Expecting too much can lead to so much disappointment - ft. Alyx

Tout s’était enchaîné à une vitesse ahurissante pour Alyx. La jeune femme qui avait accueilli une nouvelle grossesse lors du mariage de sa tante Alysanne à Serena avait plus que déchanté quelques lunes plus tard en perdant l’enfant. Un nouvel échec. Cuisant car il s’agissait une nouvelle fois d’un petit garçon qui avait été rappelé par les Sept. La clémence des dieux avait épargné l’héritière en lui offrant un accouchement sans trop de complication : douloureux mais rapide, lui permettant de se remettre rapidement. Daven avait une nouvelle fois était des plus inquiet pour elle, la peur de la perdre avait brillé dans ses yeux bleus. Mais elle n’en parlait pas. L’humiliation était trop grande et la déception qu’elle avait entraperçu dans le regard de son père n’était qu’une plaie sanguinolente dans son cœur qui ne se refermait pas. Rapidement, elle s’était raccrochée à ses devoirs d’héritière pour ne plus y penser et tourner la page. Erena n’aurait pas de petit frère pour tout de suite et elle demeurait encore son héritière. La gamine avait fêté ses deux ans de vie quelques semaines plus tard. Elle grandissait vite et commençait à parler réellement. Pas encore assez bien pour qu’Alyx s’intéresse réellement à son éducation. Elle laissait son époux faire cela pour eux d’eux. Il la couvrait d’amour chose dont elle était que peu capable.

Des corbeaux et des troupes affluaient à la Dent d’Or. Des ordres de Castral Roc et de Port Réal. La guerre était à leur porte. Une nouvelle guerre, de nouvelles batailles. Mais cette fois, les hommes affronteraient des hommes et non la mort elle-même. L’annonce la plus terrifiante qui glaça le sang d’Alyx fut l’annonce de la tentative d’empoisonnement de lord Tywin. Viserys avait cherché à éliminer le suzerain de l’Ouest et maître de la guerre du Roi. La colère grondait dans l’Ouest. Les langues sifflaient avec haine envers le dragon de l’Est qui d’après les dire avait mis à feu et sang des villages orageois dont un proche de la maison Connington, maison de la main du Roi. La guerre était réellement là, ce n’était qu’une question de temps avant que l’Ouest ne soit touché. L’ambiance devenait anxiogène et l’absence d’Alysanne pesait dans le cœur d’Alyx. A qui pouvait-elle confier oralement ces doutes et ses craintes désormais ? Elle était seule dans son devoir et ses émotions de jeune femme de sa position et de son âge. Son père ne lui avait pas adressé un mot depuis son accouchement précoce. La Lefford n’avait pas forcé le destin en allant le confronter. Cela ne servait à rien à part le mettre en colère ou accentuer la déception qu’il pouvait ressentir à devoir encore attendre un héritier mâle pour la famille.

Le printemps s’était installée sur Westeros, faisant fondre la neige et ramenant de la douceur dans l’air. La nature renaissait de nouveau malgré le chaos environnant. La Dent d’Or vivait aux rythmes des soldats depuis plusieurs semaines. Alyx avait ressenti alors le besoin de prendre l’air, souffler et s’éloigner de l’activité de la forteresse dans un petit jardin privé, réservé à la famille. Assise sur un petit banc de pierre, un châle sur les épaules pour la protéger de la brise fraîche printanière, elle laissa les faibles rayons du soleil qui réussissait à percer, réchauffer sa peau pâle. Respirant profondément, elle se vida l’esprit de ses tracas et de ses angoisses. Elle était née à l’aube de la rébellion de Robert Baratheon, elle allait découvrir sa première guerre vingt ans plus tard. L’issu serait-elle la même ? Elle en doutait. Les batailles seraient tout aussi sanglante mais l’Ouest se battrait. Daven devrait partir se battre. Et son père ? Il était plus stratège qu’homme à se trouver en première ligne. Mais les ordres seraient les ordres. Elle devait se préparer mentalement à rester seule entre les murs de la Dent d’Or avec sa fille.

La voix soudaine de son père à ses côtés la fit légèrement sursautée. Elle ne l’avait pas entendu arrivée, perdu dans ses pensées tout en cherchant à décompresser. La voix du lord de la Dent d’Or était froide et noua la gorge de la brune. Il ne lui jeta pas même un regard quand il s’assit à ses côtés.
« Père... » le salua-t-elle.

