A coeur ouvert (Alyria)

A coeur ouvert

After relaxation, the effort

Le voyage royal touchait à sa fin. Cela avait semblé si court à Alyria et pourtant, il leur fallait désormais rentrer à Port-Réal. Elle ne pouvait s’en plaindre. Les mariages de Lamarck et Noirport étaient là les deux sorties les plus merveilleuses qu’elle avait fait depuis un long moment. Les derniers voyages que la reine avait en effet effectué étaient ceux pour se rendre à Peyredragon. Le premier pour se reposer et le second pour sa sécurité. Cela n’avait guère été une véritable partie de plaisir. Il fallait ainsi reprendre le quotidien qu’elle avait quitté quelques semaines plus tôt. Son entourage la suivait la plupart du temps mais il y avait eu quelques changements dernièrement. Lady Hortense avait suivi le couple princier pour les mariages du Val et du Nord. Malheureusement pour ce-dernier, il fut décalé en raison d’une affaire somme toute complexe avec un des vassaux de lord Robb. Hortense retrouva alors la reine après le mariage de Noirport. L’échange de dames de compagnie n’avait ainsi duré que quelques lunes mais fut une expérience plutôt intéressante pour la reine qui avait pu découvrir la jeune et jolie Elyana Sarwyck qui, elle, retrouvait le service de la princesse Margaery. Tout ce petit monde retrouva les couloirs, les escaliers, les jardins, les murs, les appartements du Donjon Rouge. Alyria fut plus qu’heureuse de retrouver son fils, le prince Aerion, resté à Port-Réal auprès de sa sœur, épaulée par lady Aemma. Le jeune garçon était aux anges de retrouver sa mère et il ne la lâcha pas pendant plusieurs jours au moins. La reine aurait voulu que ces instants ne s’arrêtent pas, qu’ils se poursuivent à jamais et que l’ombre ne refasse pas surface. Et pourtant. Bien vite, l’effervescence se dissipa, le roi reprit son travail, la reine reprit son quotidien, la vie reprit son cours après cet intermède fort agréable.

À ses côtés, la reine pouvait, en plus de ses dames, compter sur la présence de certains membres de sa famille. Le jeune seigneur, Jaremy, également neveu de la reine, avait longtemps été présent à Port-Réal pour suivre les enseignements de sa tante et rencontrer également sa fiancée, lady Zhoe Manning. Désormais, il était reparti auprès de sa fratrie et de sa mère pour préparer son mariage qui arrivait à grand pas puisque prévu pour la lune 9. La reine espérait alors que le roi l’autorise à se rendre à Castel-Farring, consciente que les affaires concernant le frère du roi semblaient de plus en plus pressantes, à mesure que la santé du roi continue de se dégrader. En même temps que l’arrivée de Jaremy à la cour à la toute fin de la troisième lune de cette année, Alyria avait eu le plaisir d’accueillir trois de ses nièces : Falyse, Marla et Laena. Si la première rentra avec son frère après le mariage de Noirport, les deux dernières demeurèrent aux côtés de leur tante. Les trois jeunes femmes avaient pu avant ça vivre le quotidien de la capitale, un quotidien royal, côtoyant la famille Targaryen mais également la cour. La reine s’était alors lancée dans des affaires maritales. Si Jaremy allait se marier à une Manning, la reine avait réussi à obtenir une alliance avec son amie, Vaelle Velaryon pour la jeune Falyse. D’ici quelques lunes, la jeune femme épouserait le seigneur de Pince-Isle. Voilà qui devait faire envier des femmes comme Olenna Tyrell, Anya Vanbois ou la regrettée Melantha Ryger en matière de politique matrimoniale. Alyria voulait le meilleur pour ses neveux et nièces tout comme elle voulait le meilleur pour Aerion. Ce-dernier étant encore bien jeune, elle aurait tout le temps de penser à la candidate idéale.

