[solo] Quitter son foyer pour apprendre

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# Lun 7 Fév - 21:30

An 303, lune 11 semaine 2

Quitter son foyer pour apprendre

La dernière fois que j’avais passé un aussi long moment sur un bateau… je préférais ne pas y penser… Pour l’instant devant moi s’étendait le début de l’horizon investit par Volantis. J’étais accoudée au bastingage du bâtiment de Gran alors que la houle douce le faisait danser sur les flots. Comme tous les fernés j’avais le pied marin et cela faisait du bien de s’éloigner de tout, quand bien même la discussion avec mon père me restait dans la tête. Je sentis une main se glisser dans la mienne et mon regard se posa sur ma jumelle qui m’offrit un sourire… Ainsi qu’un coup dans l’épaule. Je lui rendis avec un sourire amusé sans rien rajouter. Nous n’avions pas forcément besoin ou envie de parler. Pendant ces plus de trente jours de navigation, j’avais continué de prendre des notes sur tous les besoins en pleine mer et tout cela. Construire un bateau était bien différent que d’y être avec sur les flots et naviguer. Je serrais plus fort la main de ma jumelle alors que la cité s’approchait lentement. Ou c’était nous qui approchions… Au choix.

« Regarde. »

Elle m’indiqua un navire au loin et ma main se mit en visière au-dessus de mes yeux pour me protéger les yeux des rayons rebondissant avec presque autant de joie que les dauphins qu’on avait put voir pendant le voyage. Je n’avais jamais vu ce type de navire en tout cas !

« Il vient d’où tu penses p’tite sœur ? »

Ma sœur posait toujours de bonnes questions ! En tout cas…

« Aucune idée ! Mais pas de Westeros ! Oh ! Gwenny ! »

J’eus un rire avant de lâcher sa main pour passer un bras autour de ses épaules et la terrer contre moi avec un large sourire. J’avais déjà hâte d’être à terre et de tout découvrir ! Qu’importe la différence de langue ! Il y avait bien des choses qu’on apprenait partout pareil ! Et je me souvenais des conseils de mon père : être polie et pas s’approcher des esclaves ! Gran dû faire une manœuvre un peu brusque parce que le navire vira soudain et j’eus le droit à une gerbe d’eau qui m’éclaboussa, je tournai la tête vers Gwendys qui était aussi hilare que moi.

« Les jumelles ! Vous r’venez avec moi ! Restez pas aussi proche du bord ! »

Gran gueulait, mais père l’avait dit : on obéissait au capitaine. D’accord, il l’avait pas dit ainsi… mais… presque, non ? Avec un regard complice, nous obéissons sagement pour nous installer proche de lui. Aucune idée s’il n’avait pas confiance en nous, aucune raison à cela après tout, ou qu’il n’aimait pas nous savoir trop proche de ses hommes… Les deux ? Peut-être. En tout cas l’ambiance du port me frappa au creux des reins, me fouettant les sens avec violence !

« Gwen ! Gwen ! T’as vu ce navire ?! Et lui là-bas ! »

J’avais l’impression d’être une enfant, courant de droite et de gauche pour tout regarder, j’avais l’impression d’avoir les yeux plus que brillant, cherchant à tout voir. Je les désignai du doigt sous le rire de Gwendys qui avait du mal à suivre.

« Grayce ! Grayce ! Calme-toi ! Tu vas finir par tomber du bateau ! »

Je me retournai vers elle avec un magnifique sourire avant qu’elle ne me tende mon carnet. Pendant toute la traversée, j’avais dessiné au fusain sur les pages granuleuses de mon premier carnet de ce voyage. Gwendys avait aussi écrit à l’intérieur, pour décrire aussi ce qu’elle voyait. J’avais déjà noté quelques observations sur la navigation et le navire de Gran. Père serait sans doute content de les lire une fois qu’on rentrerait ! On accosta enfin dans les eaux sales du port et mon regard voguait de mat en mat…

« Les jumelles vous bougez pas ! J’vous dirais quand vous pourrez mettre pied à terre ! »

Je hochais la tête sans rien dire d’autre alors que Gran allait faire je ne sais pas quoi à terre, rajustant sa ceinture en peau de chèvre qui était la marque de bien des Bonfrères. On attendit sagement, côte à côte jusqu’à ce que le frère ne revienne. Il était plus de midi quand il revient et il soupira un peu.

« C’est tout bon les jumelles ! Vous pouvez y aller. »

J’eus un cri de joie, comme une enfant, sautant sur place avant d’attraper mes affaires, mon sac avec mes affaires pour faire mon métier, mon carnet et tout cela. Gran m’attrapa au vol le bras et me tira en arrière.

« Je te rappelle ce que Père a dit : à la moindre bêtise je te ramène à la maison et tu finis chez les prêtres noyés. Souviens-toi des règles : reste tranquille à cause des fistons aux triarques, tu parles à personnes hors des chantiers, et tu t’approches pas des esclaves ! Ils existent pas. C’est compris ?
- Ouais Gran. Et t’es l’patron. J’ferme ma gueule et je t’obéis.
- Ça j’adore. »

Je lui offris une bourrade avant qu’une voix retentisse :

« Grayce ! Ramène-toi ! »

Gwendys ! Gran me lâcha et j’eus un sourire avant de sauter au bas du navire pour rejoindre ma jumelle qui passa un bras autour du mien. Puisqu’il était l’heure d’y aller… On allait s’amuser !

Deux des gars de notre frère nous suivaient pour s'assurer qu'on ne ferait aucune bêtise.

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# Mar 8 Fév - 21:15

An 303, lune 11 semaine 2

Quitter son foyer pour apprendre

Nous marchions d’un bon pas en regardant autour de nous avec attention. Deux gamines en pleins rêve. Gwendys me tirait d’un côté pour des plantes ? Moi de l’autre trois pas après pour regarder des petites statuettes ou des gravures. Je m’arrêtais un peu net devant une série de petits coffrets avec des gravures. Une des gravures me donna un coup violent au creux du ventre et je tendis les mains pour le prendre avant de le reposer comme-ci il m’avait brûlé.