Elle inspira profondément. Le silence s’installa entre les deux. C’étaient les premiers mots qu’ils échangeaient depuis longtemps. Elle chercha longuement à comment entamer la conversation. Un sujet banal ? Le vif du sujet directement ? Alyx n’était pas du genre à tourner autour du pot. Et ne pas savoir quoi dire à son père...Depuis quand était-ce devenu si compliqué de lui parler ? Cette simple constatation fit baisser la tête de l’héritière, son regard vert rivé sur ses pieds.
« Je suis désolée de vous avoir déçue...encore une fois... » souffla-t-elle.

Le vif du sujet finalement. Cela lui ressemblait mais la honte qu’elle ressentait n’était pas habituelle. Elle était incapable de donner naissance à un fils vivant. Elle n’était pas des plus dévote...était-ce là sa faute envers les Sept ?

La réponse de son père fut un pieux qui s’enfonça dans son cœur. Douloureux. Rarement elle l’avait vu si froid envers elle. Il n’était pas l’homme le plus chaleureux du monde, mais la sécheresse de sa voix dans l’air frais de ce début de printemps… Alyx ferma les yeux pour contrôler ses émotions. Ses yeux restaient, pour le moment, parfaitement secs. Mais la souffrance qui s’emparaient de son cœur devenait visible dans ses iris vertes. Elle avait promis à sa mère de rester forte quel que soit la situation. Mais en ce moment précis, la force de la jeune Lefford semblait s’étioler au fil des mots de son paternel. Tenir sa promesse était plus dure que jamais. Elle rassemblait sa force, son courage pour garder un minimum de face, bien que son visage restait rivé vers le sol, incapable de se relever pour faire face aux yeux glacials de son père.

Mais il enfonça le clou, encore. Les ongles de la main droite de la jeune femme vinrent se planter dans la pomme de sa main gauche. La douleur physique atténuerait un peu la douleur de son cœur. Dans le fond, les deux Lefford désirait la même chose. Qu’un petit garçon Lefford naisse à la Dent d’Or pour assurer la lignée. Chaque grossesse qu’elle faisait, elle se persuadait que cette fois c’était la bonne, que cette fois un garçon naîtrait et qu’il serait vivant en sortant de son ventre. Mais trois échecs. Deux morts nés et une fille qui allait sur ses deux ans désormais. Le premier avait failli la tuer, les deux accouchements suivants s’étaient mieux déroulés et la jeune femme avait relativement bien récupérer. Mais voir les échecs se succédaient n’aidaient pas son moral. Sa seule consolation était son âge et Daven qui ne jugeait pas ses échecs, ayant trop peur de la perdre à chaque fois.

Elle n’eut pas le temps de répondre qu’il reprit la parole, la colère émanant de lui. Alyx craqua. Un léger tremblement secoua son corps en entendant le ton de Leo. Elle aimait son père, l’adulait même, elle était prête à se plier en quatre pour le satisfaire mais il y avait cette chose qu’elle n’arrivait pas à faire, dont les Dieux la privait : avoir un fils. Alyx réouvrit ses yeux, deux larmes s’en échappèrent. Elle n’arrivait pas à rester forte comme elle avait promis à sa mère. Elle n’y arrivait plus.
« Je ne sais pas… »

Sa voix était brisée, faisant résonner sa détresse et sa souffrance malgré elle. D’un revers de main, elle essuya rapidement ses larmes mais aussitôt de nouvelles vinrent les remplacer.
« Je désire la même chose que vous…avoir un fils. Pouvoir ôter ce poids qui pèse sur notre famille, et libérer le poids de l’héritage des épaules d’Erena tant que je suis en vie. »

Chose que sa mère n’avait pas eu le temps de faire. Morte jeune, le couple Lefford n’avait pas eu le temps de chercher à donner à Alyx un petit frère. Et son père ne s’était jamais remarié, n’offrant pas à la lignée de sa famille un héritier mâle, laissant cette tâche à la jeune femme.
« Je … on retentera encore et encore avec Daven jusqu’à ce que ça fonctionne. »

Ils étaient jeunes, ne présentait aucun problème à faire leur devoir conjugale. Mais contrairement au fois précédente, Alyx ne pourrait pas prendre son temps avant de retomber enceinte. Cela devrait se faire dans les prochaines lunes maintenant qu’elle était remise de l’accouchement. Plutôt serrait le mieux et apaiserait la colère de Leo Lefford. Mais pour l’heure, elle ne voyait pas comment elle pouvait apaiser la colère de son père.

