Accueil
Rechercher
Membres
S'enregistrer
Connexion
(même les petits)![[FB] La ballade du Faon et du Saule. [avec Liliyana Ryger] 3725701551](/users/1815/27/49/46/smiles/3725701551.gif)
[FB] La ballade du Faon et du Saule. [avec Liliyana Ryger]
Invité
En ce jour, rien n’aurait pu ébranler la bonne humeur de Shôren. Ils y étaient arrivés. Le Conflans, puis Corneilla, demeure ancestrale des Nerbosc. Si le voyage avait été long, la jeune fille avait profité de chacun de ces instants, de part la joie qui se trouvait au creux de son coeur. Aussi, le faon d’Accalmie avait vite oublié les quelques tensions qui pouvaient tordre ses muscles et ses membres. Ils étaient arrivés la veille, afin d’assister aux festivités qui devaient unir Lady Sansa Stark à Hoster Nerbosc. Des cuisiniers, aux serviteurs en passant par toutes les personnes de noble sang, il régnait à Corneilla une certaine agitation.
Un fait qui ne déplaisait pas à la jeune fille. Son visage marqué d’une bien morne manière faisait qu’elle ne pouvait disposer d’un tel luxe. Le faon d’Accalmie avait fait part de son envie de profiter de l’air frais ainsi que de se dégourdir les jambes après leur long voyage. Chose qui lui avait été accordée, à la condition qu’elle soit accompagnée d’un chaperon, un fait aisément accepté par la jeune fille. C’était ainsi que la Baratheon s’était retrouvée à l’extérieur, s’éloignant par la même occasion du tumulte. Une servante l’accompagnait, se tenant quelques pas derrière elle, la laissant ainsi découvrir les environs. Comme tout un chacun, Shôren ne pouvait que savoir que les Nerbosc disposaient d’un barral. Un barral dont elle aurait bien voulu s’approcher, depuis qu’elle en avait appris l’existence.
Lorsque son père lui avait appris qu’elle ferait partie du voyage jusqu’à Corneilla, la jeune fille s’était préparée à sa manière, se plongeant dans quelques livres, parfois à la lueur d’une bougie. Si Shôren connaissait certaines choses sur les autres familles suzeraines, les rencontrer et passer quelques temps en leur demeure ne se faisait pas sans quelques ajustements. Aussi ne voulait-elle pas passer pour une idiote… Si Corneilla se trouvait quelque peu en hauteur, fort était de constater que cette impression disparaissait, alors qu’elle se trouvait dans le bois sacré. Désormais presque seule, la servante qui l’accompagnait restant à une distance respectable d’elle, Shôren sentait une certaine sérénité s’infiltrer dans les fibres de son être. Cet endroit ne valait pas Accalmie, c’était un fait. Le faon lui trouvait cependant un charme certain.
Si seulement l’hiver n’était pas présent. Shôren était certaine que l’endroit revêtait une toute autre apparence durant une saison plus clémente. La jeune fille finit par s’éloigner, retrouvant les chemins tous tracés et des plantes plus communes, qui auraient presque leur place dans un jardin, la servante sur ses talons. Elle aurait aimé ramasser quelques plantes propres au Conflans, afin d’enrichir un herbier qu’elle s’était imaginé fabriquer à son retour. Cela lui aurait permis de garder un souvenir de ce voyage, le deuxième en comptant le tournoi de Lestival. Hélas, cela ne serait sans doute pas possible. Car à Corneilla comme ailleurs, il n’y avait que peu de plantes qui pouvaient se targuer de garder toutes leurs couleurs durant la mauvaise saison.
« Serait-ce un loup ? » laissa échapper, sans s’en rendre compte, la jeune fille.
Elle avait entendu dire que la fratrie de la future épousée, ainsi que cette dernière, en possédaient quelques spécimens qui restaient le plus souvent à leurs côtés. Des spécimens bien plus grands que les loups habituels, cependant. Des loups géants, dont les contes laissaient entendre qu’ils pouvaient faire la taille d’un tigre, quand ce n’était pas plus grand ! Se pourrait-il qu’il s’agisse de l’un d’entre eux ? Shôren se rassura cependant bien vite. Non, les loups ne ressemblaient pas à cela. Un chien. Il s’agissait d’un gros chien blanc comme neige. L’animal avait tourné la tête dans sa direction, alors qu’elle s’approchait. Cela avait suffit à apaiser le faon d’Accalmie. A cela s’ajoutait la présence de ce qui semblait être une laisse et un collier. Ainsi appartenait-il à quelqu’un. Sans doute à la jeune femme qui se trouvait à ses côtés. Avait-elle pu la déranger en s’avançant sans s’annoncer ? Il fallait dire que Shôren était persuadée d’être seule dans cette partie de la demeure des Nerbosc.
