[FB] Un nouveau seigneur Ft Olenna

An 300, Lune 11, semaine 2 Le coeur lourd, il avait posé un genou au sol, jurant fidélité à la maison Tyrell et à son suzerain Willos Tyrell. Lui, le troisième fils de Gareth Dunn était à présent le seigneur de la Baëre, un avenir qu'il n'avait jamais imaginé et avenir auquel il n'avait simplement pas été préparé. Sa propre mère, comme le serment fait avec son époux, avait laisser l'éducation des ses deux ainées à son époux et fait de même avec les deux derniers. Ce fut donc elle qui éleva Elias à l'Orageoise, l'envoyant même servir son frère aîné en tant qu'écuyer, à Vertepierre. L'Orage coulait dans ses veines autant que le Bief, partagée entre ses deux entités dans le coeur, mais sa fidélité avait toujours été pour les Tyrell, malgré son lien de sang avec les Baratheon. Durant la rébellion de son cousin, il avait dû se trouver dans le camp opposé, et même rester lors de le siège d'Accalmie, ce château ou il avait rencontré sa défunte épouse. Tant d'histoire, tant d'évolution, mais surtout tant de décès. 

La peste rouge avait atteint la Baëre tuant son père et son neveu, le seigneur et l'héritier. Lui était toujours en vie et se voyait devenir un Lord alors qu'en son esprit le titre chevalier lui convenait bien-mieux. Il n'avait aucune idée des décisions à prendre, sachant simplement commander des hommes, ainsi qu'élever ses filles. La gérance de terre lui semblait bien complexe et surtout pas très intéressante. Mais bon, il comptait bien sur son mestre pour lui prêter main forte et Cassana, sa troisième fille savait prendre les bonnes décisions. Enfin, la dernière était difficile à accepter. Pourquoi ce jeune seigneur de Wendton avait voulu lier leurs deux familles ? Enfin, il en connaissait la raison, mais pourquoi fallait-il que Cassana l'accepte ? Un mariage l'éloignerait des terres des Dunn, mais surtout de lui. Elias avait beaucoup de mal à voir ses enfants grandir et surtout partir. Treize ans qu'il était veuf, n'envisageant pas de refaire sa vie, même si Mylena cherchait à lui trouver une nouvelle épouse, ainsi elle ne serait plus l'héritière s'il venait à avoir un fils.

Niveau vestimentaire, il s'était habillé comme il le faisait tous les jours, n'étant pas homme à vouloir paraître différent de ce qu'il était. Pas qu'il n'avait pas les moyens d'avoir des tenues luxueuses, mais ce n'était pas à son goût. Elias était un homme au goût simple et faisait bien une pâle image à Hautjardin. Il le réalisait très bien, mais en même temps, c'était un seigneur qui venait prêter allégeance, nul besoin de se déguiser en un autre. Ses trois filles, qu'il avait emmenées avec lui, elles pouvaient totalement se fondre dans la masse, hormis peut-être les comportements assez non-conventionnel d'Arwyn, mais son âge pouvait l'excuser. Finalement, alors qu'il pensait être débarrassé du protocole et pouvoir aller rejoindre ses enfants, un serviteur vint le trouver pour lui dire que Lady Olenna souhaitait le rencontrer. Dire qu'il s'en réjouissait saurait mentir, Elias avait plus souvent chercher à l'éviter qu'autres choses, mais il n'avait guère le choix que de soumettre à cette demande. Ce qu'elle voulait, elle l'obtenait. Suivant les pas du serviteur, il arriva enfin face à la grand-mère du Suzerain. S'inclinant, il annonça avec respect :

- Lady Olenna

Toute en prononçant ses paroles, il vint à lui faire un baise-main. Il faisait face à la terreur de Hautjardin, en tout cas de son point de vue. Il aurait préféré affronter n'importe quel soldat que de se retrouver dans cette situation. Il ajouta d'un ton sincère :

- Je suis désolée pour votre perte.

Beaucoup avaient péri de la peste rouge et si les Dunn étaient en deuil, c'était aussi le cas des Tyrell, avec la mort de Loras. Il n'avait pas trop compris la raison de sa présence chez ses cousins, mais cela se devait d'être important. Quoique que la raison ne l'intéressait guère, c'était la finalité qui était regrettable.

