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Rosebush
An 304, Lune 5, Semaine 1

Une légère brise soufflait sur Hautjardin. Le ciel était clément. Le soleil au rendez-vous. Une journée parfaite pour une promenade dans les jardins du château. Olenna avait pressé sa suite pour gagner rapidement les bosquets et ainsi profiter du parfum des fleurs tout juste écloses et encore mouillées par la rosée. Une balade matinale vivifiante qui revigorait l'esprit de la douairière en proie à l'inquiétude depuis le départ de son petit-fils pour Villevieille. Ainsi, la guerre était déjà aux portes de l'ancestrale demeure des Tyrell. Olenna n'avait pas douté que la mort finisse bientôt par venir s'abattre sur le Bief, et elle s'était également doutée que les pucerons étaient déjà parmi eux, attendant sagement de grignoter la rose avec avidité, attendant dans l'ombre projetée d'un bouton ou dans la vrille creuse d'une feuille. Elle n'avait jamais imaginé qu'il pourrait en être autrement. Le Bief serait, à l'image du reste du royaume, balayé par cette tempête venue de l'Est, apportée par un dragon qui, pour son propre-bien, était trop cupide, trop prompt à verser le sang et à répandre le feu. Feu et sang. Une devise qu'elle aurait pu embrasser à une époque. Une devise qu'elle avait viscéralement rejetée, et à raison. Impossible de s'imaginer vivre dans un environnement aussi toxique que celui de la capitale. Tous ces miasmes qui rendaient irrespirable un air chaud et suffoquant où se mêlait puanteur des bas-fonds, odeur de pauvreté et parfum de trahison. Sa ruse aurait été tout aussi bien employée pour le bien des Targaryen qu'au service de la maison Tyrell, peut-être mieux même, mais son esprit lui, aurait été quotidiennement empourprer. Imaginer troquer ces ravissants jardins pour la vue déprimante du Donjon-Rouge : impossible.


Des jardins. Plutôt une vaste plaine herbée parsemée de buissons aux fleurs colorés, de haies mal taillées, de futaies désordonnées... C'était ce paysage qui composait ces jardins lorsqu'elle avait prit le nom des suzerains à la rose d'or. Elle se souvenait en arpentant ces allées pavées que rien de tout ceci n'existait il y avait de cela une vie d'homme... Luthor avait entièrement retourné le parc du château. Un amas de terre, de la boue, des flaques où venaient pondre les moustiques. Le bruit des brouettes, des pelles et des pioches. Toutes ces mottes d'innombrables arbrisseaux venus du nord du Bief. Ces arcades, ces fontaines et ces murets que l'on avait érigé pour architecturer la nature, l'agrémentant de bancs, de sculptures et d'ornements aujourd'hui gagnés par le lierre, les clématites estivales et les passiflores aux fruits dodus. Olenna avait patiemment observé son époux dessiner, orchestrer, et c'était bien entendu sur la roseraie de Hautjardin qu'il avait passé un grand moment. Luthor avait eu peu de temps pour apprécier ses beautés. Olenna, quant à elle, c'était au printemps qu'elle préférait les savourer. Les rosiers étaient capricieux. Ils exigeaient une terre caillouteuse, riche et beaucoup de soleil. Une chaleur de bœuf. À son sens, c'était l'unique comparaison qui pouvait décrire la température qui gagnait les lieux lorsque l'été venait gratifier le Bief de ses rayons. Une chaleur qui rendait toute observation impossible sur la majeure partie de la journée. Seul le matin permettait à la douairière Tyrell de déambuler. Un matin de printemps encore humide. Un matin comme celui-ci. Un matin qui était faussement dédié à la flânerie. Olenna Tyrell ne flânait pas, elle ne flânait jamais, l'esprit toujours occupé à prévoir sa journée puis celle du lendemain, à réfléchir aux problématiques que les Sept avaient décidé de mettre sur sa route et aux solutions qu'elle se devait de trouver, et à dissiper les angoisses qui pouvaient l'assaillir.


Margaery. Garlan. Willos. Loras. Desmera. Hobber. Horas. Ses petits-enfants. Ils étaient, depuis leur venue au monde, sa priorité, ses priorités. Tout ce qu'elle avait fait dans sa très longue existence, elle l'avait fait pour le bien de la maison Tyrell, pour le bien de ses petits-enfants, pour leur garantir la sécurité et la stabilité. Olenna constatait avec amertume qu'en dépit de tous les efforts qu'elle avait pu fournir et les prouesses qu'elle eût réalisé, elle n'était pas encore parvenu à parachever son but. Garlan était quelque part entre Trois Tours et Villevieille. Il mettait en péril sa vie pour défendre un Bief encore et toujours en proie au doute sur la légitimité de leurs suzerains, et maintenant, sur celle de leur roi. Un roi. Un souverain devait unir son peuple. Aucun de ceux qu'elle avait connus n'était parvenu à cet exploit. Les grands rois de la dynastie Targaryen étaient morts depuis longtemps. Ils avaient laissé pour unique héritage la purulence de leur esprit et l'instabilité de leurs humeurs. Willos. Il avait échappé au trépas non pas grâce à sa vigilance mais à celle de leur mestre. Sauver in extremis d'un empoisonnement perpétré par un ancien ami. Il n'existait plus rien de sacré en ce monde, cet acte parlait de lui-même, il venait étayer les pensées assombries de la matriarche Tyrell. Olenna avait resserré les rangs, avait parsemé d'épines la route qui menait à Hautjardin. Elle avait fait ce qu'elle avait estimé devoir faire en pareil instant. Et quant à sa tendre Margaery. Margaery. Margaery.


