Dans la famille - encore une fille - je voudrais... ☾ Elias

Assise à son bureau, la dame de La Baërre s'afférait, elle triait ses lettres, jetait celle qui n'avait que peu d'importance à ses yeux, et cachait dans une latte de son parquet celle qu'elle voulait préserver. Les cacher de la sorte lui donnait l'impression d'un semblant d'aventure, d'être prise dans une intrigue des plus croustillante. Sa planque était un endroit rien qu'à elle où Selyse pouvait ranger toute sorte de choses, des papiers, des bijoux, de l'argent, tout ceci à l'abris des regards curieux. Mais cette cachette n'était qu'un trou remplit de toile d'araignée et sa folle intrigue n'était rien d'autres qu'un élan désespéré pour préserver l'honneur d'une sœur bafouée. Très loin d'être le personnage principal d'une histoire passionnante, mais l'ancienne Houëtt s'en contentait. Pour l'instant.

Lorsqu'elle finit enfin de tout ranger, de mettre en ordre ses affaires, elle prit une feuille et commença sa lettre. Un écrit qu'elle n'avait que trop tardé à rédiger. Sa plume grattait inlassablement le parchemin, elle écrivait les dernières nouvelles à son amie Mélior, la naissance de Dorcas qui avait été un véritable calvaire, le départ de son mari pour être auprès de sa fille, l'arrivé de son oncle avec un précieux présent. Elle décrivait l'animal, sa couleur, sa forme, ses petits yeux ronds. Elle aurait pu le dessiner, mais Selyse n'était pas assez douée pour faire en faire une esquisse. À la place, elle utilisait les mots. En espérant être suffisamment concise et proche de la réalité pour qu'elle imagine correctement Martina. La Dunn se rappelait exactement le jour où elle avait reçu ses tortues en cadeaux, elle avait pleuré de joie. Elle n'avait même pas pu fermer l'œil de la nuit tellement qu'elle était excité, fasciné par ses créatures. Elle avait passé des heures à les observer. Rien n'avait pu comparer les émotions qu'elle avait éprouvées ce jour-là, même pas la naissance de ses filles et encore moins son mariage avec Elias. Mais l'arrivé de Martina... Elle n'avait même pas de mots pour exprimer ses affects. C'était du plaisir à l'état pur.  

Un peu obsessionnel sur la perfection, Selyse déchira son parchemin et recommença, insistant sur le regard de l'animal. Parfois triste, parfois joueur, Martina transmettait des émotions comme aucun humain ne pouvait le faire. Elle s'arrêta une minute, levant la tête pour réfléchir, elle se demandait si c'était ça l'amour. Le véritable. Puis elle se dit qu'elle était vraiment horrible comme mère. Secouant la tête pour chasser ce sentiment de remords, elle continua sa missive, jusqu'à mettre enfin un point final. Cette fois, fière du résultat, elle fit appeler une servante. Une nouvelle, car la vieille fausse folle avait gagné. Elle ne l'avait pas récupérer non, elle l'avait fait partir. La fille à l'emblème de tortue lui avait offert de l'argent, prétextant qu'elle voulait son bien et la traitresse était partie, sans demander son reste. Alors elle en avait une autre, trouvée par Arwyn. Muette, mais aux manières agréables, assez jolie sans être magnifique. Seul soucis, elle était terrifiée par tout un tas de choses, notamment par ses tortues et son homme singe.

- Cette missive est pour Mélior Vouyvère, demandez de l'aide si vous avez besoin, dit-elle lasse de sa matinée.

S'étirant de tout son corps, Selyse se mit debout et se mit à observer le jardin. L'aînée des Dunn avait emmener ses sœurs au marché, voir un spectacle de marionnette, l'ensemble du château était calme. Si calme qu'elle pouvait en faire une crise d'angoisse. Où était la musique ? Où était les danses sans fins ? Les rires ? Elle s'ennuyait... Les dernières festivités étaient la chasse, et elle était bien trop avancé dans sa grossesse. Dans ses pensées, elle entendit un bruit sourd dans les escaliers, sans pour autant s'inquiéter. Surement l'autre folle qui avait dû jeter un broc sur sa nouvelle servante. Un petit cadeau de sa part, une brave, à la diction horripilante et peu compréhensive, un bon patois de chez elle.

Dorcas dormait paisiblement dans son couffin, derrière le canapé, à l'abri du soleil. Et Martina, elle piquait du nez sur le haut de ses rideaux. Prenant une des couvertures de sa fille, elle fit descendre le singe et l'enveloppa. Selyse la berçait doucement, à l'image d'une mère avec son enfant. Un moment de calme, presque apaisant. Mais la porte s'ouvrit. Dos à la porte, elle pensait que c'était sa servante :

- Vous vous êtes encore perdue dans le château ? exaspérait-elle.