« Grayce ? »

Je secouais la tête. La gravure ressemblait à l’une de celle que j’avais faite pour Snofrid… Je secouais la tête avec agacement pour chasser le beau regard de ma brune. Je ne voulais plus jamais y penser même si je l’aimais encore… mais je préférais ne rien dire et ne plus jamais y penser après tout. J’avais promis de ne rien dire et de ne plus jamais y penser à mon père. J’eus un sourire pour Gwendys :

« Oui, rien ne t’inquiète pas ça va. »

Elle soutient mon regard et je lui fis signe de reprendre la route, ce n’était pas la peine d’en parler ! Vraiment pas… Même si elle avait été… un bijou de relation et d’amour dans ma vie. Mais je n’avais plus besoin d’elle et tout cela. J’inspirais à nouveau en serrant la main de ma sœur pour me raccrocher au pilier de ma vie. La langue de volantis me frappait les oreilles sans que je n’en pige pas un mot ! Mais ce n’était pas si important que cela pour l’instant. On évitait les esclaves ! C’était un peu comme avec les serfs : il fallait les ignorer. On continua d’avancer et de visiter sans nous arrêter jusqu’à trouver ce que je cherchais, un chantier naval ! Fallait dire qu’en rodant près des ports et tout cela… il faudrait avouer que c’était pas très difficile à trouver dans le coin.

« Tu vas en faire combien ? »

Je regardais ma sœur en haussant les épaules, un sourire en coin :

« Aucune idée. J’en ferais le plus possible jusqu’à ce qu’on doive rentrer. Ce n’est pas moi qui choisis après tout ! Et toi ?
- Tu connais ma technique préférée ?
- L’improvisation ? »

Elle m’offrit un coup de coude suivit d’un sourire, je me tournai vers elle pour passer mes bras autour de ses épaules et poser mon front contre le sien en fermant les yeux.

« Je t’aime fort Gwen. Fais bien attention à toi.
- Je t’aime fort aussi Grayce. Fais aussi attention à toi. »

Je lui offris un baiser sur la joue avant de la lâcher, serrant une dernière fois sa main dans la mienne.

« On se retrouve sur le bateau ce soir.
- Si t’es en retard, Gran va t’arracher la tête.
- Je le serais pas. »

Je la laissai partir avant d’inspirer profondément et de me diriger vers les portes donc du chantier… Inspire expire Grayce… c’est pas la première fois que t’arrives sur un nouveau chantier naval… de une… Et de deux… tu sais toujours quoi faire…, donc tout va bien.

Je serrais la sangle de mon sac en bandoulière avant de franchir les portes et je restais immobile à regarder autour de moi avec attention. Rien que l’ambiance me faisait dresser les poils sur les bras. Et je les avais nus ! Il faisait beaucoup plus chaud ici qu’aux Îles de Fer si bien que j’avais gardé mon pantalon et mes bottes avec un haut noir sans manche serré à la taille par ma ceinture de cuir. C’était sûr que je faisais tache avec mes cheveux relativement courts comparé à toutes les autres femmes que j’avais pu croiser sans regarder. Je n’osais pas m’approcher malgré tout, attendant quelques instants jusqu’à ce qu’un des hommes ne s’avance en me regardant de haut en bas et de bas en haut.

« Se skoros iksos se presence hen nykeā riñnykeā kesīr worth naejot īlva ?* »

Le ton était légèrement moqueur, comme le sourire. Je sentais que les présentations allaient être très compliquées… Comme disait Gwendys : improvisation malgré mon manque de compétences sociales.

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*Et que nous vaut la présence d'une dame ici ?

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# Mer 9 Fév - 14:47

An 303, lune 11 semaine 2

Quitter son foyer pour apprendre

Je me frottais la tête, un peu perdue face aux mots de l’autre. Alors… euh… j’étais censée dire quoi moi ? Et faire quoi ? À part rester polie… Merde, la prochaine fois je tenterais de me trouver un traducteur ! Avec quel argent Grayce ? Bref, tenter de répondre ! Cela serait déjà bien. Je posai un doigt sur ma poitrine avant de répondre avec un… sourire amical et une phrase que j’espérais être claire.

« Je m’appelle Grayce Bonfrère. »

Il eut un instant de flottement et il débita une autre phrase et je compris le mot « Westeros ». Oui ! C’était ça ! Je hochais la tête.

« Oui ! Je suis de Westeros. »

Il eut à nouveau un moment de flottement, j’allais finir par pouvoir m’envoler à ce stade !, avant qu’il ne reprenne une phrase que je ne compris toujours pas et je finis par ôter mon sac pour l’ouvrir et lui montrer le contenu : de ce que j’avais vu les outils étaient plus ou moins les mêmes partout.

« Je suis charpentière, des îles de fer. »

Il tendit la main pour saisir un de mes rabots et je le laissais faire pour qu’il regarde et examiner longuement ce qu’il avait dans les mains. Par contre je lui montrais mon carnet avec des schémas de navire. C’était tout ce que je pouvais communiquer. Il fronça les sourcils et tapota l’une des pages avec un dessin, un croquis en coupe d’un navire.

« Gōntan ao draw ziry ?* »

Je ne compris pas trop et on se regarda dans les yeux en fronçant mutuellement les sourcils avant qu’il ne me fasse signe de venir jusqu’à une table pour m’installer avant de tapoter à nouveau le dessin en me faisant un signe comme pour dessiner puis me désigner du doigt ! AH ! Il voulait savoir si c’était moi qui avais dessiné.

« Oui ! Oui c’est moi qui ai dessiné ! »

Je tournais les pages jusqu’à une libre avant de saisir un crayon et de dessiner à nouveau un navire que j’avais pu voir de loin sans entrer dans les détails, je ne pouvais pas faire autrement, je ne l’avais pas vu de près. Je notais ensuite mon nom pour qu’il puisse voir l’orthographe et je me désignais à nouveau du doigt.

