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(même les petits)
Entre liberté et désillusion - ft. Rhaenys
The Queen Mother
Les cris venaient des appartements royaux. Deux gardes avaient ordre de ne laisser passer personne dans les couloirs menant auxdits appartements. À l’intérieur, lady Aemma était auprès de la reine qui semblait souffrir le martyre. Elle avait fait mander le Grand Mestre au plus vite par l’une de ses autres dames, lady Tyana. La reine était dans tous ses états, presque incontrôlable tellement elle semblait avoir mal mais la présence de lady Aemma faisait effet, le temps que le Grand Mestre arrive. Les deux dames de compagnie manquant à l’appel n’avaient pas été demandées. Alyria n’avait pas souhaité leur présence, notamment celle d’Hortense qui était bien jeune. Les douleurs avaient commencé au petit matin. La reine pensait simplement à un mal de ventre ou une nausée matinale dont elle retrouvait légèrement l’habitude. Le Grand Mestre avait été clair quelques semaines plus tôt. La reine était enceinte. Quelle joie immense cela provoqua pour celle-ci ! Cela faisait presque un qu’elle essayait de donner au roi un autre enfant et à Aerion un petit frère ou une petite sœur. Alyria n’avait jamais caché son envie d’être mère à plusieurs reprises et si avec le temps, elle s’était faite à l’idée que ce rêve ne se réaliserait pas entièrement – elle était très heureuse d’avoir « élevé » la jeune princesse et côtoyé le jeune prince durant leur enfance ainsi que d’avoir donné naissance à celui qui était désormais l’héritier – sa joie ne put qu’être immense lorsqu’on lui annonça cette nouvelle. Elle savait néanmoins qu’à son âge, une grossesse comportait des risques mais ne voulait aucunement vivre les dix prochaines lunes dans la peur. Aussi, elle laissa de côté cette histoire d’âge et faisait pleinement confiance aux Sept et aux soins apportés par le Grand Mestre.
Ainsi, lorsque les douleurs commencèrent à s’intensifier en cette matinée de printemps, Alyria reprit soudainement peur. Ce n’était pas normal mais garda alors le lit, se laissant naïvement penser que ça passerait. Elle n’en avait aucunement fait mention à ses dames sur le moment. Elle leur déclara simplement ne pas se sentir bien, sans plus de détail, préférant garder le lit. Elle confia ainsi le jeune Aerion à lady Aemma et demanda à rester seule pour le reste de la matinée. La suite de la journée fut plus compliquée. La reine appela les gardes postés devant sa porte et en missionna un pour aller quérir lady Aemma. Le second demeura là sans savoir quoi faire, voyant bien que la reine se tordait de douleur, une tache rouge se formant peu à peu au milieu des draps. La reine gémissait de douleur et pleurait, hurlant alors au garde planté comme un piquet de sortir immédiatement. La dame valoise ne tarda pas à arriver et ne mit pas longtemps avant de comprendre ce qu’il se passait. Elle fit le nécessaire et demanda que le Grand Mestre vienne urgemment. Quelques heures plus tard, les draps avaient été changés, la reine dormait, le Grand Mestre lui avait donné du lait de pavot. Le nécessaire avait été fait. La tragédie ne mit néanmoins pas longtemps à arriver aux oreilles du roi. Dès lors, la reine avait ordre de se ménager et de se reposer. Il ne fut pas difficile pour elle d’obéir à cet ordre royal, elle ne voulait plus sortir du lit. Alyria demeurait là, le regard vide, le visage pâle, muette, inactive, inexpressive, éteinte. Même la présence de son jeune fils n’arrivait pas à la faire sourire.
Une semaine s’était écoulée déjà depuis l’incident. La cour royale avait bien remarqué l’absence de la reine mais les événements survenus çà et là dans le royaume esquivaient toute question à ce propos. Les pies, avides de ragots, s’émoustillaient encore sur l’annulation du mariage de la princesse Rhaenys et de ser Robar Royce. C’est un scandale royal qui plaisait et rassasiait les membres de la cour royale. Le roi, lui, visitait peu son épouse. Il avait fort à faire avec la guerre à préparer. Chaque suzerain était reparti chez eux avec des ordres bien précis. Alyria demeurait ainsi loin des rumeurs à son encontre et il fallait dire que c’était là, le dernier de ses soucis. Au moins, elle mangeait mais son moral était au plus bas, trouvant difficilement le sommeil. Quand elle le trouvait, elle faisait d’horribles cauchemars à propos d’enfants, ses enfants. Dans son sommeil, elle criait des noms. Aerion. Rhaenys. Jaremy. Aegon. Daeron. Naerys. Les deux derniers n’étaient bien sûr pas ses enfants mais il s’agissait là de prénoms qu’elle avait toujours eu en tête pour de potentiels enfants. Tout n’était que désillusion alors que son rêve d’enfants était terrassé par cette fausse couche dont il fallait qu’elle se remette. Seulement, le pourrait-elle ?
- Votre Majesté.