Plusieurs semaines qu'il s'était absentées, Elias, c'était au rendu au chevet de sa fille, Cassana à Wendton. Mais à présent, il était de retour et son voyage de retour avait été plus long que l'allée. La raison était simple, le seigneur de la Baëre avait trouvé en passant dans un des villages de l'orage, un merveilleux présent pour son épouse. Il la savait attacher à ses tortues et Elias, qui n'était pas un homme à offrir des cadeaux, voulait la surprendre en lui ramenant deux créatures qui pourraient apporter un peu de raffinement au bras de la coquelle qui entourait le château. Un présent qui vint à être ajouté par un autre. L'homme qui lui avait vendu le jeune couple de cygne, lui montra un petit abandonné par sa mère. Elias, voyant le petit, décida de l'acheter. Il y avait des élevages de cochon sur son Fief. Se disant qu'il pourrait le donner à un de ses paysans, mais au fur à mesure de la fin du voyage, il s'était attaché à ce porcelet et était décidé de l'élever à la maison. Se disant que cela ferait un peu de compagnie à Dragon, le lapin géant d'Arwyn. 

Tout était calme à son arrivée, il n'avait prévenu personne de son retour et Cassana n'avait pas dû penser à envoyer un corbeau pour annoncer qu'il avait quitté Wendton. Ce fut donc toute en anonyme qui regagna sa demeure et son premier ordre fut d'installer les cygnes dans la cour. Les deux volatiles viennent à ouvrir les ailes et furent heureux d'être libérés de leur cage. Le porcelet, lui se trouvait bien au chaud dans une couverture, dans ses bras. 

Quand on lui annonça où se trouvait sa femme, il vint à gravir les marches pour la rejoindre. Il ignorait ou ses filles étaient, mais tout était si silencieux qu'elles n'étaient certainement pas au château. Puis la première personne à venir le saluer fit nul autre que dragon, qui sautilla jusqu'à sa personne pour réclamer des caresses. Là, doucement, il posa le porcelet endormi sur le sol, toujours envelopper dans sa couverture et demanda à Dragon de veiller sur lui. Se doutant bien que la réaction de son épouse ne soit pas aussi enjouée que pour les cygnes. Finalement, il vint à ouvrir la porte et il n'en fallut pas plus pour que le lapin vienne à rentrer dans ses pas. Il savait que dans cette pièce, se trouvait du papier et il adorait le papier. 

- Vous vous êtes encore perdue dans le château ?

Le ton de son épouse était si doux à son oreille, elle n'avait pas changé. Pour sûr, ce n'était pas à lui qu'elle pensait parler et il ne s'étonnait pas de voir les servantes la fuir. Elle pouvait trouver bien des excuses ou accuser les autres, Selyse restait à sa manière un tyran.

- Et après vous-dites que c'est à cause de ma mère que vous perdez vos servantes !

Il s'approchait de son épouse qui berçait sûrement Dorcas, leur dernière-née dans ses bras. Elias ne l'avait vu qu'une seule fois, devant prendre la route aussitôt en apprenant que Cassana avait eu un accouchement très difficile et que son enfant n'avait pas survécu. S'approchant, il commença à dire :

- Et comment se porte notre....Il s'arrêta net, face à son observation. Quelle étrangeté qu'elle avait dans ses bras. Était-ce humain ? Dorcas, avait-elle déclenché une maladie ? Ce n'était pas qu'elle était moche, mais sa bouche était étrange et que dire des cheveux qui semblaient lui pousser de partout. Et, de plus, il était certain qu'en partout cette fille-là n'était pas née rousse. A-t-elle vu le mestre ?

Selyse ne s'attendait pas à obtenir une réponse, et encore moins entendre la voix d'un homme s'élever derrière son dos. Pourtant, elle n'avait pas sursauté, elle était restée devant sa fenêtre, à bercer le petit singe, tranquillement. La Dunn n'avait pas besoin de se retourner pour faire face à cette personne, car elle savait pertinemment que c'était Elias. Il était parti depuis quelques jours, ou plutôt quelques semaines. Depuis son accouchement, la Dunn avait perdu la notion du temps. C'était soit ça, soit son époux ne lui avait pas manqué. Et si elle devait vraiment être honnête avec elle-même, c'était sûrement la deuxième proposition. Bien entendu, elle tenait à lui, il était son petit mari, son ami, mais elle pouvait vivre sans lui pendant un certain temps. Ou alors elle était simplement épuisée, et n'avait pas vu ses semaines passées. Trop occupée à récupérer de son accouchement, à choyer Martina, à s'occuper de Dorcas, à rédiger des lettres pour Maïanne...

Finalement, elle se dit que non, c'était bien que ce crétin ne lui avait pas manqué. Il osait prendre la défense de sa mère, alors que c'était elle qui la contrariait. La tête haute, arquant un sourcil, elle lui lança un regard noir, lui faisant comprendre qu'il niaisait et qu'il était malvenu de lui dire ça. En plus, sa belle-mère avait fait fuir sa servante préférée, celle qui anticipait le moindre de ses besoins, celle qui acceptait que Selyse ne veuille pas rester constamment auprès de ses enfants... Penser à elle lui faisait du mal, si elle n'était pas aussi agacée contre lui, elle aurait pu pleurer. Comment elle allait faire sans elle ? Qui allait porter ses robes pour qu'elle finisse ses coutures ? Personne ne s'occupait aussi bien de ses tortues... Sans elle, sa vie serait beaucoup moins légère.