« My Lady. en prononçant ces quelques mots, la jeune fille avait esquissé une légère révérence. Je vous prie d’excuser mon intrusion. Je ne pensais pas croiser une autre âme en ces lieux. Les prunelles bleues de Shôren se posèrent alors sur le chien qui se trouvait toujours là. Voilà un bien bel animal. Un sourire étira les lèvres de la Baratheon. Fort intelligent également. Il a remarqué ma présence avant que je ne puisse le remarquer moi-même. Je suppose qu’il vous appartient ? »
Shôren appréciait les animaux, bien qu’à choisir, elle avait plus d’affection pour les chevaux. Son père avait également fait en sorte de lui inculquer les bases de la fauconnerie, appréciant certains oiseaux de proie. La jeune fille finit par reporter son attention sur celle qui semblait être la propriétaire de l’animal. Il lui semblait que l’inconnue était plus âgée qu’elle. La délicatesse de ses traits était notable, de même que la blondeur de sa chevelure. Ainsi, on aurait pu la croire moins âgée. C’est alors que quelque chose sauta aux yeux du faon d’Accalmie. Sa grisécaille. La jeune femme ne semblait pas l’avoir remarquée. Il s’agissait pourtant de la première caractéristique physique que tout un chacun remarquait chez elle. Et ce, avant même ses traits typiquement Baratheon. Si personne n’osait faire de remarque, Shôren était habituée à ces regards, tantôt surpris, tantôt étonnés, tantôt attristés. Et pourtant, rien ne se produisait à cet instant. Comme c’était étonnant…
Membre
« Ser Damon ? »
La voix d’un de nos serviteurs qui s’approcha pour parler d’un cheval qui avait visiblement un problème. Damon hocha la tête et me guida jusqu’à un banc.
« Je reviens vite, tu ne bouges pas. »
Je hochai la tête avant que mon frère ne s’éclipse, cela ne devait pas être important ou il devait avoir confiance en Polar pour me laisser toute seule. Il fallait juste que Grand-mère ne soit pas au courant. J’écoutais les bruits aux alentours avec un petit sourire, Polar vient poser son museau sur mes mains et je les passais doucement sur sa fourrure. J’eus un sourire aimant jusqu’à ce que mes oreilles captent des bruits de pas et que Polar s’éloigne aussitôt pour voir. Un loup ? J’eus un sourire avant d’incliner légèrement la tête puisque les pas venaient vers moi. Arriverais-je à piéger mon interlocutrice, c’était une voix de femme, pour lui faire croire que j’étais voyante ? Tentons.
J’inclinais la tête vers la jeune fille avec un sourire et mon chien s’approcha de moi pour venir poser son museau sur mes genoux. Je hochais doucement la tête.
« Il n’y a pas de mal ma dame, je m’appelle Liliyana Ryger, et vous ? Mon chien est effectivement très intelligent, il se nomme Polar. Nous sommes venus pour qu’il se dégourdisse les pattes. »
Il s’ébroua un peu et j’indiquais le banc de pierre proche de moi. Elle n’était pas seule. Une chaperonne peut-être.
« Je vous en prie, asseyez-vous. Polar, tu vas chercher un bâton ? »
Mon chien s’ébroua et s’élança vivement avant de revenir quelques secondes plus tard et il déposa le bâton dans ma main. Je l’attrapais sans hésiter une seconde pour lui lancer et lui retourna le chercher. Je continuais de suivre autant que possible les bruissements de tissu de la jeune femme.
« Je ne pensais pas non plus croiser quelqu’un dans les jardins, mais le calme est agréable. »
Arriver dans un nouvel endroit, le bruit, les gens, tout cela… c’était très fatiguant pour moi. Mais je n’en dis rien.
Invité
Quelque chose clochait. De cela, Shôren en avait l’intime conviction. Chaque fibre de son esprit s’activait à trouver la raison de ce sentiment qu’elle éprouvait. Alors que la jeune femme se présentait, la jeune fille ne put s’empêcher de la détailler à nouveau, des jambes à la tête. Ce n’était pas un comportement digne d’elle, la jeune fille le savait bien. Certaines personnes n’hésitaient pourtant pas à agir de la sorte à son égard, sous le couvert d’un coup d’éventail ou encore d’un voilage.
