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Ne retournerais-tu pas vers lui ?

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Ne retournerais-tu pas vers lui ?

La Dame Chaton se contenta d’un rire à la réponse de Sacha. Elles aimaient se taquiner réciproquement ; une complicité de plus en plus rare à trouver et à garder au fil du temps. Pourtant, les voici, et elles n’étaient pas près d’arrêter leur activité.

Mais la conversation prenait une tournure plus sérieuse. Perdu sa fille en couche… ? L’épouse d’Ashter ? Non, impossible. Elle en aurait entendu parler, et s’en serait rappelée. C’est là que Félicité eut le déclic. La seule dame qu’elle connaissait qui a récemment perdu sa fille en couche était Nephelie. L’épouse de Meliodas. Et si… Et si Meliodas était l’homme pour qui Sacha avait acheté ces présents ? Et si c’était lui le chevalier pour lequel elle irait prier ? C’était beaucoup plus clair et logique sous cet angle. Sacha n’allait évidemment pas retourner vers Yarwyck alors qu’il était marié, et si subitement ; elle ne le ferait pas en voulant lui envoyer des messages via des cadeaux, non plus. Se sentant presque coupable d’avoir eu de telles théories, elle se gratta l’arrière du crâne.

« Oh mes dieux, si… J’ai… J’ai dû oublier. »

Avait-elle fait d’une petite voix, peu fière. Alors qu’elle allait reprendre avec plus d’explications de comment elle a pu oublier un tel évènement, Sacha lui faisait signe de garder silence- soit. Félicité débuta à son tour ses prières. Brèves, mais directes. Que le Père amène justice à sa famille. Que la Mère protège sa cousine et sa meilleure amie. Que le Guerrier et le Ferrant guident les soldats ouesteriens lorsque le ban sera levé. Que la Jouvencelle lui trouve un bon parti, et un à Sacha. Finalement, que l’Aïeule la guide dans ses épreuves. Elle avait pris plus de temps que sa meilleure amie- une première. Ses prières seront-elles acceptées ? Félicité Hill, la bâtarde de l’Ouest, l’espionne de la Lionne ? Pourtant, elle a péché ; elle a menti, elle a raconté des ragots et a toujours eu une certaine fierté et orgueil en elle. Les Septs ne voudront certainement pas d’elle. Mais ses profonds désirs ont été énoncés à l’enceinte de ce lieu de culte- ce qui suivrait sera dans Leurs mains divines.

Alors que le duo ressortait du Septuaire, Félicité tira encore plus sa cache pour se protéger des rayons solaires. Sacha faisait-elle une référence religieuse qu’elle ne comprenait pas ?

« Pourquoi pas ? Ma Septa m’a dit que l’on pouvait prier la Mère simplement pour garder ses proches en sécurité… Et pour sa miséricorde. »

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An 304, lune 3 semaine 2

Ne retournerais-tu pas vers lui ?

Oublier… Je l’observai avec attention :

« Dis pas ça devant Meliodas. »

Pas question de lui faire de la peine en lui rappelant que sa femme avait fait une fausse couche. Les deux avaient beaucoup souffert et moi… moi aussi… Quelque part. J’avais perdu une petite sœur en quelque sorte.

« Ils ont perdu une p’tite fille, t’sais… C’est pas une douleur… qu’on peut oublier. »

Surtout pas. Je priais longuement, laissant Félicité faire sa vie un peu avant de l’attendre à sa sortie et plaisanter sur le fait que moi je n’aurais jamais à prier la mère pour moi. Je l’observais.

« J’parlais pour moi directement, dame Chaton. Bien sûr que j’prierais pour toi et pour les autres. Mais pour moi, pas b’soin. J’serais jamais mère ou quoi. »

Je haussais les épaules avec un sourire amusé. Pas de mariage pas d’enfant, pas d’enfant pas de prière pour soi à la mère. Pour les autres, oui. Pas pour moi. Je repoussais en arrière ma queue de cheval avant de l’écarter pour éviter qu’elle ne marche dans la boue. Je l’observais avec attention.