La guerre. Elle n’était pas encore là mais les surplombait, menaçante telle une épée de Damoclès. Prête à s’abattre à tout moment. Il suffisait d’un corbeau. Un seul volatile noir et les armées partiraient rejoindre les champs de bataille pour gorgé la terre d’un sang vermeille, offrant à l’Etranger un nouveau terrain de jeu. Alyx devrait voir son époux et son père quitter la Dent d’Or. Cette fois-ci elle serait bel et bien seul. Alysanne n’arriverait pas de l’Orage comme la dernière fois. Elle devrait gérer le fief de son père, seule, et attendre. La longue attente angoissante de voir revenir les siens revenir. Elle n’avait pas hâte. Mais cela ne finirait probablement pas arriver au vu du contexte dans lequel se trouvait Westeros.

Trois lunes. Ces deux mots furent durs à entendre pour Alyx. Elle porta sa main à son ventre, là où la vie d’un garçon lui avait été arraché. Elle avait récupéré plus vite que la première fois. Le mestre lui avait assuré que cela c’était fait plus vite grâce à la naissance d’Erena, son corps s’était adapté à la naissance d’un enfant vivant ou mort. Elle attendait le feu vert de mestre Orion pour tenter de nouveau avec Daven. Etre sûr qu’elle serait dans des conditions qui ne mettrait pas sa grossesse en péril ainsi que sa vie.
« Dès que mestre Orion m’aura donné son approbation, nous retenterons avec Daven… »

Elle aurait voulu plus de temps pour se remettre, mais son père ne lui laissait pas le même confort que la première fois. Elle n’avait plus le droit à l’erreur. La famille avait besoin d’un héritier mal, la lignée devait perdurer et ne pas survivre qu’avec des filles. Elle devait donner à Erena un petit frère. Juste un. La question de son père lui fit mal au cœur. Si elle n’arrivait pas à donner un fils à sa famille, elle éduquerait Erena comme Leo l’avait éduqué. Elle la façonnerait à son image. Forte, impitoyable, intelligente. Elle ne souhaitait pas ce destin pour sa fille mais si elle n’avait pas le choix, elle le ferait. Et peut-être que la petite Lefford réussirait là ou sa mère avait échoué. Mais elle ne voulait pour le moment pas envisager ce destin pour sa fille et sa famille. Alyx était jeune, en parfaite santé. Elle pouvait encore porter des enfants.
« Je mourrais pour vous donner un petit fils s’il le faut. »

Elle n’avait jamais imaginé donné sa vie en enfantant ou pour enfanter. Elle ne s’était imaginé de ces femmes mourant en couche. Elle n’avait jamais désiré se transformé en poule pondeuse comme certaines femmes qui enchaînaient les grossesses les unes après les autres. Mais si elle devait faire cela pour donner un fils, elle n’aurait pas d’autres choix que d’aller à l’encontre de ses convictions et de ses volontés. Elle tomberait enceinte avant que la guerre n’éclate, elle le ferait. Et si Daven mourrait à la guerre, elle reprendrait un époux à contre cœur et continuerait de tenter à avoir un fils jusqu’à ce que cela fonctionne ou que l’Etranger ne vienne la chercher.

Aveugle de colère. Voilà ce qu’était Leo Lefford à ce moment précis. Ne contrôlant plus ses mots, n’ayant plus aucune sagesse dans ses pensées. Il oubliait tous les risques que représentait une grossesse pour une femme. La mort qui planait au-dessus de leur tête à chaque fois qu’elle cherchait à donner la vie. Les dieux étaient parfois cruels et il avait déjà failli ravir la vie de l’héritière une fois. Et visiblement il l’avait oublié, enfoui dans les tréfonds de son âme qui était noyé par un désir cruel. Alyx ne releva pas la remarque sur le mestre de la famille qui servait depuis plus de vingt ans la Dent d’Or. Il avait mis au monde la jeune Lefford, l’avait sauvé de la mort, l’avait réconforté lors de la mort d’Orélia. Il était loyal envers leur famille. Comment réagirait-il si son seigneur lui ordonnait de mettre potentiellement la vie de l’héritière en danger ? Elle l’ignorait, trop meurtri par les mots sans amour prononcé par son père.

