révolte et puis, Robert Arryn soudain ne fut plus, et c'était encore pire. Un assassinat sans bruit, sans échos, comme un arbre s'écroulant dans une forêt sans spectateurs, sans changement autre que la succession de Harry l'Héritier... Le Grafton s'écroula sur son siège ; malgré tout, il s'était senti comme autrefois si facilement discrédité et cette aisance à n'être que bien peu aux yeux d'autrui amenait par vagues comme la mer un goût de tristesse épuisée à sa bouche. Une chose dite plus tôt était cependant restée dans son esprit et après un bref soupire, Gerold esquissa la moue facétieuse d'un aveu souhaité qu'à demi-mots.  
« Andar est encore et ma sœur m'a en horreur. Je préfère que les choses demeurent ainsi que pas du tout. »


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Robar laissa le brun monologuer un long moment. La fatigue rendait sa compréhension plus lente et il avait besoin de saisir l'ensemble du propos pour juger de la pertinence du propos. Pourtant, il ignorait si son esprit était le seul à s'embrumer : le débat était intéressant, sans doute l'un des rares qui se faisait carte sur table, pur esprit contre esprit, sans crainte de blasphème ou de trahison. « Et j'ignorais que j'heurtais votre vision du monde. » finit-il par dire quand il fut évident que le Grafton ne dirait rien de plus. La discussion avait prit un tour étrangement philosophique, oubliant le concret pour partir en interprétation de perception et vision subjective d'un monde qui, de toute évidence, ne convenait à personne. Bien que Robar se batte dans le camp des loyalistes, cela n'en faisait pas un adorateur de Rhaegar Targaryen, et peut être était-ce ce qui le différenciait du reste des prisonniers : il n'avait aucun intérêt à voir l'un ou l'autre des deux frères gagner. Sa présence n'était du qu'à celle d'Andar, seule véritable loyauté qu'il ressentait dans son être. Pire, il était sans doute celui des prisonniers qui avait le plus de raison de ressentir de la rancoeur envers l'actuel souverain et pourtant, il ne saisissait toujours pas l'opportunité de rejoindre le camp de ceux qui s'y opposait. « Croyais bien que je respecte votre point de vue, sinon nous ne serions sans doute pas là à débattre de la sorte ... Quoi que me concernant on pourrait rediscuter de la notion de choix et de consentement. » Chassez le naturel, il revient au galop, songea le chevalier rouge tandis qu'il percevait l'humour cynique derrière ses paroles. Il était vrai qu'il n'avait la possibilité de fuir la conversation : il était coincé dans cette cellule tant prisonnier des murs que de son propre corps meurtris. « Je ne discute nullement la validité des croyances de chacun en matière de politique. Cependant, je dois admettre que voilà une question qui se pose : quelle sera l'existence de ceux qui n'ont pas eut la présence d'esprit de se ranger à votre vision du monde, d'accepter l'autorité d'un second né là où l'aîné à une descendance qui prévaut. » S'il regardait le mur face à lui depuis quelques instants, il glissa à ce moment un regard vers son geôlier. Quel frère ne craignait pas les avides ambitions de son cadet ? Il se demandait si Andar s'était un jour interroger sur lui, sur ses motivations, sur la probabilité que le pouvoir puisse l'intéresser assez pour qu'il tenta quelque chose. Bien sur, Robar savait que son destin n'était pas de diriger Roches-aux-Runes et ses parents le lui avaient assez répété pour qu'il développa un dégout profond des devoirs incombant à un seigneur ou à un intendant. Il était la roue de secours, le remplaçant au cas où un imprévu arrive à son aîné et que l'ordre de succession se brise. Tout comme lui, Marq Grafton avait du être élevé ainsi et l'absence d'un descendant de Lord Gerold, d'un héritier de Goëville, pouvait attiser sa convoitise, du moins si Marq était ce genre de personne. « Admettez que cela est une idée dangereuse : Viserys créerait un précédent qui pourrait donner des idées à certains puinés ...   » Nul sourire dans la voix du chevalier, seulement de la gravité. Car, à sa connaissance, il ne comprenait pas comment l'on pouvait trouver Viserys plus légitime que ce nigaud d'Aegon Targaryen, ce babillant gamin d'Aerion ou ... Non. Il refusait de penser ce nom et cette personne.