Alyria était encore une fois de plus restée alitée toute la matinée. Elle n’avait aucune envie de sortir. À la cour, les ragots ne tiendraient pas longtemps avant de se recentrer sur la reine et son absence mais celle-ci s’en moquait. Lady Aemma était néanmoins venue déranger la reine car son fils souhaitait la voir. Le jeune Aerion entra alors dans la pièce. Il avait encore grandi et était un fier petit prince de trois ans désormais. De sa petite voix encore aigue, il somma sa mère de se lever. Il ne comprenait bien évidemment pas pourquoi elle était dans un tel état ni pourquoi elle demeurait dans son lit. C’est en daignant finalement tourner le regard vers son fils qu’elle se décida enfin à se lever, comme s’il avait eu un effet de déclic. La dame de compagnie afficha un large sourire et aida la reine à s’habiller. Quelques minutes plus tard, Alyria se retrouvait en tête à tête avec sa dame de compagnie et son fils. Voilà un moment tendre dont elle n’avait profité depuis un petit moment. Encore sous le choc de cette perte, la reine n’était guère des plus joyeuses, se rendant compte que ces dernières semaines, tout était allé très vite encore une fois. C’était là le lot de celles et ceux qui vivaient à Port-Réal. Tout allait vite. Tandis que la reine écoutait son fils lui raconter sa matinée, les activités et promenades qu’il avait fait avec Aemma ces derniers jours, la porte s’ouvrit et une servante annonça la présence de la princesse Rhaenys à la valoise. Cette-dernière vint apporter l’information à la reine qui hésita un instant avant de finalement répondre.
- Faites-la entrer.
Un regard suffit à lady Aemma pour faire comprendre à la suivante l’ordre donné par la reine. Le jeune prince, finissant son récit, aperçut alors la princesse dans l’encadrement de la porte et s’exclama alors tout content.
- Any !
Alyria regarda alors son fils courir vers sa grande sœur, tout content de la voir. Voilà une vision qui la ravissait et lui réchauffait le cœur. Elle n’était pas au meilleure de sa forme, elle en était consciente. Elle ne pensait pas que cela l’affecterait autant et pourtant, ce n’était pas rien de faire une fausse couche. D’autant qu’elle sentait que ses chances s’amenuisaient au fil du temps.
#C79F4B : Alyria Targaryen
#5EB6DD : Aemma Belmore
#8866121 : Aerion Targaryen
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Cela faisait plus d’une lune et demie que Rhaenys était officiellement séparée de Robar aux yeux des Sept et de Westeros. L’attente avait été longue avant que tout ne s’enchaîne avec de nombreux rebondissements, certains espérés d’autres beaucoup moins. La princesse ne ressentait nul soulagement à cela. Elle ne vivait plus avec le valois depuis plus d’un an, cela ne changeait rien à son quotidien. Les conséquences de l’annulation de son mariage venaient cependant contrebalancer tout sentiment de joie ou de soulagement. Elle ne pouvait plus marché sans que les murmures et les langues de vipère ne sifflent autour d’elle. La dragonne ensoleillée avait appris au fil des années à ignorer ses murmures. Elle n’avait jamais été une princesse conventionnelle. Mais elle n’était pas la première et ne serait probablement pas la dernière. Pourtant les choses semblaient presque différentes. Cette fois, cela là touchait plus qu’elle n’aurait pu l’avouer. Car la conséquence n’était dû qu’à des hommes, qu’au patriarcat qui régnait sur Westeros. Elle était une femme, c’était donc elle la fautive si le mariage ne fonctionnait pas. Ainsi soit-il. Elle garderait la tête haute, ravalerait sa colère. Au moins, les prétendants ne se bousculeraient plus à la porte du Roi pour l’épouser. Seul un mariage d’amour était désormais possible. Mais pour le moment, ce n’était pas possible, jamais la foi ne lui permettrait de revenir à Port Réal. Ni même le Roi.
Ses relations avec son entourage n’avaient réellement changé. Cassana avait toujours cette mauvaise lueur au fond du regard, Jeyne restait douce et délicate, Argella ne savait pas où se mettre et craignait pour sa réputation, tandis que la jeune Victaria se rapprochait désormais de Cassana et Donella. Sa septa était restée bien silencieuse suite à la décision du Grand Septon. Elle avait été réprimandée pour avoir échouer à faire tenir ce mariage. Mais elle était restée auprès de Rhaenys, pour continuer de la surveiller afin qu’elle reste un minima dans la lumière des Sept. Alors que les tensions commençaient doucement à s’apaiser, celles-ci étaient revenus et Donella se montrait une nouvelle fois très froide envers la fille du Roi.
Cela avait occupé des discussions du Donjon Rouge pendant un moment et ceux jusqu’à ce que la nouvelle de la fausse couche de la Reine ne parvienne à la cour. Rhaenys avait leur cœur peiné pour sa mère de cœur. La jeune femme connaissait le désire d’Alyria d’être mère. Elle l’avait été par substitution durant de nombreuses années en s’occupant de la fille de feu Elia Martell et même d’Aegon avant de pouvoir gouter à la joie de la maternité avec son mariage avec le Roi. Mais depuis Aerion aucun autre enfant n’était venu. Et perdre celui-là alors que le temps la rattrapait doucement devait consumer la Reine de l’intérieur. Cette dernière n’avait d’ailleurs pas fait d’apparition publique depuis de nombreux jours. Inquiète, Rhaenys prit la liberté de se rendre jusqu’au appartement de la Reine. Elle frappa à la porte, demandant à voir la Reine, bien que sa demande ne sonnait pas comme une requête mais comme un ordre. Elle n’avait que faire d’un potentiel refus, elle désirait voir sa mère de cœur.
Finalement la servante la fit entrer en s’inclinant. La princesse pénétra dans les appartements et fut accueilli par son petit frère qui courru vers elle tout content. Un sourire apparu sur le visage de la Targaryen qui souleva le petit garçon et le prit dans ses bras pour déposer un baiser tendre sur sa joue.
« Comment va mon petit prince préféré ? » lui demanda-t-elle tout bas.
Elle leva les yeux vers sa mère de cœur. L’image de la Reine lui fendit le cœur. Rhaenys se tourna vers la valoise.