Son singe dans les bras, elle observa Elias, arquant l'autre sourcil face à cette mécompréhension. Il lui demandait si elle avait vu le mestre, en vérité, elle mit quelques secondes à comprendre. Il pensait que le petit animal était Dorcas, leur fille. Il était adorable à s'inquiéter de la sorte, mais elle se mit quand même à rire. Si fort que Martina se réveilla violemment, et lui sauta sur l'épaule, s'engouffrant dans sa longue chevelure blonde.

- Elias, je te présente Martina, mon singe, essayait-elle d'articuler en riant.

Quelques heures après son départ, son oncle était arrivé, les bras chargé de présent pour fêter la nouvelle arrivée d'un pélican. Mais également un cadeau pour elle. Le petit animal était blottit dans un petit panier, apeuré, épuisé par le voyage. Selyse avait mit du temps, mais elle avait réussit à l'apprivoisé.

- C'est un cadeau de mon oncle, pour avoir survécu à ce deuxième accouchement. Il l'a trouvé durant une de ses expéditions.

La Dunn se mit à sourire en sentant ses petits doigts poilues jouer avec son oreille. La maintenant avec une main pour la stabilisée, elle pointa du doigts le couffin de leur petite fille.

- Dorcas est ici, toute ensommeillé. Elle te ressemblera, mais rien de comparable à un singe, dit-elle, avec un éclat de sourire sur les lèvres.

Zéline était son portait crachée, blonde, yeux bruns, à la peau très blanche. Dorcas était son opposée. Plus petite que son aînée, brune, plus calme. Celle-ci, elle n'avait aucune difficulté à l'endormir. Contrairement à sa première fille. Elle suivait son rythme du sommeil, ce qui signifiait, un véritable n'importe quoi.

- Et Cassanna ? Comment va-t-elle ?

Il ne pouvait détourner les yeux, cet enfant avait un bien drôle d'allure. Pour dire vrai, Elias ne savait quoi penser, s'il ne s'agissait pas de Dorcas, qu'est-ce que cela pouvait être donc ? Interloqué, il demande à son épouse si elle avait vu un mestre. Il n'était pas un adepte d'échange avec le vieux sage de la maison de la Bäere, mais il avait son utilité. Une question qui poussa Selyse à éclater de rire, ce qui fit bouger ce qu'il identifiait, être un animal sur l'épaule de l'ancienne Houëtt !

- Elias, je te présente Martina, mon singe

Un singe ? Il en avait déjà vu, son neveu, Mark en possédait et appréciait d'amuser la galerie avec, mais cette Martina était différente. Déjà plus grosse, d'une couleur bien rousse et son visage avait de telles ressemblances avec le leur, surtout son regard. Étrange animal ! Restant dans sa contemplation, il n'émit aucun son, ni mouvement. 

- C'est un cadeau de mon oncle, pour avoir survécu à ce deuxième accouchement. Il l'a trouvé durant une de ses expéditions.

Un cadeau qui semblait rendre heureuse Selyse et cela suffisait à Elias ! Le Château devenait une véritable ménagerie, et il en était lui-même fautif, mais il aimait les animaux, aimait ce que cela pouvait provoquer chez ses proches. Regardant dans la direction que pointait son épouse : 

- Dorcas est ici, toute ensommeillé. Elle te ressemblera, mais rien de comparable à un singe

Il se laissa à sourire à son erreur, un sourire franc qu'il était rare de voir sur son visage. Oui, la situation l'amusait aussi. Doucement, il se dirigea vers le couffin et tout son être vint à s'attendrir devant ce petit être qu'avait rejoint sa famille. Elle était parfaite, si belle, si ressemblante à Arwyn, petite. 

- Et Cassanna ? Comment va-t-elle ?  

Il ne pouvait détourner le regard de sa nouvelle fille, venant doucement à caresser sa joue. Une nouvelle petite à protéger et à qui offrir la vie qu'elle souhaiterait avoir. Toute en continuant à admirer, Dorcas, qui était calme. Il répondit d'une voix lointaine :

- Elle a repris des forces et n'a pas souhaité que m'attarde plus longtemps à Wendton.

Cassana avait à présent sa vie, et surtout semblait s'adapter à Wendton. Une dure épreuve qu'avait été la sienne, mais elle s'était relever et avait fait preuve d'une force dont il ne pouvait n'être que fier ! 

- Les enfants grandissent vite !

Là-dessus, il tourna le regard vers sa jeune épouse et Martina ! Il allait devoir se faire à côtoyer un singe, mais allait-il encore grandir ? Car s'il était encore bébé et en vue de sa taille, Elias se doutait bien que ce singe allait prendre de la place. Finalement, il se dirigea vers la fenêtre et fut heureux de voir que les cygnes qu'il avait ramenés étaient visibles.