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An 300, Lune 11, semaine 2 Il se retrouvait dans un petit salon, le feu de la cheminée crépitait et il comprit très vite qu'il allait devoir prendre un temps autour d'un thé avec la terreur de Hautjardin. La dernière fois qu'il avait dû se prêter à un tel jeu, cela se retrouvait véritablement à être un jeu avec une de ses filles. Et encore, cela remontait à des années. De l'intérieur, il maudissait déjà l'entrevue à venir, pourquoi devait-il subir cela ? Un bon échange rapide à se dire des formalités d'usage aurait mieux valu. Mais soit, il allait devoir se prêter à une séance de thé avec la matriarche des Tyrell. S'installant face à elle, comme le signe d'Olenna l'invita à le faire, il réalisait ne pas être à sa place dans cette pièce. 

« Je vous remercie pour votre sollicitude. Nous vivons des temps troublés. Des gens vivent. Des gens meurent. Des gens reviennent d'entre les morts, d'autres le demeure. Nous ne savons pas bien à quel sein se vouer, et les motivations de tout ceci. N'êtes-vous pas d'accord ?Je crois que nous, Tyrell, ne sommes pas les seuls à être éplorés… N'est-il pas ? Votre frère. Votre neveu. Sucre avec votre thé ? »

L'écoutant avec sérieux, il hocha la tête à sa première question, étant pour le coup en accord avec ce qu'elle disait. La mort était sûrement la plus grande énigme de sa vie, à savoir quand elle viendrait vous dérober à ce monde. Puis quand finalement, elle vint à se tromper signifiant qu'il avait perdu son frère alors qu'il s'agissait de son père, il préféra garder le silence. Après tout, Olenna avait dans les âges de Gareth Dunn, donc elle n'avait pas réellement dû s'intéresser à sa personne. Puis était-ce vraiment important ? La Baëre avait bien perdu deux personnes importantes.

- Sans sucre, merci !

Il se retrouvait pour le coup à être servi d'un thé ou pour le coup, sa préférence aurait été pour du vin. 

« Les murs blancs de la Baëre doivent être bien plus ternes maintenant que dans mon souvenir. N'est-ce pas ? A quand remonte votre dernière visite à Hautjardin ? »

Les murs de la Baëre plus ternes ? Elias haussa simplement les épaules, comment pourrait-il en connaître la réponse ! Les murs de la Baëre étaient debout s'était le principal !

- Il y a quelques lunes, pour le mariage de notre suzerain !

D'ailleurs, il avait assisté à beaucoup de mariages ses dernières années, voyageant entre Bief et Orage. Assistant même à l'union de Leanna, sa deuxième fille avec l'héritier de Davos Mervault. 

« Comment était votre entretien avec mon petit-fils, lord Dunn ? »

Lord Dunn ! Ce nom lui paraissait encore si étrange à l'oreille, étant plus accoutumée à Ser et aimerait sûrement encore être appelé ainsi. Son regard se fixait dans celui d'Olenna et il se demandait quand viendrait à s'arrêter toutes ses questions.

- Vu que je me tiens face à vous avec ma tête sur les épaules, je suppose que bien !

Il avait dit cela très sérieusement. Le caractère d'Elias pouvait apparaître très différent de beaucoup de Biefois, mais il était ainsi et ne pourrait changer. Après, il essayait d'être patient et de surtout rester calme, bien qu'il aurait aimé être partout, sauf ici, à subir un interrogatoire.

- Le protocole des serments d'allégeance n'a subi aucun oubli !

Oui, que cherchait-elle avec sa question ? L'essentiel était qu'il avait prêté serment. L'allégeance des Dunn était au Tyrell depuis des années innombrables, même alors que lui-même était de famille avec les suzerains de l'Orage. Ne partageant aucune ligne de sang directe avec les Tyrell. Du moins, de ce qu'il en savait, il ne connaissait pas la généalogie lointaine des siens. Finalement, il vint à prendre la tasse de thé et se trouva bien maladroit dans ses gestes. Cela lui semblait plus simple de boire dans une tasse quand il s'agissait de cailloux et non de véritablement de thé. D'un ton plus sérieux et surtout plus posé, il ajouta :

- Votre petit-fils est une personne réfléchie qui semble avoir été bien préparée à son rôle de suzerain. C'est une chance pour le Bief !

