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(même les petits)
Confidences et commérages entre soeurs - ft. Jayne
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Lorsqu’une jeune femme se mariait, sa vie se voyait complètement être chamboulée. L’épouse suivait son mari jusqu’au fief de ce-dernier dans le cadre d’un mariage traditionnel. Elle quittait ainsi sa famille et son foyer pour intégrer celui de son époux. Dans certains cas, le changement était léger, notamment lorsque les deux familles étaient proches géographiquement. La mère de Catelyn, par exemple, qui venait de Bel Accueil demeurait malgré tout assez proche de son fief natal. Dans d’autres cas, la distance était telle qu’un énorme changement s’opérait dans la vie de l’épouse. C’est ce qui arriva à Catelyn lorsqu’elle épousa lord Gerold Grafton quelques lunes plus tôt. Elle quittait la Haye-Pierre, sa famille, ses connaissances pour un fief lointain, dans une autre région, Goëville. Si, au départ, la jeune femme appréhendait beaucoup tous les changements qui allaient s’opérer dans sa vie, elle s’en accommoda bien rapidement. Elle savait que son mariage était un bon mariage. Elle devenait l’épouse d’un seigneur important du Val. C’est bien là plus qu’une troisième née pouvait espérer et elle en avait espéré des choses. En effet, la jeune conflanaise imaginait depuis bien longtemps son mariage, sa vie d’épouse et sa vie de mère. Maintenant que la chose devenait concrète, elle s’efforcerait de paraître parfaite aux yeux de son époux mais aussi de sa belle-famille, des nouvelles personnes qui seraient à son service et ceux parmi lesquels elle vivrait désormais. Pendant tout son voyage aux côtés de son époux, elle avait espéré que tout se passe bien dans sa nouvelle demeure. Il ne pouvait en être autrement. Elle n’avait certes pas épousé le roi que son père avait choisi mais Gerold Grafton restait un homme important avec une réputation.
Catelyn découvrit ainsi Goëville, le port du Val, immense ville côtière. Cela la changeait du château lugubre de la Haye-Pierre. Chaque région avait ses caractéristiques et aucune ne se ressemblait. Le Conflans et le Val étaient ainsi bien différentes et il faudrait sûrement du temps pour Catelyn pour s’y adapter. Dans les premiers temps de son arrivée, elle ne faisait que suivre le mouvement, observant, analysant, détaillant tout et tout le monde. Elle fut, bien sûr, accueillie à la hauteur du rang qui était désormais le sien, rencontrant alors les membres de la famille Grafton à commencer par l’héritier. Marq Grafton. Quel bel homme ! Les deux frères étaient tous deux charmants mais de deux manières différentes. Puis suivirent le dernier frère, Gyles qui avait à peu près son âge et lady Sharra, la mère de famille. Les rencontres effectuées, la visite faite au fur et à mesure, il ne restait plus à Catelyn qu’à trouver sa place dans cette nouvelle famille. Bien que jeune, elle saurait s’imposer en tant qu’épouse de seigneur. Elle estimait être à la hauteur de cette responsabilité. Celle-ci s’accompagnait d’ailleurs d’un devoir conjugal afin de permettre à Gerold d’avoir un héritier direct. C’était là désormais sa principale tâche en tant que femme et épouse. Nul doute que son fort caractère et sa jovialité seront un atout de poids dans cette nouvelle sphère familiale. Cependant, malgré ce qu’elle laissait prétendre, sa famille lui manquait. Son père, ses sœurs, sa mère, certaines de ses amies. Sa vie à la Haye-Pierre lui manquait. Elle avait toujours su qu’elle y mettrait un terme lorsque viendrait le moment pour elle de se marier mais cela n’enlevait guère le sentiment de manque. Quelle joie, donc, de voir débarquer quelques semaines après son arrivée son père et sa sœur. Mais cette joie cachait également des événements bien sombres.
La vie de Catelyn à la Haye-Pierre avait été joyeuse et heureuse. Elle ne s’en plaignait guère et trouvait toujours le moyen de rebondir après des événements dramatiques. Mais le destin des Bracken changea du tout au tout lorsque le prince exilé Viserys Targaryen arriva chez eux. Il fut assez clair que les ambitions de son père, Jonos, mèneraient la famille à choisir un camp contraire à celui qui régissait Westeros depuis bien des décennies maintenant. Sans parler des Nerbosc qui étaient les ennemis naturels des Bracken depuis des temps anciens, c’était aussi Rhaegar Targaryen à qui la famille tournait le dos dans le plus grand des secrets. Cette dimension bouleversa complètement la jeune femme mais suivait les ambitions de son père car elle lui demeurait loyale et obéissante. De plus, si elle s’était montée contre lui, comme l’avait finalement fait Barbara, sa sœur aînée, que serait-il advenu d’elle ? Elle ne voulait pas y penser et préférait se concentrer sur sa propre vie, désormais liée à lord Gerold. Elle avait toute confiance en son père et s’il pensait que Viserys avait une chance de renverser son frère alors qui était-elle pour croire le contraire ? Elle n’était qu’une simple dame de dix-sept ans, épouse d’un seigneur et fille d’un seigneur. Tandis que son père était aussitôt reparti, Catelyn put compter sur la présence de sa sœur Jayne qui demeurait depuis à Goëville. C’était là une compagnie qu’elle appréciait malgré leurs caractères complètement à l’opposé. Les lunes passèrent à Goëville comme elles passaient à la Haye-Pierre. Catelyn commençait doucement à se faire à ce nouveau quotidien qui était le sien. Elle ne faisait finalement rien de moins qu’elle ne faisait déjà si ce n’est que le soir, elle retrouvait son époux et partageait sa couche. Pour le moment, aucune grossesse à l’horizon alors que le mariage avait eu lieu sept lunes plus tôt. Certaines épouses tombaient enceintes bien plus tôt que cela mais la jeune femme ne s’en inquiétait pas. Elle avait la chance d’être encore jeune, elle aurait bien des occasions de tomber enceinte même si le plus tôt serait le mieux.