S'arrachant à sa morne pensée, Robar soupira. « Toujours est-il que je ne dépeignais qu'une hypothétique situation visant à avoir une idée de ce qui nous attend après si votre prétendant l'emporte. » expliqua-t-il, revenant à la discussion terre à terre et factuelle qu'il voulait avoir. Le temps n'était plus à savoir qui avait tort ou raison : la bataille de la péninsule avait été remporté par les soutiens du prince, que leurs revendications soient justes ou non. « A vrai dire, si les loyaliste gagnent et bien ... La suite me parait plutôt logique et je doute qu'il y ait d'exil pour sauver la tête de Viserys Targaryen cette fois ci. Mais si les choses se déroulaient comme vous l'entendez, qu'adviendrait-il ? » demanda-t-il plus clairement. La mention des Tyrell, Nerbosc et autres Stark n'avaient pour but que de démontrer qu'il était évident que Westeros serait bouleversé par cette guerre et que la victoire des rebelles entrainerait un changement plus grand encore. Des familles, au pouvoir depuis des siècles, soutenaient la couronne de Rhaegar et, même si elles ployaient face à Viserys, Robar n'imaginait pas son ex beau-frère avoir conquis l'attention de tant de famille sans promettre une suzeraineté ou un titre avantageux à ceux qui se montrerait d'une grande loyauté à l'égard de sa propre couronne. Bien sur, un tel positionnement apportait son lot de risque : si Viserys perdait, il ne donnait pas cher de la tête de Gerold Grafton. Son regard repartit dans un vide lointain, dans des explorations intérieures qui n'avaient plus rien à voir avec le présent. « Je songe souvent à la fin de la dernière rébellion : je n'étais qu'un enfant mais je me souviens de l'inquiétude tandis que mon père allait combattre auprès de Lord Arryn, que mon frère attendait de savoir s'il serait pardonné pour avoir été l'écuyer d'un traitre. » Il avait été marqué par cette guerre autant que par le retour d'Andar, ses démons s'insinuant dans les pierres de la forteresse, la faiblesse de sa dépendance affaiblissant toute la maison. C'était un temps lointain, un temps où il vouait le monde de ses yeux d'enfant, un temps où tout était blanc ou noir, où les gentils n'avaient triomphé et où le prince noir avait finit par libérer son frère, alors auprès d'Edmure Tully. « Nous ignorons ce qui serait advenu de nos familles, de celles de nos amis sur Robert Baratheon l'avait emporté au Trident : qu'aurait-il fait de ses cousins Targaryen, des familles qui les avaient soutenus ... » poursuivit-il se demandant si la perte des Targaryen aurait changé tant de chose dans Westeros. Les motivations du Cerf étaient claires, aussi légitimes que les alliances le soutenant : Rhaegar avait volé la fiancé de Robert, Robert voulait la récupérer et venger l'humiliation qui avait été faite. Cela avait été la goutte d'eau dans les esprits de centaine, de millier d'homme épuisé par un règne d'instabilité et de terreur imposé par Aerys II. « L'ordre naturel de la succession a été respecté : les rebelles ont été vaincu et la mort du Roi Fou a placé son fils victorieux sur le trône de fer. Mais ce que vous faîtes là ... » Il secoua la tête, reportant son attention sur Gerold Grafton. Viserys n'était pas l'héritier de Rhaegar, un héritier qui aurait voulu protéger le royaume de la folie d'un second Targaryen. Viserys avait peut être de l'esprit, mais il demeurait le prince condamné par deux fois, dont l'une par ordalie, par les dieux eux même. Robar comprenait bien que ce n'était pas ce qui motivait son hôte et ses alliés, mais la majorité de Westeros pensait ainsi. Un frisson le parcourut. « J'ai vu Rhaegar de près, j'ai bien senti qu'il n'était plus le même. Nous ne sommes plus sur des questions de légitimité : Rhaegar a des enfants, Viserys s'éloigne du trône à chaque naissance. Alors que ferait-il pour faire respecter son autorité, s'il l'emporte. Voilà ma grande question. » annonça Robar. Si l'on ne soutenait Rhaegar, on pouvait soutenir Aegon, le prince qui fut promis des adeptes du dieu unique, on pouvait soutenir Rhaenys, la princesse qui avait apporté sa pierre à l'édifice de la société, on pouvait soutenir Aerion, prince héritier désigné par al maison royale. Mais voilà, marchant sur ses neveux, et peut être même sa soeur cadette, Viserys voulait s'imposer, mais à quel prix. Quel prix pour ceux qui avait choisit de respecter leurs serment à la Couronne ? Quel prix pour les hommes qui respectaient l'ordre de succession prôné par la foi. Il fut tenté de rappeler que lord Bracken, pourtant aperçu sur le champ de bataille, avait été le premier à s'offusquer de voir les Nerbosc récompensé là où lui, qui avait suivit les ordre et son suzerain, n'avait connu que la honte d'être rétrogradé au rang de maison mineure, mais il ne doutait pas que cet exemple fut déjà dans l'esprit du valois. Après tout, en terme de trahison, on choisissait ses alliés ... « Vous parlez de liberté et de libre arbitre ... Y en aurait-il pour nous autre, Royce, si nous admettons notre défaite ? Y en aurait-il pour Lady Hardyng qui n'a pris nul part à ce combat et aura juste eut le malheur d'avoir été marié à votre opposant ? » Devraient-ils vivre dans l'humiliation de s'être tenu du mauvais côté de l'histoire où Viserys se présenteraient-il comme un roi magnanime ? Westeros finirait-il à feu et à sang pour une joute entre deux frères ennemis ?

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Gerold fut tenté de dire que s'ils en étaient là, c'était justement parce qu'il y avait eu un manque de respect quelque part à un moment, tout autant qu'il fut tenté de dire que si Robar était là, c'était par choix. Lorsqu'on choisissait ses actions, on choisissait aussi ses conséquences et le Seigneur de Goëville savait que si un jour une hache venait à menacer son cou, il ne penserait alors pas qu'il ne l'avait pas choisi. Ce n'était pas ce qu'il avait espéré, mais c'était ce qu'il avait foncièrement choisi.  