Demeuraient ainsi à ses côtés, Marla et Leana. Les deux jeunes femmes, proches en âge, étaient également aptes à être mariées. Alyria espérait, cette fois, élargir les horizons des Farring en recherchant des familles plutôt extérieures à la Couronne. Le Conflans et l’Orage semblaient être ses priorités. Les deux régions possédaient bons nombres de familles idéales pour les deux nièces de la reine. Elle était également attirée par la présence de plusieurs religions sur leurs terres. Le Conflans était partagé entre les Sept, majoritaires, mais aussi les Anciens Dieux. L’Orage était partagé entre R’hllor, devenu soudainement majoritaire, et les Sept qui survivaient malgré la vague de conversion qui fit suite à la Peste Rouge puis la bataille de Winterfell. Alyria se voulait tolérante. Cette affaire de mariage lui prenait ainsi tout son temps depuis son retour à la capitale. Cela ne l’empêchait aucunement d’avoir quelques instants à consacrer à son fils en priorité, à son éducation qu’elle menait parfois elle-même, mais également à sa fille de cœur, Rhaenys ou encore à ses nièces qui se familiarisaient de plus en plus avec la vie de cour. Elle était même étonnée que cela sied à Marla qui demeurait la plus sauvage et rebelle de sa fratrie. Elle tenait plus de son grand-père que de son père mais était un amour. Elle avait su se plier à l’étiquette, pour le plus grand bonheur d’Alyria. Lady Tyana veillait au grain dans l’entourage de la reine. La trentenaire Orageoise aimait la rigueur et la droiture. Par moment, Marla lui faisait penser à Rhaenys. Elle possédait toutes deux leur petit caractère et nul autre que la reine elle-même avait cette merveilleuse capacité à les recadrer, sans forcément élever la voix.

- Lady Marla Farring, Votre Majesté.

- Faites-la entrer.

Alyria était avec ses dames, dans ses appartements ce matin-là. Aerion était avec ses nourrices. Quant à ses nièces, elles vaquaient sans doute à leurs occupations. Elles étaient libres. Quoiqu’il en soit, Marla avait décidé de venir rendre visite à sa tante. La reine appréciait et cela lui permettait de sortir la tête des parchemins qu’elle lisait. Aujourd’hui, elle avait reçu une lettre de Jaremy, son neveu dans le cadre du mariage à venir. Alyria souhaitait intervenir et participer à l’organisation de cette alliance avec les Manning. À l’arrivée de Marla, les quatre dames de compagnie se levèrent, saluèrent la jeune fille qui salua l’assemblée à son tour. Le sujet fut rapidement mis sur le tapis. Elle souhaitait lui parler et cela semblait sérieux. Se tournant vers sa nièce, la reine lui sourit, demanda à ses dames de les laisser. Alyria et Marla se retrouvèrent ainsi seules. La reine invita alors sa nièce à s’asseoir près d’elle.

- Alors, quel est donc ce sujet sensible dont tu souhaites me parler ?

Alyria n’était pas du genre à se monter des histoires mais il fallait reconnaître que l’intervention soudaine de Marla avait de quoi étonnée et intriguée.


@Marla Farring

A coeur ouvert

The good match

Le quotidien de reine était épuisant mais il était bon pour Alyria de le reprendre après ces quelques semaines de pause. Ils l’avaient toutes et tous bien mérité après tout ce qu’ils avaient vécu jusqu’ici. Lorsqu’Alyria regardait en arrière, il ne faisait aucun doute que le fait d’être une Targaryen ne venait pas sans conséquence. Chaque famille avait son lot de drames et d’événements en tout genre mais la famille royale en était la championne. Ce semblant de paix, qui ne durerait pas, elle le savait, il fallait donc en profiter. Aerion grandissait. Rhaegar vieillissait. Il viendrait bien un temps où Alyria s’inquiéterait de tout pour son fils. C’était déjà plus ou moins le cas mais s’il venait à être roi demain, elle aurait du mal à ne pas être en constante panique. Mais il ne fallait pas penser avec des « si ». Les sujets abordés dernièrement dans son esprit étaient les mariages et alliances. Ses nièces Falyse, Marla et Leana étaient désormais en âge. De plus, la guerre étant imminente, il fallait s’assurer certaines alliances, certaines loyautés tout en assurant un avenir pour ces jeunes filles. Jaremy, désormais seigneur de Castel-Farring, avait pleinement confiance en sa tante et il devait, quant à lui, préparer son propre mariage avec la jeune et jolie Zhoe Manning. Le parti de Falyse était tout trouvé en la personne de Vaemond Celtigar. Ce fut là un accord assez bien mené par Alyria et sa chère amie, Vaelle, sœur dudit seigneur. Pour Marla et Leana, bien que troisième et quatrième nées, elle voulait le meilleur parti. Pourquoi pas des héritiers ou des cadets mais dans des familles prestigieuses. Épouser une nièce de la reine avait sa valeur, Alyria le savait.