Il y avait beaucoup de passages à Goëville dernièrement. Catelyn n’avait pas eu le temps de s’ennuyer. En dehors de sa sœur Jayne, elle avait pu faire la rencontre de lady Lysa Baelish et de son époux, Petyr. Elle avait également pu croiser une mystérieuse femme dont le nom lui était inconnue mais qui faisait partie de la garde de Viserys, lui-même également présent dans la demeure des Grafton. C’était là un amas de personnes qui tendait à faire comprendre que des plans du prince étaient sur le point d’être mis en place. L’annonce du retour de Jonos d’Essos ne tarda pas à arriver aux oreilles de lady Catelyn. Elle était ravie qu’enfin son père lui revienne, leur revienne à sa sœur et elle. Le seigneur de la Haye-Pierre n’était pas revenu seul. Une armée de guerriers, appelée la Compagnie Dorée, attirait désormais tous les regards des Goëvillais. Plus encore, la présence d’éléphants intriguait, intéressait, émerveillait certains regards. Après une courte discussion avec leur père, les deux sœurs Bracken revinrent à l’intérieur de la demeure des Grafton. Catelyn avait alors proposé à sa sœur de se retrouver autour d’une petite collation, toutes les deux. Elle voulait absolument lui parler seule à seule, ce qui était finalement assez rares ces derniers temps. Nouvelle dame des lieux, Catelyn était assez régulièrement sollicitée. Elle profitait ainsi de l’effervescence du débarquement et des affaires occupant alors leur père, son époux de l’une et le fiancé de l’autre, pour se retrouver entre sœurs.
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Depuis son arrivée à Goëville, tout semblait compliqué. La trahison de Barbara était comme un coup de poignard dans son cœur. Mais Jayne se sentait également coupable, terriblement coupable. Elle avait discuté avec sa sœur avant qu’elle ne se dispute avec leur père. Elle lui avait révélé que leur voyage dans le Bief n’était pas une visite familiale et religieuse. Même si cela avait été vrai, Barbara aurait été en colère mais peut-être moins et aujourd’hui, les Bracken n’aurait pas dû fuir leur maison et la voir tomber au main des Nerbosc. Peut-être aurait-elle du ne rien dire ? Mentir à sa sœur, garder le silence. Elle avait commencé à vivre dans le nouveau fief de son autre sœur, le cœur lourd, le moral en berne. La solitude la pesait et en même temps c’était salvateur. Des sentiments contradictoires, son cœur et son esprit s’affrontant. Les Dieux étaient bien silencieux à ses prières et ses questions. Ils la testaient très probablement, une épreuve pour mettre en doute sa piété. Mais le quotidien de la jeune femme restait dicté par ses prières silencieuses dans le septuaire du château des Graftons.
Et le temps fit son effet.
Petit à petit, Jayne remonta la pente. Toujours inquiète et la culpabilité rongeant son cœur délicat, elle retrouvait un peu plus de sérénité qu’au début. Elle trouvait doucement ses marques dans cette nouvelle demeure temporaire. Un cadre bien plus riche et fastueux que la Haye Pierre, les Grafton était bien plus riche que les Bracken, leur fief mieux entretenu et fort. Au moins Catelyn vivrait dans un cadre idéal pour fonder sa famille. Le port continuerait à alimenter la richesse de cette famille. Seule port commerciale du Val, l’une des plus grosses villes de Westeros. Jonos avait réussi une magnifique alliance pour sa troisième fille. Mais malgré le fait de vivre sous le même toit que sa puînée, la jeune fille à la chevelure chatoyante voyait peu sa jeune sœur. Dame des lieux, elle avait fort à faire, à droite, à gauche. Au final, la demoiselle qui était toujours une Bracken passait l’entièreté de son temps avec Alyx Frey, sa suivante et seule amie entre ses lieux. Peut-être que si la guerre était gagnée par Viserys, qu’elle deviendrait sa dame d’honneur. Un prestige et une revanche sur la vie pour celle qui avait perdu son père, exécuté par Brynden Nerbosc et qui n’avait pas de nouvelle de son frère.
Mais, ce jour-là. Alors que Goëville bouillait d’activité suite à l’arrivée de la compagnie dorée, sa sœur désira prendre un peu de temps pour elles, lui proposant de se retrouver pour une collation. Jayne accepta volontiers. Si les deux sœurs n’avaient jamais été très proche l’une de l’autre de par leur caractère relativement différent, la Bracken ne pouvait refuser cela à Catelyn. Cela lui ferait également du bien d’avoir un moment entre membre de la même fratrie.
Après avoir été prier comme à son habitude, Jayne se rendit vers le petit salon que lui avait indiqué sa sœur pour se retrouver. Elle congédia la Frey, lui donnant quartier libre pour les deux prochaines heures. Catelyn pouvait se révéler bavarde alors deux heures n’était probablement pas de trop. La fiancée du Roi revenu d’exil se fit annoncer et elle entra dans le lieu. Quelques lunes plutôt elle aurait été probablement surprise de la richesse qui se dégageait de la pièce, mais elle y était désormais presque habituée. Elle se dirigea vers sa sœur et alla lui déposer un baiser sur la joue.
« Comment te portes-tu ? » demanda Jayne en s’asseyant sur la chaise en face de la nouvelle dame de Goëville.
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Catelyn Grafton savait que la situation actuelle était des plus préoccupantes. Son père avait été obligé de quitter la Haye-Pierre. Sa famille était éparpillée, cachée chez des alliés, Jayne ici à Goëville, Jonos fraîchement revenu d’Essos. La trahison de Barbara envers le reste de sa famille était impardonnable et marquait là une véritable rupture entre l’aînée des Bracken et les autres. Catelyn y pensait bien sûr, par moment, parfois. Elle préférait se concentrer sur le moment présent, sa nouvelle vie à Goëville, son mariage avec un seigneur aussi puissant que Gerold et son devoir d’épouse d’apporter un héritier le plus rapidement possible. Du haut de ses dix-sept ans, elle ne se rendait véritablement pas compte de tout ce qui l’entourait. Elle avait l’impression de vivre un conte de fée. Elle se moquait bien de la trahison de son père envers Rhaegar. Elle ne se fiait qu’à son jugement. Elle le suivrait jusqu’à la mort s’il le fallait. Catelyn avait une confiance aveugle envers son père. Il savait ce qu’il faisait. Puis, elle ne pouvait nier que Gerold était non seulement un bon parti mais un bel homme. Qui serait assez idiote pour refuser un tel mariage ? Pas Catelyn en tout cas. Elle vivait donc dans ce petit cocon merveilleux depuis son arrivée quelques semaines plus tôt, oubliant sans doute que la guerre s’annonçait. Pour preuve, le débarquement de cette compagnie venue d’Essos et qui ne passerait sûrement pas inaperçue auprès du reste du Val. Mais la jeune femme avait foi en son père et en son époux, deux membres importants du cercle de Viserys. Elle ne se mêlait pas de ces histoires d’alliances, d’allégeance. Elle n’en avait ni l’envie ni le temps. Elle était une dame, épouse de seigneur. Il fallait qu’elle prenne place dans la maisonnée Grafton, montrant à toutes et tous qui elle était. Catelyn et son éternelle manie de vouloir être au-devant de la scène. Comme toujours.
- Jayne, ma belle ! Je suis si heureuse qu’on puisse enfin avoir un moment toutes les deux !
