UNE RENCONTRE DANS LE SILENCE

La vie offrait parfois de bonnes surprises. Après tant de mois à sillonner encore et encore les routes du Bief pour y examiner les pénis particulièrement abimés de soldats, voilà que son seigneur lui offrait une occasion de s’évader un peu.

Cette mission diplomato-médicale l’amenait sur les terres de l’Ouest, qu’Uther n’avait jamais visité auparavant. Ce dernier point lui plaisait particulièrement.

La réalité était moins prestigieuse que la légende. Les terres de l’Ouest n’étaient pas recouvertes d’or loin de là. A vrai dire elles étaient recouvertes seulement d’un peu de végétation çà et là. Sinon il n’y avait pas grande chose d’autre à décrire.

Car Uther circulait dans la partie montagneuse, qui était peu habitée contrairement aux côtes.

Cette tranquillité lui faisait un peu oublier la perspective de la guerre.

Soudain une trace d’existence humaine se dessina au loin. D’abord  ce fut une tour puis le reste apparu progressivement. Ce devait être Montargent. De toute façon les possibilités étaient limitées dans les environs.

Uther fourbu par ce long voyage accéléra le rythme de sa carriole. Cet engin et son attelage constituaient ses uniques compagnons de voyages. Uther avait refusé toute escorte. Il savait se défendre tout seul.

Le guérisseur se rapprocha au point de distinguer l’étendard émergeant de la forteresse. C’était bien le paon qu’Alester lui avait décrit avec un certain mépris.

Pourtant cet animal lui allait tout aussi bien sinon plus que le renard. Car ce volatile étalait ses plumes comme lui sa richesse par le biais de ses tenues et ses bijoux.

Cette pensée réveilla la jovialité naturelle d’Uther quelque peu entamée par la fatigue du voyage.

Par conséquent il effectua un salut de la main plus amical que protocolaire aux sentinelles postées sur les remparts.

Un seul soldat lui prêta attention. Les autres demeurèrent sagement à leurs postes. Même si Uther ne représentait pas une grande menace, la discipline primait.

« Halte là. Présentez-vous ? »

Ce qu’il pouvait être formaliste. Et en plus le combattant présenta sa main en signe d’arrêt.

Qu’est-ce qu’il croyait ? Uther avec sa vieille carriole et son cheval de trait ne risquait pas d’enfoncer la porte.

Même s’il n’était pas le plus habile des diplomates Uther garda cette réflexion dans son crâne et répondit immédiatement :

« Je suis un envoyé de la maison Florent. Mon arrivée a déjà été annoncé. »

Cette dernière précision était peut-être nécessaire. Qui connaissait le clan Florent ici ? Il est vrai qu’Alester connaissait les Montargent. Mais il était un cas à part. Rien n’échappait à ses oreilles de flagorneur

Le soldat quitta sa position sans doute pour se renseigner.

Uther observa les autres gardes.

A la réflexion leur comportement ne se limitait pas à la discipline. Le soigneur connaissant bien les hommes d’arme perçus en eux une certaine tension, probablement dû à la guerre à venir.

« Alors on surveille les cailloux ? » Dit Uther à l’un des gardes avec ironie du fait de l’extérieur désertique.

Il n’obtint aucune réponse. Son séjour s’annonçait joyeux. Le temps passa alors très lentement jusqu’au retour de l’interlocuteur d’Uther. Il reprit sa place sans prononcer le moindre mot. L’ouverture de la grande porte servit de réponse.

Le visiteur pénétra dans la grande cour. Nous étions en milieu de matinée c’est-à-dire l’heure creuse entre l’entrainement du matin et le déjeuner. Pourtant aucun soldat de flagornait. Les seuls présents étaient à des postes de surveillance.

A leur rigueur s’ajoutait leur équipement de bonne facture. Ses soldats n’avaient rien à voir avec ceux issus des levées pratiquées dans le Bief.

Visiblement l’infanterie oustienne méritait sa réputation. La victoire de Viserys serait couteuse avec de tels adversaires.

Enfin une personne n’ayant pas l’air d’avoir une lance enfoncée dans les fesses se présenta. Il s’agissait d’un palefrenier au visage rougeaud.