« Pouvez-vous nous laissez Lady Aemma ? »
La jeune femme désirait que la conversation avec Alyria reste privée. Rhaenys reposa sur le sol le petit garçon.
« Je n’aime pas vous voir dans un pareil état... » dit-elle en posant ses yeux sombres sur la Reine.
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L’esprit de la reine n’était pas entièrement là. Elle s’efforçait de jouer avec son fils qui requérait toute son attention mais il était évident qu’elle était ailleurs. Elle se revoyait quelques jours plus tôt se tordre de douleur, prier les Sept de ne pas lui faire cela, pas à elle, pas à la reine. En vain. Elle qui s’était tant réjouie de cette nouvelle grossesse inespérée, trois ans après la naissance d’Aerion. Trois ans. Ce n’était rien. Les deux enfants auraient grandi ensemble. Il fallait croire que la volonté des Sept était tout autre et la reine devait ainsi mettre fin à cet espoir douloureux d’un jour donner un nouvel enfant au roi. Cela l’avait tellement atteinte. Elle avait beau faire croire à ses dames de compagnie qu’elle se sentait bien, celles-ci voyaient bien que non. Cela faisait même plusieurs jours qu’elle n’apparaissait plus à la cour. Elle n’en avait pas envie, pas maintenant. Il lui fallait quelques jours, seule ou bien dans ses appartements avec son fils avec lequel elle passait le plus clair de son temps. De l’autre côté du Donjon, la guerre semblait se préparer. Le conseil des suzerains avait eu lieu quelques lunes plus tôt et chacun savait ce qu’il avait à faire. Alyria ne s’en était nullement mêlée ni même intéressée. La guerre à venir de l’enchantait pas et elle voyait chaque jour son mari s’effacer de plus en plus derrière sa paranoïa et sa folie. Elle seule ne pouvait plus l’apaiser comme autrefois. Son fils Aerion y arrivait parfois, permettant là de faire resurgir la lucidité du roi le temps de quelques instants. Cela servait également à la reine, déprimée, triste, et beaucoup moins souriante. C’est un constat que pouvait faire lady Aemma qui était le plus souvent à ses côtés. Ce jour-là, elle ne s’attendait pas à recevoir la visite de sa fille et pourtant, cela n’était pas étonnant. La princesse fit ainsi son entrée alors que le jeune prince courrait vers elle, l’appelant par son prénom. Il était si heureux de voir sa sœur, rigolait lorsqu’elle le porta dans les airs avant de lui déposer un baiser sur la joue. Ce fut là la cause d’un des rares sourires de la reine, aperçu par lady Aemma qui sourit à son tour sans un mot. Les deux femmes s’étaient comprises. Revenant vers ses deux enfants, Alyria accueillit ainsi la princesse qui demanda à la valoise de les laisser en privé. Avant que celle-ci ne parte, la reine lui demanda de prendre le prince avec elle.
- Aerion, mon chéri, veux-tu bien aller avec lady Aemma ? Rhaenys et moi voudrions être seules.
Au vu de la possible discussion qu’il y aurait entre les deux femmes, le prince n’avait pas besoin d’être présent. Alyria n’était pas très bavarde à ce sujet de toute façon mais si elle arrivait à contrôler ses mots, ses larmes, elle, c’était une toute autre histoire. Il était alors hors de question que le prince et héritier âgé de trois ans voit sa mère, la reine pleurer. Du réveil jusqu’au coucher, elle n’avait envie que de ça. Pleurer. C’était plus fort qu’elle et contrairement à tous les chagrins qu’elle avait subis, celui-ci était de trop. Elle ne pouvait le contenir. Son fils lui déposa un baiser sur la joue et fit de même à Rhaenys avant de courir, tout excité, vers lady Aemma avec laquelle il disparut derrière la porte de l’appartement qui se referma. Le regard presque fuyant, Alyria avait bien du mal à regarder sa fille, connaissant les raisons de sa venue. Elle tendit néanmoins la main pour prendre la sienne mais pas un mot ne réussit à sortir. Que pouvait-elle dire face à ce que Rhaenys venait de déclarer ? Rien. Elle non plus n’aimait pas se voir dans un pareil état. Elle n’était plus la douce et belle reine que tout le monde voyait et adorait voir. Ses yeux étaient quelque peu rougis à force d’avoir pleuré. Des cernes étaient visibles sous ses yeux. Elle avait même quelque peu maigri, son appétit s’était lourdement estompé. Certaines s’empiffraient quand elles déprimaient. Ce n’était pas le cas d’Alyria. Elle avait perdu l’appétit et ne mangeait que pour satisfaire ses dames inquiètes. Il y avait des jours où elle se ressaisissait car elle pensait à son fils Aerion, sa famille, le roi puis d’autres où elle se laissait complètement aller à la dépression. Aujourd’hui, elle ne savait pas trop où elle se situait. C’était comme une sorte d’entre deux entre l’effort pour sa famille et la déprime. C’était par ailleurs un sentiment assez étrange qui la fatiguait beaucoup.
- Je suis désolée de te faire du souci et de ne pas trop être présente pour toi, ma chérie.
La reine fit une pause, sentant alors sur sa joue une larme s’échapper, une larme qu’elle essuya aussitôt, regardant alors vers le plafond de la pièce. Pas maintenant. Pas devant Rhaenys. Reprenant quelque peu ses esprits, du mieux qu’elle put, elle se tourna, franchement cette fois, vers sa fille, le regard dans le sien, et poursuivit.