« Grayce Bonfrère. Je fabrique des bateaux chez moi. »

Nouveau regard complètement perdu et je finis par désigner mes outils, imitant comme un geste pour raboter du bois puis mon dessin de navire… Est-ce qu’il avait compris ? J’étais même pas sûre que ma propre sœur aurait compris.

« Gaomagon ao jaelagon naejot gūrēñagon naejot mazverdagon boats?** »

Est-ce que je pouvais avoir une traduction ? Merci. Non ? Bon bah… tant pis. Je me frottais la tête avant d’essayer de faire un croquis me représentant en train de travailler sur un bateau et il répéta sa phrase avec un petit air agacé. Est-ce que… il voulait savoir si je voulais faire des bateaux ? Je pris le risque de hocher la tête…

Et il eut le rire un peu moqueur comme je m’y attendais suivit d’une tirade dont je pensais connaître le contenu : une femme c’est pas là pour faire des bateaux, je me mordis les joues sans rien dire avant de soutenir son regard :

« Vous ne voulez pas que je vous fasse une démonstration ? Je viens des îles de fer, on est des navigateurs et tout ça ! »

Moi un peu trop fière de ce que nous étions ? Du tout. Il sembla imperméable à ce que je disais et secoua la tête avant de s’éloigner un peu pour retourner au travail. Je retiens un soupir avant de simplement rassembler mes affaires et de m’avancer jusqu’à un poste au pif pour regarder faire sans rien toucher, les mains dans le dos. Le regard que me lança l’artisan ne fut pas mauvais… juste curieux, si bien que je ne bougeais pas, observant simplement ce qu’il faisait sans rien tenter pour l’instant.

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*C'est toi qui l'as dessiné ?

**Tu veux apprendre à faire des bateaux ?

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# Jeu 10 Fév - 17:54

An 303, lune 11 semaine 2

Quitter son foyer pour apprendre

Je me laissais tomber sur la chaise devant la table de la cabine du navire de Gran en passant une main dans mes cheveux. Je pris une deuxième bougie pour m’offrir un peu plus de lumière avant de tirer un carnet vierge de note ou de dessin et de prendre la plume. J’avais promis à Père de faire un journal de bord… peut-être qu’il ne le regarderait pas, mais au moins j’aurais tenu ma promesse. C’était autre chose. Après un soupir, je finis par plonger ma plume dans l’encre :

Jour 1 :

Nous sommes arrivés ce matin à quais et Gran nous a autorisé à descendre du navire vers midi. Pendant ce temps, j’ai pu regarder les premiers bâtiments autour de moi. On voit bien que Volantis est une plaque tournante du commerce, il y a presque autant de sorte de bateau que de royaume dans le coin.

Après un rappel des règles, Gran nous a laissé partir avec Gwendys, nous avons profit pour explorer superficiellement les alentours et voir ce que Volantis nous réservait comme beauté. Il y avait quelques esclaves, mais on ne s’en est pas approchée, on est ensuite retourné un peu plus vers le port.

J’ai choisi le premier chantier naval un peu au hasard, je n’avais aucun critère particulier puisque pour l’instant je n’ai aucune idée de ce que je peux voir ici après tout ou ce que je peux apprendre. J’ai donc pris le premier qui venait, le pire ou non… je n’en sais trop rien pour l’instant. Le premier contact a pas été… trop mauvais je pense ? En tout cas je suis restée polie tout le long même si j’ai absolument rien compris à ce qu’on me disait. Enfin… si ! Un truc : Westeros. J’ai pensé qu’il voulait savoir d’où je venais… J’ai toujours pas le prénom du maître du chantier, mais en tout cas on ne m’a pas chassé et ils ont compris que je voulais étudier les bateaux et tout cela. On m’a fait un long laïus pour sûrement me dire que, comme d’habitude, les femmes sont pas faites pour ça. Enfin… c’est ce que je suppose, j’ai pas tout compris quand même. Je ne suis par partie, je suis restée pour regarder un ouvrier à nouveau prit au hasard. Il a pas mal réagi ou quoi, peut-être parce que je gardais les mains dans le dos. Je suis restée jusqu’à la fermeture à regarder. J’ai noté tout ce que j’ai vu, les différences et les choses identiques sur un autre carnet.

J’ai un peu parlé avec Gwendys de tout cela elle dit que c’est bien et encourageant. J’y retournerais demain. Mais je pense que si j’arrive à m’intégrer un peu, j’apprendrais quelques phrases basiques. Au moins pour me présenter… ou alors je les ferais écrire… Mais j’ai l’impression que ça va pas être facile, même si les gars ont l’air sympathique. À voir pour le reste des jours. Gran a dit que si je pensais que c’était nécessaire, je pourrais aller à la taverne avec les autres. J’espère qu’ils auront pas peur de la descente d’une fernée ![/i]

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# Dim 13 Fév - 18:10

An 303, lune 11 semaine 2

Quitter son foyer pour apprendre

Je retournai au même chantier pour la troisième fois cette semaine, on finissait par avoir l’habitude que je sois là après tout. Je venais tous les jours de l’ouverture du chantier jusqu’à sa fermeture puis je partais, revenais le lendemain. Tous les soirs c’était le même rituel pour moi, je notais dans mon carnet tout ce que j’avais pu voir et j’écrivais un rapport pour mon père, il fallait bien que je fasse de mon mieux pour que lorsque je rentrerais mon rapport soit parfaitement complet. Mais je commençais à faire partir du paysage, j’y allais, je restais derrière un ouvrier pour examiner et essaye de comprendre par les gestes qu’ils faisaient. Certains m’éloignaient d’un geste ou d’un mot que je comprenais pas. Je préférais ne vraiment pas forcer et aller vers ceux qui ne semblaient pas vouloir me mordre. C’était toujours plus agréable d’éviter de se faire aboyer dessus.