- Veux-tu venir à la fenêtre, j'ai aussi un présent pour toi !

Alors qu’il caressait doucement le visage de leur petite Dorcas, la Dame de La Baërre se détourna de lui. Son bureau était impeccablement bien rangé, chacune de ses affaires avaient une place définit, ses bougies d’un côté, ses plumes d’un autre. Replaçant correctement sa chaise, Martina toujours coincée dans sa chevelure, elle écouta Elias. Sa voix semblait lointaine, fluette. Sa belle-fille avait repris des forces et cela la rassurait. Jusqu’ici, elle n’avait perdu aucun enfant. Ses deux filles étaient en bonne santé. Mais sa dernière phrase l’interloqua. Pour quelle raison l’avait elle renvoyé de Wendton ? Par crainte qu’il se rende compte que son mari était un homme dédaigneux ou parce qu’il l’épuisait par son inquiétude constante ?

Prise par ses propres interrogations, elle n’avait pas véritablement entendu sa deuxième phrase. Il y a bien longtemps, Cassanna lui avait confier un terrible secret, sur les tensions qui existaient dans son couple, les maltraitances… Aujourd’hui encore, elle ne savait pas quoi faire de cette révélation. Tout dire à son mari alors qu’elle lui avait supplié de ne rien dire ? Ou briser ce silence qu’elle s’imposait. Mais comment dire à Elias que son enfant était malheureuse dans cette union, que son mari n’avait pas un gramme de gentillesse à son égard ? Cela lui briserait le cœur... Ou il entrerait en guerre pour récupérer son fille et assurer sa protection….

Bougeant de trop, le petit singe glissa dans son dos et planta ses griffes dans sa robe, comme si elle était la proie d’un tigre. Pas qu’elle savait véritablement ce que c’était d’être lacéré par un animal de ce genre, mais elle s’imaginait que ça ressemblait à cela. Continuant son petit manège, elle n’avait pas fait attention à ce qui se passait derrière elle. Elias avait quitté la petite Dorcas pour se rapprocher de la fenêtre. Apparemment, il avait une surprise pour elle. S’approchant doucement, elle se pencha vers la fenêtre et observa son magnifique jardin, au même moment, Martina s’échappa de sa longue chevelure pour se réfugier sur les rideaux de sa fenêtre.

- Je ne vois pas… Commença-t-elle à dire, oh… Ils sont magnifiques Elias.

Deux cygnes magnifiques se dandinaient sur sa pelouse. Ils avançaient doucement, mais se rapprochaient dangereusement de ses rosiers. S’ils mangeaient ses fleur pensa-t-elle, elle les donneraient au cuisinier! Cadeau ou pas cadeau ! Ses plantations étaient plus qu’une occupation, c’était sa fierté. Même si ce bosquet n’était pas massif, mais creux, elle ne voulait pas le voir se faire grignoter de toute part.

- Et pourquoi cet honneur ? Il est rare que vous m’offriez des présents.

Elias n’était pas un homme romantique, ce présent lui paraissait maintenant suspect. L’observant du coin de l’œil, elle attendait de voir sa réaction.

- Je crois que vos cygnes vont avoir un problème, dit-elle en montrant du nez l’arrivée des filles Dunn.

Aussitôt que Zéline vit les deux animaux, elle se débattit violemment avec ses jambes pour être de nouveau sur la terre ferme, si bien que sa nourrice dû la lâcher. Dès lors, elle se mit à courir derrière eux. Ouvrant leurs ailes, ils devinrent majestueux et au lieu de l’attaquer, ils se mirent à fuir. Au grand soulagement de Selyse. S’ils défiguraient sa fille… Encore Arwyn, elle était presque impossible de la marier à un homme correct, mais sa première née c’était différent. Avec le temps, elle avait compris que la beauté était un outil de séduction des femmes.

- J’espère simplement qu’ils lui survivront.

Martina utilisait les rideaux de son bureau comme des lianes, elle s’élançait dans les airs et se réceptionnait avec agilité dans un léger bruissement. Une magnifique pirouette qui fit apparaître un immense sourire sur le visage de sa mère d’adoption. Il en était ainsi, Elias était ébahi devant un bébé et Selyse devant un animal. Tout deux étaient si différents et pourtant, malgré leur dysfonctionnement, cette union marchait parfaitement. Pourtant, rien n’aurait pu le prévoir. Lui était un homme bourru, il ronchonnait dans sa barbe à la moindre occasion, fleur bleue lorsqu’il s’agissait de ses filles. Il préférait se prélasser dans un canapé plutôt que d’assumer ses responsabilités et il n’avait même pas le sens de l’humour ! Et que dire de son envie de faire la fête... Alors qu’elle, elle avait la fibre artistique, elle aimait danser pendant des heures, rire. Contrairement à ce qu’elle s’imaginait, elle se plaisait bien en tant que seigneur, elle prenait en charge les obligations de son mari. Il se fichait parfaitement des convenances alors que l’insulaire ne vivait que pour ça. Oui, ils étaient très différents!