- Surtout en ce moment…
En voyant les yeux foncés de sa fille, ce visage si doux et cette beauté sans pareil, Alyria s’était souvenue que pas plus tard que la lune passée, son mariage avec Robar Royce avait été annulé. Mais cela ne s’était pas sans conséquence. La reine l’avait énormément redouté et c’est ce qui arriva malheureusement. C’est Rhaenys elle-même qui payait le prix de cette annulation. Cette pauvre petite était encore si jeune et avait déjà tant souffert. Alyria s’était toujours montrée d’un soutien infaillible pour elle, cette jeune princesse qu’elle considérait comme sa propre fille. Malheureusement, ces derniers temps, elle ne pouvait pas en dire autant. Sa fausse couche l’avait tant préoccupé qu’elle avait délaissé certaines choses et certaines personnes. Elle espérait en son for intérieur que la princesse pourrait lui pardonner cet écart.
- Mais dis moi plutôt comment tu vas, toi.
La fille ne devait pas s’inquiéter pour la mère qui, elle, s’inquiétera toujours pour sa fille.
#C79F4B : Alyria Targaryen
@Rhaenys Targaryen
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La dame de compagnie de la Reine prit congé de sa maîtresse et de la princesse. Elle prit avec elle l’héritier des Sept Couronnes après que Rhaenys l’ait redéposé sur le sol et avoir déposé un bisou sur la joue de sa mère de sa sœur. Les deux Targaryen étaient désormais seules. Cependant la Reine était fuyante, n’osant pas regarder sa fille de cœur. La dragonne ensoleillée voyait le cœur meurtri de cette femme qui l’avait élevé et vu grandir. Elle était l’ombre d’elle-même, elle ne l’avait jamais connu dans un tel état. La jeune femme se retrouvait démunie face à elle, les rôles venaient de s’inverser. En souvenir de toutes ses années où la née Farring avait pris soin d’elle, aujourd’hui elle serait présente pour elle, tenterait de lui remonter le moral, de lui donner un peu de force pour remonter la pente difficile qui se trouvait devant elle. Rhaenys était têtue et déterminée, elle ne repartirait pas sans voir la reine allait mieux.
Voir sa mère de cœur pleurer venait serrer le cœur de la princesse. Voir une personne pleurer de joie était quelque chose. Mais la voir pleurer de souffrance en était une autre, beaucoup plus dure à supporter. Peut-être car ce n’était pas habituel. Les adultes semblaient moins être au proie aux larmes de la souffrance. Pourtant leur peine pouvait être forte. Pourquoi diable retenait-il autant leur émotion ? Car quand celles-ci étaient trop forte, il ne pouvait la cacher et les larmes se mettaient à couler sur leurs joues bouleversant leur entourage peu habitué à les voir ainsi. Une mauvaise habitude instaurée par la société…
Comme Rhaenys s’en doutait, Alyria chercha à détourner la conversation sur la princesse, évitant ainsi de parler de ses propres peines et état d’âme. La fille du Roi n’était pourtant pas là pour parler de ses peines et ses problèmes. De plus, elle allait plutôt bien. Sa réputation était mise à mal oui, mais la jeune femme s’en préoccupait peu. Elle avait vécu bien pire ses dernières années. Au final, les regards de travers et les murmures à son passage passaient au-dessus d’elle sans réellement l’atteindre. Pour le moment, elle n’avait pas besoin d’utiliser son influence donc cela ne lui portait pas spécialement préjudice. Sa famille était trop préoccupée par la guerre à venir pour espérer lui trouver un nouvel époux et cela lui convenait très bien. Elle ne voulait pas se précipiter au risque de revivre les mêmes difficultés qu’avec Robar.
« Je vais bien, mais je ne suis pas ici pour parler de moi…et vous le savez très bien. »
Elle ne quittait pas les yeux clairs et rougis de la Reine. Alyria cherchait peut-être à se redonner un peu de contenance mais elle n’arriverait pas à berner la jeune femme. Rhaenys reprit la parole avant même que sa mère ne puisse protester.
« Vous en revanche vous n’allez pas bien, et inutile de me le cacher. Je vous connais depuis assez longtemps pour cela. »
Rhaenys força la Reine à s’assoir et tira une chaise pour être en face d’elle, lui attrapant les mains.
« Pleurez si cela vous fait du bien, cela allègera votre cœur. Et acceptez de le laisser partir, ce n’est pas votre faute. Vous n’êtes pas responsable de ce rejet de votre corps. Vous êtes forte. »
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La reine n’était pas dans son état normal depuis sa fausse couche. Il fallait la comprendre. Lorsque le Grand Mestre lui avait annoncé la bonne nouvelle, elle avait littéralement pleuré de joie. Un nouvel enfant royal viendrait compléter l’arbre généalogique des Targaryen. C’est en tout cas ce qu’elle avait espéré le temps de quelques jours. La tragédie n’avait pas tardé à suivre la bonne nouvelle et les larmes de joie laissèrent place aux larmes de désespoir. La reine avait disparu. La cour royale devait sûrement se demander ce qui lui arrivait et ses dames disaient à qui voulait bien entendre que la reine se reposait. Rien n’avait filtré au sujet de cette fausse couche. Seuls les membres de la famille royale étaient au courant. Cela expliquait bien sûr en partie la présence de Rhaenys à ses côtés. La jeune femme devait sûrement s’inquiéter de l’état de sa mère de cœur. Alyria en avait vécu des choses durant ces deux dernières années. En épousant le roi, elle savait qu’elle allait devoir gérer bien des affaires mais elle ne pensait que certaines d’entre elles arriveraient. La renonciation d’Aegon. L’avortement de Rhaenys. Sa fausse couche. La santé dégradante de Rhaegar. À croire que la famille Targaryen avait été maudite jadis ou alors ce monde était tout simplement trop cruel pour pouvoir espérer une véritable vie paisible. Elle pouvait alors compter malgré tout sur son petit Aerion et sa bouille adorable. Sa présence lui était très bénéfique, surtout face à cette épreuve. La présence de Rhaenys y faisait également et si la reine préférait s’enquérir de la santé de la princesse, celle-ci clamait à raison qu’elle n’était pas venue pour parler d’elle.