Elle avait été si occupée dernièrement. Ce n’était pas rien de passer de troisième née d’une maison mineure du Conflans à épouse d’un seigneur d’une maison majeure du Val. Cela changeait le quotidien. Mais après la nouvelle qu’elle avait appris quelques jours plus tôt, elle ne pouvait que trouver un moment pour partager une heure ou deux avec sa grande-sœur. Elle était tout excitée, encore plus que d’habitude. Elle ne tenait pas en place, avait précautionneusement fait préparer une petite collation pour elles deux. Après que lady Alyx ait pris congé ainsi qu’Eva, la servante, Catelyn invita sa sœur à s’asseoir. Elle souriait jusqu’aux oreilles et cela contrastait avec l’expression austère de sa sœur. C’est en cela qu’elles étaient toutes deux bien différentes. Jayne préférait la compagnie du silence, de l’ombre, des Sept vers qui elle avait longtemps désiré se tourner. Cela ne semblait pas suivre la volonté de leur père qui la fiança à Viserys. Quant à Catelyn, c’était là tout le contraire. Elle ne vivait que pour plaire, être vue et reconnue. Coiffure soignée, robes de couleur, maquillage précis, il fallait qu’elle soit le plus possible le centre de l’attention. Elle-même n’aurait pas dit non à un mariage avec le prince Viserys Targaryen. Elle avait beau être heureuse pour sa sœur, elle se serait bien vu Reine des Sept Couronnes. Mais là encore, son père savait bien mieux qu’elle ce qui était bon pour elle et être mariée à lord Gerold n’était pas désagréable.
- Je vais bien, super bien. Bon, c’est un peu le chamboulement ces derniers jours avec la Compagnie Argentée là et le retour de papa mais, ça va. Et toi ? Ça va ? Mieux ? Je sais que ces dernières semaines n’ont pas été faciles.
Cela arrivait rarement mais Catelyn savait faire preuve de compassion. Elle réservait cela pour sa famille, ses sœurs plus particulièrement. Étant l’exact opposé de sa sœur Jayne, elle n’en demeurait pas moins présente pour elle si elle avait besoin de quoique ce soit. Elle faisait partie de la famille après tout. Elle se doutait que les agissements de Barbara la peinaient encore même si elle allait bien mieux qu’à son arrivée. La jeune valoise par alliance était plus détachée par rapport à cela, elle qui était moins proche de Barbara qu’avait pu l’être Jayne. Elle pouvait néanmoins comprendre cette dernière. Ce moment à deux permettrait ainsi à Catelyn de lui changer les idées. De plus, elles ne risquaient pas d’être dérangées ici. Leur père était occupé avec Viserys, Gerold et les soldats. Il discutait plan d’attaque et stratégie sûrement, rien de bien intéressant pour deux jeunes dames comme les sœurs Bracken. Elles ne seraient pas non plus dérangées par d’autres dames en manque d’occupation, elle avait formellement fait passer le moment qu’elle ne désirait pas être sollicitée jusqu’au déjeuner. L’idée de voir débarquer Lysa Baelish l’insupportait. Heureusement, elle avait son enfant à s’occuper. Cela ramena Catelyn à la nouvelle qu’elle voulait annoncer à Jayne mais il était encore tôt pour le lui dire. Elle voulait avant tout s’assurer que son aînée aille mieux et que son séjour à Goëville se passe pour le mieux.
- Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu sais que tu peux compter sur moi ?
Quel destin que le leur ! Elle était la nouvelle dame des lieux et Jayne serait un jour reine des Sept Couronnes. Si les manigances de leur père réussissaient, un jour, les Bracken retrouveraient leur prestige et leur puissance d’antan.
#FFB6B8 : Catelyn Grafton
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L’énergie de Catelyn était débordante. Comme toujours. Elle contrastait tant à côté de Jayne, beaucoup plus calme et posé. Elle rayonnait c’était le moins qu’on puisse dire. Ce nouveau rôle lui sied à merveille. Etre dame d’une grande maison était fait pour elle, comme si c’était inscrit dans ses gênes. Cela semblait si simple. Pour ses sœurs, leur vie semblait simple. Barbara avait été élevé comme ça, Catelyn était né pour ça. Pourquoi diable leur père avait refusé ceux pourquoi Jayne était faite ? Les Sept. Mais non, son destin serait d’être Reine des Sept Couronnes. Elle ne serait pas une reine souriante et rayonnante. Non, elle serait une reine discrète et pieuse. Elle le savait. Jonos devait le savoir et le Roi avait dû le deviner. Ainsi était la différence des sœurs Bracken.
Catelyn répondit à sa question avec beaucoup trop d’énergie. Parlant presque trop vite pour la puînée du seigneur de la Haye Pierre. Elle écorcha le nom de la compagnie de mercenaires qui venait de débarquer.
« Compagnie Dorée Cat… » la reprit doucement Jayne alors que sa sœur continuait de parler et de lui demander comme elle allait.
Comment elle allait…En voilà une excellente question. Jayne eu un léger haussement d’épaule.
« Mieux assurément. Mais je n’arrive pas à digérer les évènements avec Barbara. Je crois que la culpabilité me ronge plus qu’elle ne le devrait. »
Un an seulement la séparer de son aîné. Si elles étaient différentes, elles s’aimaient toutes deux énormément. Probablement que les deux étaient blessés par les évènements mais cela Jayne ne pouvait réellement le savoir. Mentir à Barbara avait été la chose la plus difficile qu’elle avait eu à faire, et elle avait échoué lamentablement, conduisant à la situation que leur famille connaissait. Brisée, dispersée… Jayne implorait la miséricorde des Sept pour sa famille.
« Je sais Cat… Je sais… Et je t’en remercie. »
Une qualité qu’on ne pouvait pas retirer à l’aîné de Lythène. La loyauté de Catelyn à sa famille n’était pas à prouver. Même si elle aimait attirer l’attention et briller de mille feux, elle savait aussi se mettre de côté pour aider les siens.
« As-tu des nouvelles de ta mère et de nos sœurs ? »
Depuis leur fuite, la communication était difficile. Si sa belle-mère et ses sœurs communiquaient c’était probablement par l’intermédiaire de Catelyn. Bess et Alysanne étaient jeunes et surement que les évènements avaient dû être traumatisant. Quitter précipitamment leur demeure pour fuir ne laissait pas indemne.
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Shut up Cat !