J’apprenais quand même en les regardant, cela faisait du bien aussi d’être dans son élément. Je ne dis rien, de toute manière personne ne parlait ma langue. C’était plus simple comme ça… enfin, qu’est-ce que je disais moi ? C’était pas du tout plus simple ! Enfin… ça m’évitait de dire des conneries… Je m’écartai un peu pour laisser passer d’autres artisans qui fixaient un nouveau morceau d’un navire. J’eus un sourire. Qu’est-ce que c’était que cette nouvelle forme de bateau ? Je ne savais pas… mais j’allais pouvoir tout noter bientôt, ce soir.

En trois jours, c’était beaucoup d’observation, j’avais l’impression d’être revenue à mes premières années de formations aux îles de fer. Je secouais un peu la tête avant de regarder à nouveau par-dessus l’épaule de mon nouveau copain. Ou pas, mais il tentait pas de me faire partir, alors c’était lui que je regardais du matin au soir. J’avais parfois les mains un peu moites à force de toujours le regarder faire. Ça m’arrivait depuis toujours quand j’observais.

Fin de journée. Celui que j’avais observé m’offris une petite tape sur l’épaule en me faisant signe de venir avec le reste de la bande. J’inclinais la tête avec un sourire, pas forcément compliqué de comprendre avec le groupe qui semblait se rassembler qu’on allait boire un coup. C’était un peu partout pareil après tout ! Après le boulot…

C’était la taverne ! Je m’assis où on me l’indiqua et je demandai une bière en essayant de suivre un peu l’ambiance qu’il y avait. J’allais arriver en retard, Gran allait me tuer. Pas grave, j’aurais une excuse ! Les conversations allaient bon train, moi j’essayai de suivre un peu les différentes intonations… Jusqu’à ce qu’on me pose une question avec le mot « Westeros » à l’intérieur en me regardant. Je finis ma gorgée de bière, pas si mauvaise que cela, très différent de ce que j’avais l’habitude.

« Ouais, je viens de Westeros, des îles de fer. Je suis de la famille Bonfrère. »

Il eut un instant de flottement et ils se regardèrent un peu surpris et l’un pointa son doigt sur moi :

« Grayce Bonfrère ? »

Je hochais la tête avant de pointer mon doigt sur lui en retour :

« Et toi ? »

Il sourit un peu et inclina la tête sur le côté en se pointant du doigt :

« Lazadhor. »

Il désigna ses compagnons en donnant leur nom un à un :

« Vargor, Gyllor, Vogelor. Se Nyessaphos. »

J’avais enfin pas mal de nom. J’essayais de les dires pour apprécier la langue et l’un d’eux me pointa du doigt.

« Grayce nykeā dārōñe ?* »

Je n’avais pas compris et je regardai les autres qui semblaient en rire. Je finis par me joindre à eux en finissant ma bière avant de me lever, payer la tournée, fallait pas déconner, avant de sortir.

Gran soupira longuement, visiblement un de ses hommes m’avait suivi pour s’assurer que je ne faisais pas de connerie.

« Leur bière est bonne ?
- Ouais. »

Gwendys m’offrit un petit coup dans l’épaule avant de s’installer en face de moi pour elle aussi écrire son rapport.

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*Grayce ou Grace ?

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# Mar 15 Fév - 21:18

An 303, lune 11 semaine 2

Quitter son foyer pour apprendre

Je regardais l’instrument qu’on me tendait avec une phrase que je ne compris, mais en tout cas je connaissais l’instrument et le mouvement qu’il fallait faire pour raboter. En une semaine, grâce au fait que je venais tous les jours, et que j’avais une bonne descente, j’avais fini par me lier un peu avec certains d’entre eux. Surtout Lazadhor, Vargor, Gyllor, Vogelor et Nyessaphos. Il m’avait fallu un peu de temps pour comprendre que son nom n’était pas Se Nyessaphos. Se semblait signifier « Et ». À force qu’ils se paient plus que tout ma tête… Et aussi de l’entendre, j’avais fini pas apprendre ce mot. C’était déjà ça. Je tendis les mains pour prendre cet outil et prendre sa place, à Lazadhor avant de reproduire son geste avec une certaine fierté et soulagement. Une lune à ne rien faire, ou presque rien, de mes mains… c’était une torture pour moi ! Au moins sur le bateau je m’occupais en quelques menues réparations et ce genre de chose. Ici, c’était comme agiter un sachet de bonbon devant un enfant sans lui laisser. Alors, moi qu’on me laisse faire mon métier AH ! C’était comme une bouffée d’air frais !

Lazadhor fit signe à d’autres, ceux avec qui j’avais bu, de venir pour montrer comment je travaillais. Je savais quoi faire après tout, c’était tout simple ! Je me mis à siffloter gaiement sans comprendre les mots qu’on disait autour de moi, mais j’en prenais quand même… note ? En quelque sorte. Jusqu’à ce que le chef, je n’avais même pas compris le nom lancé à son encontre, mais il sembla chasser un peu, alors que d’autres faisaient des signes et que moi je continuais ma tâche, gaieté au creux du ventre. Un autre me fit signe pour aller poser la poutre qu’on avait fini par faire ensemble. En fait… fallait en convaincre un pour que les autres ça aille ? Merde ! C’était si simple que ça ? J’étais perdue, mais je prenais ! En tout cas, je suivais les signes du petit groupe avec qui j’avais un peu bu ! J’obéissais simplement à des ordres simples et avec des démonstrations pour que je comprenne bien ce qu’il fallait faire. Même si c’était simple ! J’étais contente de pouvoir toucher le bois et les outils.

