Luncheon on the Grass ▬ Alyria

# Ven 10 Sep - 18:35

Luncheon on the Grass
An 304, Lune 3, Semaine 1

Hortense avait décrété que leur séjour à Peyredragon ne se déroulerait pas ainsi. Elle avait décidé de faire abstraction des pépiements d'Aemma et Tyana. Elle avait décidé de faire abstraction de ses propres soucis, ses propres inquiétudes au sujet du Conflans et du royaume tout entier, de ses propres craintes quant à leur survie à toutes. Elle avait décidé de faire abstraction du deuil de la princesse Margaery qui avait perdu sa cousine, et de la reine qui pleurait un enfant. Elle n'avait pas fait tout ça par manque de respect, bien au contraire, elle avait estimé, à juste ou mauvais titre, que le futur, aussi sombre s'annonçait-il, ne s'écrirait pas dans les plaintes et les larmes… Toutes ici devaient tirer un enseignement de ce qui se déroulait partout sur le continent. Les non-dits, les rancœurs, les orgueils blessés, tous ceux qui avaient décidé de garder le silence par défaut s'étaient unis sous une même manière : celle du félon. Il devait paraître urgent à toutes que le futur ne devait plus se dérouler comme le passé s'était écrit, et Hortense avait décidé d'amener cette joie qu'elle avait connue à Château-Rosières, ici, à Peyredragon. Non pas ce que cela fut aisé. Il fallait dire que le château légendaire des Targaryen était sinistre. Il était à l'image de l'ambiance générale. Morose. Sombre. Froid. Entièrement opposé à Hortense. Sur tous ces points.

C'était sur les coups de midi que Hortense avait décidé de dérouler son stratagème. Elle avait abandonné la reine sans prévenir depuis plus d'une heure, et avait décidé de rebrousser chemin en direction des appartements royaux. Hortense avait alors pénétré dans la pièce, un large sourire pendu à ses oreilles, et des feux d'artifice dans les yeux. « Sir Harlan, aidez sa Majesté à se lever. Nous sortons. » La reine observa sa dame de compagnie, surprise, peut-être inquiète, passablement agacée aussi, sans doute, Hortense ne put que le supposer, par une absence qui n'avait pas été programmée durant cette matinée. Elle ne prit pas le temps d'écouter quoi que ce soit tandis qu'elle se dirigeait vers une malle où se trouvaient les affaires de la reine. Elle farfouilla et en sortit en magnifique manteau au col d'hermine. « Nous sortons mesdames... » Adressa-t-elle aux autres dames de compagnie. Hortense posa son regard sur Tyana qui lui jetait un air désapprobateur. « Nous sortons lady Tyana. » Répéta Hortense plus fermement. La maison de la reine sortie à la file indienne, se questionnant sur le pourquoi de tout ce remue-ménage et en tentant d'arracher quelques informations à la jeune Conflanaise… Qui de mot ne pipa.

Arrivant sur les marches qui menaient à l'extérieur du château, Hortense se retourna vers la reine, elle sortit un bandeau d'une poche avant de s'adresser à sa maîtresse, un sourire taquin au coin des lèvres. « Pour votre sécurité. » Assura Hortense avant de bander les yeux royaux. Elle donna sa main à la reine tandis que sir Harlan Veneur était de l'autre coter, assurant les pas d'Alyria Targaryen. Ils furent une petite centaine de pas avant d'arriver jusque-là plage. Des rires d’enfants résonnaient déjà. Hortense se glissa derrière la reine, défie délicatement le nœud du bandeau et le retira avec vivacité. « Surprise ! » Prononça-t-elle en prenant garde de ne pas trop hausser le ton, de peur de rendre sourde la reine. Hortense avait fait installer des nappes à carreaux rose, blanc et violets. Des tables basses avaient disposé tout autour pour mettre en place des amusent-gueules, du fromage, des oiseaux rôtis et des pâtisseries. Des coupes-vents avaient été plantés tout autour afin d'éviter que le sable ne vienne souiller la nourriture, les rafraîchissements et les convives… Même si, aux yeux d'Hortense, le sable faisait à l'évidence partie d'un pique-nique, tout comme les insectes lorsqu'on mangeait sur l'herbe. Le petit prince avait été convié et jouait sous la surveillance attendrie de sa nourrice. Un cerf-volant dans la main d'Aerion, un choux à la crème dans l'autre, il riait aux éclats. Hortense observait la reine avec attention attendant sa réaction.

Date d'inscription : 01/02/2020

# Lun 11 Oct - 16:35

Surprise ! – Part 1

- Fire & Blood -

Peyredragon était une forteresse lugubre. C’est toujours ce qu’avait pensé Alyria en s’y rendait. Pourtant, elle y appréciait les séjours qu’elle avait pu y passer, malgré les circonstances de ceux-ci. Néanmoins, ce nouveau séjour, le troisième en moins de deux ans, n’était pas le bienvenu. La reine s’éloignait de la capitale alors que la guerre faisait rage. Elle aurait souhaité demeurer auprès de son mari et de ses enfants, pas de fuir au loin. Hélas, les Sept ne l’avait pas épargné ces dernières lunes. En l’espace de quatre lunes, elle subit deux fausses couches sans que le Grand Mestre puisse en expliquer les raisons. La première était la plus frappante puisque la grossesse était avancée à deux mois tout juste. Elle avait presque eu la confirmation qu’elle était enceinte par le Grand Mestre qui avait préféré se montrer prudent. La troisième lune aurait permis un diagnostic plus précis. Mais, cela n’arriva pas et la confirmation se présenta sous une forme que la reine redoutait. Elle avançait en âge, venant de fêter son trente-huitième anniversaire. Les femmes de cet âge ne se risquaient guère à de nouvelles grossesses. Rares elles étaient à atteindre le terme. Mais elle le voulait. Elle voulait un autre enfant pour Rhaegar et malgré cette fausse couche, ils continuèrent à essayer. En vain. La seconde fut plus rapide mais pas moins douloureuse. Le corps de la reine était déjà fatigué et malgré la rapidité de cette nouvelle perte – à peine un mois de grossesse – Alyria l’avait ressenti. Elle s’était affaiblie au cours des jours qui suivirent et il fut ainsi décidée qu’elle partirait à Peyredragon pour son repos et sa sécurité. Malheureuse, elle ne fit guère grand-chose dans les premiers instants dans la forteresse. Entourée de ses dames – hormis lady Taena qui avait suivi son époux s’en retournant à Longuetable – son fils, son petit-fils et quelques hommes pour leur protection, Alyria savait que ce nouveau séjour serait bien plus long que les précédents. La guerre était là, les nouvelles de l’Orage le confirmaient. Alyria ne rentrerait pas à Port-Réal avant que celle-ci trouve son issue, espérée ou redoutée.

Le printemps était de retour. Voilà au moins une nouvelle qui pouvait ravir les cœurs. Cela se ressentait dans l’air et il était plus agréable de profiter des jardins de Peyredragon que la dernière fois. Néanmoins, Alyria sortait peu, préférait demeurer dans ses appartements ou bien dans un des salons, près du feu. Ses dames de compagnie étaient au petit soin pour elles et elle en était reconnaissante. Elles avaient, par ailleurs, été rejointes par la princesse Margaery et ses propres dames. Ser Jacaerys Velaryon, pauvre homme, il avait perdu son épouse et son enfant en couches, les avait accompagnées jusqu’à Peyredragon. Cela faisait bien plus de monde et redonnait quelque peu vie au château. La reine était contente bien que souffrant d’un mal que personne ne pourrait soigner. Elle n’en montrait pas les signes en public, demeurant forte et courageuse. Alyria était reine et elle s’efforçait de ne montrer aucune faiblesse même si les gens l’entourant pouvaient aisément se douter du mal qui la rongeait. La présence de ser Harlan et ser Preston la rassurait. Ils avaient tous deux été si bienveillants à son égard lors des derniers séjours. Elle ne pouvait que leur accorder sa confiance. Ce matin-là, elle avait ordonné à ce qu’on la laisse tranquille au moins une heure. Elle souhaitait se reposer. Aerion et Aemon étaient entre de bonnes mains tandis que ses dames pouvaient aisément profiter de leur temps libre et de tenir compagnie à la princesse Margaery ou bien vaquer à des occupations tout autre. Ces derniers temps, elle était en proie à d’horribles cauchemars. Quand ce n’était pas Viserys lui-même qui venait tuer Aerion sous ses yeux, il s’agissait d’enfants, des bébés qui marchaient à peine et qui mourraient dans ses bras. La reine se réveilla en sueur après l’un d’eux et il lui fallut bien cinq minutes pour s’en remettre alors qu’elle se passait de l’eau sur le visage. Après s’être habillée, Alyria profitait de l’air frais de son balcon en compagnie de lady Aemma et lady Tyana, revenues aux côtés de la reine lorsqu’elle les fit mander.