Catelyn n’était pas connue pour être calme, posée, réfléchie, encore moins lorsqu’elle était dans un état d’excitement comme en ce moment. Elle était ravie d’enfin pouvoir voir sa sœur et uniquement sa sœur. Personne d’autre. Pas d’homme à l’égo surdimensionné dans la pièce. Pas d’invités de marque devant lesquels il fallait se tenir. Pas de servante, elle avait demandé à Eva de les lancer tranquille. Pas de valets. Rien. Personne. Juste sa sœur et elle en toute tranquillité. C’est ce qu’elle avait voulu et en tant qu’épouse de seigneur, elle l’avait obtenu. Sa nouvelle vie lui plaisait énormément et même si elle n’était pas entièrement consciente – ou ne voulait pas l’être du moins – de la situation, elle savait qu’elle n’était pas au beau fixe. Le débarquement de la Compagnie… Dorée du coup, indiquait que la guerre était plus proche que jamais. Les seigneurs Jonos et Gerold préparaient l’invasion du Val avec le roi Viserys, sans aucun doute. Quoiqu’il en soit, Catelyn ne s’intéressait pas à tout cela. Tant qu’elle pouvait vivre sa petite vie tranquille, le reste, elle le laissait à son père et son époux. Elle leur faisait entièrement confiance et savait de toute façon où demeurait sa place. Elle s’enquit assez rapidement et par un débit de parole tout aussi rapide de la santé de sa sœur. Elle semblait aller mieux et c’était une bonne chose même si sa retenue habituelle n’aidait pas à cerner la jeune femme. Ces mots étaient, quant à eux, équivoques et rappelèrent à la jeune conflanaise la trahison de leur sœur. L’excitation laissa le temps d’un instant place à la colère.
Mais elle préféra ne dire mot, voyant que sa sœur se sentait coupable de tout cela. Catelyn lui assura alors son soutien, laissa de côté cette pensée haineuse qu’elle avait en tête et reporta toute son attention sur elle-même et un peu sur sa sœur. Il fallait qu’elle lui annonce. Elle n’en pouvait plus de garder cela pour elle. Pourtant, la nouvelle était toute fraîche et il allait se passer beaucoup de choses d’ici là mais c’en était trop pour la jeune femme. Calmant ses ardeurs intérieures, elle se vit demander des nouvelles de sa mère et ses deux jeunes sœurs, leurs deux jeunes sœurs. Il est vrai que depuis son départ de la Haye-Pierre après son mariage, Catelyn apprit bien vite le départ du reste de sa famille. Son père et Jayne étaient ainsi venus à Goëville. Sa mère, Bess et Alysanne avaient pris un autre chemin, se réfugiant chez un des alliés de leur père dans le Conflans. Catelyn espérait chaque jour qu’elles seraient en sécurité et vint ainsi la réponse à sa grande sœur.
- Aux dernières nouvelles, qui doivent remonter à quelques semaines maintenant, ça allait. Les petites sont apeurées et ne comprennent pas trop la situation mais maman dit que tout va bien pour l’instant. Je pense qu’elle me préserve, sachant la place qui est la mienne désormais. Elle ne veut pas que je m’inquiète.
Le ton de Catelyn s’était fait moins joyeux soudainement, repensant à la dernière missive de sa mère. Ses missives étaient bien rares, de peur que leur courrier soit intercepté. Catelyn avait d’ailleurs reçu l’ordre de ne pas envoyer de corbeau à sa mère. Elle seule la contactait. Aussi, les arrivées de corbeaux à Goëville étaient fortement surveillées par Catelyn. Elle avait même missionné une des servantes à son service. Elle voulait savoir dans la minute s’il s’agissait de sa mère ou non. Bien sûr, les corbeaux passaient en premier lieu par le mestre mais la servante avait pour ordre de venir lui rendre des comptes dès que le mestre lui passait l’information. Depuis le corbeau du tout début d’année ou de la fin de l’année qui s’était écoulé, elle ne se souvenait plus trop, aucun autre n’était venu lui annoncé que tout allait bien. Elle savait que tout n’allait pas bien, pas tout le temps en tout cas. Ses sœurs étaient bien jeunes encore et ne comprenaient pas toute l’étendue de la situation. Catelyn elle-même, contrairement à ce qu’elle croyait, ne comprenait pas encore tout. Portant une des deux tasses qui avait été servie à ses lèvres, elle but une gorgée bien chaude qui lui réchauffa tout le corps. Il ne faisait pas spécialement froid mais la sensation lui faisait du bien. Elle reprit ainsi, sa voix redevant plus enjouée.
- Mais bon, allez, ne nous déprimons pas. Elles sont avec maman. Tu la connais comme moi. Je suis sûr qu’elle fait tout pour que les filles se sentent au mieux malgré la situation.
Cette incroyable manie de reprendre du poil de la bête en un temps record était étonnante et faisait partie du caractère de Catelyn. D’autant plus que depuis quelques jours, elle se savait enceinte. Rien ni personne ne pouvait éteindre la joie qui l’habitait. Les servantes avaient remarqué que leur maîtresse semblait plus heureuse. Elle mettait sans doute cela sur le compte de sa nouvelle vie d’épouse de seigneur. Après tout, la jeune femme avait dix-sept ans, c’est un jeune âge encore et épouser un seigneur devait changer complètement l’état d’esprit. Les gens ne croyaient pas si bien penser. Toute souriante, elle tendit une main vers Jayne après s’être approchée quelque peu. Elle ne tenait plus.
- Jayne, Jayne, Jayne...
Un moment de silence sembla s’installer puis intensifiant son regard, Catelyn reprit soudainement.
- Jayne ! Ma sœur. Assez de cette mine basse, je te prie. Il faut que je te dise quelque chose. Une bonne chose. Je suis sûre, enfin j’espère que cela te fera plaisir.
C’est limite si la jeune fille ne sautait pas sur place. Elle frétilla néanmoins, le visage débordant de joie, les yeux brillants, le sourire jusqu’aux oreilles. Elle aurait pu le dire il y a au moins cinq minutes voire dès le début de la conversation. Cela n’aurait pas été surprenant de Catelyn. Néanmoins, ne pas faire poireauter cent sept ans n’aurait pas été Catelyn. La voilà donc qui s’excitait aux côtés de sa sœur pourtant calme, attendant une réaction, un mot, un regard de sa part, taisant sa voix intérieure, retenant encore quelques instants l’annonce qu’elle avait réservé spécialement pour son aînée.
