Pas de ça de pas de ça [RP SOLO/FB]

Pas de ça de pas de ça !

An 304, lune 3, semaine 3
L'esprit à vagabonder, la musicienne de l'océan marchait sans regarder ce que pouvait proposer les différents stands du marcher de Lordsport. Ayant décidé de passer quelques jours, auprès de son père, elle l'avait laissé décuvée à la taverne. Laissant ses longues boucles blondes en cascade sur son dos, elle avait juste remonté certaine mèche sur le haut de son crâne. Norunn était habillée d'une simple robe avec un décolleté, certes bien prononcer, mais portant des couteaux à la vue de tous, pour dissuader la moindre approche. De par ses tatouages, elle était vite reconnue dans le coin, la belle Tawney aussi charmante que redoutable. Elle savait se servir de ses atouts de femme quand la situation l'imposait, tout comme se servir des armes.

Continuant son avancée, elle n'avait aucun but précis que de se vider l'esprit, de ne plus penser à lui. Lenwood avait bien remarqué que sa fille pouvait avoir des réactions étranges, ces derniers temps, mais il ne l'avait pas questionné à ce sujet. Attendant comme à son habitude qu'elle vienne se confier à lui. Mais la fer-née était incapable de parler de cet homme à quiconque. La raison était simple, elle se devait d'oublier son baiser, la douceur de ses mains ! Pourtant, des lunes étaient passées, mais il restait gravé dans sa mémoire et elle détestait cela. 

Un enfant qui courrait vint à la percuter, l'arrêtant dans sa marche. Ne disant rien, elle l'observa filer et disparaître de sa vue, avant de le voir lui. Figée sur place, elle avala sa salive difficilement, était-il vraiment là ? Norunn ne pouvait détourner son regard, ne pouvait quitter ses yeux. Personne ne l'avait jamais regardé avec cette intensité. L'hésitation vint à la parcourir, puis finalement, elle vint à agir avec lâcheté en prenant la fuite.

Au passage d'un groupe de personnes, elle vint à suivre leur pas et à finalement disparaître dans une ruelle. Là, elle l'observa, il ne la voyait plus, mais elle réalisa qu'il était ici en chair et en os. Ne restant pas plus longtemps à son observation, elle vint à marcher à vive allure. Qu'est-ce qui l'emmenait à cet endroit ? Et pourquoi se sentait-elle obliger de prendre la fuite ? Ce n'était pas son genre, ayant affronté bien des périples, ne reculant jamais face à la peur, mais là, c'était différent, elle craignait ce que son coeur lui soufflait. Norunn avait appris de ses parents biologiques, bien des leçons, comme celle de ne pas se piéger par l'amour. Toute en se maudissant et se traitant de tous les noms possibles, elle réalisait qu'elle était bien la fille de Mors Stane et Berena Ironsmith. Elle avait hérité d'eux, ce cœur volcanique et il venait de se réveiller.

Pas de ça de pas de ça !

An 304, lune 3, semaine 3
Qui aurait pu imaginer qu'un jour Norunn puisse prendre la fuite ? Déjà pas elle, mais elle ne voyait que cette solution face à ce que lui soufflait son coeur. L'insulaire ne pouvait pas lui faire confiance et surtout, il lui était impossible de se résoudre à être comme ses parents biologiques. Se laisser dicter par les pulsions de l'amour. Avançant toujours à vive allure, elle ne prête plus aucun regard derrière elle. Elle était certaine de ne plus le croiser, n'ayant pas pris la même direction. Il l'avait vu, c'était certains, mais au moins, elle avait pu disparaître avant qu'ils ne puissent échanger.

Plus elle avançait, plus elle se posait mille questions. Elle le maudissait et à la fois se demandait la raison de sa présence sur les Iles de Fer. Était-il là pour affaires ? Était-il pour elle ? Non, cela était impossible, il n'aurait pas pu faire ce long voyage pour la retrouver, pas après toutes ses lunes. Puis, après tout ce n'était qu'un baiser et une baiser cela ne voulait rien dire. Mais son regard, il avait un tel regard captivant et encore aujourd'hui, elle s'était senti emporté vers lui. Qui était-il ? C'était tout de même hallucinant que de lui, elle ne connaissait que son regard et ses lèvres et que pourtant, il continuait de la captiver ainsi. 

Ralentissant un peu la cadence, elle s'arrêta un instant, emporter par ses pensées. Puis, au loin, elle vint à reconnaître un autre visage. Un amant d'une nuit qu'elle n'avait pas revu depuis plus d'un an. Le dieu noyé venait de lui envoyer un signe, il la poussait à oublier cet inconnu des Iles Nocturne.

- Arlo !

Là, bien décidé de prouver qu'elle était capable de vivre sa vie et surtout de ne pas dépendre des élans de son cœur, elle se rapprochait du fer-né avec sourire. De souvenir, il avait été un bon amant, elle avait aimé partager cette nuit avec lui. C'était la meilleure solution pour oublier un baiser, en faire d'autres. 

- Cela faisait longtemps qu'on s'tait vu !