- Je sais ma chérie...
Comment face à tant de désespoir et de souffrance, elle ne pouvait pas retenir ses larmes ? Il n’y avait que Rhaenys et elle. Pourtant, la reine avait toujours fait en sorte de ne pas craquer devant qui que ce soit. Lorsqu’elle avait appris pour son frère, elle était allée s’enfermer dans ses appartements que ses dames, lady Taena en particulier, avaient retrouvé presque sens dessus dessous quelques heures plus tard. Lorsqu’Alaric lui avait fait ce constat horrible, elle avait expressément demandé à tout son entourage de quitter ses appartements et de la laisser seule. Elle n’avait pas explosé comme elle l’avait fait pour la mort d’Anton. Elle avait simplement pris un coussin, un coussin si précieux pour elle, que sa mère avait confectionné et qu’elle avait gardé depuis. Elle avait laissé couler les larmes comme elle les laissait couler à présent, serrant le coussin fort contre sa poitrine. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Elle ne cessait d’y penser, d’y repenser, d’y réfléchir, de retourner tout cela dans son esprit. Les mots de Rhaenys étaient justes et la reine voyait bien qu’il ne servirait à rien de faire bonne figure devant la princesse. Elle lisait en elle comme dans un livre ouvert, conséquence directe d’une relation fusionnelle longue de plusieurs années maintenant. Elle lui attrapa les mains, l’obligea à s’asseoir en face d’elle. La reine s’exécuta, le regard fuyant. Elle n’aimait pas être vulnérable, surtout pas devant sa fille. Pleurer. Accepter. Être Forte. Ne pas se sentir responsable. C’était tout sauf ce que la reine faisait et voulait. Elle ne voulait pas pleurer. Elle ne voulait pas l’accepter. Elle n’était aucunement forte comme sa mère l’avait été et, bien sûr, elle se sentait responsable.
- C… Comment le pourrais-je, Rhaenys ? Comment pourrais-je accepter cela ?
C’était plus fort qu’elle. Elle ne pouvait se retenir et la princesse lui ayant donné cette occasion, elle la saisit. Elle pleurait, les larmes coulaient sans s’arrêter. Entre deux légers sanglots, elle tentait de parler, de lui demander pourquoi elle, pourquoi les Sept lui refusaient ce bonheur qu’ils lui avaient déjà donné une fois quelques années plus tôt. Resserrant sa main dans la sienne, elle essuya du revers de l’autre son visage. Son regard se perdait dans les cieux port-réalais, maudissant en silence les divinités qu’elle vénérait tant. Elle se maudissait également elle-même de ne pas avoir su garder cet enfant en elle, de l’avoir perdu. Elle savait que le roi et elle ne seraient sûrement plus trop intimes avant un long moment. Seulement, ils avançaient tous deux en âge et surtout elle. Si l’homme pouvait procréer à un âge avancé, une femme était limitée dans le temps, pour sa propre sécurité. Il était bien dangereux d’espérer une grossesse passée les trente-cinq ans. Mais Alyria souhaitait ce miracle, elle le souhaitait du plus profond de son âme. Elle avait supplié les Sept pendant si longtemps, elle qui ne demandait rien d’autre que cela.
- Je le voulais tellement cet enfant, tu sais… et… et…
Écartant sa main de celle de sa fille, Alyria s’écroula dans ses mains, sanglotant de plus belle.
- … et je ne pourrai plus jamais en avoir désormais…
Elle ne pleurait pas simplement parce qu’elle avait perdu son enfant mais bien parce qu’il était clair que désormais, elle ne pourrait plus en avoir. Le roi était constamment fatigué et était sur le point de se lancer dans une guerre colossale contre son frère. À moins qu’il veuille être à nouveau intime avec son épouse une dernière fois – en espérant que le miracle s’opère alors – Alyria savait que cette fausse couche qui lui faisait si mal serait sa dernière expérience de mère.
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La Reine n’était clairement pas dans son état normal et elle avait baissé les bras. Ses mots n’étaient pas dictés par la raison mais par la peine immense qui régnait au fond de son cœur. Rhaenys devait lui faire ouvrir les yeux, lui redonner la force et le courage qu’elle pouvait avoir en temps normal. La mettre sur la pente vers la guérison de son cœur. La princesse allait devoir choisir soigneusement ses mots pour qu’il touche sa mère de cœur afin qu’elle reprenne du poil de la bête. Déjà, Alyria n’avait pas pu éviter le sujet. La dragonne avait de suite réorienté la conversation, ne lui laissant aucune échappatoire sur le sujet. Il fallait qu’elle affronte sa douleur et cela irait mieux ensuite. La fille d’Elia Martell en était persuadée.
« Vous le pourrez. Vous n’êtes pas la seule femme à avoir fait une fausse couche. Et vous êtes une femme forte, vous êtes Reine. Vous pouvez affronter cette douleur. Vous avez perdu cet enfant tôt avant qu’il ne se développe suffisamment pour que vous puissiez le sentir. Il vaut mieux cela que le perdre plus tard ou pire qu’il soit mort-né. Votre peine en aurait été que plus grande car l’espoir plus grand. »
Rhaenys prit sa mère de cœur dans ses bras, la laissant pleurer contre elle. Evacuer sa tristesse et sa douleur. Mais ses mots n’étaient toujours pas dictés par la raison, le désespoir sonnait dans la voix d’Alyria. Terrible et fataliste.