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Jayne ne fut pas complètement surprise d’apprendre que Catelyn avait réussi à conserver des contacts avec sa mère et leurs deux petites sœurs toujours dans le Conflans. Si la jeune femme avait grandi et avait été par Lythène, la Bracken n’avait jamais considéré la troisième épouse de Jonos Bracken comme sa mère. Elle l’appréciait, la respectait mais cela s’arrêtait là. La née Vance l’avait bien compris et leur relation n’avait pas été conflictuelle, chacun respectant les limites de l’autres. Mais ses demi sœurs restaient ses sœurs. Elle ne faisait pas de distinction entre Barbara et les trois dernières. Chacune possédait leur propre tempérament et Jayne les aimait toutes. Elle avait plus d’affinité avec la jeune Alysanne par exemple qu’avec Catelyn mais l’amour qu’elle leur portait était pure et sincère. Les savoir toujours dans le Conflans, où les Nerbosc devaient avoir lancer des recherches pour retrouver les Bracken, l’inquiétait grandement. Lythène était visiblement assez fine pour ne rien révélé et ne pas faire s’inquiétait sa fille aînée.
« Me voilà soulagée de l’apprendre. Les corbacs doivent nous chercher désormais… »
Conserver une conversation sérieuse avec Catelyn était impossible. Aussitôt le sujet grave traité que la jeune dame de Goëville repartit sur un ton joyeux et insouciant. Comme si le sort de ses petites sœurs et de sa mère ne lui importait pas plus que ça. Alors que Jayne savait pertinemment que ce n’était pas vrai. La famille était importante pour Cat, elle serait effondrée si elle apprenait qu’il leur était arrivé malheur.
L’excitation de Catelyn grandit. Elle avait un sujet qu’elle désirait ardemment aborder avec la fiancée du Roi. Elle s’enflammait, ne tenait quasiment plus sur place. Cela tira un léger soupire à la jeune femme à la chevelure chatoyante. Elle était fatigante avec cette énergie qu’elle trouvait à un endroit que Jayne ignorait.
« Qu’est ce qui te mets dans un état d’excitation pareil ? Arrête de gigoter, on dirait une puce. »
La réprimande était douce, bienveillante. Catelyn était encore jeune et manquait d’expérience. Si elle était comme ça en publique, cela écornerait probablement son image, chose que Jayne voulait éviter. Etre solaire oui, ne pas tenir en place non.
« Bon qu’est-ce que tu désires m’annoncer qui te rend si joyeuse en ses temps si sombre ? »
Qu’est ce qui pouvait surpasser l’inquiétude de la sécurité de sa mère et ses sœurs dans le Conflans ?
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I’m gonna be a mom !
Catelyn ne tenait plus en place si bien que Jayne commençait à s’impatienter. Non seulement, la jeune femme ne tenait plus en place mais elle faisait durer inlassablement le suspens. Sournoise qu’elle était. Pourtant, il y avait de quoi demeurer silencieuse, soucieuse, inquiète, apeurée, impatiente. La guerre ferait bientôt rage dans leurs contrées. Les hommes se préparaient au combat. La Compagnie Dorée avait débarqué chez eux. Tout s’enclenchait et ils ne pouvaient désormais plus faire marche arrière. Mais la jeune femme laissait cette inquiétude pour les hommes et sa sœur. Elle ne désirait pas se morfondre dans l’attente de la victoire, dans l’attente du retour des troupes une fois parties. Catelyn avait besoin de bouger, de toujours s’occuper l’esprit. Elle ne restait pas en place et plus encore actuellement, heureuse d’attendre un événement comme celui-ci. Plus jeune, elle avait vu sa mère, lady Lythène, tomber enceinte deux fois. Bess et Alysanne. En grandissant, en devenant une jeune femme, elle désirait ardemment connaître les joies d’être mère, d’apporter la vie dans ce monde, de faire perdurer le nom de son époux. Elle faisait la fierté de son père à qui elle ne ferait pas regretter le choix qui se porta sur elle lorsqu’il fut question d’une alliance avec lord Gerold Grafton.
Jayne posa bien sûr la question, de savoir ce qui faisait que sa sœur gigotait dans tous les sens. Voilà que Catelyn se mit à glousser, laissant alors échapper un petit rire amusé et excité. Elle se rapprocha de sa sœur, lui prit les mains et plongea son regard dans le sien, tout sourire. Elle arrêta de gigoter mais il était clair qu’elle en avait envie, tellement elle était contente. Il était temps de révéler à Jayne la nouvelle, à elle et à elle seule. Elle en était qu’au début et ne voulait pas faire de fausse joie à sa belle-famille ou la sienne. Mais, tellement excitée par cette nouvelle, Catelyn n’avait pu s’empêcher de convier Jayne à une petite collation pour le lui annoncer.
- J’y viens, j’y viens mais tu dois me promettre de le garder pour toi. Il est encore trop tôt pour que tout le monde le sache. Tu me le promets, Jayne ?
Sa sœur était digne de confiance, Catelyn le savait mais il fallait que promesse se fasse. Après quoi, elle s’éclaircit la gorge et poursuivit, sur un ton bien plus calme.
- Je suis enceinte, Jayne. Je vais avoir un bébé. Je vais être maman !
L’excitation remonta d’un cran et tout en gardant ses mains dans celles de sa sœur, elle souriait jusqu’aux oreilles. Ses yeux brillaient et ne quittaient pas une seule seconde sa sœur dont elle attendait la réaction. Oubliant complètement l’atmosphère de guerre qui planait sur elle, Catelyn s’imaginait déjà à l’accouchement puis lors des premières nuits, lors des premiers pas, lors des premiers mots. Puis elle se vit à nouveau enceinte, d’un second, d’un troisième, d’un quatrième, d’un cinquième enfant. Elle s’imaginait plus vieille, la trentaine, entourée d’enfants aux côtés de son époux. Une vie de famille comme elle avait eu à la Haye-Pierre. Elle songea également au sexe. Il devait y avoir au moins un garçon. Même si la loi sur l’héritage avait changé et permettait aux femmes d’hériter, il serait quand même plus préférable qu’elle mette au monde un garçon pour lord Gerold. Tout un tas d’images et de pensées lui traversèrent l’esprit. Elle en était que plus impatiente et excitée.
- Ce n’est pas merveilleux ? Oh, ma sœur, je suis aux anges…
… et complètement déconnectée de la réalité diront certaines mauvaises langues. Mais Catelyn s’en moquait. Elle était heureuse d’être l’épouse de lord Gerold, d’être à Goëville avec sa sœur et leur père, d’être enceinte, de devenir mère, de commencer une toute nouvelle vie. Insouciante, Catelyn avait encore un long chemin à parcourir.
#CE0A0A : Catelyn Grafton
@Jayne Bracken
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Sa sœur avait un secret. Catelyn Bracken conservant un secret ? Jayne avait bien du mal à y croire. Sa sœur était tout feu tout flamme, bavarde et énergique… lui confier des secrets étaient compliqués. D’ailleurs la jeune femme qui possédait la chevelure rousse se demandait si ce secret était celui de sa sœur ou un qu’elle avait entendu et que la cadette avait cette envie irrépressible de le confier à quelqu’un. Les deux situations étaient possibles et la fiancée du Roi n’arrivait à déterminer à laquelle elle avait à faire. Elle acquiesça à la requête de sa sœur.