« Lady Olennna. » Leccia Redding interrompue le flot de pensées de sa maîtresse d'une voix douce, savant pertinemment ce qu'il en coûtait à ceux qui coupaient Olenna dans la moindre de ses activités… Même la plus silencieuse. « Vous devriez vous couvrir lady Olenna. J'ai pris un châle pour vous. La brise est fraîche et traîtresse... » « Non-sens. » Coupa la vieille rose. « Je ne suis pas à ma première marche dans ces jardins. » Olenna se retourna vers lady Redding et tout en se retournant, elle jetta un rapide d'oeil aux autres dames de sa suite. « Donnez plutôt cette maille à lady Crane… » Ordonna-t-elle avant de s'approcher de la concernée. « Claquez-vous des dents ma chère ? » Olenna leva les yeux au ciel avant de lâcher un petit rire. « Vous tremblez comme une feuille. Erryk, raccompagné lady Dinna au château et trouvez-lui une cheminée où elle pourra s'asseoir et se réchauffer, puis revenez. » Le garde du corps se contenta de hocher brièvement de la tête en guise d'accord, et prit le chemin du retour, marchant derrière lady Dinna Crane. « Plus les années passent et plus les cuirs des jeunes gens s'affinent… Un châle alors que nous marchons en plein soleil... Je trouve cela parfaitement grotesque.  » « Maman. » Une voix féminine emplit le ciel de la roseraie. Une femme brune emmitouflée dans un manteau long au col de fourrure avançait à la rencontre de lady Olenna. « Janna. » Constata Olenna avec surprise tandis que sa benjamine terminait d'avancer à sa rencontre pour l'embrasser avec tendresse. « Je n'ai pas été prévenue. » Gratifia-t-elle à sa fille. « J'ai averti Willos. Il ne vous en a pas parlé ? » Répondit Janna en faisant abstraction de l'apparente contrarieté de sa mère à la trouver là. « Il a omis de me le dire. » Répondit-elle d'un ton agacé. « Un oubli, sans aucun doute. » Janna fronça les sourcils en observant lady Olenna ainsi vêtue, dans les jardins, à une heure aussi matinale. « Rentrons maman. » « Je ne suis pas une petite rose fragile… Je peux bien supporter un peu d'air sur ma nuque et des températures fraîches… » Pesta la dame âgée. « Vous non, mais votre petite-fille, oui. » S'amusa Janna en souriant chaleureusement à sa mère. « Olenne. Bien entendu. Rentrons mesdames. Je veux constater par moi-même si ma petite-fille est aussi grosse que sa mère en son temps. » Toutes rirent, Janna leva les yeux au ciel avant prendre sa mère par le bras.
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Rosebush
An 304, Lune 5, Semaine 2

Le feu crépitant dissimulait l'inquiétude qui pesait dans l'air. Lady Olenna toussait. Une toux rauque, sèche, qu'elle tentait de dissimuler mais inhabituelle, elle avait alerté ses dames qui s'étaient empressées de prévenir le mestre de Hautjardin. Du repos. Du calme. Des pièces chauffées pour faire transpirer la rose douairière et éliminer la toux grâce l'évacuation des mauvaises humeurs par la sueur. Ainsi était le remède prescrit. Bougonne. Lady Olenna avait par la suite tenté de cacher ses quintes de toux avec succès, apaisant quelque peu les regards soucieux qui se posaient sur elle à longueur de journée. Elle n'était pas malade. Elle avait uniquement attrapé froid. La belle affaire. Il était vrai que la vieille dame avait depuis toujours fait preuve d'une santé de fer. Elle avait mis au monde trois beaux enfants en menant à terme des grossesses rarement rendues difficiles, et qui n'avaient jamais nécessité d'alitement, pas plus que des précautions idiotes. Elle n'avait été que rarement malade malgré les nombreuses saisons qu'elle avait connue, malgré les changements brutaux de températures, ces hivers interminables et ces printemps parfois trompeurs. Enfant, elle avait toujours fait preuve de retenue face aux soins apportés par les mestres. Parfois, elle estimait qu'ils n'étaient que des charlatans, et que la santé venait de l'intérieur bien plus que des théories fumeuses couchées dans des bouquins… Qui, en d'autres lieux, aurait pu s'apparenter à des grimoires de sorcières ou des carnets de rebouteux. Olenna estimait que, la majeure partie du temps, ils ne savaient pas réellement quoi faire, car le corps demeurait un mystère pour ceux qui l'estimaient sacré car œuvre des dieux. La douairière Tyrell avait longuement vécu, et s'il y avait bien une chose qu'elle pouvait assurer, c'était qu'au regard de toute le vin que les Hommes pouvaient ingérer et tous les maux qu'ils infligeaient à leurs corps… Il n'y avait bien que les prêtres et les médecins pour penser que le corps était un temple. Idiotie. Une enveloppe. Pas plus sacrée que la carapace d'une tortue ou la fourrure d'un renard. Olenna n'était pas chirurgienne, mais, si un curieux avait voulu ouvrir un malheureux et regarder dedans, elle était certaine qu'il n'y trouverait rien de bien sacré… Beaucoup de sang, un peu de merde, et c'était à peu près tout. Elle laissa échapper une toux. « Continuez lady Chester… Continuez. » Violetta Chester l'observa, puis jeta un regard à Leccia Redding, qui, délaissant son travail de broderie, se leva et marcha vers une petite table disposée non loin de lady Olenna. « Buvez un peu. » Proposa-t-elle d'une voix douce à la vieille femme. Olenna fit un signe négatif de la main avant d'ajouter. « Je ne cesse de boire ce jus de céleri, et le goût est à l'image de son odeur. Immonde. Je boirais volontiers quelque chose d'autre, en revanche. » Violetta Chester posa le livre qu'elle avait dans les mains, et se leva. « Non, non… Continuez plutôt à lire, lady Chester. Lady Crane va prévenir le domestique. » Lady Crane qui était assise sur un fauteuil près de la cheminée, ne dit mot, et obéit à la matriarche, ouvrant la porte, elle tomba nez à nez avec lady Alerie Tyrell. « Ma lady. »