« Ne dites pas ça voyons. Même si les grossesses sont plus à risque vous n’avez pas encore quarante ans, père n’est pas encore partie à la guerre et il n’est pas mort. Vous aurez d’autres occasions. Et puis si les dieux veulent que nous gagnons cette guerre, vous pourrez essayer après la guerre. Ne perdez pas espoir, tout n’est pas perdu. »
Lui redonner un peu d’espoir dans la noirceur de son discours. Rhaenys n’était pas très optimiste pour l’issu de la guerre. Même si son père l’emportait sur Viserys, elle ignorait quel serait les ravages de celle-ci sur l’esprit du Roi. Dans sa tête raisonnait toujours les terribles mots que Rhaegar avait prononcé, la terrible promesse qu’il avait voulue lui faire faire. La jeune femme n’en avait parlé à personne, ni à son frère, ni à Alyria. Et pour l’heure, il était clair et net que la Reine n’était pas prête à entendre ce genre de discours.
« Et vous avez des enfants déjà. Vous avez Aerion, votre premier fils de votre sang. Il a besoin de vous. Et Aegon et moi ne sommes peut-être pas de votre sang, mais vous êtes notre mère au fond de notre cœur. »
La lignée de Rhaegar était certes menacée, le désistement d’Aegon mettait Aerion dans une délicate position et Rhaenys devenait deuxième dans ligne de succession. Elle ferait tout pour Aerion ne succombe pas à la guerre, qu’il reste l’espoir du Royaume, le prince héritier et futur Roi de Westeros. Elle se battrait pour cela, pour le protéger. Jusqu’à son dernier souffle s’il le fallait.
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Alyria n’aimait pas parlé d’elle, encore moins de ses problèmes. Mais la princesse Rhaenys ne lui avait pas laissé le choix. Il fallait que ça sorte et elle avait raison. Aussi, ne fut-elle pas surprise d’éclater en sanglot à mesure que les mots sortaient de sa bouche. Elle ne comprenait pas pourquoi cela lui arrivait et pire encore, elle voyait là s’estomper un espoir de longue date. Aerion n’avait que trois ans certes, mais avec Rhaegar, ils n’arrêtaient pas d’essayer d’en faire un autre sans que jamais la reine n’y parvienne. Elle n’était plus tout jeune et c’est ce qui la peinait le plus. Son âge, le changement de son corps, les probabilités qui diminuent. Les mots de Rhaenys la ramènent à la réalité. Blottie dans les bras de sa fille de cœur, elle tentait de calmer ses sanglots tandis que la princesse tentait de la rassurer. Alyria s’était montrée bien désespérée dans ses propos et cela n’avait guère plus à la jeune dragonne. Le discours de cette-dernière se voulait réconfortant, rempli d’espoir. Alyria n’y croyait aucunement mais acceptait les mots comme réconfort. Sur le moment, cela faisait du bien mais elle savait que le chemin serait long pour accepter les faits, bien plus qu’elle ne le pensait d’ailleurs.
- Pourtant, c’est l’impression que j’ai, Rhaenys... que tout espoir est perdu… Mais peut-être que tu as raison…
Puis comme le lui rappelait à juste titre sa fille, elle avait déjà des enfants. Elle avait Aerion, son bijou, son fils adoré, l’héritier du trône, pour qui elle ferait tout. Le petit prince avait trois ans maintenant et faisait la fierté de sa mère. Elle avait beau être désespérée quant à l’idée de ne plus avoir d’autres enfants, elle n’en oubliait pas pour autant ce petit être qui la remplissait de bonheur et qui lui donnait la force d’avancer. Elle se releva, quittant l’étreinte douce et agréable de sa fille, essuya ses joues mouillées de larmes, reprit ses esprits et son souffle. Elle guida sa main jusqu’à celle de la jeune femme, pour la lui prendre, gardant ainsi ce contact dont elle avait besoin.
- Aerion… mon petit Aerion…
Alyria devait se ressaisir, penser à l’héritier, à ce Targaryen qui n’avait rien demandé et qui du jour au lendemain se retrouvait à devenir le futur roi des Sept Couronnes. Il ne faisait aucun doute pour Alyria que cette guerre pourrait possiblement tuer Rhaegar que ce soit par les armes ou par l’esprit. Elle s’y était préparée mais elle avait beau s’y préparé, elle savait qu’elle ne serait jamais prête à ce que son fils soit roi. Il était trop jeune. Il était trop tôt pour lui. Cela impliquerait une régence, une longue régence qui pourrait donner des idées à bien des détracteurs. Mais l’heure n’était pas aux incertitudes d’un futur qui s’annonçait peu radieux. Rhaenys lui rappelait également qu’elle était là et qu’Aegon aussi. Les deux enfants du Roi et d’Elia Martell étaient devenus au fil des années les siens quelque part. ils ne partageaient pas le sang mais l’amour qui se portait était tout aussi fort. Alyria sourit, repensant alors à la petite jeune fille brune qu’elle rencontra dix-sept ans plus tôt. Remplie de nostalgie, les larmes coulant encore un peu, Alyria pressa légèrement la main de la princesse et lui dit d’une voix douce mais tremblotante.
- Te souviens-tu de notre première rencontre, Rhaenys ? De nos premiers moments passés ensemble ? Cela me paraît déjà si lointain. Tu n’étais pas plus haut que ça…
D’un geste de la main, elle mima la hauteur qu’elle pensait être de la jeune fille de six ans de l’époque. Elle avait bien grandi depuis. Elle était devenue une véritable femme dont Alyria était fière.