Pour dire vrai, il ne trouvait que peu d'intérêt pour ces cygnes, mais en les voyant, il avait directement pensé à son épouse. Ils représentaient ce qu'elle était, indépendant, élégance et raffinement. Tout ce qu'il n'était pas lui-même, mais Elias était fier de lui avoir trouvé un tel présent. Certes, Martina était plus impressionnante, mais lui ne voyageait pas, autant que l'Oncle de Selyse. Finalement, face à sa question, il vint à répondre :

- Sur la route, je me suis dit que tu méritais un présent et je trouvais que ces cygnes avait ton élégance et apporterait un plus à la coquelle.

C'était certain qu'il était rare qu'il offre des présents, n'étant pas une dans ses pensées de devoir imaginer offrir autres choses que son attachement. Préférant d'ailleurs cela que de devoir donner des objets futiles pour faire croire à quelconque lien entre les personnes. Mais, pour Selyse, il avait fait un effort.

- Ce ne sont pas mes cygnes, mais les tiens !

Il avait rétorqué ses mots à la phrase de Selyse et ce fut à ce moment-là qu'il remarqua la présence de Zéline. Même d'aussi loin, il la trouvait aussi grandie et réalisait que comme une Dunn, elle n'avait pas peur de courir, surtout après des animaux inconnus. Devant son admiration face à ses filles, il se retrouva à détourner le regard de la fenêtre pour observer les pirouettes du singe et fut étonné de voir un tel sourire sur le visage de sa jeune épouse. Elle aimait ce semblant d'humain roux, il n'y avait aucun doute. Pour le coup, il estimait que c'était le bon moment de lui présenter le dernier arrivant dans la famille, tandis que Dragon était déjà arrivé à monter sur le bureau pour y chercher des parchemins à manger. 

- Je dois te présenter quelqu'un d'autre !

Se rapprochant de Dragon, il le prit dans ses bras pour éviter tout énervement de Selyse et le reposa sur le sol, tandis qu'il se dirigea vers la porte pour y aller chercher ce qu'il avait laissé derrière.

- Le fermier qui m'a vendu les cygnes m'a montré ce petit abandonné par sa mère, il sera de bonne compagnie pour Dragon !

Le petit n'avait pas bougé, mais vint à grogner pour montrer sa joie, quand il vit de nouveau le visage d'Elias. Se tournant vers Selyse, il était envelopper dans sa couverture vint à poser son groin sur l'épouse de son maitre.

- Il répond déjà à son nom....je l'ai appelé tempête ! 

Selyse n'avait pas réalisé qu'elle le dévisageait, mais c'était plus fort qu'elle. Mentalement, elle essayait de déterminer s'il se moquait d'elle, ou s'il venait réellement de lui faire un compliment. C'était difficile à dire. Il était si rare qu'elle en reçoive de sa part. Hormis bien sûr, pour la félicité d'avoir détruit son corps, d'avoir atrocement souffert pour expulser un enfant de son utérus, d'avoir des fuites urinaires pendant des semaines et tout un tas de conséquences néfastes de l'enfantement. Là, elle recevait toutes les louanges du monde. Un bébé, et un compliment. À ses yeux, c'était trop cher payé. Mais cette fois, même si la coïncidence était plus que soupçonneuse, son élégance n'avait rien avoir avec ses deux filles.

- Merci, dit-elle le visage métamorphosé par la défiance.

Ses cygnes. Il était encore très étrange de l'entendre. Pourtant il semblait extrêmement sérieux, comme à son habitude. Ses cygnes. Elle devrait rédiger une nouvelle lettre à son amie Mélior, son mari avait des oies, elle, elle avait des cygnes. Et ça ! C'était presque de la fierté qui se dessina sur ses lèvres. De l'orgueil et de l'excitation ! Un sentiment fugace. Car alors il alla chercher un autre animal. Beaucoup moins gracieux... Des cygnes pour son élégance, et un cochon pour ? Pour quoi ? Ses ronflements ? L'entièreté du visage de Selyse se liquéfia.

- J'ai du mal comprendre, elle se rapprocha lentement, Etes-vous réellement en train de me dire que vous avez acheté... un cochon pour porter compagnie à un lapin ?

La voix de la Dunn était posée, froide, menaçante, elle ne criait pas, ce qui était bien plus inquiétant. En réalité, elle refusait d'élever la voix, car alors le bébé se mettrait à pleurer, ce qui ferait paniquer son singe et elle ne pourrait plus s'en prendre à son mari.

Êtes-vous en train de me faire une blague ? Que cet animal sera plus tard notre dîner. Et surtout pas un animal de compagnie qui va se rouler dans... Vous êtes vraiment sérieux ?

Il ne faisait pas une blague. À son grand désarroi.

Je savais que vous étiez en train de me manipuler, un compliment, deux magnifiques cygnes en cadeau. Vous essayiez de m'amadouer.