« Bien sur Cat’, je te le promets. »
En espérant que cela ne soit pas compromettant. Jayne ne supporterait pas une deuxième trahison. Mais il n’en fut rien. Elle vit sa petite sœur devenir bien calme pour délivrer son secret mais avant la fin de sa phrase, l’excitation remonta d’un coup. L’aînée resta interdite quelques secondes, tentant d’assimiler la nouvelle. Catelyn enceinte… sa petite sœur allait être mère. Une situation étrange, elle n’avait jamais imaginé que ses petites sœurs seraient mères avant elle, sauf si elle devait rejoindre la fois. Mais l’aînée de Lythène n’avait même pas dix-huit ans. Pour une nouvelle, c’était une sacrée nouvelle.
Jayne finit par esquisser un sourire heureux. Elle était sincèrement heureuse pour Catelyn. Elle était pour cela et la lignée des Grafton seraient assurés avec cet enfant. Sa sœur renchérir affirmant à quel point elle était heureuse.
« Je me doute oui que tu dois être dès plus heureuse. Je suis contente pour toi. Je suis sûre que tu seras une mère merveilleuse pour cet enfant. »
Jayne ne possédait pas la démonstration de sa sœur sur sa propre joie. Mais Catelyn la connaissait assez pour voir que le sourire qui s’affichait sur le visage de la Bracken était sincère.
« Pour quand est-il prévu ? Tu as conscience qu’il va falloir que tu restes au calme pendant plusieurs lunes… »
Elle taquinait sa sœur mais cette dernière était très énergique. Désormais, elle vivait pour deux et trop d’activité pouvait être néfaste pour la grossesse. Il fallait espérer que la grossesse mette un peu de sagesse et de calme dans la tête de sa sœur.
« Et si tu as besoin de quoique ce soit, tu n’hésites pas d’accord. Je serais là pour toi Cat. »
Elle n’avait pas pu être présente pour Barbara quand elle avait perdu ses jumeaux. Jayne s’assurerait que ce ne soit pas le cas pour sa petite sœur. Elle serait présente à ses côtés quel que soit l’issu de cette grossesse. Lythène ne pouvait pas être là pour accompagner sa fille dans le processus, mais Jayne le serait. Elle s’en faisait la promesse.
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I’m so excited !
Catelyn Grafton est le stéréotype parfait de la dame Ouestrienne. Elle a été élevée en véritable dame du Conflans par sa mère Lythene, suivant parfois les exemples de ses sœurs aînées, Barbara et Jayne. Respect. Courtoisie. Foi. Loyauté. Bienséance. Toutes les valeurs et les principes, elle les avait apprises et acquises. Bien que troisième-née, elle ne pouvait qu’être parfaite en tant qu’épouse de seigneur. Elle était heureuse de devenir la femme de lord Gerold Grafton et de prendre une telle importance. Elle ne remercie jamais assez son père d’avoir contracté ce mariage pour elle. La jeune femme était également heureuse pour sa sœur, Jayne. Elle allait devenir reine, reine des Sept Couronnes. Quelle aubaine ! Les filles Bracken s’en sortent finalement bien dans ce jeu d’alliances rudement bien mené par Jonos. Catelyn était faite pour cette vie, c’est ce qu’elle souhaitait depuis toute petite. Elle ne désirait aucunement se consacrer aux Sept. Elle les prie mais ne veut pas vivre pour eux. Elle voulait se marier, à un bon parti – ce qui est gagné – faire des enfants, vivre avec une famille nombreuse, se montrer, épauler son époux, paraître parfaite, côtoyer le gratin mondain. Cette vie était faite pour Catelyn Bracken.
Ainsi, elle ne pouvait pas garder cette nouvelle pour elle toute seule. Catelyn n’était pas connue pour savoir garder les secrets. Elle était trop curieuse, trop excitée, trop… tout. Un secret avait une espérance de vie plus basse qu’un éphémère chez la jeune femme. Mais celui-ci la concernait elle et elle avait tous les droits de le dire à qui voulait bien l’entendre. Catelyn avait donc décidé d’offrir ce cadeau à Jayne, qu’elle soit la première à apprendre que sa petite sœur était enceinte. Elle était remplie de joie et avait bien du mal à se contenir. Cela contrastait quelque peu avec l’austérité dont pouvait faire preuve sa sœur. Néanmoins, un sourire vint parfaire son joli visage et Catelyn n’en fut que plus heureuse. Jayne la félicité, clama qu’elle était heureuse pour elle et lui demanda alors pour quand il était prévu. Une petite taquinerie la fit rire au passage. Elle avait l’habitude et elle se savait très, trop, enjouée parfois. Il est vrai que la grossesse à venir, dans un contexte si particulier de surcroît, ne serait sans doute pas de tout repos.
- C’est prévu pour la fin de l’année. Le mestre semble estimer le terme dans le courant de la douzième lune. Je suis si contente, Jayne. Papa va tellement être content !
Elle voulait le crier sur tous les toits mais le mestre lui avait fait promettre de tenir sa langue. Les premières lunes sont parfois fragiles et personne ne sait ce qui peut arriver. Le mestre conseillait d’attendre un peu, que tout se mette en place. Il avait sans doute raison. Catelyn était excitée mais se rappelait bien vite qu’elle n’y connaissait rien et que sa mère était bien trop éloignée d’elle pour l’épauler dans cette nouvelle épreuve. Alors qui de mieux que Jayne, sa sœur, pour être cette personne. Il ne faisait aucun doute qu’elle serait là pour sa petite sœur et Catelyn la remercia chaleureusement, s’approchant d’elle et la prenant dans ses bras.
- Merci, sœurette ! Cela risque d’être étrange, de rester calme quand le moment sera venu. Ce n’est pas à toi que je vais apprendre que je tiens rarement en place.
La preuve en était, elle n’arrêtait pas depuis qu’elle était entrée dans la pièce et pire encore depuis qu’elle avait annoncé la nouvelle.
- Si seulement Beth, Aly et maman étaient avec nous. Elles me manquent tellement. Elles te manquent aussi, j’imagine…
Sa mère et ses deux petites sœurs étaient loin d’elle. Catelyn aimait bien sa nouvelle vie mais lorsqu’elle apprit la chute de la Haye-Pierre et l’éparpillement de sa famille, elle ne pouvait que s’inquiéter pour leur sort. Lythene, Beth et Alysanne étaient en sécurité chez des alliés de Jonos, mais qui sait pour combien de temps alors que Westeros s’engouffre dans une nouvelle guerre et que le Val est sur le point de vivre sa première bataille.