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An 300, Lune 11, semaine 2 Il avait assisté à tellement de mariages, s'était ennuyé à la plupart, n'étant pas un adepte de ses festivités et pourtant, il fallait dire que celui de son suzerain l'avait marqué, il n'avait jamais vu un mariage si spectaculaire. Pas que celui-ci lui avait plu, mais il était difficilement oubliable. Pour lui, rien ne valait mieux qu'un petit mariage, plus intime et surtout pas un mariage arrangé. Lui-même avait connu, un mariage d'amour avec Cyrenna et tout ce qu'il gardait en mémoire de ce jour, ce fut la présence de sa bien-aimée auprès de lui. Ils s'étaient promis l'éternité, mais l'étranger lui avait volé cette promesse.

- De tous les mariages à lequel j'ai assisté, il fut le plus fastueux.

Il avait prononcé ses paroles sur un ton posé. Ce n'était pas une critique, ni un compliment, juste un fait. Au fur à mesure de la conversation, il vint à répondre à une autre question d'Olenna :

- Avant la rébellion de Robert Baratheon, j'étais en quatrième position, puis je suis passée en deuxième position. Je pensais que mon neveu engendrait des enfants. Malheureusement, la peste rouge l'a emporté avant.

Jamais, il avait été élevé pour devenir seigneur, il avait été élevé pour devenir un soldat. Finalement, il vint à complimenter Willos, pensant véritablement ce qu'il venait à dire.

« Vous savez pourquoi ? C'est moi qui l'ai préparé. »

Cette femme était étonnante, elle ne doutait pas d'elle-même. Lowa, sa mère, avait elle aussi un caractère déterminé, mais elle n'était pas de la même graine que la matriarche Tyrell. 

« Le Bief a beaucoup de chance, effectivement. Willos est un homme éclairé, fondamentalement pacifique, particulièrement intéressé par des sujets propres au peuple. Il a une main sûre, un cœur pur et un esprit avisé. Il est le futur de la maison Tyrell, le futur du Bief, et je suis certaine qu'il assurera la pérennité de notre nation, de notre maison et de vos familles. »

Il hocha la tête, étant en accord avec ses paroles. Elias avait connu bien trop de bataille à son goût et espérait vraiment que le reste de sa vie soit sous le signe de la paix, mais malheureusement même avec un suzerain pacifique, la guerre pouvait s'imposer à eux. 

« J'ai bon espoir que tous les seigneurs Bieffois aient votre clairvoyance. Néanmoins, je me tiendrai à ses côtés aussi longtemps que les Sept me le permettront, vieille vigie que je suis, assurant sa voie et éclairant son chemin. »

Prenant lui-même un petit gâteau dans lequel il croqua. Il secoua sa barbe pour faire tomber les miettes qui s'étaient réfugier dedans.

- Et je suis certains que vous vous tiendrez encore longtemps auprès de lui. Les femmes sont souvent bien plus tenaces que nous les hommes.

Elias avait la particularité d'avoir été élevé davantage par sa mère, car c'était le pacte entre ses deux parents. Les deux premiers enfants suivraient l'éducation de son père et les deux suivant de sa mère. Ce fut donc en Orageois qu'il fut éduqué alors qu'il grandissait dans le Bief, puis elle prit la décision à l'aube de ses neuf ans de l'envoyer servir son frère, Eldon Estremont, comme écuyer. Finalement, il ajouta d'un ton plus grognon :

- Si déjà les hommes arrêtaient de guerroyer pour des terres voisines ou obtenir plus de pouvoir et nous nous occupions de ce qui se passe chez nous, la vie serait bien plus paisible.

Pour dire vrai, il ne savait pas encore comment il allait s'en sortir dans les affaires de la Baëre, préparer une armée cela serait dans ses cordes, mais gérer des domestiques et des paysans plus compliqués à son goût. Le mestre aurait bien à faire pour l'aider dans ses tâches.

- Une part de moi aimerait mourir entourer de mes filles et savoir qu'elles ont eu la vie qu'elles souhaitaient. Mais j'ai bien peur que mon destin soit de mourir l'épée à la main pour défendre ma famille et la vôtre. 