Selyse fronçait des sourcils. Comment pouvait-elle se venter d'avoir un cochon comme animal de compagnie ? Elle allait être la risée de tous. Elle avait accepté le lapin géant, car cela était un peu excentrique. Mais un cochon ? Quel noble pouvait lui envier cela ?

- Vous me haïssez c'est ça ? murmura-t-elle en s'asseyant sur son canapé, dépitée. Un lapin a même pas besoin de compagnie.

L'homme à peu d'attention, il n'était pas d'un tempérament à offrir des présents, enfin surtout d'en avoir l'idée, car il était connu qu'Elias était prêt à tout pour rendre les femmes de sa vie, heureuses et des femmes dans sa vie, il en avait beaucoup. Seul homme noble sur ses terres, il n'en faisait que peu de chose, mais là, il était assez content de lui-même d'avoir pensé à offrir un présent à son épouse. Deux cygnes pour la remercier de tout ce qu'elle pouvait faire pour le Fief et leurs familles respectifs. Tout se passait bien, jusqu'au moment où il présenta l'autre nouveau habitant du château, Tempête, un petit porcelet qui avait réussi à prendre une place dans le coeur du seigneur. Pour lui, cet animal était parfait, bon de garde, il le serait forcément, puis Dragon aurait un compagnon, toute personne avait besoin de compagnie. Même lui derrière ses airs bourrus. La réaction de Selyse ne vint pas à la surprendre, mais il en haussa, en première abord que ses épaules. Où était le souci que Dragon avait besoin de compagnie autre que les courriers qu'il aimait dévorer ?!

Êtes-vous en train de me faire une blague ? Que cet animal sera plus tard notre dîner. Et surtout pas un animal de compagnie qui va se rouler dans... Vous êtes vraiment sérieux ?

Tenant toujours le petit mammifère dans ses bras, il vint à le ramener davantage contre lui, au terme dîner. Il était accoutumé à manger du porc, mais Tempête n'était pas un cochon comme les autres et surtout ne faisait pas partie d'un des élevages de leurs fermiers. Tempête était simplement un animal qui avait besoin d'une famille. 

Je savais que vous étiez en train de me manipuler, un compliment, deux magnifiques cygnes en cadeau. Vous essayiez de m'amadouer.

Ce furent les phrases de trop. Comment pouvait-elle imaginer qu'il puisse vouloir la manipuler ? L'amadouer ? Avait-il déjà fait cela ? Ce fut à présent, son visage qui se referma. Elle allait trop loin.

- Vous me haïssez c'est ça ? Un lapin a même pas besoin de compagnie.

Selyse venait de s'installer sur son canapé, il pouvait sentir qu'elle semblait contrariée et il ne voyait pas ce qui posait le souci avec tempête. Il valait aussi bien que son étrange singe.

- Vous n'êtes jamais contente.

Son timbre de voix était dur. Il posa un regard vers Tempête toujours dans ses bras. Elias le trouvait si adorable, si fragile, alors qu'avec le temps, il deviendrait une force de la nature.

- Les cygnes sont votre cadeau, un cadeau sincère sans manigance. Tempête est mon animal et il restera là, le sujet est clos.

Pour dire vrai, il prenait très peu de décision dans son quotidien, mais là, il fit preuve de fermeté. Selyse lui semblait à ce moment précis, une lady pourrie gâter, incapable de concevoir qu'on puisse lui offrir un cadeau sans arrière penser. AU final, c'était plus cela qui l'avait vexé, c'étant préparé d'avance au manque d'engouement de son épouse face à Tempête.

- Avez-vous autre chose à ajouter ou puis-je aller le présenter aux filles ?

Elias ne lui tenait jamais tête. Il bougonnait, marmonnait des mots inaudibles dans sa barbe mal taillé, levait les yeux aux ciels, soupirait bruyamment de mécontentement, mais il finissait toujours par se conformer aux souhaits de son épouse. C'était comme un ordre établi, Selyse gagnait toujours contre lui. Elle n'avait même pas besoin de mille arguments, ni de prendre des pincettes pour obtenir ce qu'elle voulait, non, elle demandait fermement, il s'exécutait docilement. Il l'avait habitué à ça, c'était donc de SA faute si elle vivait aussi mal son refus de se débarrasser de cet animal rose. D'ailleurs qu'est-ce que ça mangeait ? Des racines ? Ses jolies rosiers ? Des myrtilles ? Du miel ?

La Dunn était décontenancée, peu familiarisée par cet air autoritaire, elle ne trouvait pas les mots pour défendre son point de vue. Ce silence agacé semblait alors être un accord tacite. Il avait gagné. Elle était perdante. Et ça lui faisait mal à son ego. Pourtant, il y avait une toute petite part d'elle-même qui avait grandement appréciée cette puissance qui dégageait de son époux et cet excès de confiance en soi. Mais très loin d'accepter de lui montrer que cette prestance l'avait séduite, elle préféra relever la tête en regardant de haut son époux.

- Je pars, dit-elle avec une détermination féroce, bien trop consciente de l'effet dramatique que cela provoquait.

