La perte du paon [RP SOLO]

La perte du Paon

Ses mains tremblaient, elle luttait pour ne pas le montrer, mais la lettre venue des Swyft, bougeait sans qu'elle puisse en avoir le contrôle. La guerre avait atteint l'Ouest, et si le Paon d'Argent avait écouté son commandant et préparer une éventuelle attaque, et même un siège, son esprit n'était pas tranquille. Elle n'était pas une combattante, c'était une gestionnaire de mine, une cheffe pour diriger sa maison, mais dans cette guerre, elle ne savait simplement pas comment agir. Humfrey lui manquait, lui serait quoi faire ! Elle se sentait si seule, si démunis, puis elle était tellement fatiguée. Sa grossesse, bien qu'elle avait réussi à la tenir secrète, arrivait à son terme et avec tout ce qui se passait, elle n'avait pas pu ralentir la cadence. Son rôle était d'être présente, de montrer sa force à son peuple qui craignait cette guerre. Azilys, était en colère, ses frères dragons provoquaient le feu et le sang et c'était des innocents qui allaient payer. Pourquoi ne pouvaient-ils pas simplement s'affronter entre eux ? Qu'est-ce qu'elle en avait à faire de savoir qui se tenait sur le trône ? Loyale aux Lannister sans aucun doute, mais certainement pas à la couronne. Il n'y avait toujours eu que l'Ouest qui avait compté pour elle, et au fils des années, par le biais de sa cousine, un peu le Conflans, mais l'Ouest était son foyer et Montargent se devait de rester debout, de leurs survivre à tous.

Une nouvelle douleur la fit grimacer, mais Azilys ne pouvait se permettre de se laisser aller à la souffrance. Elle relisait la lettre ! Champmoisson venait d'être attaqué et le fief de son époux n'était certes pas à proximité immédiate, mais tout de même pas si éloigné. D'un coup, son commandant, homme choisi par Humfrey lui-même vint à entrer.

- Nos sentinelles, ont-elles vu quelques choses ?
- Non, mon seigneur ! Mais nous avons obéi à vos ordres et nous serons prêts, si une attaque devait venir !
- Aucune nouvelle de Charmchamps ?

Si eux étaient tranquille pour le moment, elle venait tout de même à s'inquièter pour ceux qu'elle avait envoyé sous l'ordre des Lannister. Un hochement de la tête vint à lui prouver que non. Que faisait Humfrey à ce moment précis ? Une pensée vite oubliée, par une nouvelle douleur qui vint à la terrasser, puis d'un coup, elle sentit un liquide glisser entre ses genoux. L'instant était très mal choisi et l'homme face à elle, ignorait son état. Alors, elle prit son courage pour lui faire face, pour cacher les tiraillements et lui ordonna d'un ton calme :

- Dites au Mestre de me rejoindre dans ma chambre ! Et que les nourrices emmène les enfants se balader !

Il disposa et elle eut juste le temps de se rattraper à une chaise, son corps la trahissait et une servante vint à l'aider pour la guider jusqu'à sa chambre. Une nouvelle fois, elle allait donner naissance, et jamais, elle ne s'était sentie aussi seule qu'à ce moment précis. Pour les jumeaux, elle avait été entourée de Marianne, puis Humfrey et Tybolt se trouvait à proximité. À Luciana, même si en froid, elle savait son époux dans le coin, mais là, piégé par son secret créer pour la protection de Montargent, personne n'était là pour la soutenir, hormis ses servantes et son mestre.

La perte du Paon

La douleur, elle ne ressentait plus que cela, les voix n'étaient que murmure autour d'elle, Azilys souffrait tellement et plusieurs fois, elle priait la mère pour que tout s'arrête, ayant simplement besoin de respirer à nouveau en se sentant bien. Puis quand le calme revint, le paon d'Argent savourait cet instant de paix, toute en sachant que cela ne durerait pas. Mais durant cet instant, elle remarqua qu'une de ses servantes lui tenait la main, tandis qu'une autre lui épongeait le front. Son Mestre, lui, se préparait pour l'aider à mettre son nouvel enfant au monde. Une accalmie, qui lui permit de reprendre légèrement ses esprits, puis d'un coup, la douleur vint à la briser à nouveau. Des cris incontrôlés s'échappèrent, elle ressentait ce besoin d'extérioriser comme si ainsi la douleur pourrait s'envoler de son être.