- Déjà à l’époque, tu avais ton petit caractère. Tu ne te laissais pas faire et il faut avouer que tu as mis un petit temps avant de m’accepter. Je me souviendrai toujours des jeux, des rires, des pleurs aussi, des histoires pour t’endormir, des histoires pour t’apprendre, des histoires pour te consoler…
Alyria baissa alors le regard et se mit à pleurer à nouveau. Sans un mot, elle s’excusa auprès de sa fille de cœur et tenta de se calmer, plaquant sa main contre sa bouche, relevant alors son regard vers l’horizon. Le temps de l’insouciance était fini laissant place à celui de l’incertitude.
#C79F4B : Alyria Targaryen
@Rhaenys Targaryen
♛ by wiise
fire & sun
La reine tenait un discours fataliste, ce n’était même pas du pragmatisme à ce niveau. Rhaenys tentait tant bien que mal de faire renaître l’espoir dans le cœur d’Alyria. De venir y insérer la petite étincelle qui permettrait à la lumière de s’installer. Qui d’autre pouvait le faire à part elle ? Elle était la dragonne ensoleillée. Si quelqu’un pouvait illuminer la vie des dragons de Port Réal s’était elle. Fille du soleil et du feu. Elle avait cela dans son sang quoiqu’en dise ses détracteurs qu’il soit des Terres de la Couronne ou de Dorne. Trop Targaryen pour certains, trop Martell pour d’autres, elle se fichait royalement de leur avis.
Aerion était visiblement un mot magique pour aider la reine à se ressaisir. Son amour pour ses enfants étaient fort mais celui qu’elle avait pour son fils de sang n’avait pas de prix et elle était prête à tout pour lui. Une vraie dragonne. Elle vivait avec la famille Targaryen depuis si longtemps, bien avant même d’épouser le Roi. Elle était devenue une dragonne au fil des années.
Alyria se replongea dans les souvenirs. Se remémorant l’enfance de la jeune femme au moment où elle était rentrée dans sa vie. Leur première rencontre était floue dans l’esprit de Rhaenys. Survenue peu de temps après le décès d’Elia Martell, le chagrin, de la petite fille qu’elle était, était encore très fort et elle avait commencé alors à développer ce fort caractère qui était le sien.
« Je dois avouer que c’est un peu flou et que je n’ai pas forcément été très tendre à ce moment-là... Mais l’ai-je été un jour ?»
Impulsive et fougueuse. Désireuse de ne pas être une princesse conventionnelle. Elle en avait fait vivre de toutes les couleurs à son entourage. Et encore aujourd’hui, elle était source de nombreuses étincelles au sein de sa famille. Sa langue ne restait pas forcément dans sa poche. Mais elle assumait toujours les conséquences de ses actes, gardant la tête haute même si certains évènements lui avaient couté plus cher que d’autres et l’avait vu mettre un genou à terre avant de se relever et d’avancer. Les plaies cicatrisées dans son cœur, la page finissait doucement de se tourner. Elle s’en était remise, elle n’oublierait pas et cela la blesserait toujours mais elle pouvait vivre de nouveau et penser à l’avenir.
« Je me souviens aussi des frayeurs que je vous infligeais quand je disparaissais soudainement... Je n’ai pas été de tout repos et je ne le suis toujours pas. »
Elle ne partirait pas, elle ne quitterait pas la reine sans avoir eu la preuve qu’elle allait remonter la pente. Tant qu’elle ne se serait pas ressaisit elle continuerait à chercher à le faire.
« Et j’espère qu’Aerion sera moins remuant que moi. Sinon vous risquerez de finir avec des cheveux blancs plus tôt que prévu. »
┗ I'm Fire, I'm the Sun. ┛
The Queen Mother
Il n’y avait que dans l’intimité que la reine Alyria ouvrait son cœur, montrait son vrai visage, ses sentiments, ses émotions. Face à Rhaenys, elle ne pouvait cacher plus longtemps son désespoir, son désarroi, son incertitude. La guerre menaçait Westeros et elle était là, à pleurer un enfant dont la conscience n’avait pas été développée. Une fausse couche. Voilà ce qui avait fait sombrer la reine depuis plusieurs jours. Alors qu’elle essuyait de nouvelles larmes, elle se sentait si ridicule à être dans un tel état. Sa situation pourrait être pire ? Elle n’osait l’imaginait et resserra le contact physique qu’elle voulait garder avec la princesse. Il fallait remonter cette pente, la reine le savait mais le chagrin était bien trop présent. Les mots de Rhaenys faisaient pourtant effet. La jeune femme savait comment réconforter sa mère de cœur. Les deux jeunes femmes se connaissaient depuis plus de quinze ans maintenant. Elles étaient proches telle une mère proche de sa fille, telle une fille proche de sa mère. À la mention d’Aerion, son esprit tendait à se calmer. Si les larmes coulaient toujours, si les sanglots se faisaient sentir et entendre, parler de son fils, sa perle, son petit dragon était une bonne chose. Teintée de souvenirs, la conversation se poursuivait sur cette fameuse rencontre entre Alyria et Rhaenys en 286. Elle était si jeune, il était normal qu’elle ne se souvienne de rien. Il fallait également remettre dans le contexte. La pauvre enfant avait perdu sa mère l’année précédente et il était bien logique qu’elle n’ait pas envie de voir débarquer une autre femme, une inconnue même pour s’occuper d’elle alors qu’elle ne souhaitait que sa mère.
- Ne m’en parle pas… J’ai dû y laisser bien des cheveux avec toutes les frayeurs que tu m’as fait. Mais quel bonheur de t’avoir élevé comme si tu étais ma fille, d’avoir pu être à tes côtés toutes ces années. Ce ne fut effectivement pas de tout repos mais je m’en suis accommodé.