De retour de Noirport, Alyria avait gardé à ses côtés les deux jeunes filles afin de leur faire découvrir le quotidien de la cour et s’entretenir avec elle à propos de leurs fiançailles à venir. Même si elles n’avaient sensiblement par leur mot à dire, la reine souhaitait tout de même le leur donner. Alyria avait bien sûr bons nombres de prétendants pour ses nièces. Elle en avait fait d’immenses listes qu’elle gardait secrète pour le moment. La venue de Marla l’interrompit, pour son plus grand bonheur, dans la lecture de missives. Elle congédia alors ses dames. C’était le moment parfait pour s’entretenir avec la jeune femme qui n’était, de son côté, pas venue sans arrière-pensée. Un sujet sensible l’avait fait venir auprès de sa tante qui ne pouvait qu’être intriguée par les mots de sa nièce. Elle l’invita à s’asseoir et à poursuivre. La jeune femme était teintée de rouge, ce qui amusa intérieurement la reine. Elle demeurait pourtant neutre et attentive. Elle vint à lui parler de ses lectures, notamment au sujet de l’amour. Par les Sept, cette enfant est amoureuse d’un jeune homme ! Alyria ne réagit pas sur le moment et réfléchit quelques instants. Il est vrai qu’avec le caractère de la jeune femme, elle n’avait pas encore trouvé de parti parfait contrairement à Leana qu’elle espérait pouvoir destiné à un Grandison. Après quelques minutes, la reine brisa le silence.

- Voilà effectivement un sujet qui mérite toute mon attention, ma chère nièce.

Elle afficha un léger sourire tout en regardant Marla dont les joues étaient rosies. De la fratrie de Jaremy, il avait fallu que ce soit celle-ci qui tombe amoureuse. Elle ne faisait de toute façon pas comme ses frères et sœurs. Marla n’était jamais rentrée dans le moule, caractère qu’elle avait hérité de son grand-père, l’ancien seigneur de Castel-Farring. Alyria se souviendrait toujours de son père, un peu rebelle sur les bords et qui ne se laissait sûrement pas faire. Il en fallait du courage pour la jeune couronnienne pour venir dire ces mots à la reine, courage que celle-ci souligna.

- Je suis fort aise de cette confidence. Mais dis m’en plus. Puis-je savoir qui est le jeune homme qui a su conquérir ton cœur, ma chérie ?

Alyria ne le montrait pas à sa nièce mais elle était clairement en proie à un doute. Elle se doutait bien de ce que sa nièce était venue lui demander. Et comment pourrait-elle le lui refuser ? Marla était venue voir la tante, pas la reine. Alyria ne pouvait que penser à sa fille, Rhaenys, et au mariage imposé désastreux de celle-ci. Serait-elle prête à imposer cela à sa nièce dont le cœur est épris d’un autre pour les besoins d’une alliance qu’elle pourrait avoir avec un autre enfant de la fratrie ou, au contraire, ferait-elle ce qu’elle n’avait pas pu faire pour sa protégée ?