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La joie de Catelyn était épuisante bien que rafraîchissante. Jayne ne savait comment contenir se surplus d’énergie qui ne serait probablement pas très bon pour l’enfant qui grandissait dans le ventre de sa petite sœur. Surtout que la grossesse était très peu avancer si le mestre estimait le terme de l’épouse du seigneur de Goëville à la fin de l’année. En revanche elle ignorait si on pouvait réellement dire que Jonos Bracken serait content d’apprendre la nouvelle. Il serait probablement satisfait de voir l’alliance qu’il avait construit avec les Grafton se conclure avec cette grossesse, mais rendre heureux le seigneur de la Haye Pierre était peut-être un peu trop optimiste aux yeux de la jeune femme.
Jayne n’eut pas forcément le temps de répondre qu’elle sentit les bras de sa sœur s’enrouler autour de ses épaules. La rousse tapota maladroitement l’épaule de Catelyn pendant l’étreinte. Pas pour lui demander de la lâcher mais plus pour répondre à cette embrassade fulgurante qu’elle n’avait pas vu venir et dont la jeune née Bracken avait le secret. Mais au moins, Cat reconnaissait qu’elle allait devoir faire des efforts pour rester calme. Elle savait très bien qu’elle avait tendance à ne pas tenir en place. Mais cette fois ci elle n’aurait pas le choix si elle voulait pouvoir offrir à son époux un enfant en pleine santé.
« Il est vrai Cat, et ce n’est pas quand le moment sera venu. Dès maintenant. Tout le monde dit que les premières lunes sont les plus incertaines, mets tout la chance de ton côté et évite de surmener ton corps avec trop d’excitation. Il va falloir que tu apprennes à mieux gérer tes émotions. »
Jayne n’avait pas dit cela d’un ton sévère. Si elle pensait réellement les mots qu’elle avait prononcés, elle les avait tournés en légère taquinerie pour tenter de mieux faire passer son message sans que sa sœur ne se vexe.
Catelyn évoqua l’absence du reste de leur famille. Leurs sœurs ainsi que la belle mère de Jayne, Lythène. Elles manquaient probablement plus à Cat qu’à l’aînée des deux Bracken, mais elle ne pouvait nier que l’absence du reste de sa famille et leur exil forcé ne la peinait pas. Elle aurait préféré continuer de vivre sa vie à la Haye Pierre en attendant son mariage avec le Roi. Mais les dieux en avaient décidé autrement, Barbara en avait décidé autrement.
« Elles me manquent également, mais je suis sûre que nous serons prochaines réunie toutes ensemble. Je doute que ta mère te laisse seule face à ce changement dans ta vie. Elle voudra certaine faire le trajet jusqu’à Goëville.»
Jayne ne savait pas si elle croyait elle-même à ce qu’elle venait de dire. Avec la guerre qui était à leur porte, il était difficile de dire s’il était possible que la famille Bracken pouvait être de nouveau au complet. Une incertitude grande mais il était de son rôle de grande sœur de rassurer sa cadette.
« Mais je suis sure qu’elles seront ravies d’apprendre cette bonne nouvelle quand tu leur enverras un corbeau pour leur annoncer. »
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Il était clair que Jayne et Catelyn n’étaient pas les sœurs les plus proches au monde mais elles s’aimaient beaucoup. Leur caractère était complètement opposé entre l’excitation constante de la jeune future maman et le calme religieux de la future reine. Néanmoins, cette opposition entre elles venait également à les faire se compléter. Si Catelyn était tout excitée à l’idée de devenir maman, d’être enceinte, de mettre au monde un enfant, Jayne se montrait plus mesurée, rappelant à sa sœur que les premières lunes étaient déterminantes et importantes. Il fallait qu’elle se ménage, qu’elle se calme et qu’elle fasse attention à elle. La jeune femme en était quelque peu consciente, elle qui ne voyait que par son engouement pour tout ce qui la ravissait. Les lunes à venir devront être calmes pour elle, pour que la grossesse poursuive son cours et arrive à terme dans de bonnes conditions. Comme le lui rappelle sa sœur, il fallait qu’elle gère et contrôle ses émotions, chose qui n’était pas évidente pour Catelyn Grafton.
- Je sais, je sais… Cela ne va pas être facile mais je m’efforcerai à le faire, pour moi, et surtout pour le bébé. Le bébé…
Catelyn s’interrompit elle-même, ne croyant pas en ses propres mots. L’émotion monta et ses yeux se remplirent de larmes tandis qu’elles parlaient de lady Lythène, la mère de Catelyn, et leurs deux petites sœurs. Elles manquaient terriblement aux deux Conflanaises et elles espéraient toutes deux qu’elles aillent bien. Depuis la chute de la Haye-Pierre et la venue de Jonos et Jayne à Goëville, il ne se passait pas un jour sans que Catelyn prie et pense pour sa mère et ses sœurs, restées dans le Conflans.
- Tu penses que je peux leur écrire ? Avec tout ce qu’il se passe, ce serait sans doute dangereux… Oh… Jayne… Maman… Alysane… Bess. Elles sont si loin de nous. Pourquoi père et toi n’êtes pas venus avec elles ?
Les larmes montèrent de plus belle et Catelyn se laissa complètement submerger par cette émotion soudaine. Les joies de la grossesse, se dit-elle, mêlées à une prise de conscience du contexte dans lequel elle se trouvait, un contexte de guerre, dévoilant désormais le jeu de certaines familles. Les Bracken n’étaient plus sous couverture et il en allait être de même pour les Grafton. Avec le débarquement de la Compagnie Dorée, le retournement de veste du seigneur de Goëville ne resterait pas un secret bien longtemps. Mais c’était là le but de Viserys. L’effet de surprise demeurait encore un peu mais venait désormais le temps de passer à l’attaque. Catelyn se tenait bien éloignée de toutes ces intrigues mais comprenait enfin que la guerre était là, qu’elle ne faisait que commencer et qui sait, combien de temps, elle durera. La jeune femme en pleurs se laissa blottir tout contre sa sœur, tentant de reprendre son souffle et son calme.
- Pardonne-moi, ma sœur… Je ne pensais pas que je passerai de l’excitation aux larmes en si peu de temps. Voilà que je gâche notre moment…
Elle se confondit en excuse tandis qu’elle essuyait ses larmes qui ne cessèrent de couler.