Quand est-ce que cela allait finir ? Cette question s'imposait à son esprit, puis un espoir de fin vint à la rassurer quand le Mestre signifia voir la tête de l'enfant, que celui-ci avait beaucoup de cheveux. En soi, elle s'en fichait de savoir ce détail, Azilys voulait simplement que ça s'arrête. Et, puis, ce fut une dernière vague ultime de douleur et on lui demanda d'arrêter de pousser. Se laissant retomber en arrière sur son coussin, là, elle ne pensait qu'à une chose, récupérer, puis après quelques instants, elle réalisa que le silence était pesant autour d'elle.

Se relevant légèrement, ses servantes regardaient en direction du Mestre, tandis que lui secouait l'enfant. Il ne pleurait pas, elle eut l'impression de revivre la même scène qu'avec Alyzéa, mais sa fille avait fini par montrer des signes de vie, du coup, elle attendait et ne pouvait quitter du regard ce petit dans les bras de son mestre. Cet enfant qui n'émettait toujours aucun bruit, tout comme elle. Son regard croisa finalement celui du sage et elle sut. Enveloppé dans une couverture, il vint à le déposer dans ses bras et lui murmura :

- C'était un garçon !

La perte du Paon

Plus aucun bruit autour d'elle, tous l'avaient quitté, laisser seule dans sa chambre et dans ses bras, elle le tenait. Si petit, si léger et surtout elle sentait bien qu'il n'avait aucun tonus. L'enfant qu'elle s'était évertuée de cacher tout le long de sa grossesse, pour protéger Montargent, avait simplement décidé de ne jamais respirer, de ne pas s'imposer cette vie. Les Sept venaient-ils de la punir de son secret ? Non, Azilys ne pouvait penser cela, ils savaient qu'elle avait dû agir ainsi pour son fief et si c'était le prix à payer pour que Montargent et les Serrett survivent, elle l'acceptait. 

Aucune larme ne coulait, mais son regard ne pouvait quitter le visage de ce petit garçon. Il était unique, ne ressemblant pas aux autres de ses enfants, il aurait été le coq parmi les Paons. Doucement, elle attrapa sa petite main et vint à fredonner la mélodie de sa mère. Celle qu'elle avait entendue le jour de sa naissance et qui avait suivi le reste de sa vie.... Cette mélodie fut la dernière chose fredonnée par sa mère avant qu'elle ne se jette dans le vide, et Azilys l'avait murmurer à l'oreille de son petit frère, Lucian pour qu'il sache que tout irait bien, qu'il pouvait s'en aller. Une mélodie chère à son coeur, qui retraçait à sa façon son histoire. Dans son esprit, ses notes accompagnèrent son enfant auprès des siens, rejoindre les autres Serrett qu'elle avait perdus. Un sourire vint à apparaître sur son visage, imaginant Aliénor tenant son enfant dans ses bras, le berçant, comme une mère se devait de le faire. Il serait aimé, pas par elle, mais par la meilleure des âmes. Elle confiait ce petit être à sa jumelle. Quand elle eut terminé de fredonner, elle vint à poser ses lèvres sur son front et lui murmura : 

- Je suis désolée !

Elle s'excusait par la décision qu'elle avait prise. Cet enfant, son enfant, son petit garçon n'aurait pas d'existence. Pour maintenir son secret intact, elle allait simplement le faire disparaître, dans la noblesse, il n'y avait qu'Alyx qui serait et sûrement viendrait elle à le dire à Humfrey, mais ce petit paon ne serait jamais dévoiler aux yeux des autres. Ce fut à ce moment-là qu'elle entendit sa porte s'ouvrir, quittant le visage de son enfant, elle croisa le regard de son mestre. Elle lui fit signe d'approcher et lui confia ce petit être, tout en ordonnant :

- Il ne doit pas apparaître dans vos registres, personne n'a besoin de savoir, nous devons penser d'abord à Montargent et cette perte pourra être vue comme une faiblesse !