@Marla Farring

A coeur ouvert

The Buckwell Affair – Part 1

Ces deux dernières années, Alyria s’était grandement impliquée dans la vie de ses neveux et nièces, notamment sur le plan matrimonial. Il était clair que son frère comptait sur le statut de reine de sa sœur pour dénicher des alliances intéressantes pour ses nombreux enfants. La reine espérait la même chose, que son statut favorise de belles alliances pour la descendance Farring. Même si Anton avait épousé une Piète, il fallait rappeler que leur défunte sœur, Annara, était devenue l’épouse de lord Walter Frey. Malheureusement la mort du seigneur de Castel-Farring avait fait traîner les discussions en cours. La reine n’avait pourtant rien abandonné et réussi brillamment à marier le nouveau seigneur et sa sœur Falyse. Le premier serait lié à Zhoe Manning, une famille proche de la famille royale tandis que la seconde deviendrait l’épouse du seigneur Celtigar. Voilà deux alliances qui permettraient aux Farring de s’assurer un avenir dans la Couronne. Le jeune Jaremy avait beaucoup de travail afin de perdurer l’héritage de son père. Il était même reparti à Castel-Farring après les célébrations de Lamarck et de Noirport, pour prendre la place qui était la sienne et préparer son mariage. Quant à Falyse, mais également Marla et Leana, elles demeurèrent un temps avec la reine, à la cour royale. La première étant déjà promise, c’est vers les deux autres que le regard de leur tante se dirigeait désormais. Des discussions avaient été entamées avec les Grandison mais également les Gouër, en vain pour cette dernière famille. Mais tout cela n’en était qu’au balbutiement. Rien n’était gravé dans le marbre et heureusement d’ailleurs.

En effet, la nièce de la reine, Marla, troisième-née, souhaitait s’entretenir avec elle. Le sujet ne tarda pas à venir sur le tapis. Le cœur de la jeune fille semblait s’être épris pour un homme. Voilà qu’il y avait matière à discuter et à s’arrêter de chercher un mari pour cette petite. Alyria était toujours ouverte à la discussion. Qui sait si les raisons du cœur rejoignaient parfois les raisons d’état. Elle voulait en savoir plus sur les sentiments de sa nièce, sur l’identité du jeune homme qui avait volé le cœur de cette jouvencelle. Elle lui annonça alors qu’il était membre d’une famille qu’elle connaissait bien. La reine ne put qu’en être soulagée. Il s’agit forcément d’un noble. Mais de quelle famille parlait-elle ? Alyria en connaissait bon nombre depuis qu’elle était reine. Elle n’eut pas le temps d’y réfléchir longuement que la jeune femme lui annonçait l’identité de l’élu de son cœur. Elle n’en crut pas tout de suite ses oreilles. Alyria effaça immédiatement le sourire qu’elle affichait sur son visage. Sans forcément prendre un air fâché, la reine était des plus étonnées par cette révélation.

- Elias Buckwell ? Vraiment ?

Elle ne put, malgré tout, retenir un léger agacement. De toutes les familles Ouestriennes ou ne serait-ce que Couronniennes, Marla était tombée amoureuse d’Elias Buckwell, le neveu de Simon Buckwell, l’ex-époux d’Alyria elle-même. Elle calma ses pensées et tenta de digérer l’information. Elle reprit alors quelques secondes plus tard.

- Je dois avouer être surprise. Je ne peux te cacher cela, Marla. Tu sais bien que nos deux familles ont été liées autrefois par mon premier mariage et que, depuis… les Farring et les Buckwell ne s’entendent guère. Cela doit bien faire plusieurs décennies que je n’ai pas vu lord Jack et ser Ruben. Quant à ser Symon…

Alyria préférait se taire. La mention des Buckwell ramenait tout un tas de souvenirs en elle et pas que des bons. Elle ne pouvait pas se montrer agacer par cette annonce de Marla. Elle la connaissait assez bien pour comprendre que si elle était présente devant elle, en entretien quasi-officiel avec sa tante la reine, c’est que ses sentiments étaient sincères. Comment pouvait-elle retirer cela à cette petite ? La reine n’avait pas le cœur à cela, sous prétexte qu’elle pouvait prétendre à meilleure alliance, sous prétexte qu’un passif avait créé une rupture entre les deux familles. Une nouvelle affaire Buckwell allait s’ouvrir pour Alyria et elle ne saurait dire si cela était positif ou négatif. Il fallait qu’elle réfléchisse à tout ça et quoi de mieux qu’en parler avec Marla. Mais, la révélation était encore trop fraiche et les souvenirs l’avaient inondé, la faisant demeurer silencieuse quelques instants.