Selyse évitait soigneusement le regard de ce visiteur non désiré. Elle le trouvait affreux, sans charme, bruyant... Rien ne semblait l'attendrir. Et le fait que son mari prenne autant la défense de cet animal lui donnait encore davantage envie de haïr cette bête informe. Il n'égalait en rien son homme singe, il était certes un peu craintif, mais devant un tel monstre, rien n'était étonnant !

- Je vous quitte, elle profita de ce nouvel effet pour s'asseoir sur son canapé douillait, pour quelques jours du moins.

Avec l'élégance qui la caractérisait, Selyse prit sa tasse et en bu une petite gorgée. Sa servante n'était des plus agréables à regarder, ni suffisamment adroite pour se faire oublier, mais l'ancienne Houëtt devait se l'avouer, elle avait un véritable talent pour lui préparer son infusion. Elle pouvait déceler les arômes subtils de la verveine citronnée, mais également cette pointe de miel qui adoucissait le mélange.

- Durant votre absence, j'ai longuement réfléchi à la situation dans laquelle Maïanne se trouve. J'ai également songé à votre proposition, quelques peu..., folle, ridicule, horrible, dérangeante, peu commune.

Rien de tout ceci ne lui allait réellement, mais pour le bien-être et l'amour de sa sœur, elle était prête à faire ce sacrifice. L'amour ou la culpabilité de n'avoir rien vu ? Ne pas avoir réussi à convaincre la capitaine Asha de protéger sa famille ?

- Le soir même de votre départ, j'ai écrit une missive à Layla. Je lui ai exposé la perfidie de nos parents, le désespoir de notre petite sœur et bien qu'elle soit choquée par ce secret honteux, elle semble... approuver votre plan et vous remercies chaleureusement pour cet acte de bravoure .

Selyse avait passé des heures à lire et relire l'écrit de sa sœur, cherchant entre les lignes des raisons qui pourraient l'empêcher de mettre à profit l'idée de son mari. Mais Layla était véritablement d'accord avec Elias...

- Je vais donc me rendre sur Bouclier de Chêne et confronter mes parents, lentement, elle glissa une mèche de cheveux derrière son oreille, prenant un peu de temps avant de prononcer les mots qu'elle redoutait, pour le bien de Maïanne, sa fille portera le nom de Flowers et sera reconnue comme votre fille illégitime .

La fin de sa phrase avait été prononcée tellement vite qu'elle prit un temps pour reprendre son souffle. Rien qu'à imaginer le regard des autres, elle en avait des hauts de cœur

C'est le choix que nous avons n'est-ce-pas ?, demanda-t-elle soudainement, espérant sans doute qu'il se rétracte.

Au moins, Maïanne avait mis au monde une petite fille, elle n'aurait pas l'affront d'avoir un Flowers garçon dans ses rangs. Cela aurait été trop insupportable pour elle, qu'aux yeux de tous, le fils tant attendu était un bâtard.

Pensez-vous que Maïanne va accepter de perdre toute forme de maternité sur cet enfant ? Si c'était vous, qu'on vous enlevait le titre de père sur l'une de vos filles en faveur d'un de vos frères, l'accepteriez-vous ?

C'était sans doute la première fois qu'elle pensait à sa sœur de cette manière, comme celle qui sacrifiait quelque chose de précieux. Une autre question vint à lui tarauder l'esprit, et si elle n'arrivait pas à apprécier son enfant ? Maïanne lui en tiendrait-elle rigueur ?

Rare était les fois où Elias s'imposait, mais là, il se voulait protecteur envers Tempête, sans vraiment savoir pourquoi il s'était entiché de ce porcin. Puis à la fois, il était vexé que son épouse est pu penser qu'il avait cherché à la manipuler. Bien des hommes pouvaient agir ainsi, mais pas lui. Selyse était une amie, mais des fois, elle pouvait se montrer insupportable, comme pouvait l'être chaque femme de sa vie et des femmes, il en avait. Du coup, il faisait face à son épouse, prêt à partir présenter Tempête à ses filles, si du moins Selyse n'avait rien à ajouter, mais comme à chaque fois, elle ne le laisserait pas avoir le dernier mot. Le toisant du regard, elle vint à exprimer : 

- Je pars, je vous quitte, pour quelques jours du moins.

Au début de sa phrase, la pensée fut qu'elle pouvait réagir comme sa mère, face à une contrariété, mais finalement, il vint à comprendre en attendant la suite et le manège de gestuelle de son épouse, que ce n'était qu'un départ de peu de temps. Ah, les femmes se disait-il. 

- Durant votre absence, j'ai longuement réfléchi à la situation dans laquelle Maïanne se trouve. J'ai également songé à votre proposition, quelques peu..]peu commune. Le soir même de votre départ, j'ai écrit une missive à Layla. Je lui ai exposé la perfidie de nos parents, le désespoir de notre petite sœur et bien qu'elle soit choquée par ce secret honteux, elle semble... approuver votre plan et vous remercies chaleureusement pour cet acte de bravoure. Je vais donc me rendre sur Bouclier de Chêne et confronter mes parents, pour le bien de Maïanne, sa fille portera le nom de Flowers et sera reconnue comme votre fille illégitime. C'est le choix que nous avons n'est-ce-pas ?