C'était, à plus d'un égard, une rhétorique facile : les conditions avaient été telles qu'il ne se serait jamais vu devenir autre chose qu'un Seigneur, comme Robar qui n'avait envisagé le monde que selon la perspective d'un second, à la loyauté indéfectible. Y avait-il seulement de la liberté dans ces conditionnements ? Peut-être que prêter allégeance à Viserys avait été son premier choix véritablement délibéré. Ces folies-là n'étaient-elles pas commises par tant de petits individus entremêlés dans un irrévocable destin ? Dans une tentative désespérée de reprendre le contrôle, d'être enfin quelque chose d'autre que ce pour quoi la vie les avait consacrés ? Au fond, Robar n'était-il pas en train de s'abstraire de la contrainte de son frère en conversant avec l'ennemi dans sa geôle ? Ce qui était certain, c'était qu'en plein milieu du tumulte, la nuit offrait ces moments incertains de répit ou plus rien ne paraissait réel, mais où tout était le plus vrai.  
Gerold entendait très bien ce que le Royce tentait de faire, et c'était quelque chose à quoi il évitait justement de penser pour ne pas perdre le fil : le chaos. Et tandis que Robar glissait un regard en biais en sa direction, Gerold au contraire se plongea dans l'abime. C'était la raison pour laquelle chaque Seigneur prenait en épousailles autant de femmes que nécessaire afin d'engendrer des fils solides et capables d'atteindre l'âge adulte ; c'était la raison pour laquelle les femmes concevaient comme un devoir et un honneur leur capacité à porter des enfants à terme : éviter le chaos. L'on choisissait son épouse selon sa prétendue fertilité, et son mari pour s'assurer une progéniture à la destinée accomplie. Tout cela pour garantir la stabilité du pouvoir – de son pouvoir. Les Etats héréditaires, façonnés à l'obéissance envers une famille princière, avaient bien moins de difficultés à se maintenir qu'un Etat nouveau : il suffisait au Roi de ne pas outrepasser les bornes posées par ses ancêtres. Un Roi pouvait bien être d'une capacité médiocre, il parvenait à se maintenir sur le trône sans grande difficulté à moins qu'une force hors de toute prévoyance ne le renversât. Mais alors même que le pouvoir était perdu, le moindre revers éprouvé par l'usurpateur le rendrait au descendant légitime. D'ailleurs, la longévité d'une puissance faisait oublier les précédentes innovations ; les causes qui les avaient produites s'évanouissaient.  
Quoi que Gerold ait amplement profité de ce principe héréditaire, il ne gageait pas qu'il n'aurait pas usurpé la première place s'il avait été second, à condition d'avoir été dirigé par un incompétent. Mais ces fantasmes n'avaient pas dépassé son front, car malgré l'horripilante servitude qu'il avait due à son père, Gerold n'avait jamais envisagé jusqu'au bout un geste fatal. Tous les crimes naissaient dans son esprit en conséquence d'une insupportable frustration et y mourraient tout aussi sûrement. Même pour sa colère, le parricide d'orgueil relevait de l'abjecte. Le principe d'usurpation n'avait cependant rien avoir là-dedans. Mais autant n'en était-il physiquement pas capable, autant l'incompétence récompensée et plébiscitée l'insupportait. Il n'avait aucune sympathie pour les aînés promis à un avenir qu'ils ne méritaient pas, au profit de frères bien plus habiles condamnés à rester dans l'ombre. En somme, le pouvoir héréditaire était un ordre où tout se passait bien tant que tout allait bien, mais qu'un seul grain de sable récalcitrant était capable de désaccorder. Une seule tare était capable de corrompre irrévocablement toute une couche du pouvoir qui tentait par tous les moyens de stranguler les défaillances du Monarque ou du Suzerain.
« Hum, souffla-t-il dans un vague sourire, si contraire à la gravité du blond, les puinés n'ont pas attendu Viserys pour avoir des idées. Ronard Storm, Jonos Arryn, Daemon Feunoyr, Maegor Targaryen, sans parler d'autres proverbiaux Dragons, et tant d'autres mécontents que l'histoire n'aura pas retenus. »
Le regard de Gerold erra sur ses doigts, entre les phalanges où se réfugiaient les souvenirs, avant d'affronter le Royce avec une expression défaite et quelque peu fataliste. Parfois, il avait l'impression de commettre quelque chose de terrible, qui aurait pu être évité. Et ça aurait pu être évité, si la vie n'avait pas été un éternel recommencement.  
« Quelle est, à votre avis, l'existence de ceux qui ne se rangent pas aujourd'hui à la vision commune du monde, ceux qui n'acceptent pas l'autorité d'un Roi malade ou d'un Suzerain profane ? »
Les ressemblances étaient les ombres des différences. La question était un miroir, une rhétorique. Il savait ne pas avoir vraiment répondu à la remarque, se contentant de changer de perspective. Il n'avait pas vraiment de défense à cet état de fait : ceux qui s'opposaient risquaient de tout perdre. Loin de lui le désir d'une telle continuité, mais il n'était pas suffisamment omnipotent pour éviter ce genre de choses. Parfois, la violence était volontaire ; parfois, elle était aussi forcée, inévitable.  
La suite des propos du Royce le rendirent bien plus morne et sombre. Les détails, c'était le genre de choses auxquelles il ne voulait pas penser. Non pas par négligence, mais parce qu'à considérer chaque fait séparément, à se pencher sur le malheur ou l'injustice de chaque destin, l'on ne faisait plus rien. Tout Seigneur se trouvait souvent trop haut perché dans l'arbre du pouvoir pour contempler les fourmis qui le nourrissaient. Non, il tendait les bras vers les cieux pour fournir à ceux qu'il ne voyait pas des racines plus solides.  