@Marla Farring

A coeur ouvert

The Buckwell Affair – Part 2

L’effet de surprise de cette annonce passé, Alyria observa attentivement sa nièce, quelque peu gênée par les révélations qui venaient d’être faites. Il y avait de quoi. S’éprendre de ser Elias Buckwell, un Buckwell… alors que les Farring ne s’entendaient pas avec eux. Les Sept mettaient la reine à l’épreuve, constamment. Mais il fallait qu’elle relativise. Après tout, Marla était la troisième-née et en dehors de sa relation avec la reine, elle n’aspirait à rien. Elle ne deviendrait pas seigneuresse, ne souhaitait, apparemment, pas prétendre à un mariage hautement prestigieux et, élément capital, elle apparaissait amoureuse. Alyria savait qu’aller à l’encontre de sentiments amoureux n’était pas une bonne chose. Elle l’avait vu de nombreuses fois au cours de sa vie. Elle le voyait encore et pensait notamment à sa fille Rhaenys et cet homme… Durran Cressey. Cela avait attiré la fureur de Rhaegar, à raison, alors que la jeune femme était mariée à ser Robar. Mais dans le cas de Marla, peut-on l’en empêcher ? Anton serait là, il interdirait formellement cette alliance. Lord Jaremy avant lui en aurait fait de même. La reine en était moins sûre à son propre propos et celui de son neveu, désormais seigneur de Castel-Farring.

- Il n’en est rien, Marla. Il est vrai que le choix des Buckwell est peu cocasse mais le cœur a ses raisons que la raison ignore.

Alyria marqua une pause, observant sa jeune nièce qui semblait ne plus savoir où se mettre.

- Mon affaire avec les Buckwell fait partie du passé désormais. Près de vingt ans se sont écoulés maintenant. Je pense qu’il est peut-être temps d’enterrer la hache de guerre, d’autant que le « conflit » aussi petit soit-il ne concernait que nos parents. Je n’ai rien contre ser Simon. Je sais juste qu’il n’était pas fait pour moi. Si, de ton côté, tu me dis que tu es sûre et que Elias est l’homme qu’il te faut, alors que je veux bien considérer la chose. Mais je ne suis pas celle que tu dois convaincre, Marla.

Après tout, malgré son statut de reine, elle n’était pas la seigneuresse de la maison. La décision revenait au seigneur, lord Jaremy. Il était jeune encore et avait besoin de conseil pour diriger Castel-Farring. Il s’en remettait souvent à sa tante, dans des lettres très courtoises. Alyria l’aidait comme elle le pouvait mais il était certain que le jeune Jaremy tirerait de meilleurs conseils de ses cousins, présents sur place. La reine s’en remettait à eux, à leur expérience, à toutes ces années auprès des seigneurs Farring. De son côté, la reine gérait plutôt bien ses nièces. Bien que le désir de Marla ne soit pas d’épouser un fils issu d’une famille plus prestigieuse que les Buckwell, la reine s’efforcerait de prendre en considération son choix. La fratrie de Jaremy est en cela intéressante. Si les plus jeunes sont encore tranquilles quelques années avant que leur tante vienne les embêter pour les marier ou les placer socialement, les trois filles aînées, Falyse, Marla et Leana avaient été rapidement la cible de la reine. Elles étaient toutes les trois bien différentes des unes des autres. Falyse voyait loin et grand, elle était ambitieuse et intelligente. Son mariage avec le seigneur de Pince-Isle ne pouvait donc que refléter ces aspects de sa personnalité. Marla, elle, était plus rebelle et espiègle. Sa présente requête n’était donc pas anodine. Enfin, Leana, discrète et douce, ne voyait que par sa tante qui, elle ne le savait pas encore, la promettrait bientôt à un Grandison.

- En as-tu déjà parlé à ton frère ? C’est à lui que revient la décision, tu sais ?

Elle le savait mais tout comme elle savait que son frère était seigneur, elle savait également qu’il viendrait à son tour demander conseil à sa tante, la reine, sur cette affaire. Alyria le savait aussi de son côté. Loin de s’imaginer un scandale, c’est en réfléchissant sur la question qu’elle voyait cette requête plutôt comme une opportunité à saisir.