Tout comme l'aurait été sa grossesse, si elle ne l'avait pas caché. La guerre était trop proche et Azilys se devait d'apparaître comme une force, déjà que son sexe ne plaiderait pas en faveur des ennemis de son fief. Regardant une dernière fois, l'enfant sans vie, elle ajouta d'un ton plus doux :

- Qu'il soit déposé auprès d'Aliénor dans son tombeau !

Et là, tout en le voyant emporter le petit et refermer la porte derrière lui, Azilys se sentit plus seule que jamais. Un flot de larmes l'emporta et comme pour taire sa tristesse, elle étouffa ses pleurs avec son coussin. Le paon d'argent venait à se détester et surtout à détester tous les sacrifices qu'elle se devait de faire en tant que seigneur. À ce moment précis, c'était la mère qui réagissait, cette mère qui avait perdu un enfant, son petit paon.

La perte du Paon

Des faibles rayons de soleil s'infiltraient dans sa chambre, une journée qu'elle était restée dans son lit. Perdue dans ses pensées, ne voulant qu'une seule chose être seule. Elle ne se sentait pas souffrante, ni même fatiguée, la Serrett avait seulement besoin de trouver du réconfort et quoi de mieux que de regarder son reflet. Un petit miroir dans la main et elle touchait des bouts des doigts son image, celle qui aurait pu être la sienne. Sa jumelle lui manquait encore plus en cet instant précis. Tellement d'années étaient passées depuis sa perte et pourtant, c'était toujours dans son souvenir qu'elle cherchait à se ressourcer et surtout à surmonter les épreuves sur sa route. Et pourtant, à travers le miroir, ce ne fut pas comme à son habitude, elle ne voyait qu'elle-même, ses traits fatigués, ses cheveux détachés. Elle avait l'impression d'avoir vieilli alors qu'Aliénor resterait jeune éternellement. Jetant le miroir au pied de son lit, son regard se perdit dans l'horizon et l'image de son enfant revint à son esprit. Ce petit être si innocent, le premier de ces enfants qu'elle trouvait beau à la naissance. 

Le bruit de sa porte de chambre lui fit relever la tête. Qui osait venir la déranger ? Elle avait déjà précisé ne pas vouloir mangé, ne pouvait-elle pas avoir un moment de calme ? Prête à rugir, son regard se fit plus doux à la vue de sa visiteuse. Sa fille, Alyzéa, passa tout d'abord la tête à travers l'ouverture de la porte porte et regarda sa mère avait d'oser rentrer et fermer la porte derrière elle. Celle qui lui rappelait temps, Aliénor par sa douceur s'approcha quand elle lui fit signe qu'elle pouvait venir. Tout doucement, elle grimpa sur le lit et se faufila sous la couverture pour se mouvoir dans les bras de sa mère. Caressant ses cheveux, l'enfant vint à poser sa main sur son ventre, comme si elle l'avait toujours su, comme si elle avait compris ce qui tourmentait sa mère. Ce fut ainsi qu'elle trouva du réconfort, auprès de sa fille aînée, elle la serrait contre elle et suivait la cadence de sa respiration. Puis tout doucement, elle posa sa tête contre le haut de son crâne. Azilys réalisait qu'elle n'était pas seule que ses enfants étaient là et que d'une certaine façon Alyzéa prouvait par son action qu'elle serait toujours là. 

Plus apaisée, le sommeil vint à la rattraper et elle se réveiller quelques heures plus tard. Alyzéa était toujours là, dormant à la place de son père. Caressant son visage, elle embrassa sa joue et l'observa pendant plus d'une heure avant de se décider de sortir de son lit. Certes, Azilys savait que son mestre lui dirait de garder le lit, mais elle ne pouvait pas se le permettre, personne ne devait savoir qu'elle avait gardé le lit ou des questions se poseraient hors de son personnel proche. Le seigneur de Montargent se devait de reprendre la place qui était sienne, oublier le tragique événement pour se concentrer sur les choses à venir. Et pourtant, elle sentait au fond d'elle que cet enfant qui n'avait pas d'existence en ce monde, ne voulait pas quitter son esprit.