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An 300, Lune 11, semaine 2 Il était vrai que la rébellion avait chamboulé bien des choses dans la vie de tellement de personnes. Et même s'il se disait que c'était une époque révolue, il n'oubliait pas, la mort de Russell, le siège d'Accalmie, des longs mois loin de son épouse et ses deux filles ainées. Ce fut un véritable soulagement de les retrouver, mais aussi un déchirement de devoir vivre loin de l'Orage, le temps que les plaies se soignent et les rancunes se tasses. Il n'était retourné que sur ses terres après la mort de son épouse, voulant faire découvrir à ses filles les terres qui avaient vu grandir leur mère, ainsi que le lieu de leur rencontre. L'Orage était le symbole de son amour pour Cyrenna. Face à la question d'Olenna par rapport à ses origines, il vint à dire :

- Ma mère est la soeur du seigneur Estremont ! Je l'ai servi en tant qu'écuyer !

Pour dire vrai, il avait tout appris d'Eldon Estremont, même son tempérament grognon certains pourraient dire. Après plusieurs autres sujets de conversation, Elias vint à confier son espérance de pouvoir mourir, entourer de ses filles, mais qu'il se doutait que ça sera de l'épée que viendrait sa fin. 

« Je ne saurai vous promettre de vous épargner de faire la guerre en notre nom puisqu'il en va de votre devoir. Néanmoins, j'entends votre souhait qui est tout à fait louable, et j’œuvrerai pour que vous soyez gardé de batailles vaines si tant est qu'elles ne le soient pas toutes. Si plus de seigneurs appréciaient les plaisirs simples de la vie, qu'ils chérissaient avec plus de ferveur leur foyer et qu'ils accordaient une plus grande attention à ceux qui dépendent d'eux, serfs ou paysans. Notre monde serait meilleur. »

Il hocha la tête, en accord avec les paroles de la matriarche Tyrell. L'étonnement se faisait de rigueur, à ce moment précis, le Dunn n'aurait pas pensé pouvoir échanger ainsi avec Olenna. Certes, elle possédait une personnalité assez imposante, mais elle se retrouvait à être moins effrayante qu'il ne l'aurait cru. Enfin, il restait aux aguets, il y a bien un moment où il viendrait à l'agacer, il faisait souvent ressentir cela. 

« Parlez-moi de vos filles, de votre épouse. Je fais peut-être une erreur, mais, il me semble que vous êtes remarié. »

Mangeant un bout de gâteau, la surpris de son dernier mot le fit avaler de travers, le manquant de s'étouffer. Sa tapant légèrement sur la poitrine, il arriva à reprendre contenance et à préciser :

- Je ne suis pas remarié, c'est un projet de ma fille ainée, elle aimerait me voir remariée avec une fille Houëtt, mais vu la tragédie qu'ils ont subi, je ne pense pas que cela se produise de suite ! Mais Mylena est butée, quand elle a une idée en tête, elle ne lâche pas prise.

Puis surtout, il n'avait toujours pas envisagé, un remariage. Son amour pour Mylena était grand et il savait qu'elle lui demandait de reprendre une épouse, pour qu'il puisse avoir un fils et ainsi lui enlever le poids de l'héritage, mais savait-elle ce qu'elle le poussait à faire ? Oui, car il n'imaginait pas une nouvelle épouse à son bras, il ne pouvait trahir Cyrenna. Malgré ses années de veuvage, il l'aimait encore comme au premier jour. Finalement, comme souvent, quand il venait de parler de ses filles, il vint à se détendre et son regard pétillait de fierté.

- Leanna est mariée au fils héritier de Lord Davos, elle est heureuse en mariage et c'est tout ce que je lui souhaite. Cassana vient d'accepter une offre de fiancailles du Lord Wendwater, si elle était née homme, elle aurait rejoint la citadelle, un véritable esprit épris des livres. Ma petite dernière, Arwyn, n'a jamais connu sa mère et je suis certaines que personne n'escalade aussi bien qu'elle. Vous devriez la voir grimper de fenêtre en fenêtre à la Baëre.