Derrière elle entra Hortense Piper, sa jeune dame de compagnie. Cela faisait maintenant un an qu’elle était à son service. Le temps filait à une vitesse. Elle était revenue avec la reine après le mariage de Godric Manning et Melara Cole mettant ainsi fin à cet échange des dames pour le moins intéressant. Elle avait apprécié les quelques lunes passées en compagnie de lady Elyana mais était plus qu’heureuse de retrouver Hortense. Elle était ainsi entrée déterminée dans les appartements de la reine, sommant ser Harlan d’aider la reine. La jeune conflanaise était bien décidée à sortir, semble-t-il. Voilà un empressement qui fit froncer les sourcils de la reine. Néanmoins, elle ne dit mot et suivit Hortense Piper, bien que son envie de sortir était au plus bas. Elle n’était justement pas sortie depuis plusieurs jours et cela faisait déjà une lune et demie qu’ils étaient toutes et tous présents à Peyredragon. La reine ne pouvait nier qu’elle était assez intriguée par cette soudaine lubie de sa jeune dame. Était-ce là un moyen de s’affirmer par rapport aux deux autres dames ? Était-ce plutôt pour faire sortir la reine, ne lui laissant alors aucun choix quand bien même elle est la reine et que personne ne peut lui dire quoi faire ? Alyria ne savait pas. Elle savait que la jeune femme était très bienveillante et attentionnée. Ils la suivirent donc dans le dédale de couloirs jusqu’à l’extérieur du château où Hortense lui tendit un bandeau. Alyria n’était pas rassurée soudainement. On ne peut pas dire qu’elle soit très accessible en ce moment à tout niveau. Néanmoins, elle se laisse bander les yeux et, malgré tout, fait confiance à la jeune femme. Ils se dirigeaient clairement vers la plage et Alyria put entendre des rires d’enfants avant que sa dame ne lui enlève le bandeau en criant de joie « Surprise ! ». Alyria regarda autour d’elle et aperçut alors l’installation faite par Hortense. Ses yeux s’imbibèrent de larmes qu’elle ne put retenir.

- Lady Hortense, je… je…

La reine ne put s’exprimer correctement. L’attention de sa dame était si touchante et sortait de l’ordinaire. La routine à Peyredragon était des plus monotone, il fallait le reconnaître. D’autant que la reine était sujette, quoiqu’on en dise, à une dépression depuis ses deux fausses couches. Elle n’en laissait rien paraître en surface mais cela pouvait se voir par moment. Elle ne put, cela dit, pas dire un mot à Hortense tellement l’émotion était présente. Alyria se dirigea directement vers sa dame qu’elle prit dans ses bras, laissant s’échapper quelques larmes que personne ne verrait, assurément. Elle lui murmura alors à l’oreille.

- Merci…

Après quoi, elle s’avança plus loin, s’essuyant rapidement les yeux alors que son fils lui sautait dans les bras.

- Mama !!!

Elle eut tout juste la force de le porter lorsqu’il s’élança et il lui fit un gros câlin avant de retrouver le sol. Les convives s’avancèrent à leur tour autour de l’immense nappe dressée. Les gardes prirent position de part et d’autre de l’endroit du pique-nique. Alyria souriait et cela faisait bien plusieurs semaines voire lunes que ce n’était pas arrivé. Le temps était agréable, l’endroit magnifique, les mets rassemblés avaient l’air délicieux. La reine se tourna à nouveau vers lady Hortense lorsqu’elles furent toutes assises.

- Vous êtes surprenante, lady Hortense, c’est le moins que l’on puisse dire.

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# Ven 5 Nov - 14:54

Luncheon on the Grass
An 304, Lune 3, Semaine 1

Alyria serra Hortense ses bras. Là était toute la réaction que la jeune Conflanaise attendait. Évidemment, la reine n'avait pas pour habitude de se laisser guider les yeux fermés, sans rien contrôler, et surtout que l'on aille à l'encontre de son avis. Et si Hortense avait pu déceler un certain agacement de la reine face à son petit manège, tout avait rapidement disparu lorsque la surprise avait été révélée. Après tout, n'était-ce pas le propre d'une surprise ? Être agacé de ne pas savoir, énervé de voir que quelque chose se trame sans que l'on sache ce qui se passe, pester de ne pas être dans la confidence et puis finalement ravi lorsqu'on découvre finalement que c'était pour le mieux. Tout le monde était là. Tout l'entourage de la reine. Volontairement, Hortense avait tenu en retrait la princesse Margaery de ce moment, non pas qu'elle n'appréciait pas l'altesse, au contraire, mais elle n'était pas certaine que la combinaison des deux quotidiens actuels de Margaery et Alyria les tirait vers le haut… Alyria avait connu ses pertes, Margaery également. Elles avaient chacune choisie une attitude bien différente pour réagir à cela, mais, qui une fois assemblées, se révélaient plus néfastes qu'autres choses aux yeux d'Hortense. Conserver la reine loin, ne serait-ce que quelques instants, cela lui était apparu comme une bonne solution et une décision à prendre. Le jeune prince couru vers sa mère, et Hortense remarqua la difficulté avec laquelle la reine peinait à le soulever… Faute a la fatigue, faute à une sous-alimentation, à un manque de sommeil. Hortense n'imaginait que trop mal tout ce qui devait s'assembler dans l'esprit royal. Elle ne prenait pas le risque d'essayer de comprendre, pas plus que de consoler la reine. Son deuil, elle devrait le faire seul, et elle ne souhaitait pas s'attirer les foudres de cette dernière par un mot mal interprété, notamment lorsqu'on était à fleur de peau. Elle préférait agir, à sa manière.

Elle glissa discrètement un mouchoir vers la reine pour qu'elle puisse essayer les sillons de larmes sur ses joues rosies par l'émotion. L'air de la mer était vivifiant. Guillerette, Hortense se pencha pour désigner un à un les mets disposés ici par les cuisinières et les cuisinières de Peyredragon. « Un pâté de pigeon, une tourte à la daurade... » Finit-elle par énumérer. « Des cerises, des fraises et des framboises confites. Des pâtes de fruits à la pêche. » Confia-t-elle tandis que lady Aemma portait à la bouche une de ces sucreries avant de sourire. « Gourmande ! » Moqua Hortense avant de continuer. « Votre Majesté, j'ai également mis les mains aux pâtes si je puis dire… Puisque j'ai confectionné moi-même cette tarte aux pommes. Une recette que j'ai tirée de mes heures passées dans les cuisines de Château-Rosières, à observer. J'espère qu'elle sera à la hauteur des autres mets préparés par les formidables cuisiniers de Peyredragon. » Hortense tapota dans ses mains en souriant. « Nous avons également un jus réalisé avec les toutes premières oranges en provenance directement du Bief… Je suis certaine que cela s’accommodera parfaitement avec tous ces mets. » Hortense sourit à la reine. « J'essaye de faire de mon mieux votre Majesté. J'espère que tout ceci vous convient et surtout que je n'ai rien oublié. Je crois que j'ai effleuré les difficultés que peut rencontrer la domesticité à organiser un repas… Je n'ai su comment choisir entre toutes ces tourtes, ces bouillies, ces confitures, ces gâteaux. » « Comment avez-vous fait lady Hortense ? » Demanda Aemma, curieuse. « J'ai tout goûté ! » S'exclama la jeune femme avant de rire aux éclats dans un rire communicatif.

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# Sam 6 Nov - 18:15

Surprise ! – Part 2

- Fire & Blood -

C’était si inattendu, là est le principe d’une surprise, que la reine fondit en larmes dans les bras de sa dame de compagnie. Il était rare que cela se fasse devant des personnes et Alyria cachait bien son visage au reste de la petite assemblée et surtout de son fils qui les avait rejoints. Il était hors de question qu’il voit sa mère pleurer. Alyria était émue de cette attention particulière de lady Hortense et touchée par celle-ci. Elle ne savait comment la remercier et sentit alors quelque chose se glisser dans sa main. Un mouchoir. Décidément, cette jeune femme avait pensé à tout. Un regard et un sourire complice vinrent accompagner ce geste et la reine put alors essuyer ses larmes. Ils se dirigèrent ensuite vers les mets rassemblés par la jeune femme et il y en avait des tas qu’elle leur énuméra. Alyria ne savait plus où se mettre. Tout cela pour elle. Non pas qu’elle n’était pas habituée, elle était reine et depuis plus de quatre ans maintenant, elle avait l’habitude de l’abondance des attentions à son encontre. Mais celle-ci était particulière. Elle savait pour quelles raisons Hortense avait fait cela. Ce n’était pas simplement parce qu’elle était reine mais parce qu’elle était triste, affaiblie, déprimée. Ces dernières semaines avaient été lourdes pour la reine tout comme l’atmosphère générale était lourde avec la guerre aux portes de Westeros. Les deux fausses couches de la reine avaient été un coup de massue énorme pour elle. Son corps et son esprit en étaient encore fragiles. Elle arrivait à peine à soulever son petit garçon, qui lui, grandissait toujours plus. Ser Harlan était constamment à ses côtés pour l’aider à marcher. Il lui faudrait, comme le mestre le lui avait dit, plusieurs jours voire semaines pour aller mieux mais pour cela, il fallait manger, bouger, vivre, avancer. Chose que la reine n’arrivait pas toujours à faire.