« T’as cru que j’achetais des cadeaux pour qui d’ailleurs ? »

Pour qu’elle semble si étonnée de ma manière de faire et d’acheter des cadeaux. J’étais pas sûre de saisir ou de vouloir comprendre ce qu’elle avait compris… ou envie de comprendre dans mon comportement. Je saluai d’un geste un marchand avec gentillesse avant de regarder à nouveau mon amie avec attention.

« À quoi tu penses sous ta crinière petit chaton ? »

Je lui tapotais la tête avec un sourire avant de l’éloigner à nouveau d’une flaque de boue. Il n’y avait que ça en ce moment.
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Ne retournerais-tu pas vers lui ?

Oui, c’était certain qu’elle ne le dira pas devant Meliodas, elle ne parlait d’ailleurs pas de ces affaires devant les autres. C’était simplement un sujet sensible, et bien qu’échanger quelques secrets et ragots était une activité appréciée par Félicité, elle ne la faisait qu’avec des élus choisis par ses soins. Parler de tout et de n’importe quoi dans la haute sphère était une activité dangereuse, car l’on ne savait jamais ce que l’on pourrait dire de mauvais ou de risqué, et il était bien connu qu’un simple mot de trop pouvait avoir des conséquences indésirées. Même si cela était une raison en soi pour garder silence, le fait que ça concerne Meliodas rends la chose encore plus importante, dû à l’amitié que lui porte la Dame chaton. Elle n’était peut-être pas aussi proche de son épouse qu’elle l’était de lui, mais les amis de nos amis étaient nos amis.

« Tu peux compter sur moi. »

Contrairement à son amie, Félicité pensait un jour se marier. Mais qui voudrait d’elle, au vu de son rang ? Les options étaient limitées. Un chevalier fieffé ? Le troisième fils d’un seigneur ? Ce n’était pas suffisant pour la blonde essayait de ne pas trop y penser, mais en même temps, n’oubliait jamais les leçons de Dame Cersei. Les charmes et la séduction étaient des armes plus puissantes qu’une lettre de noblesse.

« Oh, ne dis pas ça, pourquoi pas ? »

Répondait-elle avec un sourire, visiblement optimiste comme à ses habitudes. Mais voilà que vint la question que Félicité craignait légèrement, et qui les ramenait sur le sujet de leur promenade. Lui confesser qu’elle pensait qu’elle achetait des cadeaux pour son ex-intérêt romantique n’était peut-être pas la meilleure façon de complimenter sa diligence ou sa sagesse. Profitant du fait que Sacha soit occupée à saluée un marchant, Félicité réfléchit encore plus au sujet, se demandant quoi répondre. Elle n’a jamais menti à Sacha, depuis leurs rapprochements. Elle n’allait certainement pas commencer à le faire aujourd’hui ! Evitant de près une flaque de boue, le lionceau répondit avec un sourire nerveux.

« Eh bien… Eh bien… Je pensais que t’allais offrir quelque chose à… Enfin, à l’autre. »

Fit-elle en insistant sur son dernier mot, comme si ce prénom ne devrait pas être prononcé.

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An 304, lune 3 semaine 2

Ne retournerais-tu pas vers lui ?

Félicité oubliait souvent que je n’étais qu’une roturière, même si j’étais au service de Dame Cersei… clairement, mais je restais surtout en partie de la lie de l’humanité, à peu de chose près hein, et surtout je n’étais pas dans les clous : une femme portant une épée ce n’était pas commun après tout… Mais tant mieux qu’elle ne dise rien à Meliodas ! Ce n’était pas la peine de remuer la douleur dans le cœur de mon père de cœur. Alors non, on ne disait rien à ce sujet. Non, ça valait mieux que personne n’en parle… Sauf moi avec Meliodas parce que je pouvais résister à un de ses coups de poings. Bon je volerais sur une lieue ! Mais quand même. Je secouais légèrement la tête.