« Belle-maman. » La voix doucereuse, légèrement aiguë et particulièrement mélodieuse de lady Alerie trancha avec l'air pesant du salon. Elle pénétra seule dans la pièce où se tenait sa belle-mère, assise dans un fauteuil confortable, un plaid sur les genoux. Sans doute réalisa-t-elle avec stupeur qu'elle n'avait jamais vu cette femme diminuée ainsi. Lady Olenna et lady Alerie, c'était une histoire compliquée. Un rapport de forces. Une dualité d'influences que lady Alerie n'avait jamais réellement remportée. Elle avait été lady suzeraine, c'était vrai. Elle était la mère de Willos, de Garlan, de Loras et Margaery, c'était vrai. Mais jamais elle n'était parvenue à atteindre l'aura de la vieille rose. La tour enflammée qu'elle était, celle qui, de sa voix, était censée illuminer la voie, avait été étouffée par celle-là même qui l'avait choisie pour épouser son fils. Olenna avait fait preuve de raison à l'époque. Mace était un sot. Alerie était une jouvencelle douce et délicate. Elle a apporté à Mace la beauté et le raffinement qui lui faisait cruellement défaut, et cela avait été uniquement dans ce but que lady Olenna l'avait choisie. À aucun instant il n'avait été question qu'elle prenne une place, quelque ce soi, dans la politique du royaume. À aucun instant il n'avait été question qu'elle ait le dernier mot sur l'éducation de ses propres enfants. Elle devait être belle, douce, bien représenter la maison Tyrell et surtout se taire. Olenna Tyrell n'avait jamais manqué un instant pour lui rappeler sa place. Vivement, avec froideur souvent et dureté quand cela était nécessaire. Pourtant, Alerie avait-elle sans doute réussi à entrevoir en cette femme de poigne, un imminent membre de sa famille maritale, et surtout une mère de substitution, qui, au-delà de vouloir le bonheur et l'épanouissement de sa bru, voyait l’intérêt de leur famille avant tout le reste, et en cela, elles s'étaient rejointes. Chacune à leur manière. Lady Alerie se rapprocha de la vieille femme, et prit ses mains ridées entre les siennes. Elles étaient si froides. Alerie souffla dessus avec bonté. « Vos mains sont si froides. Désirez-vous une autre couverture ? » Demanda Alerie. « Je voudrais surtout boire autre chose que de l'eau glacée… Et de ce jus au... » Lady Alerie n'attendit pas que sa belle-mère termine, et balayant de son regard attendri les compagnes de la matriarche Tyrell avant de prononcer d'une voix calme. « Du thé pour lady Olenna, et dites au domestique d'ajouter une bûche dans le foyer. » Les compagnes firent la révérence, et sortirent tour à tour, rejoignant les propres dames d'atours de lady Alerie qui patientaient dans le couloir.


« Habile stratagème. » Avoua lady Olenna tandis que la porte du salon se refermait, laissant les deux femmes, seule à seule. Alerie se contenta de sourire, d'un sourire froid, mélancolique, lointain, comme si l'image qu'elle voyait de sa belle-mère s'effaçait déjà. « Allez-vous bien, lady Olenna ? » Alerie prit place dans un siège tandis que la douairière Tyrell se redressait, agacée qu'on lui pose cette question à longueur de journée. « Devrais-je aller mieux qu'à l'accoutumer ? » Argua-t-elle tout en fronçant ses sourcils. « Garlan combat quelque part entre Villevieille et Trois Tours. Il combat un ennemi dont on ne connaît pas encore l'identité. Margaery a trouvé refuge à Peyredragon… Une île parfaitement austère et complètement inadéquate pour la fine fleur qu'elle se trouve être. Willos a manqué de mourir d'un empoisonnement dans notre propre demeure, et nous ne devons sa survie qu'à la vigilance de mestre Lomys et... » « Ce même mestre dont vous refusez les soins, lady Olenna. » Interrompit Alerie avec froideur. Olenna dodelina négativement de la tête. « Il ne s'agit que d'une toux. Il ne sait même pas quel protocole adopter… Il me gave de céleri, de jus d'orange et d'épices depuis plus d'une semaine maintenant. Je suis peut-être vieille, mais je n'ai rien d'une oie ! » Pesta-t-elle. Alerie posa sa main sur celle de la vieille femme comme pour apaiser sa colère. Olenna sembla surprise et s'arrêta. « Willos est inquiet. Il ne vous le formulera pas, mais il est soucieux. » « Il devrait plutôt s'inquiéter du sort de son frère et du résultat de la bataille... » Trancha-t-elle avant que sa belle-fille l'arrête à nouveau. « Il est soucieux. Pour Garlan, et pour vous. » Olenna ronchonna avant de répondre avec dureté. « Je ne suis pas mourante. J'ai survécu à l'accouchement de Janna… Je vais survivre à une toux persistante. » Alerie retira sa main, et observa sa belle-mère avec tendresse. « Vous n'avez pas prévenu Margaery de mon état, n'est-ce pas Alerie ? N'allez pas embrouiller son esprit... Elle a bien assez à penser. N'essayez pas de me mentir. Je tousse mais cela ne m'a pas rendue sénile. » Alerie se releva avec dignité. « Je n'ai rien dit à Margaery. » Affirma-t-elle. « Parfait. » Renchérit la vieille rose en toussotant. Alerie se pencha vers elle et plongea son regard dans celui de sa belle-mère. « Prenez soin de vous, lady Olenna. » Alerie se redressa. « Je repasserai m'enquérir de votre état, et je vérifierai auprès du mestre si vous acceptez ses remèdes... » Expliqua-t-elle à sa belle-mère. « Si cela peut vous faire plaisir. » Cracha Olenna en étouffant une toux.
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Rosebush
An 304, Lune 5, Semaine 2