S'il se penchait dessus, Gerold voyait ce qu'il avait déjà vu, ce qu'ils avaient déjà tous les deux constatés et imaginés dans leurs songes : des conflits, des blessés, des morts, du chagrin et de la tristesse. Et tandis que Robar parlait, ses mots paraissaient s'entremêler aux pensées du Grafton, qui ne sut pas dire s'ils suivaient l'exacte même flot ou si l'un provoquait inconsciemment l'autre. Car le chagrin, les blessés et les morts, Gerold les avait déjà vu. Il accusait encore secrètement l'ambition du Cerf, qui était responsable d'avoir ouvert en lui, lorsqu'il était encore enfant, une source de frénésie, une fureur de l'ambition, une colère insatiable... Le feu qu'il avait allumé avait laissé son empreinte sur tout son être, immolant son corps à vif. Aujourd'hui encore il expiait un excès de rage, comme un bois expiait d'être passé par sa flamme. Son grand-père y avait trépassé ; son frère et sa sœur en étaient sortis meurtris ; son père était devenu une ombre. Toute sa famille avait été, d'une façon ou d'une autre, irrévocablement brisée. Sa vie, Gerold se refusait à la considérer comme telle, mais il savait que quelque chose avait alors très sérieusement vrillé.  
Il était devenu sombre, sourcils froncés et joues creusées, ses grands yeux délicats auréolés d'une noire fatigue. Il avait soudoyé il ne savait combien de représentants de l'ordre établi durant sa souveraineté, mais ni lui ni personne ne pouvait acheter une civilisation tout entière, un continent tout entier pour l'empêcher de se détruire par vengeance ou ambition. Robert aurait probablement décimé la concurrence, comme le faisaient tous les mâles en s'appropriant le harem d'un rival : ils gardaient les femelles, dévoraient les enfants et exilaient tous les autres. Mais le Cerf avait un tempérament de barbare – et peut-être avait-il raison au fond. En tout temps, la violence avait été une compagne particulièrement prolifique.  
Quoi que dur, Gerold n'était pas un adepte de cette philosophie. Il avait conscience des écorchures que la précédente rébellion avait laissé en lui et n'avait eu aucune envie de reprendre le pouvoir sur une ville fantôme, aigrie et apeurée par ses agissements. Il n'avait pas tant aspiré au pouvoir qu'à la prospérité ; quelque chose dont son père l'avait tant privé lui, que Goëville.  
« J'ai... balbutia-t-il d'abord avec hésitation, avant de poursuivre d'un ton las et absent, j'ai quelques difficultés avec l'ordre naturel des choses. Le naturel n'est pas toujours très clément et souvent, nous fermons les yeux. L'histoire détourne le regard des crimes qui l'arrangent. »  
Il mima ses paroles et posa quelques instants une main froide sur ses paupières. Tout l'inconfort de sa position lui revint et il sentit avec une acuité particulière la rigidité des baleines de son corset de maintien, les angles étroits de la chaise, la dureté du bois, l'âpreté de ses vêtements...  
« Je n'appelle pas ça "l'ordre naturel" lorsqu'une régence remplace la débilité d'un souverain. C'est une farce. Une farce peut-être naturelle, mais elle n'a certainement rien d'héréditaire. »
C'était déjà arrivé et cela arrivait tous les jours. Quelque part derrière l'horizon de l'espace et du temps, il y avait des Monarques et des Seigneurs n'ayant pris aucune décision ; pantomimes insipides de marionnettistes plus ou moins cachés. Et au fond, ça ne le dérangeait pas, mais que cesse alors cette moralisation !  
Par moments, le souvenir d'Oswell venait flotter comme un poisson mort à la surface de sa mémoire. Il avait une joie propre à la simplicité, qui avait parfois laissé Gerold envieux. Que serait-il advenu s'il était né en premier ? Même perdu dans la hiérarchie de succession, son existence était partiellement dissimulée, honteuse, protégée. Serait-il devenu un assisté, régenté par sa mère et sa famille comme le petit Arryn, ou aurait-il été tué dans un silence général entendu ? Il y avait des crimes permis, car ils étaient pratiques. Un jour, peut-être que son "crime" allait profiter à une majorité bien aise d'en oublier l'indignité, que l'on était si prompt à lui promettre.  
Gerold soupira, chassant de ses épaules le poids de généralités qui s'entrelaçaient à son existence. Jusque-là, l'hérédité avait été clémente, et quand bien même n'avait-il pas de fils, son frère était en son cœur un honorable successeur. Mais à tant d'égards détournait-on le regard lorsqu'il s'agissait d'être juste tout en état dur ! L'acceptation était souvent dans la paresse et la contestation dans la force...