HRP:

A coeur ouvert

The Buckwell Affair – Part 3

L’opportunité d’enterre la hache de guerre entre les Farring et les Buckwell se faisait de plus en plus claire dans l’esprit de la reine. Même si les souvenirs n’étaient guère agréable, de l’eau avait coulé sous les ponts, des dizaines d’années les séparaient de cette affaire. Beaucoup de gens l’avaient sans doute oublié, d’autres n’étaient plus de ce monde, le contexte avait drastiquement changé. La guerre permettait de relativiser sur pas mal d’affaires mais cela demeurait une affaire. Alyria ne se montrait pas contre l’idée du mariage de sa nièce avec le jeune Elias. Mais, comme elle le dit à celle-ci, elle n’était pas celle à convaincre. Jaremy, son frère, était désormais seigneur de Castel-Farring et même si Alyria s’occupait des affaires maritales de la descendance de l’ancien seigneur, la décision lui revenait pleinement. Elle s’attendait bien sûr à ce qu’un avis lui soit demandé mais elle ne voulait pas précipiter les choses. Si de prime abord, Jaremy refusait catégoriquement, aucun avis ne serait à donner dans ce cas et il faudrait que la jeune Marla se plie à la décision de son frère. Mais le jeune garçon n’était pas connu pour décider hâtivement. Quoiqu’il en soit, la guerre repousserait les choses, elle qui était au bord de l’explosion. Les affaires du royaume passaient avant les affaires familiales.

- Nous verrons cela à ce moment-là alors.

Marla espérait alors la rencontre entre Alyria et Elias. Il ne ferait aucun doute que si les deux jeunes gens se mariaient, elle le rencontrerait. De plus, elle y retrouverait ser Symon, son ex-mari. Des retrouvailles qu’elle redoutait parfois même si entre eux, aucune rancœur n’avait été nourrie, en tout cas pas du côté d’Alyria.

- Je l’ai déjà rencontré, tu sais. Il y a vingt ans. J’étais aux Épois lorsqu’Elias est né. Je me souviens même de la joie de lord Jack d’avoir comme premier petit-enfant un garçon. Sa descendance prenait le bon chemin. Deux fils. Un petit-fils. Les Buckwell sont une petite maison mais une forte maison. J’ai…

… épousé le mauvais Buckwell, avait failli dire la reine dans son élan. Elle se ravisa et poursuivit son propos comme si de rien n’était.

- Il serait effectivement souhaitable que ce mariage nous fasse redevenir des alliés de confiance mais qu’il permette aussi à lord Jack de faire perdurer son nom, que tu contribues à faire perdurer leur nom car c’est là ce que tous les seigneurs veulent après tout.

Mais alors, qui pouvait faire perdurer le nom des Targaryen ? Ils n’étaient plus aussi nombreux qu’avant. Rhaegar était sur le déclin. Rhaenys n’avait pas fait un mariage fructueux. Aegon avait renoncé au trône. Daenerys avait épousé un suzerain qui ferait perdurer son nom. Quant à Viserys, il ne le méritait pas. Marla attira alors son attention sur le dessin qu’elle lui tendit, ramenant ainsi la reine sur l’instant présent et non ses lointaines pensées. Le dessin était magnifique, il fallait le reconnaître et le jeune homme avait, semble-t-il, bien cerné la personnalité de Marla.

- Joli portrait ! J'espère qu'il écrit aussi bien qu'il dessine.

Cela n’était pas passé inaperçu aux yeux de la reine et à vrai dire, Marla ne semblait pas s’en cacher. Les deux couronniens entretenaient une correspondance, semble-t-il, fournie et très régulière. Tant mieux, se disait-elle. Ils auraient tout le temps d’apprendre à se connaître, de s’apprivoiser, de confirmer leurs sentiments, de les affiner et de les comprendre réellement. Peu de couples pouvait se targuer de cela. Alyria n’avait pas correspondu avec Symon à l’époque. Westeros sortait de la rébellion de Robert Baratheon, les alliances allaient et venaient. Les présentations des époux se faisaient quasiment devant le septon qui les unissait. Heureusement, aujourd’hui, les temps avaient changé. Il était de moins en moins rare de voir de jeunes gens s’écrire entre les fiançailles et le mariage. Elle avait même le souvenir d’avoir rencontré, le jour de son mariage, un jeune couple Bieffois qui avait grandi ensemble, le chevalier ayant été l’écuyer de l’oncle de la dame qu’il épousa. Voilà une belle histoire d’amour qui servit les intérêts des deux familles. Elle s’était promise de ne jamais oublier l’histoire du chevalier maladroit et de sa dame aux cheveux de feu.


@Marla Farring

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