Les gars me donnèrent une grande tape dans le dos en partant simplement du chantier naval. Heureusement que j’avais l’habitude avec les gars du chantier. Mais ça faisait plaisir ! Le maître du chantier naval vient lui-même me parler un peu sans que je ne comprenne un broc ! À part le « Se »… Mais autant dire que c’était pas assez pour suivre une vraie conversation. Il semblait content d’avoir vu ce que je pouvais faire. Et moi je pouvais dire merci à la bière de la taverne ! Et à Lazadhor… Et aux autres. Je sortis après un signe de main. Je pense que je les avais étonné parce que je savais faire, pas parce que j’avais des capacités incroyables. Comment ça se passerait demain ? Aucune idée !

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# Ven 18 Fév - 7:54

An 303, lune 13, semaine 2

Quitter son foyer pour apprendre

Je fis un large signe à mes nouveaux collègues du chantier avant de me diriger vers le bateau de Gran que je saluais aussi, il se curait les dents, appuyé sur le bastingage en regardant la mer grise aujourd’hui. Il se tourna vers moi avec une gueule de blasé de la vie. Je le rejoignis avec une bourrade dans son épaule, il grogna un peu avant d’ouvrir la bouche :

« Alors cette journée ?
- Incroyable ! »

Je regardai l’océan et l’horizon sans rien dire pendant une seconde, un large sourire aux lèvres et mon petit frère me toisa.

« Toi, s’est passé quelque chose d’bien. Y a un gars qui t’plaît ? »

Je lui jetai un regard noir en secouant la tête.

« T’es con Gran. »

Un homme pourrait jamais me plaire, mais ici je ne regardais pas les femmes, je voulais rien de tout ces sentiments nuisibles… Ni pour un homme, ni pour une femme, c’était une perte de temps l’amour. Et ça faisait beaucoup trop mal.

« Non ! J’ai eu le droit à un nouveau tas d’explications vraiment sur-intéressantes sur les coques ! Bon après c’était avec beaucoup de gestes et tout ! Mais j’ai pris plein de note et il m’a montré les calculs pour les réaliser. »

J’étais tellement heureuse ! Tout était noté à la va-vite dans mon carnet. Gran haussa un sourcil.

« Et du coup ? C’est quoi c’que t’as appris sur les coques ?
- En gros, si c’est bien compris, parce qu’en un mois à par dire que j’m’appelle Grayce et que je viens de Westeros et dire « Et » je connais rien du tout. Bref, ça tu t’en tapes.
- Ouais, accouche.
- Non merci. En gros, c’est pour de gros bateaux, beaucoup plus lourd qu’ceux qu’on a. T’sais les nôtres sont légers et tous, on va vite, mais pas très loin. Là, ça s’rait pour construire des plus gros, avec des cales pour t’nir plus grandes distances.
- T’aimes quand c’est gros ? »

Il avait un sourire qui voulait tout dire. Il se mangea un coup de poing dans les côtes qui le plia en deux et il en recracha son cure-dent.

« Ferme ta putain d’gueule Gran. »

J’avais plus du tout envie de lui parler, je quittais le bord du bateau pour aller vers la cabine que je partageais avec ma sœur. J’allumai une chandelle pour la poser sur son bougeoir et sortir le carnet de rapport que je faisais pour mon père. Chaque jour je consignais tout ce que j’avais appris. J’avais réussi à pouvoir travailler avec eux en une semaine, mais m’apprendre quelque chose… il avait encore fallu que je fasse mes preuves ! Et j’étais pas peu fière d’avoir réussi ça en un mois malgré beaucoup de difficulté. Ouais parce qu’il fallait comprendre ! Si j’expliquais à mon père le principe, je saisis un autre carnet vierge pour retranscrire au propre toutes les notes que j’avais prises pendant mon séjour. Est-ce que c’était déjà la fin pour celui-là de chantier ? Ça semblait. Mais réussir à comprendre, en partie je me rendrais compte qu’il y avait des imprécisions plus tard, une nouvelle possibilité pour monter des coques de bateau ! Ça c’était beau !

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# Mar 1 Mar - 22:32

An 303, lune 13, semaine 3

Quitter son foyer pour apprendre

Je me plantais devant le nouveau chef de chantier avant d’ouvrir la bouche et de parler avec un accent horrible :

« Issa brōzi iksos Grayce Bonfrère se nyke hen se āegenka islands »

J’avais passé quelques heures de repos entre ces deux chantiers navals ! Et c’était bien la seule phrase que j’avais appris sur le premier chantier ! Et quand bien même j’avais un peu d’expérience, c’était à nouveau tout à recommencer… Toujours les mêmes signes, montrer ce qu’on savait faire. C’était long… c’était chiant… Essayer de se faire comprendre… J’en avais déjà marre… Encore sur les îles de fer c’était ma langue ! Je pouvais me démerder, me faire comprendre… tout cela ! Mais ici à part une phrase, je ne comprenais rien !

« Tu t’arrêtes parfois de râler ? »

J’offris une bourrade à Gwen qui tituba un peu et se massa l’épaule avec un sourire avant de jurer en esquivant un esclave qui venait de s’étaler par terre… dans le seau de merde qu’il transportait. Je retiens le geste de l’aider et repris ma route.

« Oublies pas ce qu’à dit Père. »

J’inclinai la tête avant de saluer de loin Lazadhor qui s’approchait… avant de se figer en cillant et en se frottant les yeux.

« Tu le connais ?
- Lazadhor du premier chantier naval où j’étais. Sympa. Mais je crois qu’il se doutait pas que j’avais une jumelle.
- Tu veux discuter avec lui ? »

Je haussais les épaules. Je tentais déjà bien assez de parler avec les autres toutes la journée… et de toute manière… Il connaissait un gars de l’autre chantier ? Je fis signe à ma jumelle.

« Une semaine que je galère, mais le Lazadhor semble connaître un des gars du nouveau chantier…
- On tente ? »

J’inclinai légèrement la tête avec un sourire :

« Gran va encore gueuler qu’on arrive en retard.
- Boarf… qui s’en fout ?
- Tout le monde sauf père.
- Père est aux îles de fer. »

Elle marquait un point. Je me dirigeais vers mon am, si on pouvait appeler ça comme ça !, avec ma jumelle à mon bras et je souris à Lazadhor.