« Bonjour mon..sieur. » Dit-il ne sachant pas vraiment à quel genre de personnage il s’adressait. « Vous pouvez mettre votre attelage dans la grange au fond. Je vais m’occuper de votre monture. »

« Merci mon gars. »

Cette petite réflexion familière décrispa le palefrenier, qui s’essaya à la conversation en suivant le chariot.

« Tu viens faire quoi ici, vendre des trucs ? »

« Non je soigne. »

« T’es une sorte de mestre ? »

« J’ai une tête porter une robe ? »

Cette dernière réflexion obtint un petit rire du palefrenier avant qu’il ne prenne la parole.

« Justement tu peux peut-être m’aider. J’ai attrapé quelque chose... »

« Au bas-ventre ? » Coupa Uther.

Il avait déjà vécu ce genre de situation. Ce genre de maladie honteuse on en parlait difficilement aux mestres si guindés.

Le palefrenier confirma d'un hôchement de tête.

« On verra ça plus tard. » Soupira le soigneur résigné à devoir encore examiner un pénis.

S’il continuait ainsi Uther ne supporterait même plus de voir le sien.

Quelques instants plus tard il descendit enfin de son véhicule, et s’étira un peu au prix de quelques craquements.

Sans doute quelques formalités d’usage l’attendaient avant qu’il ne puisse se mettre au travail. C’était l’inconvénient lorsque les patients avaient le sang bleu.

Comme prévu les formalités se révélèrent pesantes. C’était tellement plus simple avec les soldats.

D'abord « Ma blessure est là. », puis après l’intéressé laissait Uther pratiquer.

Un serviteur le guida dans la partie destinée aux maitres des lieux. Elle était facile à identifier. Moins d’odeurs, et de saletés propres à de nombreux passages comme les cuisines ou la salle des gardes.

A ce propos un garde se tenait devant la pièce où devait avoir lieu l’entretien. Quel était l’intérêt ? Si une personne mal intentionnée était parvenu jusqu’ici, ce n’était pas ce dernier obstacle, qui allait l’arrêter.

Sans doute fallait-il y voir une démonstration de force ?

Une fois annoncé Uther pénétra dans ce qui était un bureau. Chaque château en disposait d’un. Car le rôle d’un seigneur ne se limitait pas à mener ses hommes au combat.

La pièce était bien ordonnée. Deux personnes en robe l’occupaient. L’une d’entre elle se révéla être un de ces maudits mestres. Après tout il s’agissait de leur habitat naturel. La toilette de l’autre personne était nettement plus raffinée.

Ce ne pouvait être que la fameuse Azilys Serrett, celle par laquelle le guérisseur allait devoir passer pour effectuer sa tâche.

C’était une femme belle et élégante, mais pas le genre d’Uther. Il les préférait plus en chair et plus nature. La proximité de la noblesse n’était pas parvenue à modifier ses goûts simples voir rustiques comme disait Alester.

Actuellement Azilys s’affairait une plume à la main.

Il arrivait souvent que les dames se chargent de la gestion du domaine pendant que les seigneurs chassaient et festoyaient. D’ailleurs les septas leur enseignaient les chiffres à cet usage. Comme quoi ces épouvantails possédaient une part d’utilité contrairement aux septons.

La fréquentation d’un mondain de haut rang comme Alester Florent avait eu tout de même certaines répercutions sur Uther.

En guise de preuve il sut exécuter une révérence convenable.

De son coté Azilys se montra hautaine même du point de vue de sa caste. Dans un premier temps elle n’accorda même pas un regard à son visiteur.

Le pire fut les mots. Décidément ces nobles n’avaient pas leur pareil pour rabaisser les gens tout en demeurant courtois. Du grand art !

Un tel accueil donnait envie de partir immédiatement. Sauf que la route avait été longue. Et puis le seigneur Florent serait mécontent d’un tel manque d’investissement de la part de son subordonné.

Bref Uther était acculé. Or la fréquentation des champs de bataille même si c’était à l’arrière, avait apprit certaines choses à Uther. Notamment lorsqu’on est totalement cerné, le mieux ou plutôt le moins pire est de briser l’encerclement par une charge. Le genre où l’on donne tout ce qu’on a.