Gourmandises. Volailles. Tourtes. Tartes. Fruits. Légumes. Tout était présent. Alyria n’avait pas faim bien sûr mais elle ne pouvait nier que certains mets donnaient envie et créaient une sorte d’appétit. Elle ferait bien sûr un effort pour sa jeune protégée mais il ne fallait pas qu’on attende d’elle de manger de tout. Elle ne pourrait pas survivre à un tel festin. Riant de la gourmandise de lady Aemma qui s’était laissée happer par une sucrerie, la reine demanda discrètement à ser Harlan de la faire asseoir. Elle serait bien mieux assise que debout, écoutant la suite d’Hortense. Elle avait elle-même préparé certains plats, ce qui ravissait la reine. Cette-dernière invita d’ailleurs tous les convives à s’asseoir. Elle avait en horreur ces scènes où la reine seule était assise. Surtout dans ce cas précis où elle s’était assise car elle souffrait. Tout ce qu’Hortense avait annoncé donnait réellement envie et la reine n’avait finalement qu’une hâte, à défaut d’avoir réellement faim, c’était de goûter çà et là des petites bouchées de plusieurs mets à l’allure appétissante.

- Lady Hortense, quel festin !

Lady Aemma, qui finissait avec émerveillement la petite sucrerie, demanda à Hortense, qui n’avait su faire des choix parmi tous les mets, comment elle avait procédé. La réponse de la jeune femme fit alors rire l’assemblée. Tout goûter était la solution effectivement. Même la reine s’était mise à rire, oubliant la mauvaise nuit qu’elle avait passé les noires pensées qui la suivaient depuis son arrivée. Cette journée se poursuivrait bien mieux qu’elle avait commencé grâce à Hortense Piper, sa fraicheur, sa jeunesse et sa bienveillance si adorable.

- Du coup, j’imagine que c’est à notre tour de goûter à tout, n’est-ce pas ?

La reine provoqua un nouveau rire collectif puis fut interrompu par son jeune fils qui semblait désirer quelque chose. La vue de tous ces mets devait également lui plaire, lui qui était très gourmand.

- Mama.

- Oui, mon chéri ?

Le jeune prince montra du doigt de délicieuses pâtes de fruits. La reine lui glissa à l’oreille quelques mots que lui seul pouvaient entendre. Le jeune prince, tout content, s’avança vers le plateau sur lequel se trouvait les pâtes de fruits et en prit une. Il alla ensuite s’asseoir auprès de lady Aemma. De son côté, la reine porta à nouveau son regard sur lady Hortense. Son sourire, bien moins rayonnant qu’à l’accoutumée, était toujours présent et elle lui demanda ainsi.

- Par quoi voulez-vous qu'on commence, lady Hortense ? Que nous conseillez-vous ?

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# Dim 28 Nov - 17:08

Luncheon on the Grass
An 304, Lune 3, Semaine 1

Hortense prit place sur la nappe ainsi dressée lorsque la reine, une fois installée par ser Harlan, fit signe à ses dames de compagnie de s'asseoir à ses côtés. Chacune prit un coin et prit leurs aises. Hortense mit ses jambes sur le coter, de sorte à se protéger des embruns marins qui viendraient la surprendre, et malencontreusement, soulever ses jupons. Certes, elles étaient majoritairement entre femmes, et elle doutait que le jeune prince soit déjà intéressé par les choses de l'amour, néanmoins, il demeurait encore quelques gardes et hommes de confiance autour d'elles… Ils avaient prononcé des vœux, bien entendu, Hortense le savait fort bien, mais cela n'empêchait pas pour autant de balader ses yeux à ses endroits parfois inconvenants. Ils restaient des hommes avec des désirs et des pulsions. Hortense ne savait pas encore véritablement comment tout ceci fonctionnait, bien qu'en théorie on lui ait tout expliqué. En revanche, elle était certaine d'une chose, c'était qu'un manteau, peu importait la couleur, ne suffisait certainement pas à éteindre les sentiments humains… Aussi sages fussent-ils.

Hortense ri à la remarque de la reine, et comme unique réponse, elle dodelina de la tête, un large sourire s'étirant jusqu'à ses oreilles, en guise d'assentiment. Hortense observa le jeune prince aller vers sa mère, murmurer quelques mots. Elle le regarda s'avancer vers lady Aemma. Elle était, sans conteste, un véritable roc pour le jeune Targaryen, sans doute son second repère après sa mère, et avant sa nourrice. Hortense avait partagé son quotidien, fait ses lectures, et participer à son apprentissage comme la reine l'avait formulé lors de son entrée à son service. « Je me suis laissé dire, qu'un certain prince, appréciait particulièrement la crème qui garnissait les tartes servies lors des repas… » Prononça Hortense à l'intention du jeune Aerion. Elle souleva une cloche qui dissimulait un plateau où avaient été disposées des brioches garnies de crèmes et décorées de fruits confits. « Je crois qu'il s'agit d'une spécialité bieffoise. » Hortense reporta son attention sur la reine tandis que le jeune prince murmurait quelques mots à lady Aemma.

« Je n'ai pas vraiment de conseil quant à l'ordre de dégustation… J'avoue ne pas avoir réfléchi. » Hortense éclata de rire. Organiser tout ceci dans le plus grand secret lui avait pris tant de temps et d'énergie qu'elle n'avait pas pensé à la manière de déguster tout ce qui se trouvait sous leurs yeux. « Je crois que si nous devions nous conformer à l'étiquette, il nous faudrait débuter par les plats cuits et salés, pour terminer par les desserts… Lady Tyana, qu'en dites-vous ? » Demanda Hortense à sa consœur. « Effectivement. Il faudrait procéder ainsi. » Hortense et Tyana peinaient à s'entendre. Hortense trouvait lady Grandison trop figées, trop dure dans ses propos… Hortense n'avait pas sa rigidité. Elle estimait que la vie était suffisamment compliquée sans s'encombrer prérequis lorsque cela était possible. « Mais, votre Majesté, je préférerais que vous mangiez ce qui vous ouvre l'appétit… Aussi, dites-moi ce que vous souhaitez goûter et je vous prépare une assiette. » Hortense tendit le bras, attrapa une assiette, une fourchette. Un domestique tenta de s'avancer mais Hortense lui fit un signe négatif de la main. « Cela me fait plaisir. Servez plutôt un verre de jus d'orange à Sa Majesté. » Hortense esquissa un large sourire et tourna son regard vers Alyria. « Dites-moi, qu'est-ce qui vous ferait plaisir, Majesté ? » Hortense avait conscience que la reine n'était pas en grande forme, et elle préférait que la reine mange ce qu'elle désirait plutôt que de se plier à une quelconque règle qui la fasse manger des mets qui ne lui donnaient pas suffisamment envie. Un pas après l'autre. D'abord l'envie, le protocole ensuite.

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# Sam 11 Déc - 9:33

Surprise ! – Part 3

- Fire & Blood -

Alyria savait ses dames attentionnées à son égard. Elles l’étaient naturellement par devoir mais bien plus encore. Seule lady Tyana ne semblait pas faire plus qu’il n’en fallait pour la reine. Cette femme souvent aigrie et particulièrement dévote avait su malgré tout gagner la confiance de la reine mais il était clair qu’elles n’étaient pas aussi amies que pouvaient l’être la reine et lady Aemma. Quant à la jeune Hortense, elle était promise à un bel avenir. Elle servait la reine avec fraicheur, douceur et bienveillance. Cette surprise organisée pour elle le lui prouvait. Elle en était d’ailleurs encore toute retournée, mélangée à son chagrin immense d’avoir par deux fois perdu un enfant dans les premières heures de ses grossesses. L’on pourrait croire que la mère ne s’attache pas aussi rapidement à son enfant et pourtant, Alyria se voyait déjà le ou la porter dans ses bras, l’élever comme un enfant royal, aux côtés du jeune Aerion. Malheureusement, cela ne sera pas le cas et elle savait encore plus maintenant qu’elle ne pourrait plus jamais retenter l’expérience d’une grossesse et d’être mère à nouveau. Si son corps en était ressorti affaibli et souffrant, il fallait aussi voir que la guerre qui s’approchait à grand pas avait éloigné le couple royal et qui sait quand (ou si) ils se reverraient à nouveau. Alyria ne se faisait plus d’illusions désormais et devait accepter la dure réalité. Elle le devait, au moins pour Aerion mais également pour les deux autres enfants qu’elle considérait comme les siens : Rhaenys et Aegon.