« Parce que pour avoir un enfant Félicité, il faut se marier. Et comme je n’épouserais personne… Le calcul est vite fait. Dame Cersei ne me laisserait pas épouser qui que ce soit si ce n’est pas dans ses projets. Je suis faite pour l’épée, pas pour un foyer. »

Je haussais les épaules. Je l’avais toujours su après tout… Enfin ce n’était qu’un détail ! On continua notre chemin et je lui posais quelques questions sur qui avait-elle pensé. C’était pas clair, même dans ma tête, mais j’avais compris le principe. Offrir quelque chose à l’autre. Je cillais. L’autre. Garlan ? Garlan était pas là, sa femme n’avait pas fait de fausse couche. Je fronçais les sourcils sans comprendre. L’autre…

« L’autre ? »

Là, elle m’avait perdu la Dame Chaton… Je ne comprenais pas trop à qui d’autre j’aurais… Je me retournais vers elle brusquement avant de la prendre par les épaules et ma voix se fit sifflante et basse :

« Tu pensais à Lord Asther ?! »

Je me mordis les joues en me retenant de la secouer :

« Félicité ! Il est marié ! De une et de deux je ne causerais pas de peine à son épouse et de trois… Il est père ! Qu’est-ce qu’il t’ait passé par la tête ?! Tu pensais sérieusement que je retournerais vers lui ?! J’ai éprouvé des choses pour lui, mais c’est largement fini ! »

On avait décidé de rester amis, et s’il y avait encore beaucoup d’affection, cela faisait longtemps qu’on ne s’était pas vu et je ne causerais pas de dommage autour de moi de ce côté là !
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Ne retournerais-tu pas vers lui ?

Bien que Sacha ne soit qu’une roturière, Félicité oubliait souvent ce détail. Cela venait du fait qu’elle s’approchait de leurs rangs plus que quelque autre classe sociale ; elle était une bâtarde. Elle n’héritera jamais, et tous étaient destinés à la considérer moins que ce qu’elle est. Ce que lui disait son amie était toutefois désolant. Ne pas se marier si ce n’était pas dans les projets de la Lionne… C’était pourtant vrai, et tel était le cas pour Félicité aussi. Mais elle n’était pas faite pour l’épée. Elle était faite pour la vie de dame. Elle s’imaginait souvent vivre un amour passionnel avec son seigneur, et être une excellente mère, présente pour ses enfants. Elle ne se pensait cependant pas capable de tenir le fief lorsque son époux sera en guerre ou malade ; elle n’avait aucune notion de politiques ! Si ça ne tenait qu’à elle, elle dînerait avec les paysans et lancerai des banquets tous les soirs. Et puis, qui a besoin de nouveaux septuaires ? Cette monnaie sera plus utile pour acheter des tissus à Félicité. Perdue dans ses pensées, Félicité fut ramenée à la réalité par son amie qui lui attrapait l’épaule. Pour l’espace d’un instant, elle avait oublié ce qui venait de se passer ou de quoi elles parlaient. Mais le tout lui fut revenu assez rapidement- et heureusement.

« Ash… Oh… »

Parvint-elle à dire avant de se mordre la lèvre inférieure. Elle était peu fière de ces idées. Elle savait Sacha peu capable de faire cela. C’étaient simplement ses principes ; un homme marié restait avec sa femme, et l’on ne retourne pas à un individu auquel on a renoncé. Et puis, elle était trop religieuse pour ça. Pourtant, voilà que les théories de la bâtarde partaient loin. Après tout, des personnes qui se retrouvaient après s’être séparées n’était pas rare. Une servante à Castral Roc lui a une fois dit que l’amour était comme un feu de forêt. Peu importe combien de fois on tente de l’éteindre, il restera toujours une flamme quelque part, menaçante de tout prendre en otage si l’on n’est pas diligent. Félicité n’a jamais réentendu parler de cette servante- les Lannisters n’appréciaient sûrement pas qu’on mette de telles idées dans la tête de leurs dames.