Qui était-il ? La paon allait vite le savoir.

« Je me nomme Uther et suis guérisseur. J’ai appris dès l’enfance auprès de ma mère, une sage-femme. Puis j’ai soigné sur les champs de bataille de la rébellion de Barathéon, et celle des fer-nés. J’ai aussi exercé et appris pendant deux ans à Braavos dans la maison des mains rouges. »

Ce qui devait être un descriptif simple et méthodique était accompagné dans le ton d’une certaine fierté voir de l’arrogance.

Uther s’était quelque peu laissé emporter en montant à l’assaut. On ne se refait pas.

Il serra les dents et baissa les yeux en attendant les conséquences de sa tirade.

Cette femme n’était définitivement pas le genre d’Uther. Et ce ressentiment ne se limitait plus désormais au physique.

Odieuse et servile à la fois, elle n’osait même pas formuler une insulte franche.

Les gens de basse extractions. Rumina intérieurement Uther.

La dernière des catins tout comme la reine avait le même sang, les mêmes organes...

En médecine toutes les barrières sociales s’effondraient.

Le guérisseur garda cette réplique pour lui. Les fameuses barrières sociales parfois tenaient bons. Il regretta de ne pas être Alester Florent. Lui aurait pu se permettre de répondre, et disposait toujours de bons mots.

D’autres répliques restèrent au fond de la gorge d’Uther au passage du mestre. Il en détenait une flopée à l’égard cette corporation. Seulement les convenances et la diplomatie primaient toujours.

C’est dans ce genre de situation que les champs de bataille tout aussi boueux et sanglants soient-ils, lui manquaient.

Puis vint une question. S’agissait-il d’un piège ? Contenait-elle un sous-entendu ?

Uther était incapable de le dire face à ce visage glacial.

Faute de mieux il s’orienta vers la vérité. Au moins cette option diminuait les risques d’erreurs et autres cafouillages.

« Mon seigneur m’a parlé de votre fille, qui souffre de surdité depuis sa venue au monde. Il veut que je l’examine à ce propos. »

C’est moi qui vient de dire çà ! Pensa Uther.

D’habitude il s’exprimait plus simplement voir crûment, voir même vulgairement.

L’adversité procurait parfois des ressources insoupçonnées.

« Voici Dame Alyzéa .» Annonça d’une voix sèche le mestre.

Une fillette d’environ quatre ans pénétra alors dans la pièce. Elle était à croquer avec sa petite robe blanche. Alyzéa avait indubitablement hérité de la beauté de sa mère mais pas encore de son arrogance.

Uther décela rapidement sa manie de regarder attentivement autour d’elle. Les sourds se comportaient souvent ainsi, c’est-à-dire se raccrochaient à leur vue.

L’attitude d’Azilys à l’égard du guérisseur ne laissait guère entrevoir la possibilité d’un peu de repos suite au long voyage.

L’examen allait donc débuter et sans doute s’achever dès à présent.

Pourtant Uther ne réagit pas. Il ignorait comment Alyzéa communiquait avec son entourage et si on l’avait informé de la situation.

Alors il attendit que sa peste de mère prenne les devants. De toute façon elle adorait probablement cela.

Bien qu’il ne pensait pas que se soit possible, l’arrivée de sa fille rendit cette pimbêche d’Azilys touchante.

Jusqu’à présent le devoir envers sa Maison paraissait être son unique motivation.

Et voilà qu’elle expliquait à sa fille par signes la situation. Cet effort constituait indéniablement une preuve d’affection, qui plus est assez rare.

Uther en avait connu des combattants nobles comme roturiers méprisés par leur famille suite à une blessure handicapante. Le fiston dénotant désormais dans le tableau de famille on l’excluait parfois jusqu’au Mur.

Généralement c’était encore pire chez les nobles. Les enfants s’y faisaient plus par devoir que par désir. Et lorsqu’il s’agissait d’une fille on la rangeait dans un coin jusqu’au mariage. Au mieux une septa l’éduquait un peu.

A sa façon Azilys rappelait au guérisseur cette brute de Randyl Tarly martyrisant son fils. Elle était en quelque sorte son reflet inversé.