Arlo vivait à Lordsport, c'était un forgeron et elle lui avait demandé de lui forger une lame. Les choses en entraînaient une autre, il y avait eu un autre service rendu. Un bon moment partagé. Le jeune forgeron semblait être ravi de la retrouver aussi, son sourire était plus qu'évocateur. 

Pas de ça de pas de ça !

An 304, lune 3, semaine 3
Il était sa solution, son moyen d'oublier l'étranger ! Ayant déjà connu Arlo, elle savait à quoi s'attendre et se disait qu'ainsi, l'instant vécu auprès du Bruni s'évaporerait de son esprit. Norunn se devait de reprendre le contrôle sur sa vie, cela ne devenait qu'obsession, et elle ne pouvait continuer ainsi. De sa main droite, elle poussa sur son torse et ils se retrouvèrent arrêtés contre le mur d'une maison. Arlo se laissait faire, répondant à son sourire. Les yeux dans les yeux, Norunn vint à lui souffler :

- Prenons le temps de nous amuser !

Il plaça sa main dans sa chevelure, elle pouvait sentir sa respiration chaude non loin de sa bouche et là, le visage du Bruni s'imposa à son esprit. Son regard vint à la figea sur place et elle vint à se souvenir de son baiser. Sans attendre, elle s'éloigna d'Arlo face à cette vision. D'un léger murmure, à peine perceptible, elle avoua : 

- Je ne peux pas !

Cruelle sensation d'avoir l'impression de trahir une personne, qu'elle ne connaissait même pas. Mais il était présent en elle et tout son être se refusait à un autre. Norunn avait l'impression de se briser en mille morceaux, de lutter contre elle-même. Qu'allait-elle devenir si cet amour la contrôlait ?! Enfin, à ce moment précis, elle allait devoir trouver une excuse qui tenait la route. Se rapprochant de lui, elle caressa son visage et l'informa avec sourire :

- J'aurai bien voulu, mais j'me dois rejoindre mon père. Il doit être encore à décuver et faut que j'le bouge !

Heureusement, c'était une moitié de vérité. Si, elle avait un problème avec son coeur, Lenwood avait un problème avec l'alcool et elle se doutait que son départ pour le Nord eût été la goutte d'eau qui l'avait poussée dans ce vice. Mais cela ne l'empêchait pas de l'aimer, il restait son père et était toujours aussi redoutable, une fois sobre. Inclinant légèrement la tête, elle annonça :

- À la prochaine !

Là, elle lui tourna le dos, toute en s'insultant de tous les noms en pensées. C'était bien pire que ce qu'elle avait imaginé. 

Pas de ça de pas de ça !

An 304, lune 3, semaine 3
Comment l'oublier ? Comment penser à autres choses ? Norunn avait l'impression d'être ensorceler, et même le dieu noyé ne pouvait l'aider à s'en sortir. Pourtant, elle était prête à tout, pour redevenir simplement celle d'avant ce baiser. La fer-née avait connu bien des aventures, fait preuve de biens du courage, mais cet homme lui faisait douter d'elle-même, de ses capacités de résilience. Elle voulait se transformer un tigre, pouvoir le dévorer et ne plus y penser. Elle voulait être les bougies qui viendraient à y mettre le feu. Elle voulait être la liane qui se briserait pour le faire tomber de sa hauteur et lui briser une jambe. Oui, Norunn voulait être bien des chose pour détruire ce qu'il imposant à son coeur. Elle avait l'impression qu'il avait imposé une tension en elle, un creux dans son être, qui la poussait à vouloir bien plus. La Fer-née n'était pas tranquille et se maudissait de n'avoir même pas pu se rapprocher d'un autre homme.

Avançant à vive allure, elle vint à retrouver la taverne ou elle l'avait laissé. Soufflant plusieurs fois, elle poussa la porte et eu un sourire compatissant face à la vision de son père encore endormi, la tête sur le compteur. Il n'avait pas bougé, depuis son départ. Doucement, elle s'approcha et décala une mèche de ses cheveux qui ne pesait pas plus d'un gramme. Lenwood semblait si paisible, comme si toute tracas avait disparu de son être, mais se plonger dans l'alcool ne serait la solution que d'un temps. Elle ne voulait pas devenir comme celui qu'il l'avait élevé et une part d'elle aurait souhaiter que son père trouve un autre moyen pour fuir les dégâts du passé. 

Sans le réveiller, elle attrapa sa vièle et s'installa sur le comptoir. Là, elle commença à jouer quelques notes, puis une mélodie vint à suivre. C'était ainsi que la Tawney se vidait l'esprit, emporter par le son envoûtant de son instrument. Il n'y avait plus qu'elle et la musique, et son coeur se liait aux ondes créer. Norunn était plus en paix avec elle-même et ne vint même pas à remarquer que cela vint à réveiller son père.

Le capitaine ouvrit, un oeil puis un autre, s'étira, la tête encore lourde, il l'appuya avec la puissance de son bras pour la maintenir. Il savait que c'était son enfant qui jouait de la musique, mais ne lui prêta même pas un regard, préférant finir sa gourde où il lui restait un fond d'alcool.