La jeune Lady ne sembla cependant pas s’offusquer de son comportement, comme si elle ne l’avait même pas remarqué. Les prunelles bleutées de la jeune fille se posèrent alors sur l’imposant chien blanc qui venait de s’ébrouer. Si de loin, elle avait pu le prendre pour un loup, et dans les faits il en avait sans doute la taille, de près, la question ne pouvait guère se poser. Qui plus est, son caractère semblait fort doux, bien éloigné de celui d’un tigre à n’en pas douter. A l’ordre de la jeune Ryger, le canidé se redressa avant de partir en courant. Un animal bien curieux, d’une certaine manière. Si Shôren avait connaissance de quelques dames qui appréciaient les chiens de petite taille, ou la morphologie si particulière des chiens de chasse, fort était de constater que Polar tenait plus du chien de berger que de l’un de ces deux groupes. Un choix quelque peu étonnant, pour une femme de la noblesse.
« Enchantée de faire votre connaissance, Lady Ryger. avait tout d’abord répondu Shôren, doucement. Je vous remercie de votre invitation. Il est vrai que me reposer quelques instants ne me ferait pas de mal. La jeune fille avait rassemblé ses robes, avant de s’approcher du banc et de s’y asseoir. Permettez-moi de me présenter à mon tour. Je suis Lady Shôren Baratheon, d’Accalmie. Un sourire était naturellement né sur les lèvres de la jeune fille, alors qu’elle prononçait ces mots. Je suis ici afin d’assister aux noces qui se préparent au moment où nous parlons. »
Le mensonge n’était pas un outil que Shôren appréciait manier. Si les réactions de la jeune femme ne pouvaient que l’intriguer, il n’y avait rien pour la pousser à une telle extrémité. Les mauvais mots étaient comme la flamme d’une bougie. Le souffle de la vérité aurait vite fait de les éteindre, ne laissait derrière eux que des tensions inutiles. Qui plus est, Lady Liliyana avait été d’une grande politesse. Elle finirait par mettre le doigt sur ce qui l’intriguait chez elle par des moyens plus dignes.
« Nous sommes deux, dans ce cas. reprit la jeune fille, amusée par la réaction de Polar alors que sa maîtresse lui lançait à nouveau le bâton qu’il avait trouvé. Voyez-vous, c’est la première fois que je m’aventure dans le Conflans. Aussi ne pouvais-je pas oublier d’en apprécier les jardins. Le faon d’Accalmie se tut quelques instants. Hélas, l’hiver ne nous permet pas d’en apprécier la réelle beauté. Que cela soit ici ou sur les routes que nous avons pu emprunter pour nous rendre jusqu’à Corneilla. Un petit rire s’échappa alors des lèvres de la jeune fille. Mais je ne doute pas que vous avez une toute autre idée de la chose, Lady Liliyana. Vous êtes bien originaire de cette région, si je ne m’abuse ? »
Il lui semblait avoir entendu le nom des Ryger au détour d’une conversation, après leur arrivée. Qui plus est, il n’y aurait rien d’étonnant quant au fait que la majorité des invités conviés à ces épousailles soient des Conflanais et des Nordiens. Aussi, faire le pari que les Ryger étaient effectivement originaires du Conflans ne lui paraissait pas être une idée saugrenue.
Membre
« Enchantée Dame Shôren, c’est un honneur de vous rencontrer. Ce n’est pas tous les jours que j’ai la chance de rencontrer la fille du seigneur de l’Orage. Je viens également pour ce mariage. »
Je ne lui demandais pas si elle était venue avec sa famille, elle semblait bien jeune et cela me semblait évident qu’elle était accompagnée par son père. Il ne me semblait pas avoir entendu le seigneur de l’Orage, mais je pouvais l’avoir loupé, c’était un grand château après tout. Je préférais ne pas trop poser de question sur la famille, je savais à quel point le sujet de la famille pouvait être difficile pour certaine personne. Pour ma part… j’avais appris à vivre avec une certaine… paisibilité ? Si on pouvait le dire, d’évoquer et mon handicap et le fait que ce soit ma grand-mère qui m’ait élevé et non pas ma mère. Paix à son âme.