Le fatalisme de la demoiselle arriva, lâchant les mots terrifiants dans le plus grand des calmes. Cela sembla faire un électrochoc au seigneur de la Dent d’Or. Lui qui s’était éloigné de quelques bas du banc sur lequel ils étaient assis s’arrêta et revint sur ses pas. Son ton monta, ce qui était peu habituel chez lui. Il avait entendu mais lui demanda de répéter. Deux fois. Le cœur d’Alyx battait la chamade. Son père lui faisait peur à ce moment précis, sa colère était unique. Comme si l’amour qu’il lui portait avait soudainement disparu. Elle ne le reconnaissait presque pas. Elle leva son regard vert teinté du rouge de ses larmes. Son visage se ferma quelque peu, se cachant derrière une muraille qu’elle érigea pour avoir la force de lui tenir tête et lui faire ouvrir les yeux sur l’absurdité de son obession.
« J’ai dit... que si vous mettez plus d’importance dans l’espoir d’avoir un petit fils au détriment de ma santé alors qu’il en soit ainsi père. Si je dois enchaîner les grossesses, mettre mon corps et ma vie en jeu pour satisfaire votre dévorante obsession alors je le ferais. Et je ferais ce que j’ai toujours chercher à faire : vous satisfaire et être à la hauteur de vos exigences. Alors si je dois mourir pour remplir cette exigence-là, si je dois aller contre l’avis de mestre Orion, je le ferais. »

La jeune fille se leva, pâle comme un linge, elle sentit sa tête tourner violemment mais elle n’en montra pas. Gardant le contrôle de son corps, ne chancelant pas d’un millimètre.
« Je désire un fils au plus profond de moi. Mais j’ai aussi une petite fille de deux ans. J’aimerais éviter qu’elle grandisse sans mère comme ce fut le cas pour moi. Car si je meurs en lui donnant un petit frère qu’elle figure féminine s’occupera d’elle ? Alysanne n’est plus là. Et si je meurs, Daven ne sera pas un bon père, trop effondré pour avoir l’esprit lucide, il n’affrontera pas le deuil comme vous, il n’a pas votre force. Si je meurs vous serez seul pour gérer et élever vos petits-enfants. Est-ce vraiment ce que vous désirez ? »

Personne hormis les dieux pouvait garantir une descendance masculine au Lefford. Alyx s’y était essayé à trois reprises. Deux fois, un garçon mort-né était sorti de son ventre, une fois l’enfant vivant était une fille. Les échecs qu’elle rencontrait était de plus en plus violent, de plus en plus dur à avaler. Si physiquement, son dernier accouchement ne s’était pas mal passé, psychologiquement la blessure était plus grande que les deux premières fois. Comme si le fait de ne pas passer proche de la mort renforçait son échec alors que si l’Etranger n’était pas loin de montrer son nez, on était plus indulgent envers elle. Mais personne ne pouvait garantir que même si elle y laissait la vie, qu’un garçon naisse, soit en bonne santé et vive. Une réalité dure mais vrai. Leo comme son héritière le savait. Mais dans l’obsession du seigneur, cela semblait être de l’ordre du détail.

La jeune femme avait tenu tête à son paternel, cela ne lui plut guère et ne tarda pas à recadrer sa fille, qui recula d’un pas en baissant la tête, soumise à l’autorité de père. Jamais il ne s’était disputé de la sorte, jamais Leo n’avait été si dur envers elle. Il avait toujours été exigent, peu chaleureux mais aujourd’hui, elle en venait à douter de l’amour qu’il éprouvait à son égard. Si cela n’avait pas été qu’une illusion depuis la mort d’Orélia. Le cœur d’Alyx hurlait de douleur, son visage lutait pour rester de marbre et ne pas montrer la dévastation qui régnait en elle. Ses yeux étaient rouges et humides, elle contrôlait encore ses larmes qu’elle ravalait péniblement mais ce n’était qu’une question de temps avant d’arriver au bout de ses forces.

Son père se rapprocha d’elle, dangereux. La gorge d’Alyx se serra davantage, n’osant soutenir le regard glacial du seigneur de la Dent d’Or. Les mots qu’il prononça achevèrent la jeune femme. Ce pourquoi elle était faite… Il ne voyait donc qu’en elle, une poule pondeuse ? Pas son héritière qui œuvrait depuis des années pour être à la hauteur pour lui donner satisfaction ? Elle ne put retenir ses larmes, qui coulèrent en silence sur ses joues pâles. La promesse envers sa mère s’envolant, échouant à la tenir. Comment pouvait-elle forte face à tant de violence ? La menace qu’il lui envoya fut le coup final qui acheva Alyx qui recula et vacilla. Elle s’assit en tâtonnant pour ne pas tomber. Jamais elle n’aurait imaginé l’entendre prononcer de tel mots. La menacer de reprendre une épouse et de lui ôter son rôle d’héritière, de lui ôter ce pourquoi il l’élevait depuis une vingtaine d’année. Son statut était devenue la mission de vie de la Lefford, sans cela, elle ne serait plus rien. Pas même l’épouse d’un seigneur car Daven n’était qu’un chevalier de la maison Lannister. Elle ne serait rien. Personne.
« Vous…vous… n’êtes pas…sérieux ? » réussit-elle à prononcer malgré le choc.