Le sourire d’Alyria faisait plaisir à voir pour ses convives mais son visage trahissait sa douleur. Depuis plusieurs lunes, la reine faisait mine que tout allait bien. Elle ne craquait pas en public, pour les rares fois où elle sortait de ses appartements. Elle avait fini par exploser en sanglot devant sa fille qui était venue s’enquérir de son état. Elle avait alors tout lâché, chose qu’elle n’avait jamais faite auparavant et encore moins devant Rhaenys. Elle avait toujours tenté de demeurer forte et vaillante mais la douleur avait été trop grande. Lorsque la seconde fausse couche arriva, ce fut encore pire. La reine ne dormait presque plus, mangeait à peine malgré l’insistance de ses dames de compagnie. Elle les renvoyait expressément, ainsi que le prince, lorsqu’elle sentait qu’elle allait craquer et elle craquait seule, gardant auprès d’elle le petit coussin qu’elle avait hérité de sa mère, le serrant le plus possible contre elle, la réconfortant, en vain. Tentant de se concentrer sur la scène présente, forçant son sourire à rester tel quel, regardant son jeune fils manger goulument une pâte de fruit dont Hortense précisait qu’il s’agissait là d’une spécialité Bieffoise.

La reine avait alors demandé conseil à la jeune conflanaise pour savoir, parmi tous les mets préparés, lesquels venaient en premier. Se référant à lady Tyana et sa connaissance parfaite de l’étiquette et de la vie à la cour, Hortense conseilla de commencer par les plats salés et cuits. La reine, sans un mot, acquiesça de la tête puis face aux recommandations de la jeune fille, Alyria décida donc de lui faire plaisir. L’appétit n’était pas au rendez-vous, comme souvent ces derniers temps mais elle ne voulait aucunement que les efforts de sa dame soient vains. Aussi, elle lui demanda une part d’une des tourtes. Elles avaient l’air délicieuse. Elle ne rajouta rien pour le moment, il ne fallait pas non plus gâcher la nourriture. Le servant qui avait voulu préparer l’assiette de la reine avant qu’Hortense prenne l’initiative, lui servit un verre de jus d’orange qui semblait bien frais. Voyant que les convives attendaient qu’elle soit servie, elle leur fit signe, gracieusement qu’ils pouvaient se servir. Point d’attente nécessaire. L’étiquette était ici de rigueur mais la reine était dernièrement prompte à faire quelques souplesses. Elle en avait un peu marre du protocole, des ronds de jambe, des courtisans qui effectuaient leur révérence plus basse que terre. Elle voulait plus de ces moments de détente dans sa vie. Peut-être était-ce là la manifestation d’une lassitude qu’elle avait enfoui en elle. Quoiqu’il en soit, elle regardait ses dames, Aemma, Tyana et Hortense, le jeune prince Aerion, les deux gardes royaux Preston et Harlan ainsi que les servants et servantes. Tout ce petit monde semblait au petit soin pour elle. Certains semblaient heureux d’être là, à ses côtés, heureux de la voir sortir de cette forteresse qui pouvait faire peur, heureux de la voir sourire même si celui-ci cachait encore une souffrance des plus profondes.

- Merci, lady Hortense.

La reine saisit l’assiette, bien moins pleine que celle que venait de se faire ser Harlan, ce qui avait valu quelques petits rires de son camarade ser Preston. Harlan était un bon mangeur. Il avait raison, il pouvait en profiter. Tout sourire, la reine plongea alors son regard dans l’horizon lointain. La mer, avec le léger vent qui était présent, faisait quelques vagues mais semblait plutôt calme aujourd’hui. Était-ce là le calme avant la tempête ? Les pensées d’Alyria vacillaient entre ce qui lui est arrivé, l’atmosphère lourde qui pesait sur eux, l’inquiétude de savoir ce qu’il se passe à Port-Réal. Tout se mélangeait dans son esprit et pour une fois depuis qu’elle était à Peyredragon, elle se sentait, étrangement, bien. Le calme de la mer, le son des petites vagues, entendre ses gens parlés, voir le regard attendri d’Hortense, s’inquiétant pour la reine, admirer son jeune fils manger des pâtes de fruits et discuter avec lady Aemma. Tout était parfait et c’était grâce à Hortense Piper. Si Taena avait été là, elle aurait été jalouse. Alyria ne dirait pas qu’elle était soulagée de ne plus avec la myrienne à son service mais au vu de son comportement des dernières lunes, il était temps pour les deux femmes de reprendre le cours de leur vie sans l’autre. Taena avait été une amie et une confidente merveilleuse mais force est de constater qu’entre la reine et elle, il n’y avait finalement pas tant de points communs que cela.

- Hmm, cette tourte est délicieuse, vous ne trouvez pas, lady Tyana ? Je crois que nous ne mourrons jamais de faim maintenant que nous avons lady Hortense à nos côtés.

La phrase de la reine fit rire l’assemblée et des regards attendris se dirigèrent vers elle. Elle leva son verre de jus d’orange et le tendit vers Hortense avant de calmer.

- À lady Hortense Piper, pour cette surprise merveilleuse et ces mets tout aussi nombreux qu’appétissants.

Mais pas pour la reine dont l’appétit allait et venait. Quoiqu’il en soit, elle profitait de ce moment hors du temps. Elle oubliait les tracas le temps de quelques secondes, ne se concentrant que sur la jeune conflanaise qui se trouvait à ses côtés. Elle en remercierait encore lady Mariya dans sa prochaine lettre. Sa recommandation de la jeune Piper portait ses fruits. Voilà presque un an qu’elle était à son service et elle s’était déjà faite une place de choix dans le cœur de la reine.

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# Dim 26 Déc - 16:45

Luncheon on the Grass
An 304, Lune 3, Semaine 1

Hortense obtempéra et coupa une généreuse part de tarte à la reine. Elle savait, à force de l'observer, qu'Alyria dédaignait les repas et rechignait à se nourrir. Hortense n'avait, bien évidemment, rien relevé, en dépit de l'inquiétude palpable qui s'était emparé des dames de compagnie de la reine, ainsi que mestre de Peyredragon qui avait essayé de la raisonner, à plusieurs reprises. Il n'avait pas insisté. Personne n'insistait. La reine était en deuil. Toutes le savaient mais par égard pour la Majesté, ils n'en parlaient pas, ils attendaient tous que la reine décide par elle-même d'aborder ce sujet douloureux… Jusqu'alors l’occasion ne s'était pas présentée. Un jour peut-être. Néanmoins, Hortense gardait plus qu'un œil, si ce n'est les deux, sur la reine. Avec Tyana et Aemma, ser Preston et ser Harlan, cela faisait cinq paires d'yeux. Hortense s'était résolue. Alyria pouvait, légèrement, se permettre de rejeter l'alimentation, mais il viendrait un moment où cela ne serait plus permis. Il fallait qu'elle se remette. Il fallait qu'elle redresse la tête et si ce n'était pas pour elle, il fallait qu'elle le fasse pour Aerion. Il avait besoin de sa mère plus que tout au monde. La guerre était là. Hortense ne savait de quoi demain serait faite. Le danger était partout. Il était peut-être déjà sur Peyredragon. Elle ne le savait pas. Personne ne le savait. C'était ce qui était le plus angoissant. L'incertitude. Le mystère.

Hortense rit lorsque la reine évoqua qu'elle ne mourrait jamais de faim avec Hortense. C'était bien plus vrai qu'elle ne le disait. Des rires. Une authenticité presque familiale. Un moment simple qui lui rappelait son enfance et son adolescence passée à Château-Rosières. Ces heures passées avec sa cousine Mathilde à rêvasser, boire des thés, infuser des plantes aux goûts détestables pour les faire boire aux domestiques, qui, bienveillant, se pliaient aux jeux des deux demoiselles. Leurs courses folles autour des douves du château. Tonny et Tommy faisaient les pitres. Marq taquina avec malice sa sœur, la semant dans les champs. Des souvenirs, qui, l'espace d'un instant, firent perdre le sourire qu'arborait la Conflanaise. Ceci semblait si loin. Ces temps de bonheur avaient fondu comme la neige. Si vite. Hortense ne le réalisait que maintenant. Tous clamèrent son prénom tandis que la reine portait un toast en son honneur, et Hortense revint parmi eux. « Je n'y suis pas pour grand-chose. J'ai eu les idées et toute la domesticité de Peyredragon a fait le reste. Je leur dois beaucoup pour cette surprise. À vous. » Hortense leva son verre vers les valets présents. » Hortense bu une gorgée de jus d'orange et soupira de satisfaction. Un jus d'orange bien frais. « Je m'efforce d'être à la hauteur de la tâche qui m'a été offerte en entrant à votre service, votre Majesté. » Un secret qui avait été fort difficile à dissimuler, elle pouvait en convenir. « J'ai longuement hésité à mettre lady Aemma dans la confidence, mais je ne savais si vous alliez parvenir à cacher votre excitation… » Aemma reposa son verre et sourit. « Assurément que non. » Dit-elle avant de rire, emportant toute l'assistance avec elle. « J'ai une autre surprise. » Déclara Hortense avant de désigner à la reine une forme carrée dissimulée sous un morceau de tissu. « Je vous laisse soulever, votre Majesté. » Le jeune prince fit signe à Hortense de se pencher vers lui, et la dame de compagnie fit ainsi avant de sourire, amusée. « Il ne s'agit pas d'un chien votre Altesse, malheureusement non. » Confia-t-elle au petit garçon qui haussa des épaules, certainement déçu.