« Salut ! J’te présente Gwendys Bonfrère ! Ma sœur jumelle. »

Précision inutile du « jumelle », au vu de notre ressemblance. Je posais ma tête contre la sienne, à ma sœur, pas à Lazadhor, avant de faire signe aux deux hommes pour qu’on aille boire un coup. Le signe était universel. Et je soutiens le regard de l’autre charpentier qui sembla poser des questions à Lazadhor sur nous et il nous regarda à tour de rôle sans trop savoir quoi dire. Je me pointais du doigt :

« Grayce. »

Ma jumelle :

« Gwendys. »

Qui prit les choses en main en attrapant le bandeau que je portais au chantier, et à la taille pendu à ma ceinture de chèvre, pour me le passer autour du front. Je souris.

« Bonne idée.
- On sait qui est la plus maligne des deux. »

Je secouais la tête avec une nouvelle bourrade pour elle avant de suivre les deux pour aller boire un coup. Aucune idée si cela me servirait plus tard, après tout… avec une semaine à galérer sur l’autre chantier, j’avais besoin de me mettre une demie-murge.

Gwendys prendrait l’autre moitié.

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# Ven 4 Mar - 19:21

An 303, lune 1, semaine 4

Quitter son foyer pour apprendre

Il eut un bruit dans la cabine, comme-ci un meuble avait été projeté contre un mur. Gran sursauta et se retourna vers la porte de cette dernière où Grayce avait disparu, Gwendys, à ses côtés, également, mais elle avait l’air blasé et elle croqua sa pomme avec nonchalance. Gran se retourna vers elle, comme réponse elle lui offrit un haussement d’épaule :

« Quoi, t’as jamais vu une Grayce frustrée ? »

Il fit mine de se diriger vers la cabine, Gwendys le retient :

« Tu as envie d’une nouvelle correction ? Laisse-la se calmer toute seule. On verra ce qu’il lui arrive plus tard. »

***

Ils s’étaient foutue de ma gueule putain ! Je regardais la chaise que j’avais projetée contre un mur ! Bordel de merde ! J’avais passé une putain de lune dans ce chantier naval juste pour des astuces qui me feraient à peine gagner quelques heures ?! Ça aurait dû me prendre qu’une semaine à les apprendre ! Pourquoi ils avaient attendu autant de temps pour me les donner ! Une lune ! J’avais perdu une putain de lune entière pour de la merde ! Père attendait des résultats, et moi j’en attendais encore plus que lu, bien plus que lui. C’était ma réputation qui était en jeux bordel ! Je donnais un grand coup de pied dans le mur avant de pousser une bordée de juron en me laissant tomber sur le lit. Merde ! C’était pas du tout une bonne idée ! Je m’étais bien fait mal au pied ! On frappa à la porte.

« VA TE FAIRE CUIRE LE CUL GRAN ! »

J’avais pas envie de voir mon frère qui me ferait les gros yeux pour savoir mes résultats. La porte s’ouvrit sur Gwendys qui haussa un sourcil :

« Je vais me faire cuir le cul aussi ? »

Elle avait l’air tellement vexée que je me mis à rire et je secouais la tête.

« Nan, toi tu peux v’nir.
- J’espère bien que je peux. »

Elle s’approcha de moi en rangeant la chaise au passage.

« Tu sais que passer tes nerfs sur les meubles c’est vraiment une idée à la con. T’as eu une mauvaise nouvelle ?
- Ouais… Enfin… non ! Juste que c’était de la merde ce que j’ai appris.
- C’est-à-dire ? »

Elle attrapa mon carnet de voyage où chaque jour je notais tout ce qu’il s’était passé pour mon père. Il aurait de la lecture et elle haussa un sourcil en feuilletant les dernières pages.

« T’as pas beaucoup noté cette dernière lune.
- Parce que j’ai rien appris d’intéressant. Genre… juste des putains d’astuces pour sauver un peu de temps ! »

Gwendys s’approcha et me donna une petite pichenette sur le front.

« Respire Grayce. Tu peux pas réussir à tous les coups. Ce qui est important aussi c’est la sommes de tes trouvailles. Tu sais ? »

Je hochais la tête avant de tendre la main pour prendre le carnet qu’elle me tendait.

« Arrête de faire ta mauvaise tête Graycinette. J’aime pas ça.
- Ouais… désolé… »

Je tendis les bras pour la serrer brièvement contre moi avant de la lâcher pour qu’elle puisse elle aussi se reposer un peu, elle me fit un clin d’œil en sortant :

« Et Grayce ? T’es vraiment une sauvageonne !
- Va t’faire cuir le cul Gwen… »

Elle éclata de rire et ferma la porte alors que je me levais pour noter ce que j’avais appris sur le grand livre où j’avais déjà prit les premières notes qui me paraissaient comme… je ne saurais dire… mais c’était ça que je voulais. De vraies données ! Pas ces astuces de Grand-père !

Pardon Grand-père, je suis sûre que vous auriez eut une meilleure réussite que moi et de meilleur conseils…

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# Jeu 17 Mar - 21:46

An 304, lune 2, semaine 4

Quitter son foyer pour apprendre

Extrait du Journal de voyage de Grayce Bonfrère

An 304, lune 2, semaine 4

Les trois dernières semaines ont été assez intenses, ce qui explique complètement le manque d’information sur les dernières entrées du journal. J’avoue qu’une phrase par jour ce n’est pas beaucoup. Comme sur tous les autres chantiers, j’ai mis une semaine à me faire accepter. ~~Je pige toujours rien~~. Ma compréhension du Valyrien, volantais ? Je ne sais plus le nom de la langue ici, est toujours au niveau zéro. Je sais juste me présenter, mais c’était déjà mieux que rien, au moins ça leur explique pourquoi je ne comprends jamais rien quand ils me parlent. Mais on s’en fiche, comment je me suis liée avec les gars du chantier ? Bah comme avec tous les autres : une fille qui boit aussi bien qu’eux et qui tient aussi. Gran n’a jamais eut à me ramener sur son dos parce que j’étais bourrée. Ni lui, ni Gwendys.