Pas qu'il était ravi de voir ses filles se marier, ayant apprécié de les garder près de lui, mais tant que c'était leur décision, il ne pouvait que l'accepter. Finalement, alors qu'il avait parlé d'Arwyn, il eut bien remarqué le regard étonné d'une des servantes et il ne put que faire remarquer d'un ton plus agacé :

- Je sais que beaucoup estiment que j'ai loupé l'éducation de mes filles, mais après la perte de mon épouse, tout ce que je voulais, c'était les voir heureuse et elles le seront si les décisions viennent d'elle-même et non dicté par un protocole ! Alors les gens peuvent bien parler, si cela leur procure de la satisfaction !

Un nouveau seigneur

An 300, Lune 11, semaine 2Olenna était venu à préciser qu'elle n'avait jamais rencontré Lord Eldon, mais tout en indiquant que leurs grands âges leur offraient un point commun. Un point commun qu'elle partageait aussi avec sa propre mère, Lowa. S'étaient-elles déjà rencontrées ? Le nouveau seigneur de la Baëre supposait que oui, mais sûrement n'avaient-elles pas plus échanger que cela. Sa mère était une véritable fille de l'Orage et un caractère aussi dangereux qu'une tempête, mais lors des réceptions, elle restait invisible sachant rester dans l'ombre de son époux. Finalement, le sujet vint à se porter sur ses filles, et en vue du regard d'une des servantes par rapport au commentaire qu'il venait de faire sur sa dernière, Elias s'agaça. Les filles Dunn n'étaient pas réputées pour leur raffinement, ni même d'être des dames à l'image de la plupart des nobles, mais du moins, elles étaient elle-même et agissait de leurs propres décisions. Pour le Dunn, ses enfants étaient sa vie et son but ultime était de les savoir heureuses. Rien de plus, rien de moins. Sans elles, sa vie ne vaudrait rien. 

« Je n'ai jamais vraiment respecté les règles. »

Tout son agacement s'évapora face au regard d'Olenna plongé dans le siens. Il découvrait une facette de la personnalité de la matriarche des Tyrell, qu'il n'aurait pu imaginer. N'étant pas d'un caractère à fuir, il ne détourna pas les yeux et rester à fixer la Tyrell sans crainte. 

« Vous avez la chance de posséder quelques latitudes quant à la manière dont vous souhaitez mener votre vie…Je crois, à mon avis, qui n'est pas si humble, que vous avez choisi la plus saine pour vous et vos filles, quoiqu'en disent vos voisins. L'exercice du pouvoir appelle des obligations. Je n'étais pas particulièrement heureuse en épousant feu lord Luthor Tyrell. Je ne crois pas que ma bru l'est été plus franchement auprès de feu mon fils… Beaucoup de seigneurs, à votre image, pensent que le pouvoir est un don, un trophée que nous autres, suzerains, arborons avec vanité et exposons avec orgueil. Néanmoins, rien n'est jamais gratuit, tout vient avec un prix. Un prix que je n'ai jamais rechigné à payer car tout ce que j'ai fait durant ma très longue vie fut dans l’intérêt du Bief, de ma maison et des vôtres. Nous avons tous sacrifié quelque chose en acceptant de jouer notre rôle dans ce grand échiquier, et je suis heureuse de voir que ces sacrifices ont permis à des hommes comme vous, d'offrir à des filles comme les vôtres, ce qu'elles méritaient d'avoir… Le choix. »

C'était bien la première fois qu'on lui parlait ainsi, mais surtout qu'on se retrouvait en accord avec son éducation de leur laisser le choix. Par respect, il vint simplement à incliner la tête. Un geste qui pouvait paraître anodin, mais qui voulait dire beaucoup pour Elias, un geste fait de sincérité.

« Nos royaumes seraient plus en paix si plus d'hommes accordaient de l'importance à leur épouse et à leurs filles au lieu de les considérer que par leur dot. Nous serions plus en paix si les hommes prêtaient plus l'oreille aux conseils de leurs mères, de leurs filles et, dans le cas présent, de leur grand-mère. Mais cela, lord Dunn, est un futur qu'il reste encore à bâtir. »

Se laissant lui-même à sourire. Ces paroles étaient véridiques et vues sûrement comme trop idylliques pour beaucoup. Elias n'était pas un homme à espérer en vain, mais il était doux de penser qu'un jour les femmes puissent avoir une place à part entière dans tous les milieux de ce monde.

- Un avenir que nous ne verrons sans doute pas de nos yeux.