@Alyria Targaryen

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# Jeu 13 Jan - 9:56

Surprise ! – Part 4

- Fire & Blood -

Cette journée semblait être pleine de surprises. Si le levé de la reine n’avait pas été très joyeux, la surprise d’Hortense Piper, organisée dans le dos de toute la cour royale de Peyredragon, avait mis du baume au cœur. Alyria souriait, riait même. L’ambiance était au beau fixe et voir son fils heureux, voir son entourage heureux, sourire, rire, parler entre eux, ne pouvait que la ravir, elle qui n’était plus que l’ombre de lui-même depuis plusieurs lunes. Les deux fausses couches qu’elle avait subies l’avaient affaibli physiquement et moralement. Dans les premiers temps et pour une durée dont elle ne connaissait pas la fin, il fallait qu’on l’aide à marcher. Ser Harlan était toujours à ses côtés, jour et nuit, près de ses appartements à l’affût du moindre appel, à ses côtés lors des promenades matinales, en arrière lors des séances avec des courtisans. Il avait intégré le service de la reine et avait prouvé sa valeur plus d’une fois. Ce fut le cas pour ser Preston bien que celui-ci soit plus en retrait que le jeune valois. Quoiqu’il en soit, elle appréciait la compagnie de ces deux gardes royaux avec qui elle se sentait en sécurité. Si son corps commençait à nouveau à reprendre une forme de vie, malgré le peu d’appétit qu’elle ressent, il est clair que l’esprit était encore en souffrance et qu’il faudrait bien plus que quelques semaines à Peyredragon pour que la reine se remette de ces événements successifs marquant clairement la fin de sa vie de mère. Elle n’aurait qu’Aerion. Désormais, elle en était sûre et certain de son entourage avait beau dire le contraire, il fallait en prendre dès maintenant conscience.

L’heure n’était pourtant pas à la complainte. Alyria en avait également marre de broyer du noir. Elle avait du chagrin, elle savait que cela ne se remettrait pas en un jour mais elle désirait avancer. C’était un jour où elle le voulait vraiment en tout cas. Être là, entourée de ses dames, de son fils, de ses gardes, de certains domestiques. Ne pouvant décemment pas refuser de manger, Alyria avait demandé une part de tourte que la jeune Hortense lui servit. Elle était contente de cette surprise et clama alors sa reconnaissance en levant son verre vers Hortense. Toutes et tous l’encensèrent, la fêtèrent, la célébrèrent. Elle méritait cela, elle qui avait préparé toutes ces collations et ce petit moment doux et calme sur l’une des plages de Peyredragon. En ces temps bien troublés, il était appréciable de pouvoir se poser, d’oublier ses problèmes, de respirer, s’aérer, se libérer. Elle nota néanmoins, avant pendant les acclamations que la jeune conflanaise sembla disparaître le temps d’un instant, plongée dans ses pensées sans doute. Cela intrigua la reine mais il était peut-être inopportun de lui en parler devant tous ces gens. Par moment, Alyria oubliait que sa dame était encore une jeune femme, éloignée de sa famille, certes pour un honneur inestimable, celui d’être dame de compagnie de la reine. Seulement, être loin de sa famille pouvait parfois être dur à vivre bien qu’elle se soit rapidement adaptée au rythme de Port-Réal et de la vie de cour sous l’égide de lady Taena, lady Aemma et surtout lady Tyana, incollable sur l’étiquette.

- À vous également.

La reine suivit le mouvement d’Hortense qui saluait les petites mains qui l’avaient aidé à préparer tout cette ribambelle de mets et de boissons. L’ambiance était conviviale et faisait du bien au moral. C’était là bien tout ce qui comptait pour le moment. Mais la reine n’était pas au bout de ses surprises, pas encore en tout cas. Tandis que chacun mangeait, dégustait, buvait, découvrait les plats, Hortense notifia à la reine la présence d’un cadeau dissimulé sous un tissu. Alyria s’interrogea, se demanda ce que cela pouvait bien être tandis que le jeune Aerion faisait une tentative dans un murmure. Alyria regarda alors Hortense et lui dit de son ton doux et calme.

- Aerion aimerait bien un chien. À chaque occasion, à chaque paquet enveloppé, il espère...

Elle le regarda et dans un sourire, poursuivit.

- Un jour, mon chéri, un jour. Je te le promets.

La reine n’était pas contre les animaux, loin de là mais la situation des dernières lunes n’avaient pas permis de penser à ce genre de futilités quotidiennes. La guerre était là, bien présente. Mais lorsqu’elle vit la mine quelque peu déçue de son fils, elle reconsidéra la question. Finalement, un chien ne serait-il pas là l’occasion d’attirer l’attention de son fils, bien loin du tumulte de la guerre. C’était là un projet qu’elle remettrait à plus tard. Elle voulait ardemment savoir ce qu’il y avait dans ce paquet bien mystérieux.

- Vous me gâtez, lady Hortense. Cela ne fait qu’une année que vous êtes à mon service. Ne dévoilez pas toutes vos cartes des maintenant.

La reine et l’assemblée rirent à nouveau tandis qu’elle s’appliquait à ouvrir le cadeau, se demandant bien ce que la conflanaise lui avait à nouveau réservé là comme surprise.

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# Dim 16 Jan - 17:38

Luncheon on the Grass
An 304, Lune 3, Semaine 1

Un an passé. Un an durant lequel Hortense était passé par tellement de phases… Tellement de sentiments. Elle avait, à l’époque, quitté Château-Rosières à la hâte, après avoir gardé la demeure pendant plusieurs semaines, seule, avec son frère cadet, et ses cousins trop jeunes pour partir à la guerre. Elle avait vu revenir son père, son frère et ses cousins, mais pas son oncle. Elle avait éprouvé un grand chagrin, une vive douleur de ne pas voir revenir cet homme qu’elle aimait tant. Château-Rosières c’était une grande famille, une grande chaîne où chaque maillon avait son importance, et le Roi de la nuit avait coupé cette chaîne. Elle avait ensuite ressenti un grand honneur, puis beaucoup de questionnements, et enfin une grande inquiétude. Ce regard. Ce regard dément qu’elle avait vu dans la salle du trône. Ces couloirs à n’en plus finir. Cette cour qu’elle ne connaissait pas, ces règles qui lui étaient encore inconnues, des nobles dont il fallait se souvenir du nom pour ne finalement plus jamais les revoir… Une effervescence continuelle qui lui avait fait grandement regretter le Conflans, et son château. Des dangers. Un danger sous-jacent qu’elle avait pressenti, sentie et ressentie avant de prendre le chemin du Val. Un mariage suzerain, et un autre annulé. Elle avait eu l’espoir de voir son amie Kylis. De la voir, de lui parler, et puis, rien. Ses doutes, ses angoisses, et revenir à la capitale sans avoir pu se libérer de la pierre qui était apparue au creux de son ventre. Sans savoir comment, la reine était parvenue à la mettre à l’aise, et peut-être que l’ombre des deuils qui l’avait affligé avait permis à Hortense de se recentrer, de penser à autre chose qu’à elle-même. Elle avait toujours su bien faire cela. Penser aux autres plutôt qu’à elle-même. Penser à son père. Penser à ses frères, qui, entretemps s’était mariés sans elle. À sa cousine, Mathilde, qui avait abandonné son nom pour prendre celui d’un autre. Sans elle, à nouveau. Hortense avait peut-être compris qu’en vivant dans la crainte permanente, ce n’était pas vivre, et que les autres autour d’elle, eux, continuaient d’avancer, de faire des choix et d’évoluer. Hortense ne pouvait pas se permettre de rester statique, figer comme une poupée.

Peyredragon avait été une révélation. Une autre chance de prendre toute la mesure de sa nouvelle charge. La guerre et ses dangers. La cour et ses dangers. Hortense avait tout accepté puisqu’elle n’avait pas le choix, et que la reine le méritait bien. Son regard se posa avec tendresse sur sa maitresse. Alyria était une seconde mère pour elle, ou une grande sœur, si Hortense voulait projeter d’attentes sur sa relation avec la reine… Mais elle n’avait jamais vécu entouré de femmes. Château-Rosières regorgeait d’hommes. Sa mère avait été une vraie marâtre, et sa tante était morte lorsqu’elle était jeune. Quant à Mathilde… Hortense faisait plus office de figure maternelle que l’inverse. Hortense savait qu’Alyria ferait tout pour les garder en sécurité. Hortense en était persuadée. « Je me réinventerai Majesté. Vous insufflerez ma créativité. » Assura Hortense tandis que l’assemblée riait. Hortense tardait que la reine ne découvre le jeu de dames qu’elle lui avait fait fabriquer à Port-Réal. Il n’était pas en matériaux des plus rares… Mais il espérait que cela plairait tout de même à la reine.

@Alyria Targaryen

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# Dim 23 Jan - 11:08

Draughts

- Fire & Blood -

Cette journée prenait une tournure des plus agréables. Le repas organisé par lady Hortense Piper ravivait l’esprit de chacun. Tout le monde semblait si heureux. Même la reine souriait et se montrait prompte à participer à ces petites festivités. Loin d’être au bout de ses surprises, Alyria se vit alors offrir un cadeau. Les yeux rivés sur elle, l’assemblée n’attendait qu’une chose, qu’elle l’ouvre et découvre ce qu’Hortense avait de nouveau mijoté là. La sourire plus large, les yeux presque imbibés de larmes tant l’attention était adorable, la reine jeta un regard à sa jeune dame et lui dit ainsi.