Curieusement, j’ai mis une semaine à me faire accepter, mais en tout cas, avec ce que j’ai… plus ou moins appris sur les autres chantiers, le second était presque une perte de temps. Ici, c’est tout le contraire ! Une fois que j’ai fait mes preuves, j’ai pu montrer ce que je savais faire ! Et autant dire que j’ai appris quelque chose de formidable ! Dans ce chantier, il y avait des navires venant d’Yi-Ti ! J’en ai fait quelque croquis avant et après avec des indications pour tout comprendre. Mais honnêtement, il y avait d’autres navires tout aussi formidables ! J’en ai fait aussi des tas et des tas de croquis dans tous les sens. Et puis je suis sûre qu’ils ont planqué là-bas quelques croquis qui datent sûrement de l’antique Valyria ! J’ai tellement appris ! C’était extraordinaire ! Ils m’ont montré des techniques de constructions de coques qui n’ont rien à voir avec ce que j’ai appris ! Quelque chose de fou ! Même s’ils me parlaient et que je comprenais pas très bien, voir absolument, j’ai jamais vu autre part ce qu’ils ont fait ! Et si j’ai pas compris ce qu’ils disaient, ils ont passé assez de temps pour m’expliquer ! C’était fou ! Incroyable ! J’ai tout recopié et j’avais l’impression d’avoir compris tout et que rien ne me manquait ! Et les croquis qu’ils avaient ! C’était tellement… Ouais ! Incroyable ! Il faut que j’explique à nouveau !

Je finis toutes les explications techniques sur le montage des coques selon ce chantier naval, rajoutant des tas de croquis pour essayer de rendre cela clair pour mon père qui lirait cela à mon retour. J’avais hâte ! Hâte de retourner sur les chantiers. Gwendys passa la tête pour venir lire par-dessus mon épaule, je tournais le regard vers elle et sa tête valait tout l’or du monde. Sa tête était « J’ai absolument rien compris, mais si tu le dis ! » Je poufais derrière ma main tâchée d'encre.

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# Sam 9 Avr - 10:46

An 303, lune 4, semaine 1

Quitter son foyer pour apprendre

Ma sœur finit de bander soigneusement ma main que je m’étais blessée alors que de l’autre je finissais de noter tout ce que j’avais appris. Même s’il y avait beaucoup de questions qui me restait en suspend… J’avais passé plus de temps à batailler pour qu’ils arrêtent de me repousser et de m’ignorer… J’avais eu beaucoup de mal à faire mes preuves… Vraiment beaucoup. Bien plus que dans tous les autres chantiers navals. Je grimaçais légèrement en bougeant la main.

« Comment tu t’es fait ça ? »

J’observais ma jumelle qui finissait de ranger ses affaires, elle aussi elle apprenait pour son art de la guérison ici. Je haussais les épaules en observant ma main. Un coup de rabot qui avait ripé… Et je m’étais entaillé le doigt. Je soupirais un peu.

« Rabot qui glisse. J’avais fait gaffe, mais pas assez j’crois. »

Elle me fit les gros yeux. Cela m’avait obligé à quitter le chantier naval plus tôt sans toutes les informations que j’aurais aimées… Si j’étais restée plus… j’aurais eut beaucoup plus d’informations et pas que des brides ! Brides très intéressantes ceci dit… J’enfouis ma tête dans mes bras et Gwendys passa ses bras autour de moi.

« Graycy ?
- J’ai l’impression… de pas progresser… T’sais ? J’perdu du temps à m’faire accepter… Et avec cette p’tain de blessure… J’perdu l’peu d’temps que j’avais… Fin… »

J’avais l’impression de perdre du temps, de ce que j’avais… Père allait être furieux malgré tout ce que j’avais… c’était pas assez pour moi… Je voulais plus, tellement plus… J’avais besoin de toutes ces connaissances… Est-ce que Père serait satisfait avec ce que j’ai ? Ma jumelle me frotta le dos avec douceur.

« T’as mis du temps à t’faire accepter, mais c’est normal, t’es la seule à pas parler la langue. Tu t’es bien intégré avec les autres, t’avais pris cette habitude… C’est pas partout pareil, t’sais. »

Je hochais la tête alors qu’elle posait une main sur les miennes…

« Graycounette ! Ouais, t’as bien intégré les autres chantiers, mais t’sais, c’est parfois plus compliqué que partout… »

Je hochais à nouveau la tête. Sans cette blessure… J’aurais tellement pu apprendre plus… J’étais passée pour une idiote devant les yeux de tout le monde, même si en une lune j’avais pu montrer que je savais travailler… Gwendys me bouscula un peu.

« T’sais, t’es un peu sauvage comme fille… »

J’eus un sourire entre mes bras et me redressai enfin en posant ma tête contre son buste.

« Dis aussi que j’sais pas communiquer.
- Bah… D’jà qu’base… t’es pas la plus causante…à part vec moi… »

Je pouffais et elle m’embrassa la joue.

« Aller, viens manger avec Gran et les autres. Ça t’feras du bien d’oublier qu’t’as passé trois semaines à te faire accepter par des crétins qui ont pas vu ton génie ! Pis p’tre que tu reverras tes copains d’autres chantiers dans l’coin un d’ces jours. J’suis sûre qu’Gran s’ra ravi dire à Père que tu fréquentes des hommes hors travail. »

J’eus une grimace avant qu’elle ne m’en fasse une pour me tirer hors de notre cabine.

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# Lun 16 Mai - 20:32

An 303, lune 5, semaine 2

Quitter son foyer pour apprendre

La bière avait un bon goût de « Merde causerie avec le petit frère ». Qui justement était à côté de moi avec sa propre pinte alors que moi je regardais le fond de la mienne.