Uther remarqua aussi une certaine complicité entre la noble et son mestre. Ce dernier avait placé la chaise à l’usage d’Alyzéa sans attendre la moindre indication.

Il paraissait plus servile que directif. Avec un peu de chance ce scribouillard ne mettrait pas son groin dans les affaires du guérisseur de sa propre initiative.

Malgré l’autorisation Uther hésita un peu. Il n’avait pas tellement l’habitude des enfants à part le sien bien entendu.

Et cette petite fille semblait quelque peu perdu. Alors il s’approcha doucement tout en affichant un sourire amical. Cette méthode fonctionnait généralement. A défaut d’être d’une grande beauté Uther bénéficiait d’un air bonhomme attirant une certaine sympathie.

Il était difficile de juger du succès de cette technique. Alyzéa était tellement sage.

Puis vint une nouvelle question de la mère. Et dire qu’il commençait à la trouver sympathique.

Comment Alester parvenait-il à supporter toutes ces simagrées régulièrement ?

Et Uther n’en était même pas au stade de l’examen. A sa défense Azilys veillait à la sécurité de sa fille.

Si bien que le soigneur se plia à sa demande de bonne grâce... enfin plus ou moins.

« J’ai exercé par deux fois à Hautjardin auprès de la maison Tyrell. Je me suis rendu également chez les Tarly à Corcolline. »

La mention de la prestigieuse famille régnante du Bief, devrait sans doute suffire. Mais dans le doute Uther avait préféré en rajouter un peu.

On aurait pu y voir l’influence de son maitre si diplomate. En fait ce comportement se basait plutôt la stratégie militaire si familière à Uther.

Face à une situation incertaine il déployait toutes ses forces dans la bataille. Une tactique à double tranchant, car elle pouvait assurer une victoire éclaire tout comme se solder par une cinglante défaite.

La charge venait indéniablement d’échouer. Et Uther n’en comprenait même pas la raison. Visiblement avoir servit auprès de maisons du Bief n’était pas satisfaisant aux yeux de la pimbêche.

Puis Azilys l’autorisa examiner sa fille ou plus exactement lui reprocha de ne pas le faire. Ce n’était à rien y comprendre. A moins que se soit sa façon de procéder : demander tout en rabaissant afin de conserver une position dominante. Ce qui ne serait pas surprenant de la part de cette femme.

N’en déplaise à son seigneur le guérisseur considéra, qu’il avait fait assez de diplomatie.

Par conséquent il se jeta sur la question mâtinée d’une insulte à moins que se ne soit l’inverse.

La noble était visiblement une bonne oratrice. Seulement même les meilleurs font des erreurs.

A sa décharge celle actuelle était excusable. Uther sortait d’un long et salissant voyage et portait une tenue simple voir usée. Et quand bien même il ne prenait pas particulièrement soin de son apparence. Sauf que cette négligence s’arrêtait face son professionnalisme.

Concrètement si Uther ne sentait pas toujours la rose, en revanche il prenait soin de ses mains. Car c’était elles qui se baladaient dans les tripes de ses patients.

Il leva donc ses mains devant son hôte et les pivota comme des marionnettes, le tout accompagné d’un petit sourire narquois.

A présent il était temps de s’y mettre. D’ailleurs Azilys le réclamait.

Le guérisseur s’approcha de la petite fille, et s’abaissa à sa hauteur. L’intéressée émit alors un petit rire. Uther venait de loucher, un tour puéril particulièrement adapté à une si jeune patiente. Les blagues graveleuses destinées à détendre les soldats n’auraient pas été approprié.

Après cette prise de contact le guérisseur se rapprocha, et posa délicatement ses mains sur le crâne de Alyzéa. A le voir ainsi aurait dit une sorte d’artisan. Ses doigts tatônnaient un peu partout. Leur propriétaire observait méticuleusement son sujet tout particulièrement les oreilles.

Progressivement son regard se fixa comme s’il touchait au but. Le mestre eut la peur de sa vie. Ce gueux allait-il réussir là où il avait échoué ? Quelle humiliation !

Puis un petit soupir suggéra que non. Étrangement cet échec n’arrêta pas le guérisseur. Il se mit à farfouiller dans sa besace, et en extirpa un petit tambourin.