« Entrez mesdames. » Ordonna lady Olenna. La lune cinq de cette année 304 ne commençait pas sous les meilleurs augures pour la matriarche Tyrell. Jamais elle n’avait été aussi malade. Ni durant sa jeunesse. Ni durant ses grossesses. Ni à aucun autre moment d’ailleurs. À longueur de journée, elle crachait ses poumons, peinant de plus en plus à respirer à mesure que les semaines avançaient. Un banal coup de froid avait plus grandement impacté la vieille rose qu’elle n’aurait pu le penser de prime abord. Maintenant, elle devait se battre pour survivre, encore un peu plus, avoir la garantie que son doux petit-fils reviendrait vivant du champ de bataille. Elle devrait être patiente, la nouvelle ne devrait plus mettre longtemps à lui parvenir. Olenna savait qu’elle trouverait la force en cela. Elle le savait. Ses dames d’atours prirent place autour d’elle. Depuis quelques jours, elle ne quittait plus sa chambre. À la fois confinée pour son propre bien, pour éviter qu’elle ne se fatigue, et bien entendu, pour contraindre cette toux à ne pas toucher d’autres membres de la maisonnée Tyrell… Olenna avait moqué les précautions du mestre. Quelles mesures de protection y avait-il à mettre en place contre sa vieillesse ? Aucune. Ce n’était pas comme si c’était contagieux. Le grand âge. Lady Leccia Redding. Lady Mildred Nègrebar. Lady Violetta Chester. Lady Dinna Crane. Toutes quatre l’avaient bien servi, et Olenna s’était préparée à l’éventualité qu’elles n’aient plus besoin de le faire. Olenna était consciente qu’elle marchait sur un fil, sur le fil de la vie, et qu’un mauvais pas pouvait la faire basculer. Elle voulait assurer à ses plus fidèles compagnes que tous leurs efforts ne resteraient pas vains, si jamais les Sept décidaient de ramener la vieille Tyrell à eux. « J’ai laissé des dispositions à mon petit-fils, lord Willos, dans l’éventualité où je ne parviendrai pas à me remettre de cette… Toux incessante. Ce dont, je ne doute pas, au demeurant. » Le regard d’Olenna se fit perçant comme pour déceler le doute qui pouvait possiblement assaillir son entourage. « Néanmoins, je n’ai jamais rien laissé au hasard durant ma vie, aussi, je préfère pallier à toute éventualité. Je ne peux pas vous garantir que lord Tyrell suivra mes directives à la lettre, pourtant, j’ai bon espoir que si je ne devais plus être de ce monde demain, il se conformerait aux souhaits de sa tant aimée bonne maman. Quant à vos propres volontés, eh bien, je vous laisserai les exposer au seigneur de Hautjardin, le moment propice. » Olenna esquissa un sourire, émit un petit rire et but une gorgée d’eau. « Je vous ai demandé de venir pour vous informer de la teneur de ces volontés. Je les ai rédigés personnellement, et affranchis de mon sceau. J’ai demandé que vous intégriez, chacune, le service d’un autre membre de ma maison… À savoir, lady Alerie pour vous, lady Leccia, et lady Daena pour vous, lady Dinna. Aussi, j’ai demandé que vous, lady Mildred, vous intégriez le service de la princesse Margaery. Je ne doute pas que vous saurez faire montre de vos talents à la cour. Toutefois, vous n’êtes pas sans connaître les restrictions imposées par le roi Rhaegar concernant l’entourage de ma petite-fille… Là encore, je compte sur le fait qu’il puisse être frappé d’un éclair de lucidité, et tendre à accomplir les dernières volontés d’une femme qui a tant fait pour le royaume. Puissent les Sept m'entendrent. Enfin, lady Violetta. J’ai sollicité mon petit-fils pour vous trouver un parti convenable et en accord avec tout le prestige que vous avez gagné en étant à mon service. Vous avez appris, à mes côtés, à être une femme du monde. Vous devrez désormais apprendre à être une femme tout court. » Olenna toussa, toussa et toussa encore avant de boire un verre d’eau, et de reprendre. « Retournez à vos occupations. Nous nous révérrons à quatre heures pour le thé.» Toutes se levèrent, et tandis que lady Violetta s’apprêtait à franchir la porte, Olenna l’interrompit. « Lady Chester. J’ai un grand nombre de courriers à écrire. Un grand nombre de derniers conseils à dispenser. Parce que j'ai une parfaite confiance en vous, je souhaiterais que vous les écriviez pour moi. » Lady Chester acquiesça. « Laissez moi éclairer ceci pour que vous ne vous mépreniez pas : Tout ce que je dirais en votre présence seule devra demeurer en ces murs. Tout ce que je vais vous dicter, que vous coucherez à l’encre devra rester entre vous, moi et les destinataires de ces missives. Suis-je bien entendue ? » Lady Chester acquiesça à nouveau. « Parfait. Fermez la porte et prenez une plume. Nous commençons. Il y a beaucoup à faire. »

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Rosebush
An 304, Lune 5, Semaine 2

La journée était passée si rapidement. À moins que cela fût Olenna qui n’était pas vraiment présente. Les jours se succédaient mais ne se ressemblaient pas. Chaque journée était différente de la précédente, parfois de manière bénéfique, parfois un peu moins. Olenna n’avait plus quitté ses appartements depuis très longtemps maintenant, une éternité cela lui semblait. Parfois, elle se mettait à la fenêtre et observait les jardins qui fleurissaient. Parfois, c’était lady Leccia ou lady Mildred, qui se pliait à la demande de la douairière Tyrell, et qui décrivaient ce qu’elles voyaient par la fenêtre jusqu’à la vieille femme ne finisse par s’endormir. Les nuits étaient courtes pour lady Olenna qui ne cessait de recevoir la visite du mestre, soucieux de son état, jour après jour. Pourtant, Olenna ne voyait ni amélioration, ni aggravation. Juste cette vilaine toux, et cette fièvre qui ne voulait pas baisser. « Maman. » La voix de Janna sortit Olenna de son sommeil. Son regard balaya la pièce et rencontra la silhouette de lady Violetta, assise dans un coin, faisant des points. « Comment vas-tu aujourd’hui ? » Olenna fronça les sourcils. « Parfaitement bien. » Gronda-t-elle tout en se redressant. « Je devais me douter que quelqu’un finirait par troubler mon repos… Et ce fut toi. Je suis parvenue à éloigner chacun des visiteurs avec mes siestes. Mais pas toi. Toi. Tu as décidé de me réveiller. Quel manque de savoir-vivre Janna… » Sa fille ne fit mine de rien, et se contenta d’attraper un verre, d’y verser de l’eau, et de le tendre à sa mère qui le prit en acquiesçant de la tête. « Que veux-tu ? » Demanda Olenna tandis que Janna prenait place. « Olenne parvient-elle à prendre ses marques ? » Janna hocha de la tête. « Sa nourrice est très prévenante… » Olenna fit signe à sa fille de se taire d’un geste de la main tandis qu’elle reposait le verre d’eau de l’autre. « A-t-elle les seins ronds et dodus ? » « Maman ! » Répondit Janna. « C’est tout ce qui importe ma fille. Sa prévenance n’a aucun intérêt si sa poitrine est aussi aride que le désert de Dorne. » Janna lâcha un rire avant de regarder sa mère, de l’observer. « Je ne vais pas mourir. Cesse de me regarder ainsi. » Objecta Olenna tandis qu’elle reconnaissait ce regard. Ce même regard qu’elle avait jeté à l’époque sur le corps inanimé de son mari, puis de son fils, ce regard qui tentait d’avaler à jamais une image qui finirait inexorablement par s’effacer. « J’ai prévenu Mina, maman. » Olenna toussa, toussa et toussa encore. « Pardon ? » Janna gonfla sa poitrine et répéta. « J’ai prévenu Mina. » « Par les Sept, as-tu perdu l’esprit ? » Brailla Olenna. « Je ne pouvais pas… » « Pas quoi ? Réfléchir ? Ce n’est qu’un rhume… Je ne vais pas.. » Olenna toussa encore et encore. « Mina voudra être là, maman, si malheur il devait vous arriver. » « Malheur ne m’arrivera pas… » Pesta Olenna. « Mina est une commère. Elle ne saura garder pour elle ce que tu viens de lui avouer si stupidement, et elle ira informer Margaery, qui, à son tour, s’inquiètera inutilement… Comment voulez-vous qu’elle mette au monde des princes, si vous l’ennuyez avec toutes ces stupidités… Sans compter que nous sommes en guerre. Westeros n'est pas un jardin bucolique. Ta soeur va agir de manière inconsidérée parce que tu lui as donné des informations erronées. Margaery va agir de manière inconsidérée parce que Mina lui aura donné des informations erronées. Et elles seront toutes deux tuées par ceux-là même qui souhaitent nous mettre en pièces en pensant se rendre au chevet d'une femme qui n'est... pas... mourante... ! » Olenna toussa encore, et encore.