« Viserys a l'avantage d'être porté par une partie de son peuple, reprit-il, plus serein lorsqu'il s'agissait de parler d'autrui. Peut-être convoquera-t-il un matin les nobles repentis avant de donner l'ordre de les massacrer par ses soldats, après quoi il s'emparera du continent pour le conserver sans aucune contestation. Peut-être ne mettra-t-il à mort que ceux qui, par obstination, tenteront de lui nuire malgré tout. S'il consolide son pouvoir par de nouvelles institutions civiles et militaires, s'il se rend agréable à nos voisins, il pourra vivre en sûreté près de son trône. Dans tous les cas, son règne sera long s'il use de la cruauté brièvement pour pourvoir à sa sûreté, et court si sa dureté se multiplie dans le temps au lieu de cesser. A terme, tout se butera à la menace, réelle ou imaginée, que chacun représente, dit-il avec un certain fatalisme. Jugez : je suis probablement allé trop loin pour me faire absoudre de mon audace. Ce n'est pas encore votre cas. »
Gerold regarda Robar avec gravité. Lors de rébellions, chacun avait le droit de se battre pour ses convictions et sa liberté, mais il valait mieux se faire oublier que de lutter jusqu'au bout, car ceux qui persistaient éprouvaient ensuite des difficultés à convaincre la force victorieuse. Il savait sa peine décidée, car il avait été l'un des premier à succomber, mais les autres avaient encore une chance de se faire oublier dans les méandres des trahisons. La témérité payait que si l'on était auréolé de gloire ; à l'inverse, elle rendait l'omission impossible.  
Il avait répondu pour autrui, ce qui était toujours plus simple... Gerold savait ce qu'on lui avait promis et hésitait à s'y projeter, suspicieux d'un mauvais présage, car à fantasmer trop tôt ce qu'on n'avait pas encore, le destin nous le retirait souvent des mains. Il savait cependant au moins qu'au sujet de ces terres – ses terres -, il pouvait parler pour soi et donner à espérer autre chose qu'une supposition. Cependant, les présomptions étaient dangereuses car l'avenir était changeant et elles pouvaient être tant de promesses non tenues.  
Sa bouche se tordit et Gerold parut hésiter, laissant errer son regard humide dans les confins d'un avenir protéiforme. L'heure avancée de la nuit et la fatigue l'avaient rendu sentimental, car la dernière question du Royce le laissa hésitant et tenté par un aveu.  
« J'ai été reclus une bonne partie de ma vie et j'ai été réprimé pour mes désaccords, dit-il très lentement. Ce n'est pas ce que je veux pour les autres. Etant donné les circonstances, j'entends l'ironie... se moqua-t-il sans trop de conviction, mais dans la mesure du possible, ce n'est pas ce que je souhaite. »
Il erra encore, silencieux, de plus en plus depuis qu'il était venu dans cette pièce, cliquant et fier. Il fallait vraiment être en ordre avec soi-même pour parvenir à regarder un champ de bataille avec autant d'aisance que les yeux d'un ennemi.
«  Et vous ? demanda-t-il soudain. Si votre libre arbitre vous est permis, me pardonnerez-vous ? »
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Un grimace déforma son visage tandis que le blond peinait à trouver une position confortable qui n'impliquait pas qu'il malmène sur sa cicatrice. « Oui ... De grandes réussites de toute évidence. » dit-il avec l'ironie de l'amertume. L'histoire des Sept Couronnes étaient peuplée de révoltes et de rébellions qui avait secoué la dynastie Targaryen. Ironique, songeait Robar, quand on savait que la motivation première du Conquérant, selon les textes du moins, était de mettre fin aux querelles des différents rois de Westeros. Un seul royaume, une couronne qui dominait les autres et la promesse d'une paix sous la protection de la maison valyrienne. Une promesse difficile à tenir et qui était mise à mal pas les propres descendants du Conquérant s'entredéchirant depuis toujours. L'avidité des Targaryen avait noyé les terres du continent dans le sang de milliers d'innocents à travers les siècles. Que l'opposition soit religieuse ou politique, il semblait que la maison royale ne payait jamais réellement le prix de ses ambitions : aujourd'hui encore, des armées s'opposaient mais perché sur son dragon que risquait Viserys Targaryen pour mériter cette couronne à laquelle il aspirait ? Entouré de centaines d'homme que risquait Rhaegar Targaryen pour conserver son trône ? « Vous avez l'air de bien vous en sortir, si vous me permettez. » fit remarquer Robar : après tout, ils avaient combattu sur un même champ de bataille mais c'était bien le loyaliste qui se trouvait enfermé et mal en point. S'il saisissait l'idée, Robar restait cependant septique : aussi muselé que Lord Gerold disait être, il demeurait un seigneur, le maître d'un port prospère, le chef d'une famille dont l'avenir semblait pourtant radieux. Il n'avait rien d'un opprimé, noble déchu injustement ou petite gens que l'on ne prenait pas la peine de considéré. Il n'était même pas un puiné brillant délaissé au profit d'un héritier idiot ou indigne. Ils n'avaient définitivement pas les mêmes problèmes, songea Robar.