La peur céda devant l’incompréhension. Qu’est-ce que ce charlatan comptait-il en faire ?

L’objet intrigua dans un premier temps Alyzéa. Puis Uther lui prit une de ses mains et l’apposa sur le bord. Ensuite le guérisseur se mit à taper sur l’instrument. Ce n’était qu’un petit air simple et répétitif apprit à la-va-vite.

Et pourtant il eut de l’effet sur la dernière personne possible dans cette pièce. La gamine d’abord surprise se mit brusquement à sourire. Car elle « entendait » de la musique pour la première fois de sa vie.

Même des oreilles défectueuses voir inexistantes n’empêchaient pas de ressentir les vibrations par le biais du toucher. Une petite astuce qu’Uther avait acquise au cour de ses pérégrinations parmi tant d’autres.

C’est pour ce genre de situation, qu’il adorait sa profession. Lorsqu’il améliorait réellement l’existence de quelqu’un par son savoir.

Une fois la surprise atténuée Alyzéa se tourna vers sa mère en présentant un visage illuminée.

Quant au guérisseur il n’oublia pas son devoir et donc fournit quelques explications.

« Votre fille n’entendra pas votre voix, ni aucune autre. Par contre la musique lui ait accessible de cette façon. Elle pourrait même apprendre à en jouer. »

Curieusement peu de fierté émanait dans ses mots. Il avait déjà eut sa récompense après tout.

Les sept en étaient témoins, Uther n’avait jamais porté la main sur une femme de sa vie. Mais celle-ci le tentait quelque peu.

En plus elle n’osait même pas l’insulter ouvertement. Ces paroles n’étaient que sous-entendus hautains et méprisants

Le soigneur demeura malgré tout élégant en laissant le tambourin à la fille. Après tout elle n’était pas responsable de sa génitrice. Et même si elle suivrait certainement le chemin de sa mère, il était difficile de dire non à ses grands yeux.

Soyons honnête. Il était tout aussi difficile de dire non aux gardes.

Par conséquent Uther partit en exécutant la plus mauvaise révérence possible.

« Madame ce fut un honneur de servir vous et votre fille. »

Chacun des mots sonnaient comme un raclement. Uther aussi était capable d’être sarcastique.

Ce n’était peut-être pas une idée très brillante de faire de la provocation. Quoique Azilys paraissait respecter certaines conventions et principes. En guise de preuve bien qu’elle ne soit pas satisfaite par son visiteur, la dame lui offrait le gite et le couvert ou au moins le couvert.

Le fameux paradoxe des nobles. Ils pouvaient aller très loin dans leur quête de puissance : provoquer des guerres, trahir, massacrer... mais toujours en respectant les usages.

Ainsi Uther gagna un des deux lieux où il se sentait le plus à l’aise. Quoique la salle des gardes lui convenait moins. Car dans une cuisine tout et tous circulaient sauf les aristocrates. Ce qui n’était pas un mal, puisqu’ils n’avaient pas leur pareil pour gâcher l’ambiance.

Effectivement il s’y trouvait tous les composants habituels, les enfants se glissant çà et là en quête de quelques gourmandises à dérober, les cuisiniers s’affairant, d’autres domestiques prenant leur pause...

L’un des gardes annonça la venue d’Uther de façon très formaliste. On aurait dis qu’il lisait une missive.

Décidément ses soldats ouestiens avaient un balai dans le ... fondement, voir une hallebarde.

Les autres personnes présentes adressèrent un regard interrogateur au guérisseur. Ils ne parvenaient pas vraiment à le situer. Certes ses vêtements étaient simples. D’un autre coté il ressortait d’une entrevue avec la Dame de la maisonnée.

En guise de réponse Uther s’assit sur un banc à coté d’un jeune page.

« Je ne cracherais pas sur une bonne pièce de viande. Un long chemin m’attend. »

« Je vous prépare çà. » Annonça une femme d’une cinquantaine d’années d’un air joyeux.

Enfin quelqu’un qui souriait.

A l’autre bout du banc Uther reconnut le palefrenier, qui s’était chargé de sa monture. Une fois repu il s’occuperait de son petit problème. Sans doute il se montrerait plus reconnaissant que sa maitresse. En tous il aurait du mal à faire pire.