- Vous me gâtez, lady Hortense. Cela ne fait qu’une année que vous êtes à mon service. Ne dévoilez pas toutes vos cartes des maintenant.

Cela provoqua quelques rires mais le sérieux revint assez rapidement lorsque la reine commença alors à dévoiler un magnifique jeu de dames en bois. Le coffret lui-même était en bois et le tout était magnifique. Alyria en était touchée si bien qu’une larme s’échappa sur sa joue. Il y avait en elle bien trop d’émotions dernièrement pour qu’elle puisse tout contrôler. Aucun des convives ne fit attention à cette larme qu’elle chassa bien rapidement et tous regardèrent avec attention le cadeau de la jeune conflanaise. Alyria, qui avait ouvert le coffret, admirait le fin travail de l’ouvrage. Reportant son regard vers Hortense, elle lui tendit la main, murmurant un remerciement qu’elle lui adressait à elle seule. À leurs côtés, les deux gardes royaux restaient sur le qui-vive mais avaient jeté un coup d’œil au cadeau que la reine avait reçu. Lady Tyana, comme à son habitude, restait de marbre. Lady Aemma était tout enchantée et regardait sa jeune comparse avec bienveillance. Le jeune prince, lui, regardait avec interrogation et attira l’attention de sa nourrice, qu’il était allé retrouver quelques minutes plus tôt, lui demandant ce que c’était et à quoi cela servait. Le jeune prince montrait encore une fois son esprit curieux et intéressé de tout. C’est alors que la reine se leva, avec l’aide de ser Harlan qu’elle remercia. S’adressant à l’assemblée, elle dit d’une voix claire mais douce.

- Encore une fois, remercions lady Hortense pour cette magnifique surprise. Cela ne pouvait pas mieux tomber. Vous avez égayé ma journée et je vous en suis infiniment reconnaissante.

Elle poursuivit ainsi, à l’attention de tout le monde.

- Profitez de ces mets et du beau temps. Si vous me le permettez, je voudrai faire quelques pas en compagnie de lady Hortense.

Alyria marqua une pause, jetant son regard sur sa jeune dame de compagnie. Une promenade en sa compagnie lui ferait du bien. De plus, elle voulait s’entretenir avec elle, en privé. Elle insista donc auprès des autres pour qu’ils restent, confiant la surveillance du jeune prince à lady Aemma. Ser Preston resterait avec ces dames tandis que ser Harlan accompagnerait la reine. Elle ne pouvait pas lui refuser cela et il ne lui laissait guère le choix. Quelle chance elle avait d’avoir ces deux gardes royaux avec elle. Alyria avait en eux une confiance aveugle et leur confierait sans aucun doute sa vie et celle de son fils.

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# Sam 12 Fév - 12:22

Luncheon on the Grass
An 304, Lune 3, Semaine 1

Hortense se contenta d’abaisser la tête tandis que la reine l’invitait à la suivre pour une promenade sur le bord de mer. Hortense avait peiné à s’acclimater à la capitale, il était vrai. Il fallait dire que son arrivée était arrivée au pire moment pour la Couronne, lorsque, le prince Doran avait finalement décidé de ne pas prendre parti dans la guerre qui allait opposer les deux frères Targaryen. Le prince Oberyn Martell avait été limogé puis chassé de la cour. Il avait échappé de peu à une mise à mort, Hortense en était persuadée puisqu’elle avait vu les regards terrifiés qu’avaient échangés les courtisans tandis que le roi Rhaegar laissait aller sa fureur… La découverte du Val au service de la princesse Margaery, et les rencontres qu’elle avait pu faire lui avaient fait le plus grand bien. Elle avait ainsi eu l’occasion de discuter avec sa famille, bien sûr, mais aussi le chevalier rouge et la fille de Melantha Ryger, qui, malheureusement avait expiré son dernier souffle lors de ces noces. Hortense avait regagné la capitale, et si tôt s’était-elle acclimatée à Port-Réal qu’il avait fallu prendre le chemin de Peyredragon. Hortense trouvait évidemment quelques similitudes avec le château de son enfance. L’île était calme, malgré sa proximité avec la capitale, et profitait d’un climat plus vif que celui du Donjon-Rouge. Mais la comparaison s’arrêtait là. Château-Rosières était bien plus accueillant que la place fort des Targaryen. Il était évident que si Valyria avait été, par le passé, une grande nation, elle ne devait pas être jolie à visiter au regard des goûts architecturaux des premiers enfants de l’antique Empire.

Hortense se demanda de quoi la reine voudrait bien parler avec elle, seule à seule. La reine Alyria n’avait pas été des plus bavardes depuis plusieurs lunes, depuis l’arrêt brutal et successif de deux de ses grossesses. Hortense avait mis tout cela en œuvre pour redonner le sourire à l’altesse royale, et elle avait constaté que cela avait fonctionné… Tout du moins, que tout ce ravissement n’était pas une façade et des airs de circonstance. La reine était rompue à cela, même si, elle peinait à dissimuler son mal-être et sa tristesse. Elles l’avaient perçue, toutes trois, et tentaient, plus ou moins, et à leur manière, de ménager la reine tant éprouvée par la vie et les dieux. Il était cruel de constater combien l’on pouvait être auréolé avant de comprendre que tout ce que l’on reçoit vient avec un prix. Hortense avait compris cela lorsqu’elle était revenue du Val. Elle était entrée au service de la reine, et le prix de cette place prestigieuse était le danger permanent qui régnait à la capitale, surtout en temps de guerre. La reine resterait-elle la reine ? Hortense n’en savait rien. Elle espérait seulement que cela soit le cas. Elle espérait que le roi Rhaegar gagne la guerre pour sa propre survie bien sûr, celle de sa famille, et surtout pour le salut de la reine. Qu’adviendrait-il d’elle si le prince empoisonneur gagnait ? Hortense chassa ses sombres pensées de son esprit, et esquissa un sourire à l’intention de la reine. « Vous n’avez pas froid, votre Majesté ? »

@Alyria Targaryen

Date d'inscription : 01/02/2020

# Ven 11 Mar - 10:35

One-to-One

- Fire & Blood -

Après cette effusion de joie autour de mets concoctés par lady Hortense, la reine avait souhaité s’entretenir avec la jeune Conflanaise, seule à seule. De plus, elle ne disait pas non à une promenade en bord de mer. Son esprit était constamment tourné vers Port-Réal et tout ce qu’il pouvait bien s’y passer. Le ciel s’était assombri. L’obscurité devenait de plus en plus présente et l’atmosphère s’alourdissait. En proie à de violents cauchemars, la reine dormait peu et mal, ce qui ne l’aidait pas à tenir les longues journées passées à Peyredragon. Elle se reposait souvent sur ses dames de compagnie et les nourrices du prince. Elle appréciait la compagnie de sa belle-fille, la princesse Margaery ainsi que de ses dames et de son fils, le prince Aemon. Heureusement, se disait-elle, qu’ils étaient là, avec elle, à ses côtés. La guerre était à leurs portes et de son côté, la reine devait faire le deuil des deux grossesses interrompues qu’elle avait subi. Si aujourd’hui, elle arrivait à tenir debout, c’était grâce à cet entourage qui était près d’elle. Elle n’en oubliait pas non plus les deux gardes royaux à son service. Ser Harlan Veneur et ser Preston Verchamps. Tous deux avaient montré à maintes reprises qu’ils demeuraient loyaux envers les Targaryen et envers la reine. Ils assuraient sa protection depuis plusieurs années maintenant, l’accompagnant lors de ses déplacements. Ce nouveau séjour à Peyredragon ne faisait donc pas exception.

- Du tout, très chère. Je trouve même ce vent agréable.

La reine sourit à l’attention d’Hortense qui s’inquiétait de voir la reine prendre froid. Alyria avait plutôt chaud. Le printemps se réinstallait doucement sur Westeros depuis plusieurs lunes maintenant et parfois les vents étaient encore bien froids. Mais la reine avait chaud. Elle étouffait parfois dans ses appartements ou bien à l’intérieur de l’immense bâtisse. Bien sûr, tout cela venait de ses inquiétudes quant à l’avenir de sa famille et du monde. La guerre entre Rhaegar et Viserys marquerait un nouveau tournant dans l’histoire de Westeros et aurait de lourdes conséquences sur le monde. Elle ne souhaitait pas y penser mais elle savait au fond d’elle, qu’il y avait un risque pour que cette guerre soit la dernière pour son époux. Rhaegar était fatigué, exténué, affaibli, en proie à une folie héréditaire qui lui faisait peur parfois. Mais Alyria n’en montrait aucun signe. Elle s’estimait chanceuse que le roi semble apaisé en sa présence mais il ne fait aucun doute que cette chance s’estompera avec le temps. L’audience du prince Oberyn, même un an après, restait dans les mémoires. C’est en repensant à cet épisode peu joyeux que la reine avait eu l’idée de cette promenade à deux. Lady Hortense fêtait son premier anniversaire au service de la reine et si celle-ci a toujours eu à cœur de se montrer bienveillante envers sa dame de compagnie, elle avait été bien peu présente pour elle ces dernières lunes. Elle voulait s’enquérir de sa santé, de son état d’esprit, savoir si la vie de cour lui plaisait, si sa famille ne lui manquait pas trop. Elle voulait faire un petit bilan de cette première année, qui avait été, pour le moins, fortement mouvementée pour la jeune Conflanaise et la reine aussi, par ailleurs.