Les mœurs n'allaient pas changer ainsi, et même lui était certains que si le destin le menait à mourir à un âge avancé, il ne le verrait pas. Mais peut-être que dans sa descendance plus lointaine, il y aurait cette évolution.

- Mais un avenir que j'espère pour les femmes de Westeros !

Pour dire vrai, depuis la loi passer grâce à la princesse Rhaenys Targaryen, les femmes avaient été rétablie dans l'ordre de succession, en tout cas par rapport à leur oncle ou cousin. Certes, si un enfant mâle naissait, il avait la priorité sur l'héritage, mais sans la présence de sexe masculin, comme dans son cas à lui, la fille ainée non mariée devenait l'héritière. Un fait que Mylena n'arrivait pas à accepter, d'où son envie de l'unir avec la fille Houëtt. Une pensée qui lui fit demander à la matriarche :

- Avez-vous des nouvelles des otages sur les Iles de fer ?

Un nouveau seigneur

An 300, Lune 11, semaine 2Les champs de bataille se rappelait toujours à lui, d'une façon ou d'une autre. Pour dire vrai, il se sentait d'ailleurs plus utile à se battre qu'à l'épée que d'avoir dû faire face à la menace de la peste rouge. Cet ennemi avait autant pris de vie à la Baëre que la rébellion de son cousin, Robert Baratheon. En tout cas, lui qui avait combattu pour le siège de Pyk, un triomphe pour les régions alliées dans ce but commun, s'était retrouvé bien étonnée d'apprendre l'offensive que les iles Boucliers. Une action subtile par les Fer-nés, ils avaient frappé quand le Bief se trouvait affaibli par un mal tenace. 

« Nous travaillons activement à leur retour, lord Dunn. Mon petit-fils est un partisan convaincu de la raison et de la paix. Il souhaiterait éviter que ce conflit s’envenime, et que nous ne perdions des hommes de valeur dans une guerre parfaitement disproportionnée. Je reconnais là sa tempérance. Je crains fort que s’il n’avait tenu qu’à mon unique avis, nous aurions débarqué sur ces îles pour faire passer l’envie à ces hommes de sel de revenir sur nos côtes. Je soutiens que la diplomatie à son utilité, et je confesse que mon petit-fils est certainement meilleur garde-fou que je ne le suis. Assurément même. Nous obtiendrons le retour des otages. La vie de nos peuples vaut bien plus cher que notre fierté. Nous réfléchirons à de potentielles représailles en temps voulus. Une fois qu’ils nous seront rendus. Comment apprendre à un oiseau à voler ? »

C'est ce qu'il appréciait chez son suzerain, ce partisan de la paix pourrait apporter beaucoup à sa région natale. Lui, le guerrier, avait compris que l'honneur ne se retrouvait pas sur les champs des batailles. C'était d'ailleurs le siège d'Accalmie qui lui avait appris cette leçon. Non, la guerre n'amenait que plus de sang, que plus d'appels à se battre pour des raisons qui pourraient s'arranger en échangeant. Mais, après tout, lui-même agissait avant de parler, il n'était pas homme à chercher la paix, même si c'était sa plus grande aspiration. En tout cas, il espérait que les otages se portaient bien et de toute manière était prêt à obéir à tout ce que pourrait lui demander Lord Willos Tyrell. Face à la dernière question, de la matriarche, Elias n'émit aucune réponse et il n'en eut pas forcément l'occasion. 

« Je vous laisserais méditer sur cette interrogation jusqu’à notre prochaine rencontre, lord Dunn, et nous discuterons alors de la meilleure manière d’apprendre à des pillards de ne pas piller. Notre conversation fut fort agréable. Fort instructive. Vous êtes un homme de bien, lord Dunn, sachez-le. Et je ne suis pas femme à me perdre en compliments… Sachez-le également. »

Face à ce compliment, il se leva et s'inclina avec respect. Avant de quitter la pièce. Une entrevue qu'il avait finalement appréciée. Qui aurait pu dire qu'il allait apprécier Lady Olenna Tyrell ? Personne, même pas lui. Celle qui l'avait toujours un peu effrayer, voilà qu'il l'admirait et espérait que ses propres filles viennent à s'inspirer à cette femme d'exception.