Il hocha la tête à l'affirmatif, pour dire vrai avec ce qui était arrivé à Cassana, Elias avait laisser cette histoire derrière lui, mais il était prêt à aider Selyse et sa famille. Pour lui, ce n'était pas un acte de bravoure, mais bien une proposition pour aider. Bien des hommes de la noblesse possédaient des Bâtard et en vue de la date de la naissance de la petite, il n'était pas marié à ce moment-là. Du coup, nul outrage pour son épouse actuelle et la petite pourra vivre avec d'autres filles de son âge et être protégé par son statut de bâtarde de la maison Dunn. 

Pensez-vous que Maïanne va accepter de perdre toute forme de maternité sur cet enfant ? Si c'était vous, qu'on vous enlevait le titre de père sur l'une de vos filles en faveur d'un de vos frères, l'accepteriez-vous ?

Tenant toujours Tempête contre lui, il vint à bien réfléchir aux questions de son épouse. Il ne pouvait se mettre à la place de Maïanne, par le simple fait qu'il était homme, malheureusement les femmes ne possédait pas autant droit qu'eux. Étant père de beaucoup de filles, lui savait la valeur qu'elles représentaient.

- Non !

Un simple non pour les deux questions, nul besoin d'ajouter d'autres paroles. Jamais, il aurait pu laisser ses frères élever ses filles. Finalement, il ajouta : 

- Le choix final doit appartenir à Maïanne ! Il ne sera pas facile non plus pour l'enfant de quitter ceux qu'elle pense être ses parents !

Oui, il ne fallait pas oublier que la petite avait été élevée par des serfs qu'elle pensait être ses parents. Maïanne devait penser à son envie, mais aussi au bien-être de sa fille. En-tout-cas, il était fier de voir Selyse s'investir dans cette mission, il n'allait pas lui dire, mais c'est elle qui faisait acte de bravoure en se battant pour le bonheur de sa soeur.

- Vous faites bien de vous y rendre, je vous attendrais ici ! Vous allez emmener le singe Martina avec vous ?

Il était évident qu'Elias aurait refusé cette idée. Avant d'être un homme, un mari, un soldat, un seigneur, il était un père. Toute sa vie tournait autour de ses filles, il ne vivait que pour elles, pour un rire, un câlin, des instants volés. Et quelques parts, même si elle se montrait froide devant ses gestes affectifs, qu'elle levait les yeux au ciel lorsqu'il s'ennuyait d'elles, Selyse ne pouvait s'empêcher d'avoir ce petit pincement au cœur. Elle aimait ce canevas de lien qui se tissait entre lui et les enfants Dunn. Et la jeune femme savait que si elle serait sûrement incapable de ressentir de l'amour pour cette fillette, lui sera là pour elle. À chaque instant. Ayla aurait un père des plus dévoué, une belle-mère froide et une tante des plus aimantes. Mais est-ce que sa jeune sœur pourrait garder ce rôle ? Pourrait-elle n'être qu'une tante au lieu d'une mère ? Maïanne n'était pas Selyse, elle était plus douce, plus spontanée, plus vrai et aucunement une hypocrite comme elle...    
- Je m'en doutais, mais hélas, ma tendre petite sœur n'a pas le loisir d'être un homme. J'espère sincèrement qu'elle arrivera à se comporter comme une tante et non comme une mère pour cette petite fille. C'est son honneur et le nôtre qui est en jeu...

Elias n'avait pas tort, mais il était évident qu'elle allait être bien plus heureuse. Sa famille avait condamné cette fillette à une vie de misère, sans aucun ravissement pour égayer ses journées, vêtue de robe usée. Ayla quittait tout ceci pour rejoindre La Baëre, découvrir la splendeur de la noblesse. Il était évident que la jeune fille allait être ravie de ce changement ! Pourtant, elle pouvait comprendre ce qu'il insinuait. Elle avait grandi avec eux, ils étaient pour elle ses parents...

- Non, Martina restera avec vous.

Selyse l'observa. L'animal jouait dans ses rideaux, cela agaçait profondément la Dunn lorsque Dragon se cachait derrière, mais Martina, elle trouverait cela amusant.

- Je vous laisserais des notes et des consignes très précises , elle alla s'installer à son bureau, je vais débuter la liste des actions que vous allez devoir effectuer durant mon absence et, mon cher époux, je vous interdit de niaiser. Pas de procrastination aucune.

Inlassablement, la jeune femme gratta la pointe de sa plume sur le parchemin. Si inspiré, elle ne prêta même plus attention à son époux qui prenait sa fille dans les bras. Deuxième enfant à lui ressembler. Il restait plus qu'à espérer que Dorcas ne ressemble pas à sa sœur ou à son père.