- Comment vous sentez-vous, lady Hortense ? Vous êtes toutes et tous attentionnés à mon égard ces derniers temps que je n’ai pas pensé à m’enquérir de vos santés. Je m’en excuse et prends ce temps pour que nous poussions discuter ensemble...

Elle marqua une légère pause et reprit ainsi.

- Si vous le souhaitez bien évidemment ? J’ai bien vu par moment que des choses pouvaient vous tracasser. J’imagine qu’avec la guerre approchant, nous sommes toutes dans cet état d’esprit. De plus, vous êtes entrée à mon service il y a un an de cela et pas dans les meilleures conditions, je le concède. J’ose espérer que les premières semaines difficiles que vous avez pu vivre ont fini par s’évaporer de votre esprit et que les quelques bonnes choses qui ont pu se passer demeurent malgré tout dans votre mémoire.

Cela faisait du bien de parler d’autres choses que d’elle-même. Alyria prenait sur elle à chaque fois que ses dames prenaient soin d’elle, que le sujet des enfants revenait sur le tapis, la replongeant alors dans les pertes qu’elle avait subi. Elle n’était pas à plaindre, elle le savait. Deux fausses couches étaient un malheur malgré tout mais elle avait une pensée pour sa belle-fille qui avait accouché de deux mort-nés. Gaemon et Rhaella. C’était bien plus horrible que des fausses couches en début de grossesse, si tant est qu’elle pouvait comparer les situations. Les deux femmes continuaient alors leur marche près de la mer. Alyria sentait le vent caresser son visage. Un véritable bol d’air frais qui lui faisait du bien. Elle porta un nouveau regard sur la jeune femme et conclut alors.

- Je sais à quel point devenir dame de compagnie peut être difficile, encore plus avec le contexte de guerre dans lequel nous entrons. Sachez que vous pouvez tout me dire. Voilà un an que nous nous côtoyons maintenant. Vous avez ma pleine confiance et j’ose espérer que j’ai la vôtre en retour.

C’était là tout ce qu’Alyria demandait. De la confiance. Elle était passée par la même étape avec lady Taena, lady Aemma, lady Mariya et lady Tyana avant elle. Elles avaient toutes la confiance de la reine malgré leur caractère bien différent. Elle ne doutait pas que lady Hortense s’était accommodée à tout ça depuis le temps mais cela ne voulait pas dire qu’au fond d’elle, tout allait bien. La guerre les inquiétait toutes, certes, mais tout ne pouvait sûrement pas être mis sur son compte.

#663300 : Alyria Targaryen

@Hortense Piper

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# Lun 13 Juin - 11:42

Luncheon on the Grass
An 304, Lune 3, Semaine 1

« Bien votre Majesté, très bien. » Pouvait-elle seulement bien se sentir alors que la guerre se répandait comme un incendie dans une forêt de pins ? Hortense était comme une bête à l’affût. Elle sentait le feu, elle sentait les flammes, elle sentait l’odeur de brûlé, mais elle ne voyait rien. Elle savait que le continent était, progressivement, couvert par le feu et le sang, sans le constater par elle-même. Toute cette incertitude, cette inconnue, n’étais-ce pas finalement pire que se trouver sous le feu d’un dragon ou à l’intérieur d’un château en état de siège ? Hortense ne le savait pas vraiment. Elle n’avait jamais connu la guerre. Elle n’avait jamais connu les combats entre frères. La reine, elle-même, avait-elle déjà vécu cette situation ? Hortense n’en était pas certaine. C’était une chose différente de voir les hommes partir combattre les Marcheurs Blancs. C’était tout autre chose de voir des régions entières se soulever face à l’autorité d’un roi… Mais cette guerre fratricide, cette dissidence, cette félonie. Une guerre de patience, de position, d’hypocrisie. Une guerre à couteaux tirés directement dans le dos d’anciens alliés… Elle n’avait rien de franche, elle ne tenait pas de cette chevalerie que les seigneurs aimaient à considérer comme un art. « Il m’est arrivé de douter de ma légitimité à me tenir à vos côtés, notamment au moment de mon arrivée… Je n’ai pu que constater par moi-même que l’éducation que j’avais reçue, et que j’estimais de qualité à l’époque, était bien différente des exigences d’une cour telle que celle du Donjon-Rouge. »

« Je mentirai en disant que cette guerre ne m’ébranle pas… J’ai peur pour ma famille restée à Château-Rosières. J’ai peur pour mes frères et mon père, qui, sur ordre de lord Nerbosc, pourrait être amené à se battre et à périr au combat. J’ai peur pour moi, j’ai peur du sort qui pourrait nous être réservé à moi, lady Grandison et lady Belmore s’il advenait que les loyalistes au roi Rhaegar perdent la guerre… J’ai peur pour le prince Aerion, bien entendu. Je suis peinée de le voir ainsi exposer à l’adversité alors qu'il mérite qu’on lui donne le temps de s’épanouir et de grandir. » La gorge de Hortense se serra et elle prit une respiration. « J’ai peur pour vous. J’ai peur de cette force maigrelette qui semble peiner à vous lever chaque matin que les Sept font. » Hortense regarda la reine. Elle ne savait pas réellement si elle allait au-delà des limites qu’Alyria pouvait poser, mais tant pis, elle ne savait pas mentir, dissimuler le fond de sa pensée. Elle cachait sa propre fragilité, uniquement, mais elle était top transparent pour parvenir à mettre sous le tapis ses opinions… Du moins sur le long terme. « Je mets toutes mes forces pour vous aider à vous redresser, à vous relever, vous donner la force qui vous manque actuellement… Je veux vous donner tout ce que je possède, ce qui est fort peu. Vous avez bien plus que ma confiance, Majesté. Vous avez ma dévotion tout entière. » Hortense sourit avant de porter son regard vers l’horizon, laissant l’odeur iodée de la mer remplir ses narines. Elle prit une profonde inspiration avant de reprendre. « En ces temps difficiles, je crois être arrivée à la conclusion que nous avons tous notre part à faire, et que notre rôle à nous toutes ici, c’est de maintenir une image de la monarchie qui soit inspirante pour celles et ceux qui se battent pour la cause de sa Majesté. » Le roi Rhaegar. Le roi qui faisait toujours aussi peur à Hortense. Une image qui s’était peu à peu estompée depuis leur départ de la capitale, comme un mauvais rêve qui finissait par s’évaporer dans la nuit vaporeuse. « Tomber n’est pas interdit. Personne n’est infaillible. Ni vous, ni moi. J’ai souvent pleuré lors des premières nuits que j’ai passé au Donjon-Rouge : esseulée face à l’immensité, impressionnée par les regards insistants des courtisans, inquiète face à la complexité de l’étiquette… Vous avez été l’espoir qu’il me fallait pour croire en ma capacité à m’acclimater. Je veux croire maintenant que c’est à mon tour de vous rendre ce que vous m’avez donné. » Hortense sourit à nouveau. « Vous êtes une lumière vive, chaleureuse sans être brûlante, réconfortante sans pousser à s’appesantir… Vous avez faibli. Certes. Mais je crois que vous brillerez à nouveau, plus fortement encore qu’auparavant. C’est tout ce qui compte. Je n’ai aucune influence sur la guerre, je ne peux rien faire hormis craindre l’avenir… J’ai décidé que mon quotidien ne se résumerait pas à cela. Vous êtes celle qui me pousse à me lever chaque matin en dépit des angoisses et de l’époque difficile que nous vivons. Vous êtes ma seule priorité. Je vous tiendrai la main le temps nécessaire, puis je retournerai à mes craintes familiales lorsque vous illuminerez notre chemin, à nouveau. » Hortense esquissa un petit rire avant de plonger son regard dans celui d’Alyria.