J’écoutais la jeune femme alors que Polar revient avec son bâton pour que je lui lance à nouveau. IL pouvait faire ça pendant des heures, je le savais et ça ne me dérangeait pas de jouer avec lui. Je dus mal lancer le jouet parce que je l’entendis rebondir sur un arbre et Polar revient beaucoup plus vite me le mettre dans la main alors que dame Shôren parlait. Je hochais doucement la tête en l’écoutant. Ne pas en apprécier la beauté, de ce Damon m’avait décrit, ils n’étaient pas si mal, mais moins beaux que ceux de Bois-De-Saule. Je hochais la tête.
« Je viens de Bois-De-Saule. Mon périple pour venir jusqu’ici a été moins long ! Le Conflan, comme toutes les terres des royaumes, à une beauté particulière qu’il faut savoir apprécier, c’est très vert, autant que le Bief, mais il y pleut bien plus ! Et la terre est donc gorgée d’eau, mais nos rivières portent la vie en leur sein… Thip Polar, tout doux. »
Mon chien s’excitait un peu par le jeu et venait de me marcher sur les pieds. Je repris une nouvelle fois le bâton pour lui lancer aussi loin que je pouvais. Je reviens vers Shôren en espérant réussir à la regarder plus ou moins dans les yeux. C’était un exercice difficile pour moi… Mais tout le monde n’avait pas à savoir que j’étais aveugle… Je me prenais suffisamment mur et branche dans un nouvel environnement quand je n’avais que Polar pour me guider, à Bois-De-Saule, je connaissais assez l’endroit pour même n’y déplacer sans Polar ! Ici c’était impossible.
« Pardon, quand je parle de ce royaume j’ai tendance à m’emballer un peu. Mais peut-être est-ce aussi votre cas pour l’Orage ? J’y suis allée pour le tournoi de Lestival, mais il y avait tellement de monde ! »
Autant dire que Damon n’avait pas pu forcément tout me décrire et que j’étais restée collée à ma grand-mère pour éviter de me perdre. Polar n’avait pas aimé, on lui avait marché sur les pattes. Cette grosse boule de poil revient à nouveau, mais je le sentis s’approcher de Shôren ainsi que le petit bruit du bâton par terre.
« Il vous demande de lancer le bâton. Mais je peux le faire si vous préférez. »
Cela pouvait dégoûter des dames de mettre ses doigts dans de la bave de chien. Pas moi, mon toutou m’apportait tellement que je ne pouvais pas être dégoûté de jouer avec lui.
Invité
Elle n’avait pas été reconnue. Shôren en avait à présent la certitude. Si ce fait n’était que peu étonnant, elle-même ne connaissait pas tous les vassaux des Nerbosc, il y avait d’autres détails qui ne pouvaient qu’intriguer la jeune fille. Si l’autre Lady la suivait pour ainsi dire du regard, Shôren avait l’impression de discerner comme un léger décalage entre le moment où elle effectuait une action et le moment où la Ryger semblait la discerner. Il ne s’agissait-là que peu de chose, mais en y prêtant davantage attention, ce détail prenait en importance. La vérité lui échappait encore, cependant. Le Faon ne comptait cependant pas en rester là. Elle trouverait la réponse à cette énigme.
« L’honneur est partagé. répondit instinctivement la jeune fille, sans se départir de son sourire cependant. Bien du beau monde a fait le déplacement, si vous voulez mon avis. Nous assisterons à de bien belles noces à n’en pas douter. »
Replaçant l’une de ses mèches derrière son oreille, Shôren se laissa aller quelques instants à des rêveries. Elle n’avait assisté qu’à peu de mariages, c’était un fait. La jeune fille en gardait cependant d’heureux souvenirs et espérait qu’il en serait de même pour celui qui s’annonçait. Rêveries qui furent troublées par le retour du chien au pelage de neige. Ce dernier s’arrêta au niveau des jambes de sa maîtresse, sa ‘’proie’’ dans sa gueule. La Ryger récupéra la brindille, avant de la lancer à nouveau. Branche qui rebondit sur un arbre tout proche avec un son creux. Sans s’en apercevoir, Shôren fronça quelque peu les sourcils. L’arbre en question n’était pas très éloigné. Il était étonnant que Lady Liliyana ne l’a pas aperçu et n’ait pas fait en sorte de l’éviter. Cela ne sembla pas déranger l’animal, cependant. Telle une tornade blanche, Polar avait déjà à nouveau disparu.