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Catelyn n’était encore qu’une enfant, malgré ses dix-huit années et son mariage elle n’avait rien d’une femme mure prête à prendre ses responsabilités et agir avec sagesse. Couvée jusqu’à son mariage entre les murs de la Haye Pierre, elle avait joui d’un confort que beaucoup jalouserie mais surtout loin des responsabilités qui pourraient être les siennes. La demoiselle venait de se retrouver propulser dans le monde des adultes et elle voyait se monde remplir de paillettes et de douceurs. Enceinte, elle était comme une enfant à qui on offre un présent : excité et pressé de pouvoir utiliser ce présent. Mais un bébé mettait dix lunes à venir. Au moins, cet évènement lui apprendrait la patience. Quant au reste, elle ignorait si sagesse et retenu arriverait à se frayer un chemin jusqu’à elle.
« Tu le sais mais si je ne te l’avais pas dit, tu ne l’aurais pas fait. Tu vas devenir mère Cat, il faut que tu grandisses et que tu penses à ton enfant, à ta famille et aux gens sous ta responsabilités maintenant. Tu es intelligente, utilise ta tête pour calmer tes émotions et ne pas les laisser te submerger. »
Jayne était à l’antipode de ça, le conseil inverse aurait été de mise pour la rousse qui au contraire, refouler la moindre parcelle d’émotion qui pouvait la traverser, gardant tout pour elle, ne laissant transparaitre le moins de chose possible.
Catelyn se demanda si elle pouvait écrire à sa mère et ses sœurs, et passa de l’excitation en larmes en un simple claquement de doigts, provoquant un léger soupire de la part de Jayne. La fiancée du Roi joua cependant son rôle de grande sœur.
« Tu peux à condition de ne rien révéler de compromettant. Rien sûr la guerre, sur notre présence. Car le corbeau pourrait être intercepté par nos ennemis. Mais si tu leur annonces juste ta grossesse, et juste ça, l’ennemi ne pourra pas s’en servir contre nous. » Jayne fit une pause avant de répondre à la dernière question de sa cadette. « Elles nous auraient ralentis. Le temps pressait, et contrairement à Beth et Alysanne je peux supporter de longs voyages à cheval. Le mieux était de se séparer et qu’elles aillent chez un de nos alliées, pas trop loin. Nous ne pouvions pas perdre de temps car les corbacs allaient se presser pour tenter de nous coincer suite aux décisions de Barbara. S’il y avait eu un moyen, elles seraient venues avec nous. »
Si Jayne n’avait pas été une cavalière expérimentée, elle aurait probablement suivi sa belle-mère et ses sœurs, laissant son père galoper à bride abattue vers Goëville. Ce qui était une bonne chose, elle pouvait aider sa sœur, se préparer à son future rôle, s’adapter et apprendre à vivre dans une ville, faire plus ample connaissance avec Viserys...Même si les évènements avec son aînée avait dû mal à passer, elle avait de quoi faire et n’était pas terrée au fin fond du Conflans à attendre que la guerre passe.
Catelyn fondit en larmes et s’effondra dans les bras de Jayne. La rousse se raidit quelques instants, surprise. Elle caressa doucement la chevelure brune de sa sœur, pour essayer l’apaiser.
« Tu apprendras à contrôler tes émotions, il faut juste que tu réalises qui tu es devenue maintenant. Mais tu y arriveras j’en suis sûre. »
Elle éloigna sa sœur et avec ses pouces essaya les larmes de crocodiles qui coulaient sûr les joues de Catelyn.
« Il faut que tu sois forte car le pire est devant nous. Sèche tes larmes et relève la tête petite sœur. »
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Effondrée, ne sachant pas comment contrôler ce flot d’émotions qui traversait son corps, Catelyn s’en était pleinement remis à sa sœur, Jayne. Plus sérieuse, plus contrôlée, plus sereine, elle apparaissait comme la personne idéale pour l’épauler dans son nouveau rôle, son nouveau statut, sa nouvelle vie. Elle regrettait amèrement que sa mère et ses sœurs n’aient pu poursuivre leur chemin jusqu’à eux mais comme le disait sa sœur, elles n’étaient pas aussi bonnes cavalières que le père et la cadette. L’ennemi était à leurs trousses. Il avait fallu faire vite et aujourd’hui, la famille Bracken se retrouvait éparpiller et sans maison. Catelyn eut bien du mal à reprendre son calme et sécher ses larmes. Était-ce la guerre ou une prise de conscience soudaine due à la grossesse ? Elle n’en savait rien mais elle commençait à comprendre qu’elle devait grandir, qu’elle devait accepter de grandir, mûrir. Elle n’était plus la petite fille à son papa. Elle était une femme, une épouse et bientôt une mère. Elle savait qu’elle devait changer, devenir celle que son père espérait qu’elle devienne en épousant lord Gerold.
- Tu as raison…
Les mots de Jayne étaient justes et permettaient à la jeune femme de se rendre compte une nouvelle fois de la situation dans laquelle elles étaient. Alors que les hommes se préparaient à la guerre, les femmes se préparaient à la solitude. Bientôt, la bataille ferait rage dans la péninsule de Goëville. Il était clair maintenant, avec le débarquement de la Compagnie Dorée, que la guerre s’enclenchait entre les deux Dragons et que l’avenir de Westeros était entre leurs mains. Au fond, il ne fallait pas le nier, Catelyn aurait souhaité demeurer la petite fille qu’elle était. Chouchoutée par son père, protégée par son père, gâtée par son père, elle avait eu une vie merveilleuse à la Haye Pierre, sans se soucier de ce qu’il se passait en dehors de ces murs. Elle n'en oubliait pas l’amour de sa mère, tout aussi présente que son père, ainsi que ses sœurs. Si aujourd’hui, Barbara ne faisait plus partie de ces gens qui lui manquaient, elle avait une profonde pensée pour Alysane et Bess.
- Je ne dirai rien sur la guerre. Je veux juste leur écrire que je vais bien et leur annoncer la nouvelle quand le moment sera venu.
Malgré la volonté de Jayne d’essuyer les larmes de sa sœur, celles-ci coulaient à nouveau. Catelyn baissa son regard rempli d’émotion. Elle était si heureuse de sa présence à ses côtés. Elle savait qu’elle pouvait être énervante par moment mais elle était comme ça, c’était dans son caractère. Sans doute qu’elle changerait dans le futur, il fallait l’espérer, mais en attendant, elle serait ainsi, comme elle a toujours été. Ces derniers mots la frappèrent et Catelyn prit alors la main de Jayne dans la sienne pour la serrer légèrement. De son autre main, elle essuya ses larmes, renifla, étouffa un sanglot, reprit le contrôle de son corps et de son esprit. Elle se calma et releva les yeux vers sa sœur.
- Je serai forte, je te le promets, grande sœur.
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- HRP:
- @Jayne Bracken Si ça te convient, on peut conclure sur ça, qu'en dis-tu ?
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