« Je… je sais… je suis désolée. Je suis juste… Confuse, et puis… Et puis, c’est juste dur de bien réfléchir avec tout ce qui se passe et de bien… Être logique et juste… Enfin… La guerre… Et mon oncle Tywin ils ont… Enfin… Et les soldats… »

Visiblement stressée, voilà qu’elle se perdit dans les mots. Les dernières lunes ont effectivement été dures pour la dame chaton. Sa famille menaçait de se briser, avec les assassins et la guerre. Elle, une jeune adolescente, qui a passée sa vie à être chouchoutée par ceux qui l’entouraient, faisait soudainement face à la laide réalité de la chose. Le monde n’était pas rose, et les chevaliers saignaient sous leurs armures étincelantes. Le choc n’était pas facile ; les personnes qu’elle pensaient invincibles ne l’étaient plus, et les contes qu’elle pensaient véridiques n’était qu’une poudre aux yeux. Finalement, elle se trouvait de plus en plus à rêvasser, sûrement pour échapper à ce qui risquait de leur faire face. Extérioriser ses craintes semblait toutefois lui avoir fait du bien ; voilà qu’elle se laissa aller contre Sacha, la prenant dans ses bras. Elle voulait lui en parler depuis maintenant des semaines, mais il fallait croire que contrairement aux murs, les rues n'avaient pas des oreilles- ou du moins, c'est ce qu'elle croyait.

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An 304, lune 3 semaine 2

Ne retournerais-tu pas vers lui ?

J’étais en colère parce que j’étais très pieuse ! Que j’avais beaucoup de principes après tout. Je serrais les épaules de la jeune lionne. J’étais en colère et vraiment je me retenais de la secouer pour lui faire rentrer dans le crâne que je n’étais pas une catin des bas quartiers ! Je faisais tout pour la protéger, ce petit chaton, de la violence du monde. Moi, j’étais en quelque sorte immunisée, mais pas elle. Alors j’essayais de lui faire rentrer dans le crâne que le monde n’était pas un roman et que bien souvent la fin n’était pas souvent joyeuse. Avec le seigneur Asther c’était comme ça : je savais que c’était obligé que cela se finisse mal ! Mais le choc avait quand même été violent. J’avais pleuré pour la première fois de ma vie devant Dame Cersei. Mais c’était autre chose. Je plongeai mon regard dans celui de Félicité pour lui faire comprendre. Et elle sembla devenir livide.

Et merde. Elle venait de se jeter dans mes bras. Je n’aimais pas être touchée, sauf par quelques personnes dont Félicité faisait partie. Mais ce câlin brutal me figea une longue seconde avant que je la prenne dans mes bras. Je ne savais pas consoler les gens, j’étais une machine de guerre, pas une peluche ! Je lui tapotais le dos en restant maladroite en passant mon autre bras pour la serrer contre moi. Qu’est-ce que je pouvais dire d’autre ? Lui dire qu’elle devait s’habituer ? Que c’était la guerre ? Je serrais légèrement les lèvres. Je ne savais pas mentir, j’étais pas une menteuse.

« Félicité, c’est la guerre, c’est stressant, angoissant et tout ce que tu veux. Mais c’est « normal » parce que c’est la guerre malheureusement. »

Je tapotais le dos sans rien dire de plus pendant quelques secondes.

« Mais je te promets que je te protégerais, d’accord ? Je te protégerais, toi et dame Cersei. Il ne vous arrivera rien du tout. »

Quitte à ce que j’y laisse la vie. Je passais une main dans ses cheveux blonds avant de la repousser un peu et je lui fis doucement pencher la tête vers le pommeau de mon épée. J’étais plus grande que Dame Cersei déjà.

« Regarde, qu’est-ce qu’il y a autour de mon épée ? C’est tes couleurs que tu m’as confiées. J’te défendrais, d’accord. Je laisserais rien t’arriver. »

Je lui relevais le menton pour lui offrir un sourire rassurant.

« Ça ira. »

Il y aura des morts, peut-être que c’est moi qu’elle mettrait en terre ? Mais je ne voulais pas lui mettre cette idée en tête.
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