Disparition qui ne dura que peu de temps, cependant. Sans aucun doute accoutumé à un tel jeu, l’animal eu vite fait de réapparaître, déposant à nouveau la brindille entre les mains de sa maîtresse. Entre ses mains… Shôren se fit alors la réflexion qu’en bien des circonstances, c’était aux maîtres de récupérer ce que leur animal leur apportait. Dans le cas présent, Polar se contentait de déposer l’objet de ses jeux sur les genoux de la jeune Ryger, quand ce n’était pas entre ses mains. Il y avait-il un problème ? Cela pouvait expliquer le manque de précision dont Lady Liliyana semblait faire preuve. Cela ne l’empêcha pas de se lever quelques instants, esquissant quelques pas avant de lancer le bâton plus loin. Des pas quelque peu hésitants. Si Shôren le remarqua, elle n’osa cependant point formuler de remarque à ce propos.
« Comme vous en vouloir pour cela ? s’enquit doucement Shôren, rhétorique. Il n’y a guère plus bel endroit que notre foyer, à mon sens. La jeune fille se tut quelques instants, son sourire se faisant plus large alors que les terres de son père étaient évoquées. Le tournoi de Lestival était un évènement d’importance, il est vrai. S’il vous est donné de retourner sur les terres de ma famille, je pense que vous pourriez y trouver des similitudes avec le Conflans. La pluie y est fréquente. Les tempêtes peuvent l’être également mais nous y sommes accoutumés. »
Jamais Shôren n’aurait souhaité naître dans une autre Couronne. Si Accalmie n’avait pas le charme de Lestival, la forteresse avait ses propres atouts. La jeune fille y avait toujours vu l’un des endroits les plus sûrs qui soit. Que même les fréquentes tempêtes ne pouvait ébranler. Elle avait appris à apprécier ces hauts et épais murs, A s’y déplacer avec assurance de jour comme de nuit, pour seule compagne, une simple bougie. La jeune fille fut tirée de ses rêveries par le retour de Polar, qui déposa le bâton à ses pieds. Amusée par la réaction de l’animal, Shôren n’osa cependant pas agir, ne sachant si elle en avait le droit. Les mots de Liliyana dissipèrent cependant vite ce doute.
« Comment résister à ce doux animal ? » répondit Shôren, attendrie.
Se baissant légèrement, Shôren prit le bâton dans l’une de ses mains avant de le lancer. Il lui semblait qu’elles étaient seules, en ces lieux. Seules avec sa servante, bien sûr. La jeune fille appréciait ce moment loin des tensions inhérentes aux derniers préparatifs d’un mariage. Alors que Polar s’éloignait à nouveau, les prunelles du Faon se posèrent à nouveau sur Lady Liliyana. On aurait dit que la jeune femme ne percevait pas le monde comme elle. Une déduction étonnante, il est vrai.
Pourtant, il semblait qu’il s’agissait-là de la seule possibilité, qui expliquait ses gestes qui semblaient parfois maladroits, de même que ses pas. Qui expliquait également pourquoi elle n’avait même pas prêté attention à sa grisécaille, chose que la jeune fille appréciait grandement dans les faits. Mestre Cressen, R’hllor ait son âme, lui avait parlé de ces personnes qui ne pouvaient voir de la même manière que le commun des mortels. En vieillissant, lui-même avait ressenti quelques difficultés, à ce sujet. La jeune fille l’avait déjà vu utiliser une loupe comme outil pour consulter certains livres, notamment. Se pourrait-il que Lady Liliyana soit dans ce cas, malgré l’âge qui était le sien ? Sans s’en rendre compte, le Faon porta sa main à sa joue grisâtre et durcie, ne réagissant qu’au moment où elle s’apprêtait à la gratter. Non, il n’était pas question qu’elle en arrive là. Mieux valait mettre des mots sur ses pensées que de s’y plonger de trop.
« … Vous me semblez percevoir le monde d’une manière bien différente de la mienne, Lady Liliyana. avoua finalement Shôren, sur un ton chaleureux. L’image que vous donnez du Conflans me donne l’envie d’en découvrir davantage à son sujet, bien que je doute que cela soit possible. »
La jeune fille avait pesé chacun de ses mots, comme au gramme près. Mettre Lady Liliyana dans un quelconque trouble n’était point dans ses idées. Au contraire. La jeune femme l’intriguait quelque peu et elle ne cherchait qu’à la comprendre, en cet instant.
Membre
« C’est une union très importante ! Il est évident que les petits plats seront servis dans les grands ! Je pense qu’on se souviendra longtemps de ces noces. »
J’inclinais à nouveau légèrement la tête. J’avais déjà assisté à des évènements importants, toujours aux côtés de ma grand-mère et de mon frère, et même si je savais que pour ma grand-mère cela ne serait pas éternel, j’espérais que cela le serait pour mon frère. Et je ne pus que m’enthousiasmer pour ma patrie en évoquant la beauté de ce pays que je n’avais jamais vu, mais dont j’appréciais les subtilités auditives ou olfactives. J’eus un sourire à sa remarque.