@Alyria Targaryen

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# Sam 25 Juin - 15:23

Speak from the heart

- Fire & Blood -

La discussion entre Hortense et Alyria se faisait plus intime. C’était là la volonté de la reine. Après un an passé à ses côtés, la jeune Hortense avait sans doute besoin de parler, d’extérioriser, de faire un peu le bilan de cette première année qui n’avait pas été de tout repos. Alyria voulait qu’Hortense se sente libre de tout lui dire même si la vérité pouvait parfois ne pas être aussi belle qu’elle l’espérait. La reine ne savait que trop bien que la situation de dame de compagnie pouvait parfois être une tâche ingrate. Il fallait qu’elle laisse son cœur parler et c’est ce qui sembla se produire alors qu’elles poursuivaient toutes deux leur promenade sur la plage de Peyredragon. Alyria l’écouta attentivement, la regarda avec fierté comme une mère pouvait regarder son enfant. Elle commença son monologue par le constat de voir que son éducation était bien différente des attentes de la cour royale. Alyria ne pouvait qu’acquiescer. Sa dame et elle venaient sans aucun doute du même milieu. Toutes deux issues de familles mineures, ayant eu une éducation plutôt modeste mais acceptable dans le milieu nobiliaire mais qui demeure bien loin de l’éducation royale. L’étiquette était stricte et il semblait avoir été difficile pour Hortense de s’en accommoder. Alyria ne pouvait que comprendre tout son ressenti. La guerre les atteignait et les atteindrait toutes et tous. Dès son arrivée, Hortense en avait eu un aperçu avec la rupture entre la Couronne et Dorne qui n’avait sûrement pas aidé la jeune fille à se dire que son nouveau statut valait le coup.

Hortense exprima ensuite ses peurs auxquelles Alyria acquiesçait d’un regard compatissant. Ces peurs, elle les avait également. La peur pour le roi. La peur pour son fils. La peur pour ses autres enfants. La peur pour le royaume qui se déchire à mesure que la guerre s’installe. Que dire de sa bienveillance à l’égard de la reine ? Elle en était profondément touchée, sentant l’émotion remonter à nouveau. Tout comme lady Aemma et lady Tyana, la jeune Conflanaise avait été là dans les bons comme dans les mauvais moments, surtout les mauvais moments de ces dernières lunes. Les deux fausses couches de la reine avaient monopolisé ses propres pensées et elle pouvait aisément compter sur ses dames pour la lever, l’habiller, l’aider à marcher lorsqu’elle ne pouvait pas. Elle avait maigri à cause de son petit appétit des premières semaines pendant lesquelles elle ne mangeait que très peu. Aujourd’hui, elle semblait reprendre de la force mais cela n’empêchait pas ses dames de s’inquiéter, de demeurer à ses côtés, d’être là quoiqu’il arrive. En entendant les mots de la jeune femme, Alyria sentit les larmes lui monter aux yeux. Quelle belle preuve de dévotion ! Elle ne regrettait aucunement son choix. Elle voulut s’exprimer mais l’émotion était trop forte, elle n’en fit rien de peur de tout lâcher au milieu d’un phrase. Elle laissa la jeune femme poursuivre son discours.

Ses mots étaient sages et vrais, digne d’une jeune Conflanaise bien instruite. Son éducation comme celle de la reine finirait finalement par coller avec l’étiquette royale. Hortense avait de nombreuses qualités et elle n’aurait jamais été mise à cette place qui est la sienne désormais si elle n’avait pas fait l’affaire. La reine pensa alors en parler dans sa prochaine lettre à son amie, lady Mariya, une ancienne dame de compagnie, la prédécesseuse d’Hortense. Entre le sourire de la jeune femme et ses mots toujours plus doux, la reine ne put retenir ses larmes plus longtemps. C’était si beau et si gentil. Elle lui sourit, ne faisant plus attention aux apparences, oubliant même que ser Harlan les suivait de quelques pas. Elle se montrait intime, elle se dévoilait comme elle pouvait le faire parfois. Elles s’arrêtèrent alors, geste suggéré par la reine elle-même. Elle se tourna vers Hortense et plongea son regard dans le sien tandis que sa main vint se poser sur la joue froide de sa dame.

- Que dire, ma chère… que… que dire après ce si long et vrai discours.

Essuyant ses larmes de son autre main, la reine garda son calme, ne voulant pas laisser les larmes l’inonder complètement. Elle laissa échapper un petit rire lorsqu’elle voulut reprendre et qu’elle sentit que cela coulait un peu sur ses jours. Elle regarda en l’air, réflexe inexplicable quand une personne pleurait mais qui ne faisait aucunement arrêter les larmes. Elle reprit alors sans y prêter attention.

- Vous êtes une jeune femme extraordinaire, lady Hortense. Vous méritez votre place à mes côtés, largement autant que les autres que j’ai. Votre jeunesse et votre éducation sont des atouts qu’il vous faut mettre en avant. Je me souviens, lorsque j’avais votre âge, m’être posée les mêmes questions quant à mon éducation bien modeste par rapport à celle que les princesses et princes possédaient. Pourtant, cela ne m’a pas empêché de me faire une place aux côtés de la princesse Rhaenys et, disons-le clairement, de finir par épouser le roi…

La reine lui fit un petit clin d’œil amusé avant de rajouter en riant.

- … ce qui n’était pas prévu, entendons-nous bien. Parfois, je me dis que je me serai bien gardé de dire « oui » à Sa Majesté. Mais c’est ainsi et aujourd’hui, je suis heureuse d’être reine et surtout d’être mère à mon tour. Cela n’a pas toujours été facile et aujourd’hui encore, le contexte nous montre que les épreuves sont loin d’être finies. Mais nous sommes ensemble et c’est notre force. Vos inquiétudes, vos peurs, vos doutes, je les partage, croyez-moi, surtout en ce moment.

Alyria marqua une courte pause, en profitant pour reprendre la marche tout en essuyant ses joues. Tout sourire, elle poursuivant en regardant de temps à autre, la jeune dame à ses côtés.

- Je ne vous remercierai jamais assez de tout ce que vous avez pu faire pour moi et tout ce que vous m’avez apporté en si peu de temps à mon service, ma chère. Vos mots ont touché mon cœur et vous avez réussi à faire pleurer la reine. Je vous l’accorde, ce n’est pas chose difficile en ce moment. Quoiqu’il en soit, merci pour votre présence, pour votre confiance, pour votre dévotion et votre honnêteté. Vous m’êtes devenue chère à mon cœur, Hortense.

Une déclaration de la reine n’avait faite à aucune de ses dames encore bien qu’elle appréciait énormément ses autres dames, qu’elle considérait, vu leur âge, plus comme des amies que comme des protégées. Ce qui était le cas d’Hortense que la reine protègerait coûte que coûte.

#C79F4B : Alyria Targaryen

@Hortense Piper

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Without fear and without reproach
♛ by wiise

# Sam 16 Juil - 10:11

Luncheon on the Grass
An 304, Lune 3, Semaine 1

Souriant poliment tandis que la reine posait sa main sur sa joue froide, Hortense comprit que quelque chose de particulier les liait toutes les deux... Sans doute, n'aurait-elle pas pu comparer à un lien maternel, après tout, Alyria n'était pas assez âgée pour avoir pu mettre Hortense au monde, cela était certain. Néanmoins, elle pouvait considérer qu'Alyria était sa bienfaitrice, cette grande sœur qu'elle n'avait jamais eu et qu'elle n'aurait jamais. Hortense avait été l'unique femme dans sa famille, à l'exception de Mathilde, plus jeune qu'elle de quelques années, et auprès de laquelle elle avait occupé ce rôle de grande sœur et de protectrice. Hortense se demanda, l'espace de quelques secondes, comment aurait été sa vie, si elle avait eu la chance d'avoir une femme comme la reine pour mère et non pas celle que les Sept lui avaient donné... Isabeau Estren, cette marâtre. Hortense saisit la main de la reine en jetant un regard discret en direction de ser Veneur. Elle le savait capable de lui briser la main pour une telle proximité avec la reine. Elle le savait capable de la lui couper et de la jeter aux poissons qui nageaient dans les eaux de la baie de la Néra. Hortense ne savait plus quoi dire, plus quoi faire, elle se contentait finalement d'apprécier le moment présent.

« Tout comme vous l'êtes, votre Majesté. » Répondit Hortense. Alyria était chère à son cœur, à elle aussi. Après tout ce qu'elles avaient traversé, après leur proximité partager et au-devant de toutes les épreuves vers lesquelles elles se dirigent... Elles se devaient d'être soudé, toutes, autour de la reine, et Hortense était heureuse de savoir que les sentiments affectueux qu'elle avait pour Alyria étaient partagés. Maintenant, plus rien ne pourrait les séparer. Hortense s'était juré d'aider à relever la reine pour qu'elle puisse embrasser la destinée qui l'attendait patiemment à Port-Réal. Hortense ne croyait pas que leur vie se déroulerait pour toujours en exil, loin de là. Elles finiraient toutes par revenir à la capitale, en triomphe, ou en captive, et il faudrait à ce moment précis, dans un cas comme dans l'autre, que la reine soit prête à mener bataille. Hortense doutait de la capacité du roi à se maintenir sur le trône. Un roi qui aspirait la crainte n'était pas durable. Hortense l'avait vérifié au travers de ses différentes leçons. Il fallait un peu de crainte et beaucoup de respect, mais quand l'équilibre s'inversait... On se tournait vers le futur qui se devait d'être bien préparé. Hortense savait qu'Alyria était le futur. Hortense savait qu'Aerion était le futur. Et Hortense savait qu'elle les protégerait, tous deux, coûte que coûte.

@Alyria Targaryen

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