Pas de ça de pas de ça !

An 304, lune 3, semaine 3
La musique était le remède de ses maux, ses gestes étaient précis et surtout, elle oubliait le regard de l'inconnu, elle se sentait revivre. Norunn savait qu'elle ne pouvait pas écouter son coeur, que cela ne mènerait à rien de le faire. Ses parents biologiques avaient payé le prix de s'aimer, et même si elle ne portait aucun regret de sa vie sur les Iles de Fer, se sentait bien plus fer-née que Nordienne, il en revenait au même que dans ses veines coulaient le sang de la famille Stane et Ironsmith.

- Norunn !

Sursautant, elle arrêta le mouvement de sa main et la musique vint à se briser brusquement. Ouvrant doucement, les yeux, elle s'éloigna doucement de sa vièle pour finalement tourner la tête et voir que son père était réveillé. Lenwood Tawney, l'homme qui lui avait tant appris, était tourné vers elle, sourire aux lèvres. 

- Aller petite, viens me rejoindre et boire !

Face à lui, la Tawney redevenait la petite fille, celle qui n'avait rien vu de la vie, celle qui ne quittait que très peu son île et aimait jouer de la musique les pieds dans la mer. S'approchant de lui, elle posait sa vièle près d'elle sur le compteur, et prit le verre que le tavernier lui servit.

- Au dieu noyé !

Il avait levé son verre et bu, Norunn le regard plus mélancolique fit de même. La chaleur de l'alcool vint à lui réchauffer sa gorge. Vilain poison, qu'était ce liquide, mais il n'y avait rien de mieux pour oublier. Son père avait appris durement cette leçon et une part d'elle, espérait toujours retrouver celle d'avant le siège de Pyke et surtout de la mort de Dwyn. Posant son verre, elle observa son père. Elle, qui pensait toujours à l'amour biologique de ses parents, réalisait d'un coup, qu'elle avait grandi auprès d'un autre couple qui semblait s'aimer d'amour sincère. Ses parents lui avaient toujours semblé heureux et surtout leurs gestes l'un envers l'autre, prouvaient de leurs attachements.

- Pourquoi as-tu choisi mère pour femme-roc ?

Une question qu'elle n'avait jamais posée, ni à l'un, ni à l'autre, mais à présent, elle s'interrogeait. Est-ce que Lenwood Tawney était un homme à suivre son coeur ? Elle le savait, pas cruel et surtout avait fait preuve de tolérance lors de son retour, mais sa réponse lui permettrait de réfléchir sur sa propre condition.

Pas de ça de pas de ça !

An 304, lune 3, semaine 3
À la recherche de réponse, Norunn eut besoin de poser une question bien précise à son père. Besoin de savoir, si ses parents adoptifs, c'était aimer autant que ses parents naturels. Son propre coeur la perdait, elle n'arrivait plus à réfléchir sereinement. La fière fer-née se retrouvait piégée et emportée par le regard de l'inconnu. Lenwood ne sembla pas surpris de sa question, se servant un nouveau verre, il le but d'une gorgée avant de pointer son regard vers sa fille et de lui confier :

- Ta mère était celle qui me ramenait à la terre, qui me poussait à me dépasser, à savourer l'instant présent tout en sachant que je la retrouverais. Je ne suis pas homme parfait, mais Dwyn m'a donné tout ce que j'avais besoin et c'est a elle que le dieu noyé t'a confié pour me donner une autre raison de vivre...

D'un geste doux, il vint à caresser sa joue et à mettre une de ses mèches rebelles derrière son oreille. Un rapprochement qui la fit sourire. Le dieu noyé l'avait confié à la famille parfaite. Norunn ne pouvait pas savoir ce qu'aurait été sa vie auprès du Stane et de son épouse, mais la mer avait pris leurs vies avant qu'elle ne puisse le découvrir. Lenwood était son véritable père, elle n'avait connu que lui dans son rôle, et même si elle avait ressenti le besoin de connaître ses racines, ce sentiment n'avait jamais changé. Finalement, un voile étrange envahit le regard de son père et il lui murmura :

- Ne ferme pas ton coeur, Norunn !

La fer-née se sentit obligé de détourner les yeux pour regarder face à elle. Se doutait-il de quelque chose ? Était-ce possible que l'inconnu est-temps d'effet sur elle que cela se retrouvait perceptible à l'oeil de ses plus proches ? Soufflant un grand coup, elle répondit :

- Je n'ai pas besoin de fermer mon coeur, père, tu y prends trop de place !

Il ne lui était jamais facile de parler de sentiments, alors que son père, le musicien poète, le faisait plus facilement. Il avait ce talent des mots. D'ailleurs, sa phrase le fit éclater de rire. Ce fut ainsi que la conversation fut close et que Norunn se promit d'oublier l'inconnu. Elle aimait sa vie ainsi et ne voulait pas la voir devenir différente à cause d'un homme. Non, elle ne voulait pas faire la même erreur que sa mère biologique.