« Il est vrai qu’à Lestival nous n’avons eut guère l’occasion d’admirer une des tempêtes de l’Orage. Mais quand il pleut, j’aime écouter le bruit de la pluie sur les fenêtres et le crépitement d’un bon feu. Mais j’imagine que nos propres pluies font plus que pâle figure à côtés de vos tempêtes et orages. »
Et Polar entama son numéro de charme, je le laissais faire sans hésitation, il voulait juste jouer avec dame Shôren, si elle ne voulait pas, je le ferais ! Polar avait cet avantage de ne pas être très rancunier ! Comment résister…
« Mmh… J’avoue que j’ai appris à résister à ses yeux doux et ses tentatives de séduction depuis que je l’ai avec moi. C’est un cadeau de ma Grand-Mère, il m’accompagne partout où je vais et je déteste m’en séparer. »
Sauf en cas de nécessité absolue… ou ordre de Grand-mère. Mais c’était presque synonyme. Il avait un caractère de peluche… sauf si quelqu’un tentait de s’en prendre à moi, je le savais. Un garde avait fait une démonstration et il s’était jeté contre lui ! Damon m’avait raconté qu’il y avait des traces de crocs partout sur de gambisson épais de cuir que portait le garde. Il eut un temps de silence alors j’écoutais l’endroit, la respiration de la jeune femme, me détournant de son visage pour essayer de suivre à l’oreille mon chien qui semblait fouiner pour trouver son bâton. La voix me fit revenir sur terre et j’eus un sourire amusé sur les lèvres.
« Tout le monde perçoit le monde différemment dame Shôren. Certains sont plus sensibles à la lumière, à la nature, aux constructions des hommes, aux sons et sensations, là où vous utilisez peut-être quelque chose d’autre pour découvrir un nouvel endroit. Quant à le découvrir un peu plus… Certains disent que lorsqu’on a vu un jardin on les a tous vu. Ou que le Conflans n’est toujours que le même paysage répété à l’infini. Pourtant, même en revenant deux fois auprès de la même rivière ont perçoit des changements, ce n’est pas toujours perceptible au premier coup d’œil, mais parfois il faut juste fermer les yeux et écouter ou se servir de ses autres sens. »
Je restais silencieuse un nouvel instant et Polar revient une nouvelle fois pour déposer le bâton proche de Shôren, je les laissais jouer ensemble.
« Les changements se font souvent parfois sans bruit et ils nous frappent uniquement lorsqu’ils sont visibles pour le plus grand nombre. Ma perception du monde est unique, tout comme la vôtre. C’est notre histoire et notre éducation qui forge une vision du monde. Mon royaume, si je puis le dire ainsi, est magnifique, peut-être pourrez-vous le découvrir plus avant. Mais je dirais que même dans son propre château ou sa propre maison, on peut découvrir des choses en les observant sous un autre angle. »
Je tendis une main vers mon chien disparu entre les buissons.
« Nous regardons mon chien d’un angle de propriétaire, c’est un bel animal, puissant et intelligent. Certains y verraient un chien à dresser pour en faire une arme, d’autre un animal à manger et certains juste un caprice d’une petite blonde écervelé. Peut-être est-ce que vous pensez d'ailleurs. »
Je lui offris un sourire amusé qui voulait dire que ce n’était qu’une plaisanterie.
« Découvrir un nouvel endroit est à chaque fois une expérience fantastique, mais je pense qu’on ne doit pas se lasser de découvrir sous le plus d’angle possible tout ce qu’il y a près de nous. Si vous fermez les yeux et que vous ne vous servez que de votre nez, peut-être que le jardin que vous aimez se retrouvera enlaidis parce que là où vous appréciez la beauté avec vos yeux, les parfums ne se mélangent pas aussi bien. »
J’étais peut-être partie un peu loin.
« Mais après tout la curiosité est humaine et je suis flattée que malgré tout mon royaume vous donne envie de le découvrir. »
Polar me colla le bâton dans les mains et je l’agitais un peu sous son nez pour lui renvoyer aussi loin que possible. Je l’entendis rebondir sur quelques arbres et dans un buisson plus loin. Oups ? Ou j’avais eu bon ?