« Et donc… T’en as chié quinze jours ?
- Ouais. »

Putain j’allais me le faire… J’avais passé un bon bout de temps sur ce chantier, j’avais appris des tas de choses très utile, il m’avait accompagné pour faire l’acquisition d’un nouveau carnet pour que je note tout ce que j’avais appris. Je soufflais sur une mèche de cheveux qui me pendait dans la figure. Il ricana.

« T’vois c’que ça fait.
- D’quoi ?
- D’être entouré d’sauvage qu’comme toi.»

J’avais envie de lui envoyer ma bière dans la gueule… Mais comme c’était lui qui allait faire aussi un rapport à mon père… Je devais rester sage avec lui. Et Gwen qui était occupée au dispensaire ce soir… Je soupirais un peu.

« Ferme ta gueule Gran quand t’sais pas d’quoi tu parles.
- J’parle d’ton caractère d’merde. T’sais qu’devrais faire plus d’effort. T’sais d’puis combien d’temps on est là ?
- Nan. »

Il haussa les épaules, l’air de s’en foutre aussi. Je savais pas à quoi il occupait ses journées, peut-être des missions de nobles pour gagner un peu d’argent… Ce genre de chose. Qu’est-ce que je m’en foutais à dire vrai. Il finit sa bière et avala un morceau de viande d’un mouvement de mâchoire.

« J’veux t’dire qu’il t’reste encore… cinq lunes ici. Puis on s’barre. »

J’en recrachai ma bière dans ma pinte et il me tapa gentiment dans le dos pour m’aider à reprendre mon souffle.

« T’es sérieux ?
- Ouais. J’ai l’ordre d’partir fin d’la dixième lune. T’sais qu’on passe presque un an loin d’chez nous. J’sais pas c’qu’il s’passa là bas. Ça t’manque pas la maison ? »

Je ne dis rien.

La maison. Je regardais le plafond de la cabine alors que Gwendys dormait tranquillement à côté de moi, je posais une main sur ses cheveux blonds en bataille de ma jumelle ainsi que son visage paisible et endormie dans la semie-obscurité de l’endroit.

« La maison ? »

J’écartai une mèche de cheveux de ma sœur pour regarder son visage endormi et me mordis les joues.

« La maison me manque pas… puisqu’elle est avec moi…»

J’avais quitté les Îles de fer aussi bien pour fuir des cauchemars, des souvenirs, que pour apprendre. C’était chez moi… Mais du moment que j’avais ma jumelle… Rien ne me manquait… Je n’aurais pas pu partir sans elle. Je souris doucement avant de me tourner pour la prendre complètement dans mes bras. Avec elle au moins je ne faisais plus de cauchemar.

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# Mar 14 Juin - 22:36

An 303, lune 8, semaine 24

Quitter son foyer pour apprendre

Sortir des chantiers navals, travailler la journée, attendre que ma sœur revienne pour rentrer avec elle sur le bateau de mon frère. Bientôt nous allions quitter Essos, Gran avait dit fin de la dixième lune ! Bientôt nous allions rentrer et revoir les nôtres. Assise sur une bitte d’amarrage, je regardai la mer un moment, laissant mon esprit voguer au gré de la houle. Loin… très loin… Sur les Îles de Fer, dans mes souvenirs lointains. Les souvenirs de lèvres contre les miennes, d’un rire, de cheveux dans mes doigts, des yeux brillants, un corps contre le mien, une chaleur particulière, des rires, un secret ? Plus vraiment secret…

« Grayce. »

Je sursautais pour revenir à la réalité et me lever de là où j’étais assise. Je souris à ma jumelle avant de passer un bras autour de sa taille.

« T’as passé une belle journée ? »

Nous discutions tranquillement en continuant de marcher tranquillement dans les rues de l’endroit que nous commencions à connaître. J’avançais paisiblement en regardant la foule en continuant de discuter avec ma jumelle jusqu’à une couleur de cheveux attire mon attention. Brun. Brun. Une brune de dos… Mon regard s’accrocha à une chevelure épaisse légèrement bouclé… Une démarche… un… Ma phrase resta en suspens alors que devant mes yeux c’était Snöfrid. Ma Snöfrid. La Snöfrid qui hantait mes rêves, mes pensées malgré tous mes efforts pour l’en sortir.

« Grayce ? »

Je lui pris la main pour l’entraîner avec moi et suivre Snöfrid dans la foule… Je n’osais pas crier son nom, d’autres images me revenaient en tête… Son sourire, ses baisers, nos moments rien qu’à nous… Que j’avais aimé l’avoir dans mes bras, sentir son odeur… je ne regrettais rien. Je n’arrivais pas à regretter. Elle était une écartade du « droit chemin », et cette écartade, je la referais encore et encore si elle me le demandait. Je ne regrettai pas. On ne peut regretter d’avoir aimé et voir été heureuse dans les bras de quelqu’un… Qu’importe la sentence de mon père… Je voulais la voir ! Je…

Déception.

Ce n’était pas Snöfrid. Elle ne lui ressemblait que de dos avec cette attitude, cette grâce, cette assurance… Mais ce n’était pas elle.

« Grayce ? »

Je sentais les larmes me monter aux yeux et je me détournai, ma sœur m’emporta dans une ruelle à l’écart et me prit les épaules.

« Grayce ?!
- J’cru… c’était Snö…
- Oh… Grayce… »

Elle me prit dans ses bras et me serra en douceur contre elle. Je ne dis rien, me laissant aller contre elle. Pourquoi elle me manquait autant ? Gwendys finit par sourire.

« Aller… viens… il faut rentrer… »

Je hochais la tête, le cœur lourd avec une envie de me réfugier dans mes souvenirs, même plus agacé de n’avoir rien appris d’intéressant.

J’avais le goût de la solitude sur la langue.

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