Malgré tout, il le laissa parler. Leur conversation était loin d'être un dialogue de sourd, loin d'être un débat stérile. Le blond sentait que certaine de ses remarques trouvaient leur chemin dans l'esprit du valois tout comme il ne pouvait nier partager certain concept, certains avis avec le seigneur de Goëville. Pas assez pour s'engager dans une guerre. Pas assez pour monter une rébellion. Pas assez pour risquer des vies. Juste assez pour discuter sincèrement, juste assez pour renforcer son sentiment premier. Robar soupira avant de rouler sa tête sur le côté, fixant Gerold de son regard fatigué. « Mon cas est désespéré depuis bien longtemps, Lord Gerold. Je ne crois en aucun des dragon présent sur ce continent : ni en celui qui m'a forcé à endurer une femme qui ... » Il se tut. Une femme qui quoi ? Il avait bien des choses à dire sur Rhaenys, mais il ne se sentait pas prêt à en parler, il ne voulait plus se laisser atteindre par les vieilles blessures et il peinait déjà à cacher celles que le valois pouvait voir. Il ferma les yeux, inspirant, avant de reprendre. Car en définitive, qu'importe ce que Rhaenys avait fait, c'était la réaction de Rhaegar qui l'avait le plus marqué : son pardon inconditionnel même aux pires actes de sa fille, son aveuglement face au désastre inévitable qu'ils formaient ensemble. « Une femme qui avait ses défaut, l'excusant du pire sans raison, mais guère plus en un homme qui s'attaque à une enfant. Je n'ai aucune bonne raison de vouloir soutenir qui que ce soit, tout ce que je veux c'est rentrer chez moi, voir naître mon enfant et oublier tout ce qui sort des frontières du Val. » C'était tout ce qui le motivait. Il voulait rentrer à Roches-aux-Runes, entrainer Lucas à l'épée, jouer avec Esmée, raconter des histoires à Angus. Tout ce qu'il voulait c'était pouvoir tenir la main de Maddy et contempler leur bébé, nouer des liens avec Rosenn. La simplicité de son désir le troubla. Il voulait juste être tranquille, loin de la guerre, loin des envies d'homme plus grand que lui, loin des ambitions qui n'avaient rien à voir avec lui.

Il prit un instant pour réfléchir à la question. En soit, on ne demandait jamais aux chevaliers d'avoir ce genre de dilemme, c'était l'apanage des seigneurs et des suzerains, des princes et des rois. Dans les résultats hypothétiques qu'ils évoquaient, la même question demeurait : comment vivre après cette guerre, comment avancer en bonne entente avec un voisin qu'on avait manqué de tuer la veille. « Je crains que ce n'est pas à moi qu'il faille le demander. Votre soeur, par contre ... » répondit le blond. Chacun restait responsable de ses actes, de ses choix, mais le pire était sans doute pour ceux qui restaient à l'arrière, ceux qui demeuraient impuissant avec la tristesse, le deuil, l'angoisse comme seul compagnie. Alys pourrait-elle pardonner ? Elle qui pouvait perdre son mari dans une bataille lointaine, elle qui pouvait perdre un titre dans une guerre qui ne la concernait pas, elle qui pouvait voir son futur lui glisser entre les doigts sans jamais pouvoir donner son avis. Et après Andar, perdrait-elle aussi ses fils dans des conflits et des vengeances vides de sens ? Il soupira. « Me concernant ... Vous avez été la conversation la plus longue que j'ai eu depuis plusieurs jours ... Laissez moi partir et je pourrais y songer. » dit-il avec un rire sans joie. Il y avait peu de chance que cela arrive. Il n'était même pas sur qu'il reverrait Roches-aux-Runes un jour, pas s'il perdait sa valeur d'otage.

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Gerold ne condamnait pas son amertume. Après tout, c'était l'amertume qui les avait menés là où ils étaient aujourd'hui. Difficile d'être optimiste, lorsque l'histoire du continent tout entier était émaillée de la mosaïque des querelles royales. Quoi qu'il n'y eût aucune nécessité d'aller aussi loin dans la hiérarchie du pouvoir : leur propre passif n'était qu'un tacite bruissement de désaccord. Et si les disputes entre le commun des morts se dissipaient avec le temps, ou trouvaient leur achèvement logique dans une résolution guerrière, il ne pouvait en être de même pour une dynastie sensée être plus proche des Dieux que des hommes. Si l'on pouvait à peine questionner les intentions d'un Lord, qu'en était-il de celles d'un Targaryen ? Gerold avait passé assez de temps avec Viserys pour le démystifier. Il était quelqu'un de bien trop pragmatique pour considérer que des hommes pouvaient être exemptés de tout défauts en vertu de leurs origines, mais il ne niait pas que malgré tout, cet argent serti de lavande avait une exceptionnelle aura, une patine donc la superbe leur faisait surplomber si ce n'était l'horizon du monde, au moins celui de la plèbe. Il était difficile de leur nier un droit naturel. Quoi que les Manderly ne devaient pas du tout être de cet avis. Quand bien même, Viserys n'était pas un adversaire usuel. Un instinct naturel soumettait ses alliés et tempérait ses ennemis. Du moins, les membres de sa famille paraissaient lui être indulgent à plus d'un égard.
« Ah oui ? »  Eut-il pour seule réponse lorsque leur situation avantageuse lui fut soulignée.
La seule raison pour laquelle il en était ainsi, c'était parce que la guerre n'était pas totale. Au fond, il savait que si la moitié de la population était des badauds ignorants et désireux de rester dans cet état de béatitude, l'autre se considérait soit peu concernée par des affrontements et revendications à l'autre bout du continent, soit était davantage occupée à soumettre ses propres révoltes. Avec un peu plus de motivation, le Val aurait pu être transformé en terre de jachère. Mais telle était la nature humaine, de réagir trop tard, ou simplement mal, voire pas du tout dans le plus commun des cas. Cette première victoire était leur parce que le Roi ne payait pas ses dettes et parce que Harry avait échoué à s'organiser assez rapidement. Finalement, leur victoire démontrait en un sens tout ce que Gerold avait toujours eu à reprocher à ce royaume. L'incompétence.