La princesse aussi, s’en était accommodée et aujourd’hui les deux femmes étaient plus proches que jamais. Il se disait même qu’Alyria était l’une des rares à pouvoir remettre Rhaenys en place. La reine en était consciente mais n’en abusait aucunement. Malgré son caractère, Rhaenys savait écouter. La reine laissa échapper un petit rire lorsque la princesse mentionna Aerion, espérant qu’il ne soit pas aussi remuant qu’elle-même. Passant une main sur son visage, chassant les dernières larmes, reprenant le dessus sur l’émotion, se redressant, la reine fit de nouveau face à la princesse, souriante comme à son habitude – elle s’efforçait de l’être – et répondit d’une voix amusée encore tremblante d’émotion.
- Je crois qu’il est trop tard pour cela. Ton frère peut se montrer parfois intrépide et espiègle. Mais j’ai de la chance d’avoir les cheveux blonds alors, ça camouflera les blancs.
Se ressaisir. Remonter la pente. Sourire. Tourner la page. La reine ne devait pas se laisser abattre par cette nouvelle épreuve. Elle était encore bien entourée et surtout, d’autres avaient besoin d’elle. Cela se rappela soudainement à elle. Elle ne pouvait pas être dans un tel état maintenant. Des gens comptaient sur elle. À commencer par le roi. Rhaegar sombrait de plus en plus et si la reine se laissait aller alors cela ne l’aiderait pas. Sa fille avait également besoin d’elle. Elle venait de faire annuler son mariage et si cette nouvelle ne pouvait que la ravir, les conséquences d’un tel acte pouvait entraîner des répercussions sur elle. Elle n’en oubliait pas Aegon. Depuis Winterfell, il avait changé. Son expérience militaire ajouté à sa résurrection l’avait profondément changé. Il semblait bien se remettre mais était-ce là ce qu’il voulait bien leur faire croire ? Elle n’en savait rien. Puis, son petit prince. Aerion. S’il y en a bien un pour qui elle devait se reprendre, c’était bien lui. Son désir d’enfant inassouvi ne devait pas la faire s’éloigner de son rôle de mère. Elle ne se le pardonnerait jamais. Portant un regard plus soutenu dans celui de sa fille, elle posa sa deuxième main sur celle qu’elle tenait déjà.
- Ça va aller. Je te le promets.
Alyria poursuivit aussitôt.
- Merci... Merci d’être là, Rhaenys. Je ne te l’avais jamais avant… je n’osais pas sans doute… je ne saurai dire mais…
La reine prit le temps d’une respiration pour marquer une pause puis termina par quelques mots sincères à l’égard de la princesse.
- Tu es la fille que j’ai toujours rêvé d’avoir.
Je t’aime, ma petite dragonne ensoleillée. Des mots qu’elle ne put prononcer sans pleurer à cet instant alors elle les garda pour elle. Son regard disait déjà tout. Cette phrase disait déjà tout. Par pudeur, par respect, par timidité, elle n’avait pu dire de tels mots à Rhaenys. Pourtant, elles avaient passé quinze ans à vivre ensemble, à se côtoyer, à rire, à jouer, à pleurer ensemble. Jamais Alyria n’avait porté ces mots à sa bouche de peur de la réaction de la princesse. Elle n’était pas sa fille. Elle était la fille de la reine Elia Martell. Pourtant, ces quinze longues années lui permettaient d’estimer, humblement, qu’elle était une véritable mère pour Rhaenys et que celle-ci était une véritable fille, celle qu’elle n’avait jamais eu et qu’elle aurait aimé avoir.
#663300 : Alyria Targaryen
@Rhaenys Targaryen
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Les souvenirs du passé semblaient alléger le cœur de la Reine. Se remémorer l’enfance de la princesse qui sans être une enfant turbulente avait montré très vite un caractère de feu derrière des boucles brunes et des yeux sombres à faire craquer bien des adultes. Elle n’avait jamais eu l’image de la parfaite petite princesse. Cela avait gêné nombre de courtisant s’indignant de son comportement mais elle était moitié Targaryen et moitié Martell, avec un physique dornien trop prononcé pour certains. Mais Rhaenys n’en avait jamais pris ombrage, suivant sa ligne directrice librement. Faisant tourner en bourrique son père et sa mère de substitution. Et c’était encore le cas aujourd’hui, de façon différente car elle avait grandi mais elle ne les laissait pas tranquille.
Le petit dernier de la famille semblait avoir hérité du côté intrépide de ses aînés. Il fallait espérer que cela se calme en grandissant mais avec les Targaryen il fallait restait prudent. Toujours. Cela tira même un sourire à Alyria. La dragonne ensoleillée avait réussi son pari, redonner le sourire à sa mère. Lui faire remonter la pente et lui donner la force de se battre pour les enfants qu’elle avait.
« Je tenterais de ne pas lui glisser des idées de bêtise…mais je ne vous promets rien. » répondit la princesse d’un ton espiègle.
La Reine avait cessé de broyer du noir pour aujourd’hui. Affirmant que ça irait, remerciant sa fille de cœur d’être là. Cela tira un sourire doux à la princesse. Cela la rassurait d’entendre cela. Elle resterait vigilante les prochains jours afin d’éviter que la née-Farring ne replonge dans ses idées sombres. Rhaenys se leva et prit la reine dans ses bras, dans une dernière étreinte avant de prendre congé de cette dernière pour poursuivre le cours de sa journée.
┗ I'm Fire, I'm the Sun. ┛
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