Lettre à Alerie:
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An 304, Lune 5, Semaine 2

« Olenna ! Reviens immédiatement ! » Hurla sa mère tandis que la petite s’échappait par l’entrebâillement de la porte. Quatre à quatre, l’enfant dévala les marches de l’escalier qui menaient au hall du château de Port-Ryam, demeure des Redwyne. Quatre à quatre, elle se lança dans une course pour échapper à sa mère qui s’époumonait depuis l’étage, hurla son prénom à tue-tête, pensant, à tort, que cela ferait revenir la fillette. Déboulant en trombe sur la cour intérieure, Olenna ne prit pas la peine de s’excuser, bousculant les domestiques qui passaient là, des panières de linge propre sous le bras, bavardant à propos des derniers ragots rapportés par les marins de passage. La Treille était une île, et tout ce qui n’était pas produit sur place arrivait par bateau. La mer apportait ainsi son lot de denrées, d’hommes, de nouvelles. Olenna traversa le jardin en courant tandis que sa mère, apparue au balcon, continuait à l’appeler à en perdre haleine. Olenna s’en fichait, elle courait, elle courait sans tenir compte des braillements maternels, elle courait sans s’offenser de la gêne occasionnée aux femmes de chambre, sans faire attention aux regards soupçonneux que se lancèrent les gardes tandis qu’elle passait le pont-levis du château. Olenna courait, elle courait sur la terre battue, sur le chemin pavé, dans les herbes hautes. Olenna courait à travers la vigne, à travers les plantations d’abricotiers, fendait les champs de tournesols, élevant sur son passage des essaims de libellules et des cohortes de papillons. Olenna courait, rieuse, déterminée. Elle était saluée sur son passage, certains se surprenaient à la voir courir ainsi, mais où allait donc lady Olena de la maison Redwyne ? Certains la questionnaient, mais Olenna n’avait pas le temps, elle courait vers son but, elle courait vers le port où le bateau de son père avait amarré quelques minutes plus tôt. Elle courait pour le retrouver. Certains serfs riaient, d’autres se questionnaient, pourtant, qu’est-ce qui pouvait bien être plus évident qu’une fille qui courait à la rencontre de son père ? Le porche qui délimitait l’entrée du port se dessina. Il y eut ensuite le bruit des quais, l’odeur vive de poisson, celui des charrettes et le beuglement des bœufs. Olenna traversa le porche, s’engouffra dans la foule, joua des coudes jusqu’à reconnaître l’étendard du navire de Runceford Redwyne. « Père ! Père ! Père ! » Clamait-elle sans s’arrêter pour qu’on l’entende, pour qu’on la voit, qu’on la distingue au cœur de toutes ces adultes.  Ce petit bout de femme qui déjà imposait sa volonté. « Olenna ? » Interrogea lord Redwyne tandis que sa fille lui courait dans les jambes. Runceford avait les cheveux flamboyants, les yeux verts, le visage dévoré par une barbe rousse touffue. Il sentait la mer et la sueur. Il sentait l’alcool aussi. S’abaissant au niveau de sa fille, il porta sur elle un regard ennuyé avant de la prendre par les bras et de la soulever dans les airs. « Ta mère va être très contrariée Olenna… » Commenta-t-il sans attendre de réponse. « Olenna… Olenna… Olenna… Lady Olenna… » La vieille femme rouvrit les yeux. Hautjardin. L’odeur des roses, des biscuits à la cannelle encore tièdes, du feu de bois dans l’âtre. « Où en étions-nous lady Chester ? » Demanda Olenna en se raclant la gorge pour retrouver un semblant de puissance dans sa voix. « Vos petits-fils lady Olenna, ser Horas et ser Hobber… » « Bien sûr, bien sûr. »

Lettre à Horas:

Lettre à Hobber:

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An 304, Lune 5, Semaine 3

« Lady Olenna. » La douairière Tyrell n’avait pas remarqué la porte s’ouvrir. Un jeune page au veston brodé de vert et d’or se tenait dans l’ouverture, et l’observait, un sourire au bord des lèvres. Il posait un regard presque désolé sur la vieille femme qu’elle était, un regard qui dérangea fortement Olenna. Elle était vieille, certes, elle avait toujours usé de son grand âge pour attendrir ceux qu’elle croisait, mais quant à voir une forme de désolation dans les yeux d’un inconnu, cela était un problème… Pourtant, qu’aurait-elle vue si, elle-même, avait dû observer la femme qu’elle était devenue ? Trois semaines s’étaient écoulées depuis le début de la lune cinq de l’année 304. Une lune qui, plus elle progressait, plus elle confortait Olenna dans son cœur. Cette lune qu’elle vivait actuellement serait la dernière. Olenna avait affronté la vérité, elle avait affronté la réalité, mais désormais, elle était en paix. Olenna avait affronté la vérité, elle avait affronté la réalité, mais désormais, elle était en paix. Elle toussait moins mais sa fièvre ne baissait pas, elle dormait beaucoup et n’avait plus d’appétit. « Lady Olenna… Ser Tyrell pour vous. » Olenna fit un signe de main au page pour qu’il fasse entrer le visiteur. Olenna était seule. Erryk et Arryk étaient à sa porte, attendant le moindre mot de la rose âgée. Ses dames d’atour étaient à leurs occupations, et Olenna quant à elle, réfléchissait, seule, face à un feu crépitant, les genoux dissimulés sous un plaid cousu de fil d’or représentant la rose Tyrell. Garth Tyrell fit son entrée. Il était âgé. Il avait les cheveux blancs. Il était comme Olenna, il y avait de cela quelques semaines encore, vieux mais debout. « Ma vieille amie… » Olenna esquissa un sourire en coin. Garth avait toujours été un beau parleur, comme son frère et époux de la vieille lady, feu Luthor Tyrell. Il avait toujours eu beaucoup d’esprit, mais l’âge et les excès avaient abîmé son corps qui ne parvenait plus à retenir des flatulences malodorantes. « J’aurai dû pressentir ta venue… » Ironisa Olenna tandis que Garth esquissait un large sourire en prenant place. « Je vois que tu n’as pas perdu ton sens de l’humour. » Les sourcils d’Olenna se soulevèrent en guise de réponse. Il s’assit dans un fauteuil tourné de trois quarts, faisant face à celui de l’ancienne dame de Hautjardin. « J’ai ouï dire que votre santé n’était pas au beau fixe, Olenna… » « Et cela vous inquiète ? » Demanda la reine des épines. Garth esquissa un sourire entendu et posa sa main calleuse ridée aux ongles jaunis par le temps sur celle plus fine de sa belle-sœur. « Vous êtes notre gardienne à tous. Je suis bien entendu soucieux de votre devenir… » Olenna esquissa un sourire avant de tapoter la main du vieil homme. « Ma garde se termine, Garth. Elle ne pouvait pas durer à jamais, nous le savions bien… Vous le saviez bien. Je suis une rose après tout, et une rose, quand bien même est-elle reine des jardins, qu’elle finit par se faner. » Garth se pencha vers Olenna. « Oh mon amie. » Répondit-il sur un ton compatissant. « Mes affaires sont en ordre de marche, Garth… Je ne laisserai pas Hautjardin sans organiser mon départ. Je vous demanderai cependant de ne pas informer Willos que j’ai pris conscience de mon état de santé… Il ne serait que plus inquiet, et c’est loin d’être une nécessité par les temps qui courent. » « Bien sûr Olenna, bien sûr… » Olenna retira sa main et se redressa dans son fauteuil. « Estimez-vous notre situation compliquée, lord Sénéchal ? Hautjardin est-il en danger ? » Demanda Olenna, sérieuse. Garth s’arrêta, se redressa et réfléchit, laissant passer quelques longues minutes dans un silence que seul le crépitement des flammes brisait. « Je pense que nous sommes à un tournant de notre Histoire… Néanmoins, avec la bonne approche, nous saurons prendre ce virage comme il se doit et préserver notre intégrité. Il nous faudra plier sans rompre et… » « Croître avec vigueur. » Interrompit Olenna. « Exactement. » Affirma Garth avec un sourire entendu. « Villevieille ne doit pas tomber. Tyrell et Hightower alliés, nous ne craignions aucun ennemi… De plus… J’ai passé ma vie entière à nouer des alliances aux frontières de notre royaume. Baratheon. Lannister. Il ne nous faudra pas faire preuve d’orgueil et ne pas hésiter à demander de l’aide… Il faudra que Willos comprenne la nécessité de s’allier avec des rivaux pour survivre. » Déclara la douairière Tyrell sans jeter un regard à son beau-frère. « L’orgueil ne nous a jamais étouffé, Olenna. Nous sommes des roses. Nous savons que la nécessité l’emporte toujours. » Olenna dodelina positivement de la tête. « Toujours oui… » Répéta-t-elle à elle-même. « Saviez-vous que nous avions parlé, Luthor et moi, peu après votre première rencontre… » Olenna reposa ses yeux acérés sur Garth avant de sourire, posant son menton sur ses deux doigts. « Je lui ai indiqué qu’il serait un idiot de ne pas vous épouser… » Garth plongea son regard azuré dans celui de sa vieille comparse. « J’avais raison. » Olenna sourit avant de tapoter de sa main celle de son ami. Le silence s’installa à nouveau pendant plusieurs longues minutes avant que Garth ne décide à le rompre à nouveau. « Puis-je rester en votre compagnie, Olenna, encore un moment ? » Olenna poussa un long soupir et sourit. « Faites. Restez autant qu’il vous plaira. » Garth croisa ses mains qu’il plaça contre son ventre rebondit, et fixa le feu qui brulait dans l’âtre, l’antichambre plongée dans le silence.

Lettre à Cersei:

Lettre à Desmera:

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Rosebush
An 304, Lune 5, Semaine 3