Quelque part, ils se retrouvaient. Il était un homme introverti et qui réfléchissait trop. Bien évidemment, sans le formuler comme Robar le faisait, le constat d'une lignée royale sans qualité ni issues l'avait effleuré. Même avant l'exil du Prince, il ne lui serait pas venu à l'esprit de parier sur ce cheval-là spécifiquement. Bien sûr, le Royce avait une histoire bien personnelle à ce sujet : sa vie s'était mêlée à celle des Targaryens d'un motif très particulier. Mais il fallait croire que cette expérience lui avait très mûrement inspiré une volonté de replis plutôt que de vengeance. Ceux qui avaient été brûlés une fois allaient rarement étreindre les flammes à nouveau. Gerold décida de le laisser ainsi, parce qu'il avait moins besoin de Robar que d'Andar et que cette vie paisible à laquelle il inspirait ne pouvait se faire qu'une fois les conflits terminés. Pour cela, l'un des deux camps devait vaincre. Sans l'afficher distinctement, Robar avait au fond déjà capitulé. Il obéissait certes à son frère, mais chérir le bonheur d'un foyer davantage qu'une victoire qui pouvait lui donner ce qu'il désirait était une forme de renoncement.
« Espérons alors que la décision de votre frère saura vous donner ce que vous désirez » avait-il dit avec une étrange bienveillance, évitant soigneusement le ton hypocrite de celui qui avait en premier lieu le pouvoir de lui accordait ses désirs.  
Gerold n'allait pas nier ses ambitions pour les rêves d'un cadet en prétendant pouvoir changer son destin, mais sa présence ici et son abattement général allaient pincer la corde sensible d'un Andar facilement exalté. Cependant, cette phrase voulait dire qu'Andar allait céder au chantage pour la survie d'un frère certes aimé, mais pas si nécessaire à la survie de sa maison. Un choix sentimental pour une ambition sentimentale... ils se valaient bien ces deux-là tout compte fait.  
Gerold lâcha un rire lorsque sa question fit un ricochet pour atteindre sa sœur. Rire un peu amer, parce qu'Alys allait être probablement celle qui lui pardonnerait le moins. Du moins, c'était ce qu'il s'était figuré. Il avait peut-être tort de sous-estimer son pragmatisme, qu'ils partageaient plus que ce qu'il s'imaginait, mais de toute leur famille, elle avait toujours eu le tempérament le plus fougueux. Et s'il y avait bien quelqu'un qui était son parfait antonyme, c'était Alys. Il était froid là où elle était flamme, elle était soleil où il était ombre, joie à sérieux, extraversion à introversion, exaltation à retenue... mais tel le reflet de la lune et son objet, leur horizon se retrouvait dans leur dureté réciproque. Gerold l'avait déjà soupçonné de n'être comme ça qu'avec lui, infatigablement revêche, lui faisant payer les Dieux savaient quoi, parce qu'il l'avait déjà vu indulgente avec les autres.  
« Justement, je vous le demande à vous parce qu'obtenir celui de ma sœur risque de s'avérer impossible, glissa-t-il avec une ironie amère. Mais tant pis, je demeurerai donc impardonnable. »
Au fond, il lui en voulait aussi, parce qu'il savait qu'elle allait choisir son mari, qu'elle avait pourtant jadis détesté, sans égard pour son propre frère. Lui aussi, elle l'avait exécré, sans pour autant finir par l'aimer, comme elle l'avait fait avec Andar. Sa propre attitude faisait qu'il ne pouvait pas la condamner, mais son cœur, lui, s'abîmait dans un long silence. Plutôt subir que de l'avouer !  
Son regard s'était momentanément perdu dans le vague, parmi les plis que laissait le temps derrière soi, et qui avaient pour chacun une forme différente. Gerold avait relevé les yeux pour constater avec un sourire mi-figue, mi-raisin la requête de son otage. Oui, ils avaient été surprenamment bavards pour une conversation qui n'avait pas abouti à une issue favorable. Et pourtant, Gerold avait l'impression d'avoir plongé dans un lac sans vagues après avoir affronté les chaos des enfers.
« Et vous avez été ma conversation la plus apaisée depuis longtemps... Merci, je saurai m'en souvenir. Et je vous laisserai partir. Le moment venu. »
Robar Royce
The Red Knight

Robar Royce

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Robar Royce & @Gerold Grafton

What we think to be our greatest weakness can sometimes be our biggest strength. And that the most unlikely person can alter the course of history.