A ce moment précis, elle ressentait le furieux besoin d’avoir sa tante à ses côtés. Mais Alysanne était bien loin, faisant sa vie loin de la Dent d’Or. Alyx était seule face à son père. Daven ne pouvait rien faire, il craignait Leo plus que son épouse. La vue de la jeune Lefford s’était brouillée, ses tympans bourdonnaient furieusement et elle se sentait nauséeuse, perdue, désorienté. Jamais elle ne s’était aussi désemparé, aussi faible et sans rien à répliquer. Il ne pouvait pas lui infliger plus grande blessure que se remarier et l’écarter de son héritage. Oh bien sûr, Alyx serait insupportable avec sa potentielle future belle-mère mais pour l’heure, elle n’y pensait même pas. Elle était tout simplement en effondrer face à la menace de son père.

Son père appuya davantage dans la plaie qu’il venait de créer dans le cœur de sa fille. Il tint un discours blessant et à l’encontre de ce qu’il lui avait inculpé. Jamais il ne lui avait dit de telles paroles. Alyx était complètement déstabilisée, sous le choc, perdue. Elle ne savait plus quoi pensée, son esprit était embrouillé, son corps secoué par les larmes qui coulaient sur ses joues. Comment en étaient-ils arrivés là ? Comment la pression avait pu être si grande pour une simple histoire d’enfant mort-né qui éprouvait le corps de la jeune Lefford à chaque fois. Elle ne savait que répondre à tout ça, pour la première fois de sa vie elle était sans voix, ayant perdu son venin et sa langue piquante.

Ce fut presque douloureusement, qu’elle sentit les doigts de son père attraper son menton pour lui faire relever les yeux vers lui. Il ne voulait plus être déçue. Elle n’avait plus le droit au moindre faux pas. Seule la perfection était attendue. Elle allait devoir redoubler d’effort, essayer de faire son maximum pour rendre fier son père n’était plus suffisant. Elle devait être parfaite, irréprochable, donner naissance à un petit garçon en pleine santé. Elle n’avait pas le choix. Il était implacable dans ses mots et elle savait qu’elle ne pouvait rien faire ou dire qui le ferait changer d’avis.

Il la lâcha et la congédia sans attendre. Alyx ne se fit pas prier pour réunir le peu de force qui lui restait et déguerpir, quittant le petit jardin dans lequel elle avait trouvé refuge une heure plus tôt. Elle ne jeta aucun regard en arrière pour voir l’attitude de son paternel, se contentant d’avancer, le visage rivé sur le sol. Elle marcha vite jusqu’à ses appartements, refermant au nez de son serviteur, Otto qui l’attendait. Le jeune homme n’insista pas et la laissa tranquille. Elle s’avança au milieu de la pièce, respirant profondément pour ne pas suffoqué et tenter de se calmer. Iago qui était présent, la regarda d’un œil méfiant et se tint à l’écart. Elle s’avança vers sa coiffeuse, posa ses mains sur le bois. Ses mains se crispèrent tant que ses jointures devinrent blanches. Sans prévenir, dans un accès de rage elle balaya tous les objets se trouvant sur le meuble qui allèrent se fracasser sur le sol dans un bruit fracassant. Un cri de colère lui échappa également tandis que le lynx de fumée se dressa sur ses quatre membres en feulant de mécontentement. De l’autre côté de la porte, elle entendit Otto retenir des personnes voulant intervenir. Probablement des gardes voulant s’assurer qu’elle allait bien. Mais il se montra convainquant car personne ne vint déranger la Lefford.

Alyx finit par se laisser glisser au sol, plongeant son visage dans ses mains. Son corps secoué par les sanglots. Jamais elle n’avait ressenti pareil douleur au fond de sa poitrine. Une douleur sourde qui résonnait comme une trahison. Elle ignorait comment rebondir, mais elle devrait se dépêcher car Leo Lefford n’était pas d’humeur patiente contrairement à son habitude.