« Cessez de hurler, Mina ! » Ordonna Olenna avec fermeté. Janna et Mina courraient autour de leurs parents, entourées de bon nombre d'enfants. Olenna ne parvenait pas à distinguer les couleurs de tous ces marmots tant ils filaient à toute vitesse dans les jardins du château. Bras dessus, bras dessous avec son époux, Olenna n'avait pas remarqué l'air benêt qu'arborait son époux en plongeant son regard verdoyant sur le visage pâle de son épouse. « Pourquoi me regardez-vous ainsi ? » Finit-elle par demander sans même tourner le regard vers Luthor. Était-elle si belle qu'il ne puisse même regarder la direction que prenaient ses pieds ? Olenna savait toute l'âme poétique qui habitait son époux, et elle savait aussi que tôt ou tard, cette inattention lui porterait préjudice. « Observez plutôt vos filles qui se comportent comme des sauvageonnes. Nous sommes bien loin des roses délicates tant escomptées.  »« Vous êtes bien exigeantes avec elles. » « Je le dois. » Olenna désigna de la tête son fils, Mace, quel âge avait-il ? Treize ? Quatorze ans ? Un beau jeune homme aux bouclettes blondes, aux pommettes rebondies, au regard d'azur et au sourire ravageur. Il était une beauté. Il n'y avait qu'à le regarder puis a jeter un œil sur ses parents, la pomme n'était pas tombée loin du pommier. Olenna avait été bien trop laxiste à son sujet, elle avait trop laissé faire, elle avait été trop tendre. Elle payait aujourd'hui sa faiblesse maternelle. Il esquissait un sourire à la première gourde venue sans se préoccuper des répercussions... Il avait tant conscience de son charme qu'il dédaignait ses leçons, se moquait de ses professeurs, préférant les leçons de musique et les chasses au faucon. « Nous ne pouvons pas nous permettre de commettre la même erreur qu'avec votre seigneurial fils... » Commenta Olenna, tranchante. Luthor souffla. « Vous êtes sans concessions. » Ajouta Luthor. « Je le suis, car le monde l'est. La vie ne leur fera pas de cadeau, et ce, en dépit du fait qu'ils soient bien nés... Westeros n'est pas un palais de roses. Un sourire ne suffira pas toujours, Luthor. » Luthor acquieça aux dires de son épouse.  « Lady Olenna. » Un rire se fit à nouveau entendre au loin. « Janna ! » Rabroua Olenna. « Lady Olenna. » La voix se faisait plus pressente. Un éclair aveuglant sembla réduire en millier de paillettes la scène qu'Olenna pensait observer. Ses yeux se réouvrirent sur son antichambre plongée dans une pénombre sépulcrale. Lady Chester se tenait à ses côtés, l'observant, inquiète. Ainsi, tout son entourage affichait désormais la même mine, revêtait le même air, possédait le même regard... Inquiet. Suspicieux. Observateur. « Cessez de me regarder ainsi. » Pesta Olenna. « Que faisions-nous ? » Demanda Olenna.  « Vous... »  « Allez chercher Mace, nous devons discuter ensemble de l'attitude nonchalante de Loras à l'égard de son épouse... Hâtez-vous. » Lady Chester se redressa, confuse avant de parler d'une voix claire, distincte, qu'elle avait apprit à adopter depuis ces dernières semaines passées aux côtés de la douairière Tyrell. « Lord Mace et Ser Loras sont décédés lady Olenna... Il y a de cela plusieurs années. » Olenna sembla troublée, son regard presque perdu, sa bouche pincée. Elle soupira. « Évidemment. » Répondit-elle. « Ils n'ont même pas eu l'égard d'attendre que je trépasse... Moi qui leur ai tout donné, qui ai tout donné à tout le monde. Il faudra que je fasse cela seule, à nouveau. » Lady Chester ne trouva rien de plus à dire. Olenna soupira et plongea son regard dans les flammes de l'âtre. Pensive.

Lettre à Janna:

Lettre à Mina:

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Rosebush
An 304, Lune 5, Semaine 4

Ce fut le bruit étouffé des larmoiements qui attirèrent l'attention de la reine des épines. Dissimulée derrière un bosquet, assisse sur un banc, Margaery pleurait. Des pleurs qui n'avaient rien d'un chagrin intense ou d'une douleur vive, non, des petits pleurs, une tristesse lancinante et des sanglots. Sortant du chemin, Olenna vint trouver place aux côtés de sa petite fille, le visage penché sur un oiseau qu'elle tenait entre ses mains graciles. « Quelle lamentation peut ainsi vous pousser à l'apitoiement, Maragery... » La petite mit quelques secondes avant de relever le regard vers sa grand-mère, reniflant bruyamment, caressant le plumage immaculé de l'oiseau avec ses pouces graciles. « Loras dit qu'il ne volera jamais. » Olenna fit la moue. « Je ne savais pas que Loras était expert en ornithologie... » Commenta Olenna. « Garlan l'a trouvé derrière un buis. Il a estimé qu'il était tombé du nid. Il a essayé de s'échapper, mais impossible pour lui de s'envoler. Il semble avoir une aile cassée. » « Oh, je vois. » Souffla Olenna. Trois enfants qui chahutaient, rien de très original à Hautjardin. Olenna avait toujours connu cela. Mace, Janna et Mina chahutaient. Willos et Garlan en leur temps. Maintenant, c'était au tour de Loras et Margaery, tout en sachant que Loras avait un tempérament bien plus piquant que sa petite-soeur... Qu'il ne cessait d'ennuyer. « Mais, toi, Margaery, que pensez-vous ? » « Je pense qu'il devrait voler à nouveau. Les oiseaux sont bien plus beaux lorsqu'ils volent, n'est-ce pas, Nanna ? » « Tout à fait. » Olenna passa ses doigts dans les mèches bouclées de sa petite fille pour venir les glisser derrière ses oreilles. « Nous allons faire examiner cet oiseau par le mestre. Je suis certaine qu'il trouvera une solution pour lui réparer son aile cassée. » Margaery dodelina de la tête sans un mot. Olenna mit une main sous son menton, et essuya les yeux mouillés de sa petite-fille avec rapidité. « Rien n'est impossible, Margaery. Tout n'est qu'affaire de volonté. Si cet oiseau souhaite voler à nouveau, avec du soin, du temps et de la patience... Il en sera capable. Inspirez-vous de cet oiseau. Tout ce que vous désirez, Margaery, vous l'obtiendraz avec de la patience, du temps et du soin. » Margaery sourit. « Maintenant, allons amener cet oiseau au bureau du mestre, et chassez moi cet air dévasté. Ce n'est qu'un oiseau, après tout. »

Lettre à Garlan:

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Lettre à Margaery Targaryen
An 304, Lune 5, Semaine 4

Ma Margaery,


Je ne pourrais dire depuis combien de jours, je repousse cette échéance d'écrire ces derniers mots à ton intention. Il faut dire que je me suis lancé dans une ambition vaste : écrire mes derniers conseils à chacun des membres de cette famille, du moins, ceux qui comptent... Sans quoi, tu envisages difficilement faisable cette entreprise tant le temps joue contre moi. J'ai écrit à Garlan également. J'ai écris à ta cousine, Desmera, mais aussi à ses frères, Horas et Hobber, qui, je l'espère, ne vous feront pas trop honte à l'avenir. J'ai écrit une missive pour ton frère, Willos, même si, de par notre proximité physique, je lui ai transmis au compte-gouttes, et ce, depuis longtemps, tout ce que je savais. Une leçon à la fois. Je me suis entretenue avec Daena également, beaucoup trop fière pour entendre mes conseils... Elle y viendra, elle n'aura pas le choix. J'ai écrit à Cersei, non pas que je tienne en haute estime cette femme, mais elle pourrait nous être profitable, notamment avec son dragon, qui devrait avoir atteint une taille certaine. J'ai confié un billet pour ta mère également, et tes tantes aussi. Maintenant, c'est à toi, Margaery, que j'écris.


Je crains fort, et à mon plus grand regret, que nous ne nous croiserons plus sur cette terre. J'ai, pourtant, tant apprécié le temps passé en ta compagnie, qui fut à la fois d'une rapidité épatante et d'une suffisante lenteur pour que je puisse profiter de chacun des instants à tes côtés. Je me rappelle encore de ce temps où tu courrais à travers les jardins du château, des rubans dans les cheveux, tes frères à tes trousses, moi, vous rabrouant pour que vous dépensiez votre énergie en leçon plutôt qu'en pitreries. Notre vie a été douce. Ta vie le sera encore, sans doute, quoique semer de difficultés que tu surmonteras avec facilité... La mienne, en revanche, va, plus tôt que tard, connaître un point d'arrêt. J'ai fait le deuil de survivre à cette fièvre qui m'accable depuis une lune. J'ai fait le deuil de mon passage, ici, entre ces murs, que j'ai trop vus, à bien y réfléchir.


Tu es douée. Tu es forte. Tu es puissante. Je t'ai élevée pour cela. Je t'ai élevée pour que tu puisses déplacer des montagnes. Je t'ai transmis tout ce que je savais. Je t'ai offert tout ce que ma longue vie m'a apprise. Je t'ai donné tous mes talents, toute ma ruse. Sers-toi en. Je ne serai plus là pour te conseiller, certes, mais ton frère sera ton plus fidèle soutien, ton plus indéfectible protecteur. Je t'ai fait princesse, sois en une, mais n'oublie pas qu'on a qu'une seule famille, et que seulement celle-ci compte. Tu vas devoir croître, encore, avec plus de vigueur encore, sans le vieux tuteur que j'étais. Tu n'es plus la frêle jeune fille qui a quitté son Bief natal pour rejoindre la capitale. Tu es Margaery Tyrell, princesse de la maison Targaryen, héritière de la reine des épines. Sois à la hauteur de cet héritage. Sois maîtresse de ta destinée. Tu es née pour cela.


Lorsque la vieille rose se fane, la rose épanouie resplendie.
Resplendie Margaery, crois avec vigueur, toujours.
Je t'adresse tout l'amour et la force qu'il me reste.
Pour toujours et à jamais,
Ta grand-mère,
Nanna.
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Rosebush
An 304, Lune 5, Semaine 4

La chambre était plongée dans le silence. Le mestre venait de quitter la pièce, le regard bas, la mine grave. Olenna avait beaucoup dormi ces derniers temps. Elle ne se rappelait pas réellement des derniers jours. Quelle semaine, quel jour ? Quelle lune ? Tout semblait de plus en plus floue avec une fatigue qui ne la quittait pas. Des lectures. Des tisanes. Du repos. Ainsi était son quotidien. « Grand-maman. » Willos était là. Il n'était que rarement venu rendre visite à Olenna durant sa convalescence. Elle savait son attention ailleurs, et à raison. Au sud, la guerre faisait rage, son frère se battait au nom de la famille, au nom du roi Rhaegar. Était-elle finalement passée cette bataille ? Garlan, allait-il leur revenir avant son grand moment, à elle ? « La bataille est gagnée. Nous avons défait les troupes du Félon à Trois-Tours. » Assura Willos en souriant. Il prit place sur une chaise positionnée à côté du lit où était allongée Olenna. La vieille rose posa sa main sur le bras de son petit-fils et le tapota en guise de félicitations, en guise d'accord. « Que faisons-nous, maintenant ? » Demanda la douairière Tyrell. Willos esquissa un sourire. « Je m'occupe des traîtres, vous, vous devez vous reposer grand-maman. » Olenna faillit rire, mais elle toussa à la place, sous le regard inquiet de Janna qui se tenait dans un coin de la pièce. « Un chien qui a mordu la main de son maître mordra à nouveau. Il faut le battre pour qu'il apprenne qu'on ne mord pas la main qui nous nourrit. » Expliqua Olenna. « De l'eau. » Requit-elle en tendant la main. Willos s'exécuta, attrapant un verre d'eau pour le donner à sa grand-mère qui en avala une gorgée succincte. « Frappe-les Willos, frappe-les fort, frappe-les vite. Étouffe ces traîtres dans leur propre avidité et leur cupidité, et montre leur que qui se frotte à la rose se pique sur ses épines. » Olenna but une nouvelle gorgée d'eau avant de tendre le verre à son petit-fils. « Janna, ouvre un peu plus grand le rideau, veux-tu ? » « Oui, maman. » Janna se retourna pour ouvrir plus grand le rideau. Willos se tordit vers un petit guéridon pour poser le verre. Un hoquet de surprise interrompit Willos dans son geste.« Willos... » Murmura Janna, les mains portées à ses lèvres, hésitant à s'approcher, tremblante. Willos s'appuya sur sa canne pour se surélever. Il ordonna à un page de lui apporter un miroir qui se trouvait sur une commode. Le jeune obtempéra pour finalement apporter l'objet d'une main fébrile. Willos porta le miroir devant les lèvres de sa grand-mère. Il observa. Un long moment. Une longue espérance qu'une quelconque brume se forme à sa surface, qu'un quelconque soupir de sa grand-mère puisse contredire ce qu'il était en train de constater. Willos, la gorge serrée, finit par se redresser après de longues minutes à patienter. « Willos ? » Répéta Janna. Sans regarder sa tante, il tourna la tête en direction du page. La voix enrouée. Le ventre noué. « Faites savoir au mestre que lady Olenna vient de s'éteindre. » Il se détourna du corps sans vie de sa grand-maman tant aimé, marcha vers la porte de la chambre, dissimulant sa peine, sa douleur, celle qui le faisait vaciller. Il se rendit compte, s'arrêtant un moment à la porte de la chambre, la main sur la poignée, qu'il allait marcher seul, pour la première fois.
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