Les sourcils de Robar firent une montée soudaine tandis que son visage ne laissait aucun doute sur ce qu'il pensait : compte là-dessus. Une part du chevalier savait qu'il neigerait à Dorne avant qu'Andar reconnaisse la défaite. C'était la fierté de la maison Royce, semblait-il, que de se plaire que de se voir dans une nature bien plus guerrière qu'ils ne l'étaient réellement : s'ils clamaient à qui voulait l'entendre qu'Ils Se Souvenaient, les batailles de ce siècle n'avaient rien à voir avec celles des temps passés. L'époque des Rois de Bronze n'était plus mais la fierté de Roches-aux-Runes, elle, était toujours aussi vivace que lorsqu'ils étaient célébrés en monarques bien que cela eut lieu plus de trois milles ans avant sa naissance. Robar soupira. « Vous connaissez mon frère mais ... Avez-vous vu ma grand-mère ? Andar a le malheur d'être né avec l'obstination des maisons Royce et Vanbois combinées. Voyez, je pense que j'ai hérité de la beauté, du charme et d'un certain talent en tournoi et lui, et bien ... De tout le reste. Ce qui en fait une fieffée tête de con. » Malgré l'évident humour qui se dégageait de ses mots, le blond savait que cela serait un problème : il ignorait si Andar le pensait mort ou s'il savait qu'il était vivant, il ignorait quel était son état d'esprit ou ses projets. Mais il savait comment fonctionnait son frère et s'il ne s'était pas encore rendu, il ne le ferait pas comme ça. Il était évident qu'il serait conforté, dans sa position, par Anya Vanbois, laquelle dépêcherait surement autant de soutiens que son influence le permettait, autant de soldat qui se hâteraient de venir au secours de son petit-fils le temps qu'Harrold reprenne contrôle sur la situation. Mais cela n'était qu'un plan utopiste. Combien de corbeaux mourraient avant qu'un seul ne parvienne à atteindre sa destination ? Quelle formation les forces alliés de Goëville, du prince Viserys et de la compagnie dorée avait adopté pour assurer de garder le contrôle sur ce bout de péninsule. Robar n'était pas un stratège, mais en son fort intérieur, il se doutait qu'un assaut lancé à ce moment précis ne l'avait pas été pour rien. Il se souvenait des réunions précédent la bataille et le désir d'Andar d'aller frapper aux portes de la cité valoise pour expliciter le silence soudain des Grafton et de leurs gens, étouffer dans l'oeuf une rébellion naissante. Quel beau hasard que les deux armées se soient mis en marche en même temps. « J'adore mon frère, Lord Gerold : jusqu'à ce que vos hommes me ramassent sur ce champ de bataille, j'étais persuadé que j'allais mourir pour lui. Alors voilà le conseil que je puis vous donner parce que j'accorde beaucoup de valeur à ma vie et que visiblement je vous en dois une: Andar est aussi buté que revanchard, vous ne gagnerez rien dans une guerre de nerf avec lui. Il préférera s'étouffer avec ce qu'il lui reste de dignité plutôt que de céder, qui plus est face à un Grafton, sans vouloir vous offenser. » Bien que cela fut une évidence, le rappeler lui semblait indispensable : bien que retranché dans sa forteresse, inquiet de l'accouchement imminent de sa femme et possiblement endeuillé par la perte de son frère, Andar n'avait pas été élevé pour ouvrir ses portes à l'envahisseur. Mais il n'était pas non plus suicidaire et si cela garantissait la survie de ses enfants ou du reste de sa famille, peut être accepterait-il de discuter. Le chevalier savait que cela couterait cher à son frère mais il ignorait combien de temps Roches-aux-Runes pourraient supporter un siège. Et si ce n'était Andar, alors Alys serait peut être plus réceptive -si tant est qu'elle survive à l'épreuve qui l'attendait. Robar se demandait ce qui se tramait en dehors de ces murs, ce qu'Harrold planifiait pour les sauver, quels autres hommes partageaient son quotidien dans les goêles de ce château et quelles familles finiraient par céder à la pression d'avoir la vie d'un être cher entre les mains. « Donnez lui une raison de sortir, de discuter et peut être, je dis bien peut être, que vous arriverez à vous faire entendre. » Il n'y avait pas de promesse, pas d'assurance. Andar était ce qu'il était, il avait été élevé pour penser au fief, à la famille, à l'avenir et il était seul maître de leurs destinées. Mais quelques part, le blond se demanda si son frère le laisserait mourir ici, si son honneur le pousserait à le sacrifier sur l'autel de la loyauté.

Il eut un petit ricanement à la remarque de son hôte et appuya sa tête sur le mur derrière lui. Ma conversation la plus apaisée ? Y avait-il du grabuge à l'étage pour qu'il soit gratifié d'un tel compliment. Apaisé n'était pas le genre de qualificatifs qu'on usait pour le décrire d'ordinaire : impulsif, provocateur, débauché, incroyablement charismatique oui, mais apaisé, voilà une première. Cela suffit à lui faire retrouver le fantôme d'un sourire en coin. « D'ici là ... Peut être que je vais devoir m'habituer à ces murs car quelque chose me dit que je vais y passer du temps. » soupira-t-il, apportant une dramatique et très théâtrale intonation de lassitude à ses mots. Il songea que c'était sans doute leur plus longue conversation, n'ayant que peu de souvenir d'échange avec l'aîné des frères Grafton et peu habitué à signifier sa présence à Goëville lorsqu'il y passait. Voilà chose faite, songea Robar avec ironie. Il haussa les épaules. « J'aurai essayé ... Ceci dit, s'il vous prenait soudainement l'immense envie de renouveler l'expérience, ma compagnie serait sans doute bien plus agréable dans une pièce un peu moins humide. Je n'ai jamais été un grand amateur de cachots. » Cela sonnait presque comme une manière de lui indiquer qu'il n'était plus très disposé à discuter : en vérité, la fatigue le prenait lentement tandis que les effets des remèdes contre la douleur faisaient leur effet. Bien évidemment, son sens de l'exagération, lui, ne semblait pas épuisé mais c'était un fait, il découvrait -s'il en était besoin- que la